Les Manuscrits de l'Apocalypse (saison 1)

Chapitre 16 : Rencontre d’un autre type I

5235 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 23/04/2021 17:31

Episode 15.1 : La mission de Lionel.


La vie reprenait peu à peu son cours. Dominique manquait beaucoup à sa fille : ils s’étaient rarement trouvés loin l’un de l’autre ; aussi, Sakura comblait-elle tant bien que mal ce vide grâce aux railleries de son frère, à l’appétit de ses gardiens et à la présence réconfortante de Tiffany et Lionel, quand celui-ci se montrait.

Elle soupira et la sonnerie retentit. Elle se souvenait de ce premier regard qu’ils avaient échangés. Ce premier froid qui lui avait glacé le sang. Et puis cette altercation derrière le lycée, parce qu’il voulait lui reprendre les cartes de son ancêtre... Il était un brillant adversaire dans cette chasse. Souvent il l’avait aidée. Elle se disait même que peut-être elle ne serait jamais devenue la Chasseuse de Cartes s’il n’était pas venu pour essayer de l’en empêcher ! Elle sourit tendrement et Sonya termina la lecture du texte.

- Que pouvons-nous en dire ? demanda la femme qui se tenait au tableau.

Où se trouvait-il ? Lionel...

- Mademoiselle Gauthier, frappa-t-on soudain sur la table avec le livre.

Le professeur s’était approchée et Sakura la dévisagea avec étonnement.

- Je suis désolée, souffla-t-elle. J’étais ailleurs.

- Je vois, souffla la femme en regagnant son bureau. Ce sera donc au tour de l’équipe de mademoiselle « J’étais-ailleurs » de faire le ménage.

On rouspéta ici et là et la femme calma la classe d’un signe.

- Continuons, s’il vous plaît.

Sakura reprit son stylo et nota les commentaires dictés par la prof.

Lionel... Son regard dans son cou... Là, derrière elle.

Elle soupira.


Le soir, alors que chacun s’affairait à nettoyer la classe, un garçon s’approcha de Sakura et posa un seau sur la table :

- Tu va nous chercher de l’eau ?

- Mais... J’essuie le tableau, protesta-t-elle.

- Je vais y aller, se proposa Tiffany.

- Non, non, Tiffany, la retint-il. Mademoiselle « Tête-en-l’air » va bien trouver les robinets !

Sakura haussa les épaules, prit le seau par son anse et sortit :

- A tout de suite, sourit-elle en tirant la langue, et que tout soit fini quand je reviens !

- Grrrr ! se retourna le garçon.

- Et oui ! sourit Tiffany.

Sakura descendit l’escalier et se dirigea vers les robinets alignés contre le bâtiment. Elle posa le seau dans un des bacs et tenta de faire tourner le robinet, en vain. Le premier était serré trop fort. Elle se décala et essaya avec le second... puis le troisième et enfin le dernier.

- Mince ! Mais quel nul a serré tous les robinets ?!

Une ombre s’allongea derrière elle et on vint s’accouder au mur :

- Un problème petite ?

- Comment ? sursauta-t-elle.

Elle se trouva nez à nez avec un inconnu qui lui souriait. L’homme, très grand, portait un simple pantalon de toile noire et une veste aux manches remontées sur les coudes. Les cheveux courts, bruns, le visage long, fin et sculpté par un caractère tranché, il la dévisageait en silence.

- Je peux t’aider peut-être ? demanda-t-il d’une voix suave et langoureuse. Une jeune fille ne pourrait refuser une aide si gentiment proposée, n’est-ce pas ? Dis que tu ne pourrais pas te passer de moi, s’il te plaît, hein... allez, dis-le... Pour me faire plaisiiiiir!!!! s’agenouilla-t-il, les mains rassemblées en prière.

On courrait vers eux derrière lui et il tendit les bras vers elle.

