Les Manuscrits de l'Apocalypse (saison 1)

Chapitre 21 : Le cœur en mousse

5519 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/04/2021 17:36

Episode 20.1 : L’antre de la bête.


La foule serpentait sur les trottoirs. La ville regorgeait de bruits et d’odeurs. Une journée plus chaude commençait. Brice, assis sur un banc, replia la lettre et soupira. Le Cercle attendait des résultats. Mais qu’est-ce qui les pressait tant, ces vieux sages ? Depuis toujours il avait suivi leurs ordres. Depuis la nuit des temps, ils veillaient sur le monde des magiciens. Depuis l’origine, ne contemplaient-ils la puissance de ce monde ? Pourquoi craindre une enfant ? Avaient-ils simplement peur de son échec ?

Il posa le papier jauni à côté de lui et, d’un geste, le survola d’une main et l’enflamma. Les cendres se laissèrent porter par le vent et les restes de ce message venu d’Europe disparurent totalement. N’avaient-ils donc plus confiance en lui ? Pourquoi cette lettre ? Et si le fléau était si redoutable que même l’Elue ne pourrait le combattre... ? Mais Clow n’avait jamais mentionné une puissance plus grande que la sienne et que celles des magiciens du Cercle.

Brice se leva et sentit une aura arriver.

Et si les réticences de Clow à appartenir au Cercle venaient de là ? S’il savait au contraire ce que le Cercle ignorait ? Ses dons de voyance étaient si développés. A plusieurs centaines d’années d’aujourd’hui, comment aurait-il fait pour savoir ? Oui, c’était cela... Clow savait. Et toute cette mise en scène...

L’aura se rapprochait et Brice disparut.


Sakura posa un regard étrange sur le banc qu’elle et ses amies longeaient. Les autres ne remarquèrent pas son attitude, sauf Tiffany qui la héla :

- Sakura ? s’approcha-t-elle. Un problème ?

- Non, je pensais avoir senti... Ce n’est rien. Allons-y !

- Alors, les filles, les appela Nadine, vous venez ? Il faut en profiter, et être les premières !


Brice leva la tête vers le groupe de filles qui s’éloignait sur le trottoir d’en face. Il sourit et partit dans la direction opposée. Effectivement, Clow devait savoir ce qu’il faisait. Depuis le début. Dès leur rencontre...


- Chouette ! On est presque les premières ! s’écria Sandrine.

Sonya regarda sa montre et acquiesça.

- Et on n’est pas en avance pourtant, souffla-t-elle.

- La jolie montre, remarqua Alison. Tu ne l’as pas depuis longtemps...

- C’est vrai, ajouta Nadine.

- C’est quelqu’un qui m’est cher qui me l’a offerte, sourit-elle timidement.

- Ce ne serait pas un bel homme, un enseignant ? murmura Tiffany.

- Oui...

- C’est monsieur Terada ? Comme c’est mignon... assura Sandrine. C’est pour la saint-valentin ?

- Mais ce n’est que demain, réfléchit Sakura.

- Oui, mais il ne sera pas là. Alors il a tenu à me l’offrir...

- Ca sent le grand amour, sourit Tiffany.

- Et toi ? demanda Alison à Sandrine. Yvan va t’offrir quelque chose ?

- Il ne m’a rien dit, mais je ne suis pas sûr qu’il y pense ! marmonna-t-elle.

Les autres sourirent en repensant à la tête en l’air qu’était Yvan. Même si depuis quelques années ils s’étaient promis de ne plus s’offrir de chocolats et de penser l’un à l’autre ce jour plus qu’un autre.

- Mais si, répondit Alison. La fête des amoureux, ça ne s’oublie pas...

- En parlant d’amoureux, se retourna Nadine... Il y a un autre couple dont on n’a pas de nouvelles !

Toutes levèrent les yeux vers Sakura qui rougit.

- Mais qu’est-ce que vous racontez... ? Mais...

- Tu vas offrir quoi à Lionel ?

- Je n’y ai pas encore réfléchi, dit-elle.

- La menteuse ! lui soufflèrent-elles.

