Malispier, «La Princesse et son dragon », traduction du russe

Chapitre 5 : Comment survivre à la visite des parents ?

3496 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/11/2025 13:38

Les plantes enchantées par le dragon avaient déjà percé le sol, remplissant l'air de parfums estivaux à peine perceptibles, encore prématurés. Les colonnes recouvertes de lierre scintillaient légèrement, diffusant une lumière dorée. Des oiseaux au chant puissant entonnaient des mélodies originales, seulement interrompues par des voix joyeuses qui s'élevaient de temps à autre. Pour la première fois depuis de nombreuses années, le jardin autrefois négligé, était devenu un lieu où les gens se rassemblaient : les serviteurs de tout le palais s'affairaient à dresser la table, soigneusement recouverte d'une nappe blanche légère. Les branches étendues de l'arbre qui commençaient à se couvrir de feuilles cachaient avec douceur et attention les servants du soleil qui venait de se lever.


Un peu plus d'un mois s'était écoulé depuis le départ d'Arthur. La princesse n'avait pas organisé d'événements depuis longtemps, mais un festin était un festin ! Dans sa robe blanche ajustée, brodée de fils d'or, elle courait d'un employé à l'autre, ajustant nerveusement la couronne de pissenlits sur sa tête. Sarah s'était habillée d'une robe ressemblant à la robe de mariée de sa mère, espérant détourner son attention de l'apparence inhabituelle de son bien-aimé. Un stratagème aussi fiable qu’une montre suisse.


L'arrivée de son père et de sa mère ne causait à la princesse qu'un stress indescriptible. Les premiers jours qui suivirent l'annonce fracassante d'Arthur, Sarah ne fit que regarder le plafond de sa chambre. Le dragon se demanda même s'il ne fallait pas appeler un médecin pour sa bien-aimée. Puis elle se réjouit de revoir bientôt ses parents, et le dixième jour, elle était tellement inquiète qu'elle rédigea un plan d'action sur quatre-vingt-treize feuilles.


Elle avait tout prévu dans les moindres détails : elle avait choisi le lieu en comptant sur l'amour de sa mère pour les jardins, elle avait calculé avec l'aide d'un astrologue engagé par Aaron le moment le plus propice pour la célébration, elle avait déterminé à l'aide de formules complexes le temps nécessaire pour faire l'aller-retour entre la capitale et le palais. Ce n'était qu'après cela qu'elle avait autorisé Arthur à partir. Et voilà, très bientôt, tout allait commencer !


Aaron était parti trois heures plus tôt sur ordre de sa compagne : il surveillait sans relâche les abords du château, cherchant de son regard surhumain le cortège royal solennel. Sarah affirma avec certitude que sa mère resterait fidèle à ses habitudes et ferait une apparition aussi pompeuse que possible. Ses serviteurs sortaient même son pot de chambre au son des fanfares. Du moins, c'était ce dont la princesse se souvenait depuis son enfance. Mais peut-être avait-elle tout inventé.


La sérénité était quelque chose d'inaccessible et d'éphémère, quelque chose que tout le monde recherche, mais que personne n'était capable d'atteindre. Certains rêvaient d'une fortune inestimable, d'autres d'un prince charmant. Sarah avait tout cela... Mais il lui manquait autre chose. La seule chose qui lui manquait, c'était…


 — Tu trouves que ce sont des cubes ? !


Debout sous l'auvent de la cuisine ouverte, dans un coin reculé du jardin, Sarah serrait les poings avec force, tout en regardant le cuisinier qui ne comprenait rien à ce qui se passait. Il tenait dans ses mains un petit plateau avec des canapés.


— Que je sois damnée si c'est un cube…

Sarah prit un couteau sur la table et le pointa vers l'homme.

— Peut-être que je n'ai pas vu de cubes depuis longtemps ?


— M-M-Madame...


— Qu'est-ce que j'ai dit ? Des cubes ! Six faces ! Douze arêtes ! Huit sommets ! s'écria Sarah en s'avançant de manière menaçante vers le cuisinier qui reculait. Et ça ?


