Bart et Hugo, une histoire d'amour

Chapitre 11

2286 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/10/2018 19:23

Chaque pas qui mène Hugo à sa cellule est plus difficile que le précédent. Avoir passé trois heures avec Bart était à la fois un bonheur et une douleur. Retourner dans cette petite pièce avec ses codétenus est la chose la plus compliquée que le jeune homme ait jamais eu à faire. Tout son corps, son coeur et son âme ne veulent que retrouver son amoureux. Admirer ses traits parfaits, se nourrir de son sourire angélique, caresser ses doux cheveux blonds, se nicher au creux de ses bras et ne plus en bouger pour l'éternité. Voilà ce dont Hugo rêve. Malheureusement, ça n'est pas ce qui va se passer. Il va devoir être fort et tenir jusqu'au prochain parloir.


Le gardien ouvre la porte grinçante de la cellule poisseuse et y fait entrer le jeune homme. 


Détenu 1 : Alors le nouveau, on a eu son petit parloir ? Dit-il d'une voix moqueuse. Qui est venu te voir ? 


Hugo : La seule personne qui compte. Répond le jeune homme sans regarder l'autre prisonnier. Il grimpe sur son lit superposé et cache les photos sous son oreiller.


Détenu 2 : Et bah profite ! Quand on est en taule, les gens nous oublient vite ! Ta petite copine, elle va venir au début et dans un mois ou deux, elle en aura marre de passer ses weekends dans un trou. Et tu te retrouveras tout seul.


Hugo ne répond pas. Il n'a pas besoin, il sait que ça n'est pas le genre de Bart de faire ça. En tout cas, il l'espère... 


Détenu 3 : Mais foutez la paix au gamin. Dit-il d'un ton qui impose le respect.


Les autres l'écoutent. Il faut dire que c'est un homme impressionnant. Le biker dans toute sa splendeur. Grand, baraqué, tatoué. Et bizarrement, alors que c'est lui qui devrait embêter le kite-surfeur, c'est lui qui le protège.  


Détenu 3 : Les écoute pas, gamin. Ils sont blasés parce que ça fait longtemps qu'ils sont ici. 


Hugo : Je m'en fous de toutes manières. 


Sur ces mots, il s'allonge dos au mur, récupère les photos sous l'oreiller et les regarde de nouveau, une à une. Chacune d'elle lui met des papillons dans le ventre tellement son coeur bat pour Bart. Il n'a jamais aimé quelqu'un comme ça, il le sent au fond de lui. 



Pendant ce temps-là dans le train, Bart est assis à la fenêtre et laisse le paysage défiler sous ses yeux inattentifs. Son esprit est ailleurs. Il a une boule dans le ventre qui ne veut pas partir. Le ton agressif du gardien et le regard de certains autres prisonniers qui étaient au parloir le hantent. Il est très stressé qu'il arrive quelque chose à Hugo parce qu'il est gay. C'est bien connu que pas mal de détenus s'amusent à harceler voire maltraiter les homosexuels. Il se ronge l'ongle du pouce droit nerveusement. C'est le vibreur de son portable qui le tire de ses angoisses. Maxime l'appelle.


Bart : Hey salut.


Maxime : Salut mec, je te dérange pas ? 


Bart : Non, je suis dans le train. Je rentre à Sète là.


Maxime : Ah ouais ? Où t'es allé ? 


Bart : Villeneuve-les-Maguelone. Je t'expliquerai.


Maxime : Bah justement, si je t'appelle c'est un peu pour ça. 


Bart : C'est-à-dire ? 


Maxime : Tu voudrais pas qu'on aille boire un verre et qu'on parle un peu ? Il se passe des trucs dans ta vie en ce moment, non ? 


Le coeur de Bart se serre. C'est le moins qu'on puisse dire qu'il se passe des choses. Et le jeune homme à besoin d'en parler à son cousin, son meilleur ami.


Bart : Oui ok. Ça te va vingt et une heure au Korner ? 


Maxime : Ça marche. À tout à l'heure mec.


Bart : À toute. 


Plus tard lorsqu'il rentre chez Anna, il a la grande surprise de trouver ses deux mères ensemble. Elles sont assises à table autour d'un thé. Un frisson de stress le parcourt. Qu'est venue faire Flore ?


Flore : Salut mon grand. Dit-elle avec un sourire ému. Cela fait plus d'une semaine qu'elle n'a pas vu son fils.


Bart : Salut...


Flore : Viens t'asseoir avec nous. Tu veux une boisson chaude ? 


Bart : Non merci. Qu'est-ce qui se passe là ? C'est un conseil de famille ? 


Anna : Bart... Flore est juste venue parler avec toi. Assieds-toi et écoute la un peu.


Bart : Je ne sais pas si j'ai vraiment envie de m'imposer ça. 


