Pas impliqué

Chapitre 15 : Epiphanie

1897 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 23:26

Derek et Tamara arrivèrent dans le café. Elle s'installa à une table pendant qu'il passait commande au comptoir.

Quand il la rejoignit à la table, il remarqua qu'elle avait l'air distraite. Il l'appela et lui tendit son café. Il n'était pas encore assis qu'elle le chargea :

« Il y a quoi entre Pénélope et toi ?

Il leva un sourcil. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui posât cette question et surtout aussi directement. De plus, il ne voyait pas en quoi ça la regardait mais décida de répondre à la question pour ne pas avoir à gérer une Tamara en crise. Selon le ton qu'elle avait employé, Derek sentait qu'elle était contrariée.

« Pénélope est une collègue de travail et surtout ma meilleure amie. » dit-il calmement.

— Et tu appelles toutes tes collègues Babygirl ? » L'exaspération était perceptible dans la voix de la jeune femme.

« Non, elle est la seule que j'appelle comme ça. Je ne vois pas où tu veux en venir,

Au fait, comment tu la connais ? Je ne pense pas que tu l'aies rencontré pendant l'enquête.

— Je l'ai rencontrée à mon groupe de soutien. Par respect pour moi, je crois que tu devrais arrêter de l'appeler comme ça! » Dit-elle sèchement.

En entendant, ces paroles Derek faillit s'étouffer avec la gorgée de café qu'il venait d'avaler. Il toussa très fort au point d'en avoir les larmes au yeux. Il s'essuya la bouche avant de lui répondre en plissant les yeux. Elle commençait réellement à l'agacer. Pour qui se prenait-elle? Lui dire d'arrêter d'appeler Penelope Babygirl alors que cela faisait des années qu'il utilisait de surnom à son égard. Il venait de rencontrer Tamara et elle voulait déjà se mettre entre sa déesse et lui. Au nom de quoi?

« Par respect pour toi?! Je ne vois vraiment pas en quoi la façon dont je parle à ma meilleure amie pourrait être un manque de respect pour toi. Je connais Pénélope depuis des années et dès le premier jour elle a été ma Babygirl et ça ne changera pas de sitôt!

— C'est un manque de respect pour ta petite-amie quand tu appelles une autre femme par ce genre de petit surnom, répondit-elle. Tu ne m'as jamais appelée autrement que par mon prénom » dit-elle avec ses yeux qui brillaient à cause des larmes qui se formaient déjà et menaçaient de tomber.

Morgan était hébété. Sa petite-amie ? Avait-il bien entendu ? Il se demandait s'il avait manqué un épisode. Elle pensait qu'ils sortaient ensemble. Morgan n'avait rien fait pour lui faire croire qu'ils étaient dans une relation mais dans un autre sens, il se rendit compte aussi qu'il n'avait jamais rien fait pour lui faire comprendre qu'il n'y aurait rien entre eux. C'était de sa faute si elle vivait maintenant dans l'illusion qu'ils formaient un couple. Il ne pouvait pas lui parler sincèrement ici sans craindre un esclandre. Il ne voulait pas se donner en spectacle. La plupart des clients présents étaient des habitués ou des agents du FBI et le connaissaient. Il refusait d'être l'objet de commérages et décida de reporter cette conversation à un autre moment et surtout à un autre lieu. Il ferma et les yeux un instant en prenant une grande inspiration et dit :

« Tamara, si tu veux bien, on discutera de tout ça ailleurs. Je peux passer plus tard chez toi?

— Bien sûr. Tu passes à quelle heure ? dit-elle retrouvant le sourire, paraissant plus détendue soudainement

— Vers 18h si c'est bon pour toi.

— D'accord. Je t'attendrai » répondit-elle.

Il se leva, abandonnant son café sur la table et lui dit :« Je dois retourner au bureau, les rapports ne se rempliront pas tous seuls » dit-il essayant de faire un peu d'humour pour apaiser la tension qui régnait entre eux et qui envahissait son corps. Elle hocha la tête en souriant et se leva.

Il l'accompagna sur le trottoir et héla un taxi. Deux secondes plus tard, elle embarqua à bord d'un véhicule après l'avoir serré dans ses bras.

