The New Substitute

Chapitre 21

3089 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/05/2017 17:56

« Tout a commencé le 17 Novembre dernier.

Alors que je cherchais la jeune femme dont tout le monde parlait à la télévision et sur internet pour qu’Inoue puisse la soigner, Urahara-san m’a appelé et demandé de passer au magasin. Lorsque je m’y suis rendu, il n’était pas seul.

–  Mais… mais qu’est-ce que…

–  Voici la raison pour laquelle je t’ai demandé de venir.

–  Tu… tu es… la fille de la télé ?

Une fois n’est pas coutume : impossible de me souvenir de son nom. Et pour ne rien arranger, cette peste m’a lorgné de bas en haut sans même me répondre ! Quelle tête à claques !

–  Entre donc, Kurosaki-san ! Elle ne va pas te manger !

Je me suis exécuté et, lorsque la lumière de la boutique l’a éclairé, j’ai remarqué que…

–  Minute, pourquoi elle a une tenue de Shinigami ? Merde, t’es morte ?

–  Quelle délicatesse, mon pauvre Kurosaki-san.

–  Inoue va me tuer… l’ai-je ignoré.

–  Allons, allons, notre amie n’est pas morte ! s’est exclamé Urahara-san. De plus, nous aurions besoin de l’aide de la jolie Inoue-san.

–  Arrête de l’appeler comme ça, espèce de maniaque psychotique ! Si elle n’a pas passé l’arme à gauche, pourquoi elle porte un shihakushô ?

C’est là qu’il m’a expliqué comment il l’avait trouvé : alors qu’il se promenait pour on-ne-sait quelle raison dans les rues de Karakura au beau milieu de la nuit, il a ressenti un étrange reiatsu, pour le moins perturbé, près de la rivière ; lorsqu’il est arrivé, elle était au bord du canal, les poings serrés le long du corps, le regard lointain. Au même moment, un Hollow est apparu et, par sa simple pression spirituelle, elle a réussi à le pulvériser. Urahara-san l’a emmené dans son magasin après qu’elle ait perdu connaissance et, voyant que son reiatsu était complètement instable et que son corps ne le supportait plus, il en a extrait son âme : quand elle est sortie, c’était celle d’une Shinigami. »

 –  Une Shinigami ? répéta Rangiku. Dans un corps d’être humain ?

–  Je ne pense pas que ce soit la bonne explication, malheureusement, intervint Kisuke. Sa quantité d’énergie spirituelle devait probablement dépasser la moyenne, ce qui a entraîné une conversion de son âme en l’être qui en possède autant dans ce monde, à savoir les Shinigami.

–  Comment est-ce possible ? C’est inédit dans l’histoire de la Soul Society et du monde réel !

–  Pas exactement, non. Notre ami ici présent, j’ai nommé Kurosaki-san…

–  La ferme, grogna celui-ci, les bras croisés.

–  … a bien failli lui aussi subir ce genre de phénomène, qui n’en reste pas moins rare ; sa pression spirituelle n’était cependant pas assez élevée pour libérer son pouvoir ensommeillé, à la différence de Tsunata-san.

–  Qui tu traites de petite pression spirituelle, enflure ? fulmina le concerné.

–  Ichigo est né de l’union d’un Shinigami et d’une Quincy, rappela Rangiku. Tsunata n’a jamais mentionné que ses parents possédaient eux-aussi des pouvoirs spéciaux.

–  Rangiku-san, même si Tsuna-chan se confiait davantage à ses amis, elle n’aurait jamais pu vous renseigner sur un tel sujet.

–  Et pourquoi ça ? perdit patience la Vice-Capitaine.

–  Parce qu’elle est orpheline, lâcha Ichigo, c’est tout.

Shûhei – qui se contentait jusque là de détailler la jolie blonde alitée en méditant sur le récit du lycéen aux cheveux flamboyants – releva brusquement la tête, interpelé par le mystère de Tsunata qui, chaque fois qu’il tentait de l’éclaircir, s’épaississait un peu plus encore.

Rangiku, les yeux écarquillés, garda un silence équivoque, permettant à Kisuke d’expliquer :

–  Bien que nous ne connaissions pas les origines de Tsunata-san, il n’en demeure pas moins qu’elle détenait ses pouvoirs de Shinigami d’elle-même, alors qu’elle n’était encore qu’une jeune étudiante.

