Never Light Without Darkness

Chapitre 6 : Inséparables

4007 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 18/10/2017 15:06

Les jours passèrent, et ne se ressemblaient pas. A mon plus grand soulagement, notre professeur était grandement satisfait du plan de classe qu’il avait établi, et nous avait demandé si nous voyions une objection à conserver nos places après les prochaines vacances. A l’unanimité, il avait été décidé que nous resterions ainsi, et j’éprouvai le plus grand mal à contenir ma joie.

Tsunata et moi nous rapprochions un peu plus chaque jour, si bien que l’on ne pouvait rester loin l’un de l’autre trop longtemps. Je finis par aller dîner chez les Yoshida, et ce fut une soirée inoubliable. Bien qu’Akio émettait de nombreuses réserves à mon sujet, Miya, sa fiancée, semblait ravie pour la jolie blonde d’avoir trouvé un ami tel que moi.

C’était sous ce même titre « d’ami » qu’elle avait suggéré que je reste jusqu’au lendemain. Une fois n’est pas coutume, je crus mourir étouffé tandis que le grand frère de Tsunata protestait en mettant en lumière que mes intentions devaient dépasser le stade de la franche camaraderie, et de très loin. Je ne pus nier, trop embarrassé par la situation et sachant pertinemment qu’il n’avait pas tort. Toutefois, Tsunata prit l’initiative de donner son avis, et je frôlai une fois de plus la mort de près : dans un large sourire, elle s’enthousiasmait déjà du programme de notre soirée.

Akio finit par accepter, non sans soupirer bruyamment et m’avertir qu’il me garderait à l’œil, sans que je n’aie eu le temps de dire quoi que ce soit. Bien entendu, j’étais absolument ravi de cette opportunité inopinée de passer du temps avec ma camarade, mais je me gardai soigneusement d’en faire part à son aîné. Après qu’elle les ait eu largement remerciés de me convier pour la nuit, je m’inclinai respectueusement pour leur montrer ma gratitude, et la suivis en direction de sa chambre. En chemin, j’entendis Miya murmurer ceci :

–  Allons, ne t’en fais pas pour elle. J’ai rarement vu Tsunata-chan aussi heureuse, et ce garçon a l’air adorable.

–  Il ressemble à un criminel d’au moins dix ans de plus qu’elle, grommela Akio.

–  Tu dis ça parce qu’il s’agit de ta sœur, mais crois-moi, je suis persuadée qu’il prendra bien soin d’elle. De plus, elle n’est pas du genre à s’entourer de personnes néfastes. Fais-lui un peu plus confiance.

Je souris discrètement en me promettant de toujours honorer les paroles que cette jeune femme avait tenu pour ma défense.

Tsunata m’ouvrit la porte de son espace à elle : quelle ne fut pas ma surprise d’y trouver de grandes étagères comblées par divers livres en tous genres. Ceci dit, l’endroit était à son image, doux et raffiné, lumineux et parfumé de cette fragrance sucrée qui me hantait chaque jour depuis notre première rencontre.

Elle ramena de la chambre de son frère un futon propre et l’installa près du sien, puis prit un plateau en bois qu’elle retourna pour y poser son ordinateur portable. Nous décidâmes d’un commun accord de lancer un film tiers qui nous servit davantage de bruit de fond, puisque nous passâmes notre temps à discuter de choses et d’autres en dégustant ses friandises européennes dont elle semblait raffoler, et ce pour une raison tout à fait justifiée. Lorsque le long métrage prit fin, nous choisîmes ensemble d’opter pour quelque chose de plus macabre, en espérant que cela accrocherait notre attention.

Ce fut le cas. Il s’agissait d’un film d’horreur sortit depuis quelques temps déjà, mais que ni elle ni moi n’avions songé à regarder. Je compris que j’aurai pu m’en passer pour le restant de mes jours lorsque je découvris les litres de faux sang investis dans la réalisation de celui-ci, ainsi que le soin qu’avaient mis les maquilleurs à rendre les blessures pour vraies.

C’était à la limite du supportable, mais interdiction d’en montrer le moindre signe à mon amie près de moi. Cette dernière paraissait endurer plutôt bien les immondices qui défilaient les unes après les autres devant nos yeux, ce qui me déçut légèrement, m’attendant aux réactions que l’on voyait dans certaines comédies romantiques dont je n’étais pas très adepte, à l’inverse de Rangiku. Mais alors que je me résignais, une fracture ouverte fit faire un bond à la jeune femme qui cacha son visage dans mon épaule. Surpris, je sursautai également et la considérai avec un étonnement qu’elle dut percevoir, puisqu’elle ajouta aussitôt :

–  Les os, c’en est vraiment trop pour moi.

