Les Manuscrits de l'Apocalypse (saison 1)

Chapitre 18 : Réveillon

5362 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/04/2021 17:33

Episode 17.1 : Les préparatifs.


Le souffle se regroupa en une énorme boule qui se mit à rouler dans la rue déserte, par cette nuit claire. Sakura, volait le long des arbres et se dirigea vers le parc. Cela faisait deux jours que la Neige envahissait la région toute entière. Et voilà qu’elle l’attaquait. Sakura plongea en contre-bas, en travers de la route et déboucha dans le parc.

Son téléphone sonna et elle décrocha en virant de bord sans arrêt pour éviter les arbres que la boule de neige esquivait avec autant de soin.

- Oui ?

- C’est moi, où es-tu ?

- Tiffany... Dans le parc au sud. Je vais bientôt voir la mer plus bas... Et toi, où es-tu ?

- Au-dessus ! On arrive, regarde !

Elle leva le nez et aperçut l’hélicoptère qui approchait.

- Cette nouvelle tenue te rend encore plus gracieuse ma chère Sakura ! Je t’adooore !

Sakura déploya ses ailes et s’éleva. La boule éclata et un souffle de neige la suivit de près. Tiffany, caméra au poing, se pencha au-dessus de son amie et l’aperçut redescendre vers les quartiers qui longeaient la mer.

Sakura hésitait encore. Comment lutter contre cette Neige... ? Elle ne possédait aucune carte de chaleur... Elle survola les dernières maisons et aperçut la côte.

- Où nous emmènes-tu, Sakura ?

- Je vais essayer de la faire fondre... dans l’eau de mer ! Mais attends, sursauta-t-elle. Ton pilote nous voit ?

- Fiona ne dira rien, ne t’en fais pas.

- Ah... Suivez-moi, alors !

Un second hélicoptère apparut tout-à-coup en face, un large projecteur braqué sur Sakura.

- Qu’est-ce que c’est que ça ?!!


Thomas venait de se frapper le front et se laissa tomber en arrière sur le canapé.

- Elle avait dit qu’elle serait discrète !!!

Mathieu sourit et haussa le son de la télévision où ils suivaient le voyage de Sakura.

- Comme vous le voyez, à l’heure où je vous parle, nous pouvons observer cette jeune personne qui... vole ! Je suis aussi surprise que vous. Peut-être est-ce là une nouvelle forme d’avion... Nous nous approchons...


Sakura accéléra en arrivant près de la plage. Elle frôla les plus hautes vagues et s’éloigna sur la plage aux rochers saillants. La Neige se répandit tout autour et les deux hélicoptères se retrouvèrent perdus dans le brouillard. Sakura finit par se poser sur le sable, à peine recouvert par les chutes continues de neige de ces derniers jours. Ses ailes disparurent et elle observa Snow jouer avec les deux engins.

- Ils vont se heurter si je n’agis pas... Mais quelle carte utiliser pour l’immobiliser ?

Elle fit un pas en avant et sentit les grains sous ses semelles.

Dans sa poche, la carte du Sable s’était mise à chauffer.

- Mais... Que se passe-t-il ? s’étonna-t-elle en sortant la carte.

Pourquoi cette chaleur ? Le souvenir de la Puissance sur le port la traversa : la Puissance aussi avait chauffé tandis que Brice utilisait sa propre Puissance pour lutter contre le Combat. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Elle jeta pourtant la carte devant elle :

- Carte du Sable !

Des grains de sable... des flocons de neige. Cela se ressemblait tant ! Alors peut-être que...

- Carte du Sable, rejoins la Neige et neutralise-la !!

Un puissant jet s’envola de la Carte et rejoignit les hélicoptères qui fuyaient la tempête qui se renforça avec le sable.

Très rapidement, pourtant, les deux cartes s’opposèrent et de larges tourbillons apparurent dans la masse aérienne. Sakura s’envola et approcha du nuage mixte :

- Carte de la Neige. Quitte la forme qui est tienne. Deviens Carte, carte de l’éterneeel !!