- Tu ne la touches pas, toi !!! hurla la personne qui venait de brandir un incroyablement énorme marteau au-dessus de sa tête !

La massue géante s’écrasa sur la tête de l’homme et celui-ci se retrouva enfoncé dans le ciment quand la jeune femme souleva son marteau. Le robinet dans le nez, l’homme enragea :

- Je ne lui voulais pas de mal !

- Je t’ai bien vu !!!!

- Laura, tu es ridicule ! se défendit l’homme.

Le femme demeura songeuse et aperçut Sakura :

- Bonjour, je m’appelle Laura... Nicky ne t’a pas brutalisée ?

- Heu...Non... enfin...

- Bien. Allez, on rentre, la... hum...souffla-t-elle un peu gênée, la Taupe n’est pas là...

Elle l’attrapa par le col et il se laissa glisser en arrière. Il sourit et fit signe à Sakura.

- Pourquoi es-tu vu dans ce quartier... ? s’écria Laura en s’éloignant.

Sakura répondit à son sourire et le salua.

- Sakura, on t’attend, l’appela Tiffany, de l’autre côté de l’immeuble.

- Oui, oui, j’arrive...


Elles soupirèrent en quittant le lycée alors que le soleil rejoignait l’horizon.

- Pfffiou, sourit Tiffany. C’est fatiguant, mais au moins c’est propre.

- Je ne suis pas sûr que Florent et Benjamin soient d’accord avec toi, remarqua Sakura en observant les deux adolescents les dépasser et rentrer chez eux.

- Ne t’en fais pas, demain ce sera oublié.

- J’espère...

- Avoue, tu pensais à Lionel, cet après-midi, la taquina Tiffany.

Sakura esquissa un sourire et haussa les épaules.

- J’aimerais le voir plus souvent. Surtout depuis que Papa est parti. Il avait dit qu’il viendrait en cours... mais il ne s’est pas montré.

- Son lycée, en Chine, n’a peut-être pas permis le transfert. Imagine un peu : il est peut-être parti de là-bas en catastrophe sans prévenir personne.

- Tu crois qu’il... ?

- Ce serait bien son genre, s’il t’a sentie en danger. Je crois qu’il suit tout ce qui t’arrive de très près. C’est un garçon très attentionné, tu le sais.

- Mais pourquoi ne dit-il rien ?!

- C’et un grand timide. Chez lui on ne lui a pas appris à se confier. Il était le seul homme.

Bientôt elles arrivèrent devant le portail de Tiffany et celle-ci lui proposa encore une fois de dormir chez elle.

- Non, non, je t’assure, la remercia poliment Sakura, je vais rentrer. Thomas, Mathieu et Kero m’attendent.

- Bon, alors, à demain.

- A demain, Tiffany.


En arrivant chez elle, elle trouva les deux jeunes hommes assis dans le canapé du salon, devant la télé.

- Viens voir, lui lança Mathieu. C’est l’exposition pour noël qui se prépare.

Elle approcha et s’assit dans le fauteuil. L’hôtel Montreuil apparut à l’écran, entouré de hauts échafaudages.

- Ils sont en train de le décorer pour la grande exposition, expliqua Mathieu.

- J’en ai entendu parler, oui. Mais ça se déroulera Samedi en même temps que le festival des arts du lycée.

- C’est vrai ? C’est déjà Samedi... ?

- Oui, souffla-t-elle. J’aurais tellement aimé aller voir cette exposition.

La journaliste présenta quelques unes des œuvres d’art présentes ce soir là puis s’approcha d’un responsable en smoking qui sourit à la caméra :

- Exceptionnellement, précisa-t-il, le Jade d’Apurnha sera présenté pour la première fois en public. Tous les moyens de la police de la ville ont bien évidemment mis en œuvre pour la protection de ce très célèbre bijou. Inutile de vous dire que cette exposition sera la plus grande réussite de notre ville depuis bien des années...

