Vasto Lorde

Chapitre 15 : Hallibel

6541 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 07:37

« Hm… J’ai fini. »

   D’une dernière bouchée, je termine la proie que j’étais en train de dévorer.

« Passons à la suivante. »

   Depuis que je suis devenu un adjuchas, je passe le plus clair de mon temps à chasser. Ma capacité à sentir l'énergie spirituelle est maintenant mon sens le plus évolué. Herb peut dire ce qu'il veut : ce pouvoir est le plus utile que j’aurais pu souhaiter avoir. Grâce à lui, je repère mes proies de loin, même de très loin, et je peux ensuite tranquillement les choisir. Je peux aussi bien chasser que combattre les yeux fermés car je lis tous les mouvements de mes adversaires et les prévois même à l’avance. Avec mes progrès en krav maga et les autres souvenirs utiles acquis avec le temps, je suis devenu le plus redoutable des hollows.

   Je m’applique à m’entrainer et garder la forme. Bien qu’il y ait des moments où je peux tranquillement m'allonger et flemmarder, il me faut continuellement manger pour ne pas régresser, c’est pourquoi je reste concentré sur le niveau de mon énergie et sur les proies des environs. Il me faut faire de l’exercice et me mesurer à des adversaires suffisamment puissants pour pouvoir progresser mais sans pour autant risquer de me blesser car j’ai bien réalisé qu’au Hueco Mundo, on peut être au sommet un jour puis au plus bas le lendemain, c’est pourquoi je m’applique à ne pas être affaibli.

   Maintenant que j’ai mangé, il me faut trouver autre chose à faire. A la recherche d’une activité, je remarque soudain une énergie spirituelle assez proche d’ici et cette dernière m’est familière. C’est alors que je desserre mes mâchoires pour faire quelque chose que je n’avais pas refait depuis très longtemps : parler.

« Criquet ? »

   Les souvenirs me reviennent peu à peu et me poussent à aller à sa rencontre. Je cours pour travailler mon endurance et trouve finalement Criquet caché dans la faille d’un rocher creux, tentant d’échapper à un hollow en forme de rongeur. Ce dernier semble déterminé à attraper mon ami en forme d’insecte et gratte frénétiquement la roche pour l’atteindre. Il aurait pu y arriver s’il avait bénéficié d’une ou deux minutes de plus. Malheureusement pour lui, je ne les lui accorderais pas.

   D’un grognement, je lui signale ma présence et le fais se retourner. Le hollow est impressionné par ma carrure puis, j’effectue une redoutable technique d’intimidation en dégageant mon énergie spirituelle, ce qui génère une pression sous laquelle les individus visés se sentent écrasés. Le rongeur perçoit alors ma puissance et mon hostilité, ce qui lui fait comprendre qu’il n’a aucune chance contre moi.

- DEGAGE !

   Inutile d’en faire plus : il s’enfuit à toute jambe. Je gratte alors lentement la faille et murmure.

- Criquet ? Tu peux sortir, maintenant.

   Après quelques secondes d’hésitations, Criquet sort, très impressionné. Il n’aurait jamais cru que quelqu’un viendrait à son secours.

- Que s’est-il s’est passé ?

- Je lui ai fait peur et il est parti.

- Sérieux ? Merci ! Mais qui es-tu et comment connais-tu mon nom ?

- Nous nous connaissons, Criquet.

- Ah bon ?

- Oui. On avait été dans une grotte ensemble... Non, une galerie souterraine ! Tu m'avais accompagné pour trouver... Un point d'eau... Qui était... Sur le territoire de Yammy !

- Le territoire de Yammy ? Non… C’était toi ?!

- Oui et… Et tu m'as d’ailleurs appris sa disparition lorsque la soupe fut prête et... Et j'avais déjà évolué une première fois à ce moment-là.

- Mais oui, je te reconnais ! Mon pote ! Comment tu vas !

- Bien, je te remercie !

- Juste ciel, tu as tellement changé ! Tu n'as plus rien à voir avec le petit hollow que j'ai rencontré ! Mais… Mais qu’est-ce qui t’es arrivé ?