- La tempête s’est calmée, on dirait, souffla la journaliste à l’écran. Mais je ne vois plus celui qui semble être le mystérieux sauveur du Temple Tsukimine.

- Merci Josia, apparut alors un homme en studio.

- Quelle andouille, cette sœur ! s’écria Thomas. Bientôt elle donnera des interviews !

- Tu sais, la presse tient un bon sujet. Le public raffole de ces histoires de sauveurs mystérieux !

- Oh la, la... souffla Thomas. Où est-ce qu’on va ?


- Je n’en peux plus, soupira Sakura tandis que James Davy écrivait au tableau ses vœux pour Noël avant les vacances qui débuteraient le lendemain.

- Tu étais fabuleuse !! souffla Tiffany.

- C’était risqué... Surtout avec cette journaliste ! Comment se fait-il qu’elle était là ?

- L’instinct de journaliste peut-être.

- Voilà, se retourna le professeur. Je vous souhaite donc de bonnes vacances !

Des élèves se levèrent tandis que sonnait la fin du cours. Sakura, elle, pencha la tête en arrière. Un peu de repos, enfin. Ces vacances venaient à point. Dominique ne rentrerait pas. Il avait écrit. Ils faisaient une longue halte au musée de Madrid et ils passeraient donc les fêtes là-bas... Les fêtes et...

Les deux amies quittèrent finalement la salle et Tiffany entraîna son amie vers la salle de vidéo.

- Tu vas voir, j’ai trouvé un détail intéressant !

Elle referma la porte et enfila sa cassette dans le lecteur. La lumière baissa et le film commença.

- Oui, c’est là...

Sur la toile blanche, la scène de capture de la Chasse.

Sakura avait demandé à Yue d’humidifier et de geler la salle entière, pour refléter chacune de ses propres attaques. Kero se tenait prêt à piéger la carte avec le Bouclier et la Puissance et Yolis se proposa d’aller chercher l’humain qui avait attiré la carte au loin. Il quitta la scène et disparut derrière le rideau.

- J’ai retrouvé cet enregistrement des coulisses, regarde.

Sakura, attentive, observa le personnage ailé. Il disparut. Quelque seconde après il réapparaissait, Nicky sous un bras, à demi-évanoui.

- Eh bien ? demanda Sakura...

- Tu n’as pas remarqué ? Il a disparu !

Tandis qu’à l’écran, la Chasse se trouvait prisonnière de cette salle transformée en un miroir géant, Tiffany fit une pause et repassa le film. Sakura ouvrit grand les yeux.

- Tu as raison... il ne s’envole pas, il disparaît et réapparaît ! Mais je n’ai pas de carte qui ait ce pouvoir ! Enfin, se reprit-elle, je n’en connais pas !

- Si, voyons, Erase ! Mais il n’a pas simplement disparu comme nous dans la grotte, comme tu me l’avais expliqué, il est réellement sorti de la salle de conférence par ce moyen ! On peut parler de... transfert, ou de téléportation.

- Mais ça n’existe pas !

- Tout juste...

- Alors ce serait un pouvoir propre à Yolis ?

Tiffany secoua la tête.

- Non, moi, je vois encore plus loin. On sait que tes trois gardiens utilisent les forces des cartes... Et si c’était une force nouvelle ? Une force qui n’existait pas dans l’ancien jeu de Clow... ?

- Tiffany... sourit Sakura en observant la scène. Enfin...

Et pourtant l’idée n’était pas si incongrue.

- Je crois, ajouta Tiffany, qu’il faudrait demander à Kero et Yue comment Clow a créé ses cartes. J’ai bien une petite idée, mais ça me paraît...

- Oui ?

- Non, non. Nous verrons ça plus tard, fit-elle en rallumant la lumière. Nous avons un réveillon à préparer, je te rappelle. Maman nous laisse gentiment nous en occuper.

- Et je n’ai pas encore acheté mes cadeaux, se rappela Sakura.

- Ne tardons pas alors !