La nouvelle boutique qui s’ouvrait le jour-même leva bientôt son rideau de fer et la devanture du magasin les accueillit, colorée, fleurie et elles reconnurent le symbole qui ornait la porte...

- Mais c’est...

Une femme aux cheveux longs, bruns et soyeux, ouvrit la porte et les premières clientes entrèrent.

- Bonjour Marie ! lança Sakura.

- Oh ! Les filles... Ca me fait plaisir de vous voir !!

- Vous êtes revenue en ville ?

- Je vous avais dit que je ne pourrais pas rester là-bas très longtemps...

Une cliente lui demanda un conseil et pendant ce temps les amies expliquèrent à Alison qui était Marie.

Un peu plus tard, Sakura et Tiffany rejoignaient tranquillement leurs amies près d’un étalage d’ours en peluche. Sakura s’arrêta pourtant avant de les approcher.

- J’ai regardé presque toutes les cassettes.

- Ah oui ? Et tu y as découvert quelque chose ?

- Non, je ne comprends pas pourquoi il était écrit « quand ce sera nécessaire » sur le paquet.

- Tu ne devrais pas t’inquiéter... Par contre mère était toute folle en sachant que c’est vous qui les aviez ! Ca faisait tellement de temps qu’elle les cherchait !

- Je les lui prêterai. Tu lui diras ?

Marie les rejoignit et les autres se retournèrent.

- Il y en a un qui vous plaît ?

- Tous !! s’écria Sandrine, je les adoooore, tous !

Marie éclata de rire et se pencha vers elles :

- Vous savez quoi ? J’ai retrouvé un ami, là où j’habitais avant de vous connaître...

- Ca n’a pas été trop dur de retourner la-bas ? demanda Sakura.

- Non, tu sais, les gens oublient vite. Ils m’ont donné une seconde chance, et puis je ne revenais pas pour ouvrir une boutique. J’ai donc retrouvé un vieil ami... Nous allons nous marier cet été !

- Wahou ! s’écrièrent-elles. Tous nos vœux de bonheur !!

Marie sourit largement et les remercia.


- Je reviendrai, moi, confia Nadine. Tous les nounours sont si mignons !! Vous avez remarqué le panda ? Génial !

- Marie est heureuse en tout cas ! lança Sonya.

- Je crois que je vais faire un tour à la boutique de Gabrielle, lança Sandrine. Je vais essayer d’y trouver un petit quelque chose pour Yvan.

- Tu es sûre de vouloir y retourner ? demanda Nadine.

- Bien sûr. Il y a un tas de choses très mignonnes... 

- Moi, je veux bien t’accompagner, en plus, c’est sur ma route ! clama Tiffany.

Elles se séparèrent donc et Tiffany et Sakura accompagnèrent leur amie.


Dans la ruelle, la boutique semblait fermée. Sandrine s’y précipita et la porte grinça sur ses gonds.

- Gabrielle ?

- Pardon ? se retourna le vieil homme qui rangeait sommairement les marchandises sur les rayons.

- Gabrielle n’est pas là ?

- Non, mademoiselle. Elle est tombée malade il y a un eu plus d’un mois.

- Gabrielle, malade ?

- C’est moi qui la remplace. Vous étiez une amie ?

- Où est-elle ? Vous savez où elle habite ?

Sakura fronça les sourcils. Quelque chose glissait sur le sol. Le vieil homme leva le nez vers le comptoir au fond de la salle allongée. Un nuage verdâtre s’éleva par-dessus le bureau et coula dans les allées.

- Oh, non, ça recommence, soupira-t-il. Je vais vous demander de sortir, mesdemoiselles...

- Mais, c’est... commença Tiffany.

Sakura acquiesça et ils sortirent tous.

L’homme jeta un œil à l’intérieur et ferma la porte d’entrée.

- Mais qu’est-ce que c’est ? demanda Tiffany.

- C’est comme ça depuis que Gabrielle n’est plus là. La fumée sort de l’arrière boutique et elle se disperse dans la boutique.

- C’est un feu ? s’inquiéta Sandrine.

- Non, non. Je ne sais pas exactement ce que c’est mais ça fait fuir tous les habitués...

Sakura avait reconnu le Brouillard mais... quelle façon étrange d’agir. Elle n’attaquait pas, elle protégeait la boutique contre les intrus...

