Les Manuscrits de l'Apocalypse (saison 1)

Chapitre 9 : Une pièce de Fernando Cipucci

4415 mots, Catégorie: K

Dernière mise à jour 23/04/2021 17:13

Episode 8.1 : Le concert. 


Sakura et Sandrine patientaient dans la file d’attente devant la salle de concert. Sandrine chercha les places dans ses poches et trouva les deux invitations. Sakura, elle, s’était tournée vers une affiche placardée partout dans le hall de la salle de concert. Tiffany s’y tenait droite, le visage incliné. Elle chantait ce soir. Un récital écrit par Fernando Cipucci, le grand compositeur italien qui terminait ce soir-là sa tournée au japon. La chorale de Tiffany avait été sélectionnée parmi une trentaine et la voix de Tiffany avait été choisie pour le solo du dernier mouvement.

 - Elle a de la chance de faire ce qu’elle aime, remarqua Sandrine.

 - Oui...

Devant, un bourdonnement collectif de satisfaction leur indiqua que les premiers spectateurs entraient. Elles s’avancèrent et Sakura aperçut les jeunes gens qui prenaient leur ticket.

 - Mais que fait Thomas ? Il avait dit qu’il viendrait et qu’il filmerait toute la représentation... 

 - Yvan a pris avec lui son appareil et ne devrait pas tarder.

 - J’espère bien que mon frère ne va pas me faire ça !! Il avait promis.


Mathieu sourit et tendit le casque à Thomas.

 - Heureusement que tu es passé à la maison. J’avais oublié le concert de Tiffany.

Mathieu le vit grimper sur sa moto et enfiler son casque. Les sangles pendants dans son cou, il défit sa béquille et démarra. Mathieu le rejoignit et secoua la tête. Il attrapa les sangles et les lui fixa.

 - Ce serait bête d’avoir un accident, sourit-il.

 - Merci.

 - Allez, file, sinon, elle va t’en vouloir.

Il sortit de l’allée à grande vitesse et se précipita sur la route.

 - Bonjour, Mathieu, le salua Dominique en rentrant en marche arrière. C’était Thomas, en moto ?

 - Bonjour, monsieur Gauthier. Il avait oublié le concert de l’amie de Sakura.

 - Et toi, tu n’y vas pas ? demanda le père en descendant de la voiture.

 - Non. Avec Thomas nous avons prévu de nous trouver un peu de travail ici.

 - Il reste ? s’étonna Dominique.

 - Oui, et moi aussi.

 - Evidemment, sourit malicieusement Dominique en se dirigeant vers la porte-fenêtre du salon. Euh... C’est à toi ce sac, à la porte ?! Mais... ce ne serait pas la caméra de Tiffany ?

 - Vous avez raison ! reconnut Mathieu. Je vais... lui apporter.

Dominique le dévisagea curieusement, puis chercha autour d’eux.

 - Comment ?

 - Je vais courir, sourit simplement le jeune homme.

 - Courir... murmura Dominique en le voyant partir en petites foulées.

Dominique secoua la tête et rentra. « Courir... »


En arrivant à l’angle, de larges ailes s’étendirent dans son dos et Yue prit possession de son corps, les ailes prêtes à bondir. Avant de s’envoler, il réfléchit un instant à ce qui venait de lui arriver. Il avait retrouvé son apparence en un clin d’œil ! Il secoua la tête et rabattit son sceptre vers le ciel. « Puissance de la lune, conduis-moi vers le Sceau des sceaux... » Il disparut aussitôt et les premières feuilles mortes de l’automne s’envolèrent un court instant, happées par sa disparition...


On patientait bruyamment dans la salle quand Yue apparut au-dessus de la foule. Il serra le poing sur son sceptre en sentant des regards se hisser vers lui. La salle se figea dans le silence et Sakura chercha autour d’elle l’explication de cet arrêt soudain. Toute la salle était paralysée. Plus un mouvement, plus un bruit.

 - Mince alors !! s’écria Yue.

Elle leva les yeux au plafond et l’aperçut.

 - Yue ?! C’est toi qui as fait ça ?!

Il se posa près d’un rideau et le sceptre disparut de sa main. Le brouhaha reprit dans la salle de spectacle. Et Sakura chercha son ami du regard. Mathieu sortit de derrière le rideau et sembla perdu. Sakura le héla, une main levée et il la rejoignit.