- Il est splendide, nota Mathieu en apercevant une photo du bijou.

- Ce n’est qu’un morceau de Jade, précisa Thomas, dédaigneux, auquel on a longtemps donné un pouvoir magique. Mais à la base, c’est un caillou.

- Tu n’as aucun goût, Thomas, répondit Sakura. C’est un bijou d’une rare beauté. Et puis les légendes sur les pierres font toute leur valeur.

- C’est vrai, je suis sûr que des gens tuerait pour la posséder !! fit remarquer Mathieu.

- Encore une raison de préférer le spectacle de Sakura...

Elle sourit.

- On rigolera bien plus et on ne risquera pas notre vie, ajouta-t-il.

- Grrrrr.... lança-t-elle en les quittant.


Le matin suivant, Sakura avala rapidement son petit-déjeuner et sortit en trombe. L’avant-dernière répétition de leur danse se déroulait dans la matinée ! Sur le pas de la porte, Lionel l’attendait.

- Bonjour, la salua-t-il.

Elle remarqua ses patins et sourit :

- Tu m’accompagnes au lycée ?

- Si tu veux.

Ils roulaient à bonne allure et Lionel prit sa main. Elle haussa les sourcils et le dévisagea tendrement.

- Ca va, toi ? demanda-t-il.

- Tu veux dire, pour papa ?

- Hmm.

- Oui, ça va mieux. Il est bien arrivé et ils ont rencontré celui qui dirige les fouilles en Espagne. Après, ils vont à Paris.

- Ah.

- Et toi tu...? demanda-t-elle.

- Je voulais... dit-il en même temps.

Ils éclatèrent de rire et elle attendit qu’il parlât.

- Est-ce que tu voudrais m’accompagner à l’exposition ? J’ai vu hier à la télé que ce serait ouvert quelques heures avant et je me suis dit que...

- Mais j’ai le spectacle, tu sais... On va danser. Alors...

- Tant pis, souffla-t-il. Si c’est là ta priorité...

Il lâcha sa main et elle ralentit un peu.

- Mais ça me fait plaisir, tu sais, que tu me le demandes.

- Non, tant pis, j’irais seul. Je lutterai seul si une force s’y manifeste.

Elle haussa les sourcils et se tourna vers la route.

- C’est pour ça que... Une force ? se reprit-elle.

- Oui. Etrangement, les forces se manifestent dans les lieux fréquentés. Et je pense que c’est un événement qui va attirer celui qui nous envoie ces forces. Enfin, ce n’est qu’une idée.

- Alors tu penses qu’on doit tout ça à quelqu’un ?

- Evidemment, pas toi ?

- Ben... Je n’y pensais pas vraiment, non...

- Sakura, l’arrêta-t-il soudain. Il faut que tu prennes tout ça plus au sérieux. Tu ne te rends pas compte, ce ne sont pas des cartes ordinaires. Ce ne sont pas celles que tu avais libérées. Rien à voir non plus avec ce que déclenchait Anthony ou Brice contre toi...

- Tu... hésita-t-elle en le dévisageant curieusement. Tu sais quelque chose ?

- Je sais à quel point c’est dangereux. A quel point tu es puissante mais aussi inconsciente de ce qui se prépare.

- Mais... Comment es-tu au courant ?

- Tout ça... commença-t-il, hésitant. Tout ça était prévu depuis le tout début. C’est Clow qui...

- Qui quoi... ?

- C’est Clow qui... Il...

Il secoua la tête et finit par s’éloigner, dans le sens opposé. Elle le regarda disparaître à un croisement lointain et tarda à revenir à elle. Que savait-il ? Qu’est-ce qu’il ne lui disait pas ?



Episode 15.2 : Visite nocturne.


Le soir même, Tiffany ôta le cache et commença à filmer le bâtiment fortement éclairé.

- Je ne suis plus trop sûre, bougonna Sakura. On va pénétrer un hôtel sans vraie raison.

