La petite voleuse de cookies

Chapitre 9 : C9 : Phé-ro-mones !

4628 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 18:04

CHAPITRE IX

LE DOCTEUR

Alors que l'aube allait se lever, il avait regagné le Tardis en repensant à sa conversation avec Nikola Tesla. L'homme était jeune mais il lui plaisait. Il le trouvait direct et amusant. Très rafraichissant en fait, mais c'était probablement dû au fait qu'il n'était pas anglais. Tout cela mis bout à bout signifiait peut-être qu'il devrait mettre un terme à sa retraite londonienne. Chacun des membres des Cinq qu'il avait pu voir pour l'instant (à l'exception bien sûr de Nigel Griffin) lui semblait cependant intéressant et d'une compagnie très stimulante.

Le jeune Nikola lui paraissait requérir plus d'attention car, de fait, il était devenu le dernier vampire vivant, d'après ce qu'il avait compris, par un hasard malencontreux de la génétique. Il lui avait révélé après quelques verres que le Sang avait activé en lui un gène dormant, légué par un lointain ancêtre transylvanien. C'était bien le genre d'information valait le coup d'avoir dû ingurgiter tout cet alcool…Malgré lui, le Gallifréen ne pouvait s'empêcher d'éprouver une sorte d'empathie pour ceux qui restaient les derniers représentants de leur race, les exilés et les solitaires.

En parlant aussi longuement avec lui, il en était venu à avoir la conviction que même s'il montrait les signes d'un solide orgueil qui pouvait potentiellement devenir gênant, ce n'était probablement pas l'homme qu'il cherchait, parce qu'il vivrait longtemps. En effet, en raison de la fatigue inhabituelle qui l'étreignait parce que son corps luttait contre la présence du Sang, le Seigneur du Temps s'était laissé aller un très bref instant à observer les lignes temporelles autour de Tesla…Comme pour les autres, sa longévité serait bien supérieure à celle d'un humain normal. Or si Jack l'Éventreur s'était arrêté de tuer, il y avait tout lieu de penser que c'était peut-être parce qu'il avait été éliminé assez vite… Éliminé ou « neutralisé ». Cela faisait éventuellement reculer un peu Watson et le Croate sur sa liste de suspects.

Pourtant, lorsqu'il s'était rendu compte de ce qu'il était en train de faire, le Docteur avait fermé les yeux et cessé immédiatement. Il n'aimait pas regarder les lignes de vie délibérément. Ce qu'il voyait était parfois beaucoup trop lourd à porter.C'était avec Rose qu'il avait pris l'irrévocable décision de ne plus jamais recommencer. Sa souffrance avait été incommensurable quand il avait découvert que tous ses futurs potentiels convergeaient vers une mort prochaine si elle restait à ses côtés.Il secoua la tête. Il ne voulait pas repenser à Rose, ni aux Ponds, ni même à River en sachant qu'elle avait toujours la possibilité de les voir et pas lui. Il devait se concentrer sur le présent.

Non sans déployer des trésors (insoupçonnés) de diplomatie, il avait fini par réussir à faire dire à Nikola pourquoi il rodait autour de chez Helen. Le jeune homme avait reconnu qu'il la sentait en grand danger et qu'il ne croyait pas son fiancé capable de la protéger correctement. Il avait ajouté qu'il le tenait pour un bon à rien prétentieux, mais le Docteur entendait derrière cela qu'il était seulement jaloux et le lui avait fait remarquer.

― Mais nous sommes tous un peu amoureux d'Helen à des degrés divers, avait reconnu le jeune scientifique en levant une longue main de pianiste où il faisait naître distraitement d'étonnants petits arcs électriques bleutés au bout de ses doigts. Je suppose que c'est inévitable. Watson a laissé échapper une fois que nous formions à nous cinq une sorte de sous-espèce à part, dont elle était de fait la seule femelle convoitable…

Le Docteur trouvait que l'explication anthropologique de Watson manquait un peu de poésie et ne rendait pas justice à la grâce charmante et à l'intelligence d'Helen mais il reconnaissait que cette théorie n'était pas inintéressante pour autant.Tesla avait avoué qu'il ne savait pas quel danger menaçait Helen, seulement qu'il le sentait instinctivement dans ses tripes. Mais il avait sans doute tort de s'inquiéter outre mesure.

