Les Manuscrits de l'Apocalypse (saison 1)

Chapitre 22 : Je suis la CardCaptor

5980 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/04/2021 17:36

Episode 21.1 : L’ami de Gabrielle.


Une puissante racine s’éleva autour des deux frères et Jonas lança un autre sort d’immobilisation. James préparait une attaque. Il avait formé le triangle sacré sur le sol et il ouvrit les bras face à la racine récalcitrante :

- Que le pouvoir du Fléau reprenne ton contrôle, force ancestrale !

- Pourquoi s’est-elle rebellée ?

- Force de l’Arbre, perds ta partialité et redeviens force de la nature !!!

La racine s’immobilisa, hésitante, et Jonas et James la fixèrent.

Elle retomba soudain au sol et rentra docilement dans la terre.

- L’Arbre est la plus neutre des forces, expliqua James. Elles est la sœur de Earthy. Le Fléau n’a pas d’emprise naturelle sur elle. C’est pourquoi nous devons l’ensorceler.

- Ca explique pourquoi elle est le symbole de la nature chez les hommes... Mais c’est dangereux de vouloir l’utiliser, alors ?

- Oui, évidemment. Cependant, c’est un atout de poids : si le Fléau s’approprie cette force, la balance penchera de notre côté.

Jonas observa les arbres du parc autour d’eux et soupira. L’Arbre, une force neutre...

- Si elle est neutre, les gardiens ont tous un contrôle sur elle ?

James éclata de rire.

- Faudrait-il encore qu’ils le sachent. Rentrons... L’équilibre sera bientôt rompu.

Il rit de plus belle et Jonas le suivit docilement.


- Comment ?! s’écria Tiffany.

Le médecin haussa les épaules et les pria de l’excuser, d’autres patients l’attendaient.

- Gabrielle s’est enfuie... murmura Sandrine. Je ne comprends pas.

Les deux amies se dévisagèrent. Serait-elle partie pour protéger Mist ? Etait-ce possible... ?

- Ecoute, elle veut peut-être être seule.

- Mais je voulais simplement l’aider...

Yvan les regardait de loin. Il serra les poings. Il n’aimait pas voir Sandrine dans cet état. Quelle fille sans cœur devait être cette Gabrielle pour se conduire ainsi ! Il sentait la colère monter en lui, mais il se reprit vite. Cette réaction ne servait à rien. Il devait simplement être là, près d’elle.

Les filles revinrent vers lui et il se força à sourire, en levant un doigt.

Sandrine posa son regard malheureux sur lui et il baissa le bras et la dévisagea, compatissant :

- Tu veux que je te raccompagne ?

- S’il te plaît.

Sakura et Tiffany les quittèrent sur le trottoir qui faisait face à l’hôpital. Le soir tombait et elles devaient toutes deux rentrer. Sakura retint quand même Tiffany par le bras et chercha un instant une façon d’aborder le sujet :

- Dis-moi, Tiffany. Tu suis tout ce qui m’arrive depuis le début. Et.... Est-ce que... ça te semble possible ?

Celle-ci réfléchit et posa un doigt sur son menton en levant les yeux au ciel.

- Hmmm, se concentra-t-elle longuement. Quoi donc ?

Sakura sourit :

- Qu’une carte protège une jeune femme, voyons !

- Ah ! fit-elle. Je pensais à autre chose...

- Alors d’après toi, c’est...

- Eh bien, j’y réfléchissais hier en préparant ta nouvelle tenue, expliqua-t-elle studieusement. En fait, quand on y repense, Windy était un des quatre éléments et tu l’as retenue entre tes doigts le premier jour. L’Arbre ne te voulait pas de mal, c’est la pluie qui le faisait grandir. Le Silence protégeait un couloir du musée. Et Flower : elle ne te voulait aucun mal. Elle voulait danser... Sans parler de Voice ! Ou même de Light et Dark qui te testaient... Et pour ne citer que cet exemple récent, Maze t’a fait découvrir un nouveau gardien ! Elle t’a aidée.

- Mais elles sont sauvages.

- Les animaux sauvages n’en ont pas moins une vie tout à fait normale. Ce qui est sauvage pour quelqu’un ne l’est pas pour un autre ! Alors on peut bien penser que ces cartes sauvages aient peur de quelque chose. De toi par exemple !! Tu tentes de les capturer...

- Mais quand je les avais libérées, elles s’organisaient pour lutter contre moi, comme Mirror. Là, ces forces différentes sont manipulées par un homme !

