The New Substitute

Chapitre 24

3885 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 04/06/2017 15:48

L’obscurité demeurait maîtresse des lieux tandis que seuls quelques rayons lunaires filtrèrent au travers des fenêtres noircies de poussières du hangar abandonné dans lequel elle se trouvait ; toutefois, s’il y eût une chose dont elle ne douta pas un seul instant, c’était bien de l’identité de celle qui se tenait devant elle, quelques mètres plus bas.

La respiration saccadée, des gouttes de sueur dévalant ses tempes, Tsunata lorgna l’ombre qui venait de s’adresser à elle d’un œil mauvais. Nullement impressionnée, celle-ci s’avança vers sa victime jusqu’à ce que la lueur blafarde de l’astre l’illumine de sa pureté.

–  Quelle perspicacité ! s’exclama la Kurotama. Alors, comment ça va, depuis le temps ?

–  A merveille ! ironisa Tsunata. J’adore être suspendue dans le vide par une douce nuit d’hiver, et toi ?

En effet, Miya avait profité de l’inconscient de la Shinigami pour l’accrocher par des chaînes métalliques – bien trop serrées au goût de la concernée – à cinq mètres du sol, expliquant les horribles tiraillements qui lui paralysaient bras et épaules.

–  Ha ! ha ! ha ! s’esclaffa la jeune femme aux cheveux bleus. Même dans une situation aussi désespérée, tu conserves ton sarcasme légendaire, à ce que je vois ; ça me ferait presque chaud au cœur.

–  En supposant que tu en aies réellement un, tout le plaisir est pour moi !

–  Il suffit : toi et moi avons quelques comptes à régler, ma jolie.

Pour toute réponse, la blonde se contenta de gratifier son opposante d’un regard de jais.

Magasin Urahara, vingt-deux heures trente.

–  Shûhei ? s’inquiéta Rangiku.

Depuis plusieurs minutes déjà, le combattant de la Neuvième Division ne répondait plus aux appels de sa camarade de beuveries ; la tête embrumée par les affirmations de Kisuke, son attention partagée entre l’électrocardiogramme affolé branché au corps originel convulsant de sa coéquipière et la douleur qui lui opprimait le cœur, Shûhei se sentait incroyablement seul et impuissant.

Comment tout ceci avait-il pu dégénérer de la sorte ? Il n’y eut de cela que quelques heures qu’il émergeait de son coma de deux jours consécutifs aux côtés de sa blonde préférée, celle-là même qui avait pris soin de lui – non, qui lui avait sauvé la vie – après l’offensive déloyale lancée par le Kurotama et sa horde de Hollow dans le Dangai ; lorsqu’il eut découvert cette longue cascade dorée contre son torse en ouvrant les yeux, une sensation des plus délectables s’était imprégnée de lui, une chaleur incroyablement douce l’avait submergé, et pour rien au monde il n’aurait souhaité se trouver ailleurs. Pourtant, maintenant, il était en train de perdre celle qui embellissait tant ses journées – sa vie – et ce, pour toujours.

Pourquoi le sort s’acharnait-il ainsi sur lui ? Pourquoi, lorsqu’il effleurait le véritable bonheur du bout des doigts, le destin s’empressait-il de le lui arracher sans la moindre pitié ?

C’en fut trop pour lui.

Tout d’un coup, sans prévenir, une violente douleur s’empara de sa joue tatouée, désormais écarlate ; tournant ses yeux écarquillés vers la source de cette désagréable sensation, il vit Rangiku, le souffle court, la main toujours en l’air, tendue au possible, et le regard haineux.

–  Ran… Rangiku ? fit-il, interdit.

–  Ça y est ? Tu te réveilles enfin ?

–  Qu’est-ce que…

La Vice-Capitaine de la Dixième Division le saisit aux épaules et planta son regard cyan dans celui argenté du jeune homme.

–  Je sais que c’est insoutenable pour toi de voir ta coéquipière dans un tel état, mais il faut que tu te reprennes, Shûhei ! Tsunata n’est pas morte, pas encore ! Si tu arrives à la retrouver avant que ça ne se fasse, tu pourras la ramener, tu pourras être celui qui l’aide à conserver sa personnalité, celle que nous connaissons et que nous aimons !

Shûhei, éberlué, écouta religieusement son amie aux cheveux vénitiens.

