Inquisition
Note griffonnée à la hâte, apportée par un oiseau voyageur :
Inquisitrice,
L’ami Garde des Ombres de Hawke est ici, mais il a disparu avant qu’on ait pu lui parler. Il est doué. Attention sur les routes, il y a des morts-vivants partout. La population a besoin de notre aide ici. Plus de détails à votre arrivée.
Harding
L’Inquisitrice avançait dans les plaines de Férelden en direction de Boscret, un petit village qui, selon ses informations, avait été inondé pendant le cinquième Enclin il y avait dix ans de cela. Varric, instigateur de ce voyage parce qu’il avait présenté son ami Hawke à Lédara, avait été très reconnaissant envers sa compagne de voyage de l’emmener avec elle. Depuis qu’il avait recontacté Hawke, il faisait tout pour éviter la Chercheuse Cassandra, de peur de se faire refaire le portrait. En effet, Lédara, se souvenant des grandes tensions qu’il y avait eu entre ces deux-là lors de leur rencontre à Darse, avait préféré séparer les deux protagonistes pour ne pas jeter de l’huile sur le feu, et pensait régler cette affaire dès leur retour. Elle avait ainsi demandé à Cassandra de veiller au bon fonctionnement de Fort Céleste durant son absence. Iron Bull, lui, frétillait comme une jeune fille à l’idée qu’il pouvait y avoir de nouveaux combats, et n’avait réagi qu’au mot « morts-vivants » quand Lédara avait exposé la situation avant de partir. Blackwall, quant à lui, était resté silencieux. L’Inquisitrice avait requis sa présence pour son appartenance à la Garde des Ombres qui avait l’air d’être impliquée dans de sombres histoires. Dorian et Solas, les deux mages du groupe, avaient peine à s’entendre de par leurs origines radicalement opposées : un elfe et un tévintide ne faisaient jamais bon ménage.
C’était avec cette équipée que Lédara reprenait ses voyages à travers le pays, et elle en était plutôt contente. Ses nouvelles responsabilités lui pesaient beaucoup à Fort Céleste, et ces séjours en dehors de la forteresse lui donnaient des bouffées d’air appréciées. Cependant, le rapport qu’avait envoyé l’Eclaireuse Harding était alarmant, et elle redoutait ce qui pouvait bien les attendre à Boscret. Quand ils arrivèrent enfin au campement avancé de l’Inquisition, tout le groupe était trempé par la pluie diluvienne qui s’abattait sur la région depuis plusieurs jours, et le temps n’était pas prêt de s’éclaircir au vu des sombres nuages qui s’amoncelaient dans le ciel.
Lédara descendit de son cheval et le confia à un éclaireur qui le mit à l’abri ; elle s’avança dans le campement, cherchant Harding des yeux. La jeune femme naine se retourna et vint à sa rencontre :
- Ravie de vous voir en un seul morceau, Inquisitrice.
Harding afficha un grand sourire, puis se rappela de la situation dans laquelle ils se trouvaient :
- Oh, les ennuis arrivent, dit-elle presque distraite.
- Si vous, vous êtes inquiète, plaisanta Lédara, je ferai mieux d’alerter toute l’Inquisition.
- Ou bien d’augmenter ma prime de risque, renchérit Harding.
- C’est si grave que cela ?
- Suivez-moi.
L’éclaireuse l’emmena un peu plus loin vers un petit promontoire : de là, on pouvait voir un immense lac artificiel dont les eaux étaient passablement remontées par l’orage, mais surtout, au centre du lac, des bouillonnements et des lueurs vertes et blanches perturbaient la surface de l’eau. Une faille était apparue sous les eaux profondes.
- Oh, non, murmura Lédara, catastrophée.
- Boscret a été touchée par une inondation pendant l’Enclin, il y a dix ans. Ce n’est pas la seule faille de la région, mais après son apparition, des cadavres ont commencé à sortir du lac. Vous devrez les affronter pour accéder à la caverne où se cache le Garde des Ombres, l’ami de Hawke.
- Le campement est-il en sécurité ? demanda l’Inquisitrice.
- Nous avons croisé quelques traîne-la-patte, mais ils semblent plutôt se diriger vers le village en contrebas. Quelqu’un y pourra vous dire comment accéder à la faille du lac, les villageois voudront certainement vous aider. En tout cas, je vous souhaite bonne chance, Inquisitrice.
- Merci, soupira Lédara en observant les bouillonnements dans le lac.
L’Inquisitrice appela Solas et lui demanda le lien entre la faille et les morts-vivants.
- Comme vous le savez, répondit-il, quand le Voile se déchire, les démons et les esprits qui se trouvent à proximité sont attirés malgré eux dans notre monde. Et plus le lieu a vu la mort, plus il y a d’esprits qui se pressent de l’autre côté du Voile. Tous les morts-vivants que nous voyons sortir du lac devaient être les gens morts dans l’inondation de l’ancien village, possédés par ces esprits qui ont passé le Voile contre leur gré.
Lédara resta quelques minutes à observer le lac, éclaircissant la situation dans son esprit. Avant de pouvoir rejoindre l’ami de Hawke, il leur fallait en premier lieu refermer cette faille. Mais comment ? Elle était immergée à plusieurs centaines de mètres sous l’eau, inaccessible. Elle remarqua cependant le barrage qui retenait les eaux du lac. Pourraient-ils le drainer ? Ce barrage était-il encore en état de marche ?
- Il doit bien y avoir un moyen d’atteindre la faille, dans le lac, se murmura-t-elle à elle-même.
Ses autres compagnons l’avaient rejointe sur le petit promontoire et observaient eux aussi le lac.
- On pourrait y aller à la nage, proposa Iron Bull en rigolant, répondant à l’interrogation de l’Inquisitrice.
- Les habitants du coin nous prêteront peut-être un bateau ? lança Varric sur le même ton.
Les deux comparses pouffèrent de rire en imaginant la Messagère refermer la faille sous l’eau.
- Vous n’avez pas mieux à penser ? railla Lédara avec agacement. Bon, ne perdons pas de temps, en route pour le village.
La petite équipe quitta le campement, laissant leurs montures aux soins des éclaireurs. La région n’était pas la plus propice pour les chevaux et avec la pluie qui s’était abattue sur les terres et qui continuait à tomber, le risque de glissements de terrain s’était multiplié. Ils suivirent donc la route pour Boscret, jusqu’à se retrouver nez-à-nez avec les fameux morts-vivants dont parlait Harding. Ceux-ci se précipitaient sur deux hommes en armure qui arrivaient en face. Lédara fit signe à ses compagnons d’éliminer les cadavres ambulants, puis s’approcha des deux hommes.
- Tout va bien ? demanda un des deux hommes à une elfe qui s’était réfugiée derrière un muret.
- Vous feriez mieux de regagner le village, mademoiselle, dit l’autre, ces routes sont dangereuses.
L’elfe les remercia et courut en direction du village. Lédara s’approcha lentement, suivie de près par ses compagnons. C’était deux Gardes des Ombres selon le blason de leur armure qui représentait deux griffons se faisant face. Les deux Gardes reconnurent eux aussi l’insigne de l’Inquisition :
- Les Gardes des Ombres vous remercient pour votre aide, Inquisition, dit le premier.
