DAREDEVIL : Aventures enflammées

Chapitre 4 : Morsmont & Murdock

3918 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 29/06/2018 17:23

-Il faut qu'on discute d'un certain nombre de choses, j'imagine, dit Matt.

-Oui. Mais sachant que tu es mon avocat de probation, je n'ai pas mon mot à dire. Comment tu t'organises pour le bénévolat ? Les gens viennent chez toi ?

-Non, le commissariat met à disposition une salle. Je travaille sur les dossiers chez moi.

-D'accord…

-C'est vrai que maintenant qu'on est deux ça va être compliqué. Non pas que nos appartements soient très éloignés l'un de l'autre…

-Je pensais à louer un bureau mais comme on fait du bénévolat…

-Allons voir au commissariat et au tribunal ce qu'ils peuvent nous proposer comme solution, lança Matt en se levant.

-Commençons par le tribunal.

 

           Ils s'y rendirent et expliquèrent leur situation. La greffière à l'accueil leur indiqua un bureau inoccupé.

 

-C'est ici. Ca vous ira ?

-C'est sommaire, dit Meghann qui regrettait le luxe de son ancien cabinet à Manhattan. Mais ça le fera.

-Merci.

 

           Ils remirent en état le bureau puis prirent une pause déjeuner.

 

-Ca ne te gêne pas que je sois ton avocat de probation ?

-Non, pas du tout, c'est génial au contraire… Tu sais ce que j'ai traversé et tu me fais confiance c'est bien plus motivant.

-Tant mieux parce que je… commence vraiment à t'apprécier.

-Je t'apprécie aussi, Matt.

 

           Il y avait plus, il pouvait le sentir mais il était déterminé à ne pas la brusquer. Elle était en probation et lui son employeur. Une telle relation pouvait invalider la probation de Meghann.

 

           Quand Meghann rentra chez elle, elle poussa un soupir de contentement. Elle avait tellement appréhendé cette période de probation… avec Matt elle récupèrerait son droit d'exercer.

 

           Le lendemain matin, ils eurent la surprise de constater que des gens faisaient la queue devant leur bureau.

 

-Oh… Eh bien, au travail, dit Matt. Le premier arrivé, s'il vous plait.

 

           A chaque fois qu'ils entraient, Meghann interceptait le regard désagréablement surpris des plaignants. Matt ignorait et se concentrait sur le travail à fournir. Elle tentait tant bien que mal de suivre son exemple.

 

           En fin de soirée, Foggy arriva.

 

-Salut.

-Salut.

-Vous voilà installés dans un palace.

-Ne sois pas méchant, fit Meghann en rangeant les dossiers du jour.

-Au moins on a du travail, répondit Matt. Comment ça se passe chez Hogarth ?

-Bien. Quand je ne suis pas sur un cas de… euh…

-Elle sait.

-Faut croire qu'il y en a qui sont privilégiés…

-Longue histoire.

-Je passais vous chercher pour boire un verre chez Josie, si ça vous dit.

 

           Ils allèrent au bar chez Josie. Karen les y rejoignit.

 

-Qu'est-ce qu'on fête ? demanda t-elle.

-Une nouvelle aventure juridique.

 

           Meghann ne put s'empêcher de se sentir mal à l'aise et le regard de Karen ne l'aidait pas à se sentir mieux. Comme pour la rassurer, Matt posa sa main sur la sienne.

 

-J'essaye de vous imaginer tous les trois plus jeunes…

-Foggy avait les cheveux plus longs, jusqu'aux épaules, et un style très différent.

-Et il apprenait le punjabi…

-Il n'y avait plus de place en espagnol.

-Et Matt portait des lunettes noires, vraiment noires.

-Et il était mieux rasé la plupart du temps.

-Et Meghann ?

-Plus populaire.

 

           Quelques instants plus tard, celle-ci décida de rentrer seule.

 

           Sentant la colère qu'elle refoulait, Matt ne tarda pas à la suivre. Quand il arriva devant son appartement, elle venait de fermer la porte. Il croyait la connaître et il avait tort. Que savait-il de Meghann Morsmont si ce n'était ce qu'elle lui avait dit ? Quelle était son ambition ? Ses rêves ? Ses envies ? Quelque chose lui disait que ce n'était pas de travailler bénévolement…

 

           Il essaya de se souvenir de Columbia et des rares fois où ils avaient parlé.

