When in Rome

Chapitre 46 : Sans ton fantôme

3867 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/05/2021 19:44

Chapitre 46 Sans ton fantôme

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Adieu, toi que j'ai tant aimée, que j'aime tant encore, toi qui as rempli pour jamais ma vie d'amour et de douleur.

Adieu, je pleure en écrivant ce mot. (Alphonse Karr)

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Frémissant, impatient et bien trop solitaire pour sa situation, Spike se tournait et se retournait dans son lit géant sur lequel il s'était jeté tout habillé… Si Dawn l'avait voulu, dès ce soir, ils auraient été ici-même, tous les deux, entre mots d'amour et soupirs de plaisir, sans morsure, sans serments… et sans vêtements non plus. Quoique peut-être avec quelques-uns, car elle semblait apprécier la très belle lingerie…

Il rêva de son corps contrasté par la lumière dorée des chandelles à la cire d'abeille et du scintillement doux d'un certain bijou opportun sur sa gorge. Ce fantasme resterait sans doute inassouvi car il aurait bien compris qu'elle ne veuille plus voir une seule bougie de toute sa vie. Ou alors des petites, sur le gâteau d'anniversaire de Maya l'an prochain…

Au fond de lui, les compagnons ordinaires de sa folie se taisaient obstinément – ce qui était remarquable. Désormais, aucun ne se privait plus de l'interrompre et de le submerger de commentaires parfaitement indésirables… Contrariants jusqu'au bout, au moment où il aurait eu bien besoin de s'énerver contre quelqu'un et de décharger sa frustration…

Parmi toutes les indignités qu'il aurait pu commettre pour y parvenir, se trouvait aussi aller demander à Angel ou à Faith un petit ménage de printemps... Il devait bien y avoir quelque part de par le monde une bestiole malintentionnée à rosser ? Le vampire qui avait appelé Faith « cocotte » ? Non. L'idée de tuer quelqu'un d'aussi amusant ne le bottait pas. Il aurait plutôt eu envie de lui payer un verre…

Il tendit la main vers son communicateur sur le chevet, mais ne put finir son mouvement. Du coin de l'œil, il venait de la voir apparaître, si parfaitement nette et colorée qu'on aurait pu croire qu'elle était vraiment là en chair et en os. Les vêtements qu'elle portait lui paraissaient familiers : un pantalon beige, un pull crème à col roulé, des bottes à talons carré qui permettaient de courir.

En avait-elle encore besoin ?

Assise sur le bord sur le bord de sa bergère tapissée, les jambes croisées, elle observait les lieux. A deux minutes près, elle aurait pu le trouver engagé dans une activité franchement plus compromettante, en train de penser à Dawn. Il se redressa et s'assit sur le bord du lit face à elle.

— Buffy ?

Elle tourna la tête vers lui.

— Est-ce que… je suis en train de mourir ?

La question paraissait prudente au vampire étant donné les circonstances de ses visites récentes.

Un léger étonnement se peignit sur son visage pendant qu'elle le considérait un instant des pieds à la tête, puis elle cligna les yeux, assortissant son bref sourire d'un signe de dénégation.

— Euh, pas que je sache. Il faut que « l'un de nous soit vivant… » ne put-elle s'empêcher de réciter. * Bah là, c'est à ton tour.

La réplique continua à le décontenancer au point qu'il ne jugea pas bon d'objecter sur sa situation inchangée de mort vivant (mais sexy). A les voir l'un et l'autre face à face, qui aurait pu dire que ce concept avait encore un sens ? L'hésitation le prenait quand il fallait nommer ce qu'il lisait dans sa physionomie. Une vérité trop évidente et qui lui comprimait la poitrine dans un étau.

— C'est… la fin, n'est-ce pas ? Tu ne reviendras plus ?

— Hmh. Ta perspicacité, c'était un truc m'énervait bien, admit-elle pensivement. Je ne pouvais pratiquement rien te cacher, c'était embêtant. Même quand tu ne t'en servais plus contre moi.

