La remarque de trop

Chapitre 2

1125 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 27/04/2018 07:22

  • Comment ça ?, demanda le capitaine.
  • Je n'ai pas vu Lucie ce matin. Elle n'a laissé aucun message et on n'a aucune nouvelle scène de crime. Peut-être qu'elle dort encore.
  • Allons Borel, commença Caïn en se transférant sur son siège, il est bientôt 11 heures. Je ne suis même pas sûr que Delambre sache dormir autant.


Le lieutenant Borel marcha aux côtés de son patron jusqu'à ce qu'ils rentrent à l'intérieur. Le capitaine n'était visiblement pas d'humeur aujourd'hui. Borel se demandait s'il état comme cela parce qu'il désaoulait encore ou si cela ne faisait qu'empirer les choses. Il n'ajouta rien et laissa le capitaine pousser la chaise du bureau d e Lucie pour s'y installer. Caïn examina les papiers qui traînaient sur la table mais ne trouvant rien qui puisse l'aider, il sortit son téléphone et composa le numéro qu'il avait appris à connaître par cœur avec le temps.


Il écouta la première sonnerie puis la deuxième, la troisième … il faillit jeter son téléphone à travers la pièce au moment où la voix de Lucie lui annonça la messagerie. Il était à cran depuis que la porte de chez lui avait claqué. En plus de cela il avait oublié sa aspirine chez lui. Caïn avait du mal à croire qu'une journée ayant commencé si bien puisse virer au vinaigre si rapidement.


Il soupira puis fit demi-tour. Il allait tout recommencer depuis le début et mettre de l'ordre dans cette journée qui lui échappait complètement. Borel le regarda partir presque soulagé. Le capitaine irait passer ses nerfs sur quelqu'un d'autre et même s'il venait à l'appeler, il était toujours moins mordant au téléphone. Le lieutenant réfléchit un instant pour anticiper les demandes que Caïn ne manqueraient pas de lui faire et appela Lucie lui-même.


Lorsque Caïn arriva chez lui la première chose qu'il fit c'est de descendre la bouteille d'aspirine qui se trouvait évidement dans sa chambre, là où il l'avait laissé. La pièce avait une odeur particulière, plus tout à fait celle de Caïn mais pas étrangère non plus. L'odeur de Lucie. Il respira à fond et se calma.


Les yeux clos, dans cette chambre où tout était arrivé et son contraire. Caïn se perdit dans ses pensées. Il était encore tout à la fois grisé de ce qui s'était passé, déçu et en colère, abattu mais encore plein d'espoir. Il ne savait pas ce qui lui pesait le plus. D'avoir été si près du but avant que tout s'arrête, ce ne serait pas la première fois. Ou alors que cette fois-ci c'était entièrement sa faute, quoi qu'à bien y réfléchir c'est lui aussi qui avait pris la mouche la dernière fois avec Charline … Si seulement il pouvait parler à Lucie.


Caïn sut dès qu'il s'arrêta devant la maison de sa commandante qu'elle n'était plus là. Aucune trace de sa voiture dans la rue et les rideaux étaient tirés. Habituellement le capitaine s'en serait retourné au SRPJ mais pas ce matin-là. Il avait essayé d'appeler trois fois depuis qu'il avait quitté chez lui et elle n'avait répondu à aucun appel. Une « personne normale » lui aurait sûrement laissé du temps, après les événements survenus dans la nuit. Frédéric Caïn n'avait jamais été de ceux-là.


Il passa le portillon et sortit son étui de cuir. La serrure ne résista pas longtemps aux doigts de fée et la porte s'ouvrit sans un bruit. La maison était tellement silencieuse que le léger « clic » de la porte résonna comme un glas. Après l'agitation qu'il avait subi depuis qu'il s'était réveillé tout lui paraissait calme à en être suspect alors que ce n'était qu'une maison vide.


Caïn parcourut toutes les pièces. Il avait l'impression d'être de retour dans son pire cauchemar. Lucie dans le coma et lui, seul, ici, en ayant l'impression d'enquêter sur quelqu'un d'autre mais sachant un peu plus à chaque second que c'était bien elle qu'il avait crût connaître. Malgré la situation totalement différente aujourd'hui, la même angoisse saisissait le capitaine. Si son odeur n'avait pas été partout autour de lui il aurait craqué.


Dans la maison tout était rangé, enfin presque. Dans la penderie il y avait un vide. Son instinct de flic s'éveilla instantanément. Les affaires semblaient avoir été prises toutes en même temps. Cela aurait pu être tout autre chose mais Caïn saisit son portable pour essayer de joindre Delambre. Une fois encore, elle ne répondit pas. La voix de la messagerie, si réconfortante eut-elle été quelques heures auparavant, commençait à lui taper sur les nerfs.


Caïn se trouvait idiot. Il avait eu Lucie dans son lit et l'avait fait fuir. Maintenant une irrégularité dans un placard qu'il ne connaissait même pas et il se retrouvait à lutter contre une peur panique qui l'envahissait. Pourquoi fallait-il qu'il imagine les pires scénarios dès qu'elle s'absentait quelques instants alors qu'à la moindre discussion sérieuse avec elle il ne parvenait à l'échange qu'en le tournant en dérision ?


Tout serait plus simple s'il pouvait lui parler.


La sonnerie de son propre téléphone le fit sursauter. L'espoir monta en flèche chez lui jusqu'à ce qu'il voit le nom de Borel s'afficher à l'écran.


  • J'espère que vous avez une bonne raison de …
  • Lucie m'a dit que vous perdiez votre temps à la chercher, qu'elle n'était pas une enfant et qu'elle reviendrait lorsqu'elle en aurait envie.


Le cœur de Caïn avait fait faux bond à la seconde où Borel avait mentionné la commandante. Mais le message transmis lui laissait un sentiment de déception et d'inachevé. Certes il avait obtenu des nouvelles mais pas du tout comme il l'aurait voulu. Au moins les choses étaient claires. Le capitaine était passé en un éclair d'inquiet à frustré. Il poussa son fauteuil jusque dans le salon avant de réessayer le numéro de Lucie.


Au fur et à mesure que les sonneries se répétaient, Caïn aurait voulu frapper quelque chose. S'il avait été chez lui c'est sûrement l'une des lampes qui y serait passée mais ici il se contenta de serrer le poing jusqu'à s'en faire mal alors qu'il entendait encore une fois : « Vous êtes bien sur la messagerie de Lucie Delambre, veuillez laisser votre message … »


  • Merde. Merde ! MERDE !!!


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