The New Substitute

Chapitre 11

4334 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 13/03/2017 13:26

–  Et on peut savoir qui tu es, jeune impudente ?

–  Tsunata Nara, celle qui va prendre ta vie.

Je ne pus le croire ! Cette fille était là, devant moi, et avec un culot à toute épreuve par-dessus le marché ! Bien que la souffrance me tiraillât, ma fureur à son égard fut telle qu’elle prit le pas sur tout autre sentiment.

–   Je demande à voir, nargua Jun Kaieda.

–  Qu’est-ce que tu fous là ? m’égosillai-je. Dégage ! Tu vas te faire descendre si tu restes là !

–  La ferme.

Ce fut le premier d’une longue série – enfin, tu commences à la connaître.

Ma rage envers elle augmenta singulièrement face à son attitude désinvolte et assurée. Ouvrant les yeux en grand, je découvris pour la première fois ce qui avait cruellement manqué à sa tenue de Shinigami jusqu’à ce jour, et dont l’utilisation était vigoureusement circoncise dans cet affrontement : un sabre, d’une longueur égale à celle d’un katana ordinaire mais dont la largeur de la lame dépassait l’entendement. Il semblait lourd à manier, mais elle ne paraissait nullement éprouvée par ce détail.

–  Non, ne fais pas… amorçai-je.

Avant même que je ne parvienne à terminer ma phrase, elle abattit son zanpakutô sur l’ennemie.

Le rire horripilant de cette arriérée de Kurotama résonna.

–  Ce n’était vraiment pas la chose à faire, chérie.

Un second rire, plus carnassier que le précédent, se mit alors à retentir. Jamais de ma vie je n’aurai cru Tsunata capable d’émettre pareil son sinistre, encore moins après avoir été blessée aussi stupidement. Elle qui paraissait si faible, pourtant.

–  Au contraire, dit-elle d’un ton à en faire pâlir le diable. Maintenant, j’en sais suffisamment pour te réduire en poussière, chérie.

Ce ne fut qu’après quelques longues secondes d’observation que j’aperçus la zone qu’elle venait de frapper de son sabre : son bras gauche ne saignait que très légèrement. Elle n’avait en réalité infligé qu’une vague égratignure à la Kurotama.

Qu’elle ait réfléchi aussi efficacement en un laps de temps si réduit me laissa sans voix, mais bien moins que sa guérison spectaculaire.

Pour terminer ma stupéfaction, elle fit disparaitre son énorme zanpakutô dans un tourbillonnement de rubans roses pâles derrière son dos et se dressa face à notre opposante.

–  Tu n’arriveras jamais à me battre ! lança la Kurotama.

–  On essaye ?

Désignant l’adversaire de deux de ses doigts, un amas d’énergie se forma autour de ces derniers.

–  Souffle blanc ! s’exclama Tsunata.

Je ne vis rien d’autre de la scène, si ce n’est une explosion surpuissante et dévastatrice. Tout devint blanc autour de moi. Les arbres se tordirent et les branches s’entrechoquèrent violemment. Le souffle dégagé par la déflagration mit le terrain sens dessus dessous mais, pourtant, rien ne me toucha, si ce n’est une chose : une chaleur m’englobait et me protégeait des différents projectiles.

Quand le calme revint, j’ouvris les yeux et découvris cette cascade de cheveux dorés qui m’agaçait tant, collée contre mon torse sanguinolent, faisant de son propre corps mon bouclier.

Relevant la tête vers moi, ses yeux d’un vert si étrange plongèrent dans mon regard et, d’une voix inquiète, elle s’enquit :

–  Tu n’as rien ?

–  N… non…

Elle se redressa, prit mon arme au sol et se dirigea vers la forme inerte qui reposait un peu plus loin. J’en conclus qu’il devait s’agir de la Kurotama lorsque Tsunata lui entailla la joue sans que rien n’apparaisse sur elle comme sur moi.

–  C’est bien ce que je pensais, crétine.

Puis elle se retourna et s’avança de nouveau vers moi, le visage bas, le regard dissimulé derrière ses quelques mèches blondes.

