Les Manuscrits de l'Apocalypse (saison 1)

Chapitre 14 : Secrets immergés I

4814 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 23/04/2021 17:30

Episode 13.1 : Lionel est piégé.


Sakura se laissa glisser sur le bitume et bifurqua dans l’allée des arbres dépouillés de leurs feuilles. « Papa va partir. Ce soir. Ce soir déjà ». Elle songeait qu’elle serait seule avec son frère pour plusieurs mois. Jamais cela n’était arrivé auparavant. Même si elle ne craignait pas cette situation, elle se disait que cela allait être triste, seule avec son frère.

Son sac à dos se mit à gigoter et on a cogna dans son dos :

- Pourquoi voulais-tu que je vienne ? ronchonna Kero.

- Ah... Kero, je t’avais presque oublié !

- Ca fait plaisir !

- Je t’ai expliqué que je ressens quelque chose dans la cour de l’école... Je veux ton avis.

- Et pourquoi moi ?!! se mit-il à pleurer... (en plein milieu du dernier niveau de Chtatrapozor 2...)

- J’ai entendu, souffla-t-elle. Si tu parles de Yue, sourit-elle, il nous rejoindra en début d’après-midi avec Thomas.

- Ah... Tu veux dire, Mathieu ? s’intéressa finalement Kero.

- Bien sûr.

Il se laissa glisser contre le classeur et fronça les sourcils en jetant de vifs coups d’œil vers le haut du sac : ils ne lui avaient encore rien dit de leurs craintes à propos de ce personnage bizarre qui les avait sauvé de la carte du Labyrinthe... Peut-être n’y pensait-elle plus.


Tiffany attendait Sakura devant le lycée et elles se saluèrent.

- Tu m’as l’air soucieuse, s’inquiéta bientôt la jeune fille.

Sakura haussa les sourcils et sourit pour rassurer son amie :

- C’est juste Papa qui doit partir. Il ne reviendra que dans un mois ou deux.

- Ah, je comprends. Ma pauvre... Mais vous vous écrirez, n’est-ce pas ?

- Avec son travail, j’espère qu’il en aura le temps.

- Sotte que tu es, la taquina Tiffany. Comment ton père pourrait-il t’oublier ? Allons.

Elle prit Sakura par le bras et l’entraîna vers les bâtiments.

- C’est comme de dire que moi, je pourrais t’oublier.

Elles traversèrent la cours en riant.

- Ah, au fait, j’ai capturé une carte, hier, confia Sakura.

- Koaaaaa ?! Et je n’ai même pas pu filmer, s’écria Tiffany, abattue par les regrets.

Sakura grimaça et la prit par les épaules :

- La prochaine fois, je t’appelle...

- C’est gentil...

Elles arrivèrent dans le couloir où elles croisèrent quelques lycéens.

- Et pour la piscine ? demanda Tiffany. Ce soir, ça te dirait ?

- En fait, sourit Sakura, une main derrière la tête, j’ai demandé à Thomas d’aller voir !

- Ahh, et tu sauras ça quand ? Il faut que je prépare des batteries et mon nouveau caméscope étanche spécial plongée !! s’éloigna-t-elle en imaginant la tenue adéquate.

- Tiffany...

- Sakura, l’appela Kero.

- Ah ! se rappela-t-elle devant la classe. Tu sens quelque chose, c’est ça ?

Sa tête sortit du sac, il fouillait le couloir du regard :

- Oui, les gâteaux !!! Ca sent partout !!!

Elle le dévisagea et il lui tira la langue en rentrant dans le sac.

- C’est pour le festival, plusieurs classes préparent les pâtisseries ! expliqua-t-elle en le poussant au fond. Tu parles d’un guide !

- J’ai entendu, siffla-t-il.

Elle entra dans la classe.


Coréane soupira en secouant la tête.

- Tu es un idiot, Lionel.

Celui-ci se redressa et pivota un peu sur lui-même.

- Pourquoi ça ?

- Tu te rends compte que tu es en train de l’espionner de l’entrée du lycée ? On va te prendre pour un satyre !

