Cœur givré

Chapitre 21 : Loyauté

3152 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 21/11/2025 17:14

Un silence de mort tomba sur la pièce, aussi lourd qu’une chape de pierre.

La confession de Lucy s’infiltrait lentement dans les esprits, y laissant un froid presque palpable.

Des larmes coulèrent sur les joues de Gyomei dès qu’elle prononça ce nom maudit.

Il pria silencieusement, son chapelet vibrant entre ses doigts massifs.

Même Ubuyashiki demeura muet : son visage, déjà marqué par la gravité, sembla se durcir encore, comme si le poids de ses paroles venait de tirer quelques fils invisibles derrière ses traits paisibles.

Les Hashira, eux, ressemblaient à des statues.

Le choc se lisait clairement dans leurs yeux — dilatés, hébétés — comme si chacun d’eux tentait de comprendre l’impossible.

— Kibutsuji ? … murmura Giyu, la voix rauque comme s’il avait avalé des éclats de verre.

— Tu l’as rencontré… en personne ?

Lucy baissa légèrement la tête, puis répondit d’un souffle qui fit frémir toute l’assemblée :

— Lui… et toutes les Lunes Supérieures.

Une vague glacée traversa la rangée des Hashira.

Des mâchoires se crispèrent.

Shinobu avait cessé de sourire. Ses yeux s’étaient affinés — pas de peur, mais un calcul froid, précis, presque clinique.

Des mains se posèrent instinctivement sur des fourreaux — réflexe sans s’en rendre compte.

Même le maître, d’ordinaire impassible, eut un bref mouvement du menton, comme frappé par une fulgurance.

Le simple nom des Lunes Supérieures faisait trembler les entrailles.

Les imaginer réunies autour de Lucy… c’était un cauchemar.

Muichiro semblait particulièrement touché.

Il ne bougeait pas, mais ses doigts se crispèrent sur le tissu de son uniforme, ses jointures blanchissant à vue d’œil.

Un muscle tressaillit le long de son cou.

Ubuyashiki inspira lentement.

— Tu as vu sa forteresse…, murmura-t-il. Et tu en es ressortie vivante.

Lucy hocha la tête, les yeux légèrement voilés par le souvenir.

Elle humecta ses lèvres sèches avant de poursuivre :

— J’ai fini par lui faire face. J’ai… tenté de le combattre. Mais il m’a griffée. Après cela, j’ai lancé mon katana — je voulais le blesser…

Tengen posa une main sur son cœur :

— Splendide. Mortel, mais splendide.

Sa voix se fissura.

Elle détourna les yeux.

—… Je l’ai perdu. J’en suis désolée.

Giyu ferma brièvement les paupières, un souffle tremblant filant entre ses dents.

La colère vibrait dans chaque ligne de son corps, mais elle n’était pas dirigée contre elle.

Les autres Hashira, eux, semblaient au bord de l’explosion.

— Alors tu as essayé de combattre Muzan toute seule ?! siffla Obanaï

— Tu es folle ou quoi ?!

Lucy baissa la tête — pas par honte, mais par remords.

Elle savait ce que son geste avait coûté à leur tranquillité.

Elle savait qu’ils avaient eu peur pour elle.

Et cette pensée lui brûlait la poitrine.

Ubuyashiki soupira doucement, ses épaules s’affaissant d’un millimètre.

— Ne t’en veux pas, Lucy. Le simple fait que tu aies osé lui tenir tête témoigne d’un courage rare… et d’une force intérieure tout aussi remarquable.

Elle releva les yeux vers lui — un regard brillant, à fleur de peau.

— Mais… à quel prix… ?

Le maître inclina la tête, un sourire triste au bord des lèvres.

— Pourtant… tu es toujours là. Vivante. Cela relève déjà du miracle.

Autour d’eux, les Hashira opinèrent silencieusement, touchés malgré eux.

Les yeux de Mitsuri se remplirent instantanément de larmes.

Des larmes sincères : la peur de l’avoir perdue était encore trop fraîche.

Kaburamaru glissa légèrement le long de son bras, comme pour apaiser l’agitation qui venait de traverser son cœur.