- Pour le bien de la ville, du pays, et peut-être du monde et de l’Univers tout entier, précisa Tiffany.

- Ohhh, se plaignit-elle tout bas. Tu as le chic pour m’encourager, toi...

Tiffany se tourna vers elle et filma son ensemble noir et bleu marine. Un collant soyeux et discret, un foulard noué autour de la taille et une broderie fine sur l’épaule.

- Tu es une parfaite petite voleuse !

- Justement, je ne suis pas sensée en être une !

Elle sortit sa clef et Kero passa la tête hors du sac de Tiffany.

- C’est bien mieux, ici, souffla-t-il en jetant des regards vers le fond tandis que Sakura faisait appel au Vol. Il y a un fauteuil, une réserve de gâteaux et une fausse télé toute mignonne...

- J’ai pensé que tu préfèrerais, sourit Tiffany. Et ton masque de chat avec un œil rouge te va à ravir !!

- Quand vous aurez fini de vous lancer des fleurs, on s’envolera ?

En quelque battements d’ailes ils avaient quitté la ruelle et se posaient enfin sur le toit.

- J’ai trouvé le plan de l’hôtel sur Internet ! Il date de quelques années et des rénovations ont été faites, mais ce qui nous intéresse ne devrait pas avoir changé.

- Eh bien... murmura Sakura.

Ils se faufilèrent par la porte de secours et descendirent un étage dans l’escalier de service.

- Des pas... chuchota Tiffany.

Sakura acquiesça et lança une carte devant elle :

- Carte de la Voix, chuchota-t-elle, rappelle cet homme en bas.

La carte emplit le couloir et descendit le long de la cage d’escaliers en disparaissant. Une voix masculine rappela l’homme de garde et ils entendirent les pas s’éloigner. Les deux amies gagnèrent l’étage suivant et Kero les rattrapa :

- Je ne sens aucune carte ! signala-t-il.

- Je sais, moi non plus, mais Lionel semblait croire que c’est ici qu’on...

Elle ouvrit la porte et se glissa dans la salle sans terminer sa phrase. L’immense hall était entièrement habillé de toile rouge et or, ce qui rendait l’ensemble simple et gracieux. Tiffany qui continuait de filmer s’approcha du cordon central qui encerclait la vitrine principale : le Jade d’Apurnha.

- Fais attention, il doit y avoir des caméras partout, souffla Sakura en cherchant du regard dans les renfoncements de la salle.

En effet, des objectifs disposés de façon évidente aux quatre coins de l’exposition étaient braqués vers eux. Kero s’envola et approcha l’une d’elle.

- Elles sont éteintes, nota-t-il.

- Ah bon ? s’étonna Sakura. C’est bizarre.

Tiffany rejoignit ses amis et haussa les épaules :

- Rien ne semble clocher. Es-tu sûre que si une force se trouvait là, elle se réveillerait ?

- Lionel semblait dire que quelqu’un les poussait à agir. Alors peut-être que seules, elles ne réagiront pas ! C’est pour ça que je trouve que c’est une très mauvaise idée de...

Elle s’arrêta. Une force se cachait tout près.

- Ca y est ? Tu la sens ? demanda Kero.

- Elle bien plus faible que les autres, mais...

Elle s’empara de son sceptre et se concentra. Elle sentait l’aura faible se faufiler le long du mur.

- Quelle carte ça peut être ? demanda Tiffany.

Sakura s’avança vers une des portes, le sceptre haut au-dessus de sa tête. C’était là, tout près... Derrière la porte.

Ses deux amis la rejoignirent et la secondèrent courageusement.

- Si c’est une force, elle est piégée, murmura Kero.

- Et si c’est un homme qui t’agresse, il sera filmé !!

Sakura fit la moue et jeta un regard inquiet à Tiffany qui sourit malicieusement. La poignée tourna doucement et la porte pivota. Sakura se jeta sur la force inconnue et abattit son sceptre sur la silhouette qui entrait !