- Alors elles ont peut-être peur de lui. Il faut tout envisager : on a vécu trop de choses extraordinaires pour laisser de côté la moindre hypothèse.

- Tu as raison. Si ça te dis, demain, après les cours, on retournera à la boutique. Je demanderai à Lionel de nous accompagner.

- Ca tombe, bien, je pense que mon nouveau modèle sera fini !

Sakura sourit tendrement et salua son amie.

« Une énième tenue » soupira-t-elle tout de même en s’éloignant de son côté.


Sakura retrouva Kero sur son lit, exténué, endormi, les pattes étendues sur le lit. Toute la maison était propre. Chaque meuble brillait, le sol avait été ciré et la cuisine totalement nettoyée. La panière de linge était vide, le casier à journaux également. Le petit gardien avait sûrement travaillé toute la journée !

Elle le souleva et le glissa dans ses draps. Elle déposa une bise sur son front et il grogna en se retournant. Elle passa un doigt sous sa joue pour le calmer et elle leva les yeux vers le bureau en sortant ses cartes de sa poche. L’apparition de ce nouveau sceau traînait dans son sillage de bien grands mystères. Longtemps elle avait voulu retrouver les pouvoirs qui avaient agité sa vie durant près de deux ans. Et quand cette voix l’avait conduite vers l’éveil du sceau Terrestre, elle avait vu là un signe. En fait, rien n’était si simple. Quelque chose se tramait dans ce quotidien presque normal mais quoi ?

Comment se faisait-il qu’une Force sauvage protégeât une femme ? Et qui lui lançait ces forces ? Qui donc lui en voulait ? Pas Yaln, c’était certain. Mais alors qui... ?

Qui...


Le soleil n’était pas encore levé. Thomas et Mathieu quittèrent la salle de réunion des agents de sécurité. Thomas s’étira et Mathieu sourit en avançant sur le trottoir désert :

- Quelle nuit !

- Si demain c’est aussi calme, lança Thomas, je ne tiendrai pas le coup ! Je me demande a quoi on sert, quand même !

- Si on n’était pas là, des cambrioleurs tenteraient de pénétrer le dépôt ! Nous faisons de la prévention...

- Ce serait tellement plus cool de courir après des vilains-vilains...

Ils rejoignirent la moto de Thomas et celui-ci enfila son casque en tendant l’autre à Mathieu :

- Les cafés vont ouvrir, ça te dis ?

- Tu ne voulais pas te coucher ?

Thomas secoua la tête et s’installa.

- Pas ce matin. Alors ça te dis ?

- C’est un rendez-vous galant ? sourit largement Mathieu.

- Oh que non ! Pas tant qu’on sera trois...

- Ah, fit Mathieu en posant une main sur son torse. Je l’oublie de temps en temps, Lui...

- Grimpe !


La sonnerie du réveil retentit dans la chambre et Sakura sortit un bras des couvertures pour l’éteindre. Ses doigts ne l’y trouvèrent pas. Elle sortit la tête, Kero l’attendait avec l’objet à la main, au bout du lit.

- On se réveille, marmotte !

Elle fronça les sourcils et retomba en arrière :

- C’est dur de se réveiller quand il n’y a ni Papa, ni Thomas !

- Merci pour moi...

- Oh ! se réveilla-t-elle en pensant au ménage. Je suis désolé. Ce n’est pas ce que je voulais dire...

Elle s’assit sur son lit et sourit :

- Je voudrais te remercier pour ce que tu as fait...

- Pour ce que j’ai fait... ?

- Demande-moi ce que tu voudras !

Il croisa les bras et réfléchit. Elle se leva et se dirigea vers la salle de bain.

- Un paquet de gâteaux !

- C’est tout ?

- Chaque matin !

- Ah, fit-elle en grimaçant devant son miroir. Je me disais bien aussi...

- Jusqu’à la fin des temps.

- C’est ça ! souffla-t-elle en attrapant son cartable. A ce soir !


Thomas posa sa tasse et dévisagea Mathieu, songeur, le regard perdu dehors.

- Je sens que quelque chose te tracasse, Mathieu.

- Un rêve, répondit-il alors.

- Un rêve ?

- Mais je crois que ce sont des souvenirs de Yue... Il y avait Kero et... deux autres...

Thomas secoua la tête et prit sa main.

- Oublie. Oublie tout ça. Laisse-le réfléchir seul.

- Mais il fait partie de moi. Et j’ai de plus en plus l’impression qu’il... qu’en fait...

