Ariane et le Minotaure Alien

Chapitre 3 : Knossos - La cité de Minos.

5198 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 09/11/2016 14:12

~~PARTIE TROIS : Knossos, la cité de Minos.

Crète, Knossos, XVème siècle avant J.C. :

Le bateau venait d’accoster au port de Knossos, la capitale de la Crète antique. Un par un tous les athéniens débarquèrent de l’embarcation, parmi eux des jeunes filles et des jeunes garçons inquiétés par leur sort. Les crétois les emmenèrent loin de nous alors que Thésée, le Docteur et moi nous partîmes vers le palais du roi. Une sorte de grande place comme l’agora d’Athènes se dressait devant la grande façade du palais. Alors que Thésée attendait d’être invité à entrer, j’allai m’asseoir, fatiguée par le voyage en mer et les longues marches dans Athènes et dans la ville de Crète, sur les marches de ce qui devait être un temple grec. Le Docteur me vit faire mais continua d’observer, debout, tout ce qui se passait sur cette grande place, bien plus animée que l’agora athénienne. Moi, je trouvais le soleil fort éblouissant et regrettais de ne pas avoir de lunettes de soleil, je ne pouvais même pas admirer la grandeur et la beauté de ce palais qui me faisait face. A la place je fermais les yeux et profitais du soleil et de l’air marin. Je pensais à ce moment-là que ce rêve était vraiment très réaliste. J’avais hâte qu’il continue… Le Docteur avait-il raison en disant que j’étais la « Ariane » du mythe ou est-ce que nous allions bientôt rencontrer la véritable princesse dont j’avais pris le nom ?« Ariane, dit le Docteur, euh, Julie, vous feriez bien d’observer ce qui se passe. Je ne vous ai pas emmenée ici pour que vous vous prélassiez au soleil.- Vous ne m’avez pas emmenée au bon siècle, l’accusais-je, et puis il n’y a rien à observer pour l’instant.- Ne parlez pas du mythe ! Me coupa l’extraterrestre. Et ne voyez pas cette situation comme un mythe. Ouvrez vos yeux et vos oreilles et libérez un peu votre curiosité ! »Ma curiosité ? Je n’avais pas déjà été assez curieuse en entrant dans son TARDIS ? Et puis quoi voir ici ? J’ouvrai les yeux en grimaçant à cause du soleil. Alors voyons : des hommes, des femmes, des enfants, quelques bêtes, tout un tas de choses et de gens qui passaient devant nous. La plupart ne semblaient même pas nous remarquer… Et si le palais était magnifique, le reste de la cité était presque semblable à celle d’Athènes. Alors en quoi pouvait-on y trouver de l’intérêt ? L’intérieur du palais, voilà quelque chose qui m’intriguait ! Mais Thésée était toujours devant les portes fermées. On allait sûrement rester là longtemps. Merveilleux… Et toujours des Hommes et des bêtes, des taureaux, des rhinocéros,… Des Rhinocéros ? En Crète ??« Docteur, murmurais-je, c’est normal qu’il y ait des Rhinocéros en Crète dans ce siècle ?- Des Rhinocéros ?- Ou des tricératops mais ça semble encore moins probable… »L’alien avait répété sa question et s’était aussi relevé d’un bond, fixant à son tour les mystérieux intrus qu’il n’avait pas encore dû remarquer.« Non, c’est pas possible ! Qu’est-ce qu’ils font là, ces Judoon ?- Des Ju… Quoi ?- Judoon, des sortes de policiers extraterrestres, m’expliqua le Docteur.- Alors il n’y a pas de problème, dis-je, ce ne sont pas des envahisseurs…- Quand il y a des Judoon, il y a toujours des problèmes, expliqua le Docteur, venez nous devons aller leur parler. »Et il m’empoigna à nouveau la main et m’entraina avec lui vers ces drôles de policiers aliens. Ils étaient une dizaine, casque à la main et habillés d’uniformes noirs ressemblant à des combinaisons spatiales. L’un d’eux s’approcha de nous et comme ils l’avaient déjà fait avant à des crétois, ils commencèrent à baragouiner quelque chose que je ne pouvais absolument pas comprendre contrairement au grec antique et au crétois. Bizarre…« Ho bo go, cho djo, to bo, go to djo.