Le jeune garçon est encore un peu échaudé par sa dernière entrevue avec sa mère. Mais soudain il se souvient qu'il a promis à Hugo d'arranger les choses alors il s'adoucit.


Bart : Bon ok... ajoute-t-il en soupirant et prenant place auprès des deux femmes.


Flore : Bart, je sais qu'on ne s'est pas quittés en très bons termes la dernière fois mais j'ai beaucoup réfléchi depuis. Et Anna m'a expliqué certaines choses. Le jeune homme ne répond rien pour le moment. Il écoute sa mère et attend de voir où elle va aller. Je voudrais que tu rentres à la maison s' il te plaît. 


Bart : Hors de questions. Pas dans ces conditions en tout cas. Ici je suis bien. Je suis écouté et soutenu. 


Flore : Mais bien sûr que je te soutiens, mon grand. 


Bart : C'est pas l'impression que j'ai eu quand je t'ai dit que j'aimais Hugo.


Flore : Bart, tu ne me l'as pas dit, tu me l'as presque jeté à la figure en pleine dispute avec Sara. J'étais surprise, je ne comprenais pas ce qu'il se passait. C'était si soudain. Comprends-moi, je ne t'avais jamais vu aussi hors de toi, j'ai crû que tu pétais un plomb.


Bart : C'était un peu le cas. Ce qu'avait fait Sara m'a rendu fou.


Flore : Je sais. Anna m'a tout dit. Je comprends maintenant, je comprends. Dit-elle en prenant affectueusement la main de son fils, touché par son discours.


Anna : Tu vois Bart, je t'avais dit que ça s'arrangerait. Ajoute la jeune femme, un doux sourire sur le visage.


Flore : Tu es allé le voir cet après-midi, c'est ça ? 


Bart : Oui. C'était tellement dur de le voir comme ça. Il avait l'air épuisé et triste. Je ne l'avais jamais vu avec un air si... déprimé.  


Flore : J'imagine oui... Perdre sa liberté ça doit être vraiment difficile.


Bart : C'est pas simplement ça Mams. Il est tout seul au milieu d'un tas de criminels. Il ne mérite pas ça. 


Flore : Il a quand même cambriolé des maisons, Bart.


Bart : Il a fait quelques conneries mais il n'est pas dangereux ni méchant ! S'emporte un peu le jeune homme.


Flore : C'est pas ce que je veux dire mais il a pris des risques qu'il paye maintenant malheureusement.


Bart : J'ai tellement peur pour lui. N'importe quel taré peut lui tomber dessus et le tabasser. 


Flore : Mais non, les gardiens feront attention.


Bart : Ils ne peuvent pas être là vingt-quatre heures sur vingt-quatre Mams. J'ai la trouille, putain. Ajoute-t-il, le visage se décomposant un peu.


Par réflexe maternel, les deux femmes lui prennent tendrement le bras pour le réconforter. Geste qui fait sourire le jeune homme.  


Bart : Deux pour le prix d'une. Dit-il gentiment.


Elles rient toutes les deux. 


Anna : On est là pour toi, Bart.


Flore : On va t'aider à passer cette période. Je suis désolée de ne pas avoir compris tout de suite que tu étais tombé fou amoureux. Mais tu sais, je t'aime comme tu es, mon fils. 


Bart : Merci... 


La discussion se poursuit un bon moment et Bart décide, avec l'approbation d'Anna, de retourner vivre avec Flore. Puis après le dîner, le jeune homme se rend au bar où il a rendez-vous avec son cousin. Il s' installe en terrasse, face au canal. Quelques minutes plus tard, Maxime arrive. Ils commandent chacun une bière. 


Maxime : Je suis content qu'on se prenne un peu de temps tous les deux. Tu étais un peu ailleurs ces derniers temps. Dans une bulle. Ça va mec ? Tu as des problèmes ?


Bart : C'est une longue histoire. Je ne sais même pas par où commencer.


Maxime : Par là où tu veux. On a tout notre temps. 


Bart prend une grande inspiration et entame son récit. 


Bart : Tu sais que j'ai rompu avec Sara et qu'elle ne vit plus chez moi. Maxime hoche la tête. Je l'ai quittée car je suis tombé amoureux de quelqu'un d'autre.


Maxime : Normal, je comprends. Je la connais ? 


Bart : C'est pas "la". Maxime hausse les sourcils de surprise. C'est Hugo.


Maxime : Le mec avec qui tu faisais du kite-surf ?


Bart : Oui. 


Maxime : Tu es avec un mec ? Répète-t-il, incrédule.


Bart : Oui. J'ai été aussi surpris que toi quand ça m'est tombé dessus mais c'est comme ça. Je l'aime.


Maxime : Mais euh, tu es gay ou bi ? 


