D'humains à cyborgs

Chapitre 12 : Le docteur Gero

Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 16:06

Mâron entrouvrit les yeux. Elle les referma immédiatement, éblouie. Elle avait un peu mal à la tête. Elle mit la main sur sa nuque endolorie et la massa. Elle se mit difficilement à quatre pattes. Elle gémit faiblement. Elle tenta de rouvrir les paupières. Sa tête tournée vers le sol, la lumière la gênait moins. Le sol était gris roche. En fait, il avait l'air d'être en roche. Mais il était incroyablement lisse et propre. Elle entendait des bruits électroniques. Ses yeux commençaient à s'habituer à la clarté. Elle put voir des ombres par terre, une silhouette humaine et ce qui semblait être des barreaux de prison. Elle leva la tête, mais mit aussitôt sa main gauche sur le front, se protégeant d'une lumière qui ne semblait pas être celle du Soleil. Elle put discerner au moins deux silhouettes humaines qui se découpaient dans cette grande clarté. L'une d'elle était penchée sur quelque chose de massif. Cette dernière sembla bouger.

 

« Ooohh... N°18, tu es réveillée ? »

C'était la voix d'un homme, d'un homme plutôt âgé.

« Num... N°18... ? » balbutia la jeune femme.

L'homme avait ricané avant de reprendre des activités qu'elle ne parvenait toujours pas identifier, ses pupilles étant encore trop dilatées. Elle mit un certain temps à comprendre que c'était à elle que s'adressait ce "N°18".

« Je... Je ne suis pas N°18. Je suis Mâ... »

 

Elle s'interrompit. Elle avait renoncé à ce nom, mais Mosin ne convenait plus vraiment non plus. Les Rifles n'étaient plus. Ils l'avaient même trahie. Comment conserver un nom qu'elle avait pris pour eux ? L'homme se retourna encore. Cette fois-ci, il se rapprocha. Elle jeta un œil à l'autre personne qui était à côté des barreaux. Elle pouvait mieux le voir. Il était grand, blond et portait la même tenue que N°9 et N°10. Elle se reconcentra sur l'homme qui avançait vers elle. Elle se leva, s'approchant des barreaux. Elle put voir son visage, ses iris étaient plus contractés et il était plus proche. Un vieillard, comme elle le pensait. Des yeux oranges, le visage sillonné de rides, cheveux gris décoiffés tombant sur les épaules, moustache de la même couleur. Il avait un regard cruel, presque dérangé, et un sourire sardonique.

 

« C'est vrai. Tu n'es pas encore N°18. Mais cela ne tardera pas. Alors autant t'appeler déjà comme ça. »

Elle ne comprenait pas ce qu'il voulait dire par là.

« Vous... Vous êtes de l'Armée du Red Ribbon... ?

- Vous êtes intelligents pour avoir compris ça tout seuls. Oui, je suis le Dr. Gero de la défunte Armée du Red Ribbon. »

Il ne paraissait pas étonné qu'elle puisse savoir ça.

« Qu'est-ce que vous nous voulez ? On n'a jamais eu à faire à vous... » Elle réalisa soudainement. « Où... Où est mon frère... ?

- Ton frère ? Il est là, voyons. »

 

Il s'écarta. Elle porta son regard vers l'endroit d'où elle l'avait vu venir. La masse informe qu'elle ne pouvait pas identifier auparavant, par manque d'habituation à la clarté, elle pouvait à présent parfaitement voir ce que c'était. Une table d'opération qui était relié à toutes sortes de câbles électriques, des appareils électroniques complexes posés à côté. Sur cette table, Hazel, son frère, était nu. Toutes sortes de fils lui étaient connectées. Des traits noirs parcouraient son corps, comme s'il s'agissait de parties à couper. Il avait ses yeux ouverts mais fixes. Il ne bougeait pas. Mais ce qui choqua le plus la jeune femme fut son avant-bras gauche. La peau en avait été écartelée, et ses muscles étaient à vif, des sortes de composés électroniques semblaient être implantés dessus. Elle écarquilla les yeux, révulsée. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Soudainement, elle éclata. Elle se précipita contre les barreaux de sa cage, s'y agrippant. Le choc fut si violent, que les barreaux vibrèrent. Le vieillard s'écarta rapidement, un peu effrayé d'une telle vivacité. Elle se mit à hurler, le visage collé aux barreaux, qu'elle secouait toujours !

