Partenaire

Chapitre 22

991 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 14/08/2018 12:19

 Parmi tant d'autres choses, Alice était ponctuelle. Elle arrivait tous les jours au SRPJ à 8 heure lorsqu'ils n'avaient pas d'enquête et au moins une heure plus tôt sinon. De plus le capitaine pouvait lui donner rendez-vous à n'importe quelle heure, fut-elle une heure indue de la nuit, elle arrivait avec 5 minutes d'avance. Toujours.


Alors lorsqu'à 10 heure elle n'était toujours pas là et que Lucie ne semblait absolument pas s'inquiéter, Fred sut qu'il y avait anguille sous roche. Il aurait pu appeler directement sa lieutenante mais sentait qu'il y bouderait son plaisir alors il alla interroger la commandante.


  • Ma lieutenante a-t-elle des passes-droits grasse matinée ? Où alors il suffit de demander gentiment et on ne me l'aurait pas dit.
  • Elle m'avait prévenu qu'elle aurait sûrement du mal ce matin, répondit Lucie bien trop évasive.
  • En quel honneur ?


Cette fois-ci Lucie ne répondit même pas. Le capitaine fronça les sourcils. Il n'était pas rare qu'il pose une question à Lucie et que celle-ci n'y réponde pas mais pas alors qu'il s'interrogeait, de manière tout à fait légitime, sur l'absence de sa lieutenante. Après ça jamais il n'aurait pu lâcher sans avoir obtenu de réponse.


  • C'était hier soir qu'ils passaient la première soirée chez eux.


Fred ne demanda même pas qui était ce « eux ». il le savait très bien. Alice et Ben. Il avait eu le temps de se faire mille scénarios différents avant que Lucie lâche enfin leur adresse. Sitôt qu'il avait la rue et le numéro, le capitaine s'en fut. Lucie ne s'inquiéta pas tant de la réaction d'Alice que de celle de Ben. Ce projet, qui n'en était plus un à présent, lui tenait à cœur et Lucie savait qu'il ne désirait rien de plus que l'approbation de son père. Étant donné la façon dont il était parti, il y avait assez peu de chance que cela se passe ce matin.


-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Alice avait juste eu le temps de se sortir du lit que déjà on tambourinait à la porte. En passant devant la chambre ouverte de Ben, elle vit qu'il était étalé au dessus des couvertures et qu'il ne portait qu'un caleçon aux délicieux motifs de petits cœurs fluo. Il n'avait pas si bien réglé le chauffage que ça finalement. Alice hésita à fermer la porte pour lui épargner ce qui allait suivre mais jamais le capitaine ne partirait sans avoir vu son fils. Et puis le sus-nommé grognait déjà dans son sommeil.


Pour lui rendre le réveil le moins difficile possible elle alla jusqu'à l'entrée pour faire cesser le vacarme. Une main sur la poignée, c'était le calme avant la tempête. De plus elle savait à quoi elle ressemblait. Les cernes, les cheveux en bataille, l'absence de bas de pyjama. Mais elle ne pouvait pas le faire attendre plus longtemps alors elle ouvrit la porte et découvrit le capitaine au visage rouge et contracté.


  • Vous vous foutez de moi ! Tous les deux ! Où est Ben ? Ben !


Il fila vers les chambres et Alice ferma la porte derrière lui. Il ne l'aurait rien laissé dire de toute façon. Elle le vit passer devant la chambre de Ben et s'arrêter net. Il se retourna vers elle comme s'il avait eu une vision de scène de crime.


  • Toi, je vais te …, commença-t-il.
  • Papa !


Ben venait d'émerger de la chambre. Alice n'échangea avec lui qu'un regard ne voulant pour rien au monde risquer de sourire. Fred ne savait où donner de la tête. Alice était devant, Ben derrière. Il rejoignit le salon pour les avoir tous les deux du même côté. Il les regardait avec une expression de dégoût qui, si elle était presque douloureuse à Alice, devait être insoutenable pour Ben.


  • Comment osez-vous vous balader comme ça ? C'est comme si vous criiez que …
  • Fred, tu ne devrais pas, lui dit simplement Alice.
  • Pardon ! C'est toi qui va me dire ce que je dois ou ne dois pas faire maintenant ? D'abord je ne devais même pas savoir. Est-ce que je vous gêne tant que ça ?
  • C'est pas du tout ça papa. On a même galéré pour trouver quelque chose qui nous plaise tout en étant accessible. On a pris du retard hier soir car on s'est rendu compte que l'on devait aussi faire attention aux meubles. On a même prévu une chambre d'amis.


Fred n'en revenait pas. En d'autres circonstances il aurait été touché par les attentions de son fils. Il devait bien avouer qu'il n'avait eu aucun mal à s'incruster chez eux et à se déplacer un peu partout. À bien y regarder, cela semblait même parfaitement conçu. Il n'y avait pas d'étages ou d'escaliers visibles. Il voyait même, dans un coin, une perche qui lui permettrait d'attraper les choses en hauteur.


Malgré tous ces éléments qui auraient pu l'aider à s'apaiser et à reprendre une conversation plus calme avec son fils, Fred, comme à son habitude, agit sous le coup de son émotion la plus forte. Certes il avait analysé l'appartement en même temps que Ben le lui avait dit mais c'était uniquement un réflexe de flic car il avait sa réponse et ne pensa pas une seule seconde à la changer.


  • Donc tu joues les bons samaritains et tu crois que ça te donne le droit de coucher avec Alice ? …
  • Arrêtes papa, s'il te plaît …, plaida Ben d'une voix faible.
  • … Que tu peux te la taper en continuant de m'affirmer que c'est une « colocation » !
  • C'est ma sœur ! Pourquoi est-ce que je voudrais faire ça avec ma sœur !?


Laisser un commentaire ?