L'épée et le lys

Chapitre 10 : Théa - Laisser Darse derrière

3263 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/10/2025 20:24

Quand les portes de la Chantrie se refermèrent sur elle, Théa pensa que cela marquerait la fin du cauchemar. Car ça ne pouvait être que cela, non ? Le sang, les corps, les cris, les créatures diaboliques qui arpentaient les rues de Darse… c’était un rêve. Un terrible rêve. Mais ça ne pouvait pas être réel.

Son cœur battait toujours comme un forcené. Ses mains ne cessaient de trembler, et si Sera ne la tenait pas encore, elle savait que ses jambes ne la porteraient plus longtemps.

— Théa ! appela le commandant Cullen en avançant vers elle, le front strié de plis.

Elle leva vers lui un regard perdu, mais la présence de l’ancien templier lui parut rassurante. Elle fit quelques pas dans sa direction. Son rythme cardiaque se calma doucement, comme si l’aura même de cet homme avait un effet apaisant sur elle.

Cullen resta un moment silencieux, choqué en découvrant l’état dans lequel elle se trouvait. Il crispa la mâchoire, se passa nerveusement une main dans la nuque.

— Par Andrasté… vous êtes blessée.

Théa toucha sa pommette et grimaça. La douleur fut vive. Elle serra les dents. Elle avait oublié, dans l’horreur qui l’entourait, qu’elle aussi était une victime. Une légère trace de sang recouvrit ses doigts. Rien de très grave, en déduisit-elle.

— Nous avons des blessés. Adan s’en chargera le temps que vous vous soigniez. Où est-il ? demanda Cullen.

— Un fichu tas de cendres ! Voilà où est Adan : dans un fichu tas de cendres, s’emporta Sera.

La brutalité de ses paroles crispa Théa. Adan était mort.

Mort.

Cullen ne dit rien. Il baissa les yeux un instant, comme s’il était lui aussi dépassé par les événements, comme si le poids de tous les absents lui pesait sur les épaules.

La porte de la Chantrie s’ouvrit, et le Messager entra. Cullen redressa les épaules, puis se reprit.

— Nous avons beaucoup de blessés. Théa… les mages sont débordés. Est-ce que…

— Oui, coupa-t-elle. Oui, je m’en charge.

— Je suis désolé de vous en demander autant.

— Ça ira. Je suis là pour ça, affirma-t-elle en tentant de se montrer aussi forte qu’elle le pouvait.

Il eut un faible sourire et s’éclipsa, se tournant une dernière fois vers Sera pour lui ordonner :

— Veillez sur elle.

— Vous croyez quoi ? Que j’allais aller me préparer un sandwich ?

— Aidez-la dans sa tâche.

— Facile, ça ! Les doigts dans le nez !

Théa serra les pans de sa jupe, nerveuse, et examina la pièce. Le chaos régnait autant entre les murs de la Chantrie que dans les rues de Darse. Des soldats, des citoyens, des mages étaient allongés un peu partout, soutenus par des amis, de la famille… Elle chercha Dennet, mais ne le trouva pas. Par le Créateur, était-il… Non. Elle refusa d’y penser. Pas maintenant. Plus tard. Ne pas paniquer. Elle posa les yeux sur Cullen, comme si ce simple fait pouvait l’apaiser. Il discutait vivement avec le Messager et cet étrange garçon qui s’était présenté aux portes du village. Le commandant se tenait droit, solide. Un pilier. Un pilier mécontent, certes, mais un pilier qui résistait à l’effondrement.

Théa prit une profonde inspiration, tentant de devenir ce que Cullen lui renvoyait comme image.

Elle détourna les yeux et aperçut Cassandra, qui soutenait un soldat blessé pour marcher, puis l’allongea près de nombreux autres. Dorian tentait des soins avec l’aide de Fiona et de Vivienne. Solas et Varric discutaient vivement avec Joséphine, dont les traits effarés montraient qu’elle était aussi perdue que Théa face à la violence de leur situation. La charge du Taureau comptait son lot de blessés, et Iron Bull veillait sur eux. Blackwall restait en retrait, comme un homme qui connaît trop bien ce genre de chaos pour s’y perdre.

— Il a besoin que vous refassiez son bandage, déclara une voix près d’elle.

Théa tourna les yeux vers l’homme de l’infirmerie. Celui qui avait placé une arme sous sa gorge. Il lui montra son confrère à la jambe brisée. Elle hocha la tête vivement et fila à son chevet. Aidée de Sera, elle défit la bande, replaça les attelles et serra plus fort pour empêcher le tout de bouger. L’homme souffrait. Elle aurait pu lui préparer une tisane apaisante, mais… là… ici…

— Je suis désolée. Je ne peux rien faire de plus pour l’instant, murmura-t-elle.