Elles parcoururent les rues bondées à la recherche des meilleures idées. Le repas prit peu à peu forme autour de leurs achats. Dans le milieu de l’après-midi, elles se séparèrent enfin, chacune ayant quelques préparatifs à envisager tels que leurs cadeaux et leur tenue... Sakura rentra donc chez elle et trouva la maison complètement décorée.

- Whouahou ! s’écria-t-elle en arrivant, laissant ses chaussures dans l’entrée. Thomas ?! Thomas tu es là ?

- Non, il est sorti, répondit une voix dans la cuisine.

Elle s’y précipita et trouva Lionel.

- Ben, qu’est-ce que tu fais là ? lança-t-elle, étonnée.

- Je suis désolé, je venais te voir et ton frère m’a demandé de rester pour qu’il ait le temps d’aller en ville.

- Ah bon ? C’est gentil d’avoir accepté, approcha-t-elle pour lui faire la bise. Mais... Tu fais la vaisselle ?!

- Euh, oui, articula-t-il, gêné...

- C’est Thomas qui te l’a demandé ?!

- En fait... Euh, non, c’est entre nous. Ne t’en fais pas, rougit-il alors.

- Ah... Bon, en tout cas, ça me fait plaisir de te voir. Tant que j’y pense, je suppose que tu vas passer Noël à Tomoeda.

Il se replongea dans la vaisselle sans répondre.

- J’en étais sûr... Est-ce que ça te dirait de venir avec nous chez Tiffany ?

- Mais, je... Elle ne le sait pas, je ne veux pas gêner.

- Mais non, tu ne vas pas gêner ! Quelle idée ! Et demande à Pierre de venir, je ne voudrais pas qu’il soit seul, lui aussi !

- Mais enfin, Sakura...

Elle fit la moue et se précipita vers le téléphone. Quelque secondes passèrent et elle lui cria du couloir :

- Tiffany te le demande en personne. Tu vas dire non ?

- Bien sûr que non, souffla-t-il.

- Il vient, Tiffany ! A ce soir ! raccrocha-t-elle finalement avant de le rejoindre. Et voilà, le tapota-t-elle à l’épaule, tu viens avec nous !

- Merci Sakura, rougit-il. Merci de penser à moi.

Elle le dévisagea, alors qu’il avait baissé les yeux vers l’assiette qu’il tenait à deux mains. La mousse glissa en silence sur ses gants et elle sourit tendrement sans détourner son regard. Elle approcha et déposa une bise sur sa joue.

- C’est normal, Lionel. Tu comptes beaucoup pour moi. Je suis heureuse que tu sois là.

Il esquissa un sourire et la dévisagea brièvement. Il acquiesça.

La porte d’entrée s’ouvrit et il se remit à faire la vaisselle.

- C’est nous ! lança Thomas.

Elle accourut et il cacha quelque chose derrière lui, se contractant d’un coup, surpris :

- T’es rentrée, petit monstre ?

- Qu’est-ce que tu caches ? sourit-elle, curieuse.

- J’ai fini !! cria soudain Lionel de la cuisine.

Il s’essuya les mains, rependit le torchon, courut vers l’entrée, passa à côté de Mathieu et frôla Thomas qui lui passa discrètement le paquet. Il enfila ses chaussures :

- A ce soir !

Il sortit en claquant la porte. Sakura s’était figée.

- Quelle mouche le pique ? souffla-t-elle.

- J’ai toujours dit qu’il était bizarre, murmura Thomas en rentrant.

- Qu’est-ce que tu cachais dans ton dos ? le suivit-elle dans le salon. Et pourquoi tu lui as demandé de faire la vaisselle, t’es pas un peu gonflé, non ?

- C’est lui qui voulait ! rétorqua Thomas en prenant une revue.

Mathieu sourit et suivit Thomas dans sa chambre. Il se retourna vers Sakura et lui adressa un clin d’œil qu’elle ne comprit pas.



Episode 17.2 : Chez Tiffany.


On les accueillit et on les conduisit dans la salle à manger de la grande demeure.

- Bonjour !! s’écria Suzanne en s’approchant de Sakura pour prendre ses mains. Je suis si heureuse que tu sois venue!