- Ho, ko tcho do go cho bo go bo, répondit le Docteur très sérieusement. »Quoi ? C’était une langue, ça ? Une vraie langue extraterrestre ?« Ko bo cho, to fo tcho do, répondit le rhinocéros alien.- Cho go bo do ? Do tcho go... »Les sons bizarres qu’ils produisaient tous deux ne me restaient pas en mémoire. Ils continuèrent à parler comme ça encore quelques minutes puis le Docteur sembla remarquer que j’étais privée de leur drôle de conversation. Je m’en étais moi-même désintéressée depuis un certain temps et ainsi remarqué que Thésée était entré dans le palais. On n’allait sûrement plus pouvoir le suivre maintenant. La seule chose qui me donnait envie, le palais, m’était donc à nouveau inaccessible… Génial ! Et tout ça à cause de ces Judoon, pourquoi fallait-il que j’en parle au Docteur, moi ?« Oh non, ne me dites pas qu’il est entré dans le palais !- Si, on a raté notre visite d’un des plus beaux palais grecs, merci !- Il faut absolument que je lui parle de son minotaure ! Je savais bien que quelque chose clochait. Le TARDIS m’amène toujours où quelque chose cloche. Sauf quand il s’est matérialisé devant vous. Là c’était un hasard et un crash d’ailleurs alors même une erreur en fait. Bref, ce minotaure dont il nous a parlé tout à l’heure. Le monstre mythique selon vous. Il n’est pas du tout mythique et j’avais raison de penser qu’il ne venait pas de la Terre ! Non mais un taureau et une humaine, c’était complétement fou. Vous avez de drôles d’idées quand même vous, les humains. Bon pas que de mauvaises idées mais celle-là,…- Abrégez…- Hum bien sûr. Alors j’en étais où ? Ah oui, le minotaure. Et bien je n’en avais encore jamais rencontré, ni sur Terre ni ailleurs d’ailleurs, mais je savais qu’ils existaient bel et bien : c’est une race extraterrestre. Jusque-là j’ai toujours cru qu’il y en avait aussi sur Terre et qu’ils auraient disparu. Un peu comme les dragons et les licornes. Mais non, enfin si c’est bien le seul spécimen, et il y a de fortes chances que ça le soit, ça veut dire qu’il n’y a jamais eu de Minotaures sur Terre. Enfin à part celui-là, bien sûr, mais il s’est évadé d’une prison Judoon et s’est certainement écrasé sur Terre. Ou on l’y a déposé, ou il s’y est retrouvé d’une façon quelconque. De toute façon, ce n’est pas important, pas important du tout. Non, là ce qu’il faut c’est trouver Thésée. Face à un extraterrestre en cavale, il ne fera pas le poids et puis ces Judoon le tueront s’il s’en approche et le blesse.- Même si c’est un prisonnier ?- C’est leur prisonnier et ils n’aiment pas le travail mal fait. Là, leur mission est de le retrouver vivant. Donc oui, même si c’est un prisonnier.- Alors on ferait bien de prévenir Thésée ! Mais comment on peut entrer ?- Go vo tcho fo xo, proposa un des Judoon en désignant son pistolet.- Hors de questions ! Déjà, je déteste les armes donc ce serait de toute façon non, et ce sont des humains primitifs qui se battent à coup de lances et de glaives. Alors, rangez-moi ça ! De toute façon, je sais comment nous faire entrer, vous venez avec moi, Julie ?- Dans le palais ? Evidemment, je n’attends que ça ! »…Le palais…D'extérieur, il était déjà grandiose : j'avais pu le constater alors que le Docteur se démenait avec son papier psycho-machin-truc pour que les gardes nous laissent entrer. Encore une fois ça a marché. Et on a enfin pu entrer à notre tour dans le magnifique palais crétois. Et l'intérieur dudit palais était juste incroyable !