Il recula sa main et s’assit au fond de la banquette.

- Mathieu... Que crains-tu ? Je ne comprends pas ce qui te tracasse.

- Moi non plus... Mais... Je crois que je vais suivre ton conseil et vivre ma vie, sourit-il finalement.

- Ah, je préfère ça ! Ce sourire est si réconfortant qu’il me manquerait si tu venais à l’oublier.

Il sourit et prit sa tasse pour en boire une gorgée.

Thomas se tourna vers l’extérieur. Une voiture s’arrêta sur le trottoir d’en face. Une jeune fille en sortit et salua l’homme qui conduisait. Celui-ci lui tendit son cartable et il reconnut l’uniforme du lycée Seijo. L’homme la salua et elle quitta la rue en direction du lycée.

- Un problème ?

- C’est... non, rien. Une impression. J’espère me tromper.


Sakura éclata de rire quand Tiffany termina son histoire. Elles gagnèrent leur place et Alison arriva en courant.

- Juste ! lui lança Sonya. Tu n’es pas souvent en retard pourtant !

- C’est Papa qui a dû me laisser dans le centre pour aller au musée. Alors j’ai pris le bus, mais j’ai raté le premier !

Tiffany lui fit signe et elle s’assit derrière Yvan. Sakura posa son cartable à côté d’elle. Une impression bizarre se rapprochait. La porte s’ouvrit alors et l’homme les fixa avant d’entrer. Monsieur Davy se décida enfin et referma derrière lui. Il posa sa serviette sur le bureau et salua les élèves.

- Je... Je me sens toute chose, sourit Sakura.

Tiffany se pencha vers son amie et l’appela, en vain : Sakura avait les yeux rivés sur leur professeur.

- Il est vraiment super gentil, sourit-elle.

- Sakuraaa... chuchota Tiffany. Ce n’est que monsieur Davy !

Sakura soupira de bonheur et l’homme annonça le début du cours.

- Sakura... qu’est-ce qu’il y a ?

Celle-ci tourna enfin la tête vers elle. Son air heureux surprit Tiffany qui l’attrapa par la main pendant que Davy écrivait au tableau. Elle la secoua modérément et puis plus fortement. Sakura revenait peu à peu à elle.

- Tiffany... ?

- Que s’est-il passé ?

- Rien, je me sens bien, c’est tout !

- Le pouvoir de la lune ! souffla Tiffany. Ca ne peut être que ça !

- Mais je ne l’avais jamais senti avant, sourit largement Sakura.

- Et c’est arrivé quand monsieur Davy est entré, réfléchit Tiffany. Etrange.



Episode 21.2 : Neutre et invulnérable.


- Patronne, vous avez reçu mon e-mail ? Sur.. sur... sur la vidéo ! C’est ce que vous vouliez...

- En effet, souffla-on au téléphone. Tu sais, j’ai un étrange pressentiment. Retournons-y, on ne sait jamais.

La journaliste sourit en reposant le combiné. On avait joué avec leur mémoire. Si cela se vérifiait encore aujourd’hui, elle aurait la preuve que le « sauveur » mystérieux agissait grâce à la magie.

- Quel scoop ! S’écria-t-elle en attrapant les clefs de sa voiture, dans l’entrée.


A la sortie, Alison leur fit signe. C’était son tour de ménage et elle ne pourrait pas les accompagner à la boutique de Gabrielle. Contre l’avis de Sakura, Sandrine avait tenu à y aller et les autres avaient eu vite fait de se proposer en soutien ! Mieux valait être six que seule ! Tiffany n’avait pas réussi à les en dissuader.


Kero sortit son museau du sac et dévisagea Lionel :

- Tu m’as ballotté exprès sur tout le chemin, je le sais !

- Qu’est-ce que tu vas imaginer ? On est là pour la force...

- N’empêche que j’aurais pu me casser le cou dans ce sac, avec toutes les affaires de Sakura.

- Kerobero... souffla Lionel, impatient.

- Oui, bon...

Il réfléchit en quittant discrètement le sac que Lionel portait à l’épaule.

- Je sens toujours la présence d’une force.

- Bien, sûr ! C’est Mist !! Tu étais là ou pas, la dernière fois... ? Rentrons !


Le petit groupe arriva dans la ruelle quelques minutes après.

- C’est ouvert, non ? demanda Yvan.

- Ca me fait toujours aussi froid dans le dos... nota Sonya.

- Allons-y !