L’ambiance était si pesante qu’elle me fit souffrir bien davantage ; son aura glaciale et sa pression spirituelle écrasante aggravèrent mon mal. La tête me tournant affreusement et mon cœur battant à tout rompre, je me sentis partir de plus en plus vite.

Elle s’agenouilla à côté de moi et déposa mon sabre dans une délicatesse aux antipodes du comportement qu’elle avait précédemment adopté. Plongeant de nouveau son regard dans le mien, et pour la première fois devant moi, son visage s’illumina d’un sourire à en couper le souffle.

–  Je crois que cette fois, elle ne te fera plus le moindre tort. Ni à toi, ni à qui que ce soit d’autre d’ailleurs.

–  Comment… comment t’as fait… ?

–  Rien de plus simple, dit-elle en haussant les épaules. Quand j’ai vu ta blessure et que j’ai constaté qu’elle ne portait sur elle aucune arme, j’en ai conclu qu’elle avait le pouvoir de faire retourner contre son adversaire les coups qu’il lui portait. Mais il fallait que je vérifie un détail par moi-même ; vois-tu, mon sabre ne tranche pas, il broie ce qu’il effleure de sa lame. Lorsqu’elle a retourné mon attaque contre moi, seule une banale coupure est apparue sur mon bras. Pourquoi ? Parce qu’elle ne connaissait pas la particularité de Tetsuribon, tout simplement. Elle ne s’en est probablement pas rendu compte, mais ses tissus internes ont tout de même subi les dommages de mon coup.

Incrédule, je la laissai débiter toutes ces paroles en la gratifiant d’un regard de plus en plus écarquillé.

–  Cette Kurotama ne pouvait permuter ses blessures que lorsqu’elle connaissait les dégâts occasionnés par l’attaque de son ennemi, expliqua Tsunata. Sans ça, elle était totalement impuissante. C’est pourquoi j’ai décidé d’utiliser le Souffle Blanc, car son nom et sa forme sont traîtres : on pourrait croire qu’il s’agit d’une énergie de type vent qui provoque les même lésions que n’importe quel souffle surpuissant, mais il n’en est rien. Le Souffle Blanc est une pyrotechnique qui brûle les tissus et cellules à la manière d’un feu ardent et, ça, elle ne pouvait pas le prévoir. Elle s’est laissée surprendre, ça s’arrête là.

Je ne pus le croire : son intelligence et sa force étaient démentiels, alors même qu’elle avait en apparence la panoplie complète d’une jouvencelle en détresse.

Jamais je ne me suis senti aussi con de ma vie.

–  Tu es salement amoché, constata-t-elle en fronçant les sourcils. On dirait que tu n’y es pas allé de main morte.

–  Si… si c’est pour te foutre de moi, tu peux aller voir ailleurs ! grognai-je.

–  Pour te laisser mourir ? Et puis quoi, encore !

–  Quoi ? Mais, tu… tu n’as rien à me devoir, je n’ai jamais été agréable avec toi ! T’as aucune fierté ?

–  Il n’y a que ça qui compte pour toi ? La fierté ? Pitié, je n’ai jamais rien entendu d’aussi absurde de toute ma vie !

–  Pour qui tu te…

–  La ferme ! me coupa-t-elle. Je vais t’expliquer ma façon de penser et tu vas sagement m’écouter, compris ? J’en ai rien à faire de tes préjugés machistes ou sur les remplaçants, l’avis que tu me portes m’est complètement égal et, par-dessus tout, je me fous ouvertement de tes petits caprices d’enfant de quatre ans. La fierté n’a jamais mené personne nulle part, Vice-Capitaine Izuru Kira, mais l’entraide et l’amitié, elles, peuvent faire gravir au plus faible des hommes des sommets que même le plus fier de tous ne pourra jamais effleurer par la pensée. C’est comme ça que je fonctionne, mes décisions ne sont dictées que par mes sentiments, pas par un quelconque égo dont tout le monde se fout royalement.