- Est-ce que les meubles sont rongés ? demanda-t-elle, à la surprise de Tiffany et Sandrine.

Il la dévisagea un instant et fronça les sourcils :

- Non, pas du tout. Pourquoi ?

- Comme ça...

- Je reviendrai, sourit finalement Sandrine. Mais savez-vous où habite Gab ?

- Oui, je vais vous écrire son adresse. Vous avez un papier ?


Une femme tira sur l’épaule de celui qui l’accompagnait et qui avait tout filmé.

- On a rien, souffla-t-il. Comment veux-tu faire un sujet avec ça ? demanda-t-il.

La journaliste fit la moue et réfléchit un instant.

- En tout cas, n’en parle à personne. On finira bien par dénicher un événement exceptionnel qui fera sortir ce jeune héros de sa tanière. Par contre, cette fille-là m’intrigue, nota-t-elle en se penchant légèrement par la fenêtre. Elle... elle a quelque chose de particulier. Je savais que cette boutique avait quelque chose d’anormal... mes indics avaient raison !


En fin d’après-midi, Sakura posa son sac dans l’entrée et n’entendit aucun bruit dans la maison. Elle se dirigea vers la cuisine et sortit une bouteille d’eau. Au tableau, les tâches qu’elle n’avait pas faites. Elle soupira et monta dans sa chambre. Kero sursauta quand elle poussa la porte. Le Horribulus profita de ce moment d’inattention et trancha Chtatrapozor en deux. « Game Over » se mit à clignoter à l’écran.

- Naaaaaan !! hurla-t-il les mains sur la tête. Tu l’as fait exprès ?

- Excuse-moi...

- Ouiiiiiiin !! C’était l’avant-dernier sous-fifre de Kronos ! J’étais jamais allé si loiiiin !!

- Ce n’est qu’un jeu, Kero.

- Koaa ?!!

- Si tu restes devant la télé sans faire d’exercices, tu vas prendre du ventre !! Pense à ta belle silhouette, lança-t-elle en défaisant ses cheveux. Et remercie-moi, plutôt !

Il se regarda et fila devant la glace.

- Tu crois que j’ai perdu de ma classe ?

- Mais non, sourit-elle.

- Ah...

- Dis, Kero... Il y a une question qui me tracasse...

- Oui, ma petite chasseuse ?

- Vous avez vu Clow créer ses cartes ?

Il haussa les sourcils et vint se poser sur son genou. Il secoua la tête et elle ne sembla pas satisfaite par la réponse.

- Il y a bien quelqu’un qui l’a vu créer ses cartes, non ?

- Yaln, peut-être. Mais il les a créé tellement de temps avant de nous créer nous... Pourquoi ?

- A cause d’une question que se posait Tiffany.

- Ah, s’intéressa-t-il, laquelle ?

- Serait-il possible... Enfin, peut-on imaginer que Clow... Non, c’est bête.

- Mais si, pose !

- Bon, voilà. Est-ce que toute les cartes de Clow étaient contenues dans son livre ?

- Sans aucun doute ! C’est même tout à fait certain !

Elle repensa à cette silhouette dans le parc d’attraction et ne sut comment lui expliquer.

- Mais se pourrait-il que ce qui nous attaque n’ait aucun rapport avec les cartes de Clow ?

- Je ne sais pas...Mais toutes celles qui sont passées à l’attaque sont des anciennes cartes de Clow!

- Oui, je sais. Mais ça me trouble quand même... Laisse-moi t’expliquer... Ca a commencé à l’aéroport avant le retour de Thomas. Je croyais que la Lueur était sur place car des grains de lumières ont...



Episode 20.2 : Découverte.


Sakura ôta ses patins et grimpa quatre à quatre les escaliers qui la menaient à l’étage de l’appartement de Lionel. Kero volait discrètement autour d’elle en réfléchissant.

- Tu crois vraiment que son compas fonctionne avec toutes ces forces ?

- Non, je ne sais pas ! Mais jusqu’à présent, j’ai vu Lionel s’en servir. Alors si c’est réellement le Brouillard qui...