Elle sourit à Thomas qui hocha le menton :

- Bonjour, Suzanne.

- Viens donc voir ce que j’ai préparé avec vos courses, Sakura, l’attira-t-elle vers la cuisine.

- Je vous suis !

Tiffany s’avança vers eux et observa leur tenue de soirée.

- Vous êtes vraiment beaux tous les deux !

- Merci, Tiffany, c’est gentil, répondit Mathieu.

- Ca sert quand même un peu, s’énerva Thomas, un doigt dans le col pour le desserrer un peu.

- Mais ça te va si bien, lui murmura Mathieu.

Thomas sourit et ôta son doigt de son col.

- Vous voulez boire quelque chose ? Maman vous a un peu oubliés... Elle retrouve tant Nathalie en Sakura qu’elle retombe presque en enfance !

- C’est touchant, souffla Mathieu.

Elle les accompagna au salon et Suzanne passa dans le couloir en entraînant Sakura qui leur fit signe en passant. On sonna.

- Ce doit être Lionel. Vous m’excusez ?

Elle se leva et se dirigea vers l’entrée où déjà un domestique faisait entrer le jeune homme. Son majordome le salua et lui souhaita de bonnes fêtes avant de repartir.

- Bonsoir, Tiffany. Je suis le dernier ?

- Ce n’est rien, mère est en train de montrer la nouvelle décoration de la chambre. Tout en pétales de fleurs de cerisier !

- Oh.

- Pierre ne vient pas ?

- Non, il a insisté pour avoir sa soirée.

Ils retournèrent dans le salon et Lionel salua une nouvelle fois les deux amis.

- Et nous voilà au complet ! siffla Thomas.

- Pas encore, sourit Tiffany. La surprise va arriver !

- Une surprise ? s’étonna Mathieu.

- Qu’as-tu préparé, Tiffany... ? murmura Thomas. Tu as encore fait des folies ?

- Non, c’est Sakura qui l’a voulu... Mais soyez patients! Moi aussi, je vais la découvrir avec vous, mais j’ai ma petite idée.

Les trois hommes se regardèrent à tour de rôle sans comprendre.

- Et voilà, arriva Suzanne en tenant la main de Sakura, qu’en penses-tu ?

- C’était très joli !

- Madame ? l’interrompit-on. Pouvez-vous venir ?!

- Bien, bien, bien... Je dois vous laisser un moment... s’éloigna-t-elle.

- Tiffany nous a parlé d’une surprise... souffla Thomas.

Sakura haussa les sourcils.

- Il n’est pas encore là, sourit-elle largement. Ta mère a fait un travail de déco... lança-t-elle à Tiffany avant d’apercevoir Lionel, entre le sapin et une porte fenêtre. Ah, tu es arrivé !!

- Oui.

Une sonnerie de téléphone les surprit et Thomas s’excusa en se levant, sortant de sa poche le portable.

- Tu as un téléphone ? lui lança Sakura.

- C’est mon employeur au parc...

- Au parc ?

- Allô ? s’éloigna-t-il. Oui...

- Quel parc?

- Le parc d’attractions près du port emploie des agents de sécurité, expliqua Mathieu et nous nous somme proposés.

- Ca ouvre demain, avança Lionel. Ils ont retardé la date à cause de la neige. A mon avis, il va y avoir du monde, Sakura.

Elle fronça légèrement les sourcils :

- Tu veux dire que...

- Je ne sais pas, autant prévoir.

- Thomas ? lança Suzanne en revenant dans le salon.

- Il est au téléphone, précisa Tiffany.

- Ah... Il me faut un homme fort. Un petit problème de gaz...

- Je vous suis, se leva Mathieu.

- Merci bien !

Thomas arrivait et rangea son cellulaire.

- On a le job, Mathieu... Mais où est-il ?

- Avec mère en cuisine.

- Ah. On commence demain.

- Le jour de Noël ?!

- Oui, c’est un jour qui attire particulièrement la foule et ils ont besoin de monde pour veiller à l’ordre.

- Nous allons pouvoir passer à table ! annonça finalement Suzanne. Tout est arrangé !