Une voiture s’arrêta brusquement contre la barrière de sécurité qui bordait le trottoir. On klaxonna bruyamment sur l’avenue la femme qui descendit et elle sourit en apercevant Sakura et les autres qui s’étaient retournés, surpris. Un petit homme moustachu arriva avec une caméra. Il tendit un micro à la femme et celle-ci s’avança vers le groupe, en baissant d’une main ses lunettes sur son nez.

- Tiens, tiens, sourit-elle.


- C’est quoi ce bruit ? se retourna Thomas en posant le sac de course.

Mathieu arrivait avec le sac de légumes et ils aperçurent la voiture de la journaliste.

- J’ai l’impression que c’est pour la télé, souffla Mathieu avant de jeter un regard vers son ami.

Celui-ci se tenait la poitrine, les yeux à demi-fermés.

- Sakura est en danger...

- Encore ? Mais on ne sait pas où elle est !

Thomas sentait la douleur le déchirer et il ouvrit un œil vers la ruelle où disparut la femme et l’homme à la caméra.


- J’aimerais vous interviewer, mademoiselle, sourit la journaliste en faisant signe à son caméraman d’approcher et de la cadrer.

Tous dévisagèrent Sakura et celle-ci fit un pas en arrière, surprise de revoir la journaliste.

- Moi ? Mais... pourquoi ?!

- J’ai quelques questions à vous poser pour un reportage que je fais sur...

Lionel sortit de la boutique en courant, Kero entre les mains.

De l’autre côté de la rue, un homme jetait un sort. Le morceau de papier se colla au sol et Thomas se tourna vers lui.

Une énorme racine émergea du bitume, fragmentant la route. Puis une seconde et bientôt tout un mur s’érigea derrière la journaliste. Tout autour de la ruelle, y compris à travers les bâtiments qui cédèrent sous la pression des racines. Elles se refermèrent toutes au-dessus du groupe qui avait réussi à échapper aux débris de mur qui s’écroulaient.


- Je crois que nous avons trouvé le danger, sourit Mathieu.

- Change-toi ici... personne ne te regarde.

Yue apparut subitement sous ses traits, installa le sac de légumes sur la moto et Yolis se posa tout près.

- Tiens, murmura Yue. Tu viens nous aider ?

- Non, nous n’y pourrons rien. Je viens en tant qu’observateur...

- Pourquoi ça ?!! demanda Thomas.

- Wood est neutre. Elle résistera donc à tous les pouvoirs. Même à ceux de Sakura.

- Mais alors...

- Il faut qu’elle prenne le problème à la racine, éclata-t-il de rire.


Sakura appela ses amies un par un et tous répondirent qu’ils étaient intacts. Près des racines, la journaliste contemplait les plantes gigantesques qui cachaient totalement le ciel. Tiffany tapota l’épaule de Sakura et s’approcha de son oreille :

- On est pris au piège. Comment vas-tu faire ?

- Je n’en sais encore rien...

Lionel vint les aider à se relever et ils s’époussetèrent.

La femme fit volte face et les dévisagea. Son caméraman secoua la tête devant les restes de son objet de travail. Elle serra le poing et finit par lever un doigt vers le groupe :

- Tu savais que ça se produirait ? Dis-moi !

- Moi ? Mais... euh...

- Comment aurait-elle pu ? s’interposa Lionel.

- Je sais que c’est elle qui...

- Ca bouge !! cria le caméraman en apercevant le mur de végétations se resserrer vers lui.

Kero sortit du sac et se glissa jusqu’à la chasseuse. Elle l’aperçut et le dévisagea, hésitante et déboussolée. Les racines bougèrent encore un peu et des pans de murs s’écroulèrent entre les adultes et les adolescents.

- Je fais quoi... ? lui murmura-t-elle.

- Je ne sais pas.

- On va tous se faire écraser !

- Oui, eh bien je ne sais pas quoi faire ! Je ne pensais pas que Woody pourrait un jour attaquer ! C’était une carte de Clow si douce...

La femme tentait de balayer la poussière qui volait autour d’elle et elle se mit à tousser.


Dehors, la foule se rassembla autour des racines qui continuaient de sortir du sol pour mieux se refermer sur la zone. La police intervint et les fit tous reculer. Le bitume se soulevait par plaques et quelques voitures glissèrent dans la rue.

- Je suis sûr que vous pouvez tenter quelque chose, souffla Thomas en se laissant porter par Yue jusqu’à un toit.