Elle s’arrêta pour reprendre son souffle sur le palier et longea plus calmement le couloir ouvert sur la rue.

- Si c’est le Brouillard qui se cache là-bas, alors le compas nous aidera à le trouver !

- Un carte qui se cache, voletait Kero, en arrière. Ca me paraît louche. Aucune de ces forces sauvages ne devrait avoir besoin de se cacher !!

- Au fait, s’arrêta-t-elle devant la porte, pourquoi tu as tenu à m’accompagner ?

- Parce que ça m’intéresse ! lança-t-il en croisant les bras. Je trouve que...

- Que c’est un bon moyen pour ne pas faire le ménage tout seul, oui !

- Eh, je te signale que c’était à toi de t’occuper du linge !! C’est moi qui fait tout depuis que Thomas a trouvé ce travail de nuit... Car il roupille toute la journée !

- Mouais, fit-elle.

Elle sonna et quelqu’un se mit à rire.

- Mais c’est...

La porte s’entrouvrit et Pierre salua Sakura, Kero s’étant immobilisé dans sa capuche. Il la fit entrer et lui demanda de bien vouloir patienter un instant. C’est Tiffany qui arriva la première, un peu gênée :

- Sakura ! Comment vas-tu ?

Elles entrèrent finalement, Lionel disparaissait dans la pièce d’à côté. Elle fronça les sourcils et Tiffany lui sourit en lui tapotant la main :

- Ne t’inquiète pas...

- Me voilà, les interrompit alors Lionel, brandissant le compas magique. On va chasser ?

- Euh, oui... bredouilla Sakura.


Devant le magasin, l’objet fut catégorique :

- Une force est là ! souffla Lionel en voyant le faisceau de lumière pointé vers la porte.

- Il faut entrer, alors, proposa Kero.

Mais la porte était verrouillée.

- Bonjour, vous ! les surprit-on.

- Sandrine ?

Kero se faufila vers la capuche de Sakura mais Lionel l’attrapa et fit semblant de jouer avec.

- Je venais voir si Gab était là, avant d’aller chez elle. Non, apparemment ?

- C’est fermé, en effet, répondit Tiffany. On peut t’accompagner chez ton amie ?

Sakura haussa les sourcils et Lionel s’avança :

- Sakura et moi, on doit faire une course, Sandrine, tu nous excuses ?

- Bien sûr...

- On veut faire réparer cette peluche qui perd toute sa garniture... sourit-il en lançant Kero en l’air.

- Je vais t’étrangler, lui murmura le gardien en retombant au creux de sa main.

- A plus tard, tous les deux, les salua Tiffany en les quittant.

Kero se dégagea des mains du jeune homme et vola vers son visage, furieux :

- Arrête de jouer avec mon corps d’emprunt !

- Oh, ça va, peluche.... Je nous ai sorti de l’embarras, non ?

- Bon, alors, on essaie d’entrer ? lança Sakura en montrant la carte du Verrou...

Elle attrapa sa clef et tendit les mains en avant, paumes face à face, légèrement tournées vers le ciel, et ferma les yeux. Les trois cercles du sceau apparurent sous ses pieds et un vent magique se mit à tournoyer.


- Bon sang, sursauta quelqu’un de sa cachette...

Il fouilla sa veste et vérifia que la caméra tournait, en cherchant son portable.

- Patronne, patronne ? murmura-t-il au téléphone. Vous aviez raison, le petit est venu !!! Mais... mais vous ne me croirez jamais...

- Filme et suit-le ensuite, s’il s’en va ! On le tient notre scoop !!! Il est comment ? Il est mignon ? Il passera bien à la télé... ?

- C’est.. C’est une fille !

- Oooh, fit-elle ravie, génial !! 


La serrure céda et le Verrou redevint carte. Lionel poussa la porte d’une main et s’assura que personne ne les voyait dans la ruelle.

- Bon, allons-y.


Sandrine frappa et personne ne répondit.

- Elle n’est peut-être pas là... supposa Tiffany.

Mais la porte pivota doucement sur ses gonds quand Sandrine frappa un peu plus fort. Elles appelèrent et avertirent qu’elles entraient. L’appartement était vide. De vieilles bouteilles d’alcool traînaient sous la table de salon et des draps étaient roulés dans un coin. Des tas d’ordures jonchaient le sol ça et là et Sandrine appela encore son amie...

