When in Rome

Chapitre 66 : Soyez sympas, rembobinez

3494 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 03/11/2022 20:33

Chapitre 66 Soyez sympas, rembobinez

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San Francisco, Californie, septembre 2003

Il faisait déjà jour mais Dawn décida de ne pas ouvrir les yeux tout de suite, savourant derrière ses paupières closes le souvenir des événements de la veille.

La présence de tous ses amis, la formidable énergie qui l'avait envahie en faisant exulter ses cellules et ses neurones, le retour de Spike et celui de Buffy.

Le voile opaque qui recouvrait ses pensées semblait s'être déchiré d'un coup. Des informations s'étaient mises à débouler dans son cerveau, forçant le passage comme un flot torrentueux. C'est ainsi qu'elle avait acquis par exemple la certitude que cette drôle de fillette que ramenait Spike était Buffy. Toute petite, toute perdue, toute bizarre, méconnaissable… et pourtant c'était elle.

Même si le retour inexplicable de sa sœur sous cette forme était une joie et un cadeau, Dawn ne put s'empêcher de penser que son temps avec Spike en devenait compté.

Quand elle serait un peu mieux nourrie et remplumée, avec des cheveux, il deviendrait vite évident que la « petite » avait menti sur son âge, déjà révélé par ses yeux profonds et magnétiques. Spike pourrait faire semblant de ne pas le voir et d'y être insensible. Peut-être pourrait-il se raconter des histoires pendant quelques temps, pour épargner leur vie chèrement gagnée contre l'adversité et ne pas se maudire. Mais les règles de leur contrat moral tacite étaient claires. Il faudrait qu'ils mettent ça sur la table.

Hier, il était entré en tenant « nouvelle Buffy » par la main (lui qui détestait ça) et l'avait poussée devant lui avec une sorte de malaise solennel. Sans doute qu'au fond de lui, il avait espéré follement qu'ils puissent rester tous les trois ensemble. Dawn savait que ce qui s'exprimait là était la même innocence qu'il avait en tant que jeune vampire, lorsqu'il avait cru qu'il allait pouvoir saigner le pays entier, entouré de sa maîtresse et de sa maman adorée. Il l'avait évoqué avant le rituel de leur Séparation mais lui avait livré toute l'histoire plus en détail lors d'un de leurs tests de confiance et elle avait décidé que cela devrait rester à jamais un secret dont elle serait dépositaire.

Quand ils avaient été seuls dans leur chambre, au début, il n'avait pas vraiment essayé de la toucher, sans doute échaudé par le souvenir de toutes les fois où elle l'avait repoussé. Elle l'avait rassuré en l'assurant qu'elle était là à cent pour cent. Ses baisers s'étaient alors faits avides et ses soins empressés et presque fiévreux. Elle ne croyait guère à la très romantique et improbable théorie selon laquelle il n'aurait pas cherché à prendre des maîtresses pour se satisfaire mais, manifestement, il avait toujours de l'intérêt pour elle. Il aurait protesté si jamais elle avait osé lui en parler, brandissant comme d'habitude qu'il était le type qui était resté cent ans avec la même femme, celui qui était resté dévoué à une autre plusieurs années, alors que tout contact physique entre eux était dorénavant exclus.

Ce qu'il ne voyait pas, c'était qu'il était le type qui se servait de l'amour pour sa croissance personnelle. Ou plutôt qu'il puisait dans ce sentiment l'énergie dont il avait besoin pour franchir de nouveaux paliers d'initiation. Avec elle, il était allé au-delà de l'établissement d'un partenariat donnant-donnant, il avait appris à libérer une sensualité bien plus affutée, une écoute, une connexion profonde, restées dormantes en raison du type de rapports pas franchement câlins ou égalitaires qu'il pouvait avoir eus avec Dru et Buffy. Chaque femme aimée faisait de lui un autre homme, et dans des proportions considérables.

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Plus tard dans la nuit, au cœur du silence, le nez contre la peau glabre de son torse qu'elle avait picoré de petits baisers dévots, elle lui avait redit le cœur serré qu'elle ne voulait pas le perdre. Il avait plaisanté.