- Que faites-vous à Boscret ? demanda prudemment l’Inquisitrice.
- On recherche un Garde du nom de Stroud. On a des questions à lui poser. On a entendu dire qu’il était passé par là, mais les villageois n’ont rien su nous dire. Ils ont assez d’ennuis comme ça.
- Qu’est-ce qu’on vous a dit sur ce Garde ? interrogea Lédara, curieuse.
- Le Commandeur-Garde Clarel a ordonné sa capture. Je ne peux rien dire de plus. J’ose espérer que Ser Stroud se rendra sans résistance. Je me suis entraîné avec lui pendant longtemps. C’est un homme bien, je le sais.
- Vous pourriez rester et repousser les morts-vivants ? suggéra Iron Bull.
- Ce ne sont pas les ordres que j’ai reçus, répondit le Garde, Boscret n’était qu’un crochet.
- C’est ça toute l’aide qu’on peut proposer à ces gens ? intervint Blackwall, outré.
- Si l’Inquisition peut faire quelque chose, je vous en supplie, aidez ces villageois, fit le premier, ils ont déjà tant perdu.
Les deux Gardes, pressés, saluèrent le groupe de l’Inquisition, puis repartirent. Lédara fit mine de reprendre également sa route de son côté, mais avança lentement, voulant écouter ce qu’ils se disaient :
« Ser, on ne peut vraiment pas aider le village ? » dit l’autre.
« Nos ordres sont clairs. Si on ne trouve pas le Garde Stroud, on doit retourner voir le Commandeur au plus vite » dit le premier.
« Ça me fait mal au cœur » soupira l’autre.
« Je sais, mais à en juger par nos ordres, des décisions encore plus difficiles nous attendent », répondit le premier.
- Aucun de ces Gardes n’a mentionné de nouveau chef, dit alors Lédara quand ils se furent suffisamment éloigné, je ne crois pas qu’ils soient dans le complot de Corypheus pour s’emparer de l’Ordre.
- Je ne voulais pas trop parler, dit Blackwall, au cas où ils en auraient fait partie, mais je crois que vous avez raison.
- Ils ne m’ont pas donné l’impression d’être de bons acteurs, non, ajouta Dorian.
- J’espère que l’ami de Hawke chez les Gardes nous donnera des réponses, conclut l’Inquisitrice.
La petite équipe reprit la route pour Boscret, et rattrapèrent l’elfe qu’avaient défendu les deux Gardes. Celle-ci avait l’air très enthousiaste suite à ce qu’elle avait vécu :
- Vous avez vu ? dit-elle en accueillant Lédara et ses compagnons dans sa hutte à l’abri de la pluie, les Gardes des Ombres m’ont sauvée de ces cadavres ! Ils sont incroyables. Je vais voir s’ils recrutent.
- C’est maintenant que vous voulez rejoindre la Garde des Ombres ? dit Lédara pour mesurer les ardeurs de la jeune elfe.
L’elfe observa d’un peu plus près le groupe qu’elle avait accueilli dans sa cabane, et reconnut l’Inquisition et son chef, la marque produisant une faible lueur à travers le gant de cuir.
- Nom du Créateur, mais vous êtes l’Inquisitrice ! Les Gardes sont des héros. Ils m’ont sauvée de ces démons, Votre Grâce. Avec tout ce qui se passe, j’aimerais aider les gens, moi aussi.
- Garde des Ombres ou pas, le monde a besoin de gens aussi courageux que vous, intervint Blackwall.
- Vous devriez peut-être trouver une autre façon d’aider les gens, dit Lédara, diplomatique. Les Gardes ont de vrais problèmes en ce moment.
- Oui, Votre Grâce, dit l’elfe, s’enthousiasmant pour l’Inquisition cette fois-ci. Je suis sûre que je peux trouver un autre moyen.
Lédara salua la jeune elfe, lui suggérant de rester chez elle pour le moment. La petite équipe sortit de la hutte et se dirigea vers les portes du village qui n’étaient plus très loin. Là, d’autres morts-vivants assaillaient les villageois qui se défendaient comme ils le pouvaient. Rapidement, Blackwall et Iron Bull foncèrent dans le tas, réduisant à l’état de squelette détaché les cadavres animés.
« Nom du Créateur, c’est l’Inquisitrice ! » s’exclama un villageois qui vit arriver le groupe de combattant. Cela redonna de l’énergie au peu de gens qui restait pour défendre Boscret, et ils purent ensemble sécuriser l’entrée du village. Lédara demanda alors à pouvoir passer les portes :
- Merci pour votre aide, dit l’un des villageois, mais j’ai bien peur qu’on n’en ait pas terminé avec ces créatures.
- Je sais, c’est pour cela que nous sommes là, répondit-elle.
- Depuis que la lueur verte est apparue, expliqua un autre villageois, il y a des morts-vivants qui sortent du lac. Le maire devrait pouvoir vous en dire plus.
- J’espère que c’est Andrasté qui vous envoie, Votre Grâce, lança encore un autre villageois, nous sommes coincés ici depuis des semaines.
Lédara garda le silence et hocha la tête pour rassurer les habitants de Boscret. Ils ouvrirent les portes et laissèrent passer l’Inquisitrice et ses compagnons, soulagés que quelqu’un vienne enfin les aider. Tous les fermiers de la région s’étaient réfugiés à l’intérieur de l’enceinte, attendant un miracle. Quand ils entendirent la rumeur comme quoi la Messagère d’Andrasté en personne était venue, ils sortirent des maisons pour voir de leurs propres yeux. Ils avaient tous l’air désespérés, fatigués, apeurés. Lédara traversa rapidement le village en direction de la maison du maire qu’on lui indiquait. Ce dernier sortit lui aussi de sa demeure, et quand il vit la petite équipe s’approcher de lui, il les invita à entrer.
- L’Inquisitrice ? dit-il de sa voix éraillée. Monsieur Dedrick, maire du village de Boscret. A votre service, malgré tout.
C’était un homme assez âgé, les cheveux blancs et le visage creusé de rides et de fatigue, mais qui possédait encore une certaine vigueur pour son âge. Il était très soucieux, et ne savait pas comment se comporter face à l’Inquisitrice.
- Etes-vous ici… pour arrêter les morts-vivants ? demanda-t-il, hésitant.
- C’est ce qu’on va faire, non ? intervint Varric, ces gens sont morts de peur.
- Les morts se réveillent à cause d’une faille dans l’Immatériel, expliqua calmement Lédara, comment y accéder ?
- La lueur dans le lac ? Elle vient des cavernes qui se trouvent sous le Vieux-Boscret. Les engeances ont inondé la zone il y a dix ans, pendant l’Enclin. Cela a anéanti le village et tous les réfugiés que nous avions recueillis.
- J’ai vu un barrage, continua l’Inquisitrice, si nous nous en servions pour drainer le lac, je pourrais accéder à cette faille de l’Immatériel.
- Drainer le... s’exclama le vieil homme en s’étouffant à demi, il doit bien y avoir un autre moyen !
- Votre peuple est terrifié et à bout de force, lança Blackwall qui sentait la réticence du maire, laissez-nous vous aider.
Dedrick réfléchit un instant et délivra tout ce qu’il savait :
- Pour utiliser le barrage, il faudrait d’abord chasser les bandits du vieux fort. Je ne peux pas vous demander d’aller risquer votre vie.