Mathieu la suivait et rejoignit les autres.

- Non, j’attends encore un ami ! Il ne dev...

Elle sourit. Elle l’avait senti approcher de la maison. Elle se précipita dehors et le retrouva sur la terrasse. Elle l’entraîna derrière la maison pour se cacher des regards indiscrets :

- Tu en as mis du temps, lui souffla-t-elle.

- J’ai fait comme j’ai pu ! Je ne le trouvais plus! Et puis j’ai dû marcher sur tout le chemin, tu crois que c’est facile ?

- Et tu l’as ?

- Bien sûr, sourit-il.

Il lui tendit le paquet et elle se jeta à son cou. Il revinrent vers l’entrée et Lionel s’éloigna du rideau pour qu’elle ne le vît pas l’espionner, au bras de ce blondinet... Le jeune homme qui souriait à Sakura était moyennement grand mais dégageait une classe bien particulière. Les cheveux mi-longs, plusieurs mèches rebelles tombant sur ses yeux, il étaient vêtu richement. Son costume rouge et or imposa le silence à tous quand il entra. Il les salua bien bas et Suzanne s’approcha, admirative.

- Sakura... Qui est ce beau jeune homme ?

- Enchanté madâme, se pencha-t-il pour baiser sa main.

- Quelles manières... sourit-elle, ravie.

Thomas se leva, en le dévisageant curieusement. Puis il se dirigea vers la table et sans se retourner :

- Et on continue à l’appeler Kero ou pas ?

- HEIN ?!! s’écrièrent Tiffany et Lionel en le rejoignant.

- C’est Kero ? souffla Mathieu. Eh bien...

- Suzanne, expliqua Sakura, c’est un ami de longue date que je ne voulais pas laisser seul à dîner ce soir.

- Mais tu as bien fait ! Si c’est l’un de tes amis, alors il doit être tout à fait recommandable.

- Et goinfre, murmura Thomas.

- Kero... s’avança Tiffany. Je savais quelle beauté la Création pouvait engendrer mais pas à ce point ! Tu es...

- Humain, souffla Lionel, tout aussi ébahi.

- Que voulez-vous dire ? s’interrogea Suzanne.

- Euh...

- A table, non ? lança Thomas. Faisons honneur au repas de Noël de notre hôte !


Le repas se déroula sans heurt. La bonne humeur régnait. Il y eut quelques taquineries de Thomas, quelques pieds écrabouillés par sa sœur, plusieurs compliments à la maîtresse de maison, des photos surprises et des grimaces involontaires, de nombreux éclats de rire et des fous rires communicatifs, des pétillements dans les yeux et de la chaleur. Cette douce chaleur...

Suzanne était heureuse de la soirée. Heureuse de la partager avec sa fille. Heureuse de faire la joie de la fille de Nathalie.

Lionel jetait des regards souriant à Sakura. Sans qu’elle ne s’en aperçoive réellement, il se sentait bien. Les mots de Yue résonnaient encore en lui. Amour, amour propre, des sentiments de moins en moins confus, mais prisonniers de son destin.

Sakura avait trouvé la chaleur d’une famille alors que la sienne s’était restreinte aux deux enfants. Elle songeait avec bonheur à son père. Il pensait également à elle et cela comptait plus que tout. Et elle se disait qu’au moment où sa famille était dispersée, des gens nouveaux venaient habiller son présent de plus belles couleurs encore. Kero, enfin de retour, Mathieu, redevenu lui-même et Yue calme à présent, Tiffany, toujours là pour elle depuis toujours, Lionel et leur réconciliation et un nouveau gardien à présent. Bianka. Tout un nouvel univers qui s’élevait autour d’elle en rempart contre les malheurs. Que demander de plus ?

Thomas ressentait pleinement la joie comblée de sa sœur et il en savourait le plaisir intense que cela lui procurait. Et puisqu’elle avait choisi d’aimer, pourquoi la freiner ? Personne ne l’avait freiné, lui...