- Yaaaah !! Force de...

L’individu reçut le sceptre en pleine figure et s’écrasa lourdement au sol.

- Aïeu !! Mais qui...

Sakura fit un pas en arrière.

- Vous ?!!

La jeune femme arrivait derrière :

- Nicky, c’est ok, le système de surveillance est coup... Toi ?!


Sakura jeta un regard gêné à Tiffany qui rangeait Kero, immobile dans son sac. L’homme assis en tailleur croisait les bras, un énorme pansement en travers du front.

- Comme si je n’en avais pas assez de me faire frapper !!

- Mais que fais-tu dans un tel lieu ?! demanda Laura à Sakura. A ton âge, les fillettes font de jolies rêves dans leur lit !!

- Et vous, alors... Vous êtes des cambrioleurs ? lança Sakura, la main sur une carte d’attaque. C’est vous qui avez débranché tout le réseau de caméras ?!

- Oui, c’est moi, reconnut Laura. Mais on n’est pas des voleurs, assura-t-elle plus sérieusement. Mais ça ne me dit pas ce que tu viens faire là, toi !!

Tiffany apporta un peu de glace à Nicky et celui-ci se tourna, en boudant.

- On est venues... euh... Ca ne vous regarde pas !

- Mouais... Encore des gamines de riches qui ne savent pas comment occuper leur temps perdu !

- Et vous alors ?! Drôle de sortie pour un couple...

Nicky la dévisagea et son regard devint sévère. Il se leva et vint pointer un doigt devant son nez :

- On n’est pas un couple ! Un couple c’est un homme et une femme... qui s’aiment !!!

Laura fronça les sourcils.

- Et où vois-tu une femme ?! cria-t-il à Sakura.

La massue de Laura l’enfonça dans le sol et elle se frotta les mains :

- Il m’énerve !!!

- Vous êtes drôles, sourit Tiffany.

- Bon, c’est pas tout, mais on a à faire, reprit Laura. Alors, rentrez vite chez vous...

- Nous aussi on a à faire, clama Sakura.

- Non, nous, c’est important... Nous sommes des adultes ! Allez, allez...

Nicky s’était aussitôt relevé et rampait avidement autour de Sakura en observant son justaucorps plutôt moulant...

- Dis, on n’aurait pas besoin d’une partenaire ? Hein, Laura, tu ne serais pas un peu fatiguée, en ce moment ?!!

Elle leva sa massue, les yeux remplis d’éclairs de rage, mais Sakura la devança et ses poings se recouvrirent de la Puissance pour le faire voler à l’autre bout de la salle :

- Je ne suis pas encore majeure !! lui hurla-t-elle.

Laura demeura paralysée de surprise.

- C’est pas malin, murmura Tiffany. Tu l’as envoyé à une dizaine de mètres.

Nicky se releva, tituba et retomba contre une des vitrines. L’alarme se déclencha et Laura sortit de sa torpeur, s’élançant vers son coéquipier. Les deux amies en profitèrent pour filer de leur côté.

- Mince alors... s’écria Laura en passant à côté du bijou. C’est une copie... La Taupe serait déjà passée... ?

- Beureu beuleu... bredouilla Nicky, assommé.


- Qui c’était ?! demanda Tiffany, accrochée derrière Sakura.

- Je l’ai rencontré au lycée, il semblait chercher quelque chose...

- Ah. Ils ont l’air sympa.

- Ouais ! N’empêche qu’on les a quand même rencontrés en pleine nuit et en pleine infraction dans un hôtel !

- Et que vont-ils penser de nous, alors ?

Sakura haussa les épaules :

- De toute façon, ils ne savent pas qui on est et ils ne nous retrouveront jamais !

- Oui, c’est vrai. Mais avec tout ça, on a trouvé aucune carte ! Et après-demain, c’est le spectacle !