–  Toi seul peux parvenir à la sauver, Shûhei, dit-elle d’un ton plus doux. Tu n’as plus de temps à perdre : il reste encore une chance qu’on retrouve Tsunata, notre Tsunata, alors je t’en prie, saisis-la.

Prenant quelques secondes pour assimiler les paroles de Rangiku, le ténébreux baissa tristement la tête et déclara d’une voix trahissant son désarroi :

–  Je ne suis pas la personne la plus appropriée pour la ramener.

Rangiku en demeura abasourdie.

–  Tsunata, elle… elle ne voulait plus me voir quand on s’est quitté : je lui ai fais bien trop de mal. Si… (Il s’étrangla.) Si j’arrive à elle au moment où elle doit se raccrocher à un souvenir heureux, elle n’y parviendra pas, pas avec moi. Tsunata me dét…

Sbaf ! une autre gifle.

–  Qui es-tu ? Et qu’as-tu fait de mon ami Shûhei Hisagi ?

Shûhei, la main sur sa joue endolorie, l’observa sans saisir ce qui lui prenait d’agir ainsi à son égard.

–  Qu’est-ce que tu racontes, Rangiku ? éclata-t-il. C’est moi, et tu le sais parfaitement !

–  Ah oui ? Parce que mon ami, le Vice-Capitaine de la Neuvième Division, Shûhei Hisagi, ne profèrerait jamais de telles absurdités ! Mieux encore : jamais il ne baisserait les bras et tenterait de se décharger aussi pathétiquement du sauvetage de sa partenaire ! Combien de fois faudra-t-il te le répéter pour que tu comprennes, idiot ? Tu es la personne la plus importante aux yeux de Tsunata Nara, notre précieuse amie qui se trouve dans de sales draps à l’heure où nous débattons sur un sujet qui n’a aucun sens ! Vous vous êtes disputés, et alors ? Ça ne changera jamais le lien qui vous unie !

–  Ça me rend malade de l’admettre, mais Rangiku-san a raison.

Les deux Shinigami firent volte-face vers le lycéen ; celui-ci, les bras croisés – et les sourcils perpétuellement froncés –, poursuivit sans se formaliser de leur intérêt soudain pour sa personne :

–  Tsunata est foutrement bornée, mal embouchée, droite et directe, tout ce que tu veux, mais elle n’en reste pas moins une personne qui tient à ses amis plus qu’à sa propre vie. (Il soupira.) Tu vois le nombre de fois où, elle et moi, on se prend la tête ? Quasiment chaque fois qu’on se voit, si tu veux tout savoir ; eh bien, même après une engueulade spectaculaire, si tu lui demandes ce que je représente pour elle, elle te répondra dans un grand sourire que je suis comme son frère. Je n’invente rien, c’est Inoue qui le lui a demandé.

–  Toi, c’est différent, appuya Shûhei.

–  Ouais, t’as raison, mais pas dans le sens que tu crois : pour elle, je suis un frère mais, toi, tu es bien plus.

Tous le considérèrent avec stupéfaction.

–  Que viens-tu de dire à l’instant, Kurosaki-san ? s’enquit Kisuke, épaté.

–  Alors là, tu peux crever pour que je répète ! (Puis il se tourna de nouveau vers le ténébreux.) Là où je voulais en venir, c’est que même si tu la traitais de blondasse dégénérée – ce que j’ai déjà fait à plusieurs reprises par le passé –, et qu’elle te disait qu’elle ne veut plus jamais te revoir, sache qu’elle pense tout le contraire.

Shûhei continua de prêter au jeune homme roux une oreille des plus attentives.

–  Bien que je meure d’envie de la retrouver et d’exterminer une bonne fois pour toute cette saloperie de Miya, je sais parfaitement que le plus apte à pouvoir ramener Tsunata ici, c’est toi, Hisagi-san. Peu importe ce que tu pourras lui dire ou lui faire, tu occuperas toujours la même place dans son cœur.

Orihime, concentrée sur les soins qu’elle tentait d’administrer à son amie dont l’état se dégradait minute après minute, sourit discrètement, heureuse de la réaction mature et réfléchie adoptée par son Shinigami.

Observant une fois encore la jolie blonde secouée de toutes parts avec un arrière-goût déplaisant, il considéra par la suite les occupants de la pièce qui, un à un, lui accordèrent un hochement de tête, comme pour soutenir les dires du remplaçant de Karakura.