Reprenant son calme, elle dit dans un large sourire :

–  Je suis persuadée que tu es quelqu’un de bien, Kira-san. Tu as beau montrer ta carapace aux autres, je ne vois en toi que la tristesse qui te ronge. Ce genre de comportement ne prend pas avec moi, car je sais ce que tu ressens, je te comprends. Je ne te demande pas de m’apprécier, ni même de me reconnaître. Je ne te solliciterai que pour une chose, en revanche.

–  La… laquelle ?

–  Ramène-moi au Seireitei quand j’en aurai fini. »

–  Et après ? demanda Shûhei.

–  La suite, tu dois la connaître : elle a permuté ma blessure sur elle et en a guéri dans mes bras, pendant que je l’emmenais à la Quatrième Division. Cet incident m’a fait comprendre que je me trompais complètement sur son compte. En réalité, je pense que la perte du Capitaine Ichimaru m’a bien plus affecté que je ne le pensais, au point que j’avais fini par en vouloir à la Terre entière.

Le ténébreux axa son regard argenté sur son ami et surprit son sourire nostalgique, rapidement remplacé par une lueur plus sereine.

–  J’ai été m’excuser auprès de Tsunata le lendemain. Tout ce qu’elle m’a répondu, c’est son sourire de trois kilomètres et qu’elle ne m’en voulait pas. On a tout repris depuis le début et, aujourd’hui, je la considère comme une amie chère en qui je peux placer toute ma confiance, une Shinigami à part entière qui n’a plus rien à prouver et qui mérite amplement sa place dans nos rangs. Ce petit bout de femme m’est précieux, comme il en est question pour Abarai, Kuchiki et Rangiku, sans parler du Commandant Kyôraku, et chacun d’entre nous mettra tout en œuvre pour la protéger. J’étais sûr que toi aussi, tôt ou tard, tu t’apercevrais de sa véritable valeur. C’est une fille bien, Hisagi, sûrement la mieux que tu ne pourras jamais rencontrer.

Le Vice-Capitaine brun en resta pantois, les joues rougies par le récit de son meilleur ami.

–  Je voudrais te mettre en garde, Hisagi.

–  Ne t’en fais pas, c’est ma coéquipière et je la traite comme mon égale.

–  Ça n’a rien à voir avec ça.

Les deux hommes s’arrêtèrent.

–  Je te le dis car tu es mon meilleur ami, confia Izuru à voix basse. Tsunata possède un lourd secret. Si ses vieux fantômes venaient à ressurgir, sa vie pourrait être gravement en danger.

–  De quoi tu parles ?

–  Je ne peux pas t’en dire plus, car moi-même je ne suis au courant de rien mais, réfléchis : si le Commandant Kyôraku tient tant que ça à la garder à l’abri ici, c’est pour une seule et unique raison. Tsunata ne peut pas retourner dans le monde des humains car quelque chose, ou quelqu’un, l’attend là-bas.

Passant son bras autour du cou du ténébreux, Izuru murmura :

–  Veille sur elle comme si ta vie en dépendait, Hisagi.

Avant même qu’il n’ait eu le temps d’amorcer la moindre réponse, un homme élancé au crâne rasé s’approcha d’eux.

–  Hé, Hisagi, Kira !

–  Madarame ? fit le blond, un sourcil arqué.

–  La p’tite arrive, elle n’en a plus pour longtemps. Cette saleté a vachement progressé ! Son maniement du sabre est parfait, sa seule lacune reste le kidô. Elle ferait un membre parfait pour notre Division.

–  Votre Division ? s’indigna le brun.

–  Et puis quoi, encore ? ajouta Izuru. Elle a bien trop de classe pour s’afficher avec votre escouade de brutes épaisses.

–  Ton ignorance est telle que je ne vais pas m’abaisser à ton niveau, Kira. Vous n’avez qu’à venir constater par vous-même !

Ainsi, les deux acolytes suivirent le nouveau Vice-Capitaine de la Onzième Division jusqu’au lieu de l’entraînement.