« Voilà bien un truc qui ne risque pas d'arriver si tu continues à me peloter comme ça ».

En voyant qu'elle restait très sérieuse, il l'avait assurée qu'il ne serait pas un salaud ingrat et qu'il s'arrangerait de sa « mémoire à trous ». Elle avait souri en tâchant d'expliquer la sensation de bonheur qui l'avait submergée toute entière et cet idiot avait ricané tout bas :

« J'espère bien ! Je me suis donné à fond. »

Et comme de juste, il s'était fait traiter de cornichon anglais, ce qu'il avait pris de très bonne grâce. La vérité, c'était qu'elle peinait à traduire la force nouvelle qu'elle ressentait en elle et l'impression d'être enfin rentrée à la maison – assortie à la crainte horrible que cette euphorie ne durerait pas et allait lui être retirée sans préavis.

« Tu promets alors que tu ne m'abandonneras pas ? »

Il était resté alors silencieux quelques instants, à la scruter avec une grande attention, comme surpris par cette demande. Et puis il lui avait rappelé qu'il l'avait déjà fait moment de la rupture du Pacte de Sang. C'était vrai, elle s'en souvenait très bien. Mais loyal jusqu'à l'os quand il était question de sentiments, que pourrait-il faire face à une allégeance plus ancienne ?

Il l'avait embrassée sur les lèvres comme pour sceller à nouveau ce vœu, puis son cou, ce qui avait fait naître aussitôt dans son ventre, un nouveau petit tressaillement d'anticipation. Sans doute bien conscient de l'effet produit, contre sa veine qui battait plus vite et plus fort, il avait demandé :

« Est-ce que… tu as envie qu'on parle de… ça ? ».

Comme il prononçait ces mots, il avait effleuré l'endroit où elle avait été mordue.

Ce demi-cercle sur la clavicule était devenu une zone puissamment érogène qui la laissait pantelante et affamée dès qu'il faisait mine de s'en approcher. La veille, il avait poussé un peu plus loin le jeu en lui mordillant la peau entre deux baisers sans lui faire le moindre mal, peut-être enivré par le parfum de son désir. Semblant croire qu'elle n'avait peut-être pas compris, la nuque reposant sur l'oreiller, il avait reformulé à peine plus fort qu'un murmure :

« Parler de… l'inavouable ? ».

Il n'avait pas eu besoin de développer. L'inavouable, c'était la nostalgie de la puissance de leur lien lors du Pacte. C'était tentant et c'était dangereux, et elle savait bien pourquoi cela restait suspendu entre eux. Ils avaient dû y renoncer pour rester en vie. C'était un gros morceau à aborder juste après ces retrouvailles.

« Nous le ferons, mais pour l'instant je ne veux que dormir contre toi ».

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De temps à autre, le voile opaque qui recouvrait des pensées se soulevait – oh très brièvement. C'était déjà arrivé, juste assez pour qu'elle ait la certitude d'avoir voulu cet éloignement pour une raison précise. Une très bonne sans doute, mais qui n'empêchait ni la culpabilité ni la frustration lorsqu'elle s'en rendait compte.

En fait de repos bienheureux contre lui, ses neurones avaient été bombardés de visions et d'informations qui se ruaient si fort qu'elle commençait à en avoir la migraine. Le souvenir perdu d'une discussion avec Andrew renversa tout sur son passage. La mine terrible, anxieux comme elle l'avait rarement vu, il lui annonçait de mauvaises nouvelles. Quelque chose à propos de Warren et Amy qui auraient survécu et désormais associés dans le but de se venger – de lui et potentiellement d'autres à qui ils auraient pu en vouloir.

« C'est l'heure de passer à la caisse, je vais commencer à payer pour mes erreurs » avait-il dit les larmes aux yeux. Elle se rappelait l'avoir pris dans ses bras.

« Je suis avec toi sur ce coup ».