Pour avoir mené discrètement l'enquête dans le futur quand elle lui avait parlé de l'expérience qu'ils avaient imprudemment conduite avec le Sang, le Docteur savait qu'Helen avait hérité de la longévité et d'un esprit brillant, ainsi que d'un instinct de conservation bien supérieur aux autres qui s'était déployé dans les activités de ses havres de protection des « phénomènes » intra terrestres qu'elle appelait les Sanctuaires. Une bonne centaine d'années plus tard, elle était toujours en vie, sans donner l'impression de vieillir beaucoup. Elle n'était certes pas aussi brillante que Watson, mais elle capitalisait merveilleusement grâce à son expérience accumulée.

Maintenant, il ne lui restait plus qu'à voir Griffin et Druitt, se disait-il en insérant sa clé dans la porte du Tardis. Puis de les voir tous ensemble.

.°.

 

LE DOCTEUR ET LE DOCTEUR

A bord, le doux ronronnement du vaisseau l'accueillit gentiment.

― Salut chérie, je suis rentré ! dit-il en manière de dérision. Notre « invitée » serait-elle là par hasard ?

Le Tardis ne répondit pas et le Docteur fit la moue face à cette absence de réaction qui signifiait manifestement un non. A quoi bon avoir une garde-malade qui n'était pas là pour le garder ? Il allait retourner dans sa chambre quand il aperçut un tableau noir dans la salle de commande, à un endroit où il ne se souvenait pas l'avoir mis.

― C'est toi qui as déplacé ce vieux tableau que j'utilisais pour expliquer des trucs à Susan ? demanda-t-il au Tardis à voix haute. Qu'est-ce qu'il fiche là ?

Il s'approcha et vit qu'il y avait un message écrit à la craie : « Clara, parlez-moi ! »

Il effaça les mots du plat de la main et prit le morceau de calcaire pour inscrire en réponse : « Je suis là ».

« Que diable êtes-vous en train de faire ? Je veux que vous rentriez »

Le Docteur sourit et en lisant cela et répondit toujours via le tableau noir. « Crise d'autorité ? On avait dit trois jours ». Puis avec un air malicieux, il ajouta en dessous : « Vous ne supportez pas d'être loin de moi pendant seulement trois jours ? »

Le tableau resta silencieux un moment puis le message apparut. « Il est à côté de vous ? »

Eleven réfléchit un moment, essayant de trouver quelque chose de plausible qu'elle aurait pu dire. « Non, il fourgonne un truc suspendu à sa balançoire sous le pied de la console. Je crois qu'il en a pour un moment, vous savez bien… il démonte le Tardis même quand il n'a rien... Que vouliez-vous me dire ? »

« Ce que je vous ai déjà dit ! Ne restez pas plus longtemps avec Babyface. C'est dangereux et inutile. Je vous connais, vous allez laisser échapper des informations importantes et il fera des recoupements. Vous avez assez joué maintenant, donnez-moi des coordonnées ».

« Babyface ?! Comment oses-tu ? Je suis un Seigneur du Temps ! »

« Oups… » fit le tableau. « Donc tu n'es pas Clara… Où est-elle ? »

« Partie, Futur-Moi mal élevé » répondit-il avant d'ajouter : « Alors c'est Clara, son nom ? Elle a refusé de me le donner »

« PARTIE OÙ ? » s'inquiéta très vite le tableau.

Le Docteur eut un sourire amusé. Son « futur lui » avait l'air remarquablement possessif et complètement flippé ! C'était drôle, tellement ça ne lui ressemblait pas ! Il ne pouvait pas s'imaginer devenir aussi crampon. Il allait jouer un peu.

« Je ne sais pas. La dernière fois que je l'ai vue, elle se promenait bras dessus bras dessous avec une grande bringue rousse plutôt sexy. Bon bien sûr, je n'y connais pas grand-chose mais… la température avait l'air de sacrément monter entre elles deux »

« QUOI ? Qu'est-ce que tu racontes ? Ce n'est pas vrai ! »

« Moi je dis ce que j'ai vu et senti. J'ai un super odorat en ce moment et les phéromones, ça ne ment pas. Peut-être que tu ne la connais pas si bien que ça… ».

« Tu es en train de te payer ma tête. Où est-elle vraiment ? »

« Aucune idée »

« Ah c'est ça… ! En fait, elle t'a filé entre les doigts !... Ou alors, c'est la seule chose qu'elle a trouvée pour éviter que tu lui poses trop de questions »

« C'est moi ou tu es complètement accro à cette fille ?… Je veux bien reconnaître qu'elle est mignonne. Mais dommage pour toi que tu ne sois pas une femme… »

« Oh ferme-la. Elle n'est pas du tout comme ça » bougonna le tableau noir.

« Phéromones » titilla Eleven.

« Laisse tomber ».

« Phé-ro-mones ».

« Oh par Rassilon, je n'arrive pas à croire que j'ai pu être aussi puéril ! Nous sommes mariés, souviens-toi en ! ».

