The New Substitute

Chapitre 17

2201 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 19/04/2017 11:42

–  Ya… Yamada-kun ?

–  Ravi de vous revoir sur pieds, Vice-Capitaine Hisagi.

Alors que Shûhei resta stupéfait par la poussée de croissance fulgurante du jeune Hanatarô Yamada depuis leur dernière rencontre, Kiyone s’approcha du désormais Cinquième Lieutenant de la Quatrième Division et lui enfonça la tête entre les épaules.

–  Non mais dis donc, d’où il te vient ton élan de confiance, Yamada ? le réprimanda-t-elle. C’est quoi cette façon de t’adresser à un Vice-Capitaine ?

–  Aïe ! geignit-il. Pardon, Vice-Capitaine Kotetsu !

–  Allons, Kiyone, ce n’est pas la peine d’être aussi brutale avec lui…

–  Onee-san, il faut savoir te faire respecter par tes subordonnés !

–  Que voulais-tu dire, Yamada-kun ? demanda Shûhei.

Les trois soignants arrêtèrent leur manège et s’intéressèrent de nouveau au ténébreux alité.

–  Pourquoi Tsunata ne va-t-elle pas bien ?

Passant d’un air embarrassé sa main derrière sa nuque, l’adolescent lui adressa un sourire confus.

–  C’est que… je n’ai pas vraiment le droit de vous en parler, Vice-Capitaine Hisagi.

–  Allons bon ! soupira Kiyone. C’était bien la peine de jouer les matadors.

–  Mais, le Capitaine vient de dire que je devais garder le secret !

–  Alors pourquoi avoir parlé ?

–  Je voulais simplement qu’il comprenne par lui-même que Tsunata-san était très préoccupée ces temps-ci, et que son état de fatigue n’arrange en rien la situation !

–  Hanatarô-kun ! gronda Isane.

–  Par quoi Tsunata est-elle préoccupée ? insista le coéquipier de cette dernière.

–  Bien joué, Yamada, ironisa la cadette des Kotetsu.

–  Désolé, mais je ne peux rien dire de plus, Vice-Capitaine Hisagi.

–  Tu ne peux pas faire marche arrière maintenant, dis-moi ce qu’elle a !

–  Je n’en sais rien, moi ! Tout ce dont je suis au courant, c’est que Tsunata-san est vraiment soucieuse depuis quelques temps. De plus, quand elle vous a ramené ici, son anxiété a augmenté si rapidement qu’on arrivait à la ressentir, comme si elle était devenue physique et qu’on pouvait la toucher.

Kiyone se pencha vers l’oreille de son aîné et lui susurra discrètement :

–  Ça y est, il a tout dit.

Ne s’en apercevant aucunement, le garçon continua sur sa lancée.

–  Elle nous a presque suppliés de ne rien vous dire pour ne pas vous inquiéter lorsque vous vous réveilleriez.

–  Non, il a tout dit, chuchota Isane à sa sœur qui opina du chef.

–  Elle vous a demandé ça ? s’indigna Shûhei.

Hanatarô hocha positivement la tête et reprit :

–  Exactement. Mais, c’est en ne disant rien qu’elle inquiète le plus son entourage. Seulement, elle ne semble pas s’en rendre compte.

Le Vice-Capitaine de la Neuvième Division inclina légèrement son visage vers le bas, dissimulant partiellement ce dernier derrière ses mèches ébène. En effet, il avait bel et bien remarqué un changement dans le comportement de sa partenaire au cours des derniers jours ; la flamme qui vacillait d’ordinaire dans son regard s’était éteinte après l’annonce de leur nouvelle mission à deux, celle qui avait valu au jeune homme un séjour dans l’inconscient. Oui, depuis ce jour, l’inquiétude de Shûhei à l’égard de la jolie blonde n’avait cessé de croître.

Lorsque Hanatarô poursuivit son discours, le brun redressa la tête.

–  Bien que votre état l’attristait et que les soins apportés aux membres de la Troisième Division l’épuisaient, jamais elle n’a versé la moindre larme, avoua-t-il d’une voix sombre. Elle se contentait de vous observer paisiblement et de vous chuchoter quelques paroles pour que vous sentiez sa présence à vos côtés.

Sans crier gare, un flashback prit le ténébreux de court.

