Victime

Chapitre 14 : Kira

4729 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/02/2018 20:03

Plissant les paupières, j'avais peine à ouvrir les yeux. Ma vision était floue. Un bruit incessant résonnait dans ma tête. Une alarme. Ma respiration se faisait lourde et lente. Autour de moi, des rideaux. J'étais couchée dans un lit et des fils étaient rattachés à mes bras. Est ce que j'étais dans un hôpital ? Soudain, des pas se dirigèrent dans ma direction. Une ombre se dessina à travers les rideaux à moitié transparents. La main de cette personne retira ce qui nous séparait. Son visage m'était étrangement familier. Il me faisait vraiment penser à Light. Souriant, il se rapprocha de mon visage pour toucher ma joue.


-Qu'est ce que tu viens faire ici ? lui demandais-je perplexe.


-À ton avis ? répondit-il d'une voix angélique. Je viens pour te tuer.


Sa main s'enroula délicatement autour de mon cou. Je n'arrivais plus à respirer. J'avais beau me débattre, j'avais l'impression de lutter en vain. Le visage de Light se transforma en celui d'un démon machiavélique. Il rigolait, se moquait de moi. Les ongles de ses doigts se changèrent en griffes qui s'enfoncèrent profondément dans ma peau. Le décor, mon lit, l'hôpital se réduisirent en cendres. Je me retrouvai volante dans l'air, toujours soutenue par Light. Il déploya ses ails noires pour me faire voler avec lui. Est ce qu'il m'emmenait en enfer ?


Je me réveillai brusquement. Respiration saccadée, je touchai mon cou pour m'assurer que j'étais toujours vivante. Il faisait sombre. J'étais encore dans un hôpital. Les rideaux avaient juste disparu. Un autre rêve ? À ma gauche, une personne était debout. Elle se rua vers moi au moment où je tournai ma tête vers elle. Je ne voyais pas son visage. C'était Light. Il était venu pour me tuer. Sa main s'avança vers moi. Apeurée, je criai de toutes mes forces tout en gesticulant. La lumière de la pièce s'alluma. Des infirmières entrèrent en trombe toutes en même temps. 


-Qu'est ce qu'il s'est passé ? demanda l'une d'entre elles.


-Je crois que je lui ai fais peur..


Je tournai la tête pour faire face à Light. J'étais surprise de découvrir que ce n'était pas vraiment Light mais plutôt Ryuzaki. Baissant la tête, il afficha un air triste. Je m'en voulais de l'avoir confondu. Lorsque j'essayai de tendre mon bras vers lui, je me recroquevillai sur moi-même. Une douleur insoutenable s'empara de mon ventre. Alarmé, Ryuzaki retira brusquement les draps. Mon matelas était tacheté de sang ainsi que mon bandage.


-Elle subit une hémorragie, paniqua une infirmière. Je vais vous demander de sortir Monsieur.


Elle repoussa Ryuzaki pour le faire sortir de la pièce. Je ne voulais pas qu'il parte. J'avais peur. Les infirmières s'entassèrent autour de mon lit. Une enleva le bandage de mon ventre tandis que d'autres préparaient déjà le matériel de soin. Mes plaies étaient ouvertes. J'avais sans doute trop bouger. Me prévenant que j'allais certainement avoir mal, je fermai les yeux. Une femme appuya fortement sur la plaie pour stopper l'hémorragie. J'étouffai un cri de douleur. Une deuxième s'attaqua à une autre plaie. Je traversais un véritable en enfer. Quelques minutes plus tard, les infirmières enroulèrent de nouveaux bandages.


-Je veux le voir, murmurais-je.


-Pour l'instant, rétorqua une infirmière, vous avez besoin de repos.


Je fronçai les sourcils avant de reposer lourdement ma tête contre l'oreiller. Je n'arrivais pas vraiment à me rappeler. Seulement d'une envie pressante de mettre fin à ma vie. Je la ressentais encore. J'avais envie de sauter de ce lit et de me tuer. Je fermai les yeux pour me remettre les idées en place. J'étais heureuse en ce moment. Pourquoi je voudrais mourir ? Je me souvenais à peine du visage de Mello avant de me poignarder. J'avais beau réfléchir, je n'arrivais pas à comprendre.