 

« Hazeeeel !! Enfoirééé !! Assassin !! Qu'est-ce que tu as fait à mon frèèère ?!? Je vais te tuer ! Je vais te tueeer !!!! Hazeeeel !!!!

- Hazel ? Il n'y a aucun Hazel, ici. Ce que tu vois là, c'est N°17.

- La ferme !!! Enflure !! Je te tuerai !! Hazeeel ! »

Elle se calma, en entendant un gémissement. Elle regarda son frère. C'était bien lui qui émettait ce son. Il était... vivant... ?

« Qu... Qu'est-ce que tu lui as fait... ?

- Fu ! Fu ! Fu ! Je suis en train de lui donner un immense pouvoir. Et ce sera bientôt ton tour. Vous pouvez me remercier de vous avoir élus. Vous serez bientôt les créatures les plus puissantes de l'univers, N°17 et toi, N°18. »

Elle commençait à vaguement comprendre. N°17. N°18. N°9. N°10.

« Tu... Tu veux que l'on devienne tes soldats. Comme N°9, N°10 et l'autre...

- Vos pouvoirs iront bien au-delà de ceux de ces boîtes de conserve.

- B... Boîte de conserve... ? »

Qu'il appelle des monstres pareils "boîtes de conserve", la décontenança.

 

« Mais pourquoi... ? Et pourquoi... nous... ? »

Le visage du vieillard se durcit.

« La vengeance ! Je veux me venger de Son Gokû qui a anéanti les rêves du Commandant-en-Chef Red ! Et les miens avec ! Et je veux que vous soyez l'instrument de cette vengeance ! Je veux lui envoyer des adversaires qu'il ne pourra jamais vaincre ! Je veux le mettre plus bas que terre avant de l'éliminer pour de bon. Et vous, vous allez m'y aider. Vous serez les plus puissants cyborgs que... Oh ! Et puis, pourquoi je te raconte tout ça... ? De toute façon, tu le sauras bientôt...

- On a rien à voir avec ce "Son Gokû" ou ce "Commandant-en-Chef Red" ! Relâchez-nous, espèce de malade ! On se fiche de vos histoires ! Nous n'avions jamais entendu parlé du Red Ribbon avant ça ! On ne sera jamais vos marionnettes !

- Oh, si, vous le serez ! Je briserai votre volonté ! J'ai ce qu'il faut... Fu ! Fu ! Fu ! Je vous ai choisis, car vous êtes des experts en arts martiaux exceptionnels, et qu'après plusieurs essais j'en suis arrivé à la conclusion que seul la force physique et mentale d'experts de haut niveau pouvait donner de grandes chances de survie à la cybernétisation. Car pour vous implanter les circuits électroniques qui amélioreront vos capacités musculaires et nerveuses, vous devez être conscients. »

Mâron se figea et fixa son frère.

« Tu... Tu veux dire qu'il...

- Il est conscient, oui. Je lui ai fait respirer un gaz paralysant. Ce que je lui fais en ce moment nécessite qu'il soit conscient, pour que je sois sûr que toutes les connexions réagissent. »

 

Elle écarquilla les yeux. Tandis qu'elle regardait le corps inerte de son frère aux yeux grands ouverts, la jeune femme sentit une sourde colère monter en elle. Elle sourit machiavéliquement.

