La petite voleuse de cookies

Chapitre 10 : C10 : Le rêve de la crypte

4675 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 12/01/2016 14:07

CHAPITRE X

CLARA OSWALD

Dans le vestibule du manoir seulement éclairé par la lampe à huile que portait Strax, Jenny était en retrait et lui adressait des œillades affolées, exagérées par les ombres. Vastra debout devant elle et plus verte que jamais, dardait sur Clara des prunelles bleues très mécontentes et impatientées, qui semblaient mettre mal à l'aise ses domestiques. Ils avaient l'air de craindre quelque chose mais Clara s'en fichait, boostée par sa soirée avec le trop séduisant futur Capitaine Harkness.

Vastra l'avertit d'un ton pincé en fixant son nez de beaucoup trop près, qu'elle ne tolérerait pas qu'elle s'enfuie à nouveau alors que le Docteur l'avait laissée sous sa garde.

A la suite de quoi Clara demanda, trop poliment pour ne pas l'énerver, si elle était de fait prisonnière… La Silurienne étrécit ses pupilles en serrant les mâchoires pour faire une sortie théâtrale où elle annonçait prévenir le Docteur que celle qu'il cherchait était retrouvée.C'était assez étrange de réaliser qu'il y avait des côtés d'elle qu'elle ne connaissait pas du tout. Peut-être que quelques années à peine suffisaient à transformer quelqu'un en une autre personne ? Clara avait toutefois tendance à en douter.

Mais elle considérait à peine l'effet qu'avait eu sur elle sa rencontre avec le Docteur… En temps propre, ça devait faire quelque chose comme deux ans et demi. Sa belle-mère lui répétait assez qu'elle était devenue extrêmement insolente et rebelle en un laps de temps vraiment court. Ceci étant, sa belle-mère était une idiote qui la prenait toujours pour l'adolescente qu'elle était quand elle avait mis le grappin sur son père…Peut-être qu'au fond, une partie d'elle-même était satisfaite de lui servir le portrait de la sale gamine qu'elle s'obstinait à voir en elle, alors qu'elle avait bien dépassé l'âge… Clara le voyait comme une sorte de politesse désespérée, une manière de communiquer avec un être limité qui ne comprenait rien d'autre que ses points de vue stéréotypés. A cette seconde, elle l'aurait bien traitée de « cerveau en gelée »… Oh, c'était vrai que le Docteur déteignait parfois furieusement sur elle !… Elle ne savait pas pourquoi elle repensait à sa belle-mère, mais supposait que cela avait un rapport avec le numéro autoritaire de son hôtesse.

Quand Vastra avait quitté la pièce, Jenny s'était aussitôt approchée d'elle pour la mettre en garde.

― Vous ne devez pas la contrarier, Mademoiselle !

― Ce n'est rien Jenny, elle a juste peur que le Docteur ne pense du mal d'elle. Ça lui passera. Le Docteur pense d'ailleurs le plus grand bien de vous tous, la rassura-t-elle. Dans le futur, je crois même qu'on peut aller jusqu'à dire qu'il se considère comme votre ami. Mais… chut. Je ne vous ai rien dit.

Jenny battit des paupières avec un modeste sourire et puis demanda en chuchotant pour ne pas que Strax l'entende :

― Comment était-ce avec… votre « bonne amie » ?

― Jenny, votre déguisement était parfait ! Il a prévu de vous le rendre afin que vous n'ayez pas d'ennuis à propos de la perruque prêtée.

― Est-ce qu'il vous a embrassée ?

Compte tenu de ce qu'elle savait de Jenny et de la façon dont elle se rapprocherait ultérieurement de Vastra, la question surprit vraiment Clara qui la regarda avec un petit sourire. Elle inclina la tête de côté.

― Il était préférable qu'il ne le fasse pas.

Jenny arbora une moue indubitablement déçue en apprenant cette nouvelle.

― Pourquoi ? Il est si beau !

― Oui et il le sait un peu trop, l'animal. Mais si vous lui demandez gentiment, je suis sûre qu'il serait ravi de satisfaire votre curiosité pour ses baisers.

― Oh, non ! fit Jenny en battant en retraite précipitamment. Ce ne serait pas convenable. Nous ne sommes pas du même monde.

― Ah ma chère Jenny, qu'y a-t-il pourtant de plus romantique que deux mondes qui entrent en collision, depuis Roméo et Juliette ? soupira l'institutrice. Moi je ne peux pas, je suis presque fiancée dans le futur…

― Comment ça « presque » ? Vous l'êtes ou vous ne l'êtes pas ?

― Disons que je ne le suis pas et que j'hésite entre deux hommes, reconnut Clara.