La servante personnelle arriva juste à temps, empêchant ainsi un bain de sang se produire. Elle toucha délicatement l'épaule de Sarah et sursauta lorsque celle-ci se retourna brusquement, les yeux brillants de rage et assoiffés de vengeance. La lame du couteau scintillait à la lumière du four magique portatif.


— Les carottes…

La princesse passa l’ustensile de cuisine d’une main à l’autre à la manière des voyous et s'écria :

— …Coupées en rondelles ! 


En rondelles ! Qu'elles aillent au diable. La mère de Sarah détestait ces formes parfaitement régulières, inventées par le diable. Personne ne savait pourquoi, mais dans le palais, à l'époque de l'enfance de la princesse, des rumeurs circulaient au sujet d'une bague en or qui avait failli provoquer l'apocalypse.


— Je vais tout rectifier ! 

Le cuisinier laissa tomber le plateau et tomba à genoux, implorant son pardon.


Le regard inhumain de Sarah, étincelant de colère, inspirait une peur sincère aux employés. La servante sourit nerveusement et se retira pour ne pas être prise dans l’engrenage. Ses élans altruistes moururent avant même de naître. La princesse saisit la lame de sa deuxième main et, après avoir pris une profonde inspiration, tenta de se calmer, mais ne fit qu'inconsciemment tordre le couteau.


— C'est de l'acier enchanté... murmura le cuisinier.


— Travaille... ordonna Sarah entre ses dents.


Les problèmes continuaient à surgir, et pas seulement dans la cuisine improvisée en plein air. Les fleuristes engagés tentaient de convaincre la princesse qu'il n'existait pas de roses transparentes et que c'était pour cette seule raison que la table était décorée de compositions florales rouges et roses. Les domestiques tentèrent de se justifier en affirmant que la disposition des couverts n'avait rien à voir avec les phases du cycle lunaire. Seuls les musiciens étaient irréprochables : ils ne vinrent pas du tout, car ils avaient peur de s'aventurer dans le château du dragon. Si quelqu'un était absent, on ne pouvait pas lui faire de reproches !


Le jardin respirait les parfums des fleurs, des herbes et de la viande juteuse d'un jeune veau, qui allait bientôt être servi sur un plateau d'argent à l'intérieur de la queue d’une sirène. Seule l'odeur de ce petit animal récemment abattu apaisait la soif de sang de Sarah. La princesse s'assit sur une chaise en bois sculpté pendant une seconde, quand soudain Aaron, qui parvint miraculeusement à ne pas gâcher le décor par le battement des ailes, déclara d'une voix tonitruante :


— Ils sont arrivés !


Guidée par une force magique, la princesse s'éleva dans les airs, entourée d'un essaim d'étincelles brillantes, et vola comme une flèche vers Aaron. Elle eut le temps de jeter un regard froid au cuisinier qui coupait nerveusement des carottes en cubes. S'asseyant comme d'habitude sur son bien-aimé, Sarah serra fermement les excroissances sur le dos du dragon.


— Tout ira bien, ma chérie, ne t'inquiète pas… tenta-t-il de la rassurer d'une voix incertaine.


— Envole-toi et garde le silence.


Le dragon déglutit bruyamment et, expirant brusquement par les narines une épaisse fumée âcre, se dirigea rapidement vers la frontière du domaine.


De loin, Sarah aperçut déjà le cortège solennel : des chevaliers en armure étincelante, montés sur de puissants destriers, escortaient un carrosse noir dernier cri. Ce modèle venait d'être lancé par la société d'un génie. Tout le monde savait qu'il s'appelait Elon, mais personne n'avait jamais vu le visage de ce magicien, qui portait toujours un masque.


Aaron descendit et atterrit sur le chemin devant le couple royal. La princesse descendit vivement sur terre sous les lamentations désapprobatrices du dragon. Il n'aimait pas du tout qu'elle néglige les règles de sécurité.


— Petite maman, petit papa !

Sarah, maintenant sa couronne d'une main et le bas de sa longue robe de l'autre, s’avança avec la démarche théâtralement distinguée d’une précieuse en direction de la calèche.         