« Tu es un idiot. Tu l'as dit toi-même, tu nous as choisis entre autres pour notre force mentale d'experts en arts martiaux. Tu crois que nous nous soumettrons aussi facilement à ta volonté... ? » Elle cessa de sourire et lui lança un regard plein d'une haine froide. « Quand tu auras fini de nous faire subir ces choses, nous te tuerons. »

Le Dr. Gero déglutit. Il n'y avait pas à dire, elle était intimidante pour une si petite carrure. Mais il se ressaisit et sourit maléfiquement.

« Je soumettrai cette force à ma propre volonté, N°18.

- Je ne m'appelle pas N°18 ! Je m'appelle Mâron !

- Excuse-moi, mais je vais reprendre la transformation de N°17.

- Il n'y aucun N°17, ici !! »

 

Gero sourit sardoniquement. Il reprit ses outils et recommença ses opérations sur Hazel. Mâron se mit à secouer les barreaux.

« Je... Je ne te laisserai pas faire ! »

Elle se recula, sauta et donna un grand coup de pied aux barreaux, qui vibrèrent violemment. Gero se retourna.

« Cela ne sert à rien. Cette cage est faite dans un alliage de métal très souple, mais quasiment incassable. Il n'existe qu'un très petit nombre d'êtres humains capables de les briser, je les connais tous, et tu n'en fais pas partie.

- La ferme !! »

Elle se remit à donner des coups de pieds de toutes ses forces.

« Fais comme tu veux. »

 

Il se reconcentra sur son travail, tandis que Mâron continuait de se battre avec sa cage. Au bout d'un moment, elle se mit à souffler. Ses jambes étaient endolories, et elle sentait le sang couler sur ses jambes, sous son pantalon noir. Cependant, elle se remit à frapper avec d'autant plus de vigueur tout en criant.

« Ça suffit ! Tu me déconcentres ! Et je ne veux pas que tu sois trop abîmée ! N°11 ! Calme-la ! »

L'homme à côté de la prison de la jeune fille, bougea pour la première fois. Avant qu'elle n'ait eu le temps de réagir, il l'avait déjà attrapée par le cou à travers les barreaux. Elle tenta de se débattre, mais elle sentit sa force la quitter et elle s'affaiblit de plus en plus, jusqu'à ne plus avoir la force de se débattre.

« Arrête, N°11. Elle doit rester vivante. »

L'androïde la lâcha. S'écroulant à terre, elle tenta de se relever, en vain.

 

« Maintenant, reste tranquille, N°18.

- Je ne... ne suis pas... Num... N°18... Mon nom... Mon nom est Mâron... ! » tenta-t-elle de hurler.

« À quoi bon vouloir garder l'identité que vous a donnée un homme qui vous a trahis ? Tu ne seras plus Mâron, mais N°18, l'une des deux plus puissantes créatures de l'univers. Et ce sera grâce à moi. Maintenant, c'est moi votre père. Et si vous me donnez ma vengeance, je saurais vous récompenser. Sois reconnaissante de la puissance que je vais te donner.

- Va... Va te faire foutre... » dit-elle faiblement. « Tu n'es... Tu n'es pas notre père... N... Notre père est Nato et il ne nous a pas trahis.

- Ah oui ? Dans ce cas, comment vous ai-je retrouvés ? » Le savant sourit sardoniquement.

Après un moment de silence choqué, Mâron répliqua : « Tu... Tu mens...

- Je mens, hein ? Pourtant, j'ai de jolies images qui le prouvent. Je vous les montrerais en temps et en heure. C'est quelque chose de voir ton soi-disant père supplier pour sa vie en tremblant comme une feuille. C'était vraiment pathétique. Votre "père" était un lâche, pour qui sa vie avait plus d'importance que celles de ses propres enfants. Il n'a même pas réagi quand un gamin roux en béquilles qui était venu l'aider, a été tué par N°12. Et pourtant, ils avaient l'air de se connaître...

- S... Soy... » souffla faiblement Mâron. « N... Non...