- Boscret ne tiendra plus très longtemps, lui répondit Lédara, je ne veux pas partir avant d’avoir fait tout mon possible.
- Je… soupira le maire, je suppose que nous n’avons pas le choix.
Le vieil homme ouvrit le tiroir d’un petit secrétaire et en sortit une vieille clef toute rouillée.
- Ceci ouvre la porte qui mène aux commandes du barrage, derrière le fort. La faille devrait se trouver dans les cavernes, sous le Vieux-Boscret. Mais Inquisitrice… ne traînez pas trop là-bas.
Lédara trouva l’attitude du maire un peu bizarre, et décida de lui poser quelques questions à l’apparence anodine.
- Parlez-moi de votre village, dit-elle, avenante.
- Il a connu des jours meilleurs. Nous cultivons ce que nous pouvons et commerçons avec les marchands qui empruntent la Route du Roi. Nous n’aspirons qu’à la paix, Votre Grâce. C’est tout ce que nous avons toujours voulu.
- Je m’étonne qu’un village aussi petit que Boscret ait survécu à l’Enclin, continua l’Inquisitrice.
- Nous avons eu chaud, répondit le maire, les engeances ont suivi un groupe de réfugiés qui fuyaient l’Enclin. Certains d’entre eux étaient… très malades. Mais nous les avons accueillis. Ils ont péri dans l’inondation du Vieux-Boscret provoquée par les engeances.
- Comment les engeances ont-elles réussi à faire cela ?
- Elles ont trouvé les commandes du barrage, et les ont détruites. Tout ce dont je me souviens, c’est de leurs cris quand ils se sont noyés. Et maintenant, les revoilà…
- Parlez-moi des bandits qui se sont installés dans le fort, continua Lédara.
- Les brigands ? Des voleurs sans foi ni loi ! Ils gagnent leur pain en pillant les caravanes qui circulent sur la Route du Roi. Quand les morts ont commencé à sortir du lac, les bandits ont tué le vieux garde-chasse du fort et y ont établi leurs quartiers. Nous aurions pu sauver des gens si nous avions pu nous réfugier là-bas au lieu de chez nous.
Lédara remercia le maire pour ces informations et ressortit de sa maison avec ses compagnons. La pluie n’avait toujours pas cessé, et la nuit commençait à tomber. Pourtant, la jeune femme ordonna qu’ils aillent directement inspecter le fort pour évaluer les forces des brigands ; les habitants de Boscret ne tiendraient pas longtemps, il fallait agir le plus vite possible.
Le fort, que les villageois nommaient Caer Bronach, se trouvait à un quart d’heure de marche du village, et la petite équipe ralentit quand ils aperçurent les remparts. C’était une petite forteresse de campagne, trois tours moyennes, pas de tranchées ni de défenses extérieures. Lédara fit signe aux autres de rester à couvert et demanda au Qunari d’analyser leurs chances de prendre le petit château ; son appartenance aux Ben-Hassrath l’avait rendu très observateur et fin analyste de situations.
- Porte ouverte, pas de patrouille, observa Bull, risqué, mais faisable.
- Bien, répondit Lédara, mot d’ordre : cohésion. Mages et archers doivent rester en arrière et couvrir nos deux seuls guerriers. C’est compris ?
- C’est quand vous voulez, Inquisitrice, lança Blackwall.
Lédara donna son signal et la petite équipe se mit en formation : Varric et Lédara tirèrent à vue les archers des deux tours de garde pendant que Bull et Blackwall entraient dans le fort, prenant les bandits par surprise. Très vite, les autres les suivirent à l’intérieur. Les brigands n’étaient pas très nombreux, et ils se replièrent très vite sur les remparts du château, barricadant les issues pour prendre au piège le groupe d’assaillants. L’Inquisition gagna rapidement du terrain et comprit le manège des bandits, mais cela ne les inquiéta pas pour autant. Ils suivirent les malfrats au travers du fort et arrivèrent au sommet des remparts qui formaient une sorte de cour découverte. Là, le chef des brigands les attendait de pied ferme. La petite équipe entendit un des hommes crier :
- Chef ! c’est l’Inquisitrice !
- Je m’en fous, décapitez-les ! hurla ce dernier.
La nuit était tombée et l’obscurité profita à l’Inquisition qui s’en servit à son avantage : Varric, Lédara et les deux mages encerclèrent la position des brigands sans qu’ils s’en rendent compte et le piège qu’ils avaient initialement tendu se referma sur eux. Lédara décochait ses flèches avec précision, mais son épaule la fit rapidement souffrir, et elle se laissa prendre par surprise par un des bandits. Celui-ci s’était soustrait à la vigilance du petit groupe et s’était glissé dans le dos de la jeune femme ; elle eut juste le temps d’esquiver et d’appeler Iron Bull. Le Qunari, en entendant le cri de l’Inquisitrice, assomma son adversaire et se précipita vers elle ; il percuta l’assaillant de sa hache de plein fouet, le faisant voler à plusieurs mètres. Bull aida Lédara à se relever et repartit en finir avec le chef des brigands.
Il ne fallut pas plus d’une demi-heure à l’Inquisition pour reprendre le fort. La vaillance et la vigueur des deux guerriers avaient payé, ainsi que la cohésion du groupe et ce, malgré les tensions qu’il pouvait y avoir entre les différents compagnons. Quand ils suivaient Lédara, rien ne faisait obstacle à leur détermination et leur soutien. Cependant, la jeune femme se sentit vulnérable après cette bataille, qui était la première depuis l’évasion de Darse.
La pluie avait enfin cessé de tomber, donnant une étrange impression de calme dans la forteresse après ce violent combat et le martèlement des gouttes d’eau contre la pierre et le bois. L’Inquisitrice et ses compagnons purent enfin souffler un peu ; Lédara inspecta le fort du haut des remparts où ils se trouvaient et se dit qu’occuper cette forteresse pourrait être un atout pour l’Inquisition. Son emplacement sur la Route du Roi et leur présence dans la région seraient bénéfique à tous. Elle se mit à l’abri sous les arcades et sortit une liasse de parchemin dont elle retira une feuille, puis gratta un court message de sa petite plume de voyage que lui avait confiée Joséphine. Ceci fait, elle regarda le ciel et émit un doux sifflement ; avant de partir, Léliana lui avait appris à appeler ses corbeaux afin qu’elle puisse facilement communiquer avec les différents campements et Fort Céleste s’il le fallait. Quelques minutes plus tard, un corbeau atterrit sur les remparts en croassant. Lédara roula le parchemin et l’inséra dans l’étui que portait l’oiseau à sa patte, puis murmura le nom de Harding. L’oiseau s’envola alors dans un bruissement d’ailes.
Iron Bull la regarda faire, puis lui lança, enjoué :
- Dites Chef, on ne va pas attendre les renforts, hein ?
Lédara était restée contre les remparts à observer les lueurs du lac.
- Non, en effet, Bull, répondit-elle, on se repose une petite heure et l’on repart directement après pour le barrage. Nous devons refermer cette faille, ajouta-t-elle en se retournant vers ses compagnons.
- Ouais, dit le Qunari tout sourire, c’est pour ça que je vous aime, Chef.
