La petite voleuse de cookies

Chapitre 1 : C1: Place, place, maraude !

4505 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 21:11

Disclaimer : Doctor Who et Sanctuary ne m'appartiennent pas. J'utilise les personnages de ces séries pour mon seul divertissement (et j'espère, le vôtre).

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LA PETITE VOLEUSE DE COOKIES

Une aventure victorienne de Clara Oswald

Fanfic Doctor Who – Saison 8 alternative Épisode 8

Par OldGirl Nora Arlani | Fanfictions. fr

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Hello, Me revoici avec une nouvelle grande histoire qui va apporter une réponse à la question "Mais qu'est-devenue Clara ?" qui a été perdue à la fin de mon épisode précédent (Les Neiges Sanglantes de Meltomène).

Cette nouvelle aventure possède un léger contexte historique puisqu'elle est située à la fin du 19e siècle. Comme les histoires "victoriennes" sont légion et pas très originales, j'ai choisi de réaliser un petit crossover avec la série Sanctuary dont certains personnages ont des liens avec cette même époque (même si l'essentiel de cette série se déroule de nos jours).Si vous n'avez jamais regardé, vous n'aurez qu'à considérer les inconnus comme des OC mais tout ce que je vais raconter sur eux sera largement canon (excepté bien entendu toutes les interactions de mon cru qu'ils auront avec le cast Doctor Who).

Le cast DW : Clara Oswald, Eleven, le Paternoster Gang (Vastra, Jenny et Strax), Jack Harkness, et des apparitions surprises d'autres Docteurs...

Le cast Sanctuary nous rattache à la tradition des "personnages célèbres du 19e" façon "La Ligue des Gentlemen Extraordinaires", à qui j'emprunte le titre de ma première partie.Il comporte : Jack l'Eventreur, Sherlock Holmes (qui se fait appeler ici "James Watson"), l'Homme Invisible (Nigel Griffin), le Passe-Muraille (John Druitt), Nikola Tesla le physicien en dernier des vampires, ainsi que les deux personnages phares de la série à savoir Helen Magnus et son bras droit Will Zimmerman.

Le pitch : Après avoir été brutalement expédiée dans le temps par Le Maître, Clara reprend conscience peu à peu. Il fait nuit, elle est seule sans le 12e Docteur, dans une ville inconnue... Voici l'histoire de ce qu'elle fait pour essayer de s'en sortir et de regagner son époque...

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1e PARTIE : LA LIGUE DES SCIENTIFIQUES EXTRAORDINAIRES

CHAPITRE I

CLARA OSWALD

La douleur innervait tous ses membres. Recroquevillée à terre, elle resta sans bouger quelques minutes à tenter de rassembler ses esprits et de faire le compte des organes internes qui pourraient encore fonctionner plus ou moins. En lisière de sa conscience, elle entendait ce qui lui paraissait être la rumeur ordinaire d'une ville : des appels, des cris, différents bruits pas spécifiquement familiers mais d'une certaine façon, rassurants. Ses paupières étaient lourdes et elle eut du mal à les entrouvrir. Il faisait presque nuit mais elle voyait des lumières. Des réverbères.

La première pensée cohérente qui lui vint à l'esprit était que l'au-delà s'éclairait avec des réverbères à gaz. Cela lui sembla si incongru qu'elle se permit un très bref hoquet de rire car elle découvrit que cela lui faisait terriblement mal aux côtes. Son impression générale était d'avoir été laminée dans un broyeur…Une calèche passait tout près. Tout au moins, elle pensait que c'était une calèche car elle entendait le trot des chevaux. Et maintenant qu'elle tenait cette idée pour bizarre mais pas forcément stupide, les sons ténus d'un cliquetis de métal et du grincement de roues s'ajoutèrent à la représentation qu'elle s'en faisait. Elle entendit qu'on criait « Place, place, maraude ! » mais ne sut pas vraiment d'où cela pouvait provenir car son sens de la spatialité était trop mis à mal.

L'appel se répéta. Elle tenta de se redresser et porta une main lasse à son front. La tête lui tournait : elle s'évanouit en entendant des cris et des hennissements.

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Quelqu'un la secouait.

— Holà ! Mon garçon !

Elle dessilla les paupières et vit au-dessus d'elle un petit homme à face anormalement large et ronde, bronzé, sans cou, avec de petites dents de lapin. Un visage bizarre un peu lunaire ? Non pas lunaire… sontarien !

— Commandeur… Strax ?