- J’ai juste dix-sept ans, je te rappelle... Et puis d’abord, c’est pour savoir si tout va bien.

- Demande-lui son carnet de notes !

Il rougit et haussa les épaules.

- Je parlais du lycée... « Si tout va bien », répéta-t-il, si le lycée va bien!

- N’importe quoi, soupira-t-elle. Bon, moi, je vais repartir, mon avion part demain matin.

- Ah... fit-il en s’adossant au muret d’enceinte.

- Tu veux passer un message à Stéphanie, à maman ?

- Dis-leur que... Enfin...

Il inspira profondément et son regard s’enfouit dans le pavé du trottoir.

- Que tu penses à elles, que tu les aimes... et tout, et tout, c’est ça ?! Ah là, là ! Quand apprendras-tu à dire ce que tu ressens, mon grand ?

Il sourit tendrement et la dévisagea longuement.

- Merci d’être venue, Coréane.

- Je le devais, de toute façon ! Et dès que Ling a traduit une autre partie des manus...

Il se jeta sur elle et posa une main sur sa bouche.

- Chhut ! souffla-t-il à son oreille. Si quelqu’un t’entendait ?!

- Qui ? le repoussa-t-elle franchement. On est seuls !!

- On n’est jamais seuls...

Elle secoua la tête et s’en alla, en lui lançant un simple salut de la main.

Il soupira.

Une main lui tapota l’épaule et il se retourna, recevant un coup de poing dans le nez. Il tomba à genoux et on l’assomma.

« Mon bon Lionel, c’est toi qui a les manuscrits... Alors, sans toi, plus aucun risque !! »

L’homme fouilla des yeux les alentours et sortit un sort qu’il apposa sur le dos du garçon agenouillé près de lui. Il leva l’index et le majeur au-dessus du corps assommé et prononça quelques paroles. Le sceau disparut et l’homme se releva.

« Et voilà. La force mordra forcément à l’hameçon... Et alors, tu seras perdu ! »

Il tourna les talons et s’éloigna sur le trottoir.

Dans la veste de Lionel, le compas magique s’affola et un faisceau de lumière s’éleva soudain vers le ciel, retombant à des centaines de mètres de là. Lionel sentit la douleur se répandre dans son cou et il se retourna sur le trottoir désert. Qui avait fait ça ?! Il aperçut la lumière de son compas et se redressa...

Une force... Une force venait de s’éveiller au bout de ce trait de lumière... Une force...


Sakura leva le nez et chercha du regard. Kero aussi réagit vivement et fit basculer le sac. Tiffany haussa les sourcils en le voyant rouler au sol. Elle se pencha et l’attrapa par une bretelle pour le tenir en place.

- Du calme, Kero, souffla-t-elle doucement.


Thomas et Mathieu parcourait les allées de la piscine réservées au public quand Thomas se figea.

- Qu’y a-t-il ?

- Un danger. Un grand danger.

- Je sens Yue bouillir en moi. Ce doit être très important.

Thomas lui prit la main et le dévisagea :

- Tu veux bien lui céder la place ?

- Evidemment. Si c’est ma seul façon de t’aider... 

Thomas sourit et posa une main sur son épaule.

- Va te changer dans les vestiaires. Rendez-vous dehors.


Mais bientôt la force disparut. Sakura en chercha encore une trace dans le lointain, mais elle venait de s’éteindre lentement, comme la flamme d’une bougie sur le déclin. Kero soupira. Que se passait-il dehors ?


Thomas retrouva Yue derrière le grand bâtiment et ils ne perçurent plus la force gigantesque qu’ils avaient sentie.

- Mince ! enragea silencieusement Thomas.

- Bon, je crois que je peux m’en aller...

Thomas l’attrapa par la main et Yue ouvrit grand les yeux.

- Attends, Yue...Merci.

- Pourquoi, je ne comprends pas.

- Merci de me laisser Mathieu aussi souvent, alors que tu aurais pu simplement voler vers cette mystérieuse force.

Le Gardien ne comprit pas vraiment ce qu’il ressentait. Il hocha simplement le menton et l’enveloppe charnelle ailée vola en poussière de lumière. Mathieu ne tarda pas à ouvrir les yeux, sa main dans celle de Thomas.

