D'humains à cyborgs

Chapitre 8 : Manacle et Païpu

Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:00

Le ciel était noir comme l'ébène. Nato regardait à l'extérieur. Il prenait son petit déjeuner lorsque le Soleil s'était assombri soudainement. Il se rappela soudainement quelque chose. Lorsqu'il avait été ressuscité, ses enfants lui avaient dit que le ciel était devenu tout noir juste avant. Et si... ? Il prit précipitamment sa boîte à capsules hoipoi. Sans même s'habiller plus qu'avec sa robe de chambre, il se précipita dehors. Il sortit son plus rapide skycar et se dépêcha d'aller aux abords de la ville, vers le cimetière où Dona était enterrée.

 

Lorsqu'il arriva, le ciel était déjà redevenu normal. Il se dirigea vers la tombe de son épouse. Il aperçut de dos, deux silhouettes devant la tombe. Une jeune femme blonde avec une coupe au carré mi-longue. Un jeune homme aux cheveux noirs, coiffés de la même manière. Ils portaient tous les deux des jeans troués. Le garçon avait des bottes militaires noires recouvrant le bas de son pantalon et une veste beige. La fille était chaussée de bottes de cuir brun et habillée d'une veste en jeans, trouée. Cela faisait plus d'un an qu'il ne les avait plus revus, mais il les reconnut immédiatement, malgré la légère brume matinale. Ils se retournèrent, mais ne dirent rien, ne paraissant pas surpris de le voir. Il observa la tombe de son épouse. Elle était intacte. Ils commencèrent à marcher pour partir. Lorsqu'ils passèrent à côté de Nato, Nagant dit : « Ce n'était pas pour elle... »

 

Nato resta encore un court instant à observer la tombe de sa femme. Puis, il se tourna et dit :

« Cela fait plus d'un an que j'essaie de venir vous voir, mais vous refusez sans cesse. Cela va durer encore longtemps ? »

Ils ne répondirent rien et poursuivirent leurs pas sans se retourner.

« Je... Vous n'êtes pas obligés de me pardonner. Je ne vous le demande pas. Mais... Au moins... Reprenez les rênes de votre vie. Essayez de vivre ! De vivre vraiment ! Arrêtez de fuir ! Vous devez reprendre le goût de vivre ! »

Les jumeaux s'arrêtèrent. Mâron se retourna.

« Te pardonner ? Mais nous t'avons pardonné depuis longtemps. »

En entendant cela, Nato en fut très interloqué.

« Mais... Mais alors... Pourquoi une telle fuite ? Je... Je ne comprends... Vous gâchez votre vie. Et vous le savez très bien. Si ce n'est pas parce vous essayez de mettre de la distance entre nous, pourquoi le faites-vous ?

- Notre but n'est pas vraiment de mettre de la distance entre nous... » poursuivit la jeune fille. « Ce n'est qu'une conséquence de notre décision. »

 

Nato la regarda, d'un air interrogateur. Puis il se tourna vers Hazel, mais celui-ci ne lui portait aucune attention et il restait étrangement silencieux. Ce fut finalement sa fille qui expliqua :

« Nous ne voulons plus d'une vie de famille tranquille. Nous ne voulons pas d'une vie rangée, propre et pleine de "bonheur". Notre mère a disparu pour toujours de cette terre, de nos vies. Comment pourrions-nous poursuivre une vie bien tranquille, sans elle ? Vivre heureux, rire, savourer ce que nous offrirait cette vie agréable, poursuivre notre chemin égoïstement, alors qu'elle est dans cet endroit affreux au point de vous avoir irrémédiablement traumatisés, elle et toi. Affreux au point que tu n'as jamais voulu en parler. Nous sommes incapables de vivre normalement en sachant ça. Nous sommes incapables de l'oublier. On ne le veut pas. Ce serait comme accepter sa souffrance. Nous continuons à vivre car nous sommes trop lâches pour la rejoindre. Mais nous refusons de vivre normalement.