Et en plus, aucun des deux n'était à moitié aussi sexy que celui qu'elle venait de quitter…

Jenny sourit avec compassion, vaguement rassurée. C'était là au moins une chose du futur qu'elle pouvait encore parfaitement comprendre.

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CLARA OSWALD ET LE DOCTEUR

Lorsqu'elle était revenue à bord du Tardis, le Docteur n'avait eu que deux mots à dire, à savoir « infirmerie » et « maintenant » pour lui faire comprendre qu'il était contrarié. Elle l'avait suivi docilement tandis qu'il se dirigeait à grands pas vers un lit d'examen qu'il avait tapoté avec un regard appuyé pour lui faire comprendre qu'elle devait s'y installer. Et au trot.

Sans un mot, il avait pris sa tension, regardé dans ses yeux avec une lumière qui la faisait pleurer, attrapé une sorte de pistolet pourvu d'une fiole sur le dessus qui s'avéra être un système pour lui prélever un peu de sang. Puis il s'était affairé pour la faire passer sous l'arche qui servait habituellement de scanner.Sur une petite tablette, il lut des résultats avec une sorte de moue qui la laissa elle-même perplexe.

― En fait, vous allez très bien ! déclara-t-il comme s'il avait pu en douter.

― Mhh, ça j'aurais pu vous le dire si vous me l'aviez demandé… Pourquoi cette subite inquiétude à ce propos ?…

Il posa la tablette de côté et son assurance précédente sembla s'évanouir un instant quand il afficha la bouille un peu gauche qu'elle avait toujours adorée.

― Futur-Moi m'a contacté. Il m'a reproché d'être négligent et de ne pas avoir vérifié que vous n'aviez pas souffert de votre… arrivée sur place.

― Comment va-t-il ? demanda-t-elle en se relevant.

― Oh, il entretient le mystère là-dessus. Mais pas si bien sur le fait que vous lui manquez beaucoup...

Elle leva au ciel des yeux dubitatifs avec un pli amer des lèvres, qui disait assez combien elle n'y croyait pas, puis tourna les talons pour quitter l'infirmerie.

― Hey ! Où allez-vous ? On n'a pas fini ! C'est mon tour. Vous aviez promis d'être ma garde-malade et de vous assurer que j'allais bien.

Elle haussa un sourcil, vaguement amusée.

― Ok, Timelord ! Vous n'avez pas l'air plus « malade » que d'habitude, si ce n'est que vous commencez à montrer les signes de l'autoritarisme qui sera le vôtre… en vieillissant.

Elle se plaça derrière la table d'examen, un poing sur la hanche et avec un regard moqueur, elle tapota dessus pour imiter son geste.

― Grimpez là et retirez votre chemise… Il est où votre stéthoscope ? Que j'écoute la folle cavalcade désordonnée de vos deux palpitants d'extraterrestre…

Il sourit comme un gamin et secoua la tête en rougissant un peu :

― C'est bon. Je… je me rends. J'ai déjà vérifié mes constantes tout à l'heure… Mais… vous, où étiez-vous ? Futur-Moi m'a passé un savon parce qu'il a cru que vous étiez encore perdue…

― Il faut le comprendre… Il est sûrement à cran à cause de celui qui m'a expédiée ici. Mais puisque mon « malade » va très bien, je crois que je vais quand même dormir un tout petit peu, car cette fois, je commence à accuser le coup…

― Clara, je peux vous poser une question avant ?

― Qui a grillé ma couverture ? Je suis censée être Jane Moneypenny…

― Futur-Moi qui voulait vous parler.

Elle soupira et puis demanda au Tardis de désarchiver sa chambre. Au bout du couloir, le vaisseau matérialisa obligeamment la « mystérieuse porte » qu'il avait déjà vue un peu plus tôt et vers laquelle elle se dirigea d'un pas assuré.

Que le Tardis lui obéisse de la sorte le stupéfiait. Et pas qu'un peu.

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Il ne la lâcha pas d'une semelle. Une fois arrivés devant, il posa la main sur le mur d'un air inquisiteur et content de lui. Elle avait toujours eu envie de l'embrasser quand il se croyait supérieurement malin. Sauf qu'il faisait cette tête-là tout le temps.

― C'était quoi votre question ?

― Vous m'avez dit tout à l'heure que je ne vous avais pas invitée à vivre dans le Tardis, et pourtant vous avez une chambre…

― Coup de bluff, répondit-elle. Actuellement le Tardis met parfois une sorte de chambre d'ami à ma disposition. Mais le plus souvent, je vais dormir sur un canapé de la bibliothèque... Cependant quand je suis arrivée ici, j'avais besoin d'un vrai lit… Alors, qui sait ? Peut-être que plus tard, vous estimerez que j'ai le droit d'avoir un coin à moi, même en tant que compagne à temps partiel.