 - Ton frère est arrivé, Sakura ?

 - Que fais-tu là ?!

 - Je ne sais pas.

 - Bonjour, tu es Mathieu, je crois ?

 - Euh, oui, bafouilla Sakura, Mathieu ? Voici Sandrine.

 - Enchanté.

 - Ben.. euh, assieds-toi.

 - J’ai amené la caméra, sourit-il en la lui tendant.

Elle n’y comprenait rien. Il venait de figer la salle avec... le Temps ?!

Yvan arrivait, il approcha et s’installa :

 - Il y a encore beaucoup de queue dehors. Au fait, j’ai vu ton frère, Sakura.

 - Thomas ?

 - Oui, il attends devant le bâtiment parce qu’il n’a pas d’entrée. Et il m’a dit qu’il avait oublié la caméra.

Sakura n’y comprenait vraiment rien. Elle les quitta et demanda à sortir un instant.

Elle trouva Thomas assis sur les marches de granit, les coudes posés sur ses cuisses.

 - Thomas ?! Ca va ?

 - Ah, c’est toi... Non, j’ai oublié ta caméra.

 - Sakura ! l’appela Sandrine en courant vers eux. J’ai la place de Nadine, tu sais, elle ne peut pas venir !

 - Eh bien, tu vois ? sourit Sakura, tu vas pouvoir venir avec nous. Il y a Mathieu.

 - Je sais, souffla-t-il. Mais la musique classique et moi... enfin !

Ils entrèrent finalement et le concert débuta peu après.


Alors que le second tableau se concluait, un jeune homme entra en scène, vêtu de branches et de feuilles, s’harmonisant à merveille avec les notes fluettes et rapides qui accompagnaient son mouvement désordonné.

 - C’est lui, Bianka Koursikov ? demanda Yvan.

 - Ohh... oui, fondit Sandrine. Il est mignon...

 - Si tu veux, je peux porter plus souvent ce genre de branchages ! remarqua Yvan. Il suffit d’aller traîner dans un marais !!

 - Tu es bête...

 - D’ailleurs en parlant de marais...

 - Non, chut!

 - Mais... souffla-t-il, déterminé à parler.

Elle l’attrapa par le col et l’embrassa.

 - Ecœurant, souffla Thomas en se penchant vers Sakura... Rassure-moi, vous n’en êtes pas là, avec l’autre teigne ?

Elle leva le pied et écrasa celui de son frère qui dut contenir sa douleur.

 - C’est fini entre nous, andouille de grand frère !

 - Ah ? Est-ce que je t’avais dit que je ne l’aimais pas trop ?!

Elle lui ratatina les orteils et le fusilla du regard.

 - Sujet épineux, souligna silencieusement Mathieu en réorientant la caméra vers le centre de la scène.

 - Douloureux, je dirais.

Le mouvement se termina sur la mort de l’enfant de la nature, et Bianka tomba au sol.

 - Il est incroyable, sourit Sakura alors que la foule applaudissait fortement.

 - Il est très moyen, souffla Thomas. J’étais dix fois plus belle en douce Cendrillon !

 - Tu n’y comprends vraiment rien... capitula-t-elle. Tu es navrant.

Sandrine lâcha Yvan qui retomba sur sa chaise en bégayant.

 - S... S... Sandrine ?

 - Je t’aime aussi quand tu ne parles pas, sourit-elle en prenant sa main.

La foule se leva pour profiter de l’entracte.



Episode 8.2 : La scène de fin.


 - Excusez-moi, se pencha une jolie demoiselle, alors que les gens regagnaient leur place.

Sakura haussa les sourcils en réponse à son sourire.

 - Moi ?

 - Vous êtes Sakura Gauthier ?

 - Oui.

 - Je viens de la part de Tiffany, elle vous demande.

Sakura pivota machinalement vers Thomas mais celui-ci haussa les épaules.

 - Je vous suis, accepta-t-elle finalement.

Mathieu vérifiait la quantité restante de film et sourit.

 - Elle te demande ton avis désormais ? Vous devenez très proches. Je me trompe ?

 - N’importe quoi, se renfrogna Thomas.

 - Allez, ne me dis pas de bêtises. Tu n’as pas senti de danger alors elle est partie l’esprit tranquille.

 - Elle... Elle... Enfin, je... Tu es sûr d’avoir assez de film ?

 - Mais oui. Au fait, Thomas. Yue me ressemble beaucoup ?

