Reunification

Chapitre 3

1706 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 13/05/2018 21:07

Les deux miliciens traversèrent tout le village d'Amakna qui était à présent complètement baigné dans la lumière chaude du soleil. Sur le chemin, ils croisèrent plusieurs enfants qui jouaient non loin du kanojedo, la salle d'entraînement pour les combattants : avec des casseroles en guise de casques et leurs épées en bois, ils représentaient l'une des célèbres guerres qui avaient gravement affecté les deux puissantes cités, Bonta et Brâkmar. L'un d'eux, qui avait une mèche rousse lui barrant le visage, tomba à terre et lâcha un cri aigu, faisant mine de mourir. Non loin du portail magique, on entendait des explosions et apercevait des rayons de lumière provenant de sortilèges lancés par des guerriers ou mages qui se défiaient. A tout cela, s'ajoutaient les puissants cris des nombreux commerçants qui vendaient leurs ressources sur la place marchande. C'était cela, la vie au village d'Amakna.

    Au bout d'une heure, les Brâkmariens arrivèrent devant le prisme de la Cité Pourpre, aux abords de la forêt Maléfique qui avait une très mauvaise réputation à cause des mystérieuses créatures qui s'y cachaient. Le peu de gens qui s'y aventuraient ne ressortaient pour la plus grande majorité jamais. Très rares étaient ceux qui survivaient à cette expérience.

Sur son trône en obsidienne, la pierre de diamant avait perdu sa couleur bleue ordinaire pour une couleur rouge pâle qui libérait très peu de lumière. D'habitude, elle éclairait de telle sorte que lorsqu'on était à sa portée la nuit, on pouvait voir comme en plein jour. Un Bontarien avait dû venir récemment pour le saboter afin de récupérer le territoire, mais les Brâkmariens ne se laisseraient certainement pas faire.


    La cité de Bonta et la cité de Brâkmar étaient en conflit depuis la nuit des temps. Ni l'une ni l'autre ne pouvaient se voir en peinture. Chacune essayait de prendre les territoires encore neutres pour les ramener de son côté ou tentait de voler ceux de l'autre. Mais les régions neutres, telles que certaines parties de la région d'Amakna, et d'autres encore, ne se laissaient pas faire.


    Alors que Dchikter avait recouvré la totalité de son esprit après avoir consommé un bon nombre de bières, il inspectait le prisme tandis que Cerise cherchait des indices sur le passage des Bontariens. Mais elle ne trouva rien, ne serait-ce qu'une trace de pas dans la terre. Le Sram tournait autour de la pierre sans rien trouver, lui non plus. Comment les Bontariens avaient-ils fait pour le saboter ? Avaient-ils trouvé une nouvelle technomagie intraçable ?

    Dchikter abandonna sa recherche pour rejoindre Cerise qui s'était mise sous un arbre pour se cacher du soleil. Les sourcils froncés et sa queue se balançant de gauche à droite, elle se demandait bien ce qui était la cause de ce sabotage et surtout comment quelqu'un avait réussi à l'altérer.

    Mais sans qu'ils ne puissent rien faire, ils se sentirent brusquement attirés vers le haut. Leurs armes tombèrent de leur étui sous le choc. Le Sram avait actionné un piège qui les retenait à présent dans un filet, à quelques mètres au dessus du sol. Comment avait-il fait pour ne pas le voir, lui, assassin usant fréquemment de leurres pour neutraliser ses victimes ?

-Qu'est-ce que... ?

    Des broussailles qui cachaient la forêt Maléfique se mirent à bouger. Les deux Brâkmariens arrêtèrent de respirer, s'attendant au pire. Certainement des monstres de la forêt maléfique qui avaient senti leur présence ! Mais au lieu de cela, ce fut deux Iopettes qui sortirent de la végétation sombre et se mirent à tourner autour de leur butin comme deux crocs glands autour de leur proie.

-Tiens, t'as vu ce qu'on a récolté, Mesa ? rit l'une des guerrière qui portait un chapeau pirate sur ses cheveux châtains. Elle avait une carrure plutôt impressionnante pour une femme et ses vêtements dessinaient la forme de ses muscles.

-Des Brâkmariens, se moqua l'autre qui avait la peau bronzée et les cheveux rouge foncé, presque noirs. Elle était plus petite et plus mince. Elle avait l'air bien moins puissant que sa camarade. Mais l'apparence d'un Iop peut très souvent être trompeuse.

-Ramenons-les, ils ont peut-être des informations intéressantes...

-Bonne idée.

    Après les avoir décrochés de leur perchoir qui les avait secoués comme s'ils s'étaient trouvés sur un bateau, les deux soldates Bontariennes leur confisquèrent leurs armes et leur ligotèrent les poignets puis elle les emmenèrent au village, tout en les gardant à l'œil, pour prendre une diligence. Les Iops n'avaient peut-être pas un cerveau très performant, mais elles n'oublièrent pas de les attacher à de grosses chaînes à l'intérieur de la voiture. De simples cordes ne pouvaient empêcher un Sram ou un Ecaflip d'utiliser leur magie.