- Mais... Mais... Votre mère ne voudrait sûrement pas ça ! Elle voudrait que ces enfants vivent heureux... Elle... Elle... Vous... »

Les larmes lui montaient aux yeux. Sa fille demanda froidement :

« Sois honnête. Quand tu étais là-bas, as-tu pensé à nous ? À ce qu'on allait devenir ? »

Le père se tétanisa. Il détourna le regard et ne dit rien. Mâron sourit tristement, Hazel avait la même expression, mais ne détourna pas ses yeux du vide. La jeune femme conclut :

« Dis à Soy et à ses parents que nous avons été heureux de les connaître, mais que nous ne nous reverrons plus. Et je t'en prie, ne perds plus ton énergie à essayer de nous voir. Nous ne reviendrons pas sur notre décision. Adieu... Papa... »

Nato tourna sa tête vers sa fille quand elle dit le mot "papa". C'était la première fois depuis longtemps qu'elle l'appelait ainsi. Mais il sentait que ce mot signifiait la fin. Il regarda ses deux enfants s'éloigner, puis disparaître dans le brouillard. Il resta planté là, des larmes coulaient sur son visage. C'était bel et bien fini.

 

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« Zut ! »

Le vieil homme jeta un outil assez complexe à terre. C'était le neuvième. Le neuvième sujet qui mourrait sur la table d'opération, ne supportant pas les implants.

« Bon sang ! Je n'avais pourtant pas eu tous ces problèmes avec N°8... Il est vrai que sa technologie était complètement différente... Et je n'essayais pas d'insérer des données dans son cerveau. Mais dans ce cas-ci, non seulement il faut que les cyborgs aient toutes les données sur Gokû et ses amis, mais il faut aussi améliorer l'acuité de leurs cerveaux... Et remplacer le cerveau entier par un appareil est exclu. Il est indispensable pour que la fusion fonctionne correctement. »

 

Depuis qu'il avait pensé à la conception de Cell, comme il avait appelé sa nouvelle créature, un problème de taille était survenu. Il s'était rendu compte que si son monstre en projet pouvait avoir l'avantage, par rapport à ses androïdes, d'une plus grande évolutivité et d'une meilleure adaptabilité, en plus de pouvoir prendre Son Gokû et ses amis par surprise en utilisant leurs techniques, il manquait cependant de puissance. En effet, il n'aurait disposé que de la force que les gènes lui conféraient. Or, cette puissance n'aurait été que très peu supérieure à celle de ceux qu'il devrait affronter. Et il aurait donc été possible qu'ils deviennent assez forts pour le vaincre, grâce à leur entraînement. En particulier, car Cell allait mettre du temps à arriver à maturité. Il obtint confirmation de ce qu'il redoutait en observant l'entraînement de Piccolo en prévision de l'arrivée des Saiyans. Celui-ci avait multiplié sa force par trois, en à peine six mois. Lorsque Gero vit Kulilin et tous les autres redescendre du Palais de Dieu, cet endroit que son robot-espion ne pouvait atteindre, ce fut le coup de grâce. Il avait alors mesuré leurs nouvelles forces, et il s'était rendu compte avec dépit que sa créature aurait du mal à vaincre ne serait-ce que Chaozu.

 

Il avait alors réfléchi à un autre moyen d'augmenter la puissance de Cell. Biensûr, il disposait de nouveaux gènes, et ceux des Saiyans seraient sûrement récoltés aussi. Mais il savait que cela ne ferait que repousser le problème, car Gokû et ses amis ne manqueraient pas de progresser encore. Il avait longtemps planché sur ce problème, sans trouver de solution.