J’éclatai d’un rire qu’elle suivit à grande joie, avant qu’elle ne me demande, toujours nichée dans mon tee-shirt :

–  Tu pourras me dire quand on ne le verra plus ?

Je lui assurai que je n’y manquerai pas, mais sus que je n’en ferai rien avant un moment : sa chaleur englobait mon être tout entier tandis que son souffle caressait ma peau et m’enivrait complètement. Chaque fois qu’elle me demandait si elle pouvait regarder, je lui répondais que non, et y ajoutais par moments quelques détails sordides pour l’en convaincre. Au bout de plusieurs minutes, elle redressa son visage vers moi et se mit à rire :

–  C’est fini depuis longtemps, n’est-ce pas ?

–  Depuis que tu t’es cachée comme un chaton apeuré, la narguai-je.

Elle partit dans un fou-rire que nous partageâmes, avant que nous commencions à chahuter ensemble : elle m’attaqua avec un de ses oreillers, et plutôt que de lui répondre par l’identique, je la privai de son arme pour ensuite la bloquer et lui chatouiller les pieds. Hilare, elle essaya en vain de se défaire de mon emprise, avec une force que je ne lui soupçonnais pas. Mais alors qu’elle me suppliait de mettre fin à son calvaire, je vis les cicatrices sur ses chevilles nues. Inquiet, je lui demandai comment elle s’était fait de telles blessures, ce à quoi elle me répondit :

–  C’est l’accident dont je t’ai parlé. Je me suis fait renverser par une voiture l’année dernière. Je n’ai pas pu marcher pendant deux mois avant que mes fractures ne guérissent, mais je ne peux toujours pas faire de sport.

J’observai avec une peine palpable les vestiges d’un tel événement qui me mettait dans un état de rage à peine dissimulé. Comme je m’en voulais de ne pas l’avoir connue à cette époque ! J’aurai pu lui apporter mon soutien, j’aurai pu l’encourager, lui ramener ses cours, et l’aider à reprendre le dessus, mais il n’en était rien.

Elle dut s’apercevoir de mes flagellations mentales, aussi dit-elle :

–  Tout va bien maintenant, et puis je sais que tu es là pour moi, c’est le plus important.

Je me tournai vers elle avec un regard qui en disait long sur mon étonnement, ce à quoi elle me répondit par un immense sourire avant de me sauter dessus et de s’asseoir sur moi.

–  Je te tiens ! Tu vas payer pour ce que tu m’as fait !

Elle se mit à me chatouiller au niveau des côtes, ainsi qu’à rentrer dans mon ventre ses indexes dans une rapidité habile qui m’emporta dans un nouvel état d’euphorie.

C’est ce moment précis que son frère choisit pour faire irruption. Inutile de préciser que la position dans laquelle nous nous tenions eut le don de le faire blêmir. Avant qu’il ne s’évanouisse sous le joug des diverses émotions qui le submergeaient, Miya intervint et l’emmena loin de nous, en s’excusant de nous avoir dérangé et ricanant silencieusement. Lorsque la porte se referma, Tsunata rit à tue-tête en s’assurant que je m’étais bel et bien aperçu du visage incrédule de son aîné. Je lui demandai si ça ne la dérangeait pas, et elle me dit :

–  Pas du tout. Il est surprotecteur, ça ne lui fera pas de mal de fulminer un peu. Et puis, je risque d’en entendre parler pendant les six prochains mois, alors autant en rire !

Et plutôt que de me plier à sa volonté, je l’observai avec beaucoup de tendresse et un sourire qui la fit rougir. Sans doute est-ce le sentiment de huis clos autour de nous qui la convainquit de m’avouer ceci :

–  Je suis vraiment contente de te connaître, Shûhei.

Mon cœur s’emballa brusquement.

–  Moi aussi, Tsunata, bafouillai-je.