–  Kurosaki, continue ton histoire, ordonna le ténébreux.

–  Ouais, souffla paresseusement ce dernier.

« Donc, comme je le disais avant l’intervention de Rangiku-san, Urahara-san m’a raconté comment, par le fruit d’un étrange hasard, il avait réussi à mettre la main sur la fille la plus recherchée de tout le Japon, et la manière dont celle-ci s’était transformée en Shinigami.

–  Alors, si je comprends bien, elle est comme moi ? ai-je dit.

–  Je vois que tu deviens de plus en plus perspicace, mon cher Kurosaki-san.

–  Vas te faire foutre.

–  Et toujours aussi charmant ! Quel jeune homme d’exception tu fais.

–  C’est mon poing dans la tronche que tu veux ?

–  Dites-le si je dérange, a soupiré la fille.

–  Ah, euh… pardon.

–  Ho ho ! s’est exclamé le blond au bob. Tu t’excuses devant une gente damoiselle, maintenant ? Notre belle amie t’aurait-elle tapé dans l’œil ?

–  Une bonne fois pour toutes, Urahara-san, ferme-la !

–  Bon, trêve de plaisanteries, s’est-il ravisé.

–  C’est l’hôpital qui se fout de la charité ? ai-je fulminé.

–  Kurosaki-san, je t’ai fait appel pour te demander un service.

–  Très peu pour moi ! ai-je protesté. Je te signale que j’ai des examens à passer à la fin de l’année, et que j’ai assez donné de ma personne dans les conflits de la Soul Society ; alors…

–  Avant de refuser, m’a-t-il coupé, j’aimerai te montrer quelque chose.

Ce pervers mal rasé m’a emmené ici, dans cette chambre, là où reposait et repose encore son corps inerte ; Tessai-san la branchait à toutes ces machines qui la maintiennent en vie, pendant qu’Ururu s’appliquait à lui rafraîchir le linge humide qu’elle avait sur le front. Son état était bien pire que celui dans lequel elle se trouve aujourd’hui : elle avait tellement de plaies, de bleus et autres qu’il m’a fallu un temps pour la reconnaître – et encore, je pouvais remercier ses cheveux blonds pour m’y avoir aidé. C’était un vrai carnage.

–  C’est pas vrai… me suis-je étranglé.

Ni une ni deux, je me suis tourné vers la blondinette qui, depuis le début, restait un peu en retrait : son regard, bas, traduisait une profonde tristesse. Elle me paraissait à cet instant complètement ailleurs, plongée dans un état de demi-conscience. Ces images resteront à jamais gravées dans ma mémoire : même pour moi, c’était insoutenable.

–  Notre jeune amie, comme tu peux le constater, ne peut espérer retourner dans son véritable corps et, puisqu’elle n’a pas quitté ce monde, il m’est impossible de lui fournir un Gigai. Par conséquent…

–  Epargne ta salive, j’ai compris : elle est coincée à l’état de Shinigami.

–  Exactement, a opiné l’exilé.

–  Je vois mal ce qu’Inoue et moi pouvons y faire, Urahara-san.

–  Eh bien c’est très simple : Kurosaki-san, tu n’es pas sans savoir qu’une nouvelle menace est récemment apparue ?

–  Ouais, des types avec des goûts capillaires douteux, je sais.

–  Ces ennemis pourraient en avoir après cette charmante demoiselle – de par son incroyable reiatsu, j’entends. Cependant, son corps d’humaine est coincé entre la vie et la mort ; tu es bien placé pour reconnaître que l’âme est toujours reliée à son enveloppe charnelle jusqu’à ce que l’heure fatidique arrive, n’est-ce pas ?

–  Ouais, et alors ?

–  Elle ne doit pas mourir, m’a-t-il sèchement annoncé. Aussi, j’aimerai qu’Inoue-san lui procure les premiers soins pour lui permettre de rester en vie.

–  Ça, je pense qu’il ne sera pas nécessaire de lui demander deux fois. Et moi, qu’est-ce que j’ai à voir là-dedans ?

–  Comme tu l’as compris tout à l’heure, cette jeune femme est à présent une Shinigami remplaçante ; qui de mieux que toi, mon cher Kurosaki-san, serait apte à lui fournir la formation adéquate ?