- J’ai évolué en Gillian quand la soupe fut prête. J’ai alors chassé mes semblables pendant longtemps et plus je gagnais en puissance, plus ma robe tombais en lambeau et ce, jusqu’à ce qu’un jour j’évolue en quittant ce corps comme on se débarrasse d’une mue.

- Whao. On peut-dire que t’es devenu sacrément balèze !

- N’est-ce pas ?

   Ma nouvelle apparence et mon nouveau masque me font ressembler à l’homo sapiens.

- Criquet, je partais en quête d’exercice. M’accompagnerais-tu ?

- Avec grand plaisir !

   Mon partenaire déploie ses ailes et vient s’installer sur mon épaule. Je me mets alors en route, à la recherche d’une proie intéressante.

- Mais qu’est-ce qu’il s’est passé, Criquet ? Tu disais être trop petit pour pouvoir intéresser les prédateurs et avoir suffisamment de tchatche pour te préserver des éventuelles exceptions.

- Eh bien il faut croire que les temps changent. Je suis tout seul à présent.

- Vraiment ? Je croyais que tu connaissais tout le monde, ici.

- Tous mes amis sont morts ou ont disparu. Que ce soit Illforte, Tesla ou Findor, je les ai tous perdu de vue.

- En si peu de temps ?

- Tu sais, au Hueco Mundo, nous n’avons aucune notion du temps mais si on se réfère au monde des humains, je peux t’assurer que tout ne s’est pas fait en un jour.

- Si tu le dis.

- J’avais des tas de camarade avant mais aujourd’hui, il ne reste plus que toi. D’ailleurs, comment tu t’appelles ?

- Pardon ?

- Tu changes souvent de visage. Au bout d'un moment, il me faudrait un nom, histoire de pouvoir te reconnaitre et aussi de pouvoir t'appeler.

- Un nom ?

   Je réfléchis pour pouvoir me souvenir mais j'ai beau me concentrer, je ne me rappelle pas de mon nom.

- Je n'ai pas de nom.

- Ah bon ? Mais tout le monde a un nom, pourtant...

- Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Je n'ai pas besoin de nom ! Un nom est inutile ! Il ne me fait rien gagner, alors je ne vois pas pourquoi je m'en encombrerais !

- Ok, ça va, excuse-moi.

   Réalisant que je me suis bêtement énervé, je soupir et m'excuse.

- Je suis désolé. Je me suis emporté sans raison.

   Je marche dans le silence le temps que la tension retombe.

- C’est dommage que ta faiblesse ne soit plus un avantage. Moi, grâce à ma force, je peux faire tout ce que je veux !

- Comme quoi ?

- Comme tout ! Rien ne m’est plus interdit !

- Non mais je veux dire : qu’est-ce que tu as envie de faire ?

- Comment ça ?

- Moi, ma faiblesse me permettait de me faire des potes… Ah quoi elle te sert, ta force ?

- C’est quoi cette question ?

- Je ne sais pas. Dis-moi plutôt ce qu’il te plait de faire maintenant que tu as ta force et que tu ne pouvais pas faire à l’époque où tu ne l’avais pas.

- Eh bien maintenant que je suis fort, je ne crains plus rien ni personne.

- Bien. Mais encore ?

- Attends, tu ne réalises pas ce que cela veut dire : je ne suis plus soumis à la loi du plus fort ! J’ai tellement de puissance que de moins en moins de hollows représentent une menace pour moi et je sais que bientôt, je deviendrais un vasto lorde !

- C’est encore ton objectif ?

- Oui ! Et je suis tellement déterminé à l’atteindre que je m’applique à ne rien laisser m’entraver. C’est pourquoi je travaille sans arrêt dans le but de progresser et, même si cela me déplaît, je tue toujours mes adversaires !

- Excuse-moi ?

- Mais j’ai au moins le respect d’entièrement dévorer leurs dépouilles. Je ne gaspille jamais et… Et merde, je n’aurais pas dû laisser filer le hollow qui t’attaquait.

- Parce que tu n’as pas respecté ton principe de toujours tuer ?

- Ouais. Mais je peux aller régler ça : il est encore à la portée de mon radar.

- De quoi ?

   J’explique alors ma capacité à Criquet.

- Whao… C’est pratique.

- T’as vu ? Bon, pour l’autre… C’est finalement sans importance. J’ai d’ailleurs trouvé des proies plus intéressantes là-bas.