Puis, elle mit ses mains sur mon torse, se pencha vers mon visage et déposa sur mon front un baiser qui m’électrisa de toutes parts. En plus du délicieux contact de ses lèvres contre ma peau, je parvenais à entendre les battements rapides de son cœur. Jamais je n’avais été si proche de qui que ce soit, et jamais on ne m’avait fait vivre de telles sensations. Lorsqu’elle se redressa pour me sourire par-delà ses joues rougies, l’envie de la ramener dans sa précédente position fut des plus difficiles à réprimer. Néanmoins, je parvins à me contrôler et la laissai s’agenouiller près de moi avant de me redresser à mon tour. Une fois chose faite, elle dit de son ton enjoué :

–  Bon, on le regarde ce film ?

Ce à quoi je répondis par un sourire. Nous nous mîmes l’un à côté de l’autre et replongeâmes dans l’atmosphère angoissante du long métrage lancé un peu plus tôt dans la soirée.

Il ne devait rester qu’une demi-heure de scènes d’épouvante lorsque je sentis s’affaisser contre mon épaule un poids. L’ambiance dans laquelle je m’étais évadé me fit sursauter à ce contact. Dans un mouvement vif, je découvris le sommet des longs cheveux détachés de Tsunata appuyé contre moi. La jeune femme, probablement exténuée par ses soirées de révisions, s’était en effet laissé aller au sommeil. Je me demandai comment elle avait pu faiblir alors que les acteurs hurlaient du plus profond de leurs entrailles en tentant d’échapper à leur bourreau, mais mes interrogations prirent bien vite fin. Spectateur muet de ce tableau divin, je la laissai ainsi jusqu’au générique de fin, puis l’allongeai dans son futon et m’endormis en effleurant la peau veloutée de ses joues arrondies.

Mes amis appréciaient eux-aussi de plus en plus la compagnie de la jolie blonde. Deux semaines après notre match contre Naruki, comme convenu, Tsunata nous honora de sa présence dans les tribunes de nos supporters. Si la première fois je ne l’avais pas aperçue de tout le jeu, il ne pouvait ce jour-là qu’en être autrement : arborant fièrement le tee-shirt de notre équipe, elle s’évertuait à nous encourager de son mieux dans chacune de nos actions. Sentir son regard sur moi me donna l’élan nécessaire pour redoubler d’efforts et ruser de diverses stratégies inventées sur le moment pour mettre à mal chacun de nos adversaires ; chaque fois, je jubilai d’entendre les exclamations de joie de ma camarade. La victoire ne fut ainsi que trop facile à obtenir, et bien qu’il s’agissait d’une rencontre amicale, nous décidâmes de la fêter dignement.

Une fois notre douche prise et nos affaires rangées, nous rejoignîmes les jeunes femmes qui nous attendaient au dehors. Tsunata, vêtue du tee-shirt de Daiichi et d’un short en jean, accourut à notre rencontre pour nous faire part de sa fierté à notre égard. Ayasegawa frôla l’évanouissement devant « tant de beauté dans un si petit être » tandis que le reste de l’équipe l’adulaient comme un seul homme, flattés au possible. Conquis par ma voisine de table, Kira me gratifia de nombreux coups de coudes pour m’encourager à franchir le pas avant que je ne sois devancé par on-ne-sait-quel énergumène.

Ainsi, après qu’elle ait expliqué à toute l’expédition le chemin à suivre pour se rendre dans un des endroits les plus agréables de Kagamino, je décidai de la prendre en aparté pour lui demander par quel moyen elle avait obtenu le haut qu’elle portait si fièrement. Interloquée, elle me répondit d’une voix hésitante :

–  Je l’ai eu auprès de votre club de soutien. Pourquoi ? Il ne te plaît pas ?

Sa moue déçue accéléra mon rythme cardiaque tandis que je plongeai silencieusement la main dans mon sac de sport et fouillai un instant son contenu. Lorsque je sentis entre mes doigts l’objet de ma convoitise, je l’extirpai d’un geste vif et le tendis à ma camarade.

–  Prends le mien, lui dis-je non sans rougir.

Elle m’observa, interdite, les yeux pétillants d’une lueur à me rendre fou. J’évitai ainsi soigneusement de croiser son regard envoûtant, conservant mon air faussement renfrogné. Les joues rouges à son tour, elle souffla tristement :

–  Je ne peux pas accepter un tel cadeau, Shûhei.

–  Pourquoi ? m’enquis-je, saisis de l’angoisse qu’un autre se soit emparé de son cœur.

–  Je sais combien l’achat d’un nouveau tee-shirt vous coûte, et je sais aussi que tu es complètement fauché. Que penses-tu que Muguruma-san te dirait s’il savait comment tu gaspilles l’argent qu’il te donne pour te nourrir ?