- Déjà ? s’étonna-t-il.

- Oui. C’est fini... Et si on mangeait un morceau ? proposa Thomas.

- Ca me plairait assez, oui, mais je n’ai pas d’argent sur moi...

Thomas fit la moue et Mathieu sourit largement :

- Je te suis ! conclut-il.


La lueur du faisceau s’affaiblit doucement et Lionel se releva, le cou endolori. Une ombre survolait la ville en suivant le trait de lumière. Une force arrivait vers lui... Il fit un pas en arrière, puis deux et finit par se retourner pour courir et tenter d’échapper à la carte qui le prit en chasse. La force descendit vers le trottoir et longea le portail du lycée, poursuivant le jeune homme haletant. Lionel sortit son épée, croisa quelques dames en chemin et pointa la lame vers le sol. Il fallait voler plus loin, plus haut... Fuir.






Episode 13.2 : Inondations.


La journée se poursuivit pour Sakura et sa classe. En fin d’après-midi, la répétition générale se déroula pour la première fois dans la salle de conférence, le gymnase étant en travaux. Les élèves se placèrent sur la scène dans des costumes improvisés pour indiquer l’espace qu’occupaient les vrais.

- N’oubliez pas, répéta Bianka. Vous porterez tous les voiles, pour représenter la nature dans toute sa puissance... Alors, pensez à ces voiles que vous ne portez pas encore aujourd’hui.

Sakura rejoignit les autres, habillée de bouts de tissus et de morceaux de filet.

- Très joli, Sakura, la taquina Tiffany.

- Pour impressionner un prince de la rue, peut-être mais dans une cour royale, je serais aux cuisines !

- En parlant de cuisine de l’ancien temps, intervint Yvan, un doigt en l’air, savez-vous pourquoi les gens de bonne famille ne touchaient jamais la nourriture avant de la manger ?

- C’est vrai ? s’étonna Sakura. Ils ne touchaient pas la...

- Tu as fini, Yvan ? l’arrêta Sandrine en venant le chercher par le bras. Il est incroyable !

Ils se replacèrent et Sakura tenta d’imaginer les repas de cette époque, sans baguettes, sans toucher la nourriture...

- Tu es avec nous, sourit Bianka ?!

- Euh, oui...

Kero pointa le bout de son nez hors du sac et contempla la scène. Il aperçut Sakura répéter avec Tiffany le mouvement de bras qu’elles devaient présenter en passant devant la scène. Il l’aperçut, dans le patchwork désordonné de sa tenue et ne put se retenir. Il éclata de rire.

Tous se retournèrent et le sang de Sakura ne fit qu’un tour. Elle ôta une chaussure et la jeta sur le sac, calmant d’un coup la peluche qui en pleurait.

- Sakura, c’est ton sac qui rit ?! demanda Sonya.

- Euh... ben... bredouilla-t-elle.

- Ce serait pas mon caméscope qui s’est déclenché ?! intervint Tiffany, en lançant des regards complice à son amie.

- Peut-être, oui, souffla celle-ci.

- Et tu lances ta chaussures dessus ? s’étonna Nadine.

- Il fonctionne mal, alors, il faut... taper dessus, un peu...

- Enfin, une chaussure quand même, soupira Sandrine en regagnant sa place.

- Allez, les appela leur professeur. En place ! Je mets la musique et c’est parti.

Ils s’installèrent et Bianka passa entre eux pour leur donner encore quelques derniers conseils de position.

- Le rideau s’ouvrira à la fin de l’introduction. N’oubliez pas de sourire. Comme si on y était, rappela-t-il.

Les guitares électriques se mêlèrent en quelques accords rapides et les violons prirent le relais. Bianka leur fit signe et ils levèrent les bras.

« Avec la force de ton cœur... et le temps, commença la voix de l’homme dans la musique douce.

- Et trois, et quatre, et cinq. Les bras !

« Avec le pouls de ton âme... un instant.

- Et trois et quatre et cinq. Allez-y.

« Tu trouveras le repos éterneeeeel

« Sous mon aile.