Ça ressemblait en fait beaucoup à ce que je m'en étais imaginé. Je l'avais déjà visité - virtuellement, avec des reconstitutions informatiques sur internet et dans un reportage que j'avais adoré et regardé plein de fois en cassette : "Des dieux et des Hommes" - mais en vrai c'était vraiment bien plus impressionnant. Sur tous les murs s'étendaient d'immenses mosaïques qui décrivaient des scènes mythologiques, de mythes oubliés pour la plupart, mais elles étaient vraiment magnifiques. Je reconnus quand même l'un des mythes représentés : celui de l'enlèvement de la princesse Europe par Zeus qui s'était alors transformé en un taureau blanc ailé. Europe... La mère du roi Minos, le roi crétois que nous allions bientôt rencontrer. Le Docteur me doubla vite dans ma progression jusqu'à la salle du trône. Je trainais derrière, fascinée par ces mosaïques. Elles étaient toutes d'une étonnante qualité. Des mosaïques, j'en avais déjà vu avant : dans des musées et une villa gallo-romaine du Gers. Et là aussi elles étaient fort bien conservées. Mais ici, quinze mille ans avant Jésus Christ, elles n'étaient pas seulement conservées, elles étaient vraies, authentiques. Ces assemblages de tous petits carrelages étaient juste incroyables. Et je m'extasiais encore devant cette beauté, historique, quand j'entendis le ton monter dans la salle du trône. Je repris ma route vers celle-ci, passant d'autres mosaïques plus petites sans les regarder plus attentivement.Quand je rejoignis enfin le Docteur et Thésée, les discussions étaient en effet bien animées. La situation semblait même s'être envenimée depuis l'arrivée du seigneur du temps et il était devenu le principal acteur de la discussion qui tournait à la dispute :" Ce Minotaure, roi Minos, ne vient pas de Crête. Et encore moins d'une immaculé conception : il vient des étoiles !"Immaculée conception ? Le Docteur ne confondait pas que les mythes apparemment. Il se trompait aussi dans les religions..." Bien sûr qu'il vient des étoiles, répondit Minos, c'est un fléau que nous ont offerts les dieux!"Le seigneur du temps secoua la tête de dépit. Thésée réagit avant lui :" Un fléau ? Demanda-t-il. Un fléau qui nous touche nous, les Athéniens. Et pourquoi? Parce que nous subissions déjà un fléau : celui que ton père, Zeus, nous avait envoyé ! N'était-ce donc pas assez ? Vous pourriez quand même renoncer à ces sacrifices humains ! Ils sont indignes d'un fils de Zeus!- Cela fait des années qu'Athènes nous livre ces tributs.- Et ça va changer ! Promit Thésée.- Et comment comptes-tu t'y prendre ?- Je vais aller affronter le Minotaure, je suis venu pour ça.- Non, le corrigea Minos, tu es venu comme tribut de ta cité, prince Thésée. Et tu seras livré au monstrueux fils de Pasiphaé, comme tes compagnons. "Quoi ? Il parlait de qui là?? Les Athéniens ou bien le Docteur et moi ? Le héros grec semblait totalement se désintéresser de nous mais par contre il semblait aussi sincèrement inquiet du sort de ses compatriotes - surtout qu'à présent, il s'agissait aussi du sien..." Laissez-moi un délai! Implora-t-il. Menez-moi, seul, dans le Labyrinthe. Ou éprouvez mon courage, ma valeur. Je suis un héros, le prince d'Athènes et fils unique du roi Égée. Mes exploits sont connus de tous les Grecs, certains disent même que par eux je surpasse le légendaire fils d'Alcmène, condamné aux dix travaux!"Hercule ? Alors il n'y avait pas que ce mythe de vrai ? Finalement je ne regrettais plus le voyage, à condition qu'il ne soit pas sans retour...Minos n'écoutait déjà plus les déblatérations de Thésée. Et moi non plus. Il en appelait encore aux dieux quand les gardes du roi arrivèrent et que Minos nous ordonna de quitter son palais. Le roi voulut alors se retirer." Attendez, s'écria le Docteur, votre Minotaure-là, où l'avez-vous enfermé ?