Lédara lui lança un regard malicieux, et en passant à côté de lui, le remercia de son aide. Le Qunari posa sa main sur son épaule, qui glissa le long de son bras quand elle s’éloigna de lui. Ce petit bout de femme l’impressionnait et lui plaisait de plus en plus.
La nuit était bien avancée, mais cela n’arrêta pas le groupe de l’Inquisition ; ils reprirent leur route après une heure de repos comme l’avait annoncé Lédara. Le maire de Boscret avait dit que les commandes du barrage n’étaient accessibles que par le fort ; ils recherchèrent donc un passage qui pouvait mener au barrage. Le petit groupe se dirigea dans les soubassements du fort et trouva une porte close. Lédara sortit la vieille clef que lui avait confiée Dedrick et l’ouvrit. L’issue débouchait sur un long couloir, puis vers une autre porte qui donnait directement sur le barrage. L’Inquisition pressa le pas et atteignit l’épais mur de pierre qui retenait les eaux sombres. Il y avait une petite bâtisse à mi-chemin sur le barrage, ce devait être là que les commandes se trouvaient. Le petit groupe entra sans difficultés et y trouva effectivement un large rouage au fond de la pièce. Lédara observa le mécanisme :
- Le maire a dit que des engeances avaient détruit ces commandes, dit-elle perplexe, qui les a réparées ?
- Pas faux, lança Varric, demandez au maire.
Lédara fit signe aux deux guerriers : Iron Bull et Blackwall actionnèrent ensemble le mécanisme qui ouvrit les vannes du barrage. On entendit alors un puissant grondement quand les eaux commencèrent à se déverser dans la vallée abandonnée de l’autre côté, reconstituant le fleuve mort il y a dix ans. Il fallut plusieurs heures pour que le lac artificiel se vide au plus bas, et Lédara suggéra qu’ils récupèrent pendant ce temps-là dans la petite bâtisse. Ils ne pouvaient rien faire de plus pour l’instant qu’attendre que le Vieux-Boscret émerge des flots.
Ce ne fut qu’à l’aube que les six compagnons purent descendre dans la plaine ; celle-ci, avec les faibles rayons du soleil, avait des airs étranges. Le sol, glissant de par l’accumulation des algues, avait un aspect sombre et brillant à la fois. Des troncs d’arbres morts avaient subsistés à l’inondation, servant de support aux herbes marines où avaient logé des petits poissons. Ceux-ci, s’ils n’avaient pas été emportés par le courant, gisaient morts sur le sol encombré de débris de toutes sortes.
La petite équipe descendit jusqu’au bord de l’ancien lac où ses membres découvrirent le vieux port de Boscret. Là, des ruines se dressaient devant eux, d’anciennes cabanes et maisons ayant été inondées, recouvertes d’algues, le bois imbibé d’eau. Lédara avança dans le vieux village, suivie de près par ses compagnons qui observaient, désolés, les restes de Boscret. Soudain, l’Inquisitrice s’immobilisa. Elle avait aperçu une forme au travers d’un encadrement de fenêtre. Elle fit un signe à Solas qui lui montra d’autres phénomènes du même genre dans les autres bâtiments en ruines. C’était des esprits qui n’avaient pas pris possession de cadavres et qui erraient sans but. Les compagnons redoublèrent de vigilance, ne voulant pas se mettre à dos tous ces esprits.
- Je sens la faiblesse du Voile, murmura Solas, les esprits sont attirés ici comme des papillons par la lumière.
L’équipe d’aventuriers avait atteint le centre de l’ancien village, et était entourée des maisons abandonnées. Tout rappelait qu’il y avait eu de la vie autrefois, mais le plus triste était les corps d’hommes et de femmes morts noyés, décomposés dans la vase. Là, les esprits étaient bien plus nombreux.
- Ces esprits ont dû arriver par la faille, fit Lédara à voix basse.
- Ils errent, observa Solas, on a de la chance qu’ils n’aient pas été changés en démons en passant par la faille.
Soudain, une voix distante les interpela :
- Vous ! Là-bas !
L’Inquisitrice se retourna vivement et vit un esprit leur faire signe, sorte de nuage informe fait de poussière et d’éclats lumineux.
- Je vous ordonne de me dire pourquoi rien ne veut m’obéir, ici, dit le spectre courroucé.
Iron Bull poussa un grognement de méfiance.
- Un esprit perdu, dit Solas, voilà qui devrait…
- Silence ! le coupa l’esprit, laissez l’autre parler.
Le spectre désigna d’un mouvement brumeux Lédara.
- En fait, dit la Messagère un peu hésitante, c’est Solas, l’expert en esprits.
- Alors dites-moi pourquoi rien ne change, ici ! s’emporta l’esprit.
Solas s’avança lentement auprès des vagues de poussières d’où provenait la voix.
- Ce royaume suit des règles différentes de celles de l’Immatériel, expliqua-t-il, la volonté seule n’a pas de pouvoir sur ce que vous voyez.
- Où est l’intérêt ? s’exclama l’esprit.
- Une forme solide est à la fois une entrave et une force, répondit l’elfe, elle a plus d’effet que ce que vous imaginez.
- Êtes-vous un esprit ou un démon ? demanda Dorian, suspicieux.
- Un « démon » ? s’offusqua le spectre, ces abrutis qui saignent le monde à blanc ? Je suis vouée à des plus grands desseins.
- Et quel est le « dessein » d’un esprit comme vous, au juste ? demanda Lédara.
- Je dirige des armées, des royaumes, des seigneurs. Je suis impériale, je suis le Commandement.
- Ou l’arrogance, murmura Solas.
- Et vous ? demanda le spectre à l’Inquisitrice, j’ai pressenti votre arrivée. Avons-nous quelque chose en commun ?
Lédara pensa soudainement à la marque qu’elle portait et son lien avec l’Immatériel.
- Tout ce que vous avez senti, c’est l’Ancre sur ma main, répondit-elle alors.
- Alors vous valez encore moins que ce que je pensais, mais n’ayez pas honte. Il faut des meneurs et des suiveurs.
- Vous avez l’air… qu’est-ce que ce monde a de si angoissant pour vous ? demanda prudemment Lédara.
- Il m’ignore ! Je somme la pierre de se fendre, mais rien ne se passe. J’ordonne aux cieux de se dégager, mais ils ne bougent pas. Comment vous autres mortels faites-vous pour supporter cela ?
- Pourquoi ne regagnez-vous pas l’Immatériel ? lui suggéra la Messagère.
- J’exige d’être entendu, dit promptement l’esprit, il est hors de question que je parte sans que quelque chose ait obéi à mes ordres !
- Je me sens obligée de vous aider, alors, répondit Lédara. Si cela le fait partir, murmura-t-elle aux autres discrètement.
- Excellent ! Je n’ai qu’un seul ordre : une créature faite de colère a eu l’audace de me poursuivre de l’autre côté du lac. Détruisez-la en mon nom et je vous récompenserai.
- Comment ? lança Bull, en nous coupant la tête ?
- La vôtre ne m’apporterait pas grand-chose, répondit dédaigneusement l’esprit.
- Ça me va, répondit le Qunari en haussant les épaules.