La circonspection empêcha l'autre de répondre. Il se redressa avec des mouvements lents en faisant mine de sortir quelque chose de sous son manteau cape. Si ce n'était pas lui, ça y ressemblait fortement…

— Pour l'amour du ciel, Strax ! Laissez vos foutues grenades où elles sont et aidez-moi à me relever de là. Je suis en plein sur la route ! dit Clara entre ses dents soudain galvanisée à la pensée qu'elle était tombée sur ce qui pouvait être considéré comme presque un ami.

— Est-ce qu'on se serait déjà rencontrés au front, p'tit gars ?

— Je crois qu'on peut dire ça, grimaça-t-elle tandis qu'elle tentait de se relever seule car il ne l'aidait pas.

— Aucun souvenir de ça.

— Auriez-vous encore fait joujou avec un ver de mémoire ?…

— Allons, jeune fou, vos provocations me plaisent mais je dois vaquer à mes affaires, faites-en de même. Bien le bonsoir.

Elle le retint par la manche de son petit costume taillé sur mesure.

— Non ! Strax, je vous en prie, conduisez moi tout de suite à Vastra !

— Lady Vastra ne reçoit pas les effrontés mal fagotés qui empêchent sa voiture de circuler… répondit-il d'un ton sentencieux.

Clara se tourna vers la calèche, pleine d'espoir.

― Oh Seigneur, merci ! Elle est dedans ?

Elle tenta de s'accrocher à la portière de la calèche, à l'intérieur de laquelle une femme vêtue de noir se tenant droite et voilée de dentelle, regardait furieusement dans sa direction pour comprendre ce qui la ralentissait.

― Vastra ! s'éclaira-t-elle en la reconnaissant. C'est un coup de chance inouï de tomber sur vous ! Je dois absolument voir le Do…

Strax abattit un coup violent sur son crâne et elle s'effondra avant d'avoir pu finir sa phrase.

― Tout va bien Madame ? demanda-t-il en grimpant sur le marchepied pour vérifier. L'ennemi est à terre.

Elle eut un bref hochement de tête et un petit mouvement impatient de la main.

― Oui, laisse ça et remonte tout de suite, je ne peux pas être en retard à mon rendez-vous à l'Université !

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Quand elle revint à elle, la nuit était à peine plus sombre. La rue s'était progressivement vidée et seules quelques silhouettes furtives marchaient à pas pressés le long de la voie.

Clara parvint à se relever et à tenir debout, constatant que sa tenue était boueuse au dernier degré car elle avait roulé dans le caniveau.De plus en plus parfait ! se dit-elle en remontant la fermeture éclair de sa parka raidie de crasse. Et tellement chic en cette saison. Au moins, elle n'attirerait pas trop l'attention par l'excessive modernité de sa mise… Si elle était bien à Londres à l'époque victorienne, les pauvres étaient hélas légion, et c'était la meilleure couverture qui soit pour rester discrète…

Elle essaya de ne pas repenser qu'elle était en train de rater un rendez-vous par visioconférence avec l'homme le plus charmant et le plus amusant qu'elle ait rencontré depuis des mois… Si Dave la voyait comme ça, il serait certainement très déçu… Ce n'était pas leur premier rendez-vous mais c'était le premier pour lequel elle aurait eu envie de faire un effort spécial pour être ouvertement un peu plus sexy. Quand allait-elle pouvoir lui reparler maintenant ?

Il lui fallait un plan bien ordonné. Sa première idée fut de s'assurer de la date en vérifiant sur un journal abandonné ou une affiche qui pourrait la renseigner. Si elle venait de croiser Vastra, avec un peu de chance, elle n'était pas très loin de Paternoster Row et de la Cathédrale St Paul. Sur le parvis, elle trouverait bien une indication quelconque… Elle tourna la tête de tous côtés pour essayer de repérer la masse de la Cathédrale quelque part, mais l'éclairage public de l'époque ne valait pas celui du 21e siècle…

Tout en marchant pour tenter de trouver une plaque de rue, d'autres possibilités commencèrent à affluer. En fait, elle était déjà venue ici en 1893 avec le Docteur pour mener l'enquête sur Sweetville. Mais ils n'avaient pas tellement fait de tourisme… Si elle pouvait patienter jusque-là pour l'attendre elle pourrait tenter de l'intercepter à ce moment.