Puis Giyu prit la parole — plus ferme, plus long qu’à son habitude, lui dont les mots se coinçaient souvent dans sa gorge.

— Tu te bats toujours, dit-il.

— Et tu es restée loyale. C’est ce qui compte le plus. Peu importe ce que tu es devenue… ce qui compte, c’est toi.

Lucy entrouvrit les lèvres, frappée par la douceur inattendue de ses paroles.

— …Giyu…

À l’entente de son nom dans sa bouche, quelque chose changea subtilement chez le Hashira de l’Eau.

Une lueur fragile traversa ses yeux — presque de la tendresse.

— Nous sommes… heureux que tu sois encore parmi nous, murmura-t-il.

Un sourire discret étira ses lèvres — rare, sincère.

Les autres suivirent : ils confirmèrent, d’un hochement déterminé, qu’ils étaient avec elle.

Qu’elle n’était pas seule.

Lucy les contempla un à un… puis son regard se posa sur Muichiro.

Il avait bougé. À peine.

Un frémissement, un pas imperceptible vers elle.

Mais ce geste minuscule contenait une tempête.

Son visage n’arborait plus son masque placide.

Quelque chose de brûlant l’avait fissuré.

Quelque chose d’intense.

— Tu es toujours notre camarade, dit-il d’une voix simple mais vibrante.

— Cela n’a pas changé. Nous ne t’abandonnerons pas.

Kyojuro hocha la tête, le poing serré contre son torse.

— Ensemble ! Dans les ténèbres comme dans la lumière !

Mais Lucy n’entendait déjà plus sa voix.

Son regard restait accroché à celui de Muichiro.

Comme aimanté.

Comme si ce fil invisible qui l’avait maintenue humaine, cette nuit-là, se retendait entre eux.

Elle revit :

Ses mains sur ses joues.

Sa voix, calme mais affolée, lui demandant de rester avec lui.

Son souffle contre le sien.

Sa détermination à ne pas la laisser sombrer.

Elle avait failli perdre le contrôle…

Mais il l’avait rappelée à elle-même.

Il avait été son ancre.

Et son cœur rata un battement en croisant ses yeux, maintenant.

Elle ne réalisa pas à quel point son regard était chargé — trop direct, trop dénudé, trop vrai…

Jusqu’à ce que celui de Muichiro vacille.

Juste un instant.

Un instant minuscule…

Mais suffisant pour comprendre qu’elle l’avait frappé en plein cœur.

Il reprit contenance — bravement — et soutint de nouveau son regard.

Mais Shinobu, évidemment, avait tout vu.

Elle sourit.

Le sourire du serpent qui vient de trouver un secret sucré.

— Oh ~, fit-elle dans un murmure caressant.

— Quelqu’un… est sous le charme ~

Lucy sursauta, détournant brusquement la tête.

Ses joues s’empourprèrent instantanément.

— Hein ?! QUOI ?! s’écria Mitsuri dans un cri perçant.

— JE LE SAVAIS !! VOUS ÊTES TROP MIGNONS, TOUS LES DEUX !!

Au moment où Mitsuri cria, Sanemi se redressa comme frappé par un seau d’eau froide et marmonna entre ses dents :

— On est en réunion, bordel…

Muichiro, pâle comme un linge, sembla littéralement mourir sur place.

Son cou devint écarlate.

Ses oreilles rougirent jusqu’à l’extrémité.

Son esprit se déconnecta visiblement de son corps pendant une seconde.

Tengen fit un long sifflement admiratif.

Obanaï leva les yeux au ciel avec un dédain théâtral.

Même Giyu — Giyu ! — eut un micro-sourire, bref comme une étoile filante.

Muichiro tremblait presque d’embarras.

— T-taisez-vous…, grogna-t-il d’une voix étranglée, fusillant les autres du regard.

Personne ne le prit au sérieux.

Pas avec la teinte écarlate qui lui montait aux oreilles.

Lucy, elle, se cachait presque derrière une mèche de cheveux, le visage brûlant — mais son sourire, doux et sincèrement touché, ne la quittait pas tout à fait.