- Il est bien caché : c'est un fils monstrueux de ma femme, je ne peux souffrir sa vue.- Ouais, c'est bien beau tout ça... Mais, sur une île toute petite comme la Crête, où pouvez-vous cacher une telle monstruosité ?- Je ne dirais à ce sujet. Sortez maintenant ou mes gardes se chargeront de vous. "Un coup d'œil vers ces derniers m'informa qu'ils avaient tous leurs mains sur leurs glaives. Le Docteur sembla aussi le remarquer car il accepta de laisser Minos sortir et nous accompagna, Thésée et moi, vers la sortie du palais. A peine à l'extérieur, Thésée répondit à son tour à la dernière question du seigneur du temps :" On dit que Minos a enfermé le Minotaure dans un immense labyrinthe. Mais le seul accès à ce labyrinthe est un chemin gardé secret."J'aurais très bien pu répondre ça moi aussi. Mais d'abord le Docteur refusait de connaitre les détails du mythe, et puis... En quoi ça pourrait bien l'avancer de savoir le chemin secret vers un labyrinthe dont Thésée avait déjà parlé ?" Il nous faut trouver quelqu'un qui connaisse le chemin, répondit le Docteur.- Ariane, dis-je."Ariane, la princesse crétoise, c’était elle qui devait donner accès au labyrinthe à Thésée dans le mythe. Allait-on bientôt la rencontrer à son tour ?" Qui ? Je ne connais que vous qui portes ce nom, mademoiselle.- Non! Minos a une fille !- Oui, une seule fille : Phèdre."Phèdre ? La future femme de Thésée ? La sœur d'Ariane? Mais elle connaîtrait peut-être le chemin elle-aussi !" Nous devons la trouver.- Nous ne pouvons pas retourner au palais.- On dit bien pouvoir faire quelque chose !- Attendez, dit le Docteur, Ariane je dois vous parler. "Quoi ? Pourquoi ? Le Seigneur du Temps m'entraîna avec lui vers l'extérieur de la ville, là où personne ne nous entendrait, pensais-je. Il s'arrêta devant l'un des pans de la muraille qui entourait la cité de Knossos." Julie, me dit-il, c’est Ariane dans le mythe qui montre le chemin, n'est-ce-pas ? Il ne faut pas changer le mythe! C'est l'histoire. On ne change pas l'histoire.- Mais Ariane n'existe pas.- Si. Seulement ce n'est pas la fille de Minos... J'imagine que les auteurs du mythe ont préféré faire d'Ariane une princesse, une fille de Minos, plutôt qu'une simple étrangère venue des étoiles..."Devant mon désarroi assez évident le seigneur du temps consentit à mieux m'expliquer ce qu'il entendait par là : j'étais la jeune fille du mythe et c'était donc à moi qu'incombait la tâche de faire entrer Thésée dans le labyrinthe. Mais comment diable allais-je bien pouvoir y arriver ?Je connaissais le mythe bien sûr mais pas le chemin pour autant. Et pourquoi le Docteur disait-il que je venais des étoiles ? N’étais-je pas toujours sur Terre, ma planète ?" Bien sûr que vous ne venez pas des étoiles et que vous ne connaissez pas le chemin. Mais moi je peux vous le trouver.- Pourquoi ne pas l'avoir dit à Thésée?- J'attendais de mieux comprendre la situation, expliqua le Docteur, et puis c'est quand même vous l'Ariane dont s'est souvenue la légende : c'est vous, Julie, qui devez parler à Thésée et l'amener au labyrinthe. Je me charge d'en trouver le chemin."Et ce disant, l'alien se mit à sortir de ses poches un attirail très particulier... Au bout d'une dizaine d'objets en métal sûrement d'origine extraterrestre. Dans le même temps il se plaignait de ne pas avoir son TARDIS. Comment donc sa machine à voyager dans le temps pouvait-elle nous aider en ce moment?" Ah finalement! S'exclama le seigneur du Temps. Je savais bien que je ne j'avais pas laissé au TARDIS! Franchement, je m'en sers tellement souvent que c'était évident que je l'avais gardé dans mes poches!