- Tant pis. S’il faut je reviendrai après la danse.


- On n’a pas intercepté notre suspect numéro un et en plus la situation n’est pas très claire, je te le rappelle, cria Laura.

- Pourquoi ça ? parce qu’on a été découvert par deux gamines ? souffla-t-il en se retournant dans son lit, à demi-endormi. On a rien... à craindre.

- Ah bon ? Et comment peux-tu en être si sûr ?

- Rrrooonn... répondit-il, en plein sommeil.

- Il m’énerve... !

Elle referma la porte et il ouvrit les yeux. Cette fille... L’aurait-il enfin rencontrée... la célèbre chasseuse ?



Episode 15.3 : Le tueur et la chasseuse.


Sakura dévala les marches en courant. Elle n’était pas vraiment à l’heure !! Kero la suivait de près et la heurta de plein fouet quand elle s’arrêta net face au tableau des tâches.

- Mais... Thomas n’est pas là de la journée ?! C’est pas vrai, il m’a oubliée... !

- Tu m’as fait mal... grogna la peluche.

Sur le tableau, en bas : « Ton déjeuner est prêt... arrête de te plaindre, bonne journée. »

Elle sourit et cala le paquet joliment noué dans son sac, en attrapant d’une main dans le réfrigérateur une part de cake.

- Et moi ?!! s’étouffa Kero avec le morceau qu’elle lui avait calé dans la bouche... Che monche comment che midi ?!!

- Salut Kero, à ce soir... N’oublie pas le linge ! Bonne journée...

- Grrr !! Je suis pas ta bonniche... Grrrrr !


Devant l’entrée du lycée, un attroupement inhabituel. Sakura s’approcha et reconnut la voiture de Tiffany, autour de laquelle les élèves s’étaient regroupés. Tiffany sourit en la voyant :

- Que se passe-t-il, ici ? l’interrogea Sakura.

- Une de mes gardes du corps vient de mettre notre ami d’hier au tapis !

- Nicky ?

- Oui, et ça ne semble pas le gêner. Il est vraiment drôle ! Tant qu’il ne s’en prend pas à des lycéennes...

- Sakura... cria-t-on. Sakura, attend !!!

C’était Nicky qui tentait d’échapper à l’emprise des quatre femmes aux lunettes noires.

- Oh, non... pour qui je vais passer ensuite, moi ? se cacha Sakura.

- Saku... Aïeu !! Ca fait mal, ça, s’il vous plaît, mesdames... Sakura !!

Elle se mit à courir vers les casiers et Tiffany salua les femmes qui avaient immobilisé l’homme en imper.


Le cours de Math. Nicky lui faisait des signes, accoudé au grillage. Elle le vit détourner le regard vers une passante qui l’assomma à coup de sac à main tandis qu’il essayait de l’approcher de très près. Puis, il revint vers le lycée. Elle ne le regarda pas.

Le cours d’Anglais. Nicky s’était assis en tailleur sur le mur et patientait. Une autre jolie femme avec son chien passa derrière lui et il approcha à pas de loup. La jeune femme lâcha son berger allemand après l’homme qui se mit à courir dans tous les sens. Sakura secoua la tête et soupira.

La répétition générale. Nicky était collé aux vitres de la salle de conférence et cognait de l’index de temps en temps. Le groupe des terminales répétaient leur mouvement de majorette et il se frotta les mains en descendant. On cria. Bruits de bagarre. Il réapparut, la figure complètement tuméfiée. « Eh oui, ce sont les garçons de terminale qui sont en majorette » sourit Sakura.


- Vous êtes seule, Laura ? demanda Nogami.

La fort belle femme aux cheveux longs, bruns, croisa les jambes et alluma sa cigarette.

- Pour votre sécurité au corps à corps, expliqua Laura, gênée de devoir cacher l’absence de son partenaire, Nicky est en bas.