 

           C'était la fin de l'année. Matt était major de promo. Foggy le félicitait et annonçait la nouvelle à qui voulait l'entendre.

 

-Bravo, Murdock, lança la voix de Meghann.

-Tu es seconde ! fit Foggy.

-J'imagine que tu payes ta tournée ce soir.

-Un peu, mon neveu !

 

           Ils s'étaient retrouvés dans le bar le plus branché du campus. Foggy et Marci s'étaient isolés.

 

-Alors qu'est-ce que tu vas faire ? lui demanda t-elle.

-J'ai dans l'idée d'ouvrir mon cabinet, avec Foggy.

-C'est ce qui nous attend tous… Idéalement, je voudrais être procureure. Mais il faut plusieurs années de fonction…

 

 

           Le lendemain cependant, elle semblait dans de bonnes dispositions pour travailler. Matt ne reparla pas de la soirée de la veille ni de ses souvenirs de Columbia. De toute façon, ils étaient surchargés de travail.

 

           Une femme se présenta plusieurs jours plus tard en milieu d'après-midi. Elle était accusée d'être une mule sur le fait qu'on ait retrouvé de la drogue dans sa valise.

 

-Vous êtes le meilleur avocat, Mr Murdock.

-Je fais de mon mieux. Vous dites qu'on a placé la drogue dans votre valise à votre insu ?

-Oui, vous ne me croyez pas ?

-Bien sûr que je vous crois.

 

           Ils allèrent récupérer quelques éléments du dossier au commissariat.

 

-Il y a un dessin à l'encre rouge sur les paquets. Un serpent.

 

           Matt se figea. La drogue de Gao était de retour, ce qui signifiait que Fisk n'était pas loin non plus.

 

-Ce détail t'est familier ?

-L'affaire nous mène droit à Wilson Fisk. J'ai déjà eu affaire à lui…

-Et tu t'en es sorti.

-Je serai moins définitif. Si j'ai raison, on ne devrait pas tarder à voir un gars en costard.

 

           Effectivement, le lendemain matin, un homme en costume arriva. Meghann l'accueillit.

 

-Monsieur, je peux vous aider ?

-Oui, vous direz à Mr Mudock de lâcher le cas de Mrs Torres.

 

           Matt sortit du bureau et s'avança vers l'inconnu.

 

-Pour quel motif ? demanda t-il.

-Vous avez bonne réputation, pour l'instant. Mon employeur est prêt à vous offrir une somme généreuse pour que vous laissiez tomber Mrs Torres.

-Et si on refuse ?

-Vous vous exposerez à des suites moins plaisantes. On vous attaquera pour diffamation, on vous empêchera d'exercer…

-Dites à votre employeur que nous ne céderons pas, ni Mrs Torres ni aucune autre personne qui pourrait être lié de près ou de loin à ses trafics.

-… Vous auriez dû réfléchir, demander l'avis de votre assistante sur l'acceptation des enveloppes.

-Fisk sait que je n'accepte pas les pots-de-vin.

-Il a dit que vous étiez quelqu'un de têtu…

 

           Et l'autre partit.

           Il fallait s'attendre à ce que les ennuis commencent dans les prochaines heures. Meghann n'arrivait pas à se concentrer. Elle alla voir Matt qui n'en menait pas moins large.

 

-Qu'est-ce qu'il peut faire, ce Fisk ?

-Nous manipuler, nous faire tuer, s'assurer qu'on n'exerce plus jamais…

-Ca ressemble à une affaire personnelle.

-Je lui ai dit un jour que je m'assurerais que sa femme ne puisse jamais revenir sur le sol américain.

-Pourquoi tu lui as dit ça ?

-J'étais énervé, et couvert de bleus.

-Ne me dis pas qu'il sait…

-Il doit le soupçonner.

 

           Le téléphone sonna et elle alla décrocher.

 

-Oui, je descends, entendit-il seulement.

 

 

           Sa voix était sourde. Ce qu'il se passait la contrariait. Il devina qu'elle se tournait vers lui, sans doute pour savoir si il écoutait.

           Elle raccrocha d'une main lourde et enfila son manteau.

 

-Je sors, j'en ai pour un moment.