Thomas se redressa sur son siège et chercha autour d’eux pour voir si quelqu’un l’avait entendu.

 - Yue ? Comment sais-tu ?

 - Je l’ai vu en rêve, cette nuit. Il est très mystique et je crois que je pourrais bien l’aimer.

 - Ah oui ? Tu aimes le mystique, toi ?

Mathieu sourit encore et se pencha sur le caméscope qu’il avait fini de préparer.

 - Tu l’apprécies, toi ? demanda-t-il alors.

 - Qui ça ? L’espèce d’Autruche avec ses grands foulards ?! Mais... qu’est-ce que tu... Enfin, Mathieu... Enfin, je...

 - Ah ah ah... Je te taquine.


La jeune femme qui conduisait Sakura s’arrêta près d’une porte et frappa. On entrouvrit et elle se pencha dans l’espace étroit.

 - L’amie de Tiffany est là...

 - Ah. Tiffany ?! appela-t-on. Ton amie est là...

 - J’arrive, j’arrive, juste cette couture et j’arrive, répondit Tiffany d’une voix lointaine.

La demoiselle referma la porte et pria Sakura de patienter. Puis elle la quitta. Une branche effleura alors Sakura et la griffa.

 - Aïe !!

Le garçon se retourna et la dévisagea:

 - Je vous ai accrochée ?

Sakura avait posé sa main sur son bras et la retira doucement. Une tache de sang couvrait ses doigts...

 - C’est sérieux, fit-il. Je suis vraiment désolé... Il faut vite nettoyer ça.

Il ausculta les coulisses et ne vit personne.

 - Je vais me débrouiller, sourit Sakura. Indiquez-moi où se trouvent les toilettes.

Il réfléchit un court instant et la prit par les épaules.

 - Non, je ne peux pas vous laisser comme ça. Venez dans ma loge. C’est juste à côté. Venez, appuyez-vous sur moi, conseilla-t-il.

Sakura sentait la douleur se répandre dans son bras et elle fronça les sourcils quand il attrapa son coude pour l’installer derrière sa nuque.

 - Vous êtes allergique à quelque chose ? demanda-t-il en l’amenant vers sa loge.

 - Je... je ne crois pas. Les maths, ça compte ?

Son visage avait blêmi.

 - Mais qu’ont-ils mis comme produit sur mon costume pour que ça vous fasse cet effet ? Mademoiselle ?! appela-t-il une fois qu’il l’eût installée sur le fauteuil de maquillage.

Elle ferma les yeux... La douleur disparaissait peu à peu.


 - Quelle foule aux toilettes !! soupira Sandrine en s’asseyant.

Thomas releva le nez.

 - Un problème ? demanda Yvan.

 - Sakura ? souffla Mathieu.

 - Où est-elle au fait ? s’interrogea Sandrine.

Thomas se leva et se dirigea vers les coulisses. En arrivant au fond de la salle, on lui interdit de continuer.

 - L’accès est interdit, voyons, monsieur.

Les premiers membres de la chorale quittaient leur vestiaire et Tiffany se précipita dehors pour chercher Sakura.

 - Tiffany ! appela Thomas. Je suis là, as-tu vu Sakura ?

Elle approcha et demanda à ce qu’on le laissât passer.

 - Non, elle devait m’attendre juste là...

 - Quelqu’un a vu Bianka ? demanda-t-on dans les coulisses. Il doit être sur la scène avant le lever de rideau.


Bianka nettoya la fine plaie qui avait cessé de saigner. Il posa un pansement et redescendit la manche de Sakura.

 - Je dois y aller, souffla-t-il. Vous n’avez qu’à vous reposer ici.

Il inspecta aussi sa tenue et essuya quelques gouttes de sang qui perlaient sur les épines de ses manches. Puis il sortit.

 - Ah, Bianka... En scène vite !

 - Oui, mais il y a là...

Thomas se tourna vers le jeune comédien.

 - Lui, fit-il à Tiffany. Il sent Sakura...

 - Bianka ?! s’étonna-t-elle.

 - Eh, Bianka ! l’interpella Thomas. Tu n’aurais...

 - Chuuut ! lui souffla-t-on alors que le garçon entrait en scène.

 - Et Sakura, demanda Tiffany, tu la sens ?

Thomas secoua la tête. Comment se pouvait-il qu’il ne pût sentir le pouvoir de sa sœur ?