Je la regardai appuyer les poings contre ses hanches dans une expression résignée, les sourcils adorablement froncés. Après un soupir, je persistai en lui tendant davantage le sujet de notre conversation.

–  Ce que tu peux être tête de mule, constatai-je. Apprends à accepter les cadeaux qu’on te fait sans rechigner.

Je compris que mes mots eurent fait leur effet lorsque je la vis fulminer sur place. Je me permis d’insister encore un peu, ce à quoi elle finit par céder avec un regard débordant d’inquiétude.

–  Tu es sûr que ça ne te posera aucun problème ?

Je lui assurai que non en prenant soin de frotter le sommet de ses longs cheveux blonds en cascade. Elle saisit mon présent, me sourit comme jamais elle ne l’eut fait auparavant et m’embrassa tendrement la joue marquée de mes trois cicatrices. Accueillis par les sifflements des curieux qui observaient au loin la scène, nous décidâmes de les rejoindre et entreprîmes la route menant au restaurant dont Tsunata nous avait parlés.

Celui-ci était au moins aussi étonnant qu’elle, puisqu’il proposait des cocktails fruités étrangers agrémentés de hors-d’œuvre aux couleurs variées. L’ensemble donnait lieu à un véritable festival de saveurs parfaitement orchestré, finissant de conquérir le cœur de mes coéquipiers. Pour ma part, je ne cessai d’observer celle qui s’esclaffait à leurs côtés : je ne parvenais pas à savoir si mon geste l’avait touchée ou non, si ce petit rien nous avait permis de nous rapprocher ou si elle n’avait ressenti que la gêne d’accepter un si modeste présent de la part d’un être aussi gueux que moi.

Alors que je me tourmentai de ce genre d’interrogations, nous rentrâmes chacun de notre côté par les multiples moyens que nous avions à notre disposition. Tsunata, pour sa part, devait rejoindre une de ses connaissances – son ancienne professeure de travaux pratiques –, laquelle s’était engagée à la reconduire au domicile des Yoshida. De la sorte, je pris le bus avec la majorité de mes acolytes et entamai le trajet entre l’arrêt et mon domicile à pieds.

Plongé dans mes pensées, je ne remarquai qu’au dernier moment les bruits de pas d’une personne accourant dans ma direction. Cette dernière héla mon nom pour m’interrompre dans mon ascension, aussi décidai-je de m’arrêter. Je vis alors Rangiku avancer vers moi dans de grandes foulées. Une fois à ma hauteur, elle posa ses mains contre ses genoux et tenta de reprendre au mieux son souffle perdu.

–  Rangiku ? Qu’est-ce qui se passe ?

Je dus attendre qu’elle retrouve ses esprits pour me faire part de la raison de sa précédente course.

–  Tu me demandes ce qu’il se passe ? Ce serait plutôt à moi de m’inquiéter pour ça.

Incrédule, je la considérai en arquant un sourcil. Elle sembla comprendre que je ne saisissais pas où elle voulait en venir, puisqu’elle soupira et dit :

–  J’ai bien vu comme tu avais l’air préoccupé, tout à l’heure. Je suis ta meilleure amie, je te rappelle : je te connais comme si j’étais ta propre mère.

–  Tu te fais des idées, soufflai-je en reprenant ma route.

–  Ah oui ? Alors ça n’a rien à voir avec le fait que Tsunata n’ait pas réagi davantage à ton cadeau ?

Démasqué, je marquai un arrêt brutal sans même le vouloir. Elle en profita pour s’approcher de moi et poser sa main contre mon épaule.

–  Dis-moi ce qui ne va pas.

–  C’est simplement que… je m’accroche à elle avec l’espoir fou qu’elle me voit comme je la vois, alors qu’il n’y a aucune chance pour que ça arrive…

Elle mit un effort surhumain pour se retenir devant moi, mais finit par éclater d’un rire qui m’irrita outre mesure.

–  Tout ça pour un tee-shirt ? Ce que tu peux être bête, gros nigaud !

–  Plaît-il ? fulminai-je.

–  Si ça peut te rassurer, elle m’a dit qu’elle n’osait pas le mettre devant les autres car elle ne voulait pas qu’ils te harcèlent avec ça et que tu regrettes ton geste. C’est uniquement pour te protéger qu’elle n’en a pas fait des tonnes, Shûhei. Mais, tu peux me croire, ça l’a réellement touchée. Pour tout te dire, je crois qu’elle ne s’y attendait vraiment pas.