Des oiseaux apparus on ne savait d'où se mirent à chanter, et un rayon de lumière, conjuré à point nommé par le dragon, illumina la silhouette gracieuse de la jeune femme comme l’aurait fait le plus puissant des projecteurs.


L'un des chevaliers, dans lequel la princesse reconnut comme étant Arthur, murmura quelque chose à la fenêtre entrouverte de la calèche, et soudain, la porte fut arrachée de ses gonds. Un homme corpulent et musclé, vêtu d'un costume d'apparat austère et d'une cape en fourrure, bondit à l'extérieur. Ses cheveux roux bouclés brillaient au soleil, et sa barbe épaisse cachait son sourire.


— Ma petite puce ! s'écria-t-il d'une voix rauque en se précipitant vers sa fille.


— Mon petit papa !


Et ainsi, ils coururent l'un vers l'autre jusqu'à ce que Sarah réalise qu'elle allait heurter cette montagne d’homme et peut-être en mourir tragiquement. La princesse bifurqua soudainement dans une autre direction, échappant ainsi à un destin peu enviable, mais le roi se lança à sa poursuite. Aaron s'allongea sur le sol et se contenta d'observer cette scène d’accueil humaine pour le moins étrange.


— Arrête, père ! cria Sarah en accélérant.         


Mais l'homme ne fit qu'accélérer. Ce jeu simpliste ne dura pas longtemps : lentement, avec un air véritablement royal, une femme élancée aux cheveux châtains parsemés de quelques mèches grises sortit de la calèche. Elle tenait un châle de fourrure d'une main et tendit l'autre au chevalier pour qu’il l'aidât à descendre.


— Arrêtez ! ordonna froidement la femme, d'une voix à peine audible.         


Instinctivement, Sarah freina, mais le roi désobéit à sa femme : il rattrapa sa fille, la prit dans ses bras et, comme s'il s'agissait d'une petite fille, l'assit sur son épaule. Riant gentiment, il échangea une nouvelle fois des salutations avec elle et, tout en discutant de quelque chose, retourna avec la princesse à la calèche.


 — Bonjour, maman, dit Sarah poliment en sautant de l’épaule de son père.


— Bonjour Sarah, répondit-elle, puis en désignant Aaron qui s'approchait discrètement d'eux questionna. C'est l’élu de ton cœur ?        


En réalité, il ne s'approchait pas si discrètement que ça, mais soulevait d'épais nuages de poussière que seul un aveugle n'aurait pas remarqué. Un étrange nœud papillon noir ornait le cou puissant d'Aaron. Le dragon s'inclina poliment devant les parents de sa bien-aimée et, traçant un cercle dans les airs avec sa griffe, ouvrit un portail menant directement dans le jardin.


Ignorant poliment la question de sa mère, la princesse préféra se mettre à la réalisation de son plan pour un dîner idéal !


— Je vous en prie, père, mère, dit Sarah en se plaçant à droite du portail et en montrant l'intérieur du jardin. Il est plus agréable de discuter ici que sur la route, n'est-ce pas ?         


La princesse entra la première, suivie du roi et de la reine. Aaron se contenta de passer la tête : l'accès au jardin lui était interdit où il n'y avait pas assez de place pour autant de monde.


Les serviteurs prirent immédiatement les manteaux des invités et les installèrent en tête de table, sur des chaises en bois sculpté, ornées de rubans multicolores. La princesse prit place en face de la tête du dragon qui dépassait du portail.


— Pas mal, ma fille ! sourit son père en regardant autour de lui. 

Il ne comprenait rien à l'aménagement paysager, et c’était pour cela qu’il trouvait que tout n'était pas si mal.


— Laisse tomber les futilités, Joseph, lui dit froidement sa femme. Nous sommes ici pour des discussions plus importantes.


— Mais je propose d'abord de manger un morceau... intervint Aaron, sous les hochements de tête approbateurs du roi. N'est-ce pas, reine Marianne ?


Elle ne contredit pas, mais un silence gênant s'installa à table pendant que les domestiques servaient des amuse-gueules aux invités et aux propriétaires du château et remplissaient les verres. Joseph regarda les canapés avec dégoût, manifestement peu amateur de mets légers, même pour se mettre en appétit. Le dragon réagit de la même manière aux efforts du cuisinier.