La musique s’amplifia et ils se souriaient mutuellement en se croisant au hasard de la chorégraphie. Ils étaient tous fiers de ce spectacle qui en surprendrait plus d’un.

« Et papa... Il ne sera pas là » songea soudain Sakura. Bien sûr, il y aurait le film de Tiffany. Bien sûr, il verrait les photos de Thomas. Mais il ne serait pas là. D’ailleurs, il serait aussi absent pour Noël, il serait absent pour l’anniversaire de Mathieu. Et pour le sien aussi. Elle n’y avait pas réfléchi. Elle n’en avait pas vraiment eu le temps... Tout ça... sans lui.

« Sans Papa. »


A la sortie des cours, Thomas et Mathieu attendaient sur un banc de la cour, Thomas sur le dossier et Mathieu sagement assis sur les planches claires. Ils éclatèrent de rire et Sakura et Tiffany les rejoignirent.

- Alors ? demanda-t-elle. A la piscine... ?

- Bonjour Sakura, sourit Mathieu. Vous avez l’air fatigué, toutes les deux.

- On s’est données à fond, expliqua Tiffany.

- Alors, Thomas ?

- Non, rien à la piscine.

- Ah, fit-elle. Alors, Benjamin n’a pas été attiré par le fond, se tourna-t-elle vers son amie. Tant mieux !

- Il ne savait pas bien nager ! acquiesça celle-ci. Lui, il ne peut même pas s’éloigner d’un mètre du bord ! Moi, je vais jusqu’à cinq mètres, ajouta-t-elle fièrement.

Mathieu acquiesça et Thomas haussa les épaules.

- Et Kero qui ne sent rien, soupira Sakura. J’ai l’impression que les cartes se cachent... Je sens quelque chose dans la cour, puis plus rien... A la piscine, tout portait à croire que c’était... Enfin, passons ! Et ce matin, Kero aussi l’a sentie !

- Il n’est pas là, au fait, le terrible gardien-peluche ? plaisanta Thomas.

- Je... Enfin, si... dit-elle en jetant des regards coupables à son sac.

- Elle l’a assommé, précisa Tiffany. Il a fait du bruit en cours et elle l’a assommé avec sa chaussure.

- Godzilla un, Kerobero zéro ! sourit Thomas.

- Méchant, siffla Sakura.

- On dirait le titre d’un film... Petit tigre et gros dragon ! continua-t-il en se levant pour éviter le coup de pied de sa sœur.




- Oh, non !!! s’écria Tiffany en arrivant près de chez elle.

L’immense jardin était ravagé par l’eau. Des flaques, ici et là, recouvraient le gazon et les parterres. Un jet ou deux s’élevaient à un mètre au-dessus de l’herbe et deux femmes vinrent la chercher au portail pour lui porter un parapluie et des bottes.

- Mais enfin, que se passe-t-il ?

- Toute la plomberie a cédé, mademoiselle. Votre mère va arriver.

- Bon, se retourna-t-elle vers ses amis. Je vous laisse !

- Bon courage, lui lança Thomas.

- Si jamais tu veux dormir à la maison... proposa Sakura.

- Ca devrait aller, merci tous les deux !

Elle s’éloigna et une bouche d’incendie explosa non loin dans la ruelle, projetant l’eau dans les airs, en un geyser puissant.

- C’est toute la rue qui a un problème, nota Mathieu. Il faudrait rentrer...


Plus loin encore, les rues étaient parcourues par des ruisseaux qui s’improvisaient un chemin dans les fossés et sur la chaussée. Les jardins qu’ils longeaient, le pas de plus en plus pressé, étaient tout aussi inondés et leurs propriétaires catastrophés.

- C’est tout le quartier qui a subi des dégâts, remarqua Mathieu.

Thomas secoua la tête.

- Ca ne sent pas bon, murmura-t-il. Dépêchons-nous.


Lionel n’en pouvait plus, le vent le déposa près d’une maison et il pria pour y trouver celle qui le libèrerait enfin de cette force... Il frappa mais on ne lui répondit pas.

- Sakura !! hurla-t-il en martelant la porte. Sakuraaa !!

La force était là. Tout près...