D’en haut la vision était plus cauchemardesque encore. Une boule de végétation s’était érigé autour de cette ruelle.

- Regarde, lança Yolis en levant son sceptre. Effacement, ouvre un passage dans ce mur !!

Le sceptre brilla mais rien ne se passa.

Thomas chercha dans la rue, les deux hommes étaient partis.

- Je suis presque sûr que celui qui a jeté ce sort est le professeur de Sakura. Si on le retrouvait...

- Tu penses ! Ils n’y pourront rien tous les deux. On ne peut agir. Voilà tout.

- Tous les deux... ? Tu les connais ?!!


Le mur de droite finit de s’écrouler et l’autre résista encore un peu. Ils ne voyaient déjà plus la journaliste.

- Sakura, qu’est-ce qu’elle te voulait, cette femme ?

- C’est une folle, assura Lionel.

Sakura se leva. Peut-être qu’il était venu le moment de... Elle fronça les sourcils et Kero se cacha dans le sac. Une main contre elle, elle sentait la clef du sceau des sceaux. Comment tous les sauver ? Comment pouvait-elle faire si elle ne se décidait pas à...

- Ecoutez, se tourna-t-elle vers eux. J’ai quelque chose à vous dire...

Lionel la dévisagea et secoua le menton. Tiffany, elle, sourit.

- Il est arrivé des tas de choses étranges et il y a quelqu’un que vous connaissez qui...

- Ah ! je sais... lança Nadine. C’est Bianka !!! Je n’aurais jamais pensé qu’il était si étrange !

- Il avait l’air d’être un danseur tout à fait normal, ajouta Sonya.

- Comme quoi, les danseurs, grommela Yvan.

- Qui pouvait se douter que... ?

Un craquement soudain attira leur attention. Le mur allait céder sous la force des racines. La journaliste aperçut les débris pencher vers elle et se serra contre la paroi végétale. Tout allait leur tomber dessus ! Sakura attrapa sa clef et Lionel se leva.

- Sakura... tu es sûre ?

La femme hurla alors que des pierres chutaient à ses pieds.

- Fonce, chasseuse ! s’envola Kero. Tu dois faire quelque chose !

Tous le regardèrent et elle acquiesça. Son sceptre grandit entre ses mains et elle lança une carte en avant en courant par-dessus le tas de débris qui avaient coupé la ruelle en deux. Elle atterrit près du couple et frappa sa carte :

- Carte du Bouclier, protège-nous !

Une bulle s’arrondit au-dessus d’eux et les gravas s’amoncelèrent tout autour. La femme retira le bras qu’elle avait placé devant ses yeux et elle aperçut les trois cercles pivoter sous les pieds de la fillette. Elle chercha le regard de son assistant, mais il était aspiré par ce qui arrivait. Quand tout se calma, ils se trouvaient ensevelis.

- Comment allons-nous sortir ?

Sakura sourit et jeta une seconde carte contre son sceptre.

- Carte du Sable! cria-t-elle en lançant une dernière carte, écarte les gravats !

Le sable s’amoncela sous les cailloux et la poussière et, d’un coup, les parois de sable retinrent les morceaux de mur et Sakura leur fit signe de passer. En sortant de l’autre côté, elle récupéra ses deux cartes et les débris retombèrent contre les racines. Les deux étrangers et le groupe d’amis ne surent quoi dire.

Sandrine, elle, jouait avec Kero et le serrait contre elle ; Yvan fronçait les sourcils.

- Tu nous expliques ? fit-il.

- C’est un peu long...

- Attends, Sakura... l’arrêta Lionel. Il y quelque chose qui me gêne...

Il regarda les autres et haussa les épaules avant de continuer.

- Car Mist voulait nous attaquer, Kero et moi. On a fui la boutique mais... pourquoi ne se manifeste-t-elle pas ?


Gabrielle traversa le barrage de police et courut vers les racines. Les martelant à pleine main, elle appela. Mais on ne répondit pas tout de suite. Derrière le rideau, les gravas empêchaient le son de passer. Un agent lui demanda de reculer et elle aperçut le mégaphone à sa ceinture. Elle s’en empara et le posa contre les racines :

- Ne faites pas de mal à mon ami !!! Je vous en prie !!!


Tous se tournèrent vers la rue. Cette voix...

- C’est Gabrielle, s’écria Sandrine.

- Alors, j’ai une idée, sourit Tiffany en leur tendant son portable.

- J’ai le téléphone dans la voiture, avança la journaliste qui sortait peu à peu de sa torpeur.