— Des cubes ? sourit Marianne.


— Oui, maman !


— Quelle prévoyance, répondit-elle avec satisfaction en commençant à manger. 

Après avoir terminé la première portion, elle poursuivit :

— Aaron, vous vous souvenez sur quoi reposait notre accord, n'est-ce pas ?


— Bien sûr, reine, répondit Aaron en regardant Sarah. Mais vous comprenez...        


— Maman, vous imaginez ! l'interrompit la princesse. Le cuisinier a d'abord coupé les carottes en rondelles !


Joseph se mit à faire des gestes étranges à sa fille pour lui faire comprendre qu'il valait mieux ne pas interrompre sa mère. Cependant, il se rassit rapidement lorsque la reine posa ostensiblement fort son verre sur la table.        


— Les rumeurs vont bon train, Aaron, commença Marianne en s'essuyant la bouche avec une serviette. Comment expliquez-vous cela ? Avez-vous décidé de renoncer au contrat ?


— Pourquoi donc ? Aaron mit ses lunettes sur son nez et un bout de papier apparut devant ses yeux. Selon...


— Ne vous donnez pas cette peine, je me souviens du contenu, l'interrompit-elle. Ne pensez-vous pas que vous êtes un peu... disproportionné pour ma fille ?        


Le lézard regarda la petite silhouette soignée de Sarah, puis des souvenirs lui revinrent à l'esprit : comment elle balançait sans peine le squelette de Perceval d'un côté à l'autre, comment elle avait menacé les habitants du village et comment elle avait dressé les domestiques.


— Je ne pense pas.


— C'est un chevalier qui m'a sauvée, dit Marianne en posant sa main sur l'épaule crispée de Joseph. C'est un chevalier qui a sauvé ma mère, c'est un chevalier qui a sauvé ma grand-mère... Je pourrais continuer ainsi jusqu'au début de la dynastie. Alors pourquoi cette fois-ci tout a-t-il mal tourné ?        


— Maman, je… Sarah voulait dire quelque chose, mais Aaron la devança.


— Les voies de l'amour sont impénétrables, n'est-ce pas, roi Joseph ? Le dragon s'empressa d'entraîner le père de sa fiancée dans la conversation.


C'était en effet une bonne stratégie, mais il avait omis de prendre en compte un seul et unique fait... La famille royale était matriarcale.


Le roi jouait avec sa fourchette, piquant sans cesse le pauvre morceau de carotte qui ressemblait déjà davantage à de la bouillie. Il était manifestement peu intéressé par la conversation et davantage préoccupé par l'absence de viande dans son assiette. Sarah frappa immédiatement dans ses mains et les domestiques servirent le plat principal : une queue de sirène cannibale farcie de viande de jeune taureau.


— Pas mal, voilà pourquoi les livraisons ont cessé, dit Marianne, distraite. Avez-vous intimidé les pêcheurs et les aventuriers ?


— Oui ! répondit fièrement Aaron.


— Non ! le contredit Sarah.         


— Intimidés ? ! s'exclama Joseph, enthousiaste, en ouvrant la queue dans le sens de la longueur et en dévoilant une viande juteuse et parfumée. Ma fillette ! Voilà le sang de br.. de barbare qui parle ! Mais priver sa mère de son mets préféré... En revanche, elle a maigri !


Marianne renifla et se poussa ostensiblement de son mari. 


Il était temps de faire une petite pause : Aaron et Joseph décidèrent d'organiser un concours, qui fut évidemment remporté par le dragon, qui avala tout le plat d'un seul coup. Le roi n'avait pas tenu compte de leur différence de taille. Ayant terminé son repas avant sa fille, la reine continua à camper sur ses positions.         


— La perpétuation de notre lignée semble peu probable dans ces conditions... Et je ne sais même pas si les dragons ont coutume de se marier.


Sarah s'étouffa avec son jus de grenade et se mit à tousser. Joseph se leva immédiatement et se précipita pour tapoter le dos de sa fille.