 

Un moment, il s'était même résolu à abandonner ce projet. Après tout, il avait amélioré ses anciens androïdes. Il n'avait pas réussi à changer l'attitude de N°16, mais il avait, en revanche, amélioré l'alimentation énergétique des autres. Il n'avait pas pu leur mettre l'une des deux autres seules batteries à énergie infinie qu'il avait conçues, leur fabrication était très coûteuse et elles étaient inadaptées aux circuits des autres androïdes. Mais il leur avait installé un système d'absorption d'énergie des êtres vivants. Ce système avait tout de même le défaut de demander de tuer beaucoup de créatures pour remplir complètement la batterie, ce qui rendait la charge difficile, mais il avait au moins augmenté l'autonomie des androïdes N°9 à N°15. Peut-être devait-il se résoudre à envoyer ces machines imparfaites pour réaliser son rêve. Puis, il lui vint l'idée de donner une imitation biologique de cette capacité à Cell. Il aurait ainsi pu améliorer son niveau en absorbant d'autres êtres vivants. Cependant, le Dr. Gero n'en était toujours pas satisfait.

 

Il étudia un moyen de placer l'une de ses batteries d'énergie infinie sur son monstre, mais il était bloqué, ne voyant pas comment il pourrait correctement intégrer cet appareil dans un être vivant. Il aurait pu le cybernétiser, mais cela n'aurait alors plus eu aucun intérêt de fabriquer une telle créature. C'est alors que lui vint l'idée de fabriquer deux cyborgs portant cette batterie. Les cyborgs ayant une base humaine, Cell aurait pu les absorber. Mais il fallait que cette absorption se fasse d'une manière un peu différente de l'absorption classique. Une absorption par fusion, lui semblait appropriée. Il étudia la question et se rendit compte que c'était tout à fait dans ses cordes.

 

Il kidnappa alors quelques personnes de Kita no Miyako. Mais malheureusement, il constata que le type de technologie qu'il utilisait nécessitait des humains bien plus résistants que pour la technologie qu'il avait utilisée sur N°8. Il avait ainsi perdu neuf sujets. Il lui fallait des sujets sains, jeunes, mais apparemment il fallait aussi qu'ils soient particulièrement robustes. Il avait un instant songé à utiliser deux amis de Gokû, Kulilin et Yamcha. Mais il préférait les tuer, et leur disparition lui aurait fait courir un gros risque, car la cybernétisation demanderait du temps. Cela faisait près d'un an qu'il était sur ce projet et que celui-ci piétinait.

 

Il se leva et tapa sur son ordinateur, il programma son robot-espion pour chercher des sujets idéaux. De toute manière, le combat contre les Saiyans était fini. Son Gohan, Kulilin et Bulma étaient partis sur la planète Namekk et Son Gokû était à l'hôpital, il ne se passait donc rien de bien intéressant de leur côté. Il espérait qu'il finirait par trouver les sujets qu'il lui fallait.

« N°11, débarrasse-moi de ce macchabée inutile ! Incinère-le avec les autres ! »

 

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Soy regardait la télévision dans son salon. Une journaliste parlait. Il était dimanche, le 15 novembre. Cela faisait deux semaines que sa famille et lui n'avaient plus de nouvelles des jumeaux. Ils ne passaient plus au magasin, et quand l'enfant tentait de les appeler sur leurs portables, ils ne répondaient pas. Quant à M. Nuss, ils n'avaient plus vraiment parlé avec lui depuis à peu près le même temps, ils l'avaient croisé une ou deux fois dans le bâtiment. Ils lui avaient trouvé une mine abattue. Les parents de Soy, s'inquiétant, avaient tenté d'aller le voir chez lui, mais personne n'avait ouvert et ils n'avaient entendu aucun bruit. Personne ne savait vraiment ce qui se passait, et ils étaient inquiets, mais ils ne pouvaient qu'attendre que M. Nuss vienne leur parler.