Je l’ai considéré sérieusement, les yeux écarquillés, avant de percuter :

–  Attends, t’es sérieux ? Tu veux que je sois son prof ?

–  C’est un peu l’idée, en effet.

–  Tu m’as bien regardé, là ?

–  Malheureusement, oui, a-t-il dit d’un ton railleur par-delà son éventail.

Ce gars me faisait sortir de mes gonds !

J’avais envie d’aider cette fille, mais gérer le lycée et des cours particuliers de Shinigami remplaçant à la fois me paraissait insurmontable.

C’est alors qu’elle a décidé de nous interrompre.

–  Pourquoi vouloir que ce type m’enseigne quoi que ce soit ? s’est-elle enquise d’un air dédaigneux. Pourquoi ne le faites-vous pas vous-même, Urahara-san ?

–  Quoi ? me suis-je égosillé. Attends, tu préfèrerais que cette espèce d’obsédé soit ton prof plutôt que moi ?

–  Ouaip.

–  Et en quel honneur, j’te prie ?

–  Pour commencer, ta tête me revient pas ; et ensuite, ta voix stridente me file la migraine.

–  Pour qui tu t’prends, toi ? ai-je hurlé.

–  Arrête de gueuler ! s’est-elle époumonée.

–  S’il vous plaît, a tenté Urahara-san, nous nous tenons devant la chambre d’une…

–  La ferme ! nous sommes-nous écriés en chœur. »

–  Ça a été le premier d’une longue série, fit remarquer Ichigo.

–  Et vos premières chamailleries, sourit Orihime.

–  Oui mais, au début, elles n’avaient rien à voir avec celles d’aujourd’hui…

« Pour une raison qui m’échappait à cet instant, son regard brûlait de haine lorsqu’il se posait sur moi. C’est sûrement pour ça, et aussi pour lui donner une bonne leçon, que j’ai accepté de mener à bien sa formation.

Le lendemain, avec Urahara-san, nous l’avons accompagné à la Soul Society et obtenu l’accord de Kyôraku-san pour l’entraîner en temps que Shinigami remplaçante officielle au service du Gotei 13.

Le premier jour, j’ai amèrement regretté d’avoir accepté ce rôle d’instructeur.

–  Bon, voyons ce que tu sais faire.

Cette blondasse m’a regardé de travers, l’air de dire « Fous-moi la paix, crétin. », ce qui a eu le mérite de me faire perdre mon sang-froid.

–  J’essaie d’être sympa avec toi, tu pourrais pas faire un effort ? me suis-je enflammé. Et puis d’abord, il est où ton sabre ? Quand on est un Shinigami, même remplaçant, on est censé avoir un zanpa…

Le regard de jais qu’elle m’a lancé mit un terme à ma réplique cinglante.

Vous savez, en règle générale, ses yeux sont assez particuliers dans leur genre : ils ont une couleur profonde et sont animés d’une lueur chaleureuse ; quand on s’est rencontrés, ils n’avaient rien à voir avec cela. Ils étaient froids, et leur vert était terne, insipide ; au lieu d’inspirer les belles journées d’été, ils rappelaient amèrement le temps gris et morne en hiver.

Bref, en guise de réponse à ma requête, elle a pointé deux doigts dans ma direction et, une fois encore, m’a fusillé du regard.

–  OK, donc, tu n’as pas de sabre. Tu sais pourtant que sans zanpakutô, tu es impuissante ? Bon, je vais t’attaquer, et tu vas essayer de…

Avant même d’avoir le temps de dégainer Zangetsu, j’ai entendu :

–  Souffle Blanc !

La seconde suivante, je me suis retrouvé encastré dans le mur derrière moi ; bien qu’elle ne m’ait pas raté, j’ai senti qu’elle avait retenu son coup pour ne pas me blesser plus que de raison.

–  La vache ! me suis-je écrié. T’es pas un peu tarée comme nana, espèce de psychopathe dégénérée ? Et puis d’abord, c’était pas du kidô ! C’était quoi, alors ?

–  La ferme.

J’ignorais pourquoi mais, malgré le regard qu’elle m’accordait, j’avais perçu dans son attaque la volonté de ne pas me faire de mal ; ce que j’avais ressenti aussi, c’était toute la tristesse qu’elle renfermait silencieusement en elle.