Mathieu savourait ces instants et le malaise qui l’envahissait au fil des jours disparut pour la soirée. Il se sentait bien. Sakura avait tenu à fêter son anniversaire dans l’après-midi. Elle lui avait offert un superbe cadeau, une cravate ornée de lapins blancs vraiment adorables.

Kero ne savait comment remercier Sakura pour cette idée aussi surprenante que généreuse. Elle pensait à lui. Elle ne l’oubliait jamais. Quelle meilleure maîtresse pouvait-il trouver ?

Tiffany, elle, goûtait avec surprise à un sentiment nouveau. Elle ne désirait pas le partager et chercha sans cesse le regard illuminé de ce jeune homme qui la séduisait. Elle avait banni toute raison. C’était Kero. C’était cette peluche adorable. C’était un gardien, un être magique... Elle ne pouvait pourtant s’empêcher de détourner le regard quand il posait innocemment les yeux sur elle. Etait-elle... ? Se pouvait-il que d’un simple regard, en une seconde, elle se soit éprise de lui ? Etait-ce possible ?

La soirée se poursuivit ainsi, dans le bonheur.




Episode 17.3 : Joyeux Noël !


Thomas sourit quand Sakura ouvrit son dernier cadeau. Quelle enfant elle faisait. Quelle gamine. Et dire que cette enfant était une grande magicienne, une puissance sorcière de cette époque. Suzanne piétinait sur place le tapis du salon en attendant que les deux jeunes filles aient ouvert leur cadeau respectif . Assis, près de Thomas, Mathieu décroisa les bras et applaudit avec les autres quand il aperçut la surprise qui s’affichait sur le visage angélique de Sakura.

Tiffany posa une main sur la sienne et sourit tendrement :

- C’est de ma part.

- C’est une cassette vidéo de... de quoi ? articula Sakura.

- D’après toi... murmura Tiffany.

Suzanne se leva aussitôt :

- On la regarde ?

- Euh... bafouilla Sakura, je ne sais pas si...

Tous savaient ce que contenait la cassette et Lionel fit un pas en avant.

- J’ai un cadeau moi aussi !

Sakura leva les yeux vers lui.

- C’est pour toi, Tiffany, lança-t-il.

- Pour moi ?

Elle le prit et le remercia. Elle défit le papier et trouva un ensemble de dessin.

- C’est pour tes modèles. Comme ça tu pourras dessiner tous les ensembles que tu veux pour Sakura.

- Ce cadeau est un peu pour nous deux, alors, souffla-t-elle en le voyant rougir, le visage tourné.

- Un peu oui.

- C’est vraiment gentil, clama Suzanne. Qu’est-ce que c’est chou ! Ca mérite un gros bisous, les filles, non ?

Il vira au violet et recula en les priant d’un geste de se retenir.

- Un peu plus et il fume, regardez, le taquina Thomas.

Un frisson le parcourut soudain et Sakura et Lionel levèrent le nez ensemble.

« Non, pas ce soir... se plaignit-elle silencieusement »

- Bon, je vais préparer du thé, lança Suzanne qui n’avait pas aperçu leur air inquiet.

Tiffany se leva et jeta un regard à Kero avant de suivre sa mère.

- Attends-moi, lui dit-elle.

Sakura récupéra la carte de la Création et Kero se précipita vers la fenêtre. Yue apparut subitement en plein salon et Sakura les dévisagea un instant :

- Vous ne pouviez pas attendre d’être dehors, non ?

- Une force, souffla Yue. Mais quelle aura étrange.

Lionel sortit en courant et Sakura le rejoignit en sortant sa clef.

Quelle surprise : la rue était pleine de monde. Les gens étaient sortis pour chanter en une longue procession qui s’écoulait lentement dans les rues. Les deux gardiens préférèrent retrouver leur forme d’emprunt. Les deux chasseurs, eux, débouchèrent dans la masse qui les accueillit par un refrain de Noël bien connu.

- Elle est partout, murmura Lionel en se figeant dans la foule.


- Qui en veut exactement ? revint Suzanne. Où sont-ils tous ?

- Dehors, souffla Thomas. Je peux vous aider ?