Celui-ci, les sourcils plus froncés que jamais, lui ordonna :

–  T’as intérêt à la ramener fissa et à ne pas me faire regretter ma décision : sinon, je ne répondrais plus de rien.

Saisissant le brun par le col de son kosode, Ichigo grogna :

–  Sauve-la, ou t’iras saluer les gardiens de l’Enfer de ma part. Pigé ?

Tandis qu’il soutint le regard du fils Kurosaki, Shûhei retrouva pleinement sa détermination : plus que tout, il désirait ramener sa Shinigami au Seireitei et continuer de mener la vie dont il avait toujours rêvé, avec elle.

Tsunata n’était pas que sa simple coéquipière, non : elle était la présence qui l’animait chaque jour d’une nouvelle flamme, qui plus est des plus savoureuses. Hors de question pour lui de laisser cette folle furieuse de Miya Tanabe lui arracher ce petit bout de femme qui, à ses yeux, représentait la définition même du bonheur parfait.

Comme un flash, le souvenir du sourire qui le submergeait de chaleur chaque fois qu’il se dessinait sur ce minois des plus ravissants lui revint en mémoire, ainsi que ces mots :

« Je te présente Tsunata Nara. Tsunata, voici Shûhei Hisagi.

–  Je suis ravie de faire ta connaissance, Hisagi-san. »

Oui, c’était la première fois qu’il découvrait son célèbre sourire.

« A compter d’aujourd’hui, je fais le serment que moi, Tsunata Nara, serai toujours présente pour toi. Jamais plus tu ne seras seul, Shûhei, car quoi qu’il advienne, je resterai avec toi. »

D’aussi loin qu’il s’en souvenait, Tsunata avait toujours mis un point d’honneur à respecter sa parole : jamais elle n’avait entravé cette promesse qu’elle lui avait faite dans le blanc des yeux, accompagnée de son visage éternellement ensoleillé.

Il se souvint aussi lui en avoir fait une similaire un peu plus tard, au cours de la nuit durant laquelle il avait fait la connaissance de la forme matérialisée du zanpakutô surprotecteur de la jeune femme, le dénommé Tetsuribon.

« Je n’ai pas besoin de tout connaître de toi pour avoir envie de te protéger, comme toi pour moi. Tu es… Attends, comment tu dis, déjà ? Ah, oui : tu m’es très précieuse, Tsunata Nara, et quoi qu’il arrive, je ferai tout pour qu’on reste ensemble, toi et moi ; je serai toujours à tes côtés. »

Il se rappela de la façon dont elle l’avait enlacé, ce soir-là, de son odeur semblable à celle des friandises qu’elle adorait partager avec lui après une journée de travail bien remplie, de la chaleur que son petit corps de femme avait procuré au sien plus large, et de sa requête qui s’en était suivie :

« Cette promesse, je veux que tu la tiennes plus que n’importe laquelle. Reste toujours avec moi, Shûhei.

–  Sur mon honneur de Vice-Capitaine, je te le promets, Tsunata. »

Oui, il le lui avait promis ! De quel droit se permettait-il de faiblir dans un instant aussi critique que celui-ci ? De quel foutu droit pouvait-il manquer à la seule parole qui avait vraiment de la valeur aux yeux de Tsunata, alors qu’elle-même avait toujours tout mis en œuvre pour respecter la sienne à la lettre ?

Shûhei prit une profonde inspiration et retrouva son sang-froid, devant le regard rassuré des autres personnes présentes avec lui.

Les paupières abaissées, le Vice-Capitaine se concentra sur les pressions spirituelles les plus importantes de la ville ; il en était certain, Tsunata ne pouvait se trouver que dans le monde réel. Comment le savait-il ? L’instinct, sans doute : après tout, comment pouvait-on mettre des mots sur ce que l’on ressentait au plus profond de soi ?

Tout à coup, son cœur manqua un battement : à une dizaine de kilomètres de la boutique se matérialisaient distinctement deux reiatsu anormaux ; Shûhei reconnut aussitôt l’un d’eux comme appartenant à sa coéquipière, la seconde ne lui étant pas inconnue pour autant. Comment pourrait-il jamais oublier l’énergie spirituelle de celle qui lui avait arraché la chose la plus chère à ses yeux en l’espace d’une seconde à peine ? Même sans cela, le ténébreux aurait parfaitement deviné que cette aura appartenait à un Kurotama.