-Emi, est ce que ça va mieux ?


Je tournai immédiatement la tête, reconnaissant sa voix. À mes côtés, Ryuk était inquiet. Je hochai la tête pour lui répondre. Je ne voulais pas lui avouer que je n'avais jamais été aussi mal de ma vie. Je n'étais pas comme d'habitude. Comme si quelque chose essayait de me contrôler. Je repensais soudainement à mes parents. Est ce qu'ils savaient ? Je ne voulais pas qu'ils pensent que leur fille était suicidaire. Ma mère en mourrait d'inquiétude. Voulant faire le vide dans ma tête, je fermai les yeux avant de m'endormir.


Je me réveillai le lendemain soir. Je m'étais beaucoup et assez reposée. Je voulais sortir de ce lit et de cet hôpital. Je me sentais tellement inutile. Où était le Death Note ? Était-il en sécurité ? Je me rappelai simplement être sortie avec la nuit dernière. Ensuite, plus rien. Pourquoi est ce que j'avais fait ça d'ailleurs ? Pour le découvrir, j'allais d'abord devoir me lever. À mon réveil, je me retrouvai nez à nez avec Mello. Ce n'était pas le visage que j'attendais mais ce n'était pas plus mal.


-Salut Bob.


Sourire en coin, le blond soupira. Je me rappelai le voir se précipiter vers moi et alarmer toute la maison. Si Mello n'avait pas été à ce moment dans la cuisine, est ce que je serrai toujours en vie ? Ce qui m'effrayait beaucoup, c'était ce que lui, Ryuzaki et tous les autres allaient penser de moi. Je ne savais pas moi même la raison de mes actes. Je devais juste le faire et cette pensée me hantait encore.


-Où est Ryuzaki ? demandais-je déçu.


-Il a eu un appel, m'expliqua Mello, il va revenir.


-Un appel ?


Au même moment, une infirmière toqua à la porte puis entra avec un plateau de nourriture. Elle le déposa sur la table devant moi. Le plat n'était pas ce qui me dégoutait le plus. C'était surtout les médicaments empilés les uns sur les autres à côté de l'assiette. Mello redressa lentement mon lit pour me faciliter la tâche. Je n'avais pas très faim et j'avais très mal au ventre.


-Dis, combien de fois je me suis poignardée ?


Mello me montra avec ses doigts le nombre de deux. Il avait réussi à me maitriser au troisième en me retenant dans un coin de la pièce. L'ambulance était arrivée quelques minutes plus tard. Je n'avais pas voulu sortir de la cuisine ni rejoindre le camion. Je hochai timidement la tête, me concentrant à nouveau sur mon plateau. Je ne savais pas trop comment réagir. J'étais tellement gênée. J'attrapai ma fourchette puis mon couteau. Tandis que je coupais ma viande, j'observai l'ustensile que je tenais dans ma main. Si fin, si brillant, si coupant. Sans réfléchir, je le pointai en direction de ma gorge.


-Arrête !


Au dernier moment, Mello l'écarta de ma peau. Respirant lourdement, je regardai un peu partout autour de moi. J'étais perdue. La personne dont j'avais le plus besoin n'était même pas à mon chevet. Moi, j'avais accouru pour le voir. Qu'est ce qu'il faisait ? Où était-il ? Avec qui ? Des frissons parcoururent chaque passerelle de ma peau. J'avais chaud. Je ne me sentais pas bien.


-Je suis désolée, bégayais-je larme à l'œil. Je ne sais pas ce qui m'arrive. Depuis hier, j'ai cette irrésistible envie de mourir. J'ai l'impression que mon seul but est de mourir et je..


Sans me laisser le temps de finir ma phrase, Mello rapprocha ma tête de son torse. Il m'enlaça, me murmurant que tout allait bien se passer. Il tapota l'arrière de ma tête tout en essayant de me rassurer. Mes muscles se détendirent. Je me laissai aller en enfouissant encore plus mon visage. J'avais besoin de parler à quelqu'un. De lui dire ce que je pensais et ce que je ressentais. Ouvrant la porte sans prévenir, quelqu'un nous obligea soudainement à nous séparer.


