Le parfum
Le parfum
Chapitre III : Fragments.
- Riley !!
Je suis là. Je descends les escaliers. Ca me semble plus long que d'habitude. Je suis plus lourd, aussi.
Buffy est en bas. Elle tient un pieu dans sa main. Elle porte une robe d'été pervenche, avec de fines bretelles emmêlées dans son cou. Elle est de dos. Elle se retourne.
- Qu'est-ce que tu as fait, Riley ?
Sa voix tremble. Elle me fait peur.
- Mais rien, Buffy, rien du tout ! Je t'ai juste attendue, je te jure !
Elle ne m'écoute même pas. Elle me dit que je suis un mauvais garçon, en pleurant. Et elle enfonce le pieu dans mon cœur, droit dans mon cœur.
Une odeur de benjoin, forte et résineuse, me prend les narines tandis qu'elles éclatent en milliers de grains de poussière, juste sous mes yeux. Est-ce qu'ils vont me nettoyer à l'aspirateur ?
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Buffy me tend la confiture.
- Tu as fait un mauvais rêve, cette nuit ? Je t'ai entendu crier en rentrant.
- Oh, oui. Rien d'important.
Je ne la regarde pas.
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J'aime sentir leurs regards glisser sur moi quand je passe parmi elles. J'aime m'imaginer qu'elles se demandent quel goût a mon sang. Je suis le centre de leur univers.
Blood and tears : le sang, toujours, et les larmes, celles que je ne verserai pas ce soir. Me laisser aller à être faible me rend plus fort.
Je glisse mon bras dans un trou anonyme et je deviens invincible.
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- Tu as passé la serpillière, Riley ?
- Oui.
- Tu veux que je fasse le repas ?
- Non, je vais le faire.
- On va encore manger des légumes ?
- Non Dawn, on mange ce que tu veux, cette fois.
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La musique trop douce. Les lumières trop élusives. Le doux bourdonnement de mes tempes. La bouche anonyme.
La douleur qui me sauve.
1, 2, 3, 4.
1, 2, 3, 4.
Ca pulse au pas dans mes veines.
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- Ca va, Riley ?
Elle réchauffe ses mains en serrant sa tasse de café et me fait un petit sourire inquiet. Je lui réponds d'un vague signe de tête. J'ai envie d'être seul. Elle l'a compris.
- Si tu as envie de p-p-parler, je suis à côté.
Et Tara va au salon rejoindre Willow. Je les entends rire.
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Laver le linge. Programmer la machine. Attendre une heure.
Mettre de l'adoucissant. Allumer la télé.
Plier le linge.
Partir.
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Je suis reversé sur le fauteuil en skaï mauve. Les cheveux couleur de blé jeune de la fille à laquelle j'ai cédé mon bras chatouillent ma peau tendue. Elle aspire avec voracité. Je sens son parfum à la fois puissant et sucré, presque vanillé.
La fille relève la tête et je peux voir que mon sang a taché les commissures de ses lèvres. Je peux aussi lire la gratitude dans ses yeux verts. Buffy ne dit rien, mais elle me remercie.
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Je vais devoir changer les draps.
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- Je vais m'entraîner avec Giles, ce soir. Tu as quelque chose de particulier à faire ?
- Je pensais sortir.
- Tu ne peux pas t'occuper de Dawn, plutôt ?
- Oh… Eh bien si.
- Ah mais attends, je crois que Willow avait dit qu'elle passerait. C'est bon, tu peux sortir, alors.
- Merci Buffy.
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Je parcours les coursives, lentement, comme d'habitude. Ce rituel décuple toutes mes sensations.
Ma nuque picote, mes mains deviennent moites. Mes tempes sont luisantes de transpiration.
Je me laisse tomber sur un fauteuil et je tends mon bras à travers l'orifice. Je sens des mains qui le saisissent, des dents qui aspirent ma peau. Ca fait mal.
Ma tête roule en arrière. Mes mains chaudes se crispent. Je respire avec difficulté.
Je me rends compte que je bande. Je bande très fort.
Ma langue passe sur mes lèvres entrouvertes et je respire.
Je respire pour sentir cette fille qui plante ses dents en moi de l'autre côté de la cloison.
Je respire notre air saturé de chaleur et d'excitation.
Je respire son parfum. Un parfum de cuir, de transpiration légère et de tabac. Un parfum d’homme.
Le parfum de Spike.
A suivre.