Le spectre s’éloigna du petit groupe, errant dans les ruines de Boscret. Lédara fit signe à ses compagnons de rechercher l’entrée des grottes dont avait parlé Dedrick. Pendant ce temps, elle observait les différentes maisons, puis découvrit une plaque au-dessus de la porte de ce qui avait dû être une jolie demeure provinciale ; elle y lut le nom du maire Dedrick. Varric s’approcha également de la maison :
- C’est l’ancienne maison du maire, lui indiqua Lédara.
- Elle est vide, constata le nain, pas un meuble, aucun bien personnel… Vous êtes sûre que c’était sa maison ?
Lédara lui montra la plaque du doigt.
- C’est que tout le reste du village semble n’avoir jamais été abandonné comme cette maison-là, ajouta Varric en observant l’intérieur de la demeure du maire.
Quelques instants plus tard, Blackwall alerta les autres : au pied d’une petite colline se trouvait une vieille porte en bois défoncée et suintante. Le Garde retira les vieux bouts de bois, dévoilant un trou sombre dans lequel se trouvait une vieille échelle qui paraissait avoir résisté aux dégâts du temps et des eaux. Blackwall passa cependant en premier pour tester sa résistance, puis les deux mages descendirent à leur tour. Iron Bull fut le dernier à emprunter l’échelle, surveillant les arrières de ses compagnons. Ils arrivèrent dans une sombre grotte dont seule l’entrée par où ils venaient de passer éclairait faiblement l’endroit. Blackwall ramassa un morceau de bois le moins humide possible et enroula un large tissu à l’une de ses extrémités et y mit le feu avec deux petits silex qu’il portait toujours sur lui. La torche improvisée mit en lumière les murs suintants de la grotte, ainsi qu’un étroit passage qui s’enfonçaient dans la roche.
- Allons trouver cette faille de l’Immatériel, dit l’Inquisitrice.
- Attention à ne pas glisser, avertit le Garde en éclairant le passage.
- Passez devant, lança Varric, sous terre, je n’arrive jamais à retrouver mon chemin.
Tous suivirent le Garde prudemment, restant sur leurs gardes et se tenant comme ils le pouvaient aux murs humides pour ne pas tomber. Ils descendirent ainsi de plus en plus bas, jusqu’à arriver dans une cavité plus vaste. Là, ils virent des squelettes humains qui gisaient au sol, avec des effets personnels tels que coffres, malles et couvertures.
- On dirait que des gens habitaient là, observa le Ben-Hassrath.
- Comment cela se fait-il ? s’exclama Lédara, alors… ils ont tous péri ici quand ce fut inondé…
- C’est une mort atroce, murmura Blackwall.
Ce dernier incita le reste du groupe à avancer ; au fond de la vaste pièce souterraine se trouvait un puit avec des paliers de bois. Lors de leur descente, certaines planches craquèrent sous leur poids, fragilisant la structure. Une fois arrivés au fond du puit, ils découvrirent d’anciennes ruines naines. C’était un long couloir au plafond haut et aux murs taillés à même la roche, que des lueurs rougeâtres éclairaient.
- Les nains ont fait du bon travail, observa Solas, leurs runes chantent encore.
Ils avancèrent le long du couloir nain, envahi çà et là par les algues. Ils découvrirent un vaste réseau de couloirs et de salles ayant appartenu à une famille noble de nain, disparue depuis longtemps. Varric appela cela un thaig et expliqua qu’il en existait beaucoup oubliés sous la surface de la terre, et qui devaient receler de nombreux trésors s’ils n’avaient pas été pillés.
Les six n’étaient plus très loin de la faille, car la marque de l’Inquisitrice s’était mise à vibrer de plus en plus fort à mesure qu’ils avançaient dans le thaig. Lédara passa alors devant afin de guider les autres. Ce fut au détour d’un couloir qu’ils l’aperçurent : une déchirure qui avait largement eu le temps de s’élargir, au milieu d’une grande salle à moitié inondée. Tous les compagnons dégainèrent leurs armes et se tinrent prêts à l’assaut. Les esprits s’étaient certes emparés des cadavres du lac, des démons avaient également dû traverser le Voile. Au signal de l’Inquisitrice, les deux guerriers se déployèrent dans la vaste pièce, suivis de près par Varric, Lédara et les deux mages. Là, ils découvrirent une dizaine de démons plus ou moins puissants, dont l’un était le démon de la colère décrit par l’esprit de Commandement.
Les combats étaient violents, les démons étant particulièrement coriaces et ils avaient développé une sorte de solidarité entre eux. Colère semblait les commander. Malgré l’expérience du groupe de l’Inquisition, celui-ci arrivait à peine à contenir les démons, et pas un seul ne fut éliminé dans les premières minutes du combat. La fatigue se fit vite ressentir et les six compagnons ne pourraient tenir bien longtemps à ce rythme. Lédara décida alors d’utiliser sa marque pour anéantir les démons. Cependant, elle avait très peur de blesser l’un de ses équipiers, elle lança alors ses ordres :
- Bull ! Blackwall ! réunissez les démons en un seul endroit !
- Bien Chef ! grogna le Qunari en parant une violente attaque d’une Terreur.
- Dorian ! dès qu’ils seront à peu près regroupés, continua Lédara, encerclez-les de feu.
Le mage se retira du front et se posta en hauteur, attendant le bon moment. Solas se trouvait aux côtés de la Messagère, elle lui dit à voix basse :
- Solas, je vais… utiliser la marque directement sur les démons. Si vous voyez que cela dégénère…
- Je serai là, la rassura-t-il.
Lédara hocha la tête en remerciement, puis quand elle vit que les deux guerriers avaient réussi à coincer les démons dans un coin de la pièce, elle courut au-devant d’eux et hurla à tous ses compagnons :
- Reculez ! Maintenant !
Les cinq s’exécutèrent sans discuter. A ce moment, alors que les démons chargeaient tous contre elle, elle retira son gant de sa main gauche et brandit la marque face à eux, libérant toute l’énergie qu’elle contenait habituellement. Comme dans les souterrains de Darse, une puissante onde de choc vint frapper les adversaires qui poussèrent des hurlements atroces et stridents. Les démons furent dissouts dans le néant en quelques secondes à peine. Quand il ne resta plus aucunes traces d’eux, Lédara tenta de contrôler à nouveau la marque, mais la douleur dans son bras était si vive qu’elle tomba à genoux. Solas se précipita vers elle et utilisa un sort de dissipation de magie pour atténuer l’énergie de la marque. Alors l’Inquisitrice put maîtriser à nouveau l’Ancre.
Lédara reprit son souffle, exténuée par l’effort fourni. Pourtant, il fallait encore refermer l’immense faille au centre de la salle avant que d’autres démons n’apparaissent ; elle se releva aussitôt, soutenue par Solas et dirigea la marque sur la déchirure. Le lien magique s’établit et l’Inquisitrice concentra ses dernières forces sur la fermeture de la faille. D’un coup vif, elle retira sa main et la déchirure disparut, laissant une mince cicatrice à peine visible. Lédara s’effondra contre l’elfe, et Bull accourut pour la soutenir. La jeune femme demanda simplement à rester assise, le temps qu’elle reprenne ses esprits ; le Qunari la laissa s’appuyer contre lui tandis que Solas observait la marque. Les cicatrices de celle-ci étaient encore à vif, mais ce que venait de faire sa porteuse n’avait pas aggravé son état.