-Ah, enfin tu es là.


Je relevai timidement les yeux pour croiser le visage sans expression de Ryuzaki. Mains dans les poches, il avança vers nous comme si de rien n'était. Mello me lança un regard complice avant de me prévenir qu'il retournait avec Near. Je lui souris en guise de réponse. Ryuzaki s'installa à la place du blond. Pendant quelques minutes, nous restions tous les deux silencieux. Je n'avais pas envie de lui parler. J'étais en colère. Mais ma curiosité me dicta finalement d'ouvrir la bouche.


-Où est ce que tu étais ?


-Quelqu'un m'a donné rendez-vous.


-Ça ne répond pas à ma question.


Je fronçai les sourcils face à son silence. Que me cachait-il ? Est ce que c'était Light ? Light. Mon cerveau connecta tous les liens en un seul instant. J'avais essayé de me tuer pour une raison que j'ignorais. Light était au courant du Death Note. Il aurait très bien pu en trouver un nouveau et écrire mon nom à l'intérieur. Non, ce n'était pas possible. À moins que Rem avait quelque chose à avoir dans cette histoire. Je me retournai automatiquement vers la fenêtre. Ryuk n'était plus là. J'avais envie de lui poser une question. Me souvenant soudainement de la présence de Ryuzaki, j'essayai d'en savoir plus.


-Est ce que ce rendez-vous a un rapport avec les demandes que tu as fais ?


-Ça ne m'étonne pas que tu écoutes derrière les portes.


Son regard était si perçant que je n'arrivai pas à le soutenir. Je venais de pointer un sujet qui ne me concernait pas. Mais combien de fois Ryuzaki avait fais de même ? Je relançai une seconde fois ma question. J'avais vraiment envie de savoir et quelque chose me disait que j'avais deviné juste. Un sujet qui ne me concernait pas. Une question à laquelle il ne voulait pas répondre. Quel était le mensonge cette fois ?


-L'homme que tu as vu à l'orphelinat s'appelle Watari. Il a demandé à plusieurs établissements de police si je pouvais apporter mon aide pour leur montrer ce que je vaux. Et actuellement, j'ai été retenu pour une enquête.


-Laquelle ?


-Celle où tu es la principale suspecte.


Mon cœur loupa un battement. Non, j'étais entrain de rêver. J'allais me réveiller, rapidement. Ryuzaki avait été accepté pour participer à l'enquête sur les innombrables morts en ville. Il savait déjà tout, il avait déjà tout découvert. J'étais fichue. Si j'avais su, je ne me serai jamais rapproché de lui. Est ce qu'il comptait me dénoncer ? Comment la situation avait-elle pu autant changé ? Quelques heures plutôt, j'étais paisiblement endormie à ses côtés. Aujourd'hui, il me faisait comprendre que nous allions devenir ennemis. Je me sentais affreusement trahie.


-Et donc ? Qu'est ce que tu vas faire ?


-Ce qui est juste, affirma t-il. Je vais leur apporter mon aide et mener cette enquête en utilisant toutes mes capacités.


-Alors va t-en, lui ordonnais-je froidement avant de me retourner du côté. Va t-en et oublie moi.


J'étais profondément blessée. Une larme coula le long de ma joue. J'y avais cru. J'avais été bête d'y croire. Ryuzaki ne ressentait rien pour moi. Il s'était rapproché de moi par intérêt. Peut être même qu'il m'avait surveillé tout ce temps pour donner des détails à la police. Je n'avais plus rien. Plus de Death Note, plus d'amis, plus de soutien. Il ne me restait plus que quelques morceaux du cahier. Je pouvais encore tuer Light et utiliser le même tour que lui. Mais est ce que c'était réellement le moment pour commettre un autre meurtre ? Ryuzaki se leva sans ajouter un mot. Est c'était réellement la fin ? Est ce que j'avais réellement tout perdu ?


