The New Substitute

Chapitre 10

3296 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/03/2017 18:29

Après dix minutes de course main dans la main, les deux Shinigami traversèrent le bosquet avoisinant les bâtisses résidentielles du Seireitei.

Au début, Shûhei avait parfaitement reconnu l’endroit dans lequel tous deux s’enfonçaient mais, à présent, ils s’aventuraient dans des lieux étroits et obscurs dont il ne soupçonnait pas même l’existence à la Soul Society.

Dans un dernier effort, après avoir franchi une barrière d’arbres en tous genres, Tsunata demanda à son camarade de galères de fermer les yeux. Obéissant à sa volonté, il se laissa guider par la main chaude et apaisante à la fois de la jolie blonde.

Le ténébreux ne s’arrêta que lorsqu’il sentit la jeune femme en faire de même. Sentant qu’elle s’éloignait après avoir lâché sa prise sur lui, il finit par entendre sa voix enjouée lui dire :

–  Tu peux regarder, maintenant.

Lorsqu’il s’exécuta, se révéla devant ses yeux argentés le spectacle féérique que sa coéquipière lui avait réservé.

–  Où sommes-nous ? s’enquit-il.

–  Dans mon sanctuaire, en quelque sorte, sourit-elle en passant sa main dans ses cheveux. Bienvenue, Shûhei !

Derrière Tsunata s’écoulait un ruisseau dont les remous mélodieux offraient une sensation d’apaisement. Des arbres ça et là encadraient la petite clairière verdoyante où était dépliée une couverture carrée en vichy rouge et blanc. Quelques lucioles voltigeaient au-dessus du cours d’eau tandis qu’une grenouille croissait dans les feuillages humides de la berge. Le clair de lune illuminait le petit coin de paradis de sa lumière opaline et tamisée, jouant aussi bien avec la chevelure dorée de la jeune femme qu’avec son regard d’un vert si particulier.

Dans le fond, ce sanctuaire secret ressemblait farouchement à celle qui l’avait découvert, mystérieux et irréel à la fois.

–  Je ne savais pas qu’un tel endroit existait à la Soul Society, avoua-t-il bouche bée.

–  Apparemment, tu n’es pas le seul.

–  Comment l’as-tu trouvé ?

–  Une fois, alors qu’on venait de remettre notre rapport de mission au Commandant, Ichigo et moi nous sommes disputés – comme souvent, d’ailleurs. J’étais tellement énervée après lui que j’ai marché durant de longues heures dans le Seireitei sans me soucier d’où j’allais. Quand j’ai enfin relevé la tête, je me trouvais ici, et j’ai tout de suite été charmée par la magie qui s’en dégageait. Ce lieu à quelque chose de serein qui m’a permis de me détendre instantanément. Depuis ce jour, j’y reviens chaque fois que je me sens triste ou préoccupée.

–  Pourquoi m’y avoir emmené ?

Tsunata sourit timidement.

–  Je me suis dit que ça te ferait du bien, à toi aussi, d’avoir quelque part où te ressourcer quand tu en ressens le besoin. En contrepartie, je ne te demanderai qu’une chose.

Fronçant les sourcils, il lui demanda :

–  Laquelle ?

–  J’aimerai que tu gardes l’existence de ce lieu secrète.

–  Oui, bien sûr.

Puis, réalisant le véritable sens de sa requête, il écarquilla les yeux.

–  Attends, ça veut dire que…

–  Tu es le seul que j’ai emmené ici, le coupa-t-elle, et j’aimerai que c’en reste ainsi.

Le ténébreux et la blonde devinrent aussi rouge l’un que l’autre.

–  Pourquoi me l’avoir montré dans ce cas ? Pourquoi moi, et pas quelqu’un d’autre ?

–  Parce que si c’est toi, ça ne me dérange pas.

Shûhei arqua un sourcil, ce à quoi elle répondit :

–  Cette promesse que je t’ai faite, je ne l’ai faite que pour toi, et je la tiendrai. Ceci en est la preuve. A présent, il ne s’agit plus de mon sanctuaire, mais du nôtre, Shûhei.

Face au sérieux de la jeune femme, le cœur du Vice-Capitaine se mit soudain à battre la chamade, le teint cramoisi.

Il ne savait plus comment réagir : la veille encore, il pensait dur comme fer qu’elle le détestait au plus haut point alors que maintenant, il se sentait le plus privilégié des hommes.

Semblant percevoir son embarras, Tsunata redressa de nouveau son minois souriant. S’approchant de lui, elle saisit la main de son coéquipier et dit :

–  Allez, viens ! Tu ne vas pas rester planté là toute la nuit, tout de même ?