― Pourquoi vous êtes-vous enfuie de chez Vastra ?

― Jenny n'a donc rien dit ?

Le Docteur secoua la tête et Clara s'en amusa. Elle ouvrit la porte et entra dans sa chambre, mais le Gallifréen intimidé resta sur le seuil.

En un seul regard sur lui, elle comprit comment et pourquoi River avait dû tirer avantage d'être celle qui en savait plus que lui sur eux deux, au début de leur relation. Mais pourquoi le Docteur avait-il accepté de jouer ce jeu, alors qu'il était si vieux ? Il n'était pas du tout le jeune homme dont il avait l'air... Ce que seules les nombreuses rides d'expression de son grand front trahissaient.

Et puis elle se souvint vaguement de ce qu'elle savait de sa femme à moitié Dame du Temps. Et que River n'était peut-être pas réellement non plus la femme mûre dont elle avait soudain pris l'apparence en plein dans sa vingtaine, au hasard d'une régénération berlinoise…

Ce n'était peut-être rien d'autre qu'un simple jeu entre Seigneurs du Temps, un pied de nez fantasque aux apparences et à l'inanité cruelle de leur romance impossible et maudite….Elle battit des paupières pour se reprendre.

― Vous n'aviez pas besoin de moi. J'ai trouvé quelqu'un à qui je pouvais enfin être utile.

― A quoi faire au juste ?

― Et bien, apprenez que vous n'êtes pas tout seul à vouloir résoudre le cas de l'Éventreur !

Il ouvrit la bouche, plein d'impatience et de questions mais elle venait de lui tourner le dos pour retirer son châle et défaire ses cheveux. Il déglutit et se figea en voyant la peau nue de ses épaules balayée par ses grandes mèches brunes laissées libres. Elle revint vers lui pour poser un doigt sur ses lèvres tétanisées, la main sur la poignée de sa porte.

― Chut. Je suis fatiguée. Revenez tout à l'heure quand je me serai reposée. Et arrêtez de me faire ces grands yeux gris insondables et ce front mélancolique. Enfin, si vous ne voulez pas que je vous pousse sur ce lit sans plus de façons, et que je ne me serve de cette splendide soie damassée comme oreiller, l'avertit-elle en tapotant son gilet.

Il lui retourna un regard vague et paniqué, et elle lui ferma la porte au nez.

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CLARA OSWALD

Une fois seule, elle retira précautionneusement le jupon et le corsage bourgogne de la Clara victorienne pour ne pas les froisser et les posa sur une chaise. Depuis le début de cette aventure, son look laissait franchement à désirer et empirait tous les jours.

Le Tardis lui fournit un petit pyjama douillet et elle le remercia avec un chaleureux sourire. Elle l'enfila prestement, se glissa sous la couette et ferma les yeux en essayant péniblement de ne penser à rien.

Ni au Docteur. Ni à Jack. Ni même à ce dont Dave pourrait avoir l'air, revêtu de l'un de ces somptueux costumes d'époque qui rendaient les hommes si désespérément élégants.Elle secoua la tête et se rencogna davantage dans son oreiller qu'elle serra plus fort. Pas de petit ami depuis quatre ans. Miséricorde !

Si au début, elle avait pu croire que le charme naïf et primesautier de son premier Docteur lui suffirait, ce n'était plus le cas. Entre la Brume rouge, les lettres délicieuses de Dave, la bave de Reaper et la séduction outrageuse et décomplexée d'un Jack à peine émoussée par des années d'exposition au puritanisme ambiant – elle avait vraiment l'impression qu'une main invisible tramait insidieusement un peu trop de chausse-trappes sous ses pas pourtant ordinairement prudents…

Elle ne souhaitait aucunement compromettre son amitié avec le Docteur pour un stupide problème d'hormones et d'horloge biologique. Dès qu'elle serait rentrée, il allait pourtant bien falloir qu'elle s'attaque à ce problème de front.

Lorsqu'elle avait dit à Jenny qu'elle hésitait entre deux hommes, en réalité, elle se flattait plus qu'autre chose. Sans doute avait-elle espéré en rencontrant le Docteur dans son incarnation précédente qu'ils finissent par être un jour plus que des amis. Son sourire, ses yeux doux et malicieux, son humour décalé, sa gaucherie craquante et ses bourdes malencontreuses… Tout lui plaisait chez lui. Y compris le fait qu'elle l'avait d'abord cru veuf.