- Mais ne t'en fais pas. N°12 a quand même tué ce lâche. Et puis, maintenant, vous m'avez moi, votre père et maître. La seule personne pour qui N°17 et toi avez encore la moindre importance. Hazel et Mâron n'existent plus. Nagant et Mosin, non plus. Ce n'étaient que des pitoyables humains que tout le monde oubliera bien vite, comme Nato l'a lui-même fait au moment de sa mort. Il n'y a plus que N°17 et N°18, deux cyborgs bientôt surpuissantes, que personne ne pourra oublier lorsque vous accomplirez ma vengeance. »

Mâron n'eut pas la force de répondre. Elle se mit à pleurer à chaudes larmes, en silence. Puis, fermant doucement les yeux, elle sombra dans l'inconscience. Gero retourna vers N°17. Il allait recommencer son opération. Lorsqu'il regarda les yeux du jeune homme, malgré son regard fixe, le docteur put y percevoir une grande rage. D'abord légèrement décontenancé, ce dernier sourit et se remit au travail.

 

Il savait exactement ce qu'il devait faire. Dans sa première tentative, il avait voulu faire comme avec N°8, remplacer certains organes, muscles et os par des mécaniques. Mais il s'était rendu compte qu'à leur niveau, il devait presque tout changer, et la fusion avec Cell devenait alors très difficile. Il avait alors eu l'idée de ces mini-circuits et des puces électroniques qui renforceraient la résistance et les capacités de l'organisme de ses sujets. Cela avait pris du temps de mettre tout cela au point, mais il y était finalement parvenu. Il avait commencé par renforcer les organes internes, puis il avait injecté des puces nanoscopiques dans les os de ses sujets, et enfin, il avait essayé d'améliorer les capacités musculaires et nerveuses. C'était à ce moment-là qu'étaient survenus les problèmes, contre toute attente. Les organes semblaient plus difficiles à renforcer, mais les sujets pouvaient rester endormis durant cette phase. Ce n'était cependant pas le cas pour les muscles et les nerfs superficiels qui nécessitaient de mesurer l'activité encéphalogrammique pour s'assurer de leur fonctionnalité. La plupart des sujets ne résistaient pas à un tel traitement et succombaient à une attaque cérébrale ou cardiaque. Il n'avait jamais pu arriver jusqu'aux implantations des puces cérébrales.

 

Il s'était alors rendu compte qu'il lui fallait des êtres particulièrement résistants. Mais ce n'était pas suffisant. Il décida donc de commencer par renforcer les membres avant toute chose et d'y aller étape par étape. Si N°17 et N°18 survivaient à cette première phase, il s'occuperait des organes puis des os du tronc. De plus, s'ils avaient résisté à la première étape, il y avait peu de chances qu'ils succombent à la deuxième phase d'amélioration de leurs muscles et nerfs, ceux du tronc et de la tête. Cette fois-ci, contrairement à N°8, qui après son opération avait finalement plus ressemblé à un monstre qu'au charmant petit paysan qu'il avait alors kidnappé, il voulait faire attention à l'esthétique et il avait donc mis au point une technique chirurgicale qui lui permettrait de ne laisser aucune trace. Ainsi N°17 et N°18 resteraient physiquement les mêmes qu'avant leur transformation.

 

Il pourrait ensuite passer à la phase cérébrale. Il devait leur permettre de suivre les mouvements rapides qu'ils exécuteraient, leur intégrer des puces contenant des informations sur leurs ennemis, et sur leurs techniques de combat, ainsi que programmer leurs propres capacités martiales, mais il devait avant tout briser leur personnalité. Il voulait qu'ils lui obéissent au doigt et à œil. Pas comme cet ingrat de N°8, qui vivait maintenant paisiblement au village Jingle. Il s'occuperait peut-être de lui, une fois que le compte de Gokû et ses amis serait réglé. Mais pour l'instant, il avait d'autres chats à fouetter.