— Ça ira, M’dame. J’ai connu pire sur le champ de bataille, répondit-il avec un pitoyable sourire.

Elle n’en doutait pas et le croyait sans peine. Elle se releva et fit un pas en arrière. De qui pouvait-elle s’occuper à présent ? Ils étaient tellement nombreux.

— Ici, appela Dorian en croisant son regard.

Elle le rejoignit.

— Celui-là, dit-il en indiquant un homme sur sa gauche. Je ne peux… J’ai besoin de lyrium…

Théa comprit. Les mages faisaient le maximum, mais leur magie n’était pas une source intarissable… tout comme la réserve de lyrium.

Elle se pencha sur le blessé qui maintenait un tissu imbibé de sang sur son œil droit. Lorsqu’il écarta la compresse, Théa eut un bref mouvement de recul. La plaie courait du front jusqu’à la joue. L’œil était perdu.

— Ah merde, dégueu, se plaignait l’elfe près d’elle.

— Sera, j’ai besoin de bandages propres, d’un onguent avec une étiquette au nom de Baume de fusion tissulaire. C’est un truc qu’Adan a préparé. Je ne sais pas où Crem et Blackwall ont déposé mes affaires.

— Ok, je m’en charge.

Méthodique, Théa nettoya le gros de la plaie. Elle détestait cette situation : soigner sans son matériel, dans l’urgence. Elle n’avait pas été formée pour travailler dans une armée. Elle n’avait pas été formée tout court. La femme de Dennet, Elaina, lui avait parlé des plantes, de leurs bienfaits. Devant son intérêt, elle lui avait offert un livre à ce sujet, et Théa, en dix ans, avait tout appris seule. Parfois, elle échangeait des recettes avec des marchands, leur demandait des conseils, et en distribuait tout autant. Mais jamais elle n’avait eu à s’occuper de plus d’un patient à la fois. Jamais l’odeur du sang ne lui avait paru si présente, si dérangeante. Elle avait l’impression de l’avoir sur le bout de la langue.

Quand Sera revint, Théa la vit inquiète, le regard tourné vers le Messager.

— Que se passe-t-il ?

— J’en sais rien. Mais j’aime pas ce qu’il se prépare.

Théa jeta un regard en biais au Messager, puis à Cullen, avant d’appliquer une couche épaisse d’onguent sur le visage de l’homme. Elle sentait son amie tendue.

— Si tu dois partir avec Trevelyan, vas-y. Je me débrouillerai.

— Je reste. Cullen m’a donné un ordre, et pour une fois, j’ai bien envie de m’y tenir. C’est juste que j’ai l’impression qu’il va faire un truc idiot…

Théa plongea ses yeux dans les siens et fut reconnaissante de savoir que l’elfe serait près d’elle pour l’aider dans sa tâche.

— Va te falloir un cache-œil, dit-elle au blessé. Un canon. Iron Bull a sûrement son fabricant personnel. Un artisan raffiné, et tout, et tout, qui fait de jolies broderies en forme de fleur ou de soleil.

— C’est vrai que son cache-œil est assez classe, répondit le soldat tandis que Théa posait le bandage sur sa plaie.

— Je peux lui voler si tu veux. Je peux l’assommer et lui piquer. Ou alors j’attends qu’il dorme. Oh non, quand il prendra sa douche, le cache-œil et le pantalon en même temps ! Haha, cul et œil nu, le Qunari ! Ah mais, attends… je suis pas certaine qu’il prenne des douches…

Théa resta estomaquée par les propos sans filtre de son amie, mais quand elle vit les épaules du soldat s’agiter dans un rire, elle sourit. Cullen offrait l’appui d’un roc, la stabilité dont on avait besoin pour tenir. Sera, elle, ramenait des sourires là où tout semblait trop lourd. Et ça comptait tout autant. Elle posa une main sur l’épaule de Sera et l’invita à passer à un autre patient.

Alors qu’elle bandait une cheville foulée, le Messager sortit de la Chantrie avec quelques hommes, dont Blackwall, Solas et Vivienne. Quand la porte se referma sur eux, Théa ne put retenir un frisson d’appréhension.

Cullen prit la parole. Sa voix forte résonna dans le silence soudain. Tous l’écoutaient.

— Nous allons quitter Darse en empruntant un passage sous la Chantrie. Le chancelier Roderick sera votre guide. Que les plus valides aident les autres et portent du matériel.

— La bête ? Elle nous tuera si on sort ! lança un citoyen.

— Le Messager se chargera de détourner son attention…

A ces mots, Sera pesta et s’agita nerveusement près de Théa.

— Nos maisons, nos affaires ? demanda une femme.

Théa observa Cullen attentivement. Il ne s’agaça pas. Il ne se contentait pas de commander. Il les écoutait. Il comprenait leur peur.