 

           Sur quoi avait appuyé Fisk pour la contraindre à l'écouter et à la rencontrer ? Qu'allait-il lui dire ? Et plus important encore, qu'est-ce que Meghann allait décider ?

 

           Meghann descendit les marches, l'estomac noué par une sensation qu'elle ne connaissait que trop bien. La sensation qu'on allait l'utiliser pour évincer quelqu'un et quelques lois. Et comme d'habitude, elle n'avait d'autre choix que d'accepter.

 

           Le SUV noir attendait de l'autre côté de la rue. Elle traversa et la portière s'ouvrit pour la laisser monter à l'intérieur. Elle s'assit sur le fauteuil face à l'homme qui était venu au cabinet quelques heures plus tôt.

 

-Miss Morsmont. Vous avez emménagé à Hell's Kitchen il y a deux mois. Vous habitez en face de Matthew Murdock, votre actuel employeur. Depuis combien de temps travaillez-vous ensemble ?

-Vous avez l'air assez bien renseigné, je vous laisse me le dire.

-… Quelle relation entretenez-vous avec Mr Murdock ?

-Vous venez de le dire : c'est mon voisin de palier et mon employeur.

-Avez-vous remarqué un comportement étrange chez lui ?

-Je ne surveille pas ses allées-et-venues.

 

           L'homme esquissa un sourire amusé puis la laissa prendre congé et retrouver la chaleur et le confort du cabinet d'avocat. Il appela Fisk.

 

-Alors ?

-Elle refuse de coopérer.

-Elle coopèrera. Je lui ferais une offre qu'elle ne pourra pas refuser. Passons à l'étape deux.

 

           Meghann était rentrée au bureau. Matt avait raison : Fisk était du genre coriace.

 

-Tu vas bien ? lui demanda t-il.

-Jusque-là oui.

 

           Elle regarda autour d'elle et se rendit compte de la fragilité de leur situation: en l'absence de son droit d'exercice, Meghann ne pouvait pas défendre Matt s'il était poursuivi en justice.

 

-Tu doutes ?

-Pas de nous. Juste de nous face à Fisk et à son organisation.

-Nous sommes une brindille dans ses rouages.

 

           Le nouvel homme de confiance de Fisk se présenta au commissariat et fit convoquer Murdock et son assistante.

 

-Comme vous le savez, je représente les intérêts de Mr Wilson Fisk.

-Il nous présente ses plus sincères menaces ? attaqua Matt.

-Monsieur Murdock, Mr Fisk vous accuse d'être Daredevil.

 

           Là où la réplique suivante aurait dû être "quelles preuves a-t-il ?", Matt répondit :

 

-C'est une accusation sans fondement.

-Il a des preuves qui ont déjà convaincu le juge. Comme Miss Morsmont n'a pas récupéré son droit d'exercer, vous êtes dans l'impossibilité de poursuivre qui que ce soit en justice.

 

           Meghann retint un mouvement de résistance. Tout ça venait de Fisk, c'était certain et il ne fallait pas qu'il sache qu'elle était du côté de Matt… Elle se tut mais elle bouillonnait de rage pendant que deux policiers emmenaient son voisin et employeur.

 

-Je vais appeler Foggy, il pourra t'aider… lança t-elle.

-Laisse-le en-dehors de ça. Je ne veux pas que Fisk s'en prenne à lui.

 

           Meghann rentra chez elle en trainant des pieds. Des bruits de meubles qu'on bougeait et des paroles parvinrent à ses oreilles alors qu'elle montait les escaliers qui menaient au dernier étage.

 

           Elle se hâta. Des policiers fouillaient l'appartement de Matt. Elle poussa sa propre porte et alla vérifier si la malle contenant le costume de Daredevil était toujours dans sa chambre. C'était le cas. Sans costume, pas de preuves. Elle poussa un soupir de soulagement et appela Foggy, serrant le dossier de Fisk contre ses genoux.

 

-Meghann, quelle surprise.

-Avant que tu ne l'apprennes par les journaux, Matt est en garde à vue.

-Quoi ? Pour quelle raison ?

-A ton avis.

-Oh merde.

-Il ne t'appellera pas c'est pour ça que je le fais, il a besoin d'un avocat et d'un bon. Fisk l'accuse et il semble être sûr de lui.