— Alors c'est vrai, c'est ça ? Tu t'en vas ?

Elle acquiesça, du trouble voilant ses yeux vert-de-gris. Maintenant qu'il les revoyait, il remarquait que Maya avait presque les mêmes.

— Où ça ?

— Et toujours aussi curieux… Je ne sais pas, on ne m'a pas dit... Peu importe, répondit-elle en haussant les épaules.

Dans ces mots, il sentit de la résignation et son cœur se serra encore plus de constater un tel changement. Lui-même était sans peur, mais il se sentait plein d'appréhension pour elle. Qu'allait-elle devoir affronter seule qui la mettait dans cet état ?

— Buffy, dis-moi ce qui se passe, je ferai tout pour t'aider…

« Je ferai tout pour vous, madame » répéta son âme emmerdeuse en écho. William, ferme-la et fous-moi la paix ! C'est vraiment pas le moment.

— Je sais que tu voudrais, disait Buffy. Mais… pas cette fois.

Déçu, il opina lentement. Les yeux tournés ailleurs, la bouche pincée dans le pli contrarié et boudeur qu'elle lui avait vu si souvent, il continua pourtant d'un ton égal.

— Évidemment. C'est juste que, comme tu es venue me voir quand j'étais pas franchement au top, je m'étais imaginé que peut-être…

Sa voix baissa d'un ton, moins assurée.

— … peut-être que tu essayais de me dire ces fameux mots qui flottent dans l'air quand l'un de nous ne va pas s'en sortir. Je me suis accroché longtemps à ton dernier magnifique et précieux mensonge. Pour tenir. Après...

Pudiquement, il laissa sa phrase en suspens. Elle soupira lentement et il se méprit sur le sens qu'il fallait y accorder. La vérité vraie était tout autre mais il n'en savait rien, pour une fois incapable lire en elle. Il joua son va-tout.

— Buffy, tu sais que je t'ai toujours aimée et que je continuerai jusqu'au jour où je finirai en poussière, hein ?

Des années auparavant, après son attaque cérébrale, elle ne pouvait plus parler. Quand elle s'était éteinte sur un lit d'hôpital entourée de ses amis et de Dawn, il n'avait plus osé faire cette ultime profession de foi. Se sentant de trop au milieu de l'anxiété et la douleur qui étouffaient la pièce, il était resté en arrière. Au fond de la chambre aseptisée, adossé au mur le plus distant, il laissait les proches réclamer un dernier regard, une main pressée, un baiser d'adieu.

Il en avait conservé le chagrin aigu d'avoir raté sa chance de lui dire avant la fin combien elle comptait toujours pour lui, même longtemps après leur brève aventure et leur interminable séparation. Quand les autres étaient sortis pour la laisser se reposer, il était resté le dernier, et c'est là qu'elle lui avait fait signe pour lui remettre sa lettre cachée sous le drap…** A peine un frôlement de doigts plus tard, sa main était retombée inerte. Elle s'en était allée devant lui, presque comme une voleuse, ou... comme si elle ne voyait que lui pour l'endurer stoïquement.

— Ah ouais ? Toujours ? Tu as la mémoire sélective, se moqua-t-elle. Mais en fait, je suis plutôt venue pour te demander de me pardonner. Pas là maintenant, mais... un jour. Si tu le peux..

Il écarquilla les yeux. Pour sûr, ce n'était pas les mots qu'il attendait de sa part ! Elle avait des larmes perlant au bord des cils, le phénomène le laissait stupéfait.

— Mais… te pardonner quoi ?

— Tout, Spike. Tout le mal que je t'ai causé, les souffrances inutiles, te faire sentir indigne.

Il secoua la tête vigoureusement pour la couper.

