Est ce qu'il va m'aimer ?

Chapitre 8 : Essayer de se comprendre

2037 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/10/2019 15:42

Après avoir passée plusieurs heures sur le toit du TAC à lire ses livres d'enseignement psychologique Tahiana décida de rentrer chez elle. En partant elle prit la décision de ne pas s'arrêter au vingt deuxièmes étages et d'attendre le lendemain pour aller s'excuser auprès de son père.


Il faut que je trouve comment lui dire qu'il m'impressionne que j'ai réagi comme ça parce que je me suis senti jugée, il faudrait qu'il comprenne que je ne suis pas comme lui ... que je ne suis pas aussi confiante ... que je me suis senti blessée par la situation ...


- Ethan, c'est moi ! Faut vraiment que je te raconte ce qu'il s'est passé aujourd'hui c'est ...

- Bonsoir Tahiana.


Mais qu'est-ce qu'il fait chez moi ?! Depuis combien de temps est-il là ?

Pourquoi Ethan ne m'a pas prévenu ?!


- Euh ... Bonsoir ... Je ne savais pas que ...


Ethan s'avança légèrement en direction de la jeune fille pour l'embrasser.


- Je vous laisser moi, je vais promener le chien. Au fait j'ai préparé le dîner, et il y en a assez pour deux personnes. Allez bonne soirée.


Très surprise la jeune fille lui adressa une grimace qui disait "Mais enfin Ethan on n’a pas de chien ?!".


Il va me laisser toute seule, là, maintenant, avec cet homme qui me fait faire n'importe quoi, tellement il m'impressionne. Non, Ethan reste, je n’ai pas fini de préparer ce que j'allais lui dire ...


Ne sachant pas quoi dire Tahiana retira son manteau et son sac, les déposa dans l'entrée du studio, et s'avança vers le Docteur Bull.


- Je voulais te dire ... que ... je suis désolé pour...

- Non c'est moi. J'aurais dû te laisser le bénéfice du doute et te faire part de mes inquiétudes avant de demander à Danny d'enquêter sur toi ... J'ai plus réagi comme un patron douteux que ...

- Je n’ai pas aidé non plus ! Et surtout je n'aurais jamais dû m'emporter de cette façon ... j'ai vraiment honte de la scène que j'ai fait dans ton bureau cet après-midi ...

- Il ne faut pas, ah ah, tu sais qu'à ce moment-là tu as réagi exactement comme j'aurais pu le faire.


Alors comme ça je lui ressemble ... Waouh, je n’ai vraiment pas hérité que des bons côtés dans ce cas !


Cette réaction redonna le sourire à la jeune fille.


- Juste par curiosité, ça fait longtemps que tu es là ? Demanda-t-elle un peu stressée par la réponse.

- Disons que j'ai pas mal réfléchis quand tu es parti de mon bureau cet après-midi et je pensais que tu serais chez toi, donc je suis venu assez rapidement. Et d'ailleurs où étais tu ?

- A vrai dire je pensais rentrer directement mais ensuite j'ai croisé Benny avant de prendre l'ascenseur et il m'a proposé de discuter sur le toit. Après ça, je suis restée quelques temps là-haut, pour disons, avancer dans mes lectures. Lui dit-elle sur le ton de la plaisanterie.

- Ah ah, vraiment ! J'ai également l'impression que Benny t'aime beaucoup.

- Oui il a vraiment été très sympa avec moi, c'est fou à quel point je me sens à l'aise quand je parle avec lui.


L'ambiance s'était doucement radoucit, après lui avoir dit qu'il resterait dîner Tahiana commença à mettre le couvert pendant qu'ils discutaient.


- Tu as un peu discuté avec Ethan avant que j'arrive ?

- Oui il m'a parlé de son travail et de votre installation à New York. Il m'a aussi expliqué un peu les petits problèmes qu'il avait eu pour se faire accepter dans ta famille et le fait que la sienne rejette totalement votre relation.

- Oh oui c'est vrai qu’on n’a pas été aidé avec nos familles. Et toi ... tu penses quoi d'Ethan ? Lui dit-elle avec une grande appréhension.

- Je pense que je n'ai pas à juger la relation que tu as avec ton petit ami. C'est ta vie, et juste pour répondre à ta question il a l'air de t'aimer beaucoup.


Oh oui il m'aime beaucoup et moi je l'aime aussi énormément !


- Tu ne peux pas imaginer à quel point cette réponse me soulage. Dit la jeune fille en s'asseyant en face du Docteur Bull.

- Au fait est ce que tu accepterais de me parler de ce que tu entendais par "fuir mes problèmes plutôt que les affronter" ?

- C'est une assez longue histoire...

- Ça tombe bien, j'ai toute ma soirée de libre. Dit-il en s'asseyant également à côté de la jeune fille.


Est ce qu'il est prêt à entendre cette histoire ? Est-ce que moi je suis prête à ce qu'il sache toute l'histoire ?


Mais en même temps si je veux que notre relation avance il faut que je sois honnête avec lui ! Et puis avec un peu de chance il pourra peut-être m'aider à aller mieux.


En prenant une grande inspiration Tahiana se demandait si elle devait vraiment lui dire la vérité sur les événements de son passé. 


- Et bien tu dois savoir d'abord que je n'ai pas à me plaindre de la vie que j'ai eu en étant adoptée par les Tessier, ils m'ont vraiment permis de faire toutes les choses qui me faisaient envie, ils m'ont toujours aimé comme leur propre enfant ... Mais malheureusement j’ai toujours senti au fond de moi qu'il me manquait quelque chose... 

- Quelque chose comme quoi ?

- Maintenant avec le recul ça me parait tellement ... puéril. 


Les larmes commençaient à lui monter, mais pour une fois elle se sentait assez à l'aise pour ne pas essayer de les retenir. 