Il avait voulu refuser en expliquant qu'ils étaient devenus puissants, et elle avait refusé son refus. Il avait insisté pour qu'elle n'y soit pas mêlée, affirmant que le « Duo » ignorait pour l'heure qui avait survécu ou pas à l'éradication de Sunnydale et qu'il fallait protéger les enfants de Maya qui pouvaient être un moyen de pression facile. La tête sur son épaule, il avait avoué que c'était peut-être sa visite même au complexe militaire qui leur avait permis de cocher des noms sur leur liste de personnes à abattre. La prochaine serait probablement Willow, à égalité avec Buffy. Dawn avait vite compris qu'en l'absence de « La Tueuse », Warren chercherait probablement à passer sa rage sur elle et ceux qu'elle aimait. Puis Andrew s'était repris en déglutissant avec peine.

« Ne le dis pas à Pietro ».

L'idée de mentir au jeune homme lui déplaisait profondément, comme celle de mentir à Maya. Ils étaient adultes, ils n'avaient pas besoin d'être protégés et sauraient prendre des décisions. Mais il y avait Idji et Joy. Elle avait acquiescé de mauvaise grâce.

« Ok, toutes mes recherches et les informations seront toujours placées dans mon coffre et déconnectées de l'éthernet. Maya est trop douée pour craquer mes codes. Je vais changer le mot de passe pour une date en rapport qu'il me serait impossible d'oublier mais qu'elle ne connait pas. Celle du jour où Warren a tiré sur ma sœur et tué Tara. J'imagine que tu la connais aussi. »

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Les paupières encore beaucoup trop lourdes, elle poussa un soupir réticent à l'idée de se lever, désirant plus que tout rester un peu plus au lit à profiter de son vampire. Mais la date envahissait ses pensées. Une date où elle avait perdu l'une de ses plus précieuses amies, failli perdre (encore) Buffy traversée par une balle, et Willow redevenue la sorcière noire sous l'effet de la souffrance et d'un sevrage insuffisant... Une date dont elle se souvenait maintenant mais pour combien de temps ? Elle devait ouvrir le coffre et trouver la raison pour laquelle Andrew avait perdu la vie, et elle, la moitié de la sienne.

Le bras tendu pour attraper les pilules antidouleur sur son chevet, elle ne rencontra que du vide. Accentuer son geste gauche à l'aveuglette ne réussit qu'à lui faire rencontrer une arrête extrêmement dure. Le chevet tangua et un fracas retentit dans la foulée alors qu'elle poussait un sifflement de douleur. Ouvrant complètement les yeux cette fois, elle se redressa assise pour frotter son poignet qui la lançait.

Sa stupeur fut totale.

La pièce où elle se trouvait était une chambrette d'étudiant impersonnelle comme il y en avait tant sur les campus universitaires. Deux lits, deux fenêtres, deux bureaux, deux placards à vêtements… Parmi les objets tombés devant le chevet, elle vit un réveil rouge à chiffres digitaux. De guingois par-dessus un cadre photo en plastique imitation loupe d'orme où Buffy et Willow souriaient, tandis que derrière elles, Alex hilare leur faisait des cornes. A moitié mangé par l'épaisseur du cadre, elle devinait le profil de Giles qui semblait lever les yeux au ciel…

Son doute fut bientôt enseveli par une écrasante et pourtant bien irrationnelle certitude. Ce n'était pas une chambre d'étudiant impersonnelle. C'était sa chambre d'étudiante impersonnelle.

Pas de panique. Pas de panique. Pas de panique.

Abasourdie, elle reconnut l'endroit où elle avait emménagé et vécu très peu de temps lorsqu'elle avait entamé un cursus à Berkeley. La chambre qu'elle partageait avec… Janice !

Elle tourna la tête. Dans le lit voisin, empilée sur sa copine, une forme étendue émettait sans complexe des ronflements sporadiques. Sans complexe et… sans slip. Il bougea en grognant, péta et se gratta l'entrejambe sans même se réveiller.

Dawn esquissa une moue de dégoût et de colère pour la désinvolture de son ex-colocataire. Les deux sans-gêne sourds semblaient ne rien avoir entendu du bordel qu'elle avait fait en faisant tout tomber.

Dawn s'en félicita pourtant car il y aurait eu des réponses d'autant plus difficiles à donner qu'elle ne les avait pas.