« Pardon, Shûhei. J’aurai dû mieux te protéger. »

« Tsunata-san !

–  Qu’avez-vous fait ? »

Shûhei plaqua ses mains contre ses tempes, alertant les trois membres de l’unité médicale du Seireitei.

–  Hisagi-san ! paniqua Isane.

–  Tout… tout va bien…

Sans raison apparente, il détourna le regard sur son abdomen ; un détail qu’il aurait dû remarquer depuis son réveil l’interpela enfin.

« Je ne sens rien », pensa-t-il.

Ouvrant en partie son kimono blanc, il écarquilla les yeux.

–  Qu’est-ce que…

De simples bandelettes immaculées entouraient une maigre partie de son torse qui, pourtant, avait été en partie arraché par les quatre lames de Fujimaro Nasu.

« C’est impossible… », songea-t-il.

Il se remémora alors avec exactitude la dernière chose dont il se souvenait avant son coma : le coup porté par le Kurotama, les larmes glacées de Tsunata sur sa peau tandis que celle-ci désespérait de son impuissance vis-à-vis d’une telle blessure.

Comment ? Comment ces quatre plaies béantes avaient-elles pu ne devenir que de minces entailles qui lui laissaient toute sa mobilité en si peu de temps ?

–  Pourquoi je n’ai quasiment plus rien ?

Shûhei redressa son visage vers ses trois opposants et les considéra d’un regard noir.

–  J’étais mourant, grogna-t-il entre ses dents serrées. Il y a deux jours, j’ai fait mes adieux à Tsunata car même elle ne pouvait plus rien pour moi. Pourtant, aujourd’hui, je suis là, à parler avec vous et m’agiter comme si de rien n’était. Avec tout mon reiatsu, une telle guérison m’aurait pris au bas mot deux semaines. Seulement, j’étais à bout de force et venait de dépenser le peu d’énergie spirituelle que j’avais en réserve pour venir à bout de l’ennemi, résultant sur un parfait échec. Pourquoi ? Pourquoi suis-je encore en vie ? Pourquoi est-ce que je ne ressens pas la moindre douleur ?

Isane, Kiyone et Hanatarô échangèrent un regard soucieux, quand la plus haut-gradée prit le parti d’intervenir.

–  Avant que je ne réponde à ta question, je te prierai de bien vouloir me suivre, Hisagi-san.

–  Où ça ?


Quelques minutes plus tard, emboîtant le pas d’Isane Kotetsu, Shûhei et ses trois accompagnateurs arrivèrent à leur destination. Lorsque la jeune femme aux cheveux gris poussa la porte qui leur faisait barrage, le regard du ténébreux s’écarquilla.

–  Kira ? souffla-t-il.

–  C’est exact, confirma Isane. Lui, ainsi que tous ses compagnons d’arme rescapés. Nous sommes ici dans la salle de réveil de la Quatrième Division. Tu remarqueras que, mis à part leur Capitaine, tous sont rassemblés ici.

–  Je comprends mal là où vous voulez en venir, Capitaine Kotetsu.

–  C’est pourtant très simple. Ont-ils l’air de souffrir ?

Shûhei les examina un à un de son regard furtif ; n’attendant nullement sa réponse, l’aînée des deux sœurs poursuivit.

–  Bien sûr qu’ils ne souffrent pas. Pourquoi ? Parce que Tsunata-san les a soignés mieux que quiconque n’aurait su le faire. Izuru Kira, Vice-Capitaine de la Troisième Division, était entre la vie et la mort lorsque l’équipe de secours nous l’a apporté. Il avait reçu un violent coup derrière le crâne en plus d’avoir le poumon droit perforé d’un trou de dix centimètres de diamètre. Pourtant, Tsunata-san ne s’en est pas formalisée.

–  Elle l’a permuté ? s’horrifia Shûhei.

–  Seulement ce qui restait à la limite du raisonnable, pour ne pas se mettre en danger et pouvoir venir en aide aux autres membres de la Troisième Division.

–  Elle ne changera jamais, sourit-il d’un air absent. Mais, pourquoi me les avoir montrés ? En quoi cela a-t-il un rapport avec mes blessures ?

–  Tu ne comprends pas ?

Malheureusement, une nouvelle salve de souvenirs prit le ténébreux au dépourvu ; aussi craignit-il de comprendre là où Isane Kotetsu voulait en venir.