 

Au bout de quelques heures de travail sur N°17, il avait enfin fini de s'occuper de son bras gauche. Le sujet avait l'air de plutôt bien tenir le choc et les implants avaient l'air de fonctionner à merveille. Le cardiogramme indiquait une intense activité du coeur, mais pas de façon inquiétante. Il l'endormit alors. Il prépara une autre table d'opération, puis cria :

« N°11, amène-moi N°18 ! »

 

Celui-ci ouvrit la cage, prit la jeune femme dans ses bras et la plaça sur la table d'opération. Gero dit alors à sa créature d'aller se recharger. Celle-ci s'exécuta. Il déshabilla totalement la jeune femme. Il lui mit sur le visage un masque dont sortit le gaz paralysant. Puis, il lui injecta par intraveineuse un vigorant qui la réveilla instantanément. Elle écarquilla grand les yeux, elle vit Gero penchée sur elle. Elle se vit soulever ses mains pour le prendre par le cou, mais son corps ne suivit pas. Elle se rendit compte qu'elle ne pouvait absolument pas bouger.

« Le... Le gaz paralysant ! » pensa-t-elle. Elle comprit tout de suite ce qui allait lui arriver.

 

Gero se tourna vers quelque chose qui bipait.

« Ton pouls s'accélère... Mais après tout, c'est normal. Je comprends que tu sois stressée. Mais ne t'inquiète pas, ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Fu ! Fu ! Fu ! Après, tu me remercieras pour ta toute nouvelle puissance. »

Mâron tentait de lui crier des insultes. Non seulement aucun son ne sortait, hormis quelques faibles gémissements, mais ses lèvres ne bougeaient même pas. Elle vit Gero prendre un scalpel. Elle entendit les bips s'accélérer. Elle sentit une sensation froide sur son avant-bras, puis chaude et ressentit une vive douleur qui descendait jusqu'à son poignet, à mesure que le scalpel tranchait sa peau. Elle avait envie de hurler, mais ne le pouvait pas. Elle sentit des mains expertes écarter sa peau de ses muscles. Elle n'avait jamais rien senti d'aussi douloureux, et pourtant, elle ne pouvait pas exprimer sa souffrance.

 

Les choses se poursuivirent ainsi pendant une durée que les jumeaux étaient bien incapables de déterminer. Tantôt Gero s'occupait de l'un en endormant l'autre, tantôt l'inverse. Ce fut un véritable enfer pour les deux jeunes, souffrant atrocement en silence et sans bouger. Quand il ne les opérait pas, leur kidnappeur les endormait, si bien que les seuls moments d'éveil étaient consacrés à une intense douleur. Ils ne se rendirent pas compte quand l'homme renforça leurs organes, car ils étaient, cette fois-ci au moins, complètement endormis. Il leur ajouta aussi une bombe très puissante dans leur corps. Au cas où... Ils eurent l'impression que les opérations passèrent immédiatement de leurs membres au reste de leurs corps.

 

Une fois tout ceci terminé, Gero améliora leurs cerveaux. Puis, il commença à charger les données sur Gokû et ses amis dans les puces implantées dans leurs cortex cérébraux. Il s'arrangea pour que le transfert se fasse comme le visionnement d'un film et les martela sans relâche des mêmes informations. Les noms N°17 et N°18 revenaient sans cesse, pour les obliger à accepter leurs nouvelles identités. De même, il essayait d'ancrer en eux une haine profonde envers Gokû.

 

Il y mêla aussi ce qui devait briser leurs personnalités. Les images qui revenaient sans cesse étaient celles de ce que N°12 avait fait à Nato et Soy. Gero leur montrait surtout le moment où leur père implorait pour sa vie, son inaction lorsque l'androïde avait attaqué l'enfant, ainsi que des images trafiquées où Nato révélait la cachette de ses enfants et enfin la vidéo authentique de sa mort. Bien entendu, il se garda de montrer que juste avant sa mort, Nato avait crié sa volonté de protéger ses enfants et Soy.