Les ricanements continuaient de fuser autour d’eux.

Alors Muichiro tenta une nouvelle fois de se défendre, le ton aussi peu convaincant que sa posture.

— Chut, vous tous… ! balbutia-t-il, cherchant à reprendre contenance.

Mais ce n’était pas gagné.

Ubuyashiki, de son côté, avait observé toute la scène en silence, immobile comme une brise suspendue.

Chaque souffle, chaque froissement de tissu, chaque vibration dans une voix avait trouvé un écho dans son esprit sensible. Rien ne lui échappait jamais.

— Ça suffit, déclara-t-il finalement, d’une voix ferme mais bienveillante.

Le simple son de sa voix fit tomber le silence.

Les Hashira se figèrent aussitôt :

Giyu redressa imperceptiblement le dos ;

Kyojuro posa une main apaisée sur son genou ;

Mitsuri joignit ses mains devant elle, attentive, les yeux ronds ;

Tengen arqua un sourcil avec une élégance calculée ;

Muichiro releva discrètement la tête, son expression redevenant neutre ;

Obanaï cessa de siffler entre ses dents, son serpent s’enroulant un peu plus contre son épaule ;

Sanemi, bras croisés, serra la mâchoire mais resta silencieux pour une fois ;

Gyomei, les mains déjà jointes en prière, accueillit la prise de parole avec une sérénité presque palpable.

Lucy, elle, gardait encore les yeux posés sur Muichiro, suspendue à l’émotion de la minute précédente.

Ce n’est qu’après deux secondes qu’elle ramena doucement son regard vers Ubuyashiki.

Celui-ci croisa calmement les mains sur ses genoux, dans un geste mesuré qui imposa immédiatement respect et écoute.

— Il y a encore une chose dont nous devons discuter.

Lucy inspira légèrement, tendue, ses doigts se serrant l’un contre l’autre.

Son cœur battait vite — trop vite — encore secoué par la peur qu’elle avait ressentie un peu plus tôt.

Ubuyashiki reprit, sa voix douce mais lourde de sens :

— Lucy, compte tenu de ta situation exceptionnelle… ta force, ta maîtrise de tes instincts… je pense que tu pourrais devenir un atout précieux dans la lutte contre Kibutsuji.

Autour d’elle, les Hashira acquiescèrent lentement.

Shinobu hocha la tête avec sérieux, Mitsuri posa une main contre sa poitrine, émue, Tengen inclina légèrement la tête, évaluant. Obanaï, quant à lui, observa Lucy d’un œil plus attentif qu’il ne l’aurait admis ;

Gyomei laissa échapper un souffle tremblant — le signe qu’une émotion sincère l’effleurait ;

Sanemi grommela quelque chose, mais son visage s’était radouci ;

Muichiro observait Lucy du coin de l’œil, plus longuement qu’il ne l’aurait admis.

— Un… atout précieux ? répéta Lucy, la surprise traversant ses traits.

Elle n’avait cessé de se voir comme un poids… ou un danger. Et lui parlait d’utilité, de potentiel ?

Ubuyashiki esquissa un sourire léger, presque imperceptible, mais profondément chaleureux.

— En effet. Malgré ton état, tu fais preuve d’une maîtrise remarquable.

Son regard blanc, fixe mais doux, se posa sur elle avec une sincérité désarmante.

— Cela signifie que tu as le potentiel d’être une arme redoutable contre Kibutsuji. Tu peux être un atout contre les démons, pas pour eux.

Lucy baissa un instant les yeux, son souffle légèrement tremblant.

— Mais… j’ignore si je possède une quelconque force ou capacité spéciale…

— C’est vrai, répondit Ubuyashiki avec calme. Nous ignorons si tu développes un pouvoir sanguinaire comme d’autres démons.

Mais même sans cela… tu as démontré une résilience rare — physique autant que mentale.

Tu as conservé ta volonté. Ton humanité.

Et c’est déjà une force, Lucy.

