L'épée et le lys

Chapitre 7 : Théa - Jour de fête

3586 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/10/2025 20:20

Il sembla à Théa que la journée s’était écoulée avec une lenteur accablante. Comme toujours, elle s’était levée aux aurores pour parcourir les abords de Darse, en quête de quelques elfidés fraîches. Au cours de sa promenade, elle avait aperçu Blackwall, qui tranchait des bûches avec une force presque bestiale. Comme s’il était en colère. Il levait régulièrement les yeux vers la brèche, le regard empli de craintes, comme s’il redoutait ce qui se cachait derrière ce voile déchiré. 

Quand elle rentra à l’infirmerie, elle prépara ses baumes, puis changea les pansements des derniers blessés encore présents. Ils n’étaient plus que six. Les mages rebelles, qui avaient rejoint l’Inquisition après les événements de Golefalois, s’étaient montrés efficaces en les aidant. Adan et elle avaient refermé les plaies des plus récalcitrants. 

Le fait que le Messager d’Andrasté ait accordé sa pleine confiance aux mages en les reconnaissant comme alliés avait suffi à apaiser, au sein des troupes, la crainte tenace d’être transformés en démons si la magie était utilisée pour les soigner. 

Théa avait trouvé cela profondément paradoxal, mais ne s’en plaignait pas. Elle avait beaucoup moins de travail à présent, et sa présence ne serait bientôt plus nécessaire. 

Car même si l’Inquisition perdurait une fois la brèche refermée, Adan n’aurait plus besoin d’aide si les mages restaient. Elle pourrait enfin rentrer chez elle et se reposer un peu. 

Mais surtout, mettre une distance définitive entre elle et le commandant Cullen. 

Elle y était parvenue pendant une semaine. Dès qu’elle l’apercevait au détour d’une rue, elle filait dans le sens opposé. Dès qu’Adan l’envoyait en direction du camp d’entraînement et qu’elle savait que le commandant s’y trouvait, elle prétextait une livraison de tisane pour Vivienne ou Joséphine. Si bien que les deux dames avaient désormais une réserve personnelle d’infusions contre la toux et les maux de ventre à ne plus savoir qu’en faire.

Théa regretta de ne pas encore avoir pu discuter avec Sera. Son entrain, sa légèreté et sa façon de tourner tout en dérision lui manquaient. Elle était rentrée la veille avec le Messager, l’avait saluée à la volée, lancé une ou deux piques à Solas — par principe — puis avait filé se coucher, pour ne ressortir de sa chambre que le temps de dévorer un poulet rôti. 

Théa avait hâte que son étrange amie lui raconte son aventure à Golefalois. Elle avait surpris des soldats parler de magie du temps, de fin du monde… Des mots échappés entre deux gorgées de bière, mais qui avaient laissé en elle un malaise persistant. 

— Tous ces soldats sont à cran, râla Adan en entrant dans l’infirmerie sans lui adresser le moindre salut.

Elle en avait l’habitude, à présent. Adan était le genre de personne bourrue qui se souciait peu des convenances.

—  Aujourd’hui, contente-toi de préparer un assortiment de tisanes qui apaisera cette agitation. Ou qui les fera tous dormir, afin que j’aie la paix. J’ai une réunion avec… Joséphine.

Les réunions d’Adan signifiaient souvent : je n’ai pas envie de travailler, je te laisse la boutique. Ça ne la gênait pas. Elle aimait être seule, sans quelqu’un qui bougonne sans cesse près d’elle.

En réalité, elle n’était pas seule. Un jeune homme du nom de Clément, un alchimiste discret, passait ses journées dans la pièce à créer des grenades et des fioles aux effets variés. Sa présence l’avait d’abord effrayée — tout cela lui semblait dangereux. Mais le calme de Clément, sa précision, et ses gestes mesurés l’avaient rapidement rassurée. 

De telles créations entre les mains d’Adan, avec ses accès de colère, auraient pu faire exploser le bâtiment.