Il chercha, puis brandit son compas magique :

- Par le pouvoir des quatre points cardinaux, l’Eau, le Feu, la Terre et l’Air ! Par l’union des cinq piliers chinois... Le feu, le bois, le fer...

De tous les côtés, la force s’éleva et sa boussole se mit à tournoyer nerveusement. Il releva la tête. La force le heurta de plein fouet, le pénétrant douloureusement au niveau de la poitrine, et il sentit son cœur se contracter et se relâcher frénétiquement... La force était en lui... Soudain, la lumière l’éblouit, tout autour, et il disparut...


- On arrive ! souffla Sakura en ralentissant.

- Le quartier n’a pas l’air trop endommagé, observa Mathieu.

- Allez, entrez. On sera mieux dedans. Il faut fermer toutes les arrivées d’eau.

- Bien, chef, sourit Sakura, la main en salut sur la tempe.

- Ce n’est pas drôle. Tout ceci n’est pas naturel... Comment peux-tu ne pas le sentir ?!

- Hein ? s’étonna-t-elle.

- Yue ne réagit pas, précisa discrètement Mathieu.

Elle se concentra et chercha dans les environs. Rien. Pas la moindre trace d’une force !

Ils entrèrent et se répartirent les arrivées d’eau.

Kero, abandonné dans l’entrée, dans le sac, se réveillait peu à peu.


Lionel ouvrit les yeux et chercha à comprendre ce qui lui arrivait. L’étendue de ciment qui s’allongeait devant lui était familière... La surface gigantesque se fit bientôt arroser par un puissant jet provenant du lointain et Lionel se mit à courir pour éviter les masses d’eau qui volaient autour de lui, s’écrasant lourdement sur le sol. Il s’arrêta près d’un mur et se retourna pour en deviner la hauteur... Quelle surprise... A plusieurs centaines de mètres au-dessus de lui, le mur ne se terminait pas et il y avait une...


La porte s’ouvrit et Thomas sortit en chaussons. Il chercha du regard dans le jardin et aperçut un filet d’eau qui émergeait de la pelouse.

- Ce sont les conduites externes qui cèdent... On n’y peut rien...


Lionel en avait le souffle coupé. Le chausson gigantesque se posa à côté de lui et il aperçut deux longues jambes plantées près de lui. Thomas ?!!! Celui-ci rentra et claqua la porte derrière lui, soufflant Lionel à un mètre de là. Pour se rattraper, il passa la main dans son dos... Son épée... Elle avait dû lui échapper en heurtant la force !! Il volait et s’écrasa entre les brins d’herbe.

- C’est Little qui m’a attaquée, souffla-t-il en se redressant. Que faire... sans mon épée ?

Il s’assit entre les brins d’herbe et croisa les bras. Un bruissement dans l’herbe le fit sursauter, quand il releva la tête, une vague l’emmenait. Il flotta dans l’eau et se laissa porter, incapable de nager à contre-sens. En regagnant le ciment du garage, il parvint à s’approcher du buisson épineux et l’escalada. Il fallait entrer dans la maison et prévenir Sakura...

L’eau montait doucement et il se jeta de branches en branches pour atteindre la terrasse.


- Je ne sens aucune force, s’énerva Kero en secouant la tête. Que se passe-t-il ?!!

- C’est l’Eau, affirma Sakura.

- Mais non, ça pourrait être la Pluie ou encore la Vague !!! On n’en sait rien, et le problème avec cette eau, c’est que quelle que soit la carte, on ne saura jamais où elle se cache. Elle pourrait être partout et nulle part à la fois.

- Si... Je sais, apparut soudain Yue. Ces trois forces sont des cartes que Clow a mis sous ma protection. Je dois pouvoir les trouver.

Kero demeura songeur.

- Ce serait trop simple, mais nous devons essayer !

Yue se dirigea vers l’extérieur.

- Un simple contact suffira, murmura-t-il.


Lionel courut vers la porte-fenêtre et tenta de l’ouvrir. Mais elle ne glissa pas, évidemment. Comment faire ? Frapper le carreau ne servirait à rien... Quelqu’un fit coulisser la vitre, des pas le survolèrent et il reconnut le personnage ailé qui s’arrêta au bord de l’eau.