Un détail cependant lui retourna l’estomac : tout comme le rythme cardiaque de son enveloppe charnelle, le reiatsu de la blonde vacillait dangereusement, lui intimant de ne pas perdre un instant de plus.

Ouvrant de nouveau les yeux, il décréta d’un ton déterminé :

 –  Je la tiens.

Puis, sans crier gare, il se volatilisa.

Au même moment, dans le vieil entrepôt insalubre et poussiéreux baigné de courants d’airs glaciaux, Tsunata continua de lorgner d’un air de défi celle qui lui faisait face.

–  Je t’écoute, Miya, je suis tout ouïe.

La méprisant de ses yeux bleu pétrole, Miya lança sans une once de compassion :

–  Tu faisais moins la maline quand tu gisais lamentablement sur le bitume, il y a trois mois de ça.

–  Que de bons souvenirs, pas vrai ?

–  Ferme-la !

La Kurotama fit les cent pas d’une démarche nerveuse.

–  Tout est de ta faute, et ce, depuis le début, grommela-t-elle.

–  Une bonne fois pour toutes, de quel crime odieux suis-je coupable à tes yeux, Miya ?

–  La ferme ! s’écria-t-elle. Ferme ta foutue grande gueule !

–  Ça ne t’a pas suffi de me prendre la vie ? Il faut maintenant que tu t’acharnes sur mon âme ?

–  C’est la seule solution !

–  La seule solution pour quoi ? perdit patience la prisonnière.

–   Pour qu’Akio et moi soyons enfin heureux !

Les yeux de Tsunata se dilatèrent avant que son visage ne se torde dans une grimace de rage.

–  En quoi ai-je attenté à votre relation, Miya ? J’ai été la première à vous soutenir quand vous vous êtes déclarés l’un à l’autre !

La bleue détourna le regard et grogna :

–  Tu étais jalouse, c’est tout.

–  Jalouse de quoi ?

–  De nous ! de notre bonheur ! du fait qu’Akio m’aime moi et non toi !

–  Est-ce que tu entends ce que tu dis ? souffla Tsunata, incrédule. Akio était…

–  Comme un frère ? la coupa sèchement la Kurotama. Ne joue pas à ça avec moi, ça ne prend pas !

–  On a passé notre enfance ensemble, bien sûr que je le considérais comme un membre de ma famille !

–  Oui, bien sûr, jusqu’à ce que tu découvres tes réels sentiments pour lui !

La blonde la considéra d’un air interdit.

–  Mes réels… Non mais ça va pas ? Faut te faire soigner, ma vieille !

–  Je t’ai dit de te taire !

Brusquement, Miya fit apparaître dans sa main gauche un tessen – un éventail démesuré constitué de lames – et, d’un geste vif face à son otage, elle brassa l’air en hurlant :

–  Kôri no ha !

Une lame de brume givrée fondit sur la remplaçante et lui entailla la joue, celle-ci se mettant à saigner abondamment sans que Tsunata ne parvienne à la soigner. Alors que la douleur lui arracha un grognement, elle songea :

« Je suis à bout de forces. Je sais que, dans mon état, je ne peux pas invoquer Tetsu. Pourtant, je devrais pouvoir guérir d’une blessure aussi minime ; qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi une simple coupure me fait-elle si mal ? »

–  On te prétendait bien plus forte, dans le Hueco Mundo, nargua Miya. Comme quoi, tout le monde a tendance à te mettre sur un piédestal pour pas grand-chose, tu ne trouves pas ?

–   Un piédestal ? reprit Tsunata en arquant un sourcil. Tu délires, ou quoi ?

–  Moi ? Délirer ? Je ne crois pas, non. Akio répétait sans cesse : « Tsunata devient vraiment une belle jeune femme ; maman serait heureuse de la voir si resplendissante », « Je suis si fier de Tsunata : elle est très intelligente et travailleuse ; elle arrivera à beaucoup de choses dans la vie », « Malgré tout ce qu’elle a vécu, Tsunata a le cœur sur la main et donnerait tout pour aider les autres ». Tsunata par-ci, Tsunata par-là : j’en ai marre ! Même quand je suis parvenue à détruire le lien qui vous unissait, Akio ne cessait d’avoir de belles paroles à ton égard ! Je me suis dit que, si tu disparaissais définitivement de la surface de la Terre, on aurait enfin la paix ? Mais non, mademoiselle en a décidé autrement et est revenue sous sa foutue forme de Shinigami !