— Oh non, non. Tais-toi donc, grinça-t-il entre ses dents. Je le méritais ! Et je pense parfois que je le mérite toujours…

— Spike ! Ne vas pas faire l'imbécile. Laisse tomber ton passé ! Saisis ta chance, prends l'amour et cours vite. Avant… que je me mette à t'embrasser.

Et celle-là, il ne s'y attendait pas non plus !

La douche froide ne se fit pas attendre. Joignant le geste à la parole, Buffy vint lui déposer un petit baiser spectral sur la joue, une caresse évanescente, sans poids ni consistance. Il supposa que c'était, plus que jamais, l'intention qui comptait… Elle reprit ses distances.

— Allez va maintenant, je crois que quelqu'un t'attend avec impatience. Et dernier petit conseil pour la route : ne fais pas de mal à ma petite sœur.

— Ou bien quoi, la Tueuse ?

A ces mots, la vieille étincelle joueuse s'alluma en même temps dans leurs pupilles et un sourire en coin fleurit sur leurs lèvres.

— Ou bien je reviendrai botter tes sales fesses de vampire énervant ! Et je trouverai bien un moyen !... Oh Seigneur, soupira-t-elle en levant les yeux ciel. J'en reviens pas de dire ça mais… tu vas me manquer.

Interloqué, il écarta les mains, cette fois complètement perdu face à ce revirement.

— Et c'est maintenant que tu me dis ça, après toutes ces années de… ?!

— Quelles années ? l'interrompit-elle en clignant de l'œil pour camoufler une larme. Je ne suis partie que depuis quelques semaines, non ?

Il ne sut si elle plaisantait. Les années d'enfer paraissaient longues, peut-être que celles du paradis semblaient courtes ? Ils restèrent un petit instant les yeux rivés l'un à l'autre, désespérés par l'affreuse solennité du moment.

— Pourquoi tu ne peux pas revenir me hanter un peu ?…

Ses paupières papillonnèrent, elle baissa les yeux aussitôt, comme si elle avait peur d'en dire trop – alors qu'elle n'avait que des incertitudes.

— Si tu vivais assez longtemps, peut-être que tu me recroiserais un jour. Un peu changée. Te fais pas d'idées, il y aurait des chances pour que je te snobe pareil, mais je pense que tu me reconnaîtrais quand même.

— Comment ça ?

Avec une expression railleuse mais non dénuée de mélancolie, elle recula de quelques pas. Bien sûr, la main de Spike n'attrapa que du vide quand il essaya, encore et en vain, de la retenir. Elle ferma les yeux et son fantôme se dissipa dans les airs comme il était venu.

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Comme prévu, il avait rejoint Dawn le lendemain soir dans la tiédeur du crépuscule. Elle l'attendait côté jardin, postée devant l'entrée de service de sa maison de poupée, lovée au milieu des collines. Son air mystérieux et sa tenue de plage l'avaient laissé pantois. Elle l'avait invité à entrer.

Au fond d'un panier d'osier posé sur la table de sa cuisine, elle piocha un short de bain noir et blanc. L'étendant devant lui en le pinçant des deux côtés, elle estima au jugé qu'il devrait lui aller. Il le reçut entre ses mains sans comprendre. Du geste, elle l'incita à le mettre pendant qu'elle faisait le décompte du contenu du panier. Et comme il ne bougeait pas, elle s'en étonna :

— Tu veux que je me retourne ?

— C'est-à-dire que… pourquoi faudrait-il que j'en mette un ? Il est encore un peu tôt pour un bain de minuit, non ?

Pour toute réponse, elle ouvrit une faille assez large au travers de laquelle se voyait un paysage marin enchanteur : une eau verte, des rochers cuivrés érodés, et un peu de sable rosé si fin qu'il semblait irréel. Elle y fit l'aller-retour deux fois pour apporter deux chaises longues pliées et un parasol qu'elle planta penché, de manière à obtenir une ombre plus longue.