- Tu vas les tuer ?

- Peut-être bien.

   Criquet reste silencieux quelques secondes pendant que j’avance.

- Depuis je suis devenu un adjuchas, j'ai besoin de plus d'excitation, de challenge... Maintenant, je vais courir !

   Je dois travailler mon endurance et un jogging me fera le plus grand bien. Je cours en direction de mes proies en surveillant mon cardio et mes mouvements. Rapidement, ces dernières entrent dans mon champ de vision. Il s’agit de trois hollows : le premier ressemble à un serpent, le deuxième à un lion et le troisième à un cerf. Je les domine largement en taille et en puissance. D’un hurlement, je leur signale ma présence et, en leur lançant une bala, leur témoigne mes intentions. Affolées, les proies s’enfuient dans une même direction.

- ça ne va pas. Je n’en veux qu’une !

   En tirant d’autres balas, je parviens finalement à les disperser. Le hollows en forme de cerf est celui qui m’intéresse le plus. Il est le plus rapide de la bande et visiblement le moins redoutable. Exactement le jouet que je cherchais. Je me lance à sa poursuite et, en tirant de temps en temps, continue de l’éloigner. Je suis satisfait par sa persévérance : bien qu’il soit épuisé, il continue de courir dans l’espoir de survivre. A la fin, le hollow s’engouffre dans le passage qu’offre un canyon peu profond mais est rapidement pris au piège car l’ouverture offre finalement un cul de sac. Le hollow s’arrête, terrorisé. C’est alors que je le rattrape et lui bloque toute retraite possible.

- On dirait que tu n’as plus nulle part où t’enfuir.

   Désespéré, le cerf m’envoie un bala en plein visage que, bien qu’anticipé, je ne me donne même pas la peine d’éviter ou de parer. Son attaque ne m’inflige pas la moindre égratignure.

- Quelle faiblesse. C’est pitoyable.

   Visiblement, même ma proie ne s’attendait pas à ce que son attaque fasse des miracles. Elle et moi sommes comme un chat face à la souris qu’il aurait acculé.

- Eh bien qu’est-ce que tu attends ? Essaies de t’enfuir !

   Le cul de sac est un mur au pied duquel se trouvent des rochers empilés par un éboulement et le ciel est à découvert. Si le cerf bondit d’un caillou à l’autre, il peut atteindre la surface du plateau, en redescendre puis s’enfuir. Criquet s’adresse à moi.

- Mon pote, tu peux peut-être t’arrêter là ?

- J’ai envie de le faire mariner un peu.

   Le hollow tente alors de s’échapper. Il bondit d’un rocher à l’autre mais je tire régulièrement des balas là où il s’apprête à poser ses sabots, l’empêchant ainsi de réussir ce qu’il entreprend. Le cerf tombe, se fait mal, mais ne pense plus qu’à sortir. Il ne me regarde plus et, malgré la douleur et l’épuisement, se relève encore et encore pour retourner passer cet obstacle. Ses pattes tremblent mais il garde la force de tenir debout.

- Eh bien, on peut dire que j’ai trouvé un jouet de premier choix… Hum ? Mais qu’est-ce que…

   Grâce à mon sixième chance, je perçois une incommensurable puissance se dirigeant à toute vitesse vers moi. Il s’agit visiblement d’un hollow petit, voire très petit, plus encore que le cerf. La force bondit puis, une fois au-dessus de moi, tombe en pic. Ayant perçu le danger, je pus m’écarter du creux et m’éloigner suffisamment loin pour éviter l’attaque mais quand je vois l’impact qui s’est produit et la portée de ce dernier, je me dis que je viens d’éviter la chute d’une météorite. Je réalise soudain quelque chose : l’attaque de mon assaillant était entourée de quelque chose. Ni par du feu ni par du vent mais par de l’eau !

- Générer du feu ou contrôler l’air, c’est facile, mais produire de l’eau, c’est une autre paire de manches. On peut manipuler de l’eau quand il y en a à proximité mais en produire en, je ne sais pas, recyclant l’humidité de l’air, c’est d’un tout autre niveau, en particulier dans un milieu comportant peu d’humidité comme le désert du Hueco Mundo.

