Douloureuse découverte
Deux jours après, les funérailles de Devon avaient lieu. Il fut enterré au cimetière d'Arlington avec les honneurs comme l'avaient souhaité ses parents.
Ryan et les collègues de Devon entouraient la famille et l'équipe entourait Pénélope. Reid et Rossi étaient à ses cotés et Derek se tenait derrière elle, avec une main sur son épaule.
Après la cérémonie au cimetière, une réception fut donnée dans le manoir de Rossi.
La maison de Derek était très grande mais l'immense manoir de Rossi faisait mieux l'affaire afin d'accueillir tous ceux qui étaient venus rendre un dernier hommage à Devon.
Il y avait des militaires, puisqu'ils avaient fait partie du corps des Marines, des policiers en tenue venus de toutes les brigades, des agents du DEA, du FBI et des hommes politiques.
Ryan avait fait un magnifique témoignage sur son amitié et son travail avec Devon. Ses sœurs et ses parents avaient rappelé à quel point il était un fils dévoué et un frère aimant et protecteur.
Pénélope ne prit pas la parole car elle n'était pas en mesure de le faire. Si elle s'était montrée aussi forte jusqu'ici, elle s'effondra complètement au cimetière. Son hommage fut néanmoins le plus poignant. Le film qu'elle avait réalisé en hommage à son amour perdu retraçait toute sa vie. De son premier cri à sa cérémonie de diplôme en passant par ses premiers pas ou son bal de promo. Les extraits qu'elle avait choisis pour illustrer la période de la vie de Devon qu'elle avait partagée avec lui ne montraient qu'amour, rires, amitié et famille.
Quand les derniers convives partirent, les parents de Devon prirent Pénélope à part.
Ils réapparurent quelques minutes plus tard et saluèrent les membres de l'équipe. Les parents et les sœurs de Devon allèrent se reposer et finir de faire leurs