Derrière Gabrielle qu’on emmenait, le téléphone sonna.


Sur le toit, Thomas leva les yeux.

- Il se passe quelque chose. Pourquoi la voix du mégaphone semble avoir traversé le rempart ?

Il se tourna vers Yolis. Il avait disparu.

- Yue, porte-moi jusqu’en bas. Et change-toi aussitôt.

En un clin d’œil, ils étaient rendu à la voiture. Mathieu tenta de convaincre les policiers de relâcher la jeune femme et Thomas ouvrit la portière et décrocha.

- Ce sont les enfants qui sont coincés dedans, cria-t-il à l’intention des forces de police.

Ils libérèrent Gabrielle qui approcha.

- Sakura ? demanda Thomas. Ca va ?

- Il n’y a aucun blessé. Rassure-toi. Yue et Yolis sont là ? Je les ai sentis...

- Que dit-elle ? demanda un des agents.

Thomas ne répondit pas et Mathieu croisa les bras face à la barrière végétale.

- Non, Yolis nous a dit que ça ne servirait à rien.

- Je crois que mon rêve... murmura Mathieu. C’est...

- Attends, Sakura, lui lança son frère. Que dis-tu, Mathieu ?

- C’est comme le rêve de Yue...



Episode 21.3 : Selon la volonté de Clow.


L’arbre avait encore grandi ; les racines, jointes au-dessus de la ruelle, remontaient ensemble et se fondaient en un tronc qui s’élevait peu à peu en répandant sur la ville ses branches gigantesques.

- Oui, c’est comme dans mon rêve.

- Explique, lança Thomas.

- Eh bien...


Une silhouette floue s’avança dans l’obscurité presque totale et Yue la suivit.

- On ne se reverra pas, Yue. Clow te l’a peut-être expliqué.

- Non, Tara. Je ne sais rien. Clow médite. Sa fin est pour bientôt. Malheureusement... inclina-t-il la tête.

- Je sais, Yue. Il a tant donné pour ce monde, et pour le sceau des sceaux... Il est fatigué. Je crois qu’il ne se réincarnera pas en une seule personne. Son âme ne le supporterait pas. Ses sentiments et son pouvoir seront séparés. Toi, tu vas demeurer à jamais avec lui, je suppose.

- Pourquoi le quitterais-je ? C’est mon maître, mon ami. C’est lui qui m’a insufflé la vie.

La silhouette s’arrêta dans le noir. Elle semblait frappée par ses dernières paroles.

- Alors, comme ça, Clow a déjà scellé ton esprit, Yue. Je suppose donc que Kero s’est déjà endormi.

- Oui, Clow tenait à l’endormir le premier, je ne sais pas pourquoi.

- Pour fausser ses souvenirs, sourit-elle discrètement.

- Et je rejoindrai Kero dès que Clow sentira son âme s’élever. Il m’a parlé d’un dernier sort mais ce n’était pas très clair... Es-tu au courant, toi ?

Elle leva une main vers lui :

- Je ne dois pas passer outre les mesures de Clow. S’il a voulu que tu oublies, alors qu’il en soit ainsi.

- Que veux-tu dire ?

- J’en dis déjà trop...

La silhouette s’éclaira faiblement et elle posa une main sur le mur verdâtre contre lequel elle marchait.

Un être ailé apparut alors.

- Un problème, Tara ? Pourquoi veux-tu me voir ?

- Yolis, nous en discuterons quand Clow se sera éteint. Je veux que tu accompagnes Yue jusqu’au livre sacré. Il te faudra une main pour y reposer, dit-elle à Yue.

- Adieu, Tara.

- Adieu, mon ami...

Il la salua et s’éloigna.

- Yue, attends ! l’appela-t-elle. Je veux pourtant que tu gardes cette scène en mémoire. A jamais.

- Quelle scène ?

Yolis sourit en dévisageant leur amie gardienne. Le mur qu’elle frôlait des doigts s’illumina et il comprit qu’il s’agissait de gigantesques racines. S’élevant au-dessus de lui, un arbre gigantesque les surplombait.

- N’oublie jamais que quelle que soit notre forme, nous les gardiens du sceau, nous contrôlons l’Arbre qui est l’essence même de notre existence. Ton nouveau maître te fera renaître dans un combat gagné grâce à l’Arbre. Et tu jugeras ce nouveau maître par la puissance de l’Arbre. Mais cette image devra te revenir en premier, gardien. Ce sera alors à toi de l’aider...


