Demain nous appartient, la LOVING FICTION

Chapitre 69 : Chapitre 69 de la LOVING FICTION

3293 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 03/07/2020 11:46

[Pendant ce temps, du côté de Leïla, Soraya et Rémy]

À l'hôtel

Dans la tête de Leïla

Il est déjà 23h, heure de toutes les folies et de tous les excès dans les rues malfamées de la capitale...Pour bien faire, notre hôtel est situé dans l'une des rues les plus fêtardes de la ville...Il faut dire que nous avons surtout choisi le premier hôtel qui nous est tombé sous la main à un prix abordable, c'est fou comme tout est cher ici...Nous avons mis toutes nos économies avec Soraya et Rémy juste pour une nuit dans cet hôtel miteux, nous ne pouvons pas nous permettre de dormir, nous ne pouvons pas rester une nuit supplémentaire vu le prix exorbitant d'une chambre...une chambre que nous partageons à trois en plus! Bonjour l'intimité! Non nous n'avons pas assez d'argent de côté pour nous permettre de rester deux nuits d'affilée, il faut que nous retrouvons Noor, et ce soir!

Je me suis assise sur le lit, juste après avoir raccroché avec Samuel, pour commencer une discussion placée sous le signe de la rapidité, tout en mettant mes talonnettes :

" Leïla - Bon, vous êtes d'accord que cet hôtel est hors de prix?

Soraya - Comme tous les hôtels ici maman, je suis désolée mais Rémy et moi nous ne pourrons pas assumer une nuit supplémentaire ici, on ne roule déjà pas sur l'or en temps normal alors là nos seules économies y sont passées...

Leïla - Je comprends, je vous avoue que pour moi c'est pareil, mon salaire d'infirmière ne me permet pas de faire des folies et même si j'ai quelques parts sur le compte en banque de Samuel je ne peux pas me permettre de tout dépenser...je ne vois qu'une solution possible

Soraya - Laquelle?

Leïla - Ne pas nous reposer sur nos lauriers, il faut fouiller la ville de fond en comble pour retrouver Noor, toute la nuit s'il le faut mais pas question de fermer l'œil, Noor est forcément quelque part et je refuse de croire qu'il lui est arrivée quelque chose...

Soraya - Oui d'accord maman, je suis tout à fait partante pour chercher Noor qu'il soit minuit ou 5h du matin peu m'importe, c'est ma sœur je ferais tout pour la retrouver, je partage ton inquiétude je t'assure, mais vu les fréquentations de cet hôtel je ne suis pas très rassurée à l'idée de laisser nos bagages ici sans surveillance

Leïla - Oui tu as raison mais nous n'allons quand même pas les transporter avec nous, si? Ça risque de nous ralentir considérablement...

Rémy - Non vous avez raison Leïla ça ne serait vraiment pas pratique, je vais rester à l'hôtel pour surveiller les affaires, je vous attendrai et vous tiendrai au courant si elle répond à mes textos ou si elle active sa localisation Snapchat, je redoublerai de vigilance et d'attention ne vous en faites pas

Leïla - D'accord merci Rémy, ça nous enlève déjà une belle épine du pied

Rémy - Je vous en prie, ma chérie tu m'appelles si tu as la moindre nouvelle d'accord?

Soraya - Bien-sûr chéri, merci beaucoup, nous faisons au plus vite, maman on y va?

Leïla - Oui allons-y"

Soraya embrasse tendrement son amoureux avant d'ouvrir la porte, suivie de près par moi-même. Une file de taxis sont plantés devant l'hôtel, prêts à accueillir divers passagers. Nous sautons dans le premier venu, je demande au chauffeur d'effectuer une ronde des cabarets, bars et boîtes de nuit les plus populaires de la capitale. Je me doute que ce trajet va avoir un coût, et pas des moindres, mais si c'est pour retrouver Noor alors ça en vaut évidemment la peine. Le chauffeur nous propose tout d'abord d'effectuer une ronde des bars puisqu'il n'y aura pas besoin de sortir du véhicule, les clients sont en terrasse pour la plupart donc visibles de l'intérieur du taxi. Nous scrutons toutes les terrasses avec un œil attentif, réprobateur, mais rien. Aucun signe de Noor ni de Kévin sur ces terrasses bondées de personnes ivres pour la plupart. Nous avons effectué cette ronde des bars pendant près d'une heure, puis nous nous sommes attaqués au cabaret. Nous descendons au premier cabaret, rien, au deuxième, rien. C'est au tour du troisième : le Lido de Paris, l'un des cabarets les plus réputés de la région. Je pousse sur la porte battante qui ne cesse d'effectuer son va-et-vient sous les gestes de la foule de personne qui s'y insèrent ou en sortent. Nous nous faufilons dans la foule de personnes, à droite, à gauche, pendant dix bonnes minutes qui me semblent infinies. Rien. Pas de Noor à l'horizon. Je m'appuie sur le bar et prend ma tête entre mes mains. Je suis au bout du rouleau, je veux juste retrouver ma fille...Les larmes roulent sur mes joues sans que je ne puisse ne serait-ce qu'essayer de les retenir. Soraya s'asseoit sur le tabouret qui me fait face, elle me prend la main et commence :