Mais depuis sa régénération et qu'il s'avisait carrément de la faire passer pour sa fille aux yeux du monde, le signal « bas les pattes » était devenu on ne peut plus clair ! Il était tellement imperméable à son charme qu'il pouvait sans problème lui parler de sa femme et de leur mariage ou des « inconvénients » de la bave de Reaper…Non. Il fallait considérer froidement qu'elle s'était définitivement engluée dans cette tristement célèbre « friend zone » où elle était « son amie très chère ». Mais elle aurait eu tort de s'en plaindre toutefois, car elle aimait toujours voyager avec lui.

En ce qui concernait Dave, s'il avait été terrien, nul doute qu'il aurait pu faire pour elle un parfait petit ami en étant pile dans le bon âge, gentil, intelligent, doué, souvent drôle, et visiblement épris d'elle. Malheureusement, elle ne se sentait pas prête tout plaquer pour aller vivre sur sa planète, à des années-lumières et trois mille ans de là. Ni même à lui demander d'émigrer de son futur pour venir vivre avec elle une idylle incertaine, sur le berceau de l'humanité, qui lui paraitrait sans doute si archaïque…

Avec un rien d'horreur amusée et distanciée, elle considéra le fait qu'il ne lui restait que la solution de prendre un amant. Parmi ses connaissances ou ses collègues, elle ne voyait vraiment personne qui aurait pu l'intéresser.Le spectre des déprimantes inscriptions à des clubs de rencontres la domina de toute sa hauteur et elle réprima un hoquet de dégoût en se sentant misérable. A chaque fois qu'elle pensait à cela, elle se disait que ce n'était pas acceptable et procrastinait de plus belle, repoussant l'échéance en espérant toujours que les choses allaient s'arranger d'elles-mêmes. Ce qu'elles ne faisaient jamais.

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LE DOCTEUR

Encore un peu troublé par l'attitude ambivalente de son invitée, il retourna dans sa chambre pour attendre son réveil. Le besoin compulsif de sommeil des humains l'impatienterait toujours. Comme il se sentait seul, il ressortit son papier psychique et écrivit pour l'autre lui un message l'informant que « Clara » allait parfaitement bien et qu'elle était revenue. Il n'obtint aucune réponse.

Alors qu'il étendait son corps dégingandé sur son lit, le sommeil le surprit d'un coup presque sans transition. C'était aussi en partie pour ça qu'il n'aimait pas beaucoup dormir. Trop de rêves l'assaillaient, et ils étaient rarement agréables.

Il reconnut tout de suite le lieu où il se trouvait. A la lueur de torches faiblardes qui émettaient une fumée irritante, un homme portant un turban noué lui cachant aussi le bas du visage, lui ouvrait la voie, en claudiquant légèrement, marmonnant que ça « devait être par-là ».

Il était plus jeune qu'il ne l'avait jamais vu mais c'était bien le docteur Magnus père.

― Cette crypte est une réplique parfaite de celle qui se trouvait au Tibet, disait-il alors qu'ils débouchaient enfin dans une vaste salle dont les torches ne permettaient pas d'apprécier les dimensions. Cela ne peut pas être une coïncidence…

Gregory Magnus s'était approché d'une sorte d'alcôve taillée sobrement à même la paroi brute, où l'on voyait dans le renfoncement une ampoule de verre pleine d'un liquide sombre, délicatement posée sur un petit support de métal vieilli.

― C'est là ! fit Magnus en se poussant pour lui laisser mieux voir.

Le Docteur pointa son tournevis sonique dessus pour effectuer un premier balayage et recueillir quelques informations.

― C'est du sang et ce n'est pas humain. Pas complètement, en tous cas, annonça-t-il.

― Et vous arrivez à le savoir rien qu'avec ce petit objet tout fin, sans même l'analyser ?

― Mon peuple dispose d'une technologie très avancée, répondit le Docteur avec un sourire d'excuse. Mais des analyses plus classiques ne sont pas à exclure…

― C'est du sang de vampire. Les inscriptions à l'entrée de la cache concordent, la disposition de la pièce aussi… Du moins, c'est fidèle aux textes et aux croquis que nous avons rapportés d'Orient…

― Je ne crois pas trop aux vampires, reconnut prudemment le Docteur.

― Vous devriez ! fit son jeune guide avec assurance. Ceci est une preuve.

― Une présomption… tout au plus. Ce qui m'intrigue vraiment, c'est comment une telle salle a pu être construite et surtout pourquoi ici ? A quelques kilomètres de Cardiff ? Vous n'allez pas me dire que des vampires tibétains se sont téléportés ici pour émigrer en Angleterre…

― Que voulez-vous dire par « téléporter » ? questionna le jeune homme avec intérêt.