De ma vie, je n’ai jamais vu Tsunata pleurer. Cette fille est si bornée qu’elle ne montre ses larmes qu’en de rares occasions ; pourtant, dans ce coup aussi étrange que puissant, un seul point m’avait marqué : celui que son âme pleurait.

Cette constatation m’a totalement éberlué. Après un instant d’hébétude, je me suis redressé tant bien que mal et ai constaté qu’elle avait baissé son bras.

–  Qui t’es, au juste ? ai-je demandé.

–  Kurosaki-kun !

–  Ah ! salut, Inoue !

–  Est-ce que ça… (Puis son sourire s’est tordu dans une grimace d’appréhension.) Oh mon Dieu, que t’est-il arrivé ?

J’ai alors remarqué que mon kosode était complètement brûlé là où la blonde m’avait touché.

–  Ah, ça ? C’est rien, ne t’en fais pas.

–  Tu en es sûr ? Je peux…

Elle s’est interrompue au moment où son regard a croisé celui de la remplaçante dont le nom m’échappait toujours. Inoue l’a observé quelques instants avant de lui adresser un de ces grands sourires enfantins dont elle seule a le secret.

–  J’y crois pas, c’est vraiment toi ? s’est-elle enjouée.

–  Euh… on se connaît ? a demandé la fille.

–  Non non, on ne s’est jamais rencontré, mais j’adore ton travail ! Je suis absolument admirative de ton parcours et tes résultats !

On ne peut appeler ça un « sourire » quand on connaît réellement les siens, mais l’expression qu’elle a adressée à Inoue y ressemblait plus ou moins.

–  Je te remercie, mais tu n’as pas à l’être, je t’assure. Tu es ?

–  Ah ! j’en oublie les bonnes manières, excuse-moi ! Je suis Orihime Inoue, une amie de Kurosaki-kun !

–  Ravie de te connaître, Inoue-san.

–  Allons, ne sois pas si formelle : ça me gêne !

Contre toute attente, elle a émis un gloussement : chaleureux, clair comme de l’eau de roche, et agréable à entendre ! Jamais je n’aurai cru qu’elle pouvait avoir une telle facette ; il n’y avait guère qu’Inoue pour faire ressortir ce côté d’elle.

–  Ça te dirait de venir faire les boutiques avec moi ? Après que je me sois occupée de tes blessures, bien entendu !

–  Euh… a hésité la suppléante. Eh bien…

–  Allez, s’il te plaît ! Ça va être amusant !

–  Inoue, ai-je dit.

–  Oui ?

–  C’est une Shinigami.

–  Et alors ? a-t-elle froncé les sourcils.

–  Je vois mal comment tu vas pouvoir faire du shopping avec une personne qu’il n’y a que toi qui peux voir !

–  Et moi, je ne vois pas où est le problème.

–  Tu vas passer pour une folle quand tu vas te mettre à lui parler !

–  Ça m’est égal, Kurosaki-kun : si cette sortie peut lui faire du bien, alors il n’y a pas de raison de s’en priver.

Alors que je venais de tourner mon regard vers le sujet de notre conversation, j’ai vu une étrange lueur scintiller dans ses yeux verts, comme si les propos d’Inoue l’avaient touchée.

–  C’est d’accord, a répondu la blonde.

–  Quoi ? me suis-je écrié, stupéfait.

–  Parfait ! s’est réjouie Inoue. J’ai hâte d’y être ! Je vais de ce pas faire de mon mieux pour te guérir – enfin, ton corps d’origine – et je t’emmène avec moi ! On va bien s’amuser !

–  Je n’en doute pas.

Puis elle est partie comme un coup de vent. Me tournant vers mon « élève », j’ai passé la main dans ma nuque et dit :

–  Désolé, elle est un peu trop enjouée à l’idée de passer du temps avec toi.

–  Elle est marrante, je l’aime bien.

Complètement abasourdi par son ton attendri et le fin rictus qui étirait légèrement ses lèvres de biais, j’ai hurlé :

–  J’ai pas rêvé, t’as souri ?

Elle m’a lorgné de son regard glacial, aussi ai-je décidé de changer de sujet.

–  Bon, reprenons l’entraînement.

Ainsi, nous nous sommes affrontés sans relâche – moi, avec Zangetsu ; elle, sans sabre – durant les longues heures où Inoue mettait tout en œuvre pour la sortir de ce mauvais pas, en vain. »




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