Après l’avoir tiré jusqu’à la couverture étalée au sol, elle lui intima de prendre place. Sans plus de cérémonie, le jeune homme s’installa confortablement. La Shinigami remplaçante en fit de même et s’assit face à lui. Entre eux deux, elle posa son sachet de friandises et en sortit deux paires de cerises gélifiées.

Saisissant la main de son coéquipier, elle tourna sa paume vers le ciel et déposa un des bonbons en son centre.

Tandis qu’il levait sur elle un regard trahissant son incompréhension, elle lui répondit dans un tendre sourire :

–  Ils font parti de mes préférés. Je ne sais pas si tu vas aimer, mais ça me ferait plaisir que tu y goûtes.

Refermant la main de Shûhei sur la sucrerie, elle ramena doucement cette dernière contre lui.

Tandis qu’il la rouvrit en contemplant le présent de Tsunata avec un regard pétillant, il souffla :

–  Je ne peux pas accepter, tu n’en as pas beaucoup.

–  Apprends à recevoir ce que l’on t’offre, le rassura-t-elle. Je ne t’ai pas emmené ici pour tu me regardes m’empiffrer toute la soirée alors goûte, s’il te plaît.

D’abord hésitant, il porta les cerises à sa bouche et, lorsqu’elles y entrèrent, un délicieux parfum se répandit sur ses papilles. La texture était assez surprenante en elle-même, mais le goût n’en demeurait pas moins exquis.

La jeune femme en avait fait de même et, le considérant d’un air amusé, finit par lui demander :

–  Alors, tu aimes ?

–  Oui ! lâcha-t-il. Comment tu appelles ça ?

–  Des Happy Cherries, expliqua-t-elle dans un enthousiasme similaire à celui du brun. Il y en a d’autres, prends-en autant que tu veux !

–  Sûre ?

–  Certaine !

Ainsi se déroula la soirée de Shûhei et Tsunata, l’un demandant toujours plus de détails au sujet des bizarreries sucrées qu’il dégustait, l’autre répondant avec entrain à chacune de ses questions ; après quoi, tous deux retournèrent arpenter le Seireitei jusqu’au petit matin.

Midi sonna dans la Soul Society. D’un pas engagé, Shûhei Hisagi traversa les allées qui le séparaient de la fosse où se tenait l’entraînement matinal des jeunes recrues assuré par les deux célèbres officiers de la Onzième Division quand, soudain, une main le fit vivement sursauter lorsqu’elle heurta son épaule.

–  Du calme, mon vieux ! tempéra Izuru. Ce n’est que moi !

–  Kira ? s’exclama Shûhei sous la surprise.

–  A la bonne heure, tu te souviens de moi ? Ça me fait plaisir de l’entendre ! Alors, qu’est-ce que tu manigances en ce moment ?

Le brun considéra son meilleur ami de haut en bas.

–  Je te demande pardon ?

–  On commençait à s’inquiéter, Rangiku et moi, avoua le blond. Depuis ton retour, tu ne viens plus boire de saké avec nous le soir. On s’est demandé où t’avais bien pu passer, mais on ne t’a trouvé nulle part. Qu’est-ce que tu foutais, bon sang ? Tu nous en veux toujours pour avoir défendu Tsunata, c’est ça ?

–  Pour avoir défendu Tsunata ? répéta le ténébreux, un sourcil arqué.

Comprenant là où le Vice-Capitaine de la Troisième Division voulait en venir, Shûhei s’esclaffa.

–  Pourquoi tu te marres ? s’offusqua Izuru, perplexe devant sa réaction.

–  Je ne sais pas où vous êtes allés chercher ça, tous les deux ! ria-t-il aux éclats.

–  Tu te fous de nous ? Depuis la convocation du Commandant, tu ne nous as plus adressé la parole !

–  Je suis désolé, se calma Shûhei, je n’ai pas vu le temps passer.

–  Ah ouais ? Et qu’est-ce qui t’occupais tant que ça ?

–  Ma coéquipière, dit-il en croisant les bras.

–  Ta coéquipière ! ironisa l’autre. Attends, tu veux dire…

Les yeux écarquillés, Izuru souffla :

–  Oh…

Shûhei soupira, un sourire non dissimulé étirant ses lèvres, avant de reprendre sa route.

–  Attends ! Vous vous êtes parlé ?

Rattrapant son ami de longue date, le second de Rôjûrô Ôtoribashi – surnommé Rose – lui lança un regard inquisiteur.

–  On peut dire ça comme ça.

–  Et vous vous entendez bien maintenant ? Raconte !

–  On a enterré la hache de guerre après qu’elle m’ait sauvé la vie.

–  Sérieux ? Vous êtes amis ?