Clément était arrivé de Golefalois un peu avant que le Messager ne revienne avec les mages. Théa aimait la présence de Clément. Elle déplorait simplement le symbole chantriste gravé sur son front. Comment un homme aussi doux, aussi intelligent, avait-il pu un jour être considéré comme une menace pour la paix ? 

Ou était-ce justement parce qu’il avait été un danger, que l’apaisement avait fait de lui un homme bon et posé ? 

Cette pensée la troubla plus qu’elle ne l’aurait cru.

Il entra à son tour dans la pièce et la salua d’un ton posé : 

— Bonjour, dame Théa.

— Simplement Théa. Combien de fois dois-je te le dire ? tenta-t-elle de sourire. Je n’ai rien d’une dame.

Clément lui jeta un regard qui prouvait qu’il ne la croyait pas. Elle rougit, puis baissa les yeux sur les plantes qu’elle sélectionnait avec soin.

— Bonjour, Théa, corrigea-t-il en se dirigeant vers sa table d’alchimiste.

— Bonjour Clément, répondit-elle avec un sourire, ravie qu’il n’ait pas insisté ni posé de question.

Il se mit au travail en silence, et parlerait peu le reste de la matinée, comme toujours.

Aux alentours de midi, Sera déboula dans la pièce. Elle tenait une cuisse de poulet dans une main, sa bouche était barbouillée de sauce, mais sur son visage, une forme d’excitation n’échappa pas à Théa.

—  On va refermer la brèche ! Là, maintenant ! On va refermer cette satanée brèche ! hurla-t-elle, les yeux brillants.

L’elfe disparut comme elle était venue. Son agitation avait gagné Théa, qui se précipita dehors. Elle arriva aux portes de Darse, où des troupes encadraient le Messager. Solas donnait des conseils et des ordres aux mages, tandis que l’enchanteresse Fiona relayait les informations. 

Puis, tous se mirent en marche. Et Théa les regarda s’éloigner.

Elle les suivit du regard. Elle aperçut Sera aux côtés de Blackwall, d’Iron Bull et de la Charge. L’elfe s’agitait comme une puce, réclamant de grimper sur les épaules du garde des ombres qui vacillait sous son poids. Elle finit assise sur les cornes du Qunari visiblement aussi impatient qu’elle.

Théa eut un sourire navré pour les compagnons de son amie puis, elle hésita un moment à se joindre à eux. Elle aussi avait envie de voir cette brèche se refermer. Mais… et si cela ratait ? Si de nouveaux démons en sortaient ? Ses jambes se figèrent et elle attendit. Au bout d’une dizaine de minutes, la colonne de soldats disparut de son champ de vision.

Alors, Théa leva les yeux au ciel. La brèche zébrait l’azur de ses éclairs d’émeraude, toujours aussi menaçante.

Elle remarqua une silhouette qui s’agitait en bas des marches. Cullen n’avait pas accompagné la troupe. Il était resté pour distribuer des ordres autour de lui.

Théa ne le quitta pas des yeux. Elle ressentait son angoisse à travers chacun de ses gestes. Puis, quand ses hommes furent à leur poste, il la rejoignit. Il posa à peine les yeux sur elle, comme s’il ne la voyait pas. Il s’installa sur les marches, à ses côtés, les bras croisés, le regard tourné vers les ruines du Saint Temple Cinéraire.

Théa ne bougea pas. Si elle avait voulu fuir, elle aurait dû le faire avant. Maintenant, cela aurait ressemblé à une insulte, et ne serait pas passé inaperçu. Alors, comme lui, elle fixa ses yeux sur l’horizon et attendit. 

Toute l’Inquisition attendait. 

Le vent s’était levé, chargé d’électricité, comme si le monde retenait son souffle. Les minutes s’étiraient, pesantes, et l’heure qui s’écoula parut durer un siècle. Puis soudain, un grondement sourd déchira le silence. La terre vibra sous ses pieds. Une lumière aveuglante jaillit de la brèche, balayant la plaine comme une vague d’émeraude. 

Théa ferma les yeux, instinctivement, le souffle coupé par la violence du phénomène. Un instant, tout sembla suspendu. Plus de bruit. Plus de mouvement. Juste cette lumière, qui s’éteignait peu à peu. Elle sentit son cœur battre contre sa poitrine, trop fort, trop vite.