" Soraya - Maman...je t'en supplie ne perd pas patience, ne perd pas ton sang-froid, on va la retrouver notre Nounouche je te promets

Leïla - J'ai...j'ai besoin de faire une pause, de souffler quelques minutes, enchaîner déceptions sur déceptions c'est tellement dur...je veux juste retrouver ma petite fille...

Soraya - Je te jure maman que si ce Kévin de malheur a osé poser la main sur elle il ne va pas s'en sortir, je te jure que je la vengerai, il n'a pas intérêt de lui faire du mal ou il le paiera très cher!

Leïla - Ne parle pas comme ça s'il-te-plaît chérie...cette colère ça ne te ressemble pas

Soraya - Ça ne me ressemble pas parce-que personne n'a jamais eu une emprise comme ça sur ma petite sœur!

Leïla - Je sais que tu l'aimes et que tu es là pour elle chérie, elle a de la chance d'avoir une sœur dévouée comme toi...

Soraya - C'est mon rôle maman, elle a de la..."

Soraya s'interrompt en plein milieu de sa phrase, bouche bée, en état de choc. Je repris :

" Leïla - Soraya? Soraya!

Soraya - Maman...regarde sur la scène, au niveau de la bar de pole-dance..."

Je me retourne, en proie à l'incompréhension. En voyant ce qui se présente sur cette scène, je ne peux qu'écarquiller des yeux remplis de stupeur. Trois filles dansent au milieu de cette scène : l'une fait son meilleur grand écart, l'autre danse une danse qui peut faire penser à une salsa mais qui est surtout plus qu'aguichante, et une troisième qui se frotte sur la barre de pole-dance comme si elle avait fait ça toute sa vie. Et devinez qui je reconnais comme étant la troisième...NOOR! En regardant près de son spot de danse, je vois quelques hommes à ses pieds, plutôt des vieillards, qui lui lancent des billets à chacun de ses mouvements ainsi que...ainsi que Kévin qui peine à retenir la bave qui s'écoule de sa bouche devant le corps de ma fille qui ne porte qu'une simple robe qui ne couvre même pas l'intégralité de ses cuisses. Kévin est là, à jeter des billets lui aussi. Non mais je rêve?! Ma fille, ma petite fille qui se fait reluquer par des hommes en manque de compagnie et par un garçon qu'on considérait tous comme étant son ami!

Je n'ai même pas le temps de me remettre du choc, de l'incompréhension, de la douleur d'une mère qui me traverse et me transperce de plein fouet : je vois Soraya qui se dirige vers la scène, d'un pas plus déterminé que jamais. La salle est dans la pénombre mais pourtant je distingue son regard noir, empli de colère et d'inquiétude, je crois que la lueur féroce qui l'anime pourrait éclairer toute la capitale...

Elle arrive à proximité de la scène, je la suis de près avec entrain. Soraya tire Noor de la scène et se dirige vers la sortie en tenant sa sœur le plus fermement possible et sans se retourner en entendant les sifflements de ces vieillards agités. Noor ne se débat pas tant que ça visiblement, elle a plutôt l'air à l'ouest, étrange...En voyant que Soraya a la situation en main, j'en profite pour dire ses 4 vérités à cet abruti de Kévin et pour récupérer les affaires de Noor si possible. Je le bouscule volontairement, il se retourne. Je commence :

" Leïla - Kévin c'est ça?

Kévin - Oui m'dame

Leïla - Dis-moi, quel genre de jeune homme tu es? Quelle genre d'éducation as-tu reçu pour être aussi peu réfléchi?! Je connais ma fille et elle avait tout l'air de te faire confiance!

Kévin - Euh Noor? Oui elle me fait confiance

Leïla - À tort visiblement! Tu es à gerber! Tu prétends être son ami mais tu profites de sa vulnérabilité et de la confiance qu'elle te porte pour l'inciter à se dévergonder!

Kévin - Euh je l'ai incité à rien du tout moi, je lui ai proposé de danser sur cette scène en tenue adéquat pour mon plaisir visuel et elle a accepté, je ne lui ai pas forcé la main faut pas abuser!