 

« Toujours pas d'explications sur ce qui a pu arriver à Higashi no Miyako, qui a été ravagée par une mystérieuse catastrophe, il y a maintenant treize jours. Rappelons que le seul indice qui avait pu être trouvé, ce qui semblait être un vaisseau spatial aux vues des premières suppositions des scientifiques, a soudainement explosé le lendemain même de sa découverte dans ce qui restait de la ville. Actuellement, les scientifiques pensent qu'un signal a été envoyé pour qu'il explose. Mais quelle était la nature du signal ? Et d'où provenait-il ? Mais surtout qui l'a envoyé ? Et pourquoi ? Nous en sommes réduits à de pures spéculations. Revoyons les images de l'explosion. « Selon nos sources, l'objet retrouvé dans les décombres de Higashi no Miyako serait un engin spatial... Nous attendons confirmation... Il y en avait deux quand nous avons retrouvé celui-ci, mais l'autre est soudainement parti... Les scientifiques sont toujours en train de... 'BOUM !' Mais... ! Que se passe-t-il ? L'objet a soudainement explosé ! Il ne reste plus qu'un tas de gravats... ! » »

 

L'enfant regardait sans grand intérêt ces informations. Quand il avait entendu ça pour la première fois, il avait été fasciné et en même temps effrayé. Il avait tout de suite voulu en parler à Mâron et Hazel, savoir ce qu'ils en pensaient. Mais ils ne venaient plus le voir depuis un moment, et il en était attristé. Il se demandait s'il avait fait quelque chose pour qu'ils se fâchent. Finalement, il éteignit la télévision. Il avait besoin de sortir se changer les idées. Il irait au parc et peut-être y verrait-il des copains de son âge. Il alla dans la cuisine avertir son père qu'il sortait. Celui-ci préparait le repas, ce jour-là.

« Très bien. Mais reviens à temps pour le repas. Il sera probablement prêt vers midi et demi. Donc, tu reviens un peu avant, pour mettre la table. Et puis, sois prudent, le quartier est peut-être un peu plus calme depuis quelques temps, mais quand même. Va dire au revoir à maman. »

 

Le petit rouquin se dirigea vers la chambre de ses parents où sa mère faisait les comptes du magasin et lui dit au revoir. Elle donna aussi sa petite recommandation. Il mit un gilet noir par-dessus son pull vert et sortit. Il prit son vélo et se dirigea vers le parc, mais finalement changea d'avis et décida d'aller au centre ville. Peut-être y croiserait-il Mâron et Hazel. Il stoppa soudainement. Il hésitait encore un peu, ayant peur d'arriver en retard pour le dîner, mais finalement l'envie de revoir les jumeaux était trop grande. Il pédala à toute allure en direction du centre. À vélo, il pouvait prendre des chemins étroits pour arriver plus vite. Au bout d'un certain temps, il s'arrêta au coin d'une ruelle assez vide, essoufflé et réfléchissant au chemin à prendre. Il n'était pas perdu, mais il n'avait pas l'habitude de se déplacer en ville et il avait besoin de réfléchir pour se repérer. Lorsqu'il décida du chemin à suivre, une voix retentit.

« Eh ! Attends gamin ! »

Il se retourna et vit une jeune femme pâle aux cheveux violets et hirsutes, et deux hommes chauves aux mines patibulaires. Soy ne les avait pas vus et il aurait préféré que cela restât ainsi.

« Qu'est-ce qu'il y a, Hammer ? Tu connais ce gosse ?

- Hé ! Hé ! Regarde-le bien, Lemon. Tu te souviens que nous avons vu les deux enfoirés de chefs de ces satanés Rifles avec un gosse ?

- Oh ! C'est lui ? Tu en es sure ?

- Oui, Dogfish. Je les ai vus une autre fois avec lui, d'un peu plus près. C'est bien ce petit rouquin. Comment pensez-vous que White nous récompenserait si nous lui ramenions, les mains liées, ces petits merdeux de Nagant et Mosin ?

- Ho ! Ho ! Ho ! Je vois où tu veux en venir... »

Comprenant que rien de bon ne l'attendait, Soy allait commencer à pédaler à toute vitesse, mais la fille le retint par le poignet et, le tirant vers elle, le désarçonna de son vélo.