 - Tiffany, l’appela-t-on à son tour. Il faut se mettre en place pour le final.

Le rideau s’ouvrait et les applaudissements arrivèrent jusqu’à Thomas, impuissant.


Sakura se sentait flotter dans un air tiède et suave. Comme une caresse sans fin sur son corps et son esprit, elle sentait le souffle délicat et discret qui la soulevait. Elle ouvrit doucement les yeux et la lumière l’éblouit. Une vaste vallée semblait se fondre à l’infini avec le ciel azur. Une prairie chatoyante où les massifs de fleurs remuaient lentement dans le vent. Une étendue de vie et de plénitude. Elle posa un pied dans l’herbe douce et fraîche. Puis le second. Quel calme et quel bien-être...


Bianka tournoya sur lui-même et bondit vers l’avant de la scène. La renaissance de l’enfant-nature serait bientôt célébrée par le chœur des voix de la nature. Le voile se leva dans l’arrière scène et au son des trompettes et des violons, une rangée d’enfants angéliques apparut. Puis, une seconde. Ils élevèrent leur voix en une seule et Bianka s’arrêta face à eux, comme pour s’abreuver de cette force. Il leva les bras au ciel et les enfants l’accompagnèrent.

Tandis que Mathieu filmait, assis à côté de Yvan, Thomas cherchait désespérément sa sœur.

Tiffany fit un pas en avant et le chef d’orchestre leva un bras vers les flûtes. Le final commençait...


Une racine jaillit de la terre et s’enroula au cou de Sakura. Que se passait-il ? Elle tomba à genoux et quand elle voulut desserrer l’emprise avec ses mains, des épines jaillirent des tiges. L’air avait de plus en plus de mal à passer et Sakura se sentait partir.


Thomas continuait de tourner dans les coulisses. Quelque chose se passait. Il longea une nouvelle fois le couloir des loges et hésita à toutes les visiter. Il était seul. Qui le verrait ?

 - Thomas ? l’appela-t-on dans son dos.

Il sursauta et fit volte face.

 - Qui... Kero ?!

 - On est seuls, soupira Kero. Mince alors, articula-t-il... J’ai senti l’aura d’une carte dans le quartier et je suis venu aussitôt!

 - Je ne trouve pas Sakura. Elle court un grave danger !!

Kero bondit dans le couloir et reprit instantanément sa forme la plus discrète. Il vola de porte en porte et s’arrêta net. Thomas le rejoignit en courant.

 - Pas étonnant que je ne t’ai jamais découvert avant... Si tu te changes à cette vitesse, souffla-t-il en entrant.

« Se changer à cette vitesse » se répéta Kero. Il s’aperçut que son corps était redevenu peluche, parce qu’il l’avait voulu. Aussi simplement que ça. Quelle puissance lui avait conféré Sakura... ?

Thomas trouva sa sœur effondrée sur une chaise, le bras pansé.

 - Sakura !! appela-t-il pour la réveiller en la recroquevillant contre lui. Sakura, reviens à toi.


La voix de Thomas résonna dans l’air chaud. Tandis qu’une autre racine s’élevait et plongeait vers elle. Elle n’en pouvait plus.


 - Je sens à peine son pouls, s’exclama Thomas.

Kero voletait autour d’eux sans savoir quoi faire.


Sur la scène, la voix de Tiffany s’éleva encore et Bianka s’agenouilla devant elle. Soudain, un bouton de rose surgit d’une de ses branches. Un, puis deux, trois, tout un lot. Les feuilles jaunies et sèches se coloraient. Les branchages s’allongeaient. Les racines les plus épaisses se plantèrent dans le sol de la scène et Bianka commença à être étranglé. Dans la salle, on ne savait comment réagir.


 - Thomas... articula Sakura, à la limite de l’évanouissement, perdue sous une montagne de verdure.

Tout son pouvoir la quittait, bu par les racines de ces plantes...


 - Elle a parlé, s’écria Thomas.

Il la leva et la serra contre lui.

 - Bloque la porte, qu’on ne nous dérange pas, ordonna-t-il.

Kero hocha le museau et la porte se figea derrière le halo presque invisible du Bouclier.

Thomas se concentra et fit brûler son énergie, répandant dans la pièce une multitude d’ondes. Il serrait sa sœur dans ses bras et celle-ci respirait difficilement. Il fit progressivement le vide et accumula tout son pouvoir au creux de ses bras.