Un sourire radieux, plutôt rare pour le ténébreux, illumina son visage.

–  Apparemment !

Izuru lui infligea une tape amicale, bien que puissante, dans le dos.

–  C’est super, Hisagi ! Ça va te faire du bien de passer un peu de temps avec elle !

–  Comment ça ?

–  Bah, c’est difficile à décrire, mais Tsunata a une sorte de don qui fait qu’elle peut te redonner confiance en toi avec quelques mots et un sourire. C’est un peu comme si…

–  Comme si elle était le rayon de soleil qui met fin au déluge, l’interrompit Shûhei.

Un temps interdit, le blond finit par sourire d’un air entendu à son ami de la Neuvième Division.

–  Je ne l’aurai pas dit de façon si poétique, mais ça la résume assez bien, acquiesça-t-il. T’as l’air complètement mordu, Hisagi.

L’accusé s’empourpra brusquement.

–  Non, bégaya celui-ci, pas du tout !

Izuru, fier de son effet, se laissa emporter dans un fou-rire incontrôlable.

–  Attends, il n’y a rien de plus naturel ! ricana-t-il. Vous êtes tous les deux seuls et allez être amenés à passer beaucoup de temps ensemble ; sans oublier qu’elle est très belle, gentille, prévenante, altruiste, brillante, forte à en faire pâlir les plus hauts-gradés…

–  T’en as encore pour longtemps ? le coupa Shûhei d’un ton cinglant. Je te dis que je ne suis pas intéressé !

–  Oui, oui, j’ai entendu…

Puis il repartit de plus belle dans son état euphorique, accentuant la gêne du ténébreux.

Une fois qu’il eut réussi à se calmer, le blond reprit d’un air nostalgique :

–  Le fait que vous vous soyez expliqués après qu’elle t’ait sauvé la vie me rappelle la fois où nous sommes devenus amis, elle et moi.

–  Ah oui ?

Ainsi, Izuru Kira lui narra sa rencontre avec la Shinigami remplaçante aux cheveux blonds.

« C’était il y a un mois, quand elle s’est rendue pour la première fois à la Soul Society. Tu venais de partir en mission, et je m’ennuyais déjà à mourir ; j’avais passé la soirée à boire du saké avec Rangiku en me lamentant sur mon sort, avant de tituber jusque chez moi et de somnoler jusqu’au lever du soleil.

Jamais je n’ai été aussi malade que ce matin-là, aussi avais-je décidé de prendre ma journée pour me reposer.

Ce fut sans compter sur l’intervention du Capitaine Ôtoribashi, qui vint me prévenir de l’arrivée dans la journée d’un nouveau Shinigami remplaçant au Seireitei.

Au début, je priai pour que ce ne soit pas un deuxième Ichigo Kurosaki ; un autre impulsif fort en gueule comme lui, et la Soul Society signait sa fin d’une croix rouge.

Je me rendis devant le Senkaimon à l’heure dite. T’aurais vu ça, tout le monde s’était réuni par pure curiosité, c’était hallucinant.

Le portail s’ouvrit sur Urahara-san, avant que Kurosaki-san n’en franchisse également le seuil, suivi de près par une petite silhouette à la longue chevelure blonde.

Tu t’en seras douté, il s’agissait de notre petite blonde. Cependant, elle semblait si fragile, si faible, et son visage était si dur.

« Comme si on avait besoin d’un boulet comme elle en des temps si instables ! » me suis-je dit avant de partir.

Plus tard, avec Rangiku, Hinamori, Kuchiki et Abarai, attendions devant les portes de la Première Division le verdict concernant cette demi-Shinigami, comme je tendais à l’appeler. Les filles semblaient emballées de voir une nouvelle présence féminine au sein du Seireitei alors qu’Abarai, pour une fois, ne portait aucun avis sur le sujet.

Urahara-san sortit le premier. Lorsqu’on voulut lui soutirer des informations quant à la décision du Commandant, la Douzième Division l’a pris d’assaut. Ce fut alors qu’apparut Kurosaki-san, avec elle derrière lui.

–  Salut ! fit-il.

–  Ichigo ! s’exclama Kuchiki.

–  Alors, il s’est passé quoi ? demanda Abarai.

–  Ils ont décidé de la garder, annonça le roux, elle pourrait être utile à la Soul Society.

–  C’est formidable ! s’enjoua Rangiku. Présente-la nous !

–  Très bien.

Se décalant sur sa gauche, il l’invita à s’avancer.

–  Voici Tsunata Nara, dit-il. Tsunata, eux ce sont Renji Abarai…

–  Salut, fillette.

–  Rukia Kuchiki…

–  N’écoute pas cet imbécile, sourit cette dernière en mettant un coup de poing dans le bras du rouge.