   Le cratère créé par l’attaque a la forme d’un cône, comme les tourbillons dans l’océan. Mon adversaire, alors au fond, en sort en bondissant dans ma direction. Il ressemble à une poupée à la peau bleue et blanche, avec une sorte de lame blanche dans laquelle son avant-bras droit est emboité. Criquet, toujours sur mon épaule, se redresse et ouvre de grands yeux en voyant ce à quoi j’ai à faire.

- Mon dieu ! Mais c’est… Mais c’est un Vasto Lorde !

- Quoi ?!

   Mais c’est bien sûr : cette petite taille, ces membres fins et allongés, ces cheveux… Tout me rappelle un humain et les Vasto Lorde ressemblent à des humains !

   Le cerf arrive.

- Dame Hallibel !

- Reste où tu es, Apache !

   « Dame » ? Hey, mais… Ce cerf et ce vasto lorde ont des voix aigües ! Ce sont des femmes !

   J’éclate de rire en réalisant que j’avais carrément oublié à quoi ressemblait une femme, surtout qu’en plus, bien que le hollow en forme de cerf ait l’apparence d’un animal masculin, le vasto lorde, lui, a le physique d’une femme plantureuse. Je sens Criquet s’affoler.

- Mon pote, il faut s’enfuir ! Ce truc est invincible ! Même toi, tu ne feras pas le poids !

- Alors là, certainement pas ! Cela fait bien longtemps que je rêve de voir ce que vaut vraiment un vasto lorde. Je ne battrais en retraite pour rien au monde !

   Je ne crains rien ni personne depuis maintenant longtemps, souhaite désespérément me mesurer à un vasto lorde et sais parfaitement que j’aurais de nombreux enseignements à tirer de cet affrontement. Je suis sûr de ma force et me sens plus près que jamais de mon but. Il en faudra bien plus pour m’impressionner !

   Le, ou plutôt « la » vasto lorde s’adresse à moi.

- Va-t’en d’ici ! Tout de suite !

   J’ouvre grand la gueule et génère un énorme celo.

- VA TE FAIRE FOUTRE !!!

   Je tire une attaque suffisamment puissante pour détruire le canyon. Je maintiens mon rayon pendant plusieurs secondes mais bizarrement, celui-ci s’arrête là où se trouve ma cible et semble même se disperser et exploser autour d’elle.

   Lorsque mon attaque s’achève, je trouve Hallibel, la vasto lorde, l’épée tendue dans ma direction et cette dernière a généré au bout de sa lame une espèce de disque d’eau qui a servi de bouclier. Le disque tourne à toute vitesse et je comprends que la solidité qu’elle a conférée à son eau a arrêté mon attaque et que le mouvement de rotation a servi à la diviser et à la dévier.

- Elle a arrêté mon attaque avec de l’eau ?! Je dois reconnaître que… que c’est très impressionnant.

   Je m’efforce de garder mon sang-froid mais quand même : je n’y suis vraiment pas allé de main morte quand j’ai envoyé cette attaque… Criquet s’affole.

- Fais ce que tu veux mais moi, je ne resterais pas ici une seconde de plus !

- Criquet, non ! Reste près de moi !

   J’avais perçu la prochaine attaque d’Hallibel. J’eu juste le temps d’attraper Criquet entre mes mains, de me mettre en boule et de durcir ma peau au maximum en concentrant une grande quantité d’énergie spirituelle quand la vasto lorde passa à l’action. Cette dernière tira en l'air une gigantesque salve de balles d’eau durcie qui s’abattirent sur moi de tous les côtés en même temps et ce, avec une force et une vitesse incroyable. Pas un carré de ma peau n’échappa à cette douche. L’attaque dura plusieurs secondes et, en dépit de ma protection, je là senti passer. Quand elle fut terminée, mon corps tout entier était fumant.

- Ah… Aaaaah…

- Qu’est-ce que… Mon pote !

- Criquet, tu n’as rien ?

- Non mais c’est plutôt à toi qu’il faut demander ça...

- ça va. Ce coup-là a fait mal mais pas mouche. Je n’ai rien de cassé.

   Je sais à présent à quoi m’attendre mais cela n’est pas rassurant pour autant : j’ai anticipé l’attaque mais n’ai eu ni le temps, ni la possibilité de l’éviter. C’est in extremis que j’ai pu m’en protéger.