Les autres compagnons étaient restés bouche-bée devant le phénomène ; Lédara n’avait en effet jamais parlé de ce qui s’était passé dans les souterrains et de ce qu’elle pouvait faire d’autre que refermer les failles avec la marque qu’elle portait. Quand elle se fut à peu près apaisée, elle leur demanda de n’en parler à personne, car cela ne pouvait qu’effrayer les sceptiques et les fidèles s’ils l’apprenaient. Ils le lui promirent, prenant lentement conscience des enjeux que suggérait l’Inquisitrice sur cette information. Celle-ci voulut se relever malgré son état de faiblesse, mais l’elfe et le Qunari l’arrêtèrent d’un même geste. Blackwall s’affaira à préparer un feu de camp dans la partie non inondée de la salle et Dorian assécha le sol afin que Lédara puisse s’allonger un instant. Varric sortit une petite miche de pain qu’il détenait dans sa besace et la tendit à la Messagère. Celle-ci se sentit d’abord gênée d’obtenir toute cette attention, mais quand elle vit qu’aucun d’eux ne faisait cas de ce qui venait de se passer et qu’ils s’installaient eux aussi autour du feu, plaisantant même de la bataille qu’ils venaient de vivre, elle se détendit et accepta l’aide qui lui était ainsi offerte. Elle n’était plus l’Inquisitrice mais à nouveau Lédara Trevelyan, compagne de voyage, et enfin elle respira plus librement, le poids du monde s’envolant le temps de ce repos.
Une fois sortie des grottes, la petite équipe se rendit directement au village de Boscret pour annoncer la bonne nouvelle de la fermeture de la faille au maire et à ses habitants. Mais c’était sans compter sur la disparition soudaine du vieil homme :
- Comment ça, le maire est parti ? entendit Lédara dire une villageoise.
- Il a filé il y a une heure, répondit un autre, je l’ai aperçu depuis le champ de Beyer. Il ne m’a même pas salué.
- Il est peut-être allé chercher de l’aide ? dit la première.
- Pourquoi faire ? lança le second, les morts-vivants ne sont plus là.
Lédara s’approcha des deux habitants :
- Excusez-moi, je n’ai pu m’empêcher de vous entendre à propos du maire. Que se passe-t-il ?
- Inquisitrice ! dit la villageoise en la saluant, Monsieur Dedrick est parti, et on ne sait pas pourquoi. Il vit ici depuis cinquante ans ! Il ne nous abandonnerait pas comme ça.
- Il se comportait bizarrement depuis que vous avez drainé le lac, intervint le paysan.
- Je vous remercie, dit gentiment l’Inquisitrice avant de se diriger vers la maison du maire.
La porte de la demeure était restée ouverte, et l’endroit était vide ; certaines affaires avaient été prises, et le feu dans l’âtre éteint. Lédara s’approcha du petit secrétaire et y vit une lettre écrite d’une main tremblante :
Inquisitrice,
Ce ne sont pas les engeances qui ont ouvert le barrage et inondé le Vieux-Boscret, il y a dix ans. C’était moi, en secret, la nuit où elles nous ont pris d’assaut. Les morts-vivants que vous avez affrontés sont des gens que j’ai tués de mes propres mains.
Nous avions accueilli des réfugiés fuyant l’Enclin. Beaucoup étaient malades. Nous avons installé les personnes souffrantes dans la partie inférieure de Boscret et le reste dans les grottes, pour empêcher la maladie de se propager. Peine perdue. L’un d’eux a dit qu’il avait déjà vu la maladie de l’Enclin et qu’elle était irrémédiablement fatale. Quand les engeances ont attaqué, j’ai su que le seul moyen d’assurer la survie du village était de noyer les malades en même temps que les monstres. Je ne peux pas supporter la vue du Vieux-Boscret, maintenant que l’eau s’est retirée. Je ne peux pas rester.
Je suis désolé.
Maire Grégory Dedrick
Lédara montra la lettre d’aveux à ses équipiers.
- Je savais qu’il n’y avait pas que les morts-vivants qui le tracassaient, dit Varric après avoir lu la lettre.
- Quand les villageois vont apprendre ça, lança Iron Bull, ils ne vont pas être contents.
La petite équipe ressortit de la maison ; le soleil commençait déjà à décliner dans le ciel, ils ne pourraient aller directement retrouver l’ami de Hawke là où l’Eclaireuse Harding l’avait vu pour la dernière fois. Lédara décida de retourner à Caer Bronach où un nouveau campement de l’Inquisition devait s’installer.
Harding avait en effet investi les lieux : des tentes avaient été montées dans les deux cours intérieures et elle avait commencé à recenser ce qui pouvait être utile dans les différentes pièces du fort. L’Eclaireuse en chef avait contacté Fort Céleste pour annoncer la prise de la petite forteresse et Léliana avait très vite répondu qu’elle tenait absolument à investir cette position pour faciliter le travail de ses agents. L’Inquisitrice, après avoir donné quartiers libres à ses compagnons, rejoignit Harding pour établir le rapport de la situation :
- Inquisitrice, dit joyeusement la jolie naine, vous avez réglé le problème en un rien de temps ! Toujours aussi efficace.
- Je ne change pas les bonnes habitudes, plaisanta la Messagère. Qu’en est-il ici ?
- Sœur Léliana a revendiqué Caer Bronach afin d’y établir un relai pour ses agents, elle a d’ailleurs envoyé Charter qui devrait être là dans trois jours. Je vous ai laissé la correspondance dans une chambre du château que j’ai fait arranger pour vous. A part cela, les morts ne se réveillent plus, quelques démons traînent encore par-ci par-là, mais nos soldats s’en chargent sans problème. Par contre, j’ai une mauvaise nouvelle concernant l’ami de Hawke : nous avons perdu sa trace, il a dû se réfugier dans d’autres grottes, j’ai envoyé un petit groupe d’éclaireurs en reconnaissance un peu plus au sud.
- Cela ne m’étonne pas, dit Lédara, il a dû remarquer notre présence, et surtout celle des Gardes des Ombres qui le recherchent.
- Oui, affirma Harding, et je vous conseillerais de rester là le temps qu’on ait une piste. Il ne sert à rien d’être trop nombreux à le chercher dans ce genre de situation.
Lédara hocha de la tête, approuvant le conseil de la jeune éclaireuse. Celle-ci la conduisit alors dans ses quartiers temporaires. C’était une petite chambre dotée d’une cheminée où l’on avait fait un bon feu qui chauffait tout l’espace. Une paillasse recouverte de couvertures et de fourrures l’attendait, avec un repas chaud. Il y avait certains avantages à être le chef de l’Inquisition.