Si l'on n'était pas en 1893 mais avant, il y avait une alternative un peu plus folle. Elle savait que son Echo victorien était mort ici juste l'année précédente, fin décembre 1892. Si elle était tombée (Dieu seul savait comment) bien avant cette date, cela pouvait raisonnablement expliquer que ni Vastra ni Strax ne la reconnaissaient… Or pour attendre le Docteur, elle aurait peut-être besoin de s'installer quelques temps et elle se demandait si elle ne pouvait pas éventuellement se faire passer pour la sœur de la Clara Oswald de cette époque.

Mais où vivait donc cette dernière ? Elle se creusa la cervelle pour se rappeler les bribes de souvenirs extrêmement ténus cette incarnation. Elle n'avait rien que des images très fugaces et des impressions beaucoup trop vagues. Une enseigne de pub ou d'auberge « La Rose et… quelque chose » et un nom qui commençait par M… Montague ? ou Maitland ? Elle soupira en pressant le pas.

Au croisement le plus proche, elle pila net. Bingo ! Une plaque annonçait Queen Victoria Street !…Sa joie fut pourtant de courte durée. Qui espérait-elle tromper en faisant croire qu'elle savait exactement depuis quand cette rue existait à Londres ? Elle estimait à vue de nez qu'elle avait dû être construite pendant le règne de Victoria, mais il ne fallait pas être un génie pour deviner ça. Par contre, si elle la remontait dans le bon sens, elle était sûre de tomber sur St Paul…

Clara finit par trouver la cathédrale et un journal humide compatissant dont la une lui confirma la date du jour, à savoir le 2 septembre 1888. Elle s'assit sur les marches du parvis pour méditer la mauvaise nouvelle.Au moins, quatre ans trop tôt ! Y avait-il réellement la moindre chance pour qu'il se fût agi d'un vieux journal ? Pas vraiment. Les bras croisés sur ses genoux, elle laissa aller sa tête dessus.

Quand le faux magicien chinois lui avait dit « Pensez à un lieu que vous aimez » savait-il qu'elle allait se retrouver ici ? Sur le moment, elle s'était dit que c'était plutôt une façon « faciliter » l'idée de sa mort prochaine… Pensez à quelque chose d'agréable, détendez-vous, ce sera plus facile, ce genre de chose. Elle avait pensé son appartement et d'un coin perdu et non identifié de la Sibérie elle avait sauté jusqu'à Londres. Et Dieu seul savait combien de siècles séparaient ces deux points.

Que faire maintenant ? Il lui fallait un abri pour la nuit. Or elle ne savait ni où habitait son Echo, ni le nom exact de l'endroit où elle travaillait, ni où ça se trouvait à Londres la seule adresse qu'elle avait vraiment, c'était celle de Vastra.Pas le choix : il fallait qu'elle y retourne et essaie d'amadouer quelqu'un pour qu'on la laisse entrer… Vastra pouvait être inflexible et Strax stupidement buté… Jenny était donc sa seule chance. Et elle lui prêterait peut-être aussi des vêtements discrets…

Décidant qu'il ne faisait probablement pas bon être seule, la nuit, dans le vieux Londres, à se demander si Whitechapel était suffisamment loin, elle se leva pour se mettre en route. Ne serait-ce que pour faire quelque chose. C'était toujours mieux que pleurer et paniquer misérablement sur ces marches. Si Jenny refusait de l'aider, il serait toujours temps de réfléchir à une autre solution…

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En rasant les murs et les boutiques, Clara mesura combien la présence du Docteur à ses côtés avait toujours été très sécurisante lorsqu'elle voyageait avec lui. Elle se laissait conduire. Il savait où il fallait aller… Il connaissait les usages du moment et des planètes visitées (enfin, plus ou moins). Avec lui, elle avait la quasi-certitude qu'elle s'en tirerait toujours. Mais seule ? Après s'en être offusquée, elle trouvait maintenant que c'était une vraie bénédiction que « Meltomène » ait été en réalité un pays de la Terre du futur ! Elle n'osait même pas imaginer son désespoir si elle s'était trouvée abandonnée sur une planète inconnue, d'une galaxie lointaine, sans le concours de la matrice de traduction du Tardis…

Elle réalisa que le Docteur allait peut-être se mettre à la chercher quand il découvrirait qu'elle avait disparu, mais comment diable pourrait-il deviner où et quand elle se trouvait précisément ? Allait-il être capable de faire parler ce serial killer de Wu Tsi ? Elle ferma les yeux en frissonnant.