Eleven arqua un sourcil stupéfait.

« Oh ?! Si c'est récent, ça expliquerait bien des choses… Par contre, honnêtement, je dois t'avouer que je ne me voyais pas du tout me rembarquer là-dedans après… »

L'écriture sur le tableau prit des accents secs et on devinait sur les barres des T des coups de craie rageurs. La poussière tombait à chaque fois que les points étaient apposés vigoureusement sur les i.

« Non, triple andouille bormigalienne ! Toi et moi nous sommes toujours des hommes mariés, je te signale… Je ne suis pas « accro ». Clara est mon amie et je m'inquiète pour elle. Elle a été brutalement expédiée là où vous êtes par un procédé ignominieusement hasardeux, mis au point par un cerveau malade et déficient et je parie que tu ne l'as même pas conduite à l'infirmerie pour vérifier si elle allait bien !… ».

« Quel cerveau et à qui serions-nous mariés ? »

Le Tableau resta silencieux un moment avant d'inscrire : « Re-oups ». Il ajouta : « Tu n'es pas marié encore ? Zut, je ne te croyais pas si jeune… je peux rien dire »

« Mais c'est à dire que je suis… veuf, non ? » insista Eleven.

« Ok, si je résume, tu as négligemment perdu ma compagne et tu n'as pris aucun soin d'elle alors qu'elle était seule, probablement désorientée et peut-être souffrante du déplacement temporel anarchique. Parfois, je me demande vraiment ce qu'elle a bien pu te trouver »

« Hé, ho. Bien sûr que je l'ai mise à l'abri du danger et je lui ai dit de m'attendre. Mais au lieu de ça, Madame est partie flirter avec sa copine dehors en pleine nuit, alors qu'elles faisaient des proies faciles. Elle a bien dû le comprendre quand la rousse a été tuée. »

« TUÉE ? Crétin ! Aucun de nos compagnons n'a jamais été fichu de comprendre l'instruction pourtant simple « reste là » ! Donne-moi ta position tout de suite, moi je vais la retrouver »

« Attends, quand tu dis 'ce qu'elle a pu me trouver', est-ce que tu veux dire que je lui plairais malgré… la tête que j'ai ? »

« Mhpf. Tu la regretteras un jour cette tête de demeuré… Pourquoi crois-tu qu'elle ait accepté de suivre un maboul irresponsable – même pas de sa planète – qui passe son temps à la mettre en danger, en ayant l'air de croire qu'il lui fait là une faveur insigne ? »

Le onzième Docteur regarda le tableau noir en souriant d'un air béat. Quelqu'un d'autre allait l'aimer ! Bientôt peut-être… C'était tellement… inespéré !

« Futur-Moi, j'ai l'impression d'être ton analyste... Il y a beaucoup de culpabilité dans ce dont tu m'accuses, n'est-ce pas ? Pourquoi serais-tu si véhément si tu n'avais pas de profonds sentiments pour elle ?»

« Spoilers »

.°.

 

CLARA OSWALD ET JACK HARKNESS

Jack ajustait les boutons de son détecteur en silence. Ils étaient à trois mètres d'une grande bâtisse située Mansfield Street et se tenaient à dessein en retrait, parce qu'ils n'étaient pas seuls. A quelque distance de là, vers Cavendish, deux autres hommes parlaient bas, sans les voir.

― Vous êtes sûr que c'est là ? souffla Clara en regardant la grande bâtisse. Cette maison-ci et pas une à côté ?

Il acquiesça et coupa soudain le détecteur, se reculant dans un coin plus ombreux. Saisissant la main de Clara, il lui désigna les deux hommes d'un coup de tête un peu plus haut sur la rue. Ceux-ci s'étaient mis en marche et faisaient mine de s'éloigner tranquillement.

― C'est fou le nombre d'insomniaques sur lequel je peux tomber quand même, fit-elle tout bas pour elle-même.

Jack nota l'adresse sur un carnet et quelques repères visuels avant de le rempocher.

― Bon, cette fois je vous ramène où je vous ai trouvée car ça fait une trotte à pied. On en aura bien pour trois quarts d'heure. Je repasserai ici demain pour savoir à qui appartient cette maison.

Pendant qu'ils se mettaient en marche pour retourner en direction de la cathédrale, Clara hésita un peu mais finit par se lancer. Le trajet était long, il fallait bien meubler un peu...

― Je crois que c'est la maison d'Helen Magnus, dit-elle dans un souffle.

― Qui ça ?