    Le chemin fut très long et agaçant. Pour aller à la cité Blanche, passer par Cania était indispensable. C'était une région champêtre et bucolique, avec ses nombreux champs de céréales aux environs de la cité de Bonta, qui se trouvait plus au nord. Certains coins, comme la Baie, étaient chauds et les aventuriers resistaient rarement à l’envie de se baigner dans la mer, se débarrassant de leurs vêtements. Cependant le cimetière, la corêt des sangliers sauvages et le bois de Litneg qui étaient habité par quelques troolls, étaient des endroits très ombragés.

Sur la route rocailleuse, les prisonniers ne cessaient de sauter de leur siège et de se cogner la tête contre le plafond à cause des pierres qui se trouvaient en grande quantité sur le chemin. Ils durent supporter ces coups jusq’aux champs qu’ils atteignirent un peu plus tard. L'eau qui les traversait pour arroser les cultures, ainsi que la mer, rafraîchissaient agréablement l'air.

    En passant la tête par la fenêtre de la voiture, Dchikter put voir les remparts de la cité Blanche. D’une hauteur d'une centaine de mètres, ils semblaient solides et protéger Bonta de toutes sortes d'attaques malgré ses batailles perdues contre Brâkmar. Il y avait également des canons à grande portée et des meurtrières creusées dans les pierres.

    La diligence avança encore quelques minutes avant de s'arrêter brusquement. Les portières s'ouvrirent et les soldates firent descendre leurs deux détenus après les avoir libérés de leurs chaînes. Elles les menèrent vers l'entrée de la cité qui était gardée par une dizaine de gardes. La moitié d'entre eux quittèrent leur poste pour se joindre aux Iopettes qui commençaient à marcher dans les rues si animées de cette incroyable cité. La place marchande était bondée et tellement de commerçants criaient qu'on n'en distinguait pas les dires. De jeunes enfants couraient de toutes parts, se faufilant entre les passants, parfois suivis par un chacha ou un chienchien. Devant la banque aux grandes portes dorées représentant une immense pièce de kama, un nombre impossible de gens attendait pour accéder à son coffre afin de déposer ou retirer de l'argent ou bien des objets qu'ils entreposaient là. Les deux prisonniers furent impressionnés par cette vivacité qu'ils n'avaient encore jamais vue.


    À Brâkmar, les rues étaient sombres, froides et sales. Le peu de passants qui s'y trouvaient étaient généralement les Sacrieurs, les Srams ou encore les Ouginaks, les seules personnes qui étaient attirées par le sang séché abondamment présent sur les pavés.


    Le groupe ne tarda pas à apercevoir la tour de la milice qui s'élevait tellement haut dans le ciel qu'elle semblait toucher les nuages. Du monde s'affairait à ses petites affaires dans la cour, au centre de laquelle avait été érigée la statue d'un guerrier portant une lourde épée sur son épaule, certainement connu par tous les habitants de la Cité Blanche. Au pied de cette sculpture, se matérialisaient les voyageurs usant de la potion de cité pour rejoindre la ville rapidement. Malgré le fait qu'ils soient au sein d'une base militaire, le Brâkmarien fut assez surpris de reconnaître des civils parmi les soldats.


    À la cité Noire, jamais Oto Mustam ne laisserait des civils entrer et circuler librement dans la milice. Il disait qu'ils n'avaient rien à y faire et que leur place était partout sauf ici.


    La troupe s'engagea dans un long couloir dallé qui avait pour seules décorations des armures d'argent installées le long de murs couverts de plantes grimpantes. Ils arrivèrent dans une grande pièce rectangulaire, où un arbre fleuri avait réussi à pousser malgré le sol de pierres. Des armes traînaient un peu partout, ainsi que des coffres verrouillés par de gros cadenas, et des affiches publicitaires étaient accrochés aux murs.

    Un vieil homme à la longue barbe et aux longs cheveux gris attachés dans le dos s'avança. Une grosse épée pendait à la ceinture de cuir autour de sa taille et une cuirasse recouvrait son buste. Son regard sévère se posa sur les deux soldates.

-Qui sont-ils, générale Elbogos? voulut-il savoir en voyant les deux étrangers.

    La Iopette au chapeau de pirate s'avança.

-Ce sont des soldats Brâkmariens, maître Amayiro, informa-t-elle fièrement en bombant le torse. Nous les avons cueillis dans un arbre en Amakna, non loin de la forêt Maléfique.

    Contrairement à ce qu'auraient pensé les deux Bontariennes, leur maître ne les félicita pas. Il resta d'abord de marbre, puis il donna un ordre avec autorité.

-Détachez-les.


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