Shinobu se pencha légèrement en avant, son visage soudain sérieux :

— Tu as déjà montré une volonté supérieure à celle de la plupart des démons que nous avons affrontés. Ce n’est pas rien.

Le regard violet de la Hashira se fit doux, presque affectueux.

Lucy lui rendit un sourire fragile avant de murmurer, hésitante :

— Alors… je peux rester ? Je ne suis pas… exilée ?

L’expression du Maître s’adoucit encore davantage.

— Bien sûr que non. Nous n’avons aucune intention de t’exiler.

Nous te considérons toujours comme notre alliée… notre camarade.

Son sourire rassurant, si rare et si précieux, sembla envelopper la pièce d’une chaleur subtile.

— Tu es toujours l’une des nôtres, Lucy. N’oublie jamais ça.

Les mots la frappèrent de plein fouet.

Ses épaules frémirent, sa gorge se noua, et des larmes montèrent à ses yeux.

Elle avait redouté ce rejet plus qu’elle ne l’aurait avoué. Ils étaient sa seule famille désormais.

— Maître… merci…, souffla-t-elle.

Les Hashira échangèrent des sourires sincères.

Kyojuro hocha vigoureusement la tête, Mitsuri porta une main à ses lèvres, profondément émue.

Même Giyu la regardait avec une douceur rare.

— Lucy…, reprit Ubuyashiki, toujours calme.

— Tu n’as pas à nous remercier. Tu as ta place ici. Tu l’as toujours eue.

Giyu ajouta alors, de sa voix grave et posée :

— Nous prendrons soin de toi. Quoi qu’il arrive.

Lucy releva la tête vers lui, la gorge serrée, comme prête à fondre en larmes.

— Vous tous… vous êtes trop gentils avec moi…

Shinobu rit doucement, un rire léger comme un bruissement d’ailes.

— N’importe quoi ! Tu mérites toute cette gentillesse, Lucy.

Mitsuri renchérit aussitôt, les yeux brillants comme des lanternes :

— On n’est pas juste gentils ! On tient à toi ! Tu es notre amie !

À côté, Sanemi se contente d’un petit tch.

Obanaï serra les bras, mais Kaburamaru glissa la tête vers Lucy, curieux.

Gyomei hochait la tête en silence, ému.

Muichiro, de son côté, détourna brusquement le regard, marmonnant quelque chose d’à peine audible.

Ses épaules se haussèrent d’un air presque boudeur.

Kyojuro, rayonnant comme toujours, lui tapota l’épaule :

— On prend soin des nôtres, tu sais !

Lucy eut un petit rire brisé entre deux larmes.

C’est alors qu’elle perçut le murmure discret de Muichiro.

Le garçon avait parlé tellement bas…

Elle et Tengen — grâce à son ouïe affutée — furent probablement les seuls à saisir ses mots.

Elle lui adressa un sourire tendre, presque instinctif.

Muichiro détourna encore plus la tête, fuyant le moindre contact visuel… mais la teinte rosée qui montait sur son cou le trahissait sans pitié.

Tengen remarqua immédiatement la couleur.

— Eh, Tokito, fit-il d’une voix traînante.

C’est quoi, ces rougeurs ?

Muichiro lui lança un regard noir, aussi farouche qu’un chaton vexé.

— R-rien…, murmura-t-il, les joues désormais franchement roses.

Tengen renifla d’un air moqueur, le sourire carnassier.

— Ah oui ? Vraiment ? Ça me semblait pourtant… très intéressant.

Shinobu leva un sourcil, amusée :

— Eh bien, eh bien… maintenant je suis curieuse.

Lucy prit la parole aussitôt, sèche, protectrice :

— Ça suffit. Laisse-le tranquille.

Le sourire d’Uzui s’élargit encore, flairant une dynamique qu’il n’avait pas vu venir.

— Oh ? Tu prends sa défense maintenant ?

Autour d’eux, les Hashira échangèrent des regards complices.

Shinobu dissimula un rire derrière sa main, ses yeux pétillant de malice.

Mitsuri souriait jusqu’aux oreilles.

Même Giyu semblait observer la scène avec un intérêt discret.