Le short à la main, il restait à la regarder vaquer. De l'autre côté de l'ouverture, l'astre était si éclatant qu'il blessait les yeux désaccoutumés de « l'animal nocturne ». Même en les plissant, l'éblouissement était trop fort. Comment pouvait-elle faire comme si le terrain n'était pas fatal pour lui ?

Rejoindre l'enfer maintenant signifiait être séparé de Dawn. C'était déjà abominable en soi. Mais y pourrir en sachant qu'elle l'avait trahi et ensorcelé pour l'y envoyer ?

Avant de repartir avec son sac de plage, elle le vit cligner des yeux et se frappa le front. Elle sortit des lunettes de soleil et les lui posa sur le nez, affirmant qu'il était tout beau. Et elle était repartie dans la faille avec un coup d'œil très invitant.

— Mets ton maillot et suis-moi. N'aie pas peur.

Il faillit lui rétorquer par habitude qu'il n'avait pas peur, mais les questions tournoyaient dans son esprit. Est-ce qu'elle voulait prendre sa non-vie maintenant, alors qu'il avait tout juste effleuré le bonheur ? C'était facile de rester blasé lorsqu'on n'avait rien à perdre. Mais aujourd'hui ? Peut-être que pour la première fois depuis longtemps, il éprouvait de l'anxiété véritable à l'idée très concrète de partir en fumée, en étant bien moins consentant que la dernière fois.

Au fond de lui, la voix plus improbable se manifesta violemment. Vas-y, créature du Mal ! Vas-y, par pitié !

Par l'ouverture, il vit Dawn debout face au large, enveloppée dans un paréo fluide, un large chapeau sur la tête et l'impression de déjà-vu le cloua sur place. Elle se retourna pour le regarder en haussant brièvement les sourcils.

— Est-ce qu'il faut que je vienne te chercher par la peau du slip ? Viens ici tout de suite, vampire de peu de foi !

Emmène-nous ou… je jure que je referai alliance avec le démon !

Pendant quelques secondes, Spike revit les images de son rêve jamais vraiment oublié. Tout avait toujours commencé par un rêve improbable pour ses amours… Dawn confiante, enlacée de dos, caressée par le démon dont les crocs étaient sortis… Il revit le visage narquois de « Parmakaï » le défiant de ses iris jaunes avant de mordre lentement dans sa chair suave...

Avait-il le moyen de changer le destin et d'écrire à leur histoire, une autre fin que ce cauchemar ? Électrisé à l'idée la sauver même au prix de son existence, il se déshabilla en vitesse et enfila le maillot. Dans sa poitrine et dans sa tête, il sentait William qui tirait comme un chien sur sa laisse, avide de la lumière, du ciel, de la plage et de Dawn.

Le menton arrogant en avant et les paupières plissées, Spike étendit un bras potentiellement sacrifiable par la faille aux bords effilochés.

Il ne prit pas feu.

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Pieds nus sur le sable chaud, derrière ses verres fumés, il embrassait le décor environnant avec la plus complète stupéfaction car les lieux étaient parfaitement inadaptés à sa nature. Et pourtant, il était là.

De quel chapeau sortait-elle un endroit pareil ? L'eau transparente clapotait sur la rive en venant taquiner une plage de silice rosée. Cette petite anse déserte aux vagues indolentes s'avérait assez semblable à la Spiaggia Rosa en Sardaigne, qu'elle devait forcément connaître.

Il arrêta de penser quand il la vit venir à sa rencontre – si éblouissante et si radieuse qu'elle paraissait plusieurs années plus jeune. Cette fois pas de doute, il venait de basculer dans une quatrième dimension pétrie de fadaises romantiques, mais ses bras se refermèrent sur elle pour l'étreindre avec transport. Cela la fit rire.

— Tu aimes mon cadeau ?

— Colle-toi encore à moi comme ça et il ne resta pas en place bien longtemps… l'avertit-il en embrassant son cou parfumé de magnolia et d'agrume.