La Marchéenne remercia la jeune naine et lui souhaita une bonne nuit, même si elle savait qu’elle n’allait pas dormir de sitôt. Lédara posa son arc contre le mur près de la paillasse, ôta ses gants, détacha les sangles de son carquois et enleva ses bottes. Une petite bassine d’eau avait également été préparée à son intention qu’elle utilisa pour rafraîchir ses pieds endoloris. Elle retira son manteau qui avait été renforcé de mailles de fer au niveau des épaules, puis délaça légèrement son corset. Ses côtes étaient encore douloureuses, mais sans ce corset, elle souffrirait d’autant plus. Elle souffla un peu, assise devant le feu, faisant le vide dans son esprit. Puis elle ramassa les quelques parchemins laissés par Harding : le premier était la réponse de Léliana pour Caer Bronach, un autre le rapport de l’éclaireuse naine sur l’ami de Hawke, avec un papier froissé qui provenait de Hawke lui-même parti sur les traces de son ami, et un dernier du Commandant qui envoyait une petite garnison à la forteresse pour sa défense. Lédara sourit en lisant ce dernier message, ne sachant pas trop pourquoi d’ailleurs. Son écriture lui plaisait : petite, avec une certaine élégance dans les traits. La formulation quant à elle était très directe, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Elle secoua la tête, enlevant ce sourire bête de son visage et reposa la petite liasse à côté de son lit, puis, après avoir avalé son repas, se glissa dans les chaudes fourrures.
L’Inquisitrice ne trouva pas le sommeil ; dès qu’elle fermait les yeux, toutes ses pensées tournaient dans sa tête et la douleur de la marque se faisait plus présente dans le silence de la petite chambre. Au beau milieu de la nuit, elle se leva et se rhabilla pour sortir prendre l’air. Elle voulut se diriger vers les remparts afin d’observer les alentours et se vider l’esprit, lorsqu’elle entendit Iron Bull et Solas discuter non loin de là, accompagnés de Varric :
- Iron Bull, dit l’elfe, je crois comprendre que chez vous, vous êtes… comment on dit ?
- Un Ben-Hassrath, grogna le Qunari, un membre de la police secrète. Un espion, en gros.
- Vous espionnez vos semblables, souligna Solas.
- Ce n’est pas bien différent d’Orlaïs ou de Férelden, répliqua calmement le Qunari, ils sont surveillés de tous les côtés.
- Ce qu’ils disent et font, oui. Pas ce qu’ils pensent, ajouta Solas d’un ton acerbe.
- Ce qu’on pense, c’est exactement ce qu’on dit et ce qu’on fait.
- Non, s’emporta l’elfe, même le plus modeste des paysans peut trouver de la liberté dans le confort de ses pensées. Vous les privez de cela.
Varric, pour désamorcer la situation et ayant remarqué la présence de l’Inquisitrice, lui lança d’un ton badin :
- Toujours pas couchée ?
- Vous non plus à ce que je vois, répondit Lédara, entrant dans le jeu du nain.
Solas se leva et prit congé, prenant le prétexte offert par les deux comparses.
- Hé, Varric, dit alors Bull en changeant de sujet, vous avez le truc que je vous ai demandé ?
- Ça devrait être à la base la prochaine fois qu’on y sera, répondit le nain, pas facile à trouver, d’ailleurs.
- Comment vous faites pour vivre sans ? continua Bull, intriguant la jeune femme.
- Franchement, répondit Varric, je ne vois pas bien l’intérêt, mais chacun ses goûts…
Lédara, qui s’était assise à côté d’eux, les regarda sans comprendre.
- Il me manque plus que du lait chaud et des guimauves orlésiennes pour mettre dedans, ajouta Bull en souriant.
- Ce que vous faites avec ce « cacao », ça ne me regarde pas, lui lança le nain. Je n’ai pas besoin de connaître les détails.
- Qu’est-ce que le « cacao » ? demanda Lédara, intriguée.
- Vous ne connaissez pas ! s’exclama le Qunari, c’est la chose la plus goûtue que j’ai pu manger jusqu’à maintenant. Seul, c’est très amer, mais accompagné d’aliments sucrés, c’est… un délice.
La jeune femme le regarda amusée par son expression. Le grand Qunari, costaud, bâti comme un taureau, salivait devant un petit ingrédient de cuisine.
- Je vous ferai goûter quand nous serons de retour à Fort Céleste, dit-il tout naturellement.
- Je veux bien, répondit Lédara enjouée, si c’est si fantastique que cela…
Les trois compagnons badinèrent ainsi jusqu’au petit matin.
Trois jours s’écoulèrent à la petite forteresse pendant lesquels l’Inquisitrice étudia les plans établis par les éclaireurs des cavernes qui parcouraient toute la région, plans qui s’agrandissaient à chaque retour des petits groupes d’exploration. Les hommes de Harding avaient également repéré un groupe de templiers rouges qui s’était établi plus à l’est et qui semblait chercher quelque chose. Lédara avait tout de suite transmis l’information à Fort Céleste en notifiant qu’elle allait elle-même enquêter sur ce groupe d’individus.
Depuis l’invasion de Darse par l’Ancien et son armée de templiers corrompus, la jeune Marchéenne avait repensé à son frère ; elle redoutait qu’il se soit transformé en l’une de ces choses corrompues par le lyrium rouge, et préférait de loin le croire mort au Conclave qu’appartenant à l’armée de Corypheus. Elle priait alors de ne pas le reconnaître parmi les templiers rouges qu’elle croiserait.
Le troisième jour fut également marqué par l’arrivée de Charter à Caer Bronach, agent de confiance de la Maître-espionne, et des nouvelles de Hawke sur la position de son ami. Lédara partit avec son groupe de compagnons directement après avoir reçu un petit bout de papier froissé indiquant l’entrée de la grotte où se trouvait ser Stroud, l’ami Garde des Ombres de Hawke. Cette grotte se trouvait près de la position des templiers rouges, ce qui lui permettrait d’y jeter un œil discret.
L’entrée de la grotte se trouvait près d’une petite étendue d’eau, au calme ; quand Lédara s’approcha, elle aperçut Garrett Hawke qui l’attendait elle et ses amis.
- Content de vous voir, dit-il, dès que je suis arrivé, je vous ai envoyé un message. Mon contact chez les Gardes devrait être au fond de cette grotte, je me suis par contre gardé de m’aventurer seul là-dedans.
- Un groupe de Gardes des Ombres défendait une villageoise contre des cadavres près de Boscret, il y a de cela cinq jours, l’informa la Messagère.
- Ils devaient être à la poursuite de mon ami, répondit Hawke, heureusement qu’ils ne sont pas venus jusqu’ici. Ce ne sont peut-être pas des hommes mauvais, mais leurs ordres le sont.
Lédara approuva d’un hochement de tête, puis Hawke l’invita à entrer. L’intérieur de la grotte était trop étroit pour laisser passer le groupe entier ; l’Inquisitrice prit les devants, suivie par Hawke et Varric. Iron Bull et les deux mages restèrent à l’extérieur pour surveiller l’entrée. Lédara longea le mur, s’habituant petit à petit à la pénombre du lieu, jusqu’à arriver devant la porte d’une ancienne mine. Elle l’ouvrit ; Hawke et Varric n’étaient pas allés aussi vite qu’elle, elle entra donc seule. Elle découvrit une petite chambre naturelle de la grotte, le plafond soutenu par un large pilier de calcaire au centre de la pièce. Elle aperçut quelques affaires de campement au sol, mais pas de traces d’un quelconque humain. Elle s’avança lentement, observant les recoins de la salle souterraine, quand soudain elle sentit une lame froide se glisser sous son menton. La jeune femme s’arrêta net et glissa sa main à sa ceinture pour saisir sa dague, mais on la retint fermement, lui bloquant le bras dans son dos. Elle sentit alors le souffle tiède de son agresseur dans sa nuque qui lui murmurait :
- Qui êtes-vous ?