Le Docteur Bull continuait de la regarder avec énormément de bienveillance, il essayait de comprendre ce qui avait pu par le passé la rendre si malheureuse et surtout créer ses problèmes avec ses parents adoptifs.


- Depuis mes 15 ans environs j'ai éprouvé le besoin de connaitre la vérité sur qui j'étais et surtout sur qui étaient mes parents biologiques, sauf qu'à ce moment de ma vie je pensais que j'étais seule au monde ... je pensais que vous étiez mort, parce qu'on ne m'a jamais laissé entendre qu'il puisse en être autrement ... Je devais donc me construire une identité en me basant sur des individus qui certes m'aimaient de tout leur cœur et ne voulaient que mon bien, mais malgré ça ils ne me ressemblaient pas et moi j'avais besoin à ce moment-là qu'on me dise que si j'étais différente ... cela pouvait être une force. Enfin tout ça pour dire, qu'à partir de cette période un fossé a commencé à se creuser entre moi et ma famille, et les événements qui ont suivi n'ont rien arrangés ...

- Tu parles de ta relation avec Ethan ?

- Oui entre autres chose. Ils n'ont jamais accepté Ethan, parce qu'on s'est rencontré à l'Université, lui était chargé de cours et moi j'étais une élève ... Mais il n'a jamais été mon prof donc je ne vois pas vraiment le problème ...

- Tu avais quel âge quand vous vous êtes rencontrés ?

- 16 ans mais nous ne sommes pas réellement sortis ensemble avant mes 18 ans, c'est vraiment quelqu'un de bien. Et le pire dans tout ça c'est que mon père le connaissait, c'était un collègue à lui, avant que nous ne soyons ensemble, il l'appréciait beaucoup et tout d'un coup il ne voulait plus entendre parler de lui.

- Ce n’est pas si étonnant, tu sais tu étais sa petite fille et lui c'était un homme. Vous avez quoi sept ans de différence ?

- Six en fait, je sais que son appréhension était légitime mais disons que la façon dont ça s’est passé n'était pas forcément la plus diplomate.


Leur discussion fut interrompue par la minuterie qu'Ethan avait réglé avant de partir pour ne pas que sa petite amie laisse le dîner brûler.


Durant ce repas, père et fille continuait à débattre de l'art et la manière de faire accepter au reste du monde la personne que l'on aime.


C'est assez amusant de voir qu'il défend le point de vue de mon père alors qu'il m'a dit tout à l'heure qu'il appréciait Ethan.


- Et avec les parents d'Ethan que s'est-il passé ?

- Là c'est une histoire bien plus compliquée et violente même... Ça me fait mal de le dire mais à cause de ses parents on a bien failli arrêter notre relation plusieurs fois ... Et puis en partant pour New York on a décidé que ce n'était pas aux autres de décider comment on devait vivre notre histoire.

- Qu'est-ce qu'ils te reprochaient au juste ? Demanda-t-il l'air surpris.

- A peu près tout le malheur du monde, ah ah, en fait quelques mois avant le moment où nous nous sommes rencontrés Ethan avait rompu ses fiançailles avec selon sa mère "la femme idéale" et donc moi j'étais à leurs yeux la "bête noire" qui l'avait empêcher d'épouser "la femme idéale". Le pire dans cette histoire c'est qu'aujourd'hui ils ne s'adressent plus la parole ... ça me fait mal au cœur car je me sens responsable de cette situation ...

- Ce n'est pas à toi qui a créé cette situation ... Tahiana ne pleure pas ...

- Je suis désolé mais c'est la première fois que je peux en parler sans que je me sente jugée ... Cette situation est très difficile tant pour moi que pour Ethan ...


Tout naturellement il se rapprocha pour la prendre dans ses bras, et dans l'émotion du moment présent la jeune fille se laissa aller en pleurant au creux de l'étreinte de son père.


Merci ...


- Peu importe ce qu'on a pu te dire auparavant, tu n'es en rien responsable de ses conflits familiaux ... La preuve, Ethan est toujours aussi amoureux de toi après tout ce que vous avez vécu ensemble.


Je sais qu'il a raison, mais ça fait tellement de bien pour une fois, qu'une personne soit de notre côté.


Sentant que la jeune fille avait doucement repris ses esprits, le Docteur Bull pris l'initiative de leur servir deux verres avec la bouteille de vin blanc qu'Ethan avait soigneusement débouché pour ce dîner.


Plus la soirée avançait plus ils se confiaient l'un à l'autre, Tahiana le questionna sur différents éléments de son enfance qu'elle essayait de comparer avec la sienne, et le Docteur


Bull essaya d'en apprendre plus sur le passé de cette fille qui lui semblait difficile à cerner.


Au bout de quelques heures Ethan sonna à la porte d'entrée, le Docteur Bull profita de son arrivée pour saluer les deux amoureux et rentrer chez lui, Tahiana lui proposa de la raccompagner en bas de son immeuble.


- Je dois dire que je suis vraiment heureuse qu'on ait pu avoir cette conversation et que tu sois passé ce soir. Il est vrai qu'il y a encore pas mal de chose à dire sur moi, mais c'est déjà bien pour une première soirée. Enfin deuxième si on compte la nuit où je t'ai avoué qui j'étais.

- Je suis très heureux que tu te sois ouvert à moi et ne t'inquiètes pas on aura d'autres occasion de discuter de ce que tu pourrais avoir envie de partager avec moi.

- Il faut dire que vous êtes un très bon public Docteur Jason Bull, c'était un plaisir.


Pourquoi tu en rajoutes comme ça !? Tu veux le faire fuir !?


- Plaisir partagé jeune fille, alors bonne nuit, à demain !

- Bonne nuit ! 

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