Dans la fosse, Tsunata Nara et Yumichika Ayasegawa s’affrontaient à l’aide de sabres factices. Izuru et Shûhei restèrent interdits devant la façon dont leur amie mettait à l’amende un des membres de l’équipe Zaraki.

–  Elle a du cran, cette nana, affirma Ikkaku avec une fierté non dissimulée. Elle me plait bien. A peine un mois qu’elle est devenue une Shinigami remplaçante, et la voilà qui nous mène la vie dure en se mesurant à nous.

D’un commun accord, les deux hommes virent la main du chauve entourée de bandelettes maculées de sang.

–  Vous vous êtes battus ? s’enquit Kira, outré.

–  Un peu qu’on s’est battus ! s’exclama-t-il. Même avec un bokken et en contenant sa force, cette fille a réussi à salement me blesser, au point d’en rompre nos deux armes. En prime, elle faisait des pieds et des mains pour me soigner. Quelle honte, je vous jure ! Elle avait pitié de moi alors qu’elle était beaucoup plus amochée. Je ne me suis jamais senti aussi pathétique qu’aujourd’hui, je peux vous l’assurer.

Quelques mètres en-dessous d’eux, la jeune femme continuait de se battre contre le troisième lieutenant. En une simple parade, elle parvint à l’envoyer au sol. Marquant sa victoire en pointant son sabre vers la gorge de son adversaire, un sourire sournois que personne en dehors de ses deux entraîneurs ne lui connaissait étira ses lèvres rosées.

–  J’ai gagné, dit-elle de son air triomphant.

Yumichika, dont les mains présentaient de nombreuses entailles çà et là, était à bout de souffle. De grosses gouttes de sueur perlant le long de ses tempes et sur son front, jamais le Shinigami le plus coquet de la Soul Society n’avait été dans pareil état d’insalubrité.

–  Bien joué, Nara.

–  C’est Tsunata, je te l’ai déjà dit.

Puis, échangeant un regard complice, la blonde l’aida à se relever dans un sourire.

–  Tu m’as mis dans un piteux état, constata le brun. Je t’aurai tué pour moins que ça, si tu n’étais pas née belle.

Tsunata soupira.

–  Tu ne changeras jamais, Yumichika.

Amusé par sa remarque, il tenta de réprimer un sourire.

–  Bien, ça suffit pour aujourd’hui, décréta-t-il.

–  Je peux encore m’entraîner, rétorqua-t-elle en fronçant les sourcils, je ne suis pas fatiguée !

–  Toi peut-être pas, mais moi si. De plus, nous avons tous du travail cet après-midi, et ton coéquipier t’attend en haut. Nous reprendrons plus tard.

La blonde tourna la tête vers les trois hommes les dominant tous deux de leur hauteur. Lorsque son regard croisa celui de Shûhei, son visage s’empara d’une lueur resplendissante semblable à celle des premiers rayons du soleil de printemps.

–  Eh bah Hisagi, crois-moi, il y en a beaucoup qui se damnerait pour avoir un sourire comme celui-là.

–  Il a raison, appuya Izuru. Et dire que vous ne vous supportiez pas il y a quelques jours encore.

–  Vous vous faites des films, nia Shûhei. On est juste amis.

–  Ah oui ? fit Ikkaku. Ça doit être pour ça que depuis votre rencontre, elle met encore plus d’énergie dans son entraînement.

Le ténébreux considéra son compère avec intérêt.

–  C’est-à-dire ?

–  Avant qu’elle ne fasse ta connaissance, Tsunata se donnait déjà à fond, mais son apprentissage était ciblé sur les capacités de son sabre. Elle venait nous voir, Yumichika et moi, pour qu’on lui apprenne à maîtriser ses deux formes de libération.

Shûhei tiqua.

–  Mais depuis que t’es rentré de mission, poursuivit le chauve, elle met un point d’honneur à tout apprendre. Ses progrès sont flagrants : après une semaine, elle sait parfaitement manier n’importe quelle arme blanche. Toutes les postures, toutes les tactiques, elle les a toutes acquises. Quand elle aura appris le kidô, elle sera imbattable.

–  Tu as bien dit deux formes de libération ?