Quand elle rouvrit les yeux, le ciel avait changé.

—  Par Andrasté… souffla la voix du commandant à ses côtés.

—  La brèche… murmura-t-elle, comme pour confirmer à voix haute ce que ses yeux n’osaient croire.

Puis, comme aimantés, ils se tournèrent l’un vers l’autre. Leur regard se croisa, long, intense, chargé de soulagement et d’un vertige commun. Ils ne dirent rien. Ils n’avaient pas besoin de mots. C’est alors que les cris retentirent dans Darse : des cris de joie, des rires euphoriques, des pleurs de soulagement. 

L’Inquisition avait réussi.

La brèche était fermée.

 

 

La nuit tombée, à peine eut-elle franchi la porte de la taverne qu'Iron Bull entraîna Théa dans une digue en folie, durant laquelle elle ne toucha pas le sol une seule seconde. Quand enfin il la reposa à terre pour entonner un chant paillard avec la Charge, elle avait le tournis et les cheveux en pétard. Elle se trouva bien idiote d’avoir passé une heure à tenter de leur donner un semblant d’élégance, comme lorsqu’elle se rendait, adolescente, à une soirée guindée.

Sera lui attrapa la main et la tira, se faufilant tant bien que mal entre les habitants fêtards, vers une table un peu à l’écart. Elle lui mit une pinte dans les mains et fourra un biscuit aux raisins secs dans sa bouche. Théa le goûta et grimaça aussitôt.

—  Ouais, je sais, s’amusa l’elfe. Ils sont dégueu. Le truc, c’est de le fourrer dans la bouche et de boire une énorme gorgée de bière pour faire passer le goût.

—  Je risquerais de m’étouffer, non ?

—  C’est pas grave, quelqu’un te fera du bouche-à-bouche. Ah mais non, attends, c’est toi qui sauves les gens. Tu risques d’y rester.

Aussitôt, elle reprit le biscuit des mains de l’herboriste et l’avala en une bouchée.

Théa observa les danseurs, les rires, les bousculades, les chopes renversées. Jamais elle n’avait assisté à une telle assemblée. Quand sa famille allait ou organisait un bal, les sourires étaient figés, les rires étouffés dans des murmures snobs, pleins de mépris. 

Là-bas, chacun jouait un rôle. 

Ici, il n’y avait pas de rang, pas de masque, pas de faux-semblants. 

Juste des corps qui se frôlaient, des voix qui s’élevaient, des émotions brutes. Mais aussi intenses. C’était désordonné, bruyant, imparfait et pourtant, tout semblait à sa place. Comme si, chacun faisait partie d’un même tout. Et bien qu’elle chérît l’idée de rentrer chez elle, dans le bois d’Hafter, Théa, pour la première fois depuis longtemps se sentit à sa place.

Blackwall déposa devant les deux femmes une nouvelle bière. Sera avala la sienne d’un trait, si vite que Théa tenta de l’imiter, avec beaucoup moins de panache. Quand elle reposa son verre vide, ses oreilles chauffaient et elle eut toutes les peines du monde à retenir un renvoi. Ce qui fit éclater de rire Sera, qui, elle, ne s’embarrassait jamais de ce genre de retenue.

Quand Iron Bull tenta d’attraper Sera pour l’obliger à chanter avec lui, l’elfe émit un grognement et, telle une anguille, se dégagea en saisissant la manche de l’herboriste au passage. Elles se faufilèrent à l’extérieur, laissant derrière elles le rire rauque du Qunari et un chant tonitruant qui parlait de Sera elle-même. Théa en saisit quelques mots au vol et sourit en reconnaissant son amie dans les paroles :

Oublie le passé, laisse l’instant te sourire

 Vaincra son audace sous la menace

Insolente est sa chance, elle est ta providence

—  Je déteste cette chanson, grogna Sera.