- J’espère qu’il ne lui est rien arrivé.

- Il faut s’en assurer, clama Tiffany. Allez, on cherche !

Un murmure pourtant leur parvint d’une des salles annexes et elles y accoururent. La demoiselle aux cheveux roux, courts brossés en arrière étaient recroquevillées dans un coin de la salle qui servait de salle de bain.


Yolis se posa sur le toit d’en face et surveilla l’immeuble sans savoir quoi penser : « C’est bien elle... Si j’avais été plus attentif, je l’aurais tout de suite reconnue et approchée... Mais maintenant, c’est trop tard »

Il serra un point et soupira. Il disparut.


- Je ne trouve rien de mon côté ! lança Sakura. Ca fait une bonne demi-heure qu’on parcourt la salle de long en large !

Lionel approchait doucement de la porte de l’arrière boutique. Il y posa la main et sa boussole s’affola. Kero comprit automatiquement et pointa le bras vers cette issue.

- Là !! cria-t-il.

Quelqu’un entra dans le magasin et les dévisagea un instant, surpris. C’était le vieil homme qui tenait la boutique.

- Que faites-vous là, tous les deux ?!

- Nous cherchons... Nous cherchons quelque chose que j’ai fait tombé ici hier, vous vous souvenez de moi ?

Lionel rangea son compas magique et approcha :

- C’était ouvert, monsieur, nous sommes désolés.

- Je vois... Vous avez trouvé ce que vous cherchiez ?

- C’est que... commença Sakura.

- Non, monsieur, nous repasserons peut-être demain, après les cours. Au revoir, lança-t-il en entraînant Sakura dehors.

Sakura s’arrêta en sortant de la ruelle et le dévisagea :

- Il faut agir ! C’est bien une force qui se terre dans cette boutique.

- Il nous faut un plan... Si elle s’échappe, elle dévorera tout dans la ville, profitons du fait qu’elle reste ici !

Une femme descendit d’un taxi et approcha, les bras croisés.

- Bonjour, vous deux.

Il la dévisagèrent en même temps, avec le même air dubitatif.

- Alors, on fait un peu de... magie, demanda-t-elle ?

Un homme la rejoignit avec une caméra sous le bras. Ils se trouvèrent piégés.

- Qui êtes-vous ? cria Lionel.

- Je fais ma petite enquête, expliqua-t-elle. Et c’est vous qui m’intéressez !

Le temps se figea d’un coup et un être ailé se posa derrière le couple.

Sakura soupira en l’apercevant... Lionel était paralysé.

- Yue, tu nous sauves ! souffla Sakura.

- C’est ton frère qui a senti le danger. Mais enfin, comment avez-vous pu faire pour vous mettre dans cet embarras ?

- Manque d’attention, souffla un deuxième être ailé qui atterrit derrière elle.

- Yolis, tu es là, aussi ? sourit Sakura.

Yue le dévisagea et Yolis lui adressa un petit signe de la main. Kero retrouva aussitôt sa vraie forme et se tourna vers le nouveau venu :

- Que viens-tu faire ici?

- Vous aider, sourit-il en levant son sceptre vers les deux adultes figés.

Une douce lueur les quitta, s’envola et disparut dans l’air.

- Qu’as-tu fait, Yolis ? demanda Sakura.

- Fais bien attention à toi, lui susurra-t-il en se penchant vers elle.

Il passa la main sous son menton et la fixa :

- Les choses ne sont jamais ce qu’elles semblent être, petite Sakura. Ne t’inquiète pas pour eux, ils auront tout oublié à leur éveil.

Il posa son sceptre au sol et se volatilisa. Sakura demeura un instant figé vers le mur, le voyant encore disparaître sous ses yeux. Elle tourna légèrement la tête et aperçut Kero, dans les mains de Yue.

- Méfie-toi quand même, lança Kero, préoccupé.

Yue lui fit signe et s’éloigna, retrouvant sa forme d’emprunt. Le temps reprit alors son cours et Sakura prit le bras de Lionel et croisa les deux adultes hébétés. Le couple s’éloigna et Sakura promit à Lionel de tout lui expliquer.