–  Bah oui, on t’a pas appris ton boulot à la Neuvième ou quoi ? Le Shikai et le Bankai !

–  Le Shikai et le…

Les yeux argentés du ténébreux s’écarquillèrent à leur paroxysme, incapable de terminer sa phrase.

–  Toujours aussi éloquent ! ironisa Ikkaku. Quoi, t’étais pas au courant ?

Izuru et ce dernier observèrent avec intérêt le brun qui, aux vues de la mine qu’il leur adressait, ne semblait pas du tout comprendre à quoi le second de Kenpachi Zaraki faisait allusion.

Celui-ci soupira bruyamment avant de reprendre :

–  Alors comme ça, t’es son coéquipier mais tu ne sais rien d’elle ?

–  Il faut reconnaître que ce n’est pas le principal sujet de conversation quand on tente de faire connaissance, défendit le blond. Tu peux le comprendre, Madarame.

–  Il est primordial de connaître les compétences de ses compagnons d’armes, Kira ! C’est la base de toute coordination au sein d’une équipe !

–  Tsunata a déjà éveillé son Bankai ? s’exclama Shûhei.

Les deux autres se tournèrent vers lui.

–  Oui, annonça le chauve. Elle a pu y recourir au bout de deux semaines seulement.

Le jeune homme en resta penaud ; même Ichigo Kurosaki, l’humain prodige, n’avait pu assouvir son zanpakutô en si peu de temps.

–  Comment ? souffla-t-il. Quel entraînement lui avez-vous fait subir ?

Madarame s’esclaffa d’un rire sonore et irritant.

–  Tu rigoles, j’espère ? Le crédit ne revient à personne d’autre qu’à elle-même.

–  Il a raison, confirma Izuru. Le lendemain de sa transformation en Shinigami, Tsunata utilisait son Shikai. Personne ne l’a aidé ou ne lui a enseigné quoi que ce soit concernant les zanpakutô, elle connaissait déjà tout du sien.

–  C’est impossible !

–  T’as jamais trouvé bizarre le fait qu’elle puisse invoquer son sabre par sa seule volonté ? l’interrogea l’acolyte de Yumichika. A son niveau, il n’est plus question de génie, Hisagi, mais de divinité, d’être suprême ! Tsunata Nara, c’est l’avenir de la Soul Society !

Bien qu’il restait conscient des capacités surnaturelles de sa coéquipière derrière son air enfantin et innocent, Shûhei n’aurait pu croire dans ses rêves les plus fous qu’elle était si particulière, si unique au point d’avoir de tels éloges de la part d’une bête de combat comme le Vice-Capitaine de la Onzième Division.

L’avertissement de son meilleur ami lui revint alors en tête : quelque chose, ou quelqu’un, semblait en vouloir à la vie de Tsunata. A présent, il en saisissait mieux la cause. Si elle était si spéciale que le laissait entendre Ikkaku Madarame, être son ennemi ne signifiait rien d’enviable.

Seulement, le brun ne la voyait que trop mal dans le mauvais rôle. En dehors du désir de protéger les personnes qui lui sont chères, Tsunata était quelqu’un de relativement inoffensif, elle n’était en rien rancunière, médisante ou malveillante, lui-même en avait d’ailleurs fait l’expérience.

Le mystère de Tsunata Nara s’épaississait à mesure où les informations à son sujet lui parvenaient.

Coupant court à ses rêveries, une voix enjouée parvint aux oreilles du brun balafré.

–  Désolée pour le retard !

Shûhei émit un hoquet de surprise en se tournant expressément vers la blonde, les pupilles dilatées.

–  J’ai l’impression que c’est ta phrase fétiche, Tsunata.

–  La ferme, Ikkaku.

–  Avec celle-là, bien entendu.

A la façon d’une enfant, elle lui tira la langue ; s’abaissant à son niveau, le chauve lui adressa une grimace encore plus absurde qui arracha un soupir exaspéré à Izuru.

Tsunata se tourna vers les deux amis de longue date et leur adressa son célèbre sourire rayonnant.