Elle savait, elle, où et quand il se trouverait à Londres dans le futur. Elle pourrait lui poster une lettre qui lui serait, par exemple, opportunément remise par un consciencieux employé des Postes, tout heureux de remporter le pari qu'il aurait fait avec ses collègues quant à la possibilité de délivrer un pli vieux de plusieurs années… Sitôt qu'il l'aurait reçu, l'une ou l'autre de ses incarnations viendrait la chercher, et si le Tardis était clément, elle n'aurait pas du tout à attendre parce qu'il aurait la présence d'esprit de se matérialiser juste après qu'elle ait posté son courrier ! Il faudrait qu'elle pense à lui mettre tout ça en clair…

Un léger trouble l'envahit cependant à l'idée qu'elle venait d'avoir. L'une ou l'autre de ses incarnations… Son ancien Docteur pourrait-il venir pour elle ? Pensez à un lieu que vous aimez. En vérité, si elle avait cru penser à son foyer, c'était le cœur saignant du regret de perdre son alien préféré.Et le sortilège, si c'en était un, l'avait bombardée dans le seul petit coin de Terre où l'on pouvait trouver un maximum de ses occurrences, toutes incarnations confondues ? 1869 Cardiff, la Neuvième. 1879 Écosse, la Dixième… et la Huitième qui est restée longtemps avec Mary Shelley… Sans qu'elle sut pourquoi, elle pensa fugacement au visage souriant de Jack Harkness. 1869 Cardiff encore… Etait-il lui aussi présent à cette époque ? Comment pouvait-elle le savoir ?Si le Tardis avait été dans les parages, elle aurait soupçonné un petit coup de pouce de la part du vaisseau mais là ?...

Et puis elle se frappa le front. Oh qu'elle était stupide ! Mais le Tardis était là. Avec le Onzième ! Nul besoin de l'attendre puisqu'il vivait ici en reclus depuis des années !

Elle venait de se souvenir qu'il le lui avait dit quand il lui avait présenté la femme-lézard lorsqu'ils étaient allés dans le Yorkshire. Il s'était alors dépeint brièvement comme un ermite cuvant son chagrin égoïste sur son « nuage », à l'abri des affaires du monde, et n'ayant laissé qu'à Vastra la possibilité de le joindre parcimonieusement.

Oh Docteur ! L'espoir se jeta voracement sur son pauvre cœur et le fit battre à tout rompre.Dans les souvenirs fragmentaires de son Echo, il y avait une sorte d'escalier en colimaçon. En haut de l'escalier, elle voyait le Tardis. Et s'il y avait le Tardis, elle était sauvée…Elle volait presque en attaquant la dernière rue d'un pas énergique.

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Fin de non-recevoir. Jenny ne se laissa pas amadouer le moins du monde.

Ça, il fallait reconnaître que le Paternoster Gang avait été supérieurement briefé pour ne pas le déranger ! Ni ses grands yeux de biche apeurée, ni ses larmes ne permirent à Clara d'entrer. Et pas plus les informations précises qu'elle lui asséna sans ménagement pour donner du poids à sa requête… Et dire qu'elle pensait Vastra incorruptible !… Tout ce à quoi Jenny voulut bien consentir ce fut de lui faire la charité d'un morceau de pain et d'un peu d'eau, que Clara ne se fit pas prier pour accepter. Puis elle la remercia et regarda la rue d'un air incertain.

Quand elle tourna la tête vers l'entrée, elle vit la jeune servante qui la fixait mais à peine un court instant car elle referma précipitamment la lourde porte de sa maison. Force était de constater que l'optimisme de son plan présentait quelques failles…

Elle s'assit sur une borne voisine et se prit la tête dans les mains pour essayer de se concentrer et réfléchir. Notamment à cette histoire d'escalier et de nuage. Si le Docteur était en contact occasionnel avec Vastra, était-il possible qu'il ait garé le Tardis, non loin d'ici ? Elle avait beau pressurer son cerveau de son mieux, elle ne parvenait à n'en tirer que le souvenir d'une grille et d'un arbre. C'était maigre. Etait-il dans un parc à proximité ? Oh, s'il pouvait l'être !

— Clara… ?

Surprise d'entendre son prénom, elle sursauta en relevant la tête, pour découvrir une femme noire plus très jeune pourvue d'épais cheveux bouclés émaillés de touffes grises, qui la dévisageait. Totalement inconnue. Par réflexe de survie, Clara lui sourit. On était sur Terre, peu de chances que ça constitue une provocation pour la population locale…

— Mais qu'est-ce que tu fais là ?