-Peu importe qui est en face, je vais le dégommer avec les lois sur les justiciers. J'aimerais bien rencontrer Nightmare. 

-Concentre-toi sur Matt. Son appartement fait l'objet d'une perquisition.

-Ils ont trouvé quelque chose ?

-Non et ils ne trouveront pas.

-Bon, je vais appeler Matt.

-Ne lui dis pas que je t'ai contacté.

-Ok. A plus tard.

 

           Franklin se rendit aussitôt au commissariat.

 

-Je viens pour Matthew Murdock.

-Vous n'étiez pas amis ?

-C'est de l'histoire ancienne, lança t-il pour la faire courte.

 

           Il n'avait pas envie de se justifier maintenant, il lui faudrait toute son énergie pour convaincre Matt de sa présence.

 

-Foggy ?

-Je suis là parce Meghann me l'a demandé. Et avant de la blâmer, tu vas écouter ce que j'ai à dire, espèce de tête de mule.

 

           Matt réprima sa verve. Si Meghann n'était pas intervenue, il se serait retrouvé avec un commis d'office à qui il aurait expliqué son métier…

 

-Tu vas être mon premier cas concret de défense de justicier. Hogarth m'a recrutée pour ça.

-Quelles preuves a Fisk ?

-Tu as fait l'inventaire ? Qu'est-ce qu'il n'a pas ?

-Mon costume.

-Il est chez Meghann ?

-Oui.

-Le costume c'est beaucoup…

-Qu'est-ce qu'il peut avoir ? Un témoin ?

-Qui sait ?

 

           Matt compta mentalement : cinq personnes dont deux supposées mortes… et deux l'avaient déjà aidé. Il ne pouvait pas croire que Karen fasse une chose pareille…

 

-Je vois qu'ils n'ont pas perdu de temps, ils passent directement à l'accusation.

-Sans audience préliminaire ?

-La preuve doit être irréfutable. Il faut qu'ils la produisent.

 

           Meghann passa la nuit à éplucher le dossier Fisk. Matt y avait ajouté quelques documents annexes : des articles sur des enlèvements, des meurtres et un sur l'entrepôt qui avait brûlé où on avait retrouvé des tonnes d'héroïne.  Fisk était lié à tout cela. Tout ce qui s'était passé depuis deux jours n'était qu'une succession d'étapes de son plan.

 

           Une sonnerie retentit dans l'appartement, une sonnerie plus brève la suivit. Meghann sursauta sur le bureau, faisant tomber quelques feuilles au passage. Elle prit son téléphone. Foggy avait essayé de l'appeler plusieurs fois. Elle consulta sa boite vocale et accéléra la cadence jusqu'au tribunal. Matt allait encore croire qu'elle avait porté le masque toute la nuit…

 

           Dans sa hâte, elle faillit heurter une silhouette massive.

 

-Attention à vous, dit la voix familière de Wilson Fisk.

-Excusez-moi, fit-elle d'une voix polie en s'apprêtant à continuer son chemin.

-Vous savez, Miss Morsmont, vous perdez votre temps avec Murdock.

 

           Elle se tourna vers l'homme d'affaires. Ce pourri osait l'emmener sur le terrain de la morale.

 

-Les petites affaires de vandalisme ou de pensions impayées ne vous mèneront nulle part. Et ce n'est sans doute pas ce que vous méritez. Votre père misait beaucoup sur vous, il avait de grands rêves pour sa famille. C'était un homme comme on en fait plus. Il m'a inspiré. J'ai le rêve de rebâtir Hell's Kitchen sur des bases saines. Mais j'ai besoin d'un associé dans le monde légal. Un procureur général qui saura donner aux malfrats et aux "justiciers" ce qu'ils méritent.

-Et vous avez pensé à moi… fit-elle avec le moins de mépris possible.

-Qui d'autre que vous pour comprendre que la justice n'est pas réapparue dans cette ville depuis longtemps. Vous aurez l'opportunité d'obtenir justice pour votre père.

 

           L'offre était tentante, vraiment tentante. Elle pourrait profiter de l'influence de Fisk tout en le roulant. Oui, Matt aurait ce qu'il méritait : une suppression des charges contre lui. Ca incombait de travailler pour un pourri. Quand il tombera, elle tomberait aussi, encore.