Mais Lucy resta imperturbable.

— Toi et moi, on a entendu. Pas besoin de lui faire honte.

Tengen leva les mains en signe de reddition théâtrale.

— D’accord, d’accord. Je me retire. Pas besoin de te mettre sur la défensive.

Shinobu laissa échapper un petit rire cristallin.

Les autres échangèrent de nouveaux sourires, ravis de cette dynamique nouvelle qui s’installait devant eux.

))))))))))((((((((((

Marchant à l’ombre du ponton, Lucy avançait sans vraiment regarder où elle mettait les pieds.

Ses pensées tournaient encore autour de la réunion : les paroles du Maître, les regards des Hashira, le soulagement brûlant qui l’habitait encore.

Il avait été convenu qu’elle resterait désormais au Manoir des Papillons pour que Shinobu puisse l’examiner régulièrement… et, dans le même temps, qu’elle continuerait de combattre à leurs côtés, en tant que démon.

Elle se pencha pour ramasser l’ombrelle qu’elle avait laissée contre un pilier.

Le tissu s’ouvrit dans un claquement doux, et elle commença à s’avancer vers la lumière du soleil.

Mais au moment où elle allait poser le pied sur le gravier chauffé par le jour, une voix familière claqua derrière elle.

— Lucy.

Elle se retourna.

Muichiro s’approchait, son visage plus grave que d’habitude.

Il s’arrêta juste devant elle — trop près, presque — et, malgré son stoïcisme habituel, quelque chose dans la tension de ses épaules trahissait une nervosité inhabituelle.

Lucy haussa un sourcil, étonnée.

— …Muichiro ? Qu’est-ce qu’il y a ?

Il hésita.

Une seconde. Deux.

— Je…

Puis, sans un mot de plus, il prit sa main et y déposa un petit morceau de papier plié avec soin.

— Prends ça. Lis-le plus tard.

Ses oreilles s’empourprèrent aussitôt.

Et, avant qu’elle ne puisse ouvrir la bouche, il se détourna vivement et s’éloigna à pas rapides, presque fuyants.

Lucy resta figée, bouche bée.

Puis son regard descendit vers le papier dans le creux de sa paume — léger, presque tiède encore de la chaleur de ses doigts.

Elle referma doucement les doigts dessus, l’ombrelle ouverte au-dessus de sa tête, et reprit son chemin vers le Manoir des Papillons.

 

Dès qu’il fut hors de vue, Muichiro ralentit brusquement et s’immobilisa dans l’ombre du pilier.

Son dos se plaqua presque contre le bois, comme s’il cherchait à disparaître dans sa surface.

Il resta là, immobile, le souffle retenu. Une seconde. Deux.

Son cœur battait trop vite, trop fort, à un rythme qui l’irritait autant qu’il le troublait.

Un pli se forma entre ses sourcils, minuscule signe d’agacement.

Pourquoi… ?

Ce mot tournait en boucle dans son esprit — court, simple, mais déjà trop pour sa mémoire instable.

Pourquoi son corps réagissait ainsi ?

Pourquoi sa poitrine semblait peser plus lourd d’un coup ?

Pourquoi cette sensation étrange refusait-elle de disparaître ?

Il porta la main à son uniforme, juste au-dessus de son cœur.

Le tissu vibrait légèrement sous ses doigts.

— C’est énervant…, murmura-t-il à peine.

Ses oreilles, pourtant, le trahirent : écarlates jusqu’à la pointe.

Il inspira profondément, retint son souffle… puis l’expira si vite que ses épaules s’affaissèrent un instant.

Son regard glissa alors discrètement vers l’allée.

Lucy avançait sous son ombrelle, le petit billet serré dans sa paume.

Muichiro figea son souffle.

Un battement.

Deux.

Puis, comme piqué par un réflexe de survie pure, il pivota sur ses talons et partit dans la direction opposée, d’un pas trop rapide pour être naturel.

Aucune parole.

Aucune justification.

Juste un Hashira en fuite, brûlant de honte et de quelque chose d’autre qu’il n’osait même pas nommer.

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