— Darse est perdue. Bientôt, le village sera enseveli sous des tonnes de neige. C’est le seul moyen de garantir votre survie : en éliminant l’armée qui vous traque.

Des protestations s’élevèrent, des pleurs aussi. Cullen leva les mains.

— Je suis navré que vous perdiez vos foyers. Ce qui compte, c’est que vous restiez en vie. Le reste… vous le reconstruirez. Ne traînons pas. Le temps presse. Chancelier Roderick, nous vous suivons.

Théa vit l’homme de la Chantrie avancer. Il cherchait à se tenir droit, mais boitait et gardait une main sur son flanc, signe évident qu’il était blessé. Elle s’en inquiéta et fit un pas dans sa direction, mais le jeune homme au chapeau à bord large lui jeta un regard.

— Non, vous ne pouvez rien faire.

Elle frémit, mais resta à sa place. Sera aida celui qui était désormais borgne à se lever, puis attrapa la caisse de fioles d’Adan et lui adressa un sourire. Théa s’agita aussitôt. Elle se saisit d’un sac de plantes, trébucha sur le second, et se rattrapa au bras de la personne la plus proche. Des mains puissantes la retinrent un instant avant de la lâcher.

— Pardon… s’excusa-t-elle.

— Faites attention. On aura encore besoin de vous.

Cullen lui adressa un faible sourire avant de s’emparer d’un sac de vivres et de rejoindre la masse qui se glissait dans les sous-sols. Elle le sentit épuisé, et sans y penser, elle se surprit à chercher dans sa mémoire un traitement qui pourrait le soulager.

 

 

Ils avaient suivi le chancelier Roderick sous la Chantrie, jusqu’à une porte dérobée qui menait à un tunnel mal éclairé. Le sol y était glissant, les parois suintantes. Des champignons de Tréfonds poussaient un peu partout, imprégnant l’air d’une odeur de sucre fermenté et de moisissure. Un silence régnait dans les rangs, troublé seulement par le murmure du vent qui s’engouffrait on ne savait d’où, recouvrant les corps de frissons et d’appréhension.

Théa suivait Sera de près, refusant de s’éloigner d’elle. Mais régulièrement, elle se retournait pour chercher des yeux la silhouette du commandant, qui veillait à ce que personne ne reste en arrière.

Au bout d’une trentaine de minutes qui parurent durer des heures, les langues commencèrent à se délier car enfin, ils apercevaient le bout du tunnel. Roderick, satisfait d’avoir accompli sa mission, laissa Cassandra prendre la relève. Sans attendre, la chercheuse poussa la masse de citoyens à la suivre dans la neige, les encourageant du mieux qu’elle le pouvait. Théa frissonna. Elle regretta de ne pas avoir pu emporter de vêtements plus chauds. Le vent avait forci, et la neige tombait en rideau opaque devant ses yeux. Au loin, un hurlement retentit. Aussitôt, elle pressa le pas, de peur de perdre le convoi de vue  et surtout, que des loups ne la trouvent et ne la dévorent.

Plus le groupe de survivants avançait, plus l’herboriste avait le sentiment de s’enfoncer dans la neige, peinant à aligner les pas. Elle aperçut Léliana se diriger vers la fin du convoi, l’air soulagé. Théa la vit accueillir les compagnons du Messager. Mais Trevelyan n’était pas avec eux.

Le cœur de la jeune femme se serra. Avaient-ils perdu le Messager d’Andrasté ? Le seul espoir de Thédas ?

Léliana rejoignit Cullen à deux pas de là, se pencha à son oreille. Il hocha la tête à plusieurs reprises avant d’appeler une archère. La soldate le salua, prête à recevoir ses ordres, puis s’éloigna du groupe. Intriguée, Théa ne la lâcha pas des yeux. Elle la vit enflammer une flèche et la tirer haut dans le ciel.

Que faisait-elle ? À qui signalait-elle leur présence ? Au Messager ? Mais les templiers rouges… Ne seraient-ils pas avertis eux aussi ?

— Pfff, râla Sera à ses côtés. Ils ont pas choisi la meilleure. J’aurais envoyé ma flèche bien plus haut.

Théa ne répondit pas. Trop de questions la bousculaient. Où était Trevelyan ? Où était Dennet ? Combien de morts y avait-il eu ? Tant de questions dont les réponses l’effrayaient.

Un gémissement sur sa gauche la détourna de ses pensées. Une femme tenait son bras contre elle, grimaçant à chaque mouvement. Égoïstement, Théa remercia Andrasté pour cette diversion de ses pensées intrusives. Une épaule déboîtée. Un exercice de soin qu’Adan lui avait montré dès ses premières heures dans l’Inquisition. Elle pouvait agir.

Elle confia son sac de plantes à Sera, qui rouspeta aussitôt :

— Je suis pas un satané baudet !