Sur le chemin du retour, il prit le temps de repenser à tout ce qui venait de se passer. Il n'imaginait pas se retrouver dans une telle situation, encore une fois. Tamara vivait dans un délire total et il devrait éclater cette bulle de fantasmes qu'elle avait bâtie autour d'elle. Il l'avait fait sans état d'âme pour cette Carly avec laquelle il avait eu une aventure et qui s'était accrochée à lui, l'avait suivi et harcelé pendant des mois. Elle faisait le pied de grue devant chez lui et débarquait au bureau à n'importe quel moment. Elle avait imaginé des choses et préparait déjà le mariage quand Morgan avait dû intervenir et briser ses rêves sans ménagement. Il devait être plus précautionneux avec Tamara. Elle était fragile mais c'était à cause de la mort de son frère.

Comment allait-il faire ? Elle avait besoin de soin.

Il avait un autre problème cependant. Tout le bureau l'avait vu en compagnie de Tamara. Il aurait surement des explications à fournir à Hotch mais il pensait surtout à Pénélope.

Il revoyait sa réaction. Pas une once de surprise ou de colère. Savait-elle déjà qu'il avait gardé contact avec Tamara ? Avait-elle parlé de lui à Pénélope lors de cette fameuse réunion ?

Il se figea net sur le trottoir. Ses yeux s'ouvrirent. Elle savait. Son comportement les jours précédents s'expliquait maintenant. Elle l'avait appris et lui en voulait de le lui avoir caché, de lui avoir menti. Mais il n'arrivait pas à expliquer la réaction qu'elle avait eue en rencontrant Tamara au bureau. Elle s'était montrée très amicale, comme si elle avait accepté et pardonné.

Il sentit une colère monter en lui. Il était agacé par l'attitude de Garcia.

Il réalisa qu'il aurait voulu qu'elle soit dévastée ou fâchée. Inconsciemment, il avait voulu lui faire du mal, il voulait qu'elle éprouvât de la jalousie et de la fureur. Mais pourquoi ? Lui qui ne voulait que le bonheur de sa Babygirl, pourquoi voudrait-il la blesser alors qu'il serait le premier à démembrer quiconque oserait la faire pleurer ?

Toujours debout sur le trottoir, il eut soudain le tournis et éprouva le besoin de s'appuyer contre un parcmètre pour ne pas s écrouler. Il venait d'avoir une révélation.

Il voulait la voir souffrir comme il souffrait à chaque minute de la savoir avec un autre, comme il souffrait de la voir avec Lynch. Il voulait qu'elle sût ce que c'était de se sentir rejetée comme il le ressentait au quotidien parce qu'elle ne le voyait pas comme il l'aurait souhaité : un homme qui pourrait partager sa vie et non son meilleur ami à qui elle venait confier ses déboires mais aussi ses joies avec un homme qu'il enviait et détestait chaque jour un peu plus.

Elle n'avait pas réagi en ce sens et maintenant c'était lui qui était dévasté et fâché. C'était lui qui se trouvait consumé par le feu que lui-même avait déclenché. Encore une fois, elle avait montré qu'elle était amoureuse de Lynch et qu'elle ne verrait jamais Derek comme un potentiel petit-ami. Si elle était fâché au départ, c'était surtout parce qu'elle se sentait trahie par son meilleur ami et non parce qu'elle était anéantie de perdre l'homme de sa vie.

Et là, se produisit une chose qui n'était arrivée pas depuis des lustres : des larmes coulèrent le long des joues de Derek Morgan, le macho de Quantico, l'agent de choc du BAU, et il ne parvenait pas à les contrôler.

Il était fou amoureux de Pénélope Garcia et elle ne partagerait jamais les mêmes sentiments.

Il prit de grandes respirations pour se calmer, essuya ses larmes et se remit en route pour le bureau.

Après tout, si Pénélope n'était pas prête à l'aimer, Tamara était toute disposée à le faire.

Pourquoi perdre son temps à courir après des chimères, alors que des femmes bien réelles se bousculaient pour partager sa vie.

Peut-être était-il temps de penser à l'avenir. Puisque l'amour de sa vie envisageait peut-être d'épouser ce crétin de Lynch et de fonder une famille avec lui éventuellement, Derek pourrait en faire de même bien qu'il sût qu'il ne serait jamais heureux.

Une seule personne était la clé de son bonheur : sa déesse Pénélope Garcia.

Sa seule consolation était qu'il l'aurait toujours dans sa vie même si ce n'était qu'en tant que meilleure amie. Il n'imaginait pas comment il pourrait survivre sans être en contact avec elle et c'était la raison pour laquelle il devait rafistoler leur amitié. Il se résolut à tout faire pour regagner la confiance qu'elle avait sans doute perdu en lui à cause de ses cachoteries et que chef d'unité ou pas, il recommencerait à flirter avec elle et à lui donner tous ces surnoms affectueux qu'elle méritait.

Laisser un commentaire ?