La journaliste inspecta les lieux et chercha une explication.

- Pourquoi on est dans cette rue ? demanda l’homme qui portait la caméra.

- Je ne sais pas... Mais il me semble que...

- Bon, il faut rentrer ! Encore une journée pour rien !

La femme ausculta une dernière fois la ruelle sombre et ne comprenait pas pourquoi elle ne se souvenait de rien. Elle rejoignit son caméraman qui bâilla en s’installant dans sa voiture :

- Regarde quand même si tu as filmé quelque chose , lui conseilla-t-elle. Et téléphone-moi.




Episode 20.3 : La Saint Valentin.


La classe était en pleine effervescence, le lundi matin. Chacun avait amené son cadeau à offrir et plusieurs n’attendirent pas plus longtemps. Sandrine, notamment, tendit un paquet à Yvan qui haussa les sourcils.

- C’est pour moi ?

Elle acquiesça et il sourit.

- Tu vas voir Lionel, aujourd’hui ? se pencha Tiffany.

- Je ne sais pas, répondit simplement Sakura. J’espère...

Son sourire en disait long sur ses sentiments et Tiffany pencha la tête.

- Vous êtes tellement mignons tous les deux ! C’est bien que vous vous entendiez de nouveau.

Sakura réfléchit et se tourna vers elle alors que leur professeur entrait.

- Au fait, que faisais-tu chez lui, hier ? On n’a pas eu le temps d’en parler...

- Chuut, sourit Tiffany. Le cours commence !

- Grrr, grogna gentiment Sakura.


Sakura reposa son repas et referma la boîte.

- Thomas me prépare mon repas le soir avant de partir. C’est un régal.

- Tu as des nouvelles de ton père ?

- Oui ! J’ai complètement oublié de te le dire !! Je vais aller le voir pour les prochaines vacances !

- Mais ce sont les vacances de neige. Tu ne viendras donc pas avec nous ?

- Non, je me suis arrangée avec le lycée. Ils ont accepté. Alors avec Kero, Thomas et Mathieu, on va aller le voir.

Son sourire s’estompa légèrement et elle soupira.

- Je t’aurais bien emmenée, tu sais.

- Oh, c’est gentil, assura Tiffany en posant une main sur la sienne. Mais tu sais, nous allons passer de bonnes vacances, ici. Et puis je serai heureuse que tu le revoies enfin. Tu as énormément de chance !

- C’est ce que je me dis. Mais tu aurais ainsi pu filmer la France et tous nos déplacements...

- Si tu veux, je te prêterai mon caméscope et tu feras la reporter pour moi !

- Oh la la ! Je ne sais pas ce que ça va donner. Je ne saurai pas comment m’en servir. Tu vas avoir le droit à des cadrages bizarres et des coupures pas très jolies !

Sandrine et Yvan approchèrent, bras dessus, bras dessous :

- J’ai eu des nouvelles de Gabrielle, fit remarquer Sandrine.

Tiffany en fut heureuse et Sandrine lui proposa d’aller la voir dans la soirée.

- Je peux vous accompagner ? demanda Sakura.

- Bien sûr, sourit Sandrine, Gab sera sûrement heureuse de voir du monde.

Ils s’éloignèrent et Tiffany expliqua à Sakura qu’elles avaient trouvé la jeune femme dans son appartement, évanouie. Les secours étaient vite arrivés. Elle se reposait à l’hôpital, désormais. Sakura ne sut quoi ajouter :

- Et dire qu’une force habite sa boutique depuis qu’elle est absente.

- Et pourquoi pas avant, même ? réfléchit Tiffany.

- Tu veux dire que Gabrielle pourrait savoir que cette force est là ?

- Oui, c’est une idée !

- Alors, j’ai hâte d’aller la voir !!


Elles arrivèrent près de la chambre et l’infirmière leur indiqua que l’heure de la fin des visites approchait. « Nous ne resterons pas longtemps » avait promis Sandrine. Gabrielle était allongée sur le lit blanc, transfusée, blafarde, et fixait le plafond, le regard vide.