Mais Théa ne l’écoutait plus et s’approcha de sa nouvelle patiente. Elle lui tâta le bras, vérifia qu’il s’agissait bien d’une épaule luxée, et invita la femme à s’asseoir sur la neige pour la soigner. Celle-ci obéit, les dents serrées. À ses côtés, un homme s’agenouilla, son mari, sans doute, vu la panique dans ses yeux.

— Tenez-la bien, dit Théa. Ça va être douloureux, mais il ne faut pas qu’elle bouge.

Il hocha la tête, murmura à l’oreille de la blessée. Elle acquiesça, mâchoires crispées.

Théa s’agenouilla, glissa ses doigts sous l’aisselle, chercha l’angle.

Un. Deux…

Elle tira d’un coup sec. Un craquement. Un cri. Un écho déformé… le bras retomba, inerte, comme vidé de sa douleur.

— C’est fait. Ne bougez plus.

Elle fabriqua une écharpe de fortune avec le châle de la femme, puis conseilla à l’homme de lui trouver une couverture parmi les réserves que l’Inquisition avait emportées.

Théa se releva et reprit la route avec Sera sans prêter attention aux yeux surpris braqués sur elle.

 

 

Au bout d’une heure dans ce blizzard glacial, un autre convoi les rejoignit. Il s’agissait d’un groupe d’agents de l’Inquisition qui, selon ce que Théa entendait, avaient vu la flèche éclairante et décidé de les retrouver. Par chance, le convoi était muni de charrettes tractées par des brontos fatigués. Sans attendre, Cullen ordonna d’y allonger les blessés graves, ainsi que le matériel le plus lourd. Dorian monta avec eux pour prodiguer de nouveaux soins. Ses traits étaient tirés, le mage n’en pouvait plus.

— Tu devrais le rejoindre, proposa Sera.

Mais Théa secoua la tête. La charrette était déjà bien encombrée. Elle n’était pas Adan, ni mage ; ses soins n’avaient pas l’efficacité de la magie du Tevinter. Elle ne ferait que le ralentir.

Il leur fallut deux heures de plus avant que le commandant Cullen ne les autorise à monter un campement de fortune. Tous s’agitaient mollement, les épaules basses, le regard vide. Théa n’était pas différente. L’épuisement se lisait sur tous les visages. À ses côtés, Sera s’installa à même le sol et refusa de se relever, même lorsque Cassandra le lui demanda. Théa pensa l’imiter, mais en voyant les mages à bout de forces, elle décida de rester encore un moment active.

Elle fit le tour des blessés, porta quelques soins, changea des bandages, distribua des remèdes contre le froid et la fièvre, puis se pencha sur une jeune femme dont la respiration devenait laborieuse. Elle fouilla dans sa caisse de fioles, trouva une potion pour soulager et dégager les bronches. Elle s’agenouilla près d’elle, l’aida à boire, lui murmura que tout allait bien se passer.

La jeune femme lui sourit. Vingt ans ? Vingt-deux tout au plus. Si jeune, déjà membre d’une armée.

— Merci, souffla-t-elle, avant de fermer les yeux.

— Ne dormez pas tout de suite, je dois vérifier que votre cœur bat encore correctement.

Mais la soldate ne bougea pas. Théa attendit. Fronça les sourcils. Les doigts tremblants, elle chercha le pouls dans le cou.

Rien.

Elle appuya plus longuement. Se pencha pour écouter, pour sentir le souffle.

Rien.

Le cœur de l’herboriste s’emballa. Elle tenta encore, une fois, deux fois.

Rien.

Des images défilèrent. Garrant, fauché par les templiers. Le mort de l’infirmerie, les yeux ouverts sur rien. Darse, jonchée de corps, le sang mêlé à la neige. Minaeve, son dernier souffle arraché par la main d’un monstre dévoré par le lyrium rouge, et ensuite, l’explosion.

Adan.

Sa voix. Son dédain. Son rire. Son regard sévère.

Ses appels à l’aide. La détresse dans ses yeux. Ses supplications.

Elle ne l’avait pas sauvé.

Elle n’avait sauvé personne.

Théa se plia en deux, une main crispée sur sa poitrine où elle ressentit une brûlure vive, un déchirement brutal, comme si quelque chose s’arrachait en elle. Elle tenta de respirer, mais l’air ne venait plus. Juste ce cri qui montait, qui déchirait sa gorge. Elle l’étouffa d’une main, plaquée contre sa bouche, mais le son vibra quand même, rauque, brisé.

Elle resta là, agenouillée dans la neige, le corps secoué de sanglots, incapable de se relever. Elle pria le Créateur que cela cesse, que l’horreur disparaisse à jamais, qu’elle puisse retrouver une vie de paix. Mais au fond d’elle-même, elle se demanda si le Créateur ne les avait pas simplement abandonnés.


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