- Yuuueee !! Yuuuee ! Je suis lààààà !

Un appel d’air soudain l’aspira dans la maison et il roula sur le sol.

Thomas se penchait dehors et appela Yue. Celui-ci se retourna et Thomas fit glisser la porte qui se referma devant Lionel. Le gardien haussait les épaules et Thomas secoua la tête. Sakura apparut à l’autre bout du jardin inondé et Lionel comprit qu’ils étaient tous sortis. Ils se lancèrent des signes en se répartissant des directions, mais il n’entendit rien. Il était enfermé. Ils quittèrent la maison. L’eau atteignit le bord de la fenêtre.




Episode 13.3 : Kero parle.


Sakura survolait le quartier avec Kero. Toute la zone se trempait peu à peu et le niveau continuait sensiblement de monter.

- Je trouve ça incroyable de ne rien sentir ! s’époumona Kero. C’est rageant !!

- Je trouve aussi. Regarde, la maison de Tiffany. On ne voit plus l’herbe.

- La pauvre...

- Mais j’y pense, bondit Sakura. Et si le niveau n’était pas le même partout ? Tiffany habite plus haut que nous, non ? Alors pourquoi a-t-elle été touchée avant notre maison ?!

- C’est vrai. C’est que le volume d’eau ne grossit pas régulièrement. Mais quelle énorme source peut approvisionner tout ceci ?! Il faudrait des litres et des litres d’eau !


Thomas courait dans l’eau et jeta un œil vers Mathieu.

- Si tu ressens la moindres chose, dis-le moi !

- Bien sûr, Thomas. Et tu dis que Yue n’a pas senti la force, non plus ?!

- Oui, il a posé son sceptre dans l’eau et rien !

- Mais alors comment se fait-il que tu sentes ce danger, toi ?!

- Je ne sais pas. Peut-être que... réfléchit-il. Non, je ne sais vraiment pas.

- Ca me fait bizarre, tu sais ? De vivre avec cet être en moi.

Thomas ralentit et le dévisagea.

- J’ai l’impression... continua-t-il. C’est peut-être bête, mais... J’ai l’impression de ne pas être important à côté de lui.

- Pardon ? Que dis-tu ?

- Vous avez tous tous ces pouvoirs... Et moi, je ne peux pas vous aider.

- Je t’interdis, commença Thomas... Je ne veux plus entendre de telles choses ! Tu représentes tant pour... Sakura !

- Oui, je sais, elle me l’a dit.

Thomas inspira et détourna le regard.

- Et pour moi aussi. Ca, tu le sais ? L’air de rien, ta présence est reposante, souffla-t-il en relevant les yeux. Apaisante, plutôt.

Mathieu acquiesça et soupira.

- Il faut chercher cette carte, non ? sourit-il.

Thomas l’attira contre lui et le serra dans ses bras. Une autre bouche d’incendie explosa non loin d’eux et ils se dévisagèrent :

- Tu es mon ami, Mathieu et j’espère ne jamais te perdre.

Mathieu sourit.

- Bien sûr !


La nuit ne tarda pas à tomber, recouvrant toutes les étendues d’eau d’un voile encore plus vicieux : l’obscurité. Lionel avait réussi à monter sur le canapé et patientait en silence. Tout plein de questions se bousculaient en lui. La première : Pourquoi l’avoir attaqué, lui ? Quel danger représentait-il pour cette force ?! La seconde : comment recouvrer sa taille normale ?

Il aperçut la télécommande à plusieurs dizaines de mètres de lui. Il réussit à l’orienter vers la télé et chercha un flash d’informations. Une femme apparut bientôt, survolant Tomoeda.

- Comme vous le voyez, après les attaques à répétitions de la bande des « Vandales », voici que la plus importante inondation de notre ville survient dans les commerces et les particuliers de Tokyo. Les météorologues ne s’expliquent pas cette crue soudaine qui semblent s’élever de la terre elle-même. Tout comme l’étrange marée de mousse avait envahie la zone commerciale, cette marée terrestre, comme la surnomme les...

