Douloureuse découverte

Savannah devait absolument parler à Pénélope. Depuis qu'elle avait croisé Sam au coffee shop et fait en sorte qu'il ouvrît les yeux et se conduisît en homme, en vrai homme, elle n'avait eu aucun écho de ce qui se passait dans la vie de Garcia.

Derek lui avait assuré qu'il ne lui parlait que si cela concernait le boulot, mais elle devait en avoir le cœur net. Elle devait parler à Garcia. Il était hors de question qu'elle la laissât continuer à courir après son homme.

Elle savait que Derek était en déplacement avec l'équipe et en profita pour faire un saut au bureau. Derek n'en saurait rien. Il ne devait absolument pas l'apprendre : il ne comprendrait pas et penserait qu'elle n'avait pas confiance en lui.

La vérité était qu'elle avait confiance en Derek. Après tout, il lui avait donné la preuve qu'il était prêt à tout pour faire durer leur relation. Elle avait bien joué son jeu et avait obtenu exactement ce qu'elle voulait sans avoir trop l'air de l'exiger.

C'était à Pénélope qu'elle ne faisait pas confiance. Quelle femme normalement constituée ne rêverait pas d'avoir Derek tout à elle ?

Elle frappa à la porte du bureau qu'on lui avait indiqué être celui de cette … idiote.

« Entrez si vous n'avez peur de rien ! » entendit-elle Garcia répondre.

« Je n'ai certainement pas peur de toi, petite garce » se dit Savannah.

Elle ouvrit la porte. Pénélope était occupée à travailler sur ses ordinateurs.

Les couleurs qu'elle portait étaient tellement criantes que Savannah en avait mal aux yeux.

« Elle n'a vraiment aucun goût en matière de vêtements. Et puis c'est quoi cette coiffure ? Elle se croit encore à la maternelle. Le FBI n'a pas un dress code ?»

Pénélope avait une robe jaune, un gilet rose et des escarpins à plateforme rose. Elle avait un chignon de chaque coté de sa tête, ornée de petites fleurs jaunes.

« Elle se prend pour une héroïne de manga ou quoi ? Elle est ridicule ! »

« Oh ! Savannah ! » dit Pénélope en se retournant. Elle était visiblement étonnée de la voir là.

« Bonjour, Garcia. Je crois qu'il est temps qu'on ait une petite discussion de femme à femme. » annonça Savannah sèchement.

Pénélope lui indiqua un siège mais Savannah déclina sa proposition. Elle alla droit au but :

« Tu peux tromper tout le monde, mais tu ne me trompes pas. Je vois clair dans ton jeu et tu dois y mettre un terme immédiatement. »

A son ton, il était clair qu'elle n'était pas « venue en paix ».

Pénélope cligna les yeux plusieurs fois. Elle était confuse.

« Je ne vois vraiment pas de quoi tu parles, Savannah.

— Oh, je crois que si, au contraire. Tu fais croire à tout le monde que tu ne vois en Derek que ton meilleur ami. A d'autres ! Je te le dis, et je ne le répèterai pas. Tiens-toi à distance de mon homme ! Il ne veut pas de toi, et ne voudra jamais de toi. Fais-toi une raison.

— Savannah, tu as raison. Derek ne veut pas de moi… mais je ne veux pas de lui non plus. Ça n'a jamais été comme ça entre nous. NOUS NE SOMMES QU'AMIS ! Enfin, je dois dire que nous étions amis. » Pénélope marqua une pause et reprit :

« Je sais très bien ce que tu as fait. Tu as monté Sam contre moi, lui faisant croire toute sorte d'horreurs pour qu'il me pousse à choisir entre Derek et lui. Je n'ai jamais cédé au chantage, et je ne le ferai jamais. Je crois que ça te fera plaisir de savoir qu'on a rompu.

— Ça n'a jamais été mon but, crois-moi Garcia. Je voulais juste aider Sam à ouvrir les yeux et à prendre les choses en main. Un homme digne de ce nom doit savoir tenir sa copine et se faire respecter. Ce qu'il ne faisait pas puisque tu faisais du gringue à mon mec sous ses yeux et il ne disait rien. Il devait juste te faire comprendre que ta prétendue amitié avec Derek devait cesser.

— Je sais que tu as poussé Derek à faire la même chose. Tu n'as pas honte de briser sans raison une si longue amitié ?

— Je n'ai honte de rien si c'est pour m'assurer qu'aucune garce ne tournera autour de ce qui est à moi. D'ailleurs, je n'ai rien exigé de Derek, c'est lui qui m'a fait la promesse d'arrêter de te parler. Je ne lui ai rien demandé, cette idée venait de lui. Il tenait absolument à me prouver à quel point il m'aime. Il a donc choisi d'aller de l'avant avec une femme belle et raffinée et de mettre derrière lui une amitié avec une excentrique qui a très mauvais goût en matière de mode et qui ne sait pas tenir sa langue. Tu t'es regardée Garcia?! Tu pensais avoir une chance contre moi. Un homme comme Derek ne peut décemment pas s'abaisser à être vu avec une femme comme toi. Vous feriez un si mauvais assortiment. Je suis la femme parfaite pour Derek et ça, il le sait. La preuve, il n'a pas hésité à tirer un trait sur ‟une si longue amitiéˮ comme tu dis car il sait que je suis son avenir. Ne te fais pas trop de mal, n'insiste pas et accepte ta défaite.

— Je suis une personne suffisamment intelligente pour savoir à quel moment m'éclipser. Tu n'avais pas besoin de faire tout ce chemin. J'avais très bien compris que Derek voulait un changement dans notre relation. J'ai compris que notre amitié n'existe plus. Mais je sais aussi, que personne ne le connaît aussi bien que moi. Tôt ou tard, le moment viendra où il se rendra compte de quel genre de personne tu es, et il ira tout droit vers son cadeau venu du ciel, c'est-à-dire moi. Et je serai là pour le consoler et remplir mon rôle d'amie et de confidente.

— Tu es bien présomptueuse. Derek est fou de moi. Il me mange dans la main et il n'y aucune chance pour qu'il me quitte. Il m'aime trop. D'ailleurs, on va s'installer ensemble dans une maison qu'il a tout spécialement rénovée pour nous deux. Tu imagines la suite, Garcia. Il me demandera ma main, j'accepterai et je m'empresserai de lui donner les plus beaux bébés du monde. Autre chose, profites bien de lui pendant qu'il travaille encore ici, parce que ça ne durera pas. Il ne fera pas ce métier dangereux encore longtemps. »

Savannah prenait le chemin de la sortie. Elle se retourna une dernière fois et dit à Pénélope :

« N'oublie pas ce que je t'ai dit. Reste loin de Derek ! »

Elle quitta la pièce en claquant la porte derrière elle. C'était une bonne chose de faite. Elle espérait ne pas avoir à revenir mettre les points sur les « i », mais si elle avait à le faire elle ne se montrerait pas si cordiale.