― Quelqu'un que j'ai rencontré aujourd'hui et qui s'intéresse aussi à cette affaire. Je ne suis pas certaine de ça, mais nous sommes passés à l'université aujourd'hui – elle y a un bureau – et je crois que j'ai vu qu'elle avait en main du courrier sur lequel figurait une adresse dans cette rue. La coïncidence est bizarre.

― Merde alors ! Je suis au regret de vous dire que vous êtes la plus précieuse assistante qui soit ! Comment avez-vous pu vous focaliser sur un tel détail ?

― Vous avez le 20e siècle qui repousse… C'est la peur, tout simplement. Je suis à la rue ici. Cette femme avait l'air bienveillante et j'ai pensé qu'elle pourrait m'héberger en cas de besoin. Donc j'avais intérêt à avoir des pistes sur son lieu de résidence…

― Vous dites ça parce que vous espérez que je vous laisse un double des clés de ma planque ?

Elle lui lança un coup d'œil mutin et essaya de ne pas trop sourire, ce qui échoua lamentablement parce qu'elle avait toute son attention.

― Je me demande si c'est vraiment moi qui l'espère… Notez que comme vous partez très bientôt, ça me permettrait d'y redéposer les vêtements que vous avez laissés chez Vastra et de reprendre ce que Jenny a emprunté pour vous déguiser.

― Pourquoi croyez-vous que je n'aurai pas envie de vous revoir demain ?

Diable d'homme ! Elle ne savait toujours pas pourquoi il lui jouait cette comédie du type intéressé, étant donné ses préférences sexuelles notoirement pas féminines... Pour arriver à feindre aussi bien, il devait être un acteur vraiment exceptionnel. Le duo d'escrocs qu'il avait formé autrefois avec Hart devait vraiment être quelque chose avec deux menteurs professionnels de cet acabit…

― J'ai cru vous entendre dire plus tôt que vous seriez « équitable » ? soupira-t-elle. Je suppose que vous allez vous excuser très piteusement auprès de ma sœur pour lui avoir posé un lapin. Si vous ne le faites pas, vous aurez affaire à moi…

― Arrêtez, elle ne peut pas être votre sœur, vous avez quelques cheveux blancs de plus… C'est juste une version de vous plus jeune, n'est-ce pas ?

― Vous pouvez le voir comme ça…

.°.

Ils venaient de quitter Oxford Street quand une calèche déboula derrière eux en passant à un train d'enfer. Les chevaux hennissaient, naseaux écarquillés et les yeux fous sous les coups de fouets. Jack tira Clara à l'écart et l'appuya contre une maison en se mettant devant elle, dans l'intention de prendre le choc si jamais ils devaient être percutés par l'attelage, qui semblait difficile à contrôler… Quand la voiture les rasa à moins de quinze centimètres, il héla vertement le cocher en l'incitant à faire attention à eux. Puis il tourna de nouveau la tête vers elle, les traits détendus, et pas mécontent de cette bonne excuse pour être tout près d'elle.

― De vrais chauffards, commenta-t-il à mi-voix. Parfois les cochers sont aussi saouls que les maîtres qu'ils ramènent.

Oh, elle le voyait venir. La main appuyée à plat contre le mur où elle était adossée, il la dominait de toute sa taille, les yeux brillants, sa bouche planant à quelques centimètres de la sienne et semblant quêter paresseusement la permission de faire ce dont il avait envie, depuis la séance de maquillage.

Elle le surprit en attrapant impulsivement son visage dans sa paume, pressant ses joues et sa bouche entre le pouce et le reste de ses doigts, pour lui faire faire une moue ridicule où elle déposa un chaste petit baiser léger.

― On n'a pas le temps pour ça ! le réprimanda-t-elle très gentiment en se glissant sous son bras pour s'échapper et reprendre la route par Holborn.

Retirant son bras du mur, il poussa un soupir déçu et la rattrapa en quelques enjambées.

― Excusez-moi, dit-il au bout d'un moment. Je suis probablement ridicule maintenant.

Son ton resta bienveillant pour lui répondre qu'il y survivrait. Elle pétillait d'amusement mais ne faisait pas mine de dévier de son cap.

― Vous êtes vraiment intelligente, commenta-t-il en se tenant à une distance à peine plus respectable. Vous venez de retourner la situation si facilement ! C'est vraiment rare que je me sente si inapproprié dans… ce genre de cas.

― Avec votre allure, vous ne devez simplement pas avoir l'habitude qu'on résiste à vos avances.