Répondre intelligemment, ajouter une touche de sincérité. Les planches de salut se devaient d'être bien traitées…

— Je… et bien, en fait, j'ai… été… attaquée tout à l'heure. Et une calèche m'a renversée…

L'incarnation de sa Providence secoua la tête en faisant tss, tss, plissant ses lèvres charnues de la moue la plus désapprobatrice qu'il lui ait été donné de voir.

— Tu as mal quelque part ? demanda-t-elle d'un ton rogue.

Clara hocha la tête en silence.

— C'est bien fait pour toi ! bougonna la vieille en rattachant sa cape grisâtre, mais pas méchamment. Combien de fois t'ai-je dit que travailler dans cette auberge à servir des ivrognes ne t'apporterait que des ennuis ? Combien de fois ? Tu m'as raconté juste une belle histoire quand tu m'as dit que tu cherchais une place de gouvernante chez les richards ? Ces Maitland dont tu m'avais parlé…

Maitland ! tressaillit Clara. Mais la femme-mystère continuait sur sa lancée :

— Répète après moi : Rosita, je te promets que j'arrête de travailler à la Rose et la Couronne et que dès demain je retourne chez les Maitland pour la place !

Clara baissa la tête d'un air piteux et la vieille la regarda avec tendresse.

— Allez, viens je te ramène chez toi ma petite, tu n'as pas l'air bien. Et les hardes que tu as sur le dos ! D'où elles sortent ? Ah et puis non, je ne préfère pas le savoir. Je sais ce que c'est, va ! Moi aussi j'ai été jeune et aventureuse !

— Oh vraiment ? répondit Clara d'un ton suffisamment neutre mais avec un léger coin de sourire.

— Qu'est-ce que tu crois, jeune impudente ? Je n'ai pas toujours eu cet âge ! s'amusa-t-elle en lui tendant la main. Ne traînons pas ici, ce n'est pas sûr, la nuit, tu le sais… nos soeurs se font sauvagement homicider.

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Clara n'avait pas la moindre idée de qui était cette « Rosita »[*] mais elle était sûre de deux choses. D'abord cette dernière la prenait pour son Echo – ce qui était la meilleure nouvelle de la soirée – ensuite, lui parler permettait d'actualiser un grand nombre des informations confuses qui lui venaient d'un passé hélas profondément scellé en elle.

Lorsqu'elles furent en chemin, Clara la laissa manifester son côté expansif en ne répondant que par onomatopées car elle avait peur que son accent ne la trahisse ou bien d'utiliser des mots trop modernes. C'était la première fois qu'elle se souciait réellement de ce genre de chose depuis qu'elle voyageait avec le Docteur. Peut-être bien parce que, techniquement, en ce moment, elle ne voyageait pas avec lui… Par deux fois déjà, elle avait mis ses erreurs sur le compte de son choc à la tête, mais ce stratagème n'allait pas fonctionner indéfiniment auprès de son interlocutrice volubile.

Quand elles furent arrivées devant « son » immeuble, une petite bâtisse de quelques étages dans un état de délabrement que Clara jugea inquiétant, elle joua la comédie de l'étourdissement pour que Rosita l'accompagne juste devant sa porte. Mais pour ce qui était d'entrer, elle devrait le faire seule. Si son Echo se trouvait là, mieux valait peut-être qu'elle lui parle seule à seule d'abord. Aussi Clara la remercia-t-elle en lui promettant, juré, craché qu'elle irait sans faute, voir pour la place de gouvernante.

— Rosita ? appela-t-elle comme la femme faisait mine de s'en retourner. Est-ce que c'est sûr pour toi de rentrer à cette heure ?

La femme sourit et remarqua :

— Ton coup sur la tête a été plus fort que ce que je croyais…

Clara ne répondit pas et puis la vit emprunter les escaliers de bois assez raides qui devaient conduire sous les toits. Elle avait sa réponse : elles vivaient dans le même immeuble. C'était sans doute la raison pour laquelle elles se connaissaient : elles étaient voisines.

— …si tu veux, ajouta-t-elle en se retournant, prends une heure de plus demain matin pour aller voir un docteur, je te couvrirai auprès de Chilcott.

Clara esquissa un petit sourire. Elle ne croyait pas si bien dire. C'était là, très exactement, sa plus ferme intention.

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[*] TV épisode spécial : "The next Doctor". Rosita était la compagne de Jackson Lake quand il se prenait pour le Docteur

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