« Atteeends... Ne pars pas comme ça... ! On va faire un peu plus ample connaissance... ! T'es le petit frère de Mosin et Nagant ? Hé ! Hé ! Hé ! Je sens que tu vas nous être bien utile... »

Le garçon déglutit.

 

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Nagant tira dans le genou de l'un des membres des Red Sharks qui tentait de s'enfuir. L'homme se mit à hurler. Le tireur ne réagit pas, se contentant de passer sa main dans ses longs cheveux, noirs, lui arrivant juste au-desssus des épaules. Puis, il soupira, rangeant son arme dans sa veste de cuir brun, qui couvrait un pull noir aussi stylistiquement troué que son jeans.

« Je vous avais pourtant prévenus... Ce n'est pas parce que les Rifles ne tuent plus, qu'ils ne blessent plus. Tu ne pourras probablement plus jamais marcher normalement. Et puis, si l'on doit choisir entre vos vies et les nôtres, le choix sera vite fait. »

Un autre Red Shark intervint.

« Mais bon sang ! C'est quoi ces manières d'agir !? Les gangs n'ont jamais été tendres entre eux, mais normalement, ils ne passent pas non plus leur temps à se voler les uns les autres, s'ils ne visent pas le même marché ! Vous, vous ne faîtes qu'attaquer les autres gangs et les provoquer pour leur piquer leurs marchandises et leur fric ! On dirait que vous ne visez que ça !

- T'as tout compris ! »

 

La dizaine de Rifles qui accompagnait Nagant se mit à ricaner. Quand les jumeaux avaient annoncé à leur gang qu'ils allaient renoncer à toute activité autre que la guerre de gang, mais que la règle de non-tuerie restait de rigueur, ce fut un vrai tollé. Le frère et la sœur savaient que c'était un pari risqué qui pourrait non seulement leur coûter leurs postes de chefs, mais aussi leur vie. Heureusement, ils avaient pu compter sur Barett, l'ancienne cheffe, pour calmer le jeu, un moment. Mais s'ils voulaient pouvoir tenir ce rôle, il fallait convaincre les Rifles qu'il y avait tout à y gagner. Il y avait plusieurs gangs dans les quartiers de Kita no Miyako qu'ils occupaient, mais les deux plus puissants étaient sans conteste les Rifles et les Red Sharks. Les Red Sharks étaient inattaquables dans les circonstances telles qu'elles étaient lorsque les jumeaux avaient pris leur décision. Ils avaient donc commencé par s'attaquer aux petits gangs, en s'appropriant d'abord leur réserves d'armes. Utilisant les connaissances de Barett pour jouer sur les rivalités de gangs et trouver leurs points faibles, ainsi que des informateurs adéquats, et enfin grâce aux capacités de combat et de meneurs de leurs deux chefs, les Rifles finirent par prendre l'ascendant sur les autres gangs en très peu de temps. Leur pouvoir sur la ville montait. Ils pouvaient à présent même se permettre d'attaquer les Red Sharks.

 

Étonnamment, le fait qu'ils évitassent le meurtre leur donnait un avantage. En effet, les Rifles ne tuaient pas de sang froid, mais ils blessaient sans hésiter, et surtout, les jumeaux avaient réussi à faire circuler la rumeur qu'ils pouvaient tuer ceux qui osaient répliquer à une attaque. Donc, même si les chefs de gang les plus avisés se rendaient compte qu'ils bluffaient, ils savaient qu'ils ne pouvaient pas envoyer leurs sbires dans une expédition punitive. Leurs sbires savaient que lors d'une attaque des Rifles, ils ne risquaient pas grand chose, en revanche, ils avaient peur des conséquences, si c'était eux qui attaquaient en premier. Ainsi, ils étaient devenus plus enclins à se laisser faire, quitte à s'humilier, plutôt que de se défendre et risquer des blessures cruelles ou pire. De plus, le deuxième avantage était que même si la position officielle de la police était qu'elle surveillait leurs activités avec sévérité, les arrestations de Rifles étaient devenues assez rares, les policiers préférant se concentrer sur des gangs plus agressifs et d'autres organisations criminelles. Le gang avait en effet arrêté le meurtre et le trafic de drogue, leurs activités se limitant aux attaques d'autres gangs, au trafic de capsules hoipoi et à la contrebande en tout genre. En revanche, la police des quartiers plus aisés où les Rifles avaient augmenté leurs activités de braquages était moins conciliante et elle ne supportait pas l'indulgence avec laquelle les policiers de la région de la base du gang les traitaient. C'en était au point que les polices des deux quartiers s'en faisaient presque la guerre.