Une main de lumière se tendit à travers le mur de végétation. Sakura ne chercha pas à comprendre et saisit cette aide inattendue.


Sur scène, Bianka s’était écroulé, suffoquant et la chorale s’arrêta. On se leva, on s’approcha. On tenta de l’aider.


 - La musique s’est arrêtée, remarqua Kero.

 - Sakura, revient !!

Elle toussa et il sourit sans perdre sa concentration. Une lueur quitta son bras, transperçant le pansement et rampa sur le sol vers la sortie.

 - Qu’est-ce que c’est que ça ?! cria Kero.

Le sang s’évapora et un morceau de papier jauni se consuma aussitôt.

 - Un sort ?! C’était un sort...

 - Allez, bon sang, reviens à toi...

Elle ouvrit aussitôt les yeux. Thomas la lâcha, épuisé, et c’est elle qui le retint et le poussa sur la chaise. Il s’endormit aussitôt.

 - Kero ?!

 - On t’a jeté un sort... C’est sorti de ton bras.

 - Bianka...

 - Quoi... ?

 - Il y a une carte sur la scène, il est en danger ! se précipita-t-elle vers la porte.

« On a voulu me tuer... » ruminait-elle en faisant voler d’un geste de la main la protection que Kero avait installé sur la porte. On avait voulu la tuer, et ce n’était pas une carte, mais un sort. Elle courut vers l’arrière-scène et vérifia qu’elle était seule. Elle sortit alors sa clef.


Tout alla très vite. Le Sable pour pénétrer les racines et les arrêter. Le réveil de la force. Sa capture. Carte des Fleurs. Une de plus !



Episode 8.3 : Bianka.


 - Je n’en reviens toujours pas, répéta Sakura en parcourant le couloir de l’hôpital. Une de ces cartes a réellement attaqué !

 - C’était atroce de voir ce danseur recouvert de plantes... expliqua Tiffany. Heureusement personne n’est gravement blessé.

Elles arrivèrent devant la porte et frappèrent.

 - Oui, entrez, souffla-t-on dans la chambre.

 - Bonjour, sourit Sakura en entrant avec son bouquet.

 - Ah, bonjour. Je ne pensais pas te revoir si tôt.

Sakura regarda son amie et haussa les sourcils.

 - Tu me connais ? se retourna-t-elle vers le malade.

 - On peut dire ça, sourit-il. Tu as apporté des fleurs, c’est vraiment gentil.

 - Je ne savais pas ce qui te ferait le plus plaisir.

 - Des fleurs, c’est très bien.

 - Oh !! se rappela Sakura, je te présente Tiffany ! Ma meilleure amie.

 - La superbe voix qui donnait la réplique à mon jeu sur scène ; celle qui a été choisie parmi tant ! J’ai entendu parler de ta voix, expliqua-t-il, et je suis enchanté.

Tiffany rougit et Sakura se mit à rire.

 - On ne te dérange pas, au moins ?

 - Non, bien sûr que non. Il y a deux chaises, là-bas. Prenez-les donc. Vous restez un peu ?

 - Si tu veux. Tes blessures guérissent bien ?

 - Sans aucun problème. Vous savez, je guéris vite en général. Ce ne sont que des griffures et j’ai une côte froissée, ou quelque chose dans ce genre.

 - Ce doit être douloureux, nota Tiffany.

 - Quand j’inspire trop profondément, et quand je ris. Alors, s’il vous plaît, ne soyez pas trop drôles !

Il sourit en les voyant se concentrer pour ne pas paraître trop souriantes. Il se mit à rire et s’arrêta aussitôt, pris de douleur.

 - Si tu te fais rire, tout seul... ! remarqua Sakura.


Le temps passa et les trois jeunes discutèrent longuement de leur vie. Bianka venait de Moscou, mais même si ses parents adoptifs y étaient nés, lui ne savait presque rien de lui avec précision. Enfant trouvé, on avait choisi pour lui une date de naissance. Sakura et Tiffany furent très touchée par l’histoire de ce garçon qui se réfugia dans la danse classique tout d’abord puis dans les ballets contemporains.


En bas, un homme quittait l’hôpital.

« Si ce n‘est pas Tiffany qui t’aide, c’est ton frère. Tu es vraiment bien entourée, Sakura. Mais une prophétie est une prophétie. Et tu devras perdre... Le Fléau n’est plus très loin. »

Il s’éloigna.