Le paréo glissa gracieusement au sol quand ses mains fiévreuses enserrèrent la taille de sa belle, si « bien creusée » comme disait Maya. Elles n'y restèrent pas longtemps.

— Mon autre cadeau, précisa-t-elle en désignant les alentours. Cet endroit, ici. Je te sens distrait, lève les yeux… Regarde-le un peu au moins.

— Je ne vois que toi… répondit-il en parcourant le modelé de ses courbes pleines.

— Hey ? Tu ne me demandes même pas comment j'ai fait ? Comment tu pourras te baigner avec moi dans cette merveille ?

— Ne me dis pas que c'est magique, implora-t-il.

Elle le laissa voler deux baisers gourmands à son épaule satinée et secoua la tête avec cette malice et la joie qui lui avaient tant manqué.

— Non. Angel a raconté qu'il était allé dans une dimension où il était resté indemne en pleine journée… Maya a souligné doctement que le soleil jaune changeait quelque chose pour Superman, alors je me suis dit que peut-être…

— Mais t'es dingue ! Superman n'existe pas !

— …dit le vampire. Qu'est-ce qu'on en sait ? Un jour, tu pourrais le rencontrer…*** Cette supposition m'a donné une idée. J'ai demandé à tes « petits gars » de me trouver une planète correspondant à une liste de critères, et surtout où les UV ne te feraient rien. Et ils m'ont trouvé ça, pas mal non ?

— Mais… et s'ils s'étaient trompés ?

— J'ai bien l'impression qu'ils ne se trompent jamais… Par contre, il faut partir avant le lever du second soleil ou on sera deux à cramer sur place… Viens te baigner. Tu sais nager au moins ?… Sinon on peut rester où tu as pied… J'ai prévu des brassards…

— Te fous pas de moi, Summers, grogna-t-il.

Elle s'échappa vivement pour entrer dans l'eau et piquer une tête. Quelques brasses plus loin, elle remonta à la surface en déclarant que c'était une merveille. Pour sa part, il avait une idée bien différente de ce qui était merveilleux ici. Elle. Son rire. La clé brillante sur sa peau dorée…

Jetant les lunettes dans le sac, il alla la rejoindre et plongea à son tour. Lorsqu'il fit la planche, il ressentit William extatique d'être si léger, doucement cuit et surtout avec la main de « Mme Wells » posée à son épaule, comme s'il était une petite barque qu'elle guidait. Spike le laissa profiter un moment.

Comme les siens probablement, les yeux de Dawn se mettaient à l'unisson de la couleur de l'eau. Hypnotisé, il se releva pour venir la serrer fort contre lui.

— Merci pour ton cadeau. Je n'en ai jamais eu de pareil.

— Tu m'étonnes…

— Te moque pas de moi Summers, deuxième avertissement.

— Ou sinon quoi ?

— Ou sinon… ou sinon… Ou sinon je te mets toute nue devant tout le monde.

Elle gloussa de rire, probablement parce qu'il l'avait proposé assez tendrement et qu'il n'y avait pas âme qui vive.

— Mais enfin… qu'est-ce que les gens vont dire ?

— Que je suis un petit veinard !

Nichée contre son flanc, elle dessinait du bout des phalanges et de la paume les méplats d'albâtre de son torse constellé de perles d'eau. Puis elle demanda d'un ton badin et espiègle :

— Et… tu n'as jamais envisagé que tout ceci était un peu « le but de la manœuvre » ? De faire en sorte que « tout le monde » m'aime ? Ici et maintenant ?

— « Tout le monde » y pense très fort depuis un sacré bout de temps...

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Main dans la main, ils regagnèrent leur parasol. Dédaignant les transats, elle sortit leurs serviettes de bain pour les étendre. En ce qui le concernait, il n'en avait strictement rien à faire d'être mouillé et plein de sable. Pas du même avis, elle les arrangea au mieux, mais il la fit basculer au sol. Il la ceintura avec fièvre en savourant la saveur saline des gouttelettes sur sa peau. Entre deux baisers, il s'en prit à l'agrafe qui maintenait le maillot autour du cou de Dawn.