Mais pour l'heure, et aussi humiliant que ça puisse être, elle n'avait pas les moyens de penser à eux, L'anxiété et l'incompréhension cédaient le pas face aux désidératas sans pitié de sa vessie : elle devait se lever pour parer au plus pressé. Faire pipi d'abord, s'inquiéter après. Au moins savait-elle où aller. Les souvenirs avaient beau être anciens, les lieux ne lui étaient pas inconnus.

Repoussant la couverture à fleurettes, elle considéra avec consternation l'adorable petite chemise de nuit en coton côtelé jaune avec semis de fleurs rose. Extensible mais trop petit de trois tailles, le vêtement de nuit la moulait impitoyablement. Et un malheur n'arrivant jamais seul sa culotte la serrait à mort en lui coupant la circulation.

Elle était habituée à se débrouiller pour aller dans la salle de bains, aussi se tourna-t-elle de côté pour poser les pieds à plat sur un petit tapis bleu chiné. Poussant sur ses bras nus, elle se leva et sentit aussitôt la douleur se répandre dans ses mollets et ses cuisses. Elle étouffa un son de gorge dans son poing tandis que, cassée en deux, elle essaya de garder son équilibre. Avec sa chemise de nuit qui remontait trop haut au ras de ses fesses, elle se sentait mortifiée de devoir avancer, en plus, à petits pas de mémé en craignant d'arriver trop tard.

« Mais tu es une mémé, techniquement, avait un jour fait remarquer Maya en agitant la menotte de Joy. Dis bonjour à Mémé, mon cœur ».

Elle tira le tissu au maximum vers le bas.

Chaque pas lui donnait l'impression que ses jambes étaient tailladées. Les genoux tremblants, elle inspira et expira, craignant la tétanie. En arrivant à la porte, elle crispa les doigts sur la poignée, considérant en grimaçant le mètre cinquante dérisoire qui la séparait de son lit… Elle essuya machinalement d'un revers de main la sueur perlant à sa lèvre, elle poussa le vantail et fit deux pas dehors – pas davantage – puis se laissa glisser au sol. Elle réussit à tirer la porte car il était inutile qu'elle reste ouverte comme une invite au cambriolage ou à se rincer l'œil sur la conquête de Janice. Posée contre le mur du couloir vide, presque dans les vapes, elle contempla ses jambes abandonnées de côté comme des choses étrangères.

Elle ne voyait qu'une seule solution pour essayer d'atténuer sa douleur sans médicaments et franchir les derniers mètres.

Mais à peine eut-elle formulé l'idée qu'elle se sentit prise d'une terreur irrationnelle. L'appréhension lui écrasait la gorge et la raidissait toute entière. Elle haleta en fermant les yeux car des points blancs lui dansaient devant les yeux. Elle recommença à transpirer. Crise d'anxiété.

Dans sa tête, tournait une injonction oppressante. Ne pratique jamais d'autohypnose. Danger. Jamais. L'interdiction envahissait le moindre espace de son cerveau. Jamais d'autohypnose. Danger.

Jamais ? Même dans son état pitoyable, Dawn sentit monter en elle un peu de mépris. Elle s'y accrocha. Elle avait passé l'âge de se laisser dicter sa conduite. Elle se cala de son mieux contre la paroi.

En tant que jeune mère, elle avait eu tant de terreurs et de blocages que le premier psy qu'elle avait vu lui avait proposé quelques séances. Elle s'y était opposée longtemps, préférant des sessions classiques, justement pour les problèmes de confiance qui l'avaient amenée à consulter initialement. Quand elle avait fini par accepter de faire un essai en alternative aux antidépresseurs, elle avait été très surprise de comprendre qu'elle ne serait pas forcément complètement endormie. Mais la seule idée d'être soumise à des suggestions la renvoyait aux situations vécues au moment de sa grossesse, et durant lesquelles elle s'était ressentie impuissante et subjuguée dans le pire sens du terme.

Et c'était pour cela que son psy lui avait enseigné l'autohypnose, afin qu'elle puisse en voir le bénéfice et utiliser la suggestion de façon positive pour elle-même.

Et c'était ainsi qu'elle se retrouvait à tenter de caractériser sa douleur en répondant à une série de questions précises. Sa concentration fut détournée par le souvenir de Joy qui l'avait un jour surprise à le faire. La toute petite avait écouté le pourquoi de l'exercice puis déclaré péremptoirement, après quelques instants de curiosité, qu'il fallait seulement un bisou de maman pour faire partir le mal.