- Oui, si tu veux.


Les silhouettes les frôlaient en chantant et Sakura fut heurtée par un homme d’une quarantaine d’année qui ne s’arrêta pas et poursuivit sa marche. Prise d’un doute elle le suivit et tenta de l’appeler, sans succès. Lionel la rejoignit et la vit secouer une dame assez fortement.

- Sakura, voyons... Prends un bâton tant que tu y es !!

- Mais non... Tu es bête. Ils sont comme hypnotisés !


Suzanne s’était mis à fredonner et elle laissa échapper la théière qui se fracassa violemment sur le carrelage, arrosant tout le monde d’une eau à peine tiède.

- Suzanne ? Ca va ? l’interrogea Thomas...

Tiffany s’était mise à chanter aussi, et elle ouvrit un tiroir pour en sortir un couteau.

- Tiffany... ? Oh !! lui cria-t-il en la voyant venir vers lui.


Un nouveau passant heurta Lionel et l’attrapa par le col pour le pousser dans la foule. Lionel eut juste le temps de s’échapper des mains de l’homme et Sakura lui cria de faire attention. Une femme levait vers lui une canne et il bondit sur le côté, perdant Sakura de vue. De son côté, deux mains se refermèrent sur sa gorge et elle ne put bientôt plus respirer.

- Sakura ! Sakura ? Où es-tu ?! cria Lionel. Sakura, réponds !!

Il esquiva un violent coup de poing et se mit à courir vers l’endroit où il l’avait quittée.


Kero secoua la tête et Mathieu soupira :

- On ne peut agir, il y a trop de monde, souffla la peluche, entre les mains de Mathieu.

Un couteau fendit l’air devant leur nez et Kero vit l’arme se planter à côté de lui dans le mur.

- Elles ne sont plus elle-mêmes, cria Thomas en les croisant en courant, sortez !

Ils quittèrent la maison et Tiffany et Suzanne les suivirent.

- Que se passe-t-il ? demanda Mathieu.

- Elles chantent !! Elles sont comme ça depuis qu’elle chante ! Kero, ne me dit pas qu’il y a une carte de la Chanson !

- Si, si, hocha-t-il la tête, mais elle n’a pas cet effet !

- Comment lutter contre elle ? lui demanda-t-il en se réfugiant tous derrière la cabane du jardin.

- Mais ce n’est peut-être pas la force du Chant !

- Je crois que si... Et il faut prévenir ma sœur...


Sakura aperçut Lionel courir entre les personnes qui tentaient de l’arrêter, il bondit par-dessus une femme âgée et frappa du pied l’épaule de celui qui étranglait Sakura. Celle-ci bascula en avant et déjà Lionel sortait son épée. La fureur de la foule redoubla. Et les mains tentèrent de les empoigner. Il les frappa avec le côté de l’épée et les repoussa tant bien que mal.

- Pourquoi en ont-ils après nous ? s’écria Sakura.

- Je ne sais pas... Essaie de sortir ta clef !

Elle l’attrapa et la foule s’agita encore plus.

- Non, attends, l’arrêta-t-il... Ils ne s’attaquent pas entre eux, tu as vu ? Qu’est-ce qui les différencie de nous ?

- Je ne sais pas... réfléchit-elle à toute vitesse... euh, on a des pouvoirs !

- Non... C’est parce qu’ils chantent tous !

- Alors, on doit chanter ?!

- Bien obligés...

Les deux adolescents se relevèrent et tentèrent de suivre la musique.


- Ils sont là, les aperçut Kero.

- Que font-ils ? s’interrogea Yue.

Autour des deux chasseurs, la foule perdait peu à peu son agressivité, cherchant à présent un sens dans lequel progresser sur la rue.

- Ils ont compris la façon d’agir de Song, clama Yolis en apparaissant à leur côté.

- Ah, te voilà, toi, grogna Kero. Et bien sûr, tu sais déjà tout. Tu ne peux pas les aider ?!

- Non, je n’en ai pas reçu l’ordre.

- L’ordre, releva Yue.

- Quel gardien tu fais ! lança Kero.