–  Je retire ce que j’ai dit : à ce stade là, c’est plus du délire, mais de l’obsession.

–  Ferme-la une bonne fois pour toutes, Nara !

A l’aide de son arme, Miya brassa une nouvelle fois l’air et entailla de plus belle le visage de sa rivale blonde, lui arrachant une autre plainte de douleur.

Tandis que Tsunata reprit son souffle, la Kurotama poursuivit :

–  Après ton petit passage nocturne théâtral, Akio m’a quitté.

–  Sans rire ? fit-elle, abasourdie. Tu m’en apprends une bonne !

–  Ahhh, ça te fait jubiler, pas vrai ?

–  C’est le juste revers de la médaille, tu ne crois pas ?

–  Mon acte était tout à fait justifié ! s’époumona Miya.

–  Tu m’as délibérément assassinée parce que tu jalousais ma relation avec mon frère adoptif, et tu trouves ça normal ?

–  Ne le tourne pas dans ce sens pour me faire passer pour la méchante !

La remplaçante haussa un sourcil, interdite.

–  D’accord, j’abandonne : t’es trop atteinte pour que j’essaie de te raisonner.

–  Moque-toi tant que tu le souhaites, Nara. De toute façon, tu n’en as plus pour longtemps.

–  Viens-en au fait, Miya : pourquoi es-tu devenue une Kurotama ?

Celle-ci rit à gorge déployée.

–  Ça me semble assez évident, non ? C’était le seul moyen pour que je puisse terminer ce que j’avais commencé.

 –  C’est vrai que ça coule de source, ironisa la blonde.

–  Après qu’Akio m’ait quitté, j’ai cherché un moyen de te retrouver, mais je ne savais même pas ce que tu étais réellement devenue. C’est alors que m’est apparu le Maître, celui qui m’a conté que tu te tenais à présent parmi les Shinigami.

–  Le Maître ? releva Tsunata. Qui est-ce ?

–  Comme si j’allais te le dire ! Tout ce que tu as besoin de savoir, c’est que c’est lui qui m’a expliqué que seul un être spirituel était à-même d’en tuer un autre.

–  Comme les Kurotama et les Shinigami, c’est ça ?

–  Exactement ! Puisque nous avions un but commun, le Maître m’a proposé de me joindre à leur Ordre ; devenir une des leurs s’est révélé être d’une simplicité affligeante.

–  Tu as mis fin à tes jours pour me tuer ? déduit la Shinigami. Ça me toucherait presque.

L’ignorant dans un sourire machiavélique, Miya Tanabe déclara :

–  Aujourd’hui sonne le glas de ta misérable existence, Tsunata Nara !

Puis, tandis qu’elle dressa son tessen face à son visage, celui-ci s’imprégna d’une aura bleuâtre et de quelques particules glacées, ressemblant à s’y méprendre à des flocons de neige.

L’air se raréfia autour de la suppléante, et le froid lui mordit les parties de son corps à nues. Au gré où l’arme de son ennemie se chargea en énergie, Tsunata sentit la sienne la quitter. Dans un dernier élan de lucidité, avant que la mort ne s’empare d’elle de façon irréversible, ses pensées se tournèrent vers son si précieux coéquipier.

« Ce soir, je vais devoir rompre ma promesse ; je m’en excuse, Shûhei. »

A bout de force, ses yeux se fermèrent d’eux-mêmes. Le souffle saccadé, alors que son cœur exécutait ses derniers battements, la jeune femme aux cheveux d’or pensa :

« Je ne me pardonnerai jamais le mal que je m’apprête à te faire, tout comme je ne me pardonnerai jamais le fait de ne t’avoir rien dit. Je suis tellement désolée… »

–  Pardon, Shûhei…

–  Kôri no Nagare !

Un flux de particules givrées se dressa de toute sa splendeur dans l’entrepôt désaffecté de Karakura et fondit sur la Shinigami remplaçante dans une détonation spectaculaire, ne lui laissant pas la moindre chance.




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