–  Salut, les garçons ! Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas vu, Izuru !

–  Tu es difficile à trouver en ce moment, Tsunata, sourit ce dernier.

La jeune femme passa sa main dans sa chevelure dorée, dissimulant ses quelques rougeurs derrière son sourire gêné.

–  Ah oui, désolée. Avec Shûhei, on passe beaucoup de temps ensemble.

Les deux combattants gratifièrent comme un seul homme le ténébreux d’un regard lourd de sous-entendus qui, rouge pivoine, se contenta de croiser les bras en grommelant :

–  La ferme !

–  Elle commence à te déteindre dessus, mon vieux ! dit Ikkaku dans un éclat de rire. C’est trop mignon !

Shûhei grogna, prêt à laisser parler ses poings sur le visage moqueur du chauve, lorsque la voix plus calme de son meilleur ami se fit entendre.

–  Rangiku te cherchait, hier soir.

–  Je m’excuse, fit la blondinette en baissant la tête, mais j’ai croisé Ichigo alors après, avec Shûhei, on a partagé les bonbons d’Orihime.

Ikkaku se pencha à l’oreille du brun, un sourire carnassier sur les lèvres, et marmonna :

–  Tu te rends compte que t’es le seul avec qui elle partage ces saloperies ? T’es vraiment un privilégié, mon gars. Même Ichigo Kurosaki n’a pas le droit à un tel traitement de faveur de sa part.

Alors que Shûhei rougissait jusqu’à la racine de ses cheveux ébène, Izuru l’ignora et poursuivit sa conversation avec la Shinigami remplaçante.

–  Rangiku voulait te voir à propos de la prochaine réunion de l’Association des Femmes Shinigami.

Contre toute attente, Tsunata devint blême.

–  Je… je suis obligée ? grimaça-t-elle.

–  Non, fit-il, interloqué par sa réaction, mais les filles t’apprécient et ça leur ferait plaisir que tu les rejoignes.

–  Moi aussi je les aime bien, mais…

–  Quel est le problème ? s’inquiéta le blond. Tu peux m’en parler, Tsunata.

Axant son regard sur le sol, la jeune femme dissimula ses rougeurs de plus en plus visibles derrière sa frange.

–  C’est… c’est juste que…

Les trois soldats se penchèrent vers elle, tout ouïe.

–  La dernière fois que je suis allée à leur réunion, disons que… Rangiku s’est montrée très entreprenante à mon égard en s’exclamant que, anatomiquement parlant, elle se sentant moins seule en ma présence. Après quoi, elle a voulu confirmer ses soupçons en prenant mes mensurations, alors elle… elle a…

Imaginant tous trois la scène, les hommes se mirent à rougir violemment tandis qu’une goutte de sang s’évada de leur narine.

La jeune femme cacha son visage derrière ses mains et continua :

–  J’étais tellement gênée ! Et après ça, elles ont voulu…

Le Vice-Capitaine de la Troisième Division obstrua la bouche de son amie avec sa main, la faisant légèrement sursauter.

–  Ne… ne dis plus rien, bégaya-t-il. On a compris.

–  Pardon… fit-elle, les yeux grands ouverts.

–  Je lui dirai d’être un peu moins… audacieuse la prochaine fois, d’accord ?

–  Oui ! sourit la demoiselle. Merci, Izuru !

Elle vit alors son coéquipier se retourner soudainement et essuyer machinalement le dessous de son nez avec son avant-bras.

Tsunata posa délicatement sa main sur son biceps, le faisant tressaillir.

–  Ça ne va pas, Shûhei ?

–  Si si, ne t’en fais pas. On… on doit se rendre en mission.

–  Très bien, je suis prête !

Se penchant vers la fosse, la Shinigami remplaçante dit dans un enthousiasme palpable :

–  A demain, Yumichika !

–  Essaye de ne pas être en retard, cette fois !

–  Je ferai de mon mieux !

Puis elle dirigea son sourire vers les deux autres et les salua, avant de prendre la route avec son coéquipier en direction de leur prochaine mission, côte à côte.




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