Leïla - Pour ton plaisir visuel? Mais tu sais où je me le mets ton plaisir visuel moi?! Tu n'es qu'un goss qui veut jouer au Caïd mais en réalité tu ne connais rien de la vie! Si tu connaissais un minimum la vie tu saurais ce qu'elle implique, tu saurais qu'elle n'est pas toute rose et que malheureusement les femmes doivent se battre sans cesse pour elles-mêmes!

Kévin - C'est-à-dire?

Leïla - C'est-à-dire que Noor aurait pu se faire agresser sexuellement, attouchée ou quelqu'un aurait pu la forcer à faire des choses dont elle n'aurait pas eu envie! Par ta faute et avec ton inconscience c'est toute sa vie qui aurait pu virer au drame!

Kévin - Je n'aurais jamais laissé quelqu'un lui faire ça

Leïla - Ah oui et comment tu l'aurais empêché? Avec les Flamby qui te servent de biceps? Sérieusement ne t'approche plus d'elle

Kévin - Ou sinon quoi? C'est vrai je ne l'ai pas forcé, c'est quand même pas de ma faute si votre petite fille adorée n'est rien d'autre qu'une sal*pe!"

En entendant ces mots, je sens comme une vague de haine déferler en moi. Je ne contrôle plus rien. Ma main me démange et voilà que je colle une gifle à Kévin. Je me recule, navrée de ma réaction si brutale envers un gamin. Il reprend :

"Kévin - Bien, en attendant je vois d'où Noor tient son côté sal*pe, c'est de famille visiblement! Prenez le sac qui est à mes pieds et sortez d'ici, vous y trouverez toutes les affaires de Noor, et ne vous inquiétez pas je ne lui ai pas volé ses petites culottes en dentelles si c'est ce qui vous inquiète...Pfff aller rentrez chez vous et faites pas ch*er"

Je prends le sac non sans me sentir mal puis je me dirige vers la sortie du cabaret.

En sortant, je vois Noor et Soraya près du taxi. Noor est penchée et Soraya lui tient les cheveux. Je me suis d'abord demandé ce qu'elles faisaient. Puis en m'approchant davantage, j'ai compris. Noor est en train de vomir. Je m'exclame :

"Leïla - Noor! Noor ma chérie, mon amour, on s'est tellement inquiétées, est-ce que tu vas bien? Est-ce que quelqu'un t'a fait du mal?!

Noor - Maman, mam...mamsita! Merci pour les tortues hier, j'ai bien mangé des nuggets roses

Leïla - Quoi?

Soraya - Non maman non! Noor ne va pas bien c'est clair là?!

Leïla - Mais qu'est-ce qu'elle a? Qu'est-ce qu'elle raconte?

Soraya - Je ne sais pas...

Leïla - Elle t'a parlé de quelque chose?

Soraya - Non rien de cohérent

Leïla - Noor! Noor regarde-moi...qu'est-ce qui se passe?

Noor - J'aime danser le...le mambo, mon fils s'appelle Mambo, tu l'as déjà vu? Il ressemble à un phoque et I fuck you

Leïla - Pardon?! Mais..."

Un sanglot me sort de mon état de sidération. Je me retourne. C'est Soraya, elle est en larmes, son mascara peine à tenir le choc. Je reprends :

"Leïla - Soraya ma chérie mais qu'est-ce qui se passe?!

Soraya - Ce qui se passe?! Mais je vais te le dire maman ce qui se passe! Noor est sous l'emprise de substances et c'est pour ça qu'elle raconte n'importe quoi, qu'elle n'est pas elle-même! Et à mon avis vu ses fréquentations ce n'est pas la première fois!

Leïla - Elle a bu tu veux dire? Elle est bourrée c'est ça?

Soraya - Non maman tu es bien trop naïve...Noor est droguée

Leïla - Droguée?! Mais...comment c'est possible? Ma petite princesse, celle que je connais, elle n'aurait jamais touché à ça de son plein gré!

Soraya - Tu penses que quelqu'un la forcée? Pourquoi pas cette enflure de Kévin?

Leïla - Je ne sais pas...je pense qu'il serait judicieux que nous rentrons à l'hôtel et que nous appelons un médecin, Noor a besoin d'être examinée

Soraya - Tu as raison"

Nous montons dans le taxi tout en tenant Noor pour ne pas qu'elle s'écroule...

Le trajet paraît durer une éternité alors que nous ne roulons qu'une dizaine de minutes...

Une fois ce temps écoulé, nous arrivons devant l'hôtel. Après avoir payé une petite fortune, nous descendons du taxi avec bien du mal car Noor ne fait aucun effort pour nous faciliter la tâche. Elle est comme un poids mort. Nous montons jusque dans notre chambre avec l'aide de l'ascenseur puis nous poussons la porte et nous aidons Noor à s'allonger sur le lit. Rémy, que nous n'avons pas eu le temps de prévenir de quoi que ce soit, est on ne peut plus surpris. Il se hâte pour nous aider et se met à déchausser Noor afin qu'on puisse l'allonger correctement sur le lit. Cette dernière parle, rit et chante seule. C'est comme si elle était sur une autre galaxie, nous n'arrivons pas à la faire revenir à elle-même. Rémy s'exclame :

"Rémy - Mais qu'est-ce qui s'est passé? Elle va bien? Elle était où?