-Tu ne peut pas toujours gagner Emi, me lança Ryuzaki avant de partir. Tu comprendras avec le temps que c'est dans la défaite qu'on apprend. Et tu gagneras le jour où tu apprendras à perdre.


Je serrai les dents. Je n'avais pas besoin d'entendre ces phrases de sa bouche. Je n'aimais pas perdre, comme tout le monde. La différence c'était que si je perdais au mauvais moment, je n'avais plus rien à gagner. Il claqua la porte avant de définitivement s'en aller. J'aurais pensé à des adieux plus chaleureux. Je ne le verrai plus. La prochaine fois que nos chemins se recroiseront, ça sera face à face dans une pièce d'interrogatoire.


Je restai deux semaines à l'hôpital. Les visites que je recevais étaient pour la plus part de mes parents. Mello était revenu quelques fois. Je n'avais entendu aucun écho de Ryuzaki. Je n'avais pas demandé de ses nouvelles et je ne voulais pas les recevoir. J'essayais à ma manière de l'oublier. Lui et moi c'était impossible. Je faisais partie des meurtriers et lui de ceux qui les arrêtaient. Un jour, Light était venu me rendre visite. Je n'avais éprouvé aucune haine en le voyant. C'était comme si j'étais devenue complétement vide, incapable de ressentir. En réalité, il était venu dans un but très précis. Me proposer un marché.


-Faisons équipe contre Ryuzaki. Nous savons tous les deux que la chose la plus importante est de protéger le Death Note. Coopère et je te rendrai ton cahier. Sinon, je compte moi aussi rejoindre l'enquête.


Il disait savoir que Ryuzaki avait rejoins la police. Son père travaillait avec lui. En le convainquant de l'intégrer, Light avait réussi à obtenir lui aussi une place pour aider. Il disait avoir toutes les preuves nécessaires pour me juger coupable de beaucoup de crimes. Je n'avais même pas réfléchi. J'avais directement refusé. Jamais je ne ferai équipe avec le garçon qui avait complétement gâché ma vie. Il pouvait m'envoyer en prison. Je n'en avais plus rien faire. Je m'étais retirée du jeu. Il avait gagné. Ils avaient gagné.


-Alors pourris en prison, me cracha Light, tandis que moi je créerai un nouveau monde.


Il se retira de la même façon que Ryuzaki, sans regarder en arrière. C'était aussi la dernière fois que je voyais Ryuk. Le cahier avait certainement été trop longtemps en sa possession pour que je continues à être son possesseur. Tout était terminé. Je n'avais plus la force de me battre.


Le jour suivant, le nouveau monde commença. De nombreuses morts s'entassèrent sous les pieds de Light. J'entendais à la radio ou encore voyais à la télé des meurtriers mourir dans leur cellules de prison. Des voleurs, des harceleurs et des violeurs périssaient de jours en jours. Light prenait le plus grand des soins à tuer afin de me faire porter le chapeau. Coma éthylique, suicides, accidents de voiture, étranglement. Ils reproduisaient les morts que j'avais utilisé pour tuer. Je ne savais pas comment il faisait. Il commettait ses meurtres en dehors de mes examens médicaux, quand j'étais seule dans ma chambre. Un nom se créa rapidement au dessus de ce nouveau personnage. Kira. Je me demandais sérieusement pourquoi la police n'était pas encore venue me chercher.


Le fameux jour de ma sortie arriva enfin. J'avais regagné mes vêtements, mes affaires. Personne n'était venu m'aider ni me voir. Je quittai ma chambre sans regret. J'avançai vers les portes automatiques d'une lenteur extrême. J'avais un peu peur. Peur de retrouver des pistolets pointaient sur moi. Peur d'être traiter de meurtrière. Peur d'apprendre à mes parents qu'en réalité je n'étais pas une fille bien. Peur de revoir Ryuzaki. Je posai mon premier pas à l'extérieur. Immobile, j'attendais que quelqu'un me saute dessus ou m'arrête. Je ne voyais que des voitures se garaient ou encore des familles entraient dans l'hôpital. Quelques minutes plus tard, les choses n'avaient toujours pas changé.