–  Tu le lui as interdit.

« Shûhei ! »

Ces larmes, cette souffrance, ce désespoir… Son rythme cardiaque s’accéléra tant son souffle s’entrecoupait. Comment avait-il pu être aussi crédule ?

–  Te voir mourir, toi qui es la personne la plus importante à ses yeux…

« Ne me laisse pas… »

–  … était insoutenable.

Le brun suffoquait, forcé de maintenir ses mains contre ses tempes pour se conférer un tant soit peu de contrôle ; elle n’avait pas le droit, non, il le lui avait interdit.

–  Alors, continua la grise, pour te sauver…

« Tu pourras m’en vouloir tant que tu le souhaites à ton réveil. Tu pourras me détester, me haïr, ça m’est égal. Tu sais pourquoi, Shûhei ? Parce que tu seras en vie, voilà tout. »

–  … elle a permuté tes blessures tant que son corps le lui permettait, avant de te porter jusqu’ici, dans nos locaux.

« Pardon. »

Sa respiration devint de plus en plus sonore ; ses jambes le lâchèrent, aussi dût-il être rattrapé par les deux autres restés en retrait. Son regard se perdit entre les révélations beaucoup trop pénibles à entendre à son goût et l’émergence des paroles prononcées par sa coéquipière tandis qu’il sombrait vers une mort certaine.

Décidée à être d’une limpidité irréprochable, Isane termina son récit par cette unique phrase :

–  Ta vie, tu ne la dois qu’à Tsunata-san, Hisagi-san.

« Permutation ! »


Quarante-huit heures auparavant, dans le Dangai.

Alors que Tsunata Nara venait de permuter tout ce que son corps put endurer de la blessure mortelle de son coéquipier, Shûhei Hisagi, ses mains heurtèrent lourdement le sol ; haletant, suant, le ventre suintant de pourpre, la jeune femme peina à retrouver un semblant de souffle. Son corps, secoué de tremblements spasmodiques aux côtés de son ami, ne l’empêcha en rien d’arborer un fier sourire, lui-même souillé par les dernières larmes qui s’évadaient de ses yeux verts.

–  Tu vois, Shûhei, j’ai survécu. Et quand je t’aurai emmené à la Quatrième Division, toi aussi, tu seras tiré d’affaire.

Tentant d’abord de se dresser sur ses jambes affaiblies, Tsunata perdit l’équilibre et tomba à genoux ; têtue au possible, elle réitéra sa tentative avec plus de calme et parvint à trouver une once d’équilibre. Une fois stabilisée, la Shinigami se pencha vers le corps inerte de Shûhei, passa le bras du jeune homme sur ses épaules et le souleva péniblement.

De nouveau essoufflée, elle s’accorda un temps de pause et observa le visage inconscient de son coéquipier, rougissant discrètement en réalisant la faible distance qui les séparait tandis que les insufflations fiévreuses du ténébreux caressaient involontairement sa peau à découvert.

–  Tiens bon, Shûhei.

Puis elle se mit en route, après avoir soigneusement récupéré les morceaux du dénommé Kazeshini non loin de là où trônait à présent une immense marre de sang. Rusant de toujours plus de shunpo, mettant un frein à sa guérison d’ordinaire instantanée, Tsunata oublia ses maux et ne se concentra que sur une chose : sauver celui qui avait pris tant de place dans sa vie.


A la Quatrième Division, alors que le Capitaine Kotetsu s’occupait de remplir les rapports de ces derniers jours, quelqu’un frappa énergiquement contre la porte de son désormais bureau personnel.

–  Entrez, dit-elle.

La porte s’ouvrit à la volée dans une brutalité qui la fit trembler durant une bonne minute. Interpelée par tant de force, la jeune femme aux cheveux argentés quitta de ses yeux marron sa pile de documents pour les placer sur celui qui venait de l’interrompre avec si peu de délicatesse.

–  Capitaine, c’est horrible ! hurla-t-il d’un ton emprunt de panique.

–  Que se passe-t-il, Iemura-san ?

–  Ils nous attendent dans le hall d’entrée, c’est urgent !

Sans plus d’explications, Isane Kotetsu bondit de sa chaise et se pressa à la suite de son Troisième Lieutenant, Yasochika Iemura.




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