- Qu'est-ce que c'est, Docteur ? Demandais-je.- Oh ça? Rien de plus qu'un "bidule qui fait ding". Je ne lui ai jamais donné de nom... Mais c'est très pratique quand on recherche des manifestations extraterrestres..."Du charabia pour moi... Enfin si avec ça il pouvait nous dénicher l'entrée du labyrinthe, moi j'avais un prince à convaincre de mon côté!Je laissais là le Docteur et sa pile d'objets plus insolites les uns que les autres comme un casque gaulois, un parapluie avec un point d'interrogation à la place de la canne, une pie en porcelaine,... Thésée devait encore traîner près du palais. J'y retournais donc. Mais la place devant le palais était déserte. Où était-il donc bien allé?? Au port peut-être? Non, Minos devait lui en avoir interdit l'accès maintenant qu'il était son prisonnier. Et s'il avait déjà été emmené dans le labyrinthe?Je commençai à désespérer. Pourtant comme j'étais Ariane - Pourquoi donc avais-je eu cette idée idiote? - je devais absolument le retrouver!Qu’est-ce que je pouvais bien lui dire pour qu’il me suive comme dans le mythe ? Et devais-je aussi m’emparer d’une bobine de fil ou bien ça aussi c’était inventé ? Je ne savais pas quoi faire et tournais en rond de retour devant le palais imposant de Knossos. Pourtant, il allait bien falloir que je me décide : c’était à moi d’écrire l’histoire. Ma version : l’Histoire. Pas la pression du tout…Le prince athénien, héros de la mythologie et aussi de toute évidence dans la vraie vie, s’approcha finalement de moi alors que j’étais toujours profondément plongée dans mes pensées. Il me dit m’avoir vu tourner comme une toupie. Comme une folle, oui… Enfin, il n’a pas utilisé l’expression – ou alors le TARDIS n’a pas voulu le traduire ainsi. A la place de me traiter d’écervelée, ce dont je devais avoir l’air, il a alors juste essayé de me calmer et de me rassurer. Le héros d’Ariane. Finalement, la légende n’avait peut-être pas tellement enjolivé la réalité…Je le laissais me prendre dans ses bras. Où je craquai : je fondis en larmes. D’accord, c’est vrai : j’ai toujours eu la larme facile, trop facile. Et là, en plus, la situation était quand même vraiment désespérée. Du moins, Thésée le croyait toujours alors mes larmes pouvaient bien couler librement.Et pleurer me libéra d’un poids énorme. Alors que je séchais encore mes larmes, Thésée m’avoua ne pas bien connaitre la gente féminine et pourtant avoir été touché par mes charmes. Quoi ? Il me draguait, là ?! Comment osait-il dans une telle situation ?? Mais non, en fait, c’était parfait ! Dans le mythe, Ariane est séduite par Thésée, c’est pour ça qu’elle l’aide à entrer dans le Labyrinthe. Jusque-là, j’avais toujours cru qu’il ne s’agissait que d’un coup de foudre dans un croisement de regards entre l’athénien et la crétoise… Mais peut-être pas. Peut-être qu’il l’avait vraiment « séduite ». Donc m’avait « séduite », moi. Bien sûr, je ne l’étais pas. Juste un tout petit peu… C’était quand même un prince. Et l’un des plus grands héros de la Mythologie grecque. Seulement, je ne l’aimais pas. Pas comme ça… Il n’appartenait même pas à mon époque. Il appartenait aux mythes et puis il devait épouser Phèdre, la vraie fille de Minos. Je ne pouvais pas tomber amoureuse de lui.Mais je pouvais toujours faire semblant d’être séduite. Je répondais alors que j’avais peut-être une idée pour nous faire entrer dans le