Je rentrai chez moi à pieds. Je ne comprenais pas. Ryuzaki connaissait toute la vérité mais je n'étais toujours pas en prison. Light avait des preuves contre moi mais je n'étais toujours pas en prison. Je savais qu'il avait profité de mon séjour à l'hôpital pour monter tout un stratagème. Alors pourquoi ? Ce n'était pas normal. Mais ça m'offrait peut être une chance de récupérer les quelques morceaux de Death Note qui étaient encore cachés dans ma chambre. Je me retournai pour regarder derrière moi. J'avais espéré voir Ryuk. Je devais me mettre dans la tête qu'il n'était plus mon shinigami à présent.


J'insérai la clé dans la serrure. Mes parents travaillaient. La maison était silencieuse. J'avais l'impression de ne pas être venue depuis des mois. Je rangeai les clé dans un tiroir avant de monter dans ma chambre. En poussant la porte, je retrouvai ma chambre incroyablement propre et rangée. Est ce que quelque chose avait changé ? Est ce que quelqu'un était venu ? Je me couchai sur mon lit pour discrètement vérifier les alentours. Un endroit en particulier marqua mon attention. Sur mon porte manteau, il y avait un minuscule point noir incrusté à l'intérieur. Qu'est ce que c'était ? Une caméra ?


Et si la raison pour laquelle ils n'étaient pas venus me chercher c'était simplement pour observer ce que j'allais faire à mon retour ? Je fermai les yeux, cherchant une quelconque solution. Peut être qu'ils voulaient garder un œil sur moi jusqu'à ce que les autorités m'arrêtent. Si c'était le cas, je devais trouver un moyen de faire éteindre leur caméra ne serait-ce que pendant quelques secondes. Je devais récupérer les morceaux du cahier si je voulais avoir une infime chance de m'en sortir.


Déterminée, je me levai en direction de mon armoire. Faisant mine de chercher des vêtements, je retirai mon pantalon. Je me dirigeai ensuite devant mon porte manteau pour enlever mon haut. Je savais qu'enlever mes vêtements ne ferait pas froid aux yeux de Ryuzaki. Et si en réalité installer des caméras avait été son idée ? Ça ne m'étonnerait pas. La police était différente. Elle savait qu'épier la vie privée des gens était interdis par la loi. Mais je ne devais pas en rester là. Je me concentrai mentalement avant de déplacer mes mains à l'arrière de mon dos. D'un simple geste, je dégrafai mon soutien-gorge. Je réussis à entendre un bruit à peine audible, certainement la désactivation de la caméra. Je me ruai littéralement vers mon bureau pour chercher les morceaux de Death Note restants. Un instant plus tard, je les avais déjà retrouvé.


Sans grande surprise, des agents de police frappèrent à ma porte le lendemain. Sans me laisser le temps de réagir, ils m'avaient embarqué dans leur voiture. J'avais à peine pu saluer mes parents. Tout ce dont je me rappelais c'était le visage de ma mère déchiré par la peur et l'incompréhension. Ils m'emmenèrent jusqu'au poste de police sans me poser de questions. Lorsque je rentrai à l'intérieur du bâtiment, je croisai le regard machiavélique de Light. Je passai ensuite devant un bureau. À l'intérieur, j'avais pu apercevoir Ryuzaki scotché devant un ordinateur. Est ce qu'il avait tellement honte de son comportement qu'il n'osait même pas venir m'accueillir ?


Les agents me laissèrent dans une pièce seule avec un autre homme. Face à moi, une vitre. Des personnes devaient certainement être entrain de m'observer, peut être même Ryuzaki. L'homme croisa ses mains devant lui avant de me lancer un regard froid. Si il pensait pouvoir me mettre la pression, il se trompait lourdement. Il commença tout d'abord par me récapituler tous les personnes que j'étais sensé avoir tué. Il prétendait avoir les preuves que j'avais tué certaines d'entre eux.