   Il ne m’en faut pas plus pour me rendre à l’évidence : mon adversaire est bien plus puissant que ce à quoi je m’attendais. Néanmoins, j’ai bien trop confiance en mes capacités pour jeter l’éponge aussi vite. De plus, autre chose me motive : je n’ai jamais oublié ni la puissance de Byakuya Kuchiki ni l’humiliation qu’il m’a infligé quand je me suis rendu dans le monde humain et j’ai donc eu parmi mes sources de motivations celle d’évoluer en vasto lorde pour pouvoir le retrouver et lui régler son compte dans un combat ou cette fois, les rôles seraient inversés. Voilà donc pourquoi je ne peux résister au désir de combattre cette femme. Mon sixième sens est formel : Hallibel est beaucoup, beaucoup plus forte que Byakuya Kuchiki.

- Tu as eu ce que tu voulais, non ? Fichons le camp d’ici tant qu’il en est encore temps !

- Certainement pas, le combat ne fait que commencer !

   Les femmes sont encore proches du canyon. Je tir des balas sur la paroi, provoquant ainsi un éboulement. Hallibel et le cerf s’enfuient et je me lance à la poursuite d’Hallibel.

   A présent sur un terrain plat et dégagé, je tire d’autres balas qui explosent autour d’elle, l’arrêtant et soulevant ainsi du sable tout en générant de la fumée et des nuages, ce qui lui coupe normalement toute visibilité. Profitant de l’effet de surprise, je l’attaque par un angle différent de celui par lequel j’arrivais et tente de l’écraser en frappant, la paume grande ouverte et les doigts écartés pour couvrir le plus de surface possible et ainsi être sûr de ne pas la rater. Tout mon avant-bras droit est noirci par la concentration en énergie spirituelle. Je vais forcément l’écraser.

   C’est alors que, faisant preuve d’une incroyable célérité, Hallibel bondit vers mon bras, passa entre mes doigts et, en tournoyant comme une toupie, remonta vers mon coude en abattant sa lame contre ma peau. Le durcissement me protégea jusqu’à ce que…

« Non, pas ça ! »

   La douleur fût intense, à tel point que je ne pus m’empêcher de hurler. La lame frappa derrière mon coude, là où le durcissement s’arrêtait, et malgré ma corpulence, me trancha jusqu’à l’os.

« Aaaah ! Putain ! Elle va me le… Hein ?! »

   Le coup m’avait fait m’arrêter là où Hallibel se tenait. Cette dernière s’écartait et, en percevant quelque chose en dessous de moi, me rappelai qu’au moment où j’avais attaqué, la vasto lorde avait le genou à terre et l’épée plantée dans le sol. Et si elle y avait implanté de l’eau ? Tout de suite, je m’écartais dans un immense bond. C’est alors qu’une gigantesque éruption de geyser se produisit là où je me tenais. Hallibel avait tenté de me piéger.

- Salope ! Tu vas me le payer !

   J’examine mon bras droit : mes doigts ne répondent plus.

- Merde, elle m’a tranché un tendon. Mon bras est hors d’usage pour un moment.

   La régénération va être lente. Je peux concentrer plus d’énergie spirituelle pour l’accélérer mais après, cela revient à rouler plus vite sur l’autoroute : cela consomme beaucoup plus de carburant et ne fait économiser que très peu de temps. Mon bras me fait très mal et cela me gêne beaucoup parce que non seulement je me retrouve affublé d’un poids mort mais en plus, quand quelque chose ne va pas, c’est-à-dire quand vous avez mal ou quand vous avez faim, il vous devient quasiment impossible de vous concentrer sur autre chose.

   Il me faut garder Hallibel à distance le temps que mon bras guérisse. En restant en mouvement, je tire des balas dans sa direction. La vasto lorde les évite avec une grâce et une agilité inédite. En effet : cette dernière se déplace en produisant une surface d’eau devant elle sur laquelle ses pieds glissent à toute vitesse. En d’autre terme, Hallibel se déplace comme une patineuse artistique sur la glace.