- Stroud ! s’écria Hawke derrière eux, c’est l’Inquisitrice, tout va bien.
Le Garde en cavale se figea quelques instants, semblant observer les nouveaux arrivants. Quand il reconnut Hawke, il lâcha la jeune femme et rengaina son arme. Lédara se retourna et vit enfin le fameux ami de Hawke. Il était grand et costaud, d’âge mûr ; un Garde vétéran qui devait avoir vu beaucoup de combats dans sa vie. Son visage anguleux était encadré d’une barbe noire de trois jours et de cheveux courts en épis. Il portait une large moustache retombant sur les côtés de son menton, et de petits sourcils broussailleux venaient lui donner un air sévère malgré ses yeux en amande.
- Stroud, pour vous servir, Inquisitrice, dit le Garde d’une voix grave et éraillée.
Lédara le salua d’un signe de tête, puis l’interrogea :
- Presque tous les Gardes disparaissent, puis je tombe sur un magister des engeances nommé Corypheus. Vous croyez qu’il pourrait y avoir un lien ?
- Je crains que oui, soupira Stroud, quand mon ami Hawke a éliminé Corypheus, Weisshaupt n’a pas tardé à classer l’affaire. Mais un archidémon peut survivre à des blessures normalement mortelles, et je craignais que ce soit aussi le cas de Corypheus. Mon enquête m’a donné des indices, mais pas de preuves. Puis, peu de temps après, tous les Gardes d’Orlaïs ont commencé à entendre l’Appel.
- Pourquoi ne me l’avez-vous pas dit ? s’exclama Hawke.
- C’était un problème de Garde des Ombres, et j’étais tenu au secret, répondit Stroud.
- L’Appel, c’est un rituel de votre Ordre ? demanda Lédara, intriguée.
- C’est le signal pour un Garde que son heure est venue. D’abord viennent les rêves, puis les murmures… Il fait ses adieux et rejoint les Tréfonds pour s’en aller mourir au combat.
- Et tous les Gardes d’Orlaïs l’entendent en ce moment ? l’interrogea Hawke, ils pensent que leur mort est proche ?
- Oui, certainement à cause de Corypheus, affirma Stroud. Si les Gardes des Ombres meurent, qui enrayera le prochain Enclin ? C’est notre plus grande peur.
- Donc Corypheus ne les contrôle pas, résuma Hawke, il se sert de cet Appel pour les manipuler, et ça marche.
- Cet Appel est réel, demanda Lédara, ou Corypheus a-t-il trouvé un moyen de l’imiter ?
- Je l’ignore, répondit Stroud, même en tant que Garde de rang, j’en savais que très peu sur Corypheus. Mais les autres y croient, eux, et ils agiront en conséquence. C’est notre seule certitude.
- Vous dites que tous les Gardes entendent l’Appel. Vous aussi ? demanda encore l’Inquisitrice.
- Hélas, oui. Comme un loup tapi dans l’ombre d’un feu de camp. La bête qui produit ce son ne connaît pas l’amour du Créateur… Et parfois, j’arrive presque à la comprendre. Nous devons découvrir ce que Corypheus a fait et y mettre un terme. Cela ne peut pas continuer.
- Comment l’Ancien peut-il faire entendre l’Appel à tous les Gardes ? insista Lédara.
- Je l’ignore. Nous savons qu’il est dangereux, mais c’est à peu près tout. C’est à la fois un magister et une engeance. Il s’exprime avec la voix de l’Enclin. Ce qui lui permet d’influencer notre esprit, les Gardes étant également liés à l’Enclin. C’est de cette façon qu’il a dû créer ce prétendu Appel.
- Donc les Gardes préparent une dernière attaque désespérée contre les engeances ? résuma Lédara pour être sûre de comprendre.
- Ils sont les seuls à pouvoir vaincre les archidémons, dit Stroud à l’Inquisitrice, sans nous, le prochain Enclin anéantira le monde. Le Commandeur-Garde Clarel a parlé d’un rituel de magie du sang pour éviter un nouvel Enclin avant notre départ. Quand j’ai dénoncé cette idée folle, mes propres camarades s’en sont pris à moi. Des Gardes des Ombres se réunissent là, à la Porte du Ponant. Il s’agit d’une ancienne tour des rituels tévintide. Retrouvez-moi là-bas, nous devrions y trouver des réponses.
Ser Stroud sortit un parchemin qu’il déplia devant l’Inquisitrice ; c’était une carte d’Orlaïs sur laquelle se trouvait plusieurs indications tracées à la main. Il désigna du doigt la Porte du Ponant, une région désertique où les savants de l’université d’Orlaïs aimaient à aller déterrer des ruines tévintides. Le Garde allait aussitôt repartir en reconnaissance dans cette région reculée, et garderait contact avec Hawke qui resterait près de Fort Céleste pour relayer les informations. Lédara acquiesça et proposa une équipe de soutien au Garde qui refusa. Seul, il n’attirerait pas l’attention.
L’Inquisitrice prit congé du Garde, le remerciant pour son aide et les informations qu’il avait pu lui confier, mais c’était surtout Stroud qui remercia l’Inquisitrice de s’impliquer dans cette histoire. Hawke, Varric et Lédara ressortirent de la grotte, laissant Stroud rassembler ses affaires et partir de son côté. Lédara avait une dernière chose à faire avant de retourner à Fort Céleste, et qu’elle redoutait un peu. Elle donna l’ordre de se diriger vers la position des templiers rouges.
En s’approchant du campement ennemi, ils virent qu’ils n’étaient que très peu nombreux, mais l’Inquisition ne put voir ce qu’ils cherchaient. Iron Bull proposa d’éliminer les quelques templiers pour ensuite fouiller le camp. Lédara accepta, mais resta à couvrir les arrières des deux guerriers et de ses compagnons mages. Elle avait si peur de se retrouver en face de son frère transformé en une machine à tuer corrompue… Quand le camp fut sécurisé, elle s’approcha, rengainant son arc. Elle ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil aux cadavres : aucun d’eux n’était son frère. La jeune femme poussa un soupir de soulagement. Les six compagnons se mirent à fouiller le campement à la recherche d’indices, de quoi que ce soit qui puissent leur donner des indications sur ce que les templiers cherchaient. Lédara s’approcha des tentes et trouva quelques parchemins griffonnés, dont une lettre scellée qu’elle ouvrit aussitôt :
Chevalier-templier Sturge,
Vous trouverez une petite ruine dans les collines qui surplombent Boscret. Bien que minuscule, l’endroit est ancien et elfique, alors inspectez jusqu’au moindre caillou. Ordre du Général Samson.
Vous savez ce que vous cherchez, j’attends donc votre rapport quand vous aurez terminé. Si vous trouvez des inscriptions elfiques, merci de les recopier.
Chevalier-lieutenant Mohrn
Lédara récupéra tous les parchemins et rouleaux, puis se tourna vers ses compagnons qui revenaient vers elle sans informations supplémentaires.
- Allons récupérer les chevaux à Caer Bronach, dit-elle fermement, on retourne à Fort Céleste.