― Dématérialisation physique depuis le point A, voyage à la vitesse de l'esprit, rematérialisation physique au point B.

― Ceci me paraît totalement fantasmagorique, Docteur…

― Le sang de vampire me fait le même effet !… Mais je crois tout de même qu'il vaut mieux ne pas traîner dans le coin.

― Pourquoi ?

— Vous n'avez jamais vu Indiana Jones ?

— Qui ça ?

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Après seulement quelques minutes, le Docteur rouvrit brusquement les yeux et se redressa sur son lit.

Tous ses rêves récents lui disaient que ce Sang avait un rapport avec ce qu'il avait vu avec Vastra et Strax lorsqu'ils avaient échoué à attraper l'assassin… Sous leurs yeux, le meurtrier étaitparti en fumée, purement, simplement et littéralement. Etait-ce une variante de l'invisibilité ou bien encore autre chose ?

Il mourait d'envie d'aller réveiller Clara pour la questionner sur sa compagne rousse et ce qu'elle avait fait de son cadavre qui aurait peut-être livré des indices, s'il avait été possible de l'examiner… Comment et pourquoi l'avait-elle subtilisé ?

Densément mystérieuse, son invitée était si peu conforme à ce qu'il attendait plus ou moins d'elle… Tellement pas comme Amy, en fait. Il n'arrivait pas à lui trouver un qualificatif adéquat. Il avait trop de questions, alors qu'il était ordinairement celui qui donnait les réponses. Qui était la belle rousse ? Pourquoi sa mort ne l'avait même pas un peu bouleversée ? Pourquoi allait-il voyager avec une compagne qui n'avait pas autant de compassion que les autres ? Et pourquoi le regardait-elle pourtant avec cette tristesse palpable et déchirante ?

Agacé, il se releva avec l'idée de sortir pour aller dans la salle de commandes du Tardis et se trouva à la place… directement dans la chambre de la jeune femme, debout au pied de son lit où elle dormait recroquevillée autour de son oreiller.

Il ne put s'empêcher de sourire comme un idiot en découvrant ce qui venait de se passer.Et se mit alors à penser : « console ».Pouf. Salle de contrôle du vaisseau.Le procédé le fit rire et il essaya : « cuisine », ce qui l'emmena instantanément à la cuisine la plus proche. Il testa ainsi pendant plusieurs minutes toutes les pièces du Tardis auxquelles il pouvait penser, même celles où il n'avait pas remis les pieds depuis longtemps.

Une fois qu'il eut épuisé toutes les options, il fit un test sur quelque chose de plus lointain, comme « Vastra » ou « Helen ». Et à chaque fois, il atterrit dans la bonne rue, devant leur maison.

Supérieurement ravi de pouvoir jouer de la sorte, il allait retourner dans le Tardis quand il eut la surprise de voir un homme en faction devant la maison d'Helen, en plein jour cette fois. Il pensa spontanément que cela devait être Tesla qu'il avait déjà pris en flagrant délit, mais l'individu en question dont la silhouette lui était vaguement familière, tourna un peu la tête de profil et le Docteur fut détrompé aussitôt.

Oh non, tous aux abris ! Jack Harkness !

Il n'eut pas le temps de s'interroger plus longuement sur sa présence ici et surtout maintenant, qu'il le vit se reculer pour se dissimuler. Par réflexe, il en fit autant en utilisant l'invisibilité. La porte de la maison d'Helen venait de s'ouvrir en laissant passage à un couple. Helen elle-même, un bras noué autour de celui d'un inconnu en haut-de-forme, s'appuyant peut-être un peu trop pour qu'il ne soit pas un très bon ami ou du moins un familier.

Elle l'accompagna pour quelques pas et une fois-là, lui accorda un chaste baiser sur la bouche non sans avoir vérifié d'un coup d'œil qu'il n'y avait aucun passant qui aurait pu s'émouvoir de cette manifestation d'affection en public.

Druitt le fiancé, conclut le Docteur avec un sourire en coin.

Helen retournait vers sa maison, tandis que son fiancé descendait Queen Ann St, sans doute pour se diriger vers la Société Royale de Médecine qui n'était pas très loin. Mais au même moment, Jack se remit aussi en mouvement et quitta son poste d'observation pour sauter par-dessus la grille d'entrée et monter le perron de la demeure d'une démarche élastique. Pour la première fois, le Docteur se dit qu'un don d'ubiquité n'aurait pas été de refus… Harkness ou Druitt ? La décision devait être prise rapidement : il choisit de suivre le cinquième sociétaire.

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