 

Bien avant cela, les jumeaux avaient déjà décidé de couper tout lien avec Nato. Mais ce n'était pas parce qu'ils ne l'aimaient pas, ou qu'ils n'avaient pas confiance à lui. Sur ce point, ils avaient même été clairs avec lui. Ils l'aimaient, mais ne pensaient pas qu'il soit possible d'avoir une vie heureuse, en pensant à leur mère, ni qu'ils auraient la force de se forcer à oublier. Ce qu'ils ne lui avaient pas dit, en revanche, c'est qu'ils étaient terrifiés à l'idée que cette situation puisse les détruire encore plus, vivant ensembles mais incapables de savourer le moindre moment de bonheur, pensant sans cesse à leur mère, privée à jamais d'une telle quiétude. Repartager une vie familiale tous ensembles, aurait signifié pour eux, soit l'oubli de Dona, soit l'autodestruction par l'obsession de sa souffrance. Pour eux, leur vie familiale et toute possibilité de bonheur étaient mortes en même temps que Dona. Mais ils avaient toujours beaucoup d'estime pour Nato. Les images que leur montrait Gero étaient donc pour eux bien pire que la torture physique qu'il leur avait fait subir. Cela détruisait ce qu'ils réalisaient avoir toujours senti comme le dernier lien avec leur père, l'estime. C'était la dernière chose qui leur permettait de ne pas rejeter leurs dix premières années de vie, encore pleines de joie, comme une vague illusion qu'elles leur semblaient être.

 

Ainsi, durant un temps que les jumeaux ne purent déterminer, ils ne vécurent que ce qui leur semblait être un long cauchemar, où une quantité incroyable d'informations leur était injectée. Ils finirent par ne plus savoir ce qui était réel. La mort de leur père, sa trahison, la mort de Soy, N°17, N°18, Son Gokû, l'Armée du Red Ribbon, le Commandant-en-Chef Red, le Roi Démon Piccolo, les Saiyans, Piccolo, Raditts, Son Gohan, Vegeta, Kulilin, Bulma, Capsule Corp., Kame Sennin, Dieu, les dragonballs... Toutes ces données s'entremêlaient dans une sorte de chaos imprégné de haine. Ils essayaient de se raccrocher à une image rassurante pour ne pas perdre la raison. Ils pensèrent à leur vie dans la montagne avec leurs deux parents, mais ces souvenirs étaient aussitôt salis par la trahison de Nato. Au moment où ils pensaient qu'ils allaient lâcher prise, ils purent placer au milieu de tout ce flot de haine des souvenirs plus doux, ceux des rencontres avec les Corn. Ce n'était pas grand chose, mais cela leur permit de ne pas sombrer complètement.

 

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Cela faisait près d'un mois que Gohan, Piccolo, Bulma, Vegeta (qui semblait étrangement être devenu un allié) et quelques Namekks étaient arrivés sur Terre avec les dragonballs de la planète dont ils venaient. Apparemment, ils avaient affronté l'être le plus puissant de l'univers, un certain Freeza. Mais quelle que soit sa puissance, il ne dépassait sûrement pas la puissance de N°17 et N°18, si Gokû l'avait vaincu. Gero avait soigneusement calculé la puissance que lui et ses amis pouvaient atteindre et ils ne pourraient guère faire plus que centupler leur force par rapport à leur départ de la Terre. Ce qui était, certes, énorme, mais très loin de suffire pour vaincre ses deux cyborgs. Il semblait que Gokû et Kulilin eussent perdu la vie dans le combat. Mais ils allaient bientôt être ressuscités par les dragonballs namekks qui étaient apparemment plus puissants que ceux de la Terre.

 

Ce fut le 21 janvier 763, que Gero décida que la programmation de N°17 et N°18 était finie et qu'il pouvait commencer les phases de tests. Il se dirigea vers leurs capsules et les ouvrit une à une. Les deux cyborgs ouvrirent les yeux... Son cœur battait la chamade. Des années de travail allaient enfin aboutir.

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