Je la regardai avec des yeux pétillants, comme ceux qu’aurait un enfant à la vue du jouet qu’il convoitait depuis des mois. Rangiku me sourit et me mit un coup de poing amical – mais néanmoins redoutable – dans mon bras à sa portée. Alors que je grognai en frottant douloureusement mon prochain hématome, elle passa devant moi et chantonna :

–  Je pense que tu n’as pas vraiment conscience de la manière dont certaines personnes peuvent te voir. Cette ville n’héberge pas que des abrutis complets, tu sais : quelques exceptions savent percevoir la véritable nature de leurs semblables.

Ahuri, je restai immobile et l’observai partir sans esquisser le moindre battement de cils. Elle se tourna vers moi, leva son bras en l’air et me salua avec entrain :

–  A lundi, Casanova !

Il me fallut cinq minutes au moins avant de redevenir maître de mes mouvements, aussi en profitai-je pour rentrer chez moi. Une fois chose faite, je posai distraitement mon sac de sport sur mon lit et me dirigeai vers ma salle de bain pour me laver une nouvelle fois ; bien que l’été touchait à sa fin, la chaleur demeurait suffisamment étouffante pour nous convaincre de nous laver plusieurs fois par jour. Je passai un temps fou à remettre mes idées en place, appuyé contre la faïence de ma salle d’eau : mes sentiments pour Tsunata étaient on-ne-peut-plus clairs, et alors que je pensais pouvoir me contenter uniquement de sa présence, je constatais à présent qu’inconsciemment, cela ne me suffisait plus.

Je finis par sortir de ma cabine de douche, désespéré au possible. Une serviette autour de ma taille, je me servis de sa jumelle pour essuyer mes cheveux de façon anarchique. Une fois ma tâche effectuée, je m’apprêtais à peigner l’amas de nœuds qui remplaçait ma chevelure ébène lorsque j’entendis mon téléphone vibrer. En découvrant le nom de l’objet de mes tourments, j’ouvris le mail sans même m’en rendre compte, et m’empourprai en téléchargeant la pièce jointe : il s’agissait d’une photo de Tsunata, vêtue de mon tee-shirt bien trop grand pour elle, un sourire rayonnant ancré sur le visage. Derrière elle, je pouvais apercevoir son aîné dans un état de fureur palpable, apparemment en total désaccord avec cette attention à mon égard.

« Tu as vu, il me va à merveille ! Je ne te remercierai jamais assez pour ça !

PS : ne fais pas attention à Akio, Miya est en train de le raisonner (quel rabat-joie…)

A lundi, Shûhei ! :) »

Voilà la légende qui suivait la photographie que je m’empressai de sauvegarder dans ma galerie. En effet, je n’aurai pu imaginer le jour où j’ai reçu ce maillot qu’il serait plus tard porté par la plus fantastique de toutes les femmes. Le fait qu’il ait aisément trois tailles de trop pour elle lui donnait un air absolument adorable, et faisait battre mon cœur la chamade.

Je lui répondis que ce n’était rien, que c’était à moi de la remercier pour sa présence et que j’étais ravi qu’il lui plaise. Puis, je lui souhaitai une bonne nuit, ce à quoi elle répliqua aussitôt. Au sommet du nirvâna, je m’allongeai sur mon lit de fortune et m’endormis en observant chaque détail de cette image qui, à présent, me faisait office de fond d’écran. La simple idée de l’imaginer avec mon odeur sur elle me rendait nerveux, comme si une nuée de papillons virevoltait dans mon estomac. Cette fille me hantait de la plus belle des manières, mais je doutais de pouvoir me retenir encore longtemps en sa compagnie.

J’y parvins toutefois, motivé par mon but ultime : me transformer en véritable scientifique en devenir. Je m’arrangeai pour emprunter de nouveaux ouvrages lorsque je savais qu’elle ne serait pas à la bibliothèque, pour ainsi ne pas éveiller ses soupçons. A ma plus grande fierté, elle remarqua rapidement mes progrès en classe et m’en félicitait allègrement chaque fois qu’elle en avait l’occasion. Je jubilai de voir sur son visage se dessiner de telles expressions par mon entreprise. Cependant, je n’en oubliai pas pour autant le seul domaine qui sauvait mon honneur ne serait-ce qu’un peu, et m’entrainais tout aussi dur pour me surpasser au basket.




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