- Une marée terrestre, répéta Lionel.

- Plusieurs hypothèses ont été lancées dans la soirée, au sommet qui s’est déroulé en hâte au...

Lionel soupira et éteignit. Quelles hypothèses ?!


- Je crois que ça stagne, non ? observa Tomas, assis sur un mur.

- On n’est tous les deux d’aucune utilité. Si seulement on volait... sourit Mathieu.

- Pas très discret, rigola Thomas. Comment on rentre, il y a au moins un mètre, un mètre cinquante d’eau...

- On attend encore un peu ! Regarde, on n’est pas loin du temple Tsukimine. Peut-être y trouvera-t-on à manger ?!

- Papa ! s’écria Thomas. Papa devait partir ce soir !!

- L’avion n’aura pas pu décoller, tu ne crois pas ?

- Mince...


Sakura s’était posée sur un des bâtiments pour ne pas se faire remarquer par l’hélicoptère qui survolait le quartier.

- Je trouve ça décourageant. Il n’y a rien à faire...

Kero, assit sur son épaule la dévisageait et posa sa patte sur sa joue.

- Il y a quelque chose qu’on ne t’a pas dit, Sakura.

- Quoi... ?

- Tu te demandes peut-être pourquoi Yue n’a pas senti la force alors qu’il contrôle le pouvoir de la Vague, de l’Eau et de la Pluie.

- C’est vrai que ça m’a traversée... Vous avez l’explication ?

Il s’envola et se posa dans sa main.

- Peut-être, oui. Je suis le gardien sous la puissance du soleil et par conséquent du Feu et de la Terre. La première carte qui m’a été affilié est...

- Light, oui, je sais, nota-t-elle. Et Yue, la Lune a reçu la puissance de l’Eau et de l’Air. Première carte : Dark ! récita-t-elle.

- Mais cet être qui t’a sauvée du Labyrinthe, souffla-t-il... 

- Oui, et alors ? Je ne comprends pas où tu veux en venir, Kero.

- Clow n’a pas simplement choisi un gardien pour le pouvoir du Feu et pour celui de l’Eau. Les cartes élémentaires sont au nombre de quatre... Yue pense que peut-être d’autres gardiens existent et que nos pouvoirs ne sont pas étendus sur deux éléments.

- Mais vous seriez au courant, non ? C’est absurde. Clow a choisi le feu et l’eau car ils sont antagonistes. Vous vous opposez. L’un pour me guider, l’autre pour me juger. Voyons, Kero, à quoi serviraient deux autres gardiens !!

Il haussa les épaules.

- Clow n’en a jamais parlé, c’est vrai.

- Ah ! fit-elle. Tu vois ?

- Mais il est évident que nous ne sommes pas capables de contrôler certains pouvoirs. Cette carte, entre autre !

- Mais c’est une force de l’eau, non ?!

Il se tut et en rentra le menton...

- C’est complètement fou ! s’écria Sakura. Deux autres gardiens ?!!

- C’est fou, justement. Mais c’est dans la logique de Clow. Je sais qu’il n’a rien fait au hasard... Comme pour moi.

- Que veux-tu dire ?

Il inspira profondément et se tourna vers la ville noyée.

- Non, rien... je me pose des questions, c’est tout...


Lionel tira plus fort sur la chaise et celle-ci finit par basculer, heurtant la porte du frigo et l’attirant dans sa chute.

- A boire ! sourit-il.

La chaise claqua au sol et une feuille glissa sous la table. Lionel tourna, la tête. Une lettre ? Il secoua la tête : « ça ne te regarde pas ! ». Il sauta sur le rebord du panier d’en bas et grimpa jusqu’au premier étage. Un flan gigantesque l’attendait, luisant sous la lueur du frigo. Il s’empara de l’embout d’une des tiges et la retourna pour y ranger un peu de pâtisserie caramélisée. Il redescendit et poussa la porte.

- Que font-ils ?!

Il marcha vers le salon et croisa la lettre. Il tourna la tête et regarda ailleurs. « Non, ça ne me regarde pas... Ca ne me regarde pas... »


(A suivre)

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