Une violente pluie obligea les spectateurs à s’éloigner et Yue put ainsi redevenir lui-même.

Thomas, assis sur le siège conducteur, à côté de Gabrielle, releva la vitre assez pour ne pas se faire mouiller par l’eau qui frappait puissamment la carrosserie :

- Que se passe-t-il ?!

- Yolis nous a mentis ! Nous contrôlons tous l’Arbre, évidemment. Dis à Kero de se rabattre contre la paroi. Sous sa vraie forme. Nous nous passerons des deux autres.

Thomas acquiesça et referma sa vitre :

- Sakura ! Il faut que Kero reprenne sa vraie forme !! cria-t-il dans le téléphone alors que la pluie battait la tôle. Lui seul peut lutter contre l’Arbre.


- Ah bon ?! s’envola-t-il des bras de Sandrine.

Son enveloppe se déchira et le fauve s’envola vers la paroi qui donnait sur l’avenue.

- Je fais quoi ?

- Concentre-toi, lui souffla Yue. En développant nos forces de l’eau et du feu, on devrait contrer le sort...


- Sakura, appela Gabrielle dans le téléphone. Je t’en prie, ne fais pas de mal à mon ami...

Un doute envahit à cet instant l’adolescente. Elle fixa le plafond et le sol, la boutique dans laquelle les débris glissaient. Elle approcha le téléphone de son oreille :

- Ce n’est pas moi qui lui veux du mal. Mais j’ai le sentiment qu’ « Il » ne survivra pas longtemps si je ne...

- Pourquoi ?! Pourquoi ça... ?

Tiffany chercha en elle tandis que la chasseuse s’approchait de la porte du magasin. Par le passé, le Brouillard avait attaqué les décors de la pièce de la classe de Thomas. Pour la capturer... Il fallait... elle leva les yeux vers le plafond. C’était ça.

- Quelqu’un en veut à Mist, Sakura !!

- Je viens de le comprendre.

- Vous voulez de l’aide ? se proposa Nadine.

- Non, non, merci, lui sourit amicalement Sakura en pénétrant la boutique.

Sur le sol, le nuage vert, affaibli, rampait dans tous les sens, cherchant un moyen de s’échapper.

- Quelqu’un l’a affaibli, comprit Lionel. L’Arbre a recouvert le Brouillard. Alors celui-ci n’a plus d’effet.

- On dirait qu’il est en train de... mourir, signala Tiffany.

Sakura leva son sceptre.

- Sakura, non... supplia Sandrine en mettant un pied dans la boutique. Si j’ai bien compris, l’ami de Gabrielle, c’est cette chose...

- Je dois le faire.

- Et si on se trompait... ? avança Tiffany, en retournant la question dans sa tête. Pourquoi considérer ces forces comme mauvaises ?

- Enfin, Tiffany ! lança Lionel. Tu as bien vu ce qu’elles ont fait jusqu’à présent!

- Elles sont manipulées. Tu disais toi-même que quelqu’un nous les envoyait. 

- Oui, on nous les envoie. Mais rien ne nous prouve qu’on les oblige à nous attaquer ! Tout ceci ne pourrait être qu’une mise en scène. Si quelqu’un avait orchestré cette peur de Mist pour vous apitoyer sur son sort ?!!

- Je ne peux pas me permettre de laisser une telle force dans la nature, soupira Sakura.

- Mais... s’avança Sandrine.

- Non, Sandrine ! Ce sont des forces bien plus mauvaises que ce que vous avez vu jusqu’à présent. Et je le dois !!!hurla-t-elle en abattant son sceptre contre le Brouillard.

Mais elle ne prononça pas la formule de conversion des forces en carte. Elle fixa la masse verte un long moment et finit par relever son sceptre :

- D’accord, lança-t-elle à Mist. Si tu es une force bénéfique, je ne devrais pas avoir besoin de te capturer.

La masse se redressa mollement et se décomposa sous leur yeux. Une carte se créa au bout du sceptre et Sakura l’attrapa entre ses doigts. Tiffany sourit et posa une main sur l’épaule de Sakura :

- Elle a comprit seule quel était le meilleur choix.

Un grincement terrible survint alors et ils sortirent. Les racines allaient en sens inverse et pénétraient le sol.

- Nous avons réussi ! se retourna Kero. L’Arbre était ensorcelé ! Et nos seuls pouvoirs ont suffi à lever le sortilège. On est les meilleurs, Yeah !!