― Eh bien, admit-il avec un petit sourire piteux à mourir, vous avez vu vous-même. Deux fois repoussé dans la même soirée, que ce soit en tant que femme ou en tant qu'homme… Je n'ai pas la vie aussi facile que vous semblez le croire… Enfin, ça reste toujours très agréable d'entendre que vous me trouvez bel homme…

― Jack ! Faut-il vraiment vous rassurer sur ce point ?… se moqua-t-elle un petit peu.

Il sombra alors dans un mutisme pensif et ils finirent le trajet silencieusement jusqu'à Newgate.En vue de la porte de la maison de Vastra, il reprit la parole, laissant paraître un peu d'hésitation.

― J'ai… le sentiment horrible que c'est la dernière fois que je vous vois… Vous avez décidé si vous voulez encore m'aider demain soir ?

― Parce que vous croyez vraiment que je vais vous prêter main forte pour assassiner un homme ?

― Ne me jugez pas trop vite. Quelqu'un doit l'arrêter et sans attendre. Vous avez vu ce qu'il fait à ces femmes ?

― Pas trop longuement : je voulais pouvoir conserver le peu que j'avais réussi à manger aujourd'hui, acquiesça-t-elle. Je ne vous ai pas demandé, comment a-t-il réussi à vous tuer tout à l'heure ?

― De façon trop étrange pour qu'on n'ait pas affaire à un pur cas Torchwood, répondit-il prudemment.

― Ne vous faites pas prier… Dites-moi, vous en mourez d'envie.

― Je vous préviens que c'est bizarre…

Elle eut un sourire en coin, et se croisa les bras pour attendre. Il s'amusa de voir qu'elle était si peu de cette époque. Le 21e siècle lui manquait affreusement quand il était en sa compagnie.

― Il a plongé sa main juste ici, sous le sternum. Je ne sais pas comment, je n'ai pas eu mal. Si, c'est la pure vérité, je vous assure… Par contre, j'ai senti sa main écraser mon coeur, directement à l'intérieur. Je ne sais pas du tout comment il a pu faire ça.

Elle pencha la tête en arrière, les bras toujours croisés, avec l'air de réfléchir à ses options puis le questionna :

― Le meurtrier de Whitechapel taillade ses victimes au couteau et les découpe en morceaux. Ce qu'il vous a fait, c'est différent. Est-ce que sa main était… spéciale ? Du genre Edward aux Mains d'Argent ?

― Oh, Johnny Depp était fabuleux dans ce rôle… Non, sa main était parfaitement normale la dernière fois que j'avais regardé en tous cas.

― Jack, je veux dire que le mode opératoire n'est pas le même et qu'il faut qu'on comprenne pourquoi. Et si ce n'était pas le même tueur ?

― Je crois bien qu'il y avait des couteaux dans sa sacoche pourtant. Et ils ne lui servent peut-être pas à tuer mais simplement à satisfaire son…

― Vous avez compris où je voulais en venir, le coupa-t-elle en cognant avec le heurtoir pour que Strax vienne lui ouvrir.

Jack fit la moue en voyant des lumières ténues s'allumer trop vite à son goût dans la maison. Une dernière fois, il la regarda comme s'il allait la manger toute crue.

James a beaucoup de chance de vous avoir. Est-ce qu'il le sait ?

― James ? s'étonna-t-elle tandis qu'ils entendaient des pas hâtifs de l'autre côté de la grande porte du manoir.

― Vous avez choisi Moneypenny comme pseudonyme. Je suppose donc qu'il y a, quelque part où vous vivez, un homme dangereux et très sexy qui flirte un peu avec vous, mais sans jamais vraiment vous considérer comme la femme de sa vie, n'est-ce pas ?

― Mais… d'après votre descriptif, n'est-ce pas précisément ce genre d'homme que vous voyez tous les matins dans votre miroir ? rétorqua-t-elle avec un ultime clin d'œil.

Elle lui retourna son sourire. Comment pouvait-on ne pas flirter avec Jack ?La petite silhouette d'un Strax étonné s'afficha dans l'encadrement de la porte ouverte.

― Qu'est-ce que ce raffut ! Ah, c'est vous ! Entrez, mon garçon. Lady Vastra était très inquiète de votre longue disparition.

Jack s'éclaircit la gorge pour attirer son attention, peu décidé à rester sur un échec.

― On dit demain soir, même heure ?

Elle savait qu'elle aurait dû dire non.

― Je ne sais pas si je pourrai…

― Alors à demain ! répondit-il avec un sourire charmeur qui lui donna en vie de le gifler et de l'embrasser à la fois.

Elle suivit Strax dans la maison mais dès qu'elle fut entrée, elle perçut très nettement l'atmosphère des plus fraîches que lui réservait son comité d'accueil…

.°.

Laisser un commentaire ?