- Vous avez trouvé le traître de la Matsuhiro ? C’était bien Chandler Jones ?

- Eh bien... murmura-t-elle en souvenir de cette nuit où ils auraient dû intercepter ce voleur, c’est en bonne voie. Et connaissant Nicky...

Elle se renfrogna, les jambes croisées sur leur canapé. « Le connaissant, il va se faire arrêter pour détournement de mineur, oui !!! Grrrrr... »


- Qu’est-ce que vous voulez ?! lui lança Sakura, décidée à venir lui parler, à midi.

- Je te signale qu tu as fait louper notre mission, hier.

Son regard s’était transformé et son visage respirait le professionnalisme. Elle s’assit sur le mur au bord du grillage :

- Quelle mission ?

- Je suis sur une piste très périlleuse. Une femme vient de perdre sa sœur jumelle et elle pense que le meurtrier travaille dans son entreprise : La Matsuhiro & Cie. Tu connais peut-être.

Elle répondit par un signe de tête et elle s’assit à son tour.

- Hier, cet homme, la Taupe, devait voler le Jade. Et Laura et moi avions prévu de le prendre la main dans le sac.

- Je vous ai gêné, comprit-elle. Je vois.

- En effet. Mais, je ne t’en veux pas : la Taupe est passée avant nous... Je crois que... Chacun a ses responsabilités et je n’ai pas su assumer les miennes.

- Alors, vous êtes de la police ?

- Non, pas exactement. En fait, je fais partie d’une police parallèle qui a ses propres règles.

Il la dévisagea sérieusement et :

- Je suis un nettoyeur.

Elle ouvrit la bouche, surprise :

- Une homme d’entretien ?!

Il glissa par terre et se releva doucement :

- Naaan... Je suis tueur à gages, garde du corps... un privé, quoi.

- Ah !! 

- Ne t’inquiète pas, la rassura-t-il. Je ne te veux aucun mal...

- Je n’ai pas peur de vous, sourit-elle.

- C’est ce que je constate... C’est un peu étrange, non ?

- Non. Je ne sais pas... Mais pourquoi me dites-vous tout ça ?

- Je me suis dit que comme tu m’avais gêné, tu me devais une aide.

- Mais je... Je ne suis qu’une... enfant.

Il sourit et se leva.

- Qu’une enfant, hein ? Et l’objet avec lequel tu m’as assommé, c’est un jouet, peut-être ?

- Comment ça ? Que savez-vous... ?

- Je pense avoir reconnu un symbole... que j’avais presque oublié avec les années !

Elle ne savait quoi dire.

- Et je n’ai pas eu besoin de le mémoriser, précisa-t-il... Tu me l’as gravé sur le cuir chevelu !!! montra-t-il en baissant la tête.

- Je suis désolée.

- Je plaisantais.

Il sourit et enfonça ses mains dans ses poches.

- On se reverra, chasseuse. Je pense qu’on peut s’aider mutuellement. Réfléchis-y ! A bientôt.

L’homme la quitta et elle fut surprise de ressentir de nouveau cette aura étrange qui l’entourait. Comme un halo, comme une protection magique... Qui était-il vraiment pour dégager cette force, cette puissance ?

- Il te fait de l’effet, sourit Tiffany, en la faisant sursauter.

- Ah !! tu m’as fait peur.

- Tu as le chic pour t’entourer d’hommes mystérieux, tu sais ?

- Lui, il est pris, sourit Sakura.

- C’est vrai... Lui et sa coéquipière ont beau se disputer ainsi, je l’ai tout de suite deviné.


- Il sait qui tu es ?! s’écria Kero. Mais tu le dis à tout le monde ou quoi ?!

- Calme-toi. C’est lui qui est venu vers moi. Il semble qu’il connaît le sceau terrestre.

- S’il y a une chose que personne ne peut connaître à ton époque, c’est bien ce sceau. Je crois que tu ne réalises pas que ce sceau est ancestral... inconnu... et redouté.