Labyrinthe, comme quoi j’avais des sortes de visions, et que je devais l’emmener face au Minotaure, que j’étais sûre de la victoire qu’il allait emporter. Bien sûr que j’en étais sûre : je le savais. Et puis les visions… Heureusement que j’ai de l’imagination ! C’est évident que parler d’un extraterrestre et son tournevis-machin-truc, ça passerait bien plus mal que de la magie à cette époque. Thésée me crut sur toute la ligne et, tout contente d’enfin pouvoir jouer son rôle de héros – euh, de sauver les Athéniens, hein ? – il me promit de me ramener ensuite à Athènes où il voulait m’épouser. J’acceptais. De toute façon, Ariane et Thésée ne se sont jamais mariés. Et j’allais rentrer chez moi avec le TARDIS et le Docteur. Alors autant lui donner un motif supplémentaire d’accomplir sa destinée, non ?« Alors, Ariane, où est le chemin menant au Labyrinthe ? Me demanda-t-il.- Euh, attends que je me concentre. »Je fermais les yeux et, discrètement, je tâtais le bidule que m’avais lancé le Docteur avant que je laisse à ses recherches. Dans la poche camouflée de ma toge, celui-ci s’était en effet mis à chauffer comme il m’avait dit qu’il le ferait quand il aurait trouvé. Parfait. J’allais enfin bientôt pouvoir sortir de ce rêve éveillé…« Je l’ai trouvé, répondis-je à ses regards inquiets, mais nous devons d’abord aller chercher le Docteur.- Si ce n’est pas un grand guerrier, il ne m’est d’aucune utilité.- Oh, je le connais depuis très peu de temps mais je crois au contraire qu’il te sera très utile.- Très bien ! Renonça Thésée. A deux, nous ne viendrons à bout de la bête que bien plus vite. »Je hochais la tête. C’était aussi ce que je pensais, c’est même ce que j’espérais.Après, j’allais pouvoir rentrer et c’est tout ce qui comptait ! Quitter Knossos, rentrer à Douai…Ce n’était plus qu’une question d’heures : le combat contre le Minotaure devait vite s’achever. Une fois à l’intérieur du Labyrinthe, tout serait réglé. Le plus dur serait passé. Du moins je le croyais…

Très vite, nous rejoignîmes le Docteur là où je l’avais laissé. Il avait rangé tout son matériel et se rua vers nous dès qu’il nous aperçut.« Bien joué, Julie, me dit-il en m’entrainant à part, loin de l’Athénien, sous ses yeux médusés.- Vous l’avez trouvé ? J’ai reçu votre signal.- Oui. Enfin. Mais par contre, je vous préviens, je l’ai scanné et je n’ai pas pu en apprendre grand-chose à part que c’est de la technologie extraterrestre, hautement sophistiquée ; Ce sera sûrement très dangereux. »J’acquiesçai. Le Labyrinthe était truffé de pièges. Je le savais déjà. Le Seigneur du Temps hésita un instant puis un nouveau sourire éclaira son visage et, tout en pointant ce que Thésée dût prendre pour une baguette magique et dont moi je n’arrivais toujours pas à me souvenir du nom vers un pan du mur derrière lui, il nous ouvrit le chemin vers le Labyrinthe du Minotaure. Le mur s’ouvrit en effet, littéralement. Enfin pas exactement, pas comme une porte… Il se désintégra plutôt ou se dématérialisa. Un peu comme un écran de fumée qui disparaîtrait. Et de ce trou, dans la muraille de la ville, sortait une lueur rouge malfaisante ; Le Docteur me prit la main et s’exclama dans un drôle de français, teinté en fait d’un accent anglais, une phrase que j’allais vite comprendre être son crédo :« Allons-y ! »Et nous entrâmes. Thésée le premier, main déjà portée à son glaive, et le Docteur et moi à sa suite alors que le Seigneur du Temps ne m’avait pas lâché et que je n’avais aucune envie qu’il le fasse.Ensemble, nous pénétrâmes tous les trois dans le labyrinthe mythique, l’antre du Minotaure.

 

 

Laisser un commentaire ?