   Mon adversaire est beaucoup trop éloignée et beaucoup trop rapide. Aucune de mes attaques n’atteint ma cible, même quand j’essaie de lui couper la route. C’est alors qu’elle s’arrête, tournée vers moi. Je tire une nouvelle salve de balas mais Hallibel des dévie toutes en donnant des coups avec son épée. J’ai beau accélérer et augmenter la cadence, rien n’y fait, mon adversaire continue de garder le rythme. Comprenant que c’est inutile, je m’arrête finalement pour pouvoir reprendre mon souffle. La plaie de mon bras est maintenant refermée et sa mobilité revient lentement.

   C’est alors que mon sixième sens m’alerte. Genou à terre et lame pointée vers moi, Hallibel tire un missile en direction de ma tête que, malgré la distance, j’ai juste le temps d’éviter. Le projectile n’est pas bien grand mais il est au moins aussi rapide qu’une bala. Je le suis des yeux et vois qu’il poursuit sa trajectoire très loin encore jusqu’à ce qu’il heurte un gigantesque rocher qu’il détruit dans une immense explosion aqueuse.

- Mais c’est impossible ! Cela représente plusieurs centaines de milliers de litres d’eau ! Comment a-t-elle put en générer autant et la compacter dans une forme aussi petite dans un laps de temps aussi court ? Et surtout, comment a-t-elle pu envoyer aussi loin et à cette vitesse un truc aussi… Aussi lourd ?!

   La puissance du celo et la rapidité d’une bala. Je crois avoir trouvé la technique ultime. Mais je ne dois pas baisser les bras.

- Aux grands maux les grands remèdes !

   J’utilise mes pouvoirs pour durcir ma peau et passe à l’attaque. Cette technique consomme énormément d’énergie et réduit ma mobilité mais c’est le seul moyen que j’ai de combattre Hallibel au corps à corps, le combat à distance s’étant révélé inefficace.

   Je cours à sa rencontre et frappe mais j’ai beau frapper encore et encore, rien n’y fait. La vasto lorde est tellement rapide et agile qu‘aucun de mes coups ne l’atteint et ce, malgré mes pouvoirs. Elle, par contre, me frappe encore et encore avec son épée qu’elle a renforcée avec une lame d’eau. Ma peau n’est pas entaillée mais les coups me font très mal.

   C’est alors qu’Hallibel pris un peu de recul, posa le genou à terre et, profitant que je sois fatigué et affaibli, produisit une énorme lance à eau depuis la pointe de son épée. La puissance et la portée du jet me propulsa plusieurs centaines de mètres plus loin. Ma course fût stoppée par un énorme rocher similaire à celui du canyon. L’attaque s’arrêta et mon durcissement se désactiva aussi, me laissant trempé et à découvert. J'avais bien morflé.

   Soudain, alors que je toussais et me relevais, un cri d’alerte de Criquet me fit réagir. D’un bond, j’atterri sur la surface du plateau derrière moi et évitai l’attaque suivante d’Hallibel que celle-ci réitéra sur le champ. D’un rapide mouvement d’épée, cette dernière envoyait une lame d’eau en forme d’arc de cercle. Le premier coup avait été porté à l’horizontal, le deuxième à la verticale. J’esquivais les deux attaques et vit les lames d’eau passer au travers de la roche sans s'arrêter.

- Cela tranche la pierre comme le métal coupe du beurre ! Je n’aurais jamais imaginé que l’eau puisse avoir une puissance pareille !

   Hallibel envoya deux autres coups aux diagonales que j’esquivais avant d’ensuite se relever et, à coup de lance à eau, de tracer une immense ligne horizontale passant devant elle avant de s’en aller. J’étais tétanisé en sentant venir ce qui approchait. Criquet ne perçu pas le danger.

- Mais qu’est-ce qu’elle fabrique ?

   C’est alors qu’un tsunami apparu là où la ligne avait été tracée. Un gigantesque mur d’eau avançant lentement vers nous. Désespéré, je tirai une bala qui s’écrasa contre la surface de la vague.

« C’est fini. Je ne pourrais jamais éviter ça… Ce raz-de-marée va continuer sa route et broyer tout ce qui se trouvera sur son passage. »

- Fais quelque chose !

- Criquet ?