- Eh, mais je ne vais pas rater cette occasion, moi ! s’écria Sakura en se ruant vers les racines alors que la pluie diluvienne commençait à les arroser. Force de l’Arbre, cria-t-elle en frappant les végétaux qui rentraient dans le sol. Quitte la forme qui est tienne. Deviens Carte, carte de l’éternel !

Toute la végétation disparut en une fumée translucide qui tournoya pour rejoindre la carte qui se créait. Sakura la vit s’envoler et retomber aux pieds des deux gardiens qui reprenaient leur forme, la pluie se calmant dans la rue. Elle accourut et la ramassa.

- Si elle est venue vers vous, c’est en remerciements, sourit-elle, heureuse d’avoir capturé deux autres de ces forces.

Kero se posa entre les mains de Mathieu et fit signe à Sakura :

- Je dois parler avec Yue. On se voit plus tard.

Thomas arriva en courant, suivi de Gabrielle, et il vérifia que tout allait bien.

- Tout s’est bien passé, souffla Sakura.

- Ah. Tant mieux, fit-il gêné d’avoir montré autant d’inquiétudes. Hum, hum, toussa-t-il. Je vais suivre Mathieu.

Il se mit à marcher sur le trottoir et accéléra soudain.

- Il était inquiet, c’est vraiment mignon, assura Tiffany.

- Est-ce que... commença Gabrielle.

- Je ne l’ai pas forcé. Il a choisi de venir à moi, expliqua-t-elle. Sandrine a défendu tes idées et je l’ai écoutée. Mais Il savait ce qui était le mieux pour lui. Je le protègerai comme il t’a protégée.

- Je... Je veux bien te croire. Remercie-le pour moi...

Sakura hocha la tête ; la journaliste époussetait sa robe et s’arrêta près des deux amies. Les secours arrivaient et s’occupèrent des enfants.

- Je saurais me taire. Je crois que tout ceci n’est pas vraiment de mon ressort, en fait.

Elle se pencha et attrapa la cassette écrasée sous un caillou.

- C’est tout ce que nous avons filmé. Au revoir.

- Au revoir, sourit Sakura. Merci !!

- Elle passe à côté d’un sacré scoop, confia Tiffany. Je me demande ce qui l’a réellement décidée.

- Elle a peut-être eu vraiment peur.

- Pour effrayer une journaliste, à mon avis, il en faut plus !

Le groupe s’approcha d’elles, tous emmitouflés dans des couvertures. Yvan lui fit un clin d’œil et Sakura répondit par un simple hochement de tête.

- Ils sauront garder le secret, nota Tiffany.

- J’en suis sûre ! Mais je vais avoir droit à toutes sortes de questions dès demain !!

- Ooooh, noooon !! s’écria soudain Tiffany alors qu’un aide-soignant lui demandait de rejoindre l’ambulance.

- Qu’est-ce qu’il y a ?! s’affola Sakura.

Elle comprit pourtant et sourit, lui jetant un regard compatissant :

- Ce sera pour la prochaine fois !

- J’espère bien !


Yue posa son sceptre et croisa les bras. Kero faisaient les cent pas entre un poteau et un parterre de fleurs, dans un parc désert.

- Et tu dis que c’est un souvenir ? répéta Kero.

- Oui, une telle discussion ne pourrait être un rêve ! C’est un souvenir.

- Tara, Yolis... Ca voudrait dire que nous les connaissions bien avant tout ça ?! Je ne me souviens de rien !!

- Il faut en parler à Sakura.

- Non, non. Pas la peine de l’alarmer pour rien. Elle va se faire du soucis et cela pourrait la distraire. En plus, elle croit dur comme fer que ce Yolis est bon.

- D’un autre côté, réfléchit Yue, s’il ne m’avait pas dit que nous ne contrôlions pas Woody, je n’aurais peut-être pas repensé à ce rêve... L’aurait-il fait exprès ?

- S’il lisait dans tes pensées, peut-être, mais là... ! se mit à rire Kero. Voyons, Yue. Un peu plus de discernement. Ce gardien est un faux...

- Et Tara ?

- Quoi Tara ?

- Tara est le quatrième gardien. Celui qui contrôle les cartes de la Terre. Mais on ne l’a pas encore vue...

- Eh bien, si elle se montre, alors je te croirai, Yue. Mais jusque là, laisse-moi douter de ce Yolis... il ne me plaît pas.

Yue décroisa les bras et hocha le menton.

- D’accord, murmura-t-il. Attendons.

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