- Redouté ? s’assit-elle sur ses draps.

- Rappelle-toi le fléau prévu par Clow...

- Clow Cards, se mit-elle à réciter, quand le sceau sera brisé, sur ce monde s’abattra le fléau... Je me souviens très bien. Mais j’ai évité que l’oubli ne s’empare de moi et des autres lors du jugement, non ?

- Mmm, réfléchit Kero. Quand le sceau...

- Kero ? Tu es avec moi ? A quoi penses-tu ?

- Hein... euh, rien...

Elle le dévisagea sans comprendre. La peluche s’envola vers le tiroir et en sortit le livre du sceau terrestre avant de reprendre son apparence de gardien ailé.

- A quoi tu penses, enfin, dis-moi !

- Au fléau.

- L’oubli ?

- C’est ce que m’avait expliqué Clow. Il m’avait prévenu que je devais garder les cartes. Si un jour quelqu’un venait à les libérer, le fléau serait l’alternative suprême au jugement. L’oubli devait se répandre à moins...

- A moins... ?

- A moins que la personne qui avait réveillé les cartes ne deviennent le chasseur et les récupèrent. Yue avait ainsi la mission de juger celui qui les avait réunies, pour savoir si celui-ci pouvait devenir le propriétaire des cartes...

- Mais je le sais, tout ça, Kero.

- Oui, mais je me demande depuis quelques temps déjà si je n’aurais pas été emprisonné dans le livre. Quand tu m’as trouvé, je dormais. Au début, j’ai cru que je ne me souvenais plus du moment où je m’étais endormi car cela remontait à une trentaine d’années. Mais...

- Tu penses que Clow t’aurait fait prisonnier du livre ? C’est ça ?

- Effectivement.

- Mais dans quel but ? Il n’avait pas confiance en toi ? Il pensait que tu pourrais abandonner le livre pour aller manger des sucreries ?

- Ce n’est pas drôle... Je commence à croire qu’en effet seul celui qui libèrerait les cartes pourrait me réveiller... Clow m’a endormi. Et pas Yue. Il l’a laissé libre de quitter son livre. Tu trouves ça normal ?

- Il est le juge, c’est normal ! Tu m’avais bien dit que Yue voulait me surveiller... et donc il avait créé Mathieu pour tomber amoureux de moi, ce qui n’a pas très bien marché, sourit-elle.

- Justement, assura Kerobero. Quand as-tu connu Mathieu ?

Elle réfléchit et il l’interrompit alors qu’elle allait répondre.

- Et quand as-tu libéré les cartes ?

Elle ouvrit grand les yeux et se leva.

- Bien après ! Mais... Mais...

- Eh oui... Yue s’est libéré du livre de Clow bien avant que tu ne t’approches des cartes ! En gros...

- Il savait que c’était moi qui allait l’ouvrir ?

- Tout juste. Clow te destinait le livre, on le sait. Ce qui m’apparaît clairement c’est que personne d’autre que toi ne pouvait me libérer. Tout ce qu’il m’avait dit était donc faux. Jamais un autre n’aurait pu m’éveiller, être jugé et perdre face à Yue. Et s’il savait que tu étais la CardCaptor, alors l’oubli n’est pas le fléau de la légende... j’en suis sûr !

- Pourquoi ça ?

- Selon toi, pourquoi prévoir un lot de consolation s’il n’y a jamais de perdant ? Si le seul et unique jugement devait bien se passer ? On peut donc en conclure que le fléau n’existe pas. Ou alors que ce n’est pas l’oubli mais une toute autre chose qu’on ne connaît pas encore, ce qui expliquerait l’éveil des forces sauvages...

- Mince alors, se laissa-t-elle tomber sur ses draps. Mince... alors... Le livre m’était donc destiné à moi et à moi seule ? Wahou !


(A suivre)

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