 

Pour toutes ces raisons, les Rifles étaient devenus très craints, et chacun de ses membres avait fini par avoir confiance en leurs chefs. Surtout que leurs guerres de gangs avaient coûté la vie à très peu de monde, que ce soit du côté de leurs ennemis ou du leur. Ainsi, ce jour-là, ils avaient encore attaqué les Red Sharks dans un de leurs entrepôts, où ils stockaient leurs réserves de capsules hoipoi et où ils raffinaient leur drogue.

 

« Bien, je crois qu'on a tout. Allons-y !

- Bien, chef ! »

Ils entendirent soudainement la sirène de la police au loin. Vu qu'ils étaient dans une région industrielle abandonnée, ils ne pouvaient venir que pour eux.

« Zut ! Ces idiots s'étaient fait repérer ! Il faut qu'on file ! Bon ! Vous y allez. Je vais m'occuper de détruire leurs installations et toute leur poudre. Il faut finir les choses comme qu'il faut !

- Mais chef... !

- Ne discutez pas ! Ce sera vite fait ! Ces choses-là prennent vite feu. »

 

Les Rifles ne discutèrent plus, sortirent divers véhicules de leurs capsules et filèrent. Quant à Nagant, il ouvrit la porte de l'entrepôt et vida un bidon d'essence pour que le feu parte bien, s'assurant qu'il coule jusqu'à la marchandise. Il chassa un peu plus loin les Red Sharks pour qu'ils ne soient pas touchés par l'explosion. Ceux-ci, ligotés comme ils étaient, se déplacèrent tant bien que mal en traînant le blessé comme ils pouvaient. Nagant sortit, prit une arme et visa l'essence au sol. Celle-ci s'enflamma, il s'éloigna et l'entrepôt s'embrasa tout à fait. Les véhicules de police devenaient visibles. Le chef de gang sortit un skycar d'une capsule qu'il venait de prendre aux Red Sharks, sauta dedans, démarra et rien ne se passa. Il regarda les divers compteurs et tout avait l'air de bien aller. Comme le skycar ne voulait pas démarrer malgré tout, il descendit, sortit sa boîte à capsule, l'ouvrit et la police arriva, l'encercla et déjà tous le pointaient de leurs pistolets.

« Hmm... Mince. »

 

Il leva les mains comme les policiers les braquaient lui et la dizaine de Red Sharks ligotés. Un policier vint le menotter. Ils avaient tous l'air étonné de voir tous ces Red Sharks attachés, avec Nagant qui était seul libre. Mais surtout, ils se demandaient ce qui était arrivé à l'entrepôt. À toutes leurs questions, le frère de Mosin répondit par son sarcasme habituel, ce qui lui valut d'être un peu secoué. Il allait être mis dans une voiture de police, lorsqu'une femme intervint.

« Attendez. Je vais l'emmener moi-même au poste. »

Nagant fut intrigué. Il inspecta la policière. Plutôt corpulente, bien que petite, la quarantaine, la peau noire, les cheveux frisés attachés en queue de cheval, de grands yeux très expressifs, Hazel la reconnut tout de suite, mais ne dit rien.

« Tu es sure ?