Une recrudescence de larmes monta à l'assaut, à l'idée abominable qu'elle avait peut-être revu tous les siens pour la dernière fois la veille au soir.

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Une heure plus tard, Dawn avait réalisé toute une palette de prouesses qui consistaient essentiellement à se laver seule sans se rompre le cou dans les douches, voler des fringues à peu près à sa taille à une malheureuse qui allait hériter de sa chemise de nuit favorite, et descendre pour aller se chercher une barre protéinée gratuite – en tapant où il fallait sur le côté du distributeur du rez-de-chaussée. A côté de la machine, elle avait confirmé ses lourds pressentiments en découvrant la date sur l'affichette annonçant une fête de fraternité.

Septembre 2003. Cette fête de fraternité désastreuse ? En parlant de mauvaise date indélébile… Tête basse, elle avait marché maladroitement jusqu'à l'ascenseur.

De peur de croiser le garçon avec lequel elle avait trompé Kenny, elle évita les regards mais pas les quolibets indélicats de trois étudiants qui lui barraient l'accès.

— Eh bah Bouboule, regarde où tu vas ! T'as du prendre une de ces cuites hier ! Ou il y a une autre raison pour que t'aies l'air d'avoir si mal au cul ?

Elle grinça des dents et releva la tête en lui lançant un regard assassin. Le sale petit merdeux et ses deux groupies reculèrent de surprise face à son âge et à la charge d'agressivité inattendue qui se dégageait d'elle. A l'époque, elle n'aurait probablement pas eu le cran de dire quoi que ce soit et serait repartie avec une moue pincée. Mais elle fréquentait Spike depuis des années…

— Et le tien, comment il va ? Parce qu'avec les trois sauvages qui te sont passés dessus, tu dois avoir le croupion et les amygdales en sale état, non ?

Bouche ouverte et yeux écarquillés, le gars se décomposa sur place comme elle le bousculait pour l'écarter de son chemin et entrer dans la cage d'ascenseur. Sous les yeux interrogateurs des bimbos, les portes se fermèrent sur le visage narquois de la vieille dame indigne. Merci le vocabulaire fleuri de Monsieur Summers.

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Revenue dans sa chambre à vitesse d'escargot, elle constata qu'elle était désertée et, toute honte bue, referma pour finir le trajet jusqu'à son lit en rampant sur ses coudes comme un commando à l'entraînement. Le seul avantage de sa paralysie, c'était qu'à force, elle avait développé des muscles aux bras. Avec eux, elle se hissa sur son ancien lit et d'un geste presque machinal, plia la taille en arrière pour attraper son sac à main, posé près du bureau, avant de se redresser d'un coup de reins. Des biceps ET des abdos.

Farfouillant frénétiquement dans son sac de jeune fille, elle trouva le petit téléphone galet à clapet qui était le sien à l'époque. Dans ses doigts émus, elle le serra et puis l'ouvrit avec l'ongle du pouce en un geste qui lui sembla étonnamment naturel. Le corps se souvient de tout. Elle le refit deux ou trois fois par jeu, ce qui lui arracha un sourire. Puis elle retrouva comment il fallait faire pour entrer dans le répertoire et une fois là, resta figée un instant, les yeux dans le vague. Qui allait-elle bien pouvoir appeler ?

SpikeSpikeSpikeSpikeSpike… tambourinait son cœur.

Non, pas Spike, bien sûr. Spike n'était sans doute pas là. Elle réalisa qu'elle ignorait quand exactement il était revenu à la vie.* Elle regarda la liste dans son répertoire. A part lui, elle ne voyait qu'une seule autre personne pour accourir à un SOS.

Elle envoya un court message et attendit.

Et ce fut à ce moment qu'une autre évidence la frappa de plein fouet : n'avait pas croisé son jeune double.

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Note de l'auteur

* Dix-neuf jours après son sacrifice. Il a cessé d'être un fantôme environ au mois d'août. Donc si, Spike était à Los Angeles et elle aurait pu l'appeler, en fait…

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