Bart : Est-ce que c'est vraiment important comme question ? Moi je ne me la pose pas. Je suis amoureux et heureux, c'est pas ça qui compte ? 


Maxime : Si, bien sûr Bart. Je voulais pas avoir l'air d'un con qui pose des questions stupides, c'est juste que je m'y attendais pas du tout. Tu n'as jamais regardé un mec depuis qu'on se connaît.  


Bart : Et avant lui, je ne me serais jamais posé la question, Max. C'est pas comme si je trouvais tous les mecs sexy, tu vois ?! C'est juste lui. 


Maxime : J'avoue que j'en reviens pas. Mais je vois dans tes yeux que tu le penses. 


Bart : Mais c'est pas si simple...


Maxime : Pourquoi ? 


Bart : Le gang des fleuristes, c'était lui. Il a pris six mois de taule. Je suis allé le voir aujourd'hui. C'est pour ça que j'étais dans le train quand tu m'as appelé. 


Maxime : Oh merde. Six mois c'est chaud ! Tu vas y aller toutes les semaines ? 


Bart : Bah évidemment ! 


Maxime : Donc tous les samedis après- midis, tu seras au parloir ? On ne pourra plus faire des trucs ensemble ? Sympa...


Bart : Je ne crois pas que la priorité ça soit de penser à faire des fêtes débiles, Max. Tu ferais quoi toi à ma place si c'était Clémentine qui était enfermée ? 


L'argument Clémentine fonctionne immédiatement. Maxime comprend son cousin. Ils continuent de discuter jusqu'aux environs de vingt-trois heures puis rentrent chez eux.



Jeudi matin au lycée, Bart et Maxime jouent au basket à la pause déjeuner quand un élève vient ennuyer le jeune Vallorta.

 

Laurent : Alors Maxime, tu gagnes ? Ça doit être facile contre une petite fiotte ! 


Maxime : Pardon ?? 


Bart stoppe instantanément de jouer et se retourne vers l'idiot qui vient de l'insulter. Il reste calme et posé.  


Bart : Tu n'as que ça comme insulte dans ton vocabulaire homophobe ? Parce que si tu veux, je peux t'en apprendre d'autres. 


Laurent : Hé mais c'est qu'il répond en plus ! Ajoute-t-il avec un rire sarcastique.


Maxime : Mais ferme ta gueule toi !! Répond le jeune homme en colère.


Bart : Laisse tomber Max. Ça ne sert à rien de rentrer dans son jeu. Je me fous de ce que cet abruti pense de moi. Il a un QI de moule.


Laurent : T'as pas le cran de te défendre ! Sale chochotte ! 


Maxime aperçoit Sara au loin et l'appelle. 


Maxime : Tu as quelque chose à voir avec ça ? 


Sara : Avec quoi ? 


Bart : Laurent teste ses insultes sur moi. Apparemment il a un petit problème avec le fait que j'ai un petit ami. J'imagine que c'est toi qui a fait circuler l'info. Ça ne m'étonnerait même plus. 


Sara : Pourquoi ? T'assume pas ? Répond-elle d'un ton provocateur. Bart pouffe.


Bart : Tu es tellement à côté de la plaque ma pauvre. Tu me fais pitié, je te jure. Tu peux en faire des affiches et les placarder partout dans le bahut, je m'en fous. Je suis parfaitement bien dans mes baskets, merci. 


La réaction de Bart déstabilise Sara. Elle s'attendait totalement à autre chose. Son coup n'a pas marché.  


Sara : On en reparlera quand tu auras passé des semaines tout seul. Tu reviendras vers moi.  


Bart : Excuse-moi mais je vais te laisser sinon je vais m'étouffer de rire je pense. 


Sur ces mots, le jeune homme s'éloigne à l'autre bout de la cour. Il se sent tellement loin de toutes ces gamineries. Sa vie est ailleurs. Ce qui compte pour le moment, c'est d'être fort pour Hugo, de réussir en cours et pour le reste, il verra plus tard. 


Ce soir là quand il rentre chez lui après le lycée, il a la désagréable surprise de trouver maître Amalric en discussion avec Flore. À l'instant même où il le voit, une angoisse l'envahit. S'il est venu jusque chez lui, c'est qu'il y a un gros problème. Il panique pour son amoureux. 


Avocat : Bonsoir Barthélemy. 


Bart : Qu'est-ce qu'il y a ?? C'est Hugo ?? Demande-t-il d'une voix tremblante.


Avocat : Vous ne pourrez pas le voir samedi, je le crains. 


Bart : Quoi ?? Non ! Pourquoi ? 


Avocat : Il est à l'infirmerie.


Et là, c'est la panique totale pour le jeune homme. Il imagine déjà son amoureux allongé, avec des bleus partout parce que des crétins l'ont frappé. Ou pire. 

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