–  Momo Hinamori…

–  Enchantée !

–  Rangiku Matsumoto…

–  Bienvenue à toi, ma belle !

–  Et enfin, Izuru Kira.

–  Hum, grognai-je.

–  Ce sont tous des Vices-Capitaines, expliqua-t-il.

Je me disais : « Mais qu’est-ce qu’il lui prend au vieux d’accepter parmi nos rangs quelqu’un d’aussi frêle que cette fille ? » L’incompréhension de cette décision me faisait bouillir de l’intérieur.

Elle tirait une tête de six pieds de long, je te jure ! On aurait dit qu’elle revenait d’un enterrement ou je-ne-sais-quoi. La tristesse qu’on pouvait lire dans ses yeux me répugnait.

Je partis donc sans demander mon reste, alors que tous les autres l’entouraient et lui posaient mille-et-unes questions.

Un peu plus d’une semaine passa. Bien qu’elle soit partie l’après-midi-même de sa venue, mon dégoût à son égard ne faisait que de croître. Je me disais qu’une pareille injure à notre armée n’aurait été faite du temps où nous ne soupçonnions pas encore l’existence d’Ichigo Kurosaki, alors même que j’appréciais ce dernier. Vraiment, je ne me reconnaissais plus.

Cette colère sans motif était devenue si récurrente que je ne portais plus la moindre attention à ce qui m’entourait.

Un soir, alors que j’effectuai une garde au Seireitei, une voix féminine m’interpela.

–  Tu devrais être un peu plus concentré pendant ta ronde, mon mignon.

Je fis volte-face et me retrouvai devant cette horreur aux cheveux ocre et aux yeux violets. Sa tenue noire et blanche dont nous avions entendu parler avant ton départ me permit de l’identifier comme étant une Kurotama.

Ainsi, je dégainai mon sabre.

–  Qui es-tu ? hurlai-je.

–  Je m’appelle Jun Kaieda, deuxième sous-officier de la Troisième Légion de l’ordre Kurotama.

–  La Troisième Légion ? répétai-je.

–  Parfaitement.

–  Dans ce cas, je vais te tuer.

Le rictus qu’elle m’adressa alors fut si étrange que j’aurai dû me méfier et réfléchir avant de l’attaquer de front. Néanmoins, je ne le fis pas.

–  Lève la tête, Wabisuke !

D’un bond, je la pourfendis de part et d’autre de l’abdomen, avant qu’une douleur insoutenable ne se répande en moi au même endroit. La Kurotama en profita pour me projeter d’un coup de pied à l’opposé de l’endroit où je me tenais.

Quelque chose clochait, jamais je n’avais eu aussi mal qu’en cet instant.

Me redressant péniblement, comme écrasé par un poids invisible, je constatai avec effroi qu’elle n’avait rien là où je venais pourtant de la frapper.

–  Tu ferais mieux de t’occuper de ton cas, vermine, cracha-t-elle.

Observant mon torse, je l’aperçus enfin : la blessure que j’étais censé lui avoir affligé, cette plaie béante engendrée par mon zanpakutô pour doubler son propre poids et l’atterrer, ne se trouvait pas sur le corps de ma victime, mais bel et bien sur le mien.

–  Avant de te jeter tête baissée dans la bataille, tu ferais mieux d’apprendre à connaître tes adversaires. Mon pouvoir, Kami no Kagami, rend à l’envoyeur l’attaque menée contre moi. Ton zanpakutô, aussi fort soit-il, est inutile face à moi. (Puis, d’un rire gras, elle s’esclaffa.) Tu vas mourir sous les coups de ton arme, imbécile !

J’haletai, peinant de plus en plus à distinguer les formes autour de moi. Tout devint flou, seuls les battements ralentissant de mon cœur me parvinrent.

Je mourrai à petit feu, battu par cette vulgaire âme impure portant le nom de Kurotama, et tout ça à cause de cette blonde qui occupait mes pensées depuis la fois où nos chemins s’étaient croisés.

Dans mes derniers instants, je la détestai plus que jamais.

Alors que mes paupières devinrent trop lourdes pour les maintenir ouvertes plus longtemps et que la Kurotama s’apprêta à m’asséner le coup de grâce, une silhouette s’interposa entre nous dans un shunpo.

–  Ne l’approche pas, dit celle-ci d’un ton menaçant.

–  Et on peut savoir qui tu es, jeune impudente ? gloussa l’autre.

Mon cœur s’emballa de nouveau lorsque je reconnus la pression spirituelle amplifiée de celle qui venait d’arriver.

–  Tsunata Nara, celle qui va prendre ta vie.




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