Elle accéléra le pas, comme pour fuir les couplets, hilare et les joues en feu. Sera s’élança dans les rues comme une flèche. Théa, un peu éméchée, peinait à la suivre. Mais le vent glacé qui lui mordait les joues dissipait la moiteur de l’ivresse. Elle courait, trébuchait, riait, portée par l’énergie de la nuit. Sera poussait des cris de joie, tournait sur elle-même, sautait sur les pavés, bousculait les lanternes suspendues. Des soldats et des villageois lançaient des exclamations, des rires, des bouts de chanson. L’euphorie était partout, comme une vague qui déferlait sur Darse et emportait chacun dans son tumulte joyeux.

Théa remonta le chemin en pente douce qui menait à la tente de Léliana, en face du bâtiment de la Chantrie. De là, elle aperçut Varric en pleine discussion animée avec Adan, Solas et le Commandant Cullen. Elle se rapprocha pour les surplomber et les observa. Le nain gesticulait, une chope à la main, ponctuant ses phrases de grands éclats de rire. Adan hochait la tête avec enthousiasme, Solas souriait — un vrai sourire, franc, presque complice — et Cullen, debout près du feu, semblait plus détendu que jamais. Ses épaules paraissaient plus légères, et ce sourire le rendait presque… humain.

Théa passa une main sur son visage. Ce qu’elle avait chaud. Pourtant la nuit était si froide. Et pourquoi, par Andrasté, n’arrivait-elle pas à détourner les yeux de cet homme ? Quand le commandant éclata de rire, c’était si soudain qu’elle en rougit comme si elle venait d’assister à quelques choses d’intime, de pudique. Puis, elle sourit à son tour, comme si la joie de Cullen était communicative.

Sera, qui était déjà loin, revint en courant et se jeta sur elle en cherchant à l’enlacer. Le geste était précipité, maladroit et absolument pas maitrisé ! L’alcool les avait toutes les deux ramollies et ce qui devait être une étreinte amicale finit en catastrophe. Elles chutèrent dans un éclat de rire. Elles roulèrent jusqu’au bord du muret et tombèrent comme deux ivrognes au pied du petit groupe. Le choc fut à peine douloureux mais Théa savait que, au petit matin, elle paierait cette chute en la sentant jusque dans ses os. Un silence suivit leur atterrissage puis un rire discret s’éleva. Théa n’était pas sûre qu’il s’agisse de celui d’Adan, de Varric ou même du sien.

Solas fut le premier à réagir. Il poussa un profond soupir et aida l’herboriste à se relever.

—  De toutes les personnes censées qui vivent à Darse, pourquoi a-t-il fallu que vous vous liiez d’amitié avec la seule qui ne le soit pas ?

Théa battit des paupières et le regarda comme si elle ne comprenait pas ce qu’il lui disait. Varric, avec un petit rire, ajouta :

—  Je crains que l’alcool ait un rôle dans cette… dégringolade, plus que Sera elle-même.

—  J’ai rien fait, moi ! se défendit cette dernière, toujours allongée sur le sol et morte de rire. J’ai rien fait d’autre que de faire la fête.

— Un peu trop sans doute, s’amusa le nain.

Théa les regarda et ne put s’empêcher de trouver la situation cocasse, au point où ses lèvres s’étirèrent en un large sourire.

—  Vous n’avez rien de cassé ? s’enquit Cullen en cherchant son regard.

—  Le beau Cullen à la rescousse, chevalier jusqu’au bout ! s’amusa Sera alors que Varric et Adan l’aidèrent à se redresser.

Mais Théa ne l’écoutait plus. Elle regardait le commandant, penché vers elle, scrutant son visage à la recherche de blessures. Soudain, il tendit la main vers son visage, et alors que sa tête lui criait de partir, ses jambes refusèrent de lui obéir. D’un doigt, Cullen dégagea une feuille morte qui s’y était collée sur sa joue durant sa chute. Le contact eut l’effet d’une brûlure vive sur la peau de la jeune femme, mais se changea en des picotements agréables. Puis il répéta le geste sur son épaule, dans ses cheveux, avec cette même attention silencieuse. Théa refusa de bouger. Elle ne parvenait pas à détourner les yeux. Elle était sourde aux voix autour d’elle, seul son cœur, battant comme un forcené, résonnait dans ses oreilles.