 

-Pensez à votre famille, à votre fiancé. Demain matin, à la première heure, votre nom sera sur la porte du bureau du procureur général.

-Et je prendrais les affaires en cours ?

-Cela fera un peu court mais je ne doute pas de vos capacités.

-… J'accepte.

-Bonne chance alors, Madame la procureure.

 

           Elle se dirigea vers la salle d'audience. La séance était levée. Elle se mêla à la foule et retourna sur ses pas. Elle entendait déjà le sermon de Matt quand il saurait ce qu'elle avait fait.

 

           Toute la journée, Matt essaya de joindre Meghann. En vain, elle ne décrochait pas.

 

-Matt, tu ne vas jamais le croire, lui dit Foggy. La rumeur circule que Meg va prendre la fonction de procureur général demain.

 

           Matt resta silencieux.

 

-Je suis désolé, dit Foggy.

-Tu es désolé pour quoi ?

 

           Fisk avait réussi à recruter Meghann… cela acheva de mettre en colère Matt. Le pompon était qu'il ne pouvait pas la prévenir du danger qu'elle courait. Il n'était pas sûr qu'elle connaisse l'étendue du pouvoir de Fisk. Il était déçu mais il se dit aussi que Meghann assurait sa propre survie et peut-être aussi la sienne.

 

           Le lendemain matin, le bruit des chaussures à talon caractéristique de Meghann retentit dans la salle d'audience pour la première fois depuis longtemps. Matt se sentait partagé entre l'envie de la féliciter et l'appréhension de la sentence qu'elle prononcerait.

 

-Attendu qu'aucune preuve n'a été trouvée au domicile de Matthew Murdock, je demande la suppression pure et simple de toutes les charges retenues contre le prévenu.

-Pourquoi ce revirement, Madame la procureure ?

-Il y a eu vice de forme dans la procédure de la part de mon prédécesseur. Comme l'a dit Maitre Nelson lors de l'audience préliminaire, cette affaire repose sur une accusation orale venant d'une source anonyme et non sur des faits. Le seul fait tangible de cette affaire (si l'on peut dire), c'est que personne n'a vu le visage de Daredevil.

-Je vous rejoins, madame la procureure, dit le juge. Maitre Nelson, vous êtes d'accord avec le bureau du procureur ?

-Oui, votre Honneur.

-L’affaire est classée.

 

           Matt voulut remercier Meghann mais elle sortit vite du tribunal. Après une brève déclaration aux journalistes, il essaya de la joindre plusieurs fois sur son téléphone mais elle ne répondit pas. Il dut donc laisser un message sur sa boite vocale : "Je voulais te remercier pour aujourd'hui. J'espère que tu ne t'attires pas de nouveaux ennuis. Rappelle-moi."

 

           Meghann soupira longuement en entendant ce message. Elle ne pouvait pas le rappeler. Fisk la faisait surement surveiller. Au moindre contact, il saurait qu'elle l'avait dupé et il y aurait des représailles.

 

-Je veux qu'on enquête sur le meurtre de Louis Morsmont, lança t-elle à son équipe.

-C'était il y a deux ans…

-Je veux tout ce que vous pouvez récolter.

 

           Il y avait une vague liste de suspects.

 

-Allez tous les interroger.

 

           Devant leur manque d'enthousiasme, elle ajouta :

 

-Ou alors j'appelle Nightmare et puis je vous vire tous.

 

           Ils s'y mirent.

 

           Elle soupira en s'asseyant à son bureau. Son regard s'arrêta sur l'horloge : sept heures du soir. Ses soirées à préparer tranquillement un repas sous les sens aiguisés de Matt lui manquaient et ça ne faisait qu'une semaine qu'elle avait pris la fonction de procureur.

 

           Le téléphone sonna, la tirant brutalement de ses pensées. Elle décrocha.

 

-Je crains de ne pas avoir été clair, dit la voix de Fisk. Je vais donc reformuler : faites tomber Murdock ou tombez avec lui.

 

           Et il raccrocha.

 

           Matt le lui avait dit : être en simple contact avec Fisk représentait un réel danger. Mais elle pensait qu'elle avait déjà vendu son âme au diable et que rien ne pouvait être pire que de faire de la prison pour un meurtre que l'on n'avait pas commis. Elle se trompait.


 


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