- Gabrielle, appela doucement Sandrine. Ca va ?

- Bof, articula mollement la jeune femme, sans détourner les yeux du plafond.

Elle leva une main et retira ses lunettes pour essuyer du dos de sa main quelques larmes qui coulaient sur ses joues.

- Je ne savais pas que tu étais malade.

- Je ne le savais pas non plus.

- Si je peux faire quelque chose...

- Non, laisse-moi seule. J’ai toujours été seule, dit-elle sèchement.

Sandrine fit un pas en arrière et détourna le regard.

- D’accord, fit-elle docilement avant de sortir.

Tiffany jeta un vif regard à Sakura et rejoignit Sandrine.

- Gabrielle... commença Sakura. Sandrine était très inquiète pour vous.

- On ne se connaît pas. Ou à peine.

- Je ne saurais pas l’expliquer mais elle se sent proche de vous.

- Si elle savait, murmura la malade en tournant le visage de l’autre côté.

- Pardon ?

- Rien. Laisse tomber. Tu ne peux pas comprendre...

- Gabrielle, j’ai une autre question à vous poser.

La jeune femme haussa les sourcils et sa tête pivota vers Sakura :

- Dis toujours. Ca a l’air sérieux.

- Il y a quelque chose dans votre boutique.

- Tu... il t’a fait mal ?! s’énerva-t-elle subitement. Tu es allée derrière ?

- Non, non, la rassura Sakura. Vous savez, donc ?

- Bien sûr. Il y a plusieurs mois, j’ai... c’est venu dans ma boutique et... J’ai ressenti une drôle d’impression qui émanait de cette chose... Pourquoi est-ce que je te dis ça, moi... Tu ne peux pas comprendre.

- Bien sûr que si, mais je crois que cette chose est... mauvaise.

- Non, ce n’est qu’une impression, s’emporta Gabrielle. Il est gentil. Protecteur. Il m’a même sauvée la vie...

Sakura fronça les sourcils et Gabrielle reposa la tête sur son coussin.

- Trois voyous ont braqué mon magasin. Comme je résistais, ils ont sorti des couteaux et ont voulu m’agresser. Cette chose est sortie de l’arrière-boutique et a commencé à se répandre. Puis, ils se sont mis à hurler. La vapeur avait grignoté leurs chaussures. Ils se sont enfuis.

- Mais cette chose est une force maléfique !

- Je ne le crois pas. C’est une chose apeurée. Elle a trouvé un refuge. Et j’espère qu’elle y trouvera son bonheur. Je ressens de la solitude et de la crainte quand elle est près de moi... Mais dis-moi, comment peux-tu me croire ? Tout ceci est si... bizarre.

- C’est mon quotidien, murmura Sakura. Et je dois faire disparaître ce brouillard.

- Pourquoi ? C’est de toi qu’il a si peur, alors ?

- Mais il est mauvais !! Il a blessé ces voleurs ! Et s’ils n’avaient pas pu fuir, les aurait-il épargnés ?!

- Je le crois.

Une infirmière frappa et entra.

- S’il te plaît... supplia Gabrielle. Ne fais rien. Ne le chasse pas...

- Mais... bafouilla Sakura.

- Promets-moi.

- Je... Je ne peux pas... lança-t-elle en quittant la chambre.


Sakura était un peu perdue. Une force avait aidé une jeune femme... ? C’était tout simplement impossible ! Incroyable.

- Ca va Sakura ? demanda Tiffany en arrivant devant son portail.

- Oui... Mais... Je ne comprends pas comment une de ces forces a pu l’aider.

- Moi, ce qui m’a frappée, c’est de savoir que la force avait peur !! Tu te rends compte, qu’il y a quelqu’un d’autre que toi qui les effraie !

- Oui, c’est vrai.

- Allez, passe une bonne soirée, on se verra demain.


Alors que la bougie du restaurant se consumait, Linda posa un cadeau sur la table.

- Qu’est-ce que...?

- C’est parce que je vous aime profondément, dit-elle d’un trait. Ne croyez pas que j’essaie de vous séduire ni que je fasse ça à n’importe quel homme, Dominique. Mais j’apprends tellement à vos côtés que je voulais que vous soyez heureux ce soir.