- Oui, vous n'avez qu'à vous occuper de la fouille du secteur.

- Bien. »

La femme prit le garçon par le bras, puis le fit monter dans la voiture.

 

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Ils roulaient depuis cinq minutes. Elle n'avait pas l'air pressée de l'emmener au poste. Finalement, il lui demanda.

« Où est l'agente Païpu ? »

Manacle reste un instant silencieuse, puis répondit :

« Elle est décédée. Il y a deux mois. »

 

Hazel qui regardait à travers la vitre jusqu'alors, se tourna vers elle, choqué, mais sans le paraître. Cela faisait déjà plusieurs années, mais le souvenir de ces deux policières qui avaient tenté de les réconforter lui et sa sœur, à la mort de leur mère, était resté vif. Il se souvenait très bien des cheveux noirs d'ébène de l'agente Païpu, accordés avec la couleur de ses yeux en amande et en contraste avec son teint pâle. Elle semblait fluette, mais il se souvenait que quand elle leur apportait son soutien, elle avait l'air d'avoir une grande force.

 

« Comment ?

- Tuée lors d'une patrouille, par le chef des Red Sharks. Un certain White. »

Hazel serra les poings

« Et pourquoi ne l'arrêtez-vous pas ?

- Pas assez de preuves. »

Elle sourit amèrement.

« Tu voudrais que j'arrête ton chef ?

- Je ne suis pas un Red Shark.

- Alors que faisais-tu là-bas ?

- Les autres étaient ligotés. C'est pas pour rien. Je suis venu leur prendre leur marchandise intéressante et brûler le reste.

- Hein ? Ça me dit quelque chose, ce genre de comportement. Ne me dis pas que tu es un Rifle ?

- Je suis l'un de leurs deux chefs. »

L'agente de police parut surprise.

« Pourquoi es-tu resté là ? Tu aurais pu partir plus vite. Nous nous sommes dépêchés, car nous avons vu qu'il y avait trop d'agitation. Nous pensions qu'ils nous avaient repérés et voulions intervenir avant qu'ils ne fuient. Mais ce n'était pas ton entrepôt, tu n'avais aucune preuve à effacer.

- Je voulais détruire leur saleté.

- Nous l'aurions fait.

- Pas tout. Tous les policiers ne sont pas aussi honnêtes que vous.

- Tu joues les justiciers ?

- Keuf ! Ne soyez pas si naïve ! Vous allez bientôt me dire que l'on redistribue aux pauvres l'argent qu'on vole ! Nous ne dealons pas, la drogue ne nous servirait à rien, mais la détruire affaiblit les Red Sharks, car ils y mettent beaucoup d'argent.

- Si ce n'était que ça, tu aurais pu laisser la police la récupérer, cela ne changerait rien pour toi. »

Il ne répondit rien. Elle sourit.

 

« Vous voulez la venger ? »

Cette question de Nagant brisa le court silence.

« Pardon ?

- Si la police ne le peut pas. Mon gang peut s'occuper des Red Sharks et de ce White.

- Désolée. Mais je ne veux pas que plus de sang soit versé.

- Les Rifles ne tuent pas de sang froid. En revanche, nous pourrions grandement affaiblir les capacités d'action du gang. Et nous pouvons aussi faire en sorte que ce White ne soit plus jamais en état de faire quoi que ce soit à qui que ce soit.

- Tu as l'air sérieux... »

Nagant ne répondit rien. Manacle regarda une dernière fois dans son rétroviseur. Voyant l'expression sérieuse et déterminée de son passager, elle stoppa le véhicule, sortit de sa voiture, ouvrit la portière arrière, en fit sortir le jeune homme et le démenotta.

« Puis-je avoir un véhicule ? »

Manacle prit une capsule et une moto-jet en sortit. Le garçon aux cheveux noirs grimpa dessus.

« Ne me donne pas tort. ... J'essaierai de trouver une bonne excuse pour ta fuite. »

Il lui sourit et décolla.

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