-Commençons par cette personne, dit-il en sortant une photo de Jenny. Nous savons qu'avant de mourir, Jenny était connectée sur un réseau social. À peine une minutes plus tard, Jenny s'est suicidé. Nous avons donc décidé de chercher dans ses contacts. Et qui avons-nous bizarrement retrouvé ? Vous. Nous savons que vous étiez vous aussi connectée.


-Et alors ? soupirais-je. Je n'étais pas son seul contact à ce que je sache.


-Votre amie Lola s'est elle aussi suicidé à cause des harcèlements dans votre lycée. Un événement l'a terriblement traumatisé et c'est celui duquel Jenny en était l'auteur. Comment avons-nous retrouvé Jenny à sa mort ? Nue. Ça ne vous rappelle pas quelque chose ?


-Donc je suis venue chez elle, je l'ai déshabillé et je l'ai tué. Je vois.


Cet agent n'aimait pas particulièrement la façon dont je m'adressais à lui. Je le savais car à chacune de mes réponses il serrait son poing. Il passa ensuite au cas des deux frères. Il me récapitula tout ce que ses deux collègues m'avaient déjà expliqué la dernière fois. Lorsqu'il déposa un feutre sur la table, je ressentis un pincement au cœur. C'était le feutre que Ryuzaki avait récupéré et caché aux deux précédents agents. L'homme me ricana au nez en me disant que maintenant, ils avaient la preuve que j'avais été la dernière personne à avoir vu Nil et Colin.


-Ce ne sont pas vraiment des preuves que vous me montrez.


-Comment expliquez-vous qu'avant de mourir, Sophie a crié dans la rue que vous étiez une meurtrière ? s'énerva t-il. Vous étiez sur la scène du crime, vous la poursuivez ! Elle savait quelque chose qu'elle ne devait pas savoir. Vous vouliez la faire taire !


-Sophie était mon amie, grognais-je en le dévisageant.


-Je n'ai qu'à vous regardez dans les yeux pour comprendre que vous êtes prête à sacrifier n'importe qui pour sauver votre peau.


Nous nous dévisagions intensément. Je relevai la tête pour regarder la vitre. Pourquoi est ce que je sentais le sourire diabolique de Light juste derrière ? Tout était de sa faute. L'agent me parla soudainement de Misa. Il disait avoir regardé les précédents appels dans son téléphone. Celui que les avait le plus intéressé était celui juste avant sa mort. Celui où Misa disait qu'elle m'avait vu. Il savait que Misa m'avait suivi et que j'étais par conséquent encore une fois la dernière personne à l'avoir vu avant de mourir. Il me répéta enfin ce que j'avais vu à la télé. Les morts des personnes dans toute la ville étaient semblables à celles que j'avais utilisé. Je n'avais rien à répondre à ses provocations. J'avais simplement envie de lui dire de se retourner pour voir le véritable coupable.


-Vous êtes coincée, me cracha t-il. La seule solution est d'avouer. Comment tuez-vous tous ces gens, Kira ?


-Je ne les tue pas et je ne suis pas Kira.


L'homme fronça les sourcils avant de quitter la salle en colère. Ils ne pourront jamais avoir de véritables preuves. Si je coulais, Light coulait avec moi. Grâce à Ryuzaki et à Light, les agents avaient récolté assez d'indices pour me montrer coupable. Je me sentais encore plus blessée de savoir que Ryuzaki avait participé à mon arrestation. Je redoutais vraiment le moment où je lui ferai face. Que dira t-il ? Comment me regarda t-il ? C'était la seule chose qui m'effrayait pour le moment.


Face à mon silence, la police décida de me mettre en garde à vue pendant un certain temps. Je restai dans une pièce meublée d'un seul lit, seule. Je ne voyais plus le temps passer. Les heures se transformèrent en des jours. Je sortais à peine pour mes besoins personnels et pour manger. J'avais entendu que pendant mon enfermement, les morts avaient cessé. Light était un vrai monstre. Il le faisait exprès. Cependant, je n'étais jamais seule. Je ne pouvais même pas utiliser mes morceaux de Death Note pour tuer quelqu'un. Et puis, qui ? Je n'avais aucune information de l'extérieur. J'étais prisonnière.