Yolis sourit :

- Mais j’en ai bien l’intention.

Il descendit dans la foule et se posa entre les deux adolescents.

- Bianka ? s’étonna Sakura.

- C’est lui le Gardien, demanda Lionel ?

- C’est moi, souffla Yolis, continuez de chanter. Sakura, souffla-t-il. Song est une de « mes » cartes. Donc affiliée au vent. Tu n’as rien pour lutter, n’est-ce pas ?

Elle haussa les épaules en reprenant le refrain avec la foule.

- Mais tu es intelligente. Le feu contre le feu.

- Qu’est-ce que tu dis ? lança Lionel.

Sakura sourit. Pour quoi ne pas y avoir pensé... ? Même si Song était sauvage, elle fonctionnait toujours à peu près de la même façon !! Le sceptre s’allongea dans sa main et elle lança une carte devant elle. Yolis acquiesça et disparut aussitôt, à la grande surprise de Lionel.

- Le feu par le feu, se répéta Sakura.

- Comme le Miroir, se rappela le jeune homme : Illusion contre Mirror !

- Carte de la Voix, donne-moi l’intensité de toute cette foule !

La lueur de la carte s’enroula autour du cou de Sakura et elle commença à chanter, poussant sa voix plus haut et plus fort que l’ensemble des gens. Ceux-ci se trouvèrent freinés puis arrêtés.

- Chante, Sakura ! l’encouragea Lionel en sortant son compas magique. Je crois que ça plaît à Song.

Le faisceau lumineux zigzagua entre les gens et Lionel et Sakura le suivirent. Après avoir parcouru toute la foule, ils parvinrent enfin à celui qui était visé.

« Monsieur Davy ?! » songea Sakura, sans arrêter de chanter.

Elle leva son sceptre au-dessus de son professeur et se tut. Mais la force du Chant ne réagit pas, enchantée d’avoir chanté avec une si puissante voix.

- Carte de la Chanson, quitte la forme qui est tienne ! Deviens Carte, Carte de l’éterneeel !!

Une forte aura s’éleva du corps du professeur et retomba dans la carte qui se créait. Sakura eut juste le temps de ranger son sceptre que déjà monsieur Davy revenait à lui, se demandant où il se trouvait.

- Sakura Gauthier? Tu sais ce que nous faisons, ici ?

- Euh... non, je me... demande bien, feignit-elle maladroitement.

- Ah...

Lionel la tira en arrière et ils se dirigèrent vers la maison de Tiffany.

- C’est qui ? demanda-t-il.

Elle se sentait toute légère. Il passa une main devant ses yeux et tenta de la faire revenir sur terre.

- C’était monsieur Davy, sourit-elle largement. Je me sens toute chose, des fois, quand je le vois ! Mais pas tout le temps, éclata-t-elle de rire. Pas tout le temps, en fait. Des fois ! Pouh ! Je ressens rien du tout.

- On dirait que tu es saoule... Rentrons...


L’homme la regarda partir et un individu en imper le rejoignit sur le trottoir.

- Comment a-t-elle su que c’est toi qui portait cette force, Jonas ?

- Je ne sais pas, je crois que le gamin a un objet qui les localise.

- Le compas de Clow ? Tu dois te tromper, il ne localise que les cartes de Clow libérées !

- C’est ce que je croyais aussi...

L’homme en manteau secoua la tête et repartit.

- Bah, ce n’est rien !

- Attends, James. Elle continue de me prendre pour toi, mais... 

- Ce n’est pas grave. Elle ne sait rien, encore.

- Mais nos auras sont tellement différentes. Elle n’est pas bête !

- Suffisamment pour nous laisser le temps de la piéger. Ne t’inquiète pas.

- Le problème, lança Jonas, c’est qu’elle connaît toutes les forces qu’on éveille... Il faudrait l’empêcher de réfléchir!

James Davy s’arrêta et le dévisagea :

- Tu as raison... Tu as tout à fait raison.

Il éclata de rire et Jonas sourit cyniquement, comprenant les idées de son frère.

Laisser un commentaire ?