 - Et tu as appris le japonais à quel âge ?

 - Il y a quelques années. Je me passionnais pour un livre qu’on m’avait lu et traduit en partie. J’ai alors appris à lire et à parler la langue pour terminer l’ouvrage.

 - Mais pourquoi ne te l’a-t-on pas traduit entièrement ? s’étonna Sakura.

 - La dame est décédée entre temps...

 - Ah, désolée, souffla-t-elle en baissant les yeux.

 - Non, ne t’excuse pas. Ca remonte à loin. J’ai fait mon deuil, depuis. Elle était un peu comme une mère pour moi.

 - Ma mère aussi est décédée, avoua Sakura. J’avais trois ans.

Il sourit mais ne dit rien.

 - Il commence à être tard, fit remarquer Tiffany. Demain nous devons être en avance à l’école : nous sommes de ménage !

 - J’avais oublié, confia Sakura.

 - Je suis heureux que vous soyez venues me voir. Peut-être nous recroiserons-nous.

 - Oui, peut-être, le salua Tiffany. C’était un plaisir. Au revoir.

Sakura prit sa main et la serra.

 - On se reverra, je pense.

 - Bien sûr.

Elle s’éloigna et avant qu’elle ne passât la porte, il l’appela. Elle s’arrêta et le dévisagea.

 - Fais confiance à tes sentiments, Sakura. Ils te guideront.

Elle acquiesça sans réagir et sortit.


Dans la chambre de Sakura, Kero se transforma encore... Et encore. Il redevint peluche et sourit :

 - C’est génial... Même plus besoin de se concentrer !! Il suffit de le vouloir !! Ces pouvoirs sont... lança-t-il en grandissant de nouveau... gigantesques !

Yue acquiesça, debout, face au lit de Sakura.

 - Etonnant en effet.

Kero se mit sur deux pattes et lui fit signe de se pousser. Yue fit un pas sur le côté et Kero put se regarder dans le miroir.

 - Je me suis toujours préféré comme ça ! Quelle classe. Quel maintien... Tu trouves pas ?

 - Ta forme est superficielle, Kerobero. Ce n’est qu’une apparence.

 - Tu n’es pas drôle, Yue. Tu as un fabuleux nouveau pouvoir et tu ne sembles pas heureux... Tu vas peut-être pouvoir commencer à draguer, sourit malicieusement Kero. A ton âge ! Prends exemple sur moi, clama-t-il en reprenant une position d’Apollon.

Yue était cependant perplexe. Les mains sur son sceptre, il réfléchissait.

 - Tu crois que Sakura est plus puissante que Clow désormais ?

Kero se reposa sur ses quatre pattes et fronça les sourcils. La question méritait un peu de sérieux en effet.

 - Tu le crois, toi ? demanda-t-il.

 - Nos pouvoirs sont phénoménaux... Avec Clow, c’était les mêmes mais il me semble que je les utilise avec plus de facilité.

 - Et moi hier, j’ai utilisé la carte du Bouclier que Sakura possède, d’un seul regard, expliqua-t-il en s’asseyant en face de Yue. Et elle n’était pas là...

 - Tu te trompes, souffla Yue. Nous pouvons utiliser bien plus que les cartes de Sakura.

Il souleva légèrement son sceptre et l’obscurité envahit la pièce. Un noir opaque et profond. Kero secoua la tête et d’un seul geste de patte chassa les Ténèbres par sa Lumière. Il ouvrit grand les yeux.

 - Nous utilisons les forces qui nous sont affiliées, précisa Yue. Pas seulement les forces qu’elle a capturées ! C’est comme si elle possédait les cartes de Clow.

 - Tu veux insinuer qu’elles n’ont pas disparu ?!

 - Je constate simplement qu’à l’instant où elles moururent, nous aurions dû disparaître avec elle ; et ça, tu le sais.

Kero le dévisagea et Yue croisa les bras.

 - Il y a quelque chose derrière tout ça que je ne comprends pas. Clow nous a créé, donné le pouvoir des cartes, demandé de veiller sur celui qui briserait son sceau, de le juger, de s’offrir alors à lui. Mais désormais quand je sens cette puissance qui coule en moi, je me demande si c’est tout.

 - Quoi d’autre? réfléchit Kero.

 - Oui, c’est la question... 

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