Les soupçons des policiers s'accentuèrent de jours en jours. J'avais pu voir mes parents pendant quelques minutes. Est ce que je ne devais pas tout simplement abandonner ? Je n'avais pas envie de donner cette satisfaction à Light. Et je n'avais pas envie de rejoindre la prison avant d'avoir revu Ryuzaki de mes propres yeux. Un jour, un homme m'interpella alors que j'étais allongée sur mon lit. Il m'indiqua que quelqu'un voulait me voir.


Ouvrant la porte, il attacha mes poignets avec des menottes et m'emmena dans la même salle où j'avais rencontré mes parents. Il m'expliqua que j'avais seulement quelques minutes pour discuter. Je m'avançai lentement vers le fond de la salle. J'écarquillai complètement les yeux en reconnaissant Mello de loin. M'asseyant face à lui, je contemplai la vitre qui nous séparait. J'étais plutôt contente et soulagée de le voir. Son éternel sarcasme n'avait toujours pas disparu.


-Qui aurait cru que tu finirais en prison avant moi ? ricana t-il en croquant dans sa tablette.


-Mello, qu'est ce que tu fais ici ?


-Je pourrais te demander la même chose, rétorqua t-il un peu plus sèchement.


Je baissai la tête. Quelle était réellement la raison de sa venue ? Est ce que Ryuzaki était au courant ? Est ce que Mello savait de quoi j'étais suspectée ? Je ne pouvais desceller aucune émotion dans son regard. Son visage était vide d'expression lui aussi. Il était certainement venu pour me demander d'abandonner et de laisser Ryuzaki faire son travail. Se faire engager était une énorme opportunité pour son futur. Mello ne choisirait jamais quelqu'un autre que Ryuzaki.


-Est ce que tu veux que je tire sur tous les flics de cette salle pour te faire sortir ? me demanda t-il en regardant tout autour de lui.


-Qu'est ce que tu racontes ?


-Tu n'as pas tué tous ces gens, grogna t-il en se rapprochant de la vitre. Je le sais.


-Et comment tu peux en être sûr ? rétorquais-je en faisant de même.


-Tu ne ferais pas de mal à une mouche. Je ne comprend même pas pourquoi ils te suspectent.


Un léger sourire se dessina sur mes lèvres. Au moins, quelqu'un croyait en moi. Ça me faisait du mal que cette personne n'était pas celle que j'attendais. J'avais tué des gens, oui. Parce que j'y avais été forcée. Jamais je n'aurai commencé un génocide contre toutes les mauvaises personnes de cette ville. Mais qu'est ce que je pouvais faire pour me défendre ? Je n'avais plus rien, plus personne. Je relevai la tête vers Mello. Une idée me traversa soudainement l'esprit.


-Mello, je sais que je ne devrais plus m'en soucier avec tout ce qu'il s'est passé mais.. Ryuzaki est en danger.


-Quoi ? cria t-il en se relevant de son siège.


-Est ce que tu connais Light Yagami ?


-Bien sûr ! Il est tout le temps à la maison en ce moment. J'ai même entendu dire qu'il avait volé quelque chose à Ryuzaki.


-Voler ?


-Ouais, grogna t-il en posant ses pieds sur la table. Un objet que Ryuzaki gardait caché. Je n'en sais pas plus. C'est Near qui me l'a dis.


J'essayai de chercher à quoi il faisait référence mais je ne trouvai pas. Je pensai un instant au feutre que Light aurait éventuellement pu voler à Ryuzaki lorsqu'il avait le dos tourné. C'était une hypothèse mais je n'avais pas envie de me faire de faux espoirs. En tout cas, Mello avait déjà des doutes sur Light. Si je lui expliquais correctement qu'il était une menace pour Ryuzaki, il m'écouterait certainement. Je n'avais plus qu'à le convaincre de faire ce que je voulais pour sauver ma peau.


-Mello, est ce que tu serais capable de trahir Ryuzaki pour le protéger ?

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