— Oh malheur ! s'écria-t-elle en se cachant la poitrine. Un méchant vampire m'a attrapée, il est si fort et je ne suis qu'une faible mortelle sans défense… Mais que va-t-il se passer ?

Il s'esclaffa d'un rire sincère face au mélange inattendu de comique et de sensualité. Après quelques secondes pensives, il répondit d'une voix machiavélique et surjouée :

— Il va te demander impérieusement d'enlever le dernier rempart de ta pudeur, et profiter à sa guise de tous les recoins secrets et des trésors rebondis de ton corps luxurieux.

Appuyé sur un coude, il écarta les pans du soutien-gorge foulard, embrassa le creux de ses seins et remonta vers la gorge où la veine battait pour lui. Enfin il vint mordiller la partie charnue de sa lèvre et réclamer sa bouche jusqu'à ce qu'elle l'accueille, soupire d'aise et cherche à l'attirer plus près.

— Des promesses, toujours des promesses…

Par jeu, elle fit claquer l'élastique de son short, toujours bien en place malgré ses effets d'annonce. Un tantinet possessive, elle laissa sa paume sous le tissu, posée sur l'arrondi de ses reins. L'intéressé haussa deux fois les sourcils avec l'air de penser qu'il était, de toute évidence, indéfectiblement « irrésistible ».

— Oui ? Qu'est-ce que tu veux de moi ? Sois plus explicite…

— Ça dépend… Est-ce que tu vas me mordre ?

Son ton ingénu était démenti par des yeux pleins de désir. Du pouce, il caressa son visage avec émotion. Elle ne pouvait pas savoir quel écho sa question revêtait pour lui… Jamais il ne lui aurait révélé ce cauchemar qui l'avait initialement détourné d'elle, jusqu'à ce qu'il craque.

— Ce n'est pas la question que tu devrais te poser, mon cœur… murmura-t-il en faisant glisser le maillot une-pièce pour la dénuder entièrement. La vraie question, c'est… Est-ce que tu me crois assez bête pour tout gâcher une deuxième fois ?

Elle secoua lentement la tête pour l'assurer du contraire et le regard qu'elle lui adressa lui mit le cœur au bord des yeux. Être le dépositaire d'une telle confiance le rendait fou mais il était heureux qu'elle le pense. Parce que tout ce qu'il voulait, c'était se laisser aller tout contre elle, découvrir la volupté inédite de l'amour partagé, et finir bercé dans cette bulle intime où il se sentait enfin vivant.

Ou alors, c'était cet imbécile de William.

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Notes de l'auteur

* Dernier vers de Spike dans la chanson « Something to sing about » / album « Once more with feelings »

** Cf. la fanfiction prologue "Un bon jour pour mourir"

*** Ne fera tilt que chez les fans de Smallville où James Marsters jouait le Pr Milton / Brainiac.



Ce chapitre est le dernier de la romance entre Spike et Dawn. Littéralement une nouvelle aube se lève sur son cœur abimé après trois ans de difficultés et d'heures sombres. C'est la fin de mon histoire et le début de la leur. Vous pourriez totalement vous arrêter de lire ici, libres d'imaginer ce que vous voulez.


Les chapitres suivants n'étaient pas prévus à l'origine ; ce sont des bonus écrits ces dernières semaines pour les fans qui ont commenté depuis le début (sur FFnet). Ils essaient de répondre à certaines de leurs interrogations. S'ils s'attardent plus sur des personnages "secondaires", ils sont totalement connectés avec ce qui précède et l'histoire développée jusque là.

Faites attention, ils sont surprenants et vous ne vous y attendiez certainement pas. Vous me direz ; la case est en bas.

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