Soraya - Ça serait trop long à t'expliquer mais non elle ne va pas bien, on l'a retrouvé en train de s'exhiber dans cette tenue sur la scène du cabaret le plus fréquenté de Paris et on l'a trouvé dans cet état, on pense qu'elle est droguée...

Rémy - Droguée?!

Soraya - Rémy si tu veux vraiment te rendre utile s'il-te-plaît descend à l'accueil et demande à ce que nous fasse parvenir un médecin dans les plus brefs délais

Rémy - J'y vais"

Rémy s'exécute en sortant de la chambre.

Une trentaine de minutes s'écoulent tandis que nous sommes auprès de Noor, impuissantes...

Soudain, Rémy refait son apparition, suivi d'un homme assez âgé qui est habillé très chic et qui tient une mallette. Cet homme referme la porte derrière lui et commence :

"Homme - Bonjour, je suis le docteur Adam, je suis médecin généraliste spécialiste des cas de toxicomanie. C'est l'accueil de l'hôtel qui m'a appelé, monsieur Valsky a expliqué l'étendu de votre problème à l'hôtesse d'accueil et cette dernière a jugé bon de m'appeler et...je crois qu'elle a eu raison

Leïla - Bonjour docteur, installez-vous près d'elle je vous en prie, merci beaucoup de vous être déplacé

Dr Adams - Bien, permettez-vous que je lui fasse un examen complet? Afin que nous sachions si elle a été victime de violences et si elle est bel et bien sous l'emprise de la drogue même si ça me semble fort probable qu'elle soit sous cette emprise

Leïla - Bien-sûr oui, voulez-vous que nous patientons dehors?

Dr Adams - Oui si ça ne vous dérange pas"

Nous sortons donc de la chambre, non pas sans la gorge serrée. Nous restons plantés là pendant dix bonnes minutes qui me semblent à la fois interminables et invivables...

Soudain, la porte de la chambre s'ouvre. Nous rentrons. Le docteur reprit :

"Dr Adams - Bon j'ai pu effectuer tous les examens qui me semblaient nécessaires et je peux vous dire deux choses : premièrement, votre fille, madame, est sous l'emprise de plusieurs drogues, ça veut donc dire que votre fille a consommé de la drogue à plusieurs reprises aujourd'hui et vous sa respiration haletante ce n'est sûrement pas la première fois. Je ne pense pas qu'elle ai été contrainte de se droguer, non, je pense plutôt qu'elle l'a fait de manière bien volontaire et à l'aide de joints. Deuxièmement, vous pouvez être rassurée votre fille n'a pas subi de violences de n'importe quel type que ce soit. Mais tomber dans les démons de la drogue si jeune ça lui laissera des violences morales, c'est dur de se remettre d'un flottement comme celui-ci. Je pense qu'elle a besoin de se faire aider, de se faire soigner

Leïla - Bien docteur, le principal c'est qu'elle n'ai pas été violentée, merci beaucoup

Dr Adams - Tout à fait

Leïla - Soraya peux-tu raccompagner et payer le docteur s'il-te-plaît?

Soraya - Bien-sûr maman"

Soraya et Rémy quittent la chambre suivi du médecin. Me voilà seule avec ma petite, la prunelle de mes yeux, elle s'est enfin endormie...Elle est couverte de sueur, son esprit doit être tellement embrumé...Comment ai-je fais pour ne pas me rendre compte?! Encore une fois j'ai manqué à mon rôle de mère...Je m'en veux tellement...Mais cette fois je n'ai pas juste oublié qu'on devait se retrouver ou refuser de lui acheter un jean, non, cette fois les fêlures sont profondes...

Je décide d'envoyer un SMS à l'homme de ma vie, à mon refuge face à la tempête : "Nous avons retrouvé Noor, elle est très mal en point, je souffre infiniment de la voir comme ça, je ne peux pas te raconter ça par téléphone mais je crois que Noor a besoin de se faire aider...Je te raconterais tout ça demain car demain à la première heure nous prenons la route, nous rentrons à Sète avec Nounouche cette fois...Nos trois merveilles vont bien, j'aimerais pouvoir en dire autant de leur mère...Bisous je t'aime". En effet, je crois qu'il n'y a pas plus grande souffrance pour une mère que de voir son enfant souffrir et de ne pouvoir qu'être spectatrice de ce qui terrasse l'être merveilleux qu'elle a mit au monde...

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