- Mais je...

- Et ne croyez pas non plus que j’ignore l’amour que vous portez à votre défunte femme. Je trouve ça touchant et je ne me permettrais pas de m’interposer entre vous et son souvenir. Mais vous n’êtes plus très souriant depuis quelques jours... Et je ressens votre peine, vos doutes, vos craintes. Je ne sais pas ce qu’elles concernent. Je ne veux même pas le savoir, vous voyez. Je veux simplement que vous sachiez que vous comptez beaucoup pour moi.

Il acquiesça en tirant le paquet vers lui.

- J’aimerais que vous ne l’ouvriez pas ce soir, dit-elle.

- Vous n’avez personne dans votre cœur, Linda ?

Elle secoua la tête.

- Non, je n’en ai pas le temps.

Il acquiesça et la dévisagea :

- Nathalie disait souvent que le temps n’éloigne jamais un homme et une femme qui s’aiment. Alors dites-vous que si votre cœur semble libre, c’est que le temps n’est pas venu. Mais quelqu’un vous attend quelque part, croyez-moi.

- Et... et si c’était vous... Non, pardon, c’était...

Il posa sa main sur la sienne et sourit.

- Ca me touche. Mais au plus profond de moi, brûle une chaleur douce et délicate qui se prénomme Nathalie. Mon amour pour elle ne mourra sûrement jamais. Aussi loin que je me souvienne, je savais que je la rencontrerais. Et je peux vous l’avouer, Linda, cette femme est encore là et le restera à jamais. Vous pourriez penser que je me rattache à un souvenir, mais je peux vous garantir qu’il y a plus que ça. Je la sens encore près de moi. Je la sais toute proche.

- Je comprends, Dominique.

- J’en suis heureux. Passons donc une agréable saint-valentin dans la plus belle ville du monde !

- Ma capitale, sourit-elle.


Lionel était là.

Il lui tendit un cadeau et la fixa longuement.


Thomas rabattit le rideau.

- Elle est enfin rentrée ! Il va pouvoir partir, comme ça !

- Dire qu’il attend depuis la sortie des cours , nota Mathieu.

- Et ça fait une heure que tu l’observes derrière ce rideau, sourit Kero en revenant de la cuisine avec un bout de tarte.

- Toi, la peluche, pouet-pouet ! Et d’abord arrête de picorer dans les plats !


- Tu es là depuis longtemps ? demanda Sakura.

- Non, je viens d’arriver, répondit-il. C’est pour toi.

C’était une large boite allongée, recouverte d’un papier mauve et bordeaux aux motifs bariolés de rose et de blanc.

- Pour la saint-valentin...

- Oui, assura-t-il.

Elle le prit et il détourna le regard :

- Tiffany m’a un peu aidé. Mais c’est mon idée, quand même.

Elle sourit et prit sa main.

- Ca me touche. J’aimerais tant...

- Je dois y aller, souffla-t-il. Je n’aime pas être observé...

Elle tourna la tête vers la fenêtre de la salle à manger et le rideau retomba, dévoilant les trois ombres qui se cachaient derrière.

- Quels curieux !! enragea-t-elle avant de recroiser son regard. Reviens vite, s’il te plait. Je voudrais qu’on parle d’une force...

- D’accord...

Elle ne savait pas quoi faire, elle n’avait rien eu le temps d’acheter... Elle voulait pourtant lui offrir quelque chose... sans attendre. Il la salua et elle l’appela. Il se retourna ; elle avait plongé sa main dans sa poche :

- C’est pour toi.

Elle lui tendit le cœur en mousse qu’elle avait gardé précieusement. Il le prit et la dévisagea.

- Ce n’est pas grand chose mais j’y tiens beaucoup, alors...

- Merci beaucoup. Bonne saint-valentin. A demain, Sakura !

- Au revoir...

Il se mit à courir et elle le regarda disparaître au loin.

Un cœur en mousse ! Le hasard faisait étrangement les choses. Elle l’avait acheté en pensant à lui. Et aujourd’hui elle lui offrait en gage de son... amour ? Elle inspira profondément et sourit. Oui, en gage de son amour. Elle l’aimait plus que tout.

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