- Tu t’es bien battu, c’est vrai, mais tu ne peux pas t’arrêter maintenant ! Je t’en supplie, n’abandonne pas ! Je n’ai pas envie qu’on meurt…

   Bon sang Criquet, dire que j’étais sur le point de te laisser tomber ! Je ne peux pas te faire ça : non seulement tu n’as pas demandé à être ici mais en plus tu es pratiquement mon seul camarade !

- Je n’abandonnerais pas, Criquet !

   Son appel de détresse m’a redonné des forces. Je porte alors un regard différent au tsunami. Comme il n’y a aucune profondeur, ce dernier approche tout doucement. Mon seul moyen d’éviter cette vague est de passer au travers et quoi de mieux pour ouvrir une brèche qu’un celo ? Mais attention, pas n’importe quel celo.

« Heureusement que ce truc est lent car ma prochaine attaque aussi prend du temps. »

   Avec ma gueule et mes mains, je mets plusieurs secondes à générer mon attaque la plus destructrice, un celo géant dans lequel je mets toute mon énergie. Il se prépare… La vague approche… JE TIRE !

   Mon celo se heurte à sa surface qu’il commence lentement à pénétrer. La vague continue d’avancer.

« Allez, saloperie ! Avance et empale-toi sur mon attaque ! »

   Mon celo passe finalement à travers l’eau. Le tsunami est troué.

« Maintenant ! »

   D’un bond prodigieux, je passe par le trou avant que ce dernier ne se referme et atterris derrière le tsunami. J’ai réussi à passer !

   Je retrouve Hallibel auprès de son cerf en train de le caresser pour le rassurer. Elle se retourne alors et affiche un regard stupéfait en me voyant.

- Tu ne t’attendais pas à me revoir, on dirait ?

- Je reconnais que je t’ai sous-estimé. Aucun n’adversaire ne m’a jamais opposé autant de résistance.

   Je fais un pas mais tombe le genou à terre, réalisant alors que je suis épuisé et ne peux plus combattre.

- Dame Hallibel…

- N’aies crainte Apache, je suis là. Je ne le laisserais pas te faire de mal.

- Mon pote… T’es pas blessé ?

- Criquet ?

   Les hollows en forme de lion et de serpent arrivent prudemment eux aussi en appelant leur bienfaitrice. Ces deux hollows sont aussi des filles et c’est alors que je réalise le lien qui unit cette bande, ce qui me fait éclater de rire. Une fois calmé, je m’adresse à Hallibel et lui dit que c’est d’accord.

- Comment ?

- C’est d’accord je te dis. Tu as gagné, je ne toucherais pas à tes amies.

   Hallibel baisse alors son épée et moi, fais demi-tour et m’en vais. Quelques minutes plus tard, Criquet ose me reparler.

- Mon pote, je dois reconnaître que je suis très impressionné. Tu t’es très bien battu.

- Merci Criquet.

- Je ne m’attendais pas à ce que tu tiennes tête à un vasto lorde. Si tu avais pu poursuivre le combat, tu aurais peut-être eu une chance de gagner…

- Non Criquet, je n’en avais aucune.

- Sérieux ?!

- Cette femme Criquet, cette vasto lorde… Elle ne se battait pas à fond.

- Non… Tu plaisantes, là ?...

- Hélas non. Elle m’a envoyé des attaques redoutables en pensant « à toi de t’en sortir » mais elles ne servaient qu’à me faire comprendre la différence de niveau qu’il y avait entre nous. Si Hallibel avait vraiment voulu me tuer, soit sûr qu’elle aurait pu le faire mille fois.

- Merde… Mais alors pourquoi ?...

- Tout ce qui l’intéressait était de protéger ses amies comme moi je n’ai pensé qu’à te protéger lorsqu’elle m’a envoyé sa première attaque. Me tuer n’était pas dans ses objectifs.

- Je vois. Qu’est-ce que tu comptes faire alors ?

- Retourner la voir. Je vais récupérer de quoi lui faire une offrande puis revenir lui parler. J’ai des questions auxquelles elle seule peut répondre.

- Tu ne préfères pas renoncer ?

- Jamais ! Tu n’es pas obligé de m’accompagner, Criquet, mais c’est le moyen le plus rapide que j’ai d’accomplir mon destin ! Je dois comprendre comment Hallibel est devenue un vasto lorde et ainsi je pourrais enfin évoluer.

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