Aaron et elle ne pensaient pas vraiment à la perpétuation de leur lignée, mais la princesse se demandait parfois comment un tel processus pourrait se dérouler entre un dragon et un humain. Sarah passa en revue différentes options et décida qu'inviter un mage noir pour créer un homoncule était une bonne idée. Le plus compliqué était d’obtenir la semence du dragon.


— Je n'y ai pas encore réfléchi, répondit Aaron pensivement en regardant Sarah qui rougissait. Mais la magie a fait d’énormes progrès aujourd'hui. Seule votre approbation nous préoccupe.


— Et qu'est-ce que je dois approuver ? soupira Marianne. Nous sommes venus récupérer notre fille, le château et l'or restent à vous, conformément au contrat. J'ai commis une erreur en pensant que le plus jeune dragon du continent serait facile à tuer.


Joseph resta figé sur place et regarda son épouse d'un air perplexe. Sarah fronça les sourcils et, agrippant le bord de la nappe, le serra aussi fort qu'elle le pouvait, mais n'osa pas intervenir dans la conversation.


— Je refuse, dit Aaron en s'étirant jusqu’à ce que son cou passe à travers le portail menant au jardin et que sa tête se retrouve près de Sarah. C'est ma princesse.


— Ne sois pas bête, tu garderas la fille de Sarah plus tard, tu auras du travail, ne t'inquiète pas.


— Je refuse, grogna le lézard.


— Chérie, mais nous voulions simplement… intervint Joseph.


Sarah bondit de sa chaise et tapa bruyamment du poing sur la table, renversant son verre sur la nappe blanche. Elle retira de sa tête la couronne de pissenlits et la jeta par terre.


— Je ne t'ai pas demandé ton avis ! commença sévèrement la princesse. Je me suis mise sur mon trente-et-un, j’ai tout organisé et je m’attendais à une réunion familiale agréable !

Sarah claqua la langue et jura bruyamment en dragon : Joseph poussa un cri de surprise, avec de la fierté dans le regard. 

— C'est oui ou c'est non, mère ! Et si c’est non, vous n'êtes plus la bienvenue dans ce château.         


— Et j'ai bien peur que vous ne puissiez emmener ma bien-aimée qu'en passant sur mon cadavre...


Marianne ne broncha pas en entendant la menace d'Aaron, elle se contenta de boire une gorgée de jus dans son verre.


— Oui, répondit-elle de manière inattendue. Ton père était plus conciliant.         


Joseph fronça les sourcils et renifla. Cette remarque le blessa manifestement.         


— Quoi ? demanda Sarah.


— Quoi ? répéta Aaron.


Le roi ferma un œil, tandis que l'autre prit inexplicablement l'apparence d'un œil de dragon : des écailles oranges brillèrent un instant, puis la pupille redevint humaine.


— Ma fille, pensais-tu que ta force t’était tombé du ciel ? s'esclaffa son père.


Aaron, avec la prudence et méfiance d’un chat errant, renifla le roi qui se tenait à côté de lui, ne comprenant pas pourquoi celui-ci avait l’odeur d’un humain. Sarah se blottit contre son bien-aimé.


— Polymorphisme, espèce d’ignorant, dit Joseph en donnant une tape sur le nez de son congénère, qui poussa un sifflement de douleur pour la première fois depuis de nombreuses années. Apprends, pour que, enfin, tu comprends…


L'homme fit un mouvement des sourcils suggestif embarrassant sa fille et l’élu de son cœur par son insistance.


— Bon sang, Joseph ! Assieds-toi et tais-toi ! ordonna Marianne avant de se justifier : Nous étions heureux d'apprendre comment les choses avaient tourné. Mais les dragons sont des créatures cupides, alors j'avais peur qu'il te cède facilement et t’échange contre le château et de l'or. Comme ton père...


— Mais après, j'ai...        


— Chut ! 

Marianne s’éclaircit la gorge et sourit. 

— Je vous bénis, Sarah, et je le jure sur la tête de ton père...


— Quoi ? ! s'écria Joseph, effrayé, conscient du caractère changeant de sa femme.

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