Et si Cullen retrouvait en elle des traits d’Armand, son frère ? S’il faisait le lien… Mais ce n’était pas uniquement cela qui l’inquiétait. Il y avait cette proximité. Elle était douce. Troublante. Et Théa n’avait aucune envie de s’en éloigner. Elle devrait pourtant. Mais son corps semblait engourdi, comme retenu. Satanée bière. Elle ne voyait que cette raison pour expliquer ce ramollissement soudain. Elle se jura de ne plus jamais boire le moindre verre d’alcool.

— Au fait, cela fait quelques jours que je vous cherchais, murmura Cullen, je tiens à vous remercier pour le baume que vous m’avez préparé. Il est… étonnamment efficace.

Adan, qui jusque-là observait la scène en silence, se redressa brusquement.

— Ma potion est parfaitement suffisante, Commandant. Vous n’avez pas besoin d’un baume bricolé par une simple herboriste ramassée dans les bois comme une… primitive.

Cullen fronça les sourcils.

—  Je peux tolérer que vous soyez ivre, apothicaire, mais pas que vous manquiez de respect à un autre agent de l’Inquisition.

Adan se frotta la nuque et renifla.

—  Ouais… Je… Je regrette. Elle est douée. Je dois bien le reconnaître.

Puis il s’éloigna du groupe, en secouant sa tête comme un enfant grondé et seul le rire de Sera brisa le silence :

—  Quel crétin !

Théa releva les yeux sur Cullen, qui observait la silhouette de son collègue s’éloigner. Elle ne savait plus ce qu’elle devait faire. La politesse voudrait qu’elle le remercie d’avoir pris sa défense. Mais au fond, elle ne prenait pas mal les paroles d’Adan. S’il la considérait comme une recluse vivant dans les bois, c’est que l’image qu’elle avait voulu transmettre avait fonctionné. Elle n’était pas une mage, ni une alchimiste de renom. Elle était juste une herboriste, discrète, presque invisible. Ce qui était dommage, c’était qu’il puisse voir en elle une sorte de rivale. Elle n’avait jamais cherché à l’être. Cullen poussa un soupir et elle lui jeta un regard en biais. Il s’était raidit comme si le poids des responsabilités l’envahissait à nouveau. Elle regarda ses yeux se perdre dans le feu de camps et la lumière émise par la flamme soulignait ses traits avec une précision hypnotique. Elle observa la cicatrice qui barrait sa lèvre supérieure et s’interrogea sur son origine. Un baume efficace appliqué lors de la cicatrisation aurait pu l’atténuer. Elle aurait pu le confectionner. Pourtant, cette marque, preuve d’un combat et du courage du commandant lui octroyait un charme supplémentaire.

Cullen Rutherford avait du charme, mais il n’était pas simplement un homme séduisant. Il avait traversé des épreuves que Théa aurait aimé connaître, comprendre. Maintenant qu’elle savait son rôle au sein de l’Inquisition presque terminé, elle regrettait d’avoir mis de la distance entre eux. Le commandant avait cette aura particulière, celle d’un homme qu’on n’oublie pas facilement ou qu’on aurait aimé découvrir.

Peut-être que, malgré la peur qu’il puisse voir en elle une Montclair et non une Dennet, elle pouvait s’autoriser à interagir avec lui. Juste un peu. Partager quelques mots. Se montrer civiliser. En tout cas, elle en avait de plus en plus envie.

Quand elle se décida enfin à prendre la parole, la cloche d’alarme retentit dans Darse, grave et vibrante, déchirant l’air comme une lame. Les rires s’éteignirent. Les regards se levèrent. Le vent sembla s’arrêter. Cullen fut aussitôt sur le qui-vive. Varric attrapa Bianca, son arbalète. Solas se raidit, les traits figés. Et Sera sembla désaouler sur-le-champ.

— Une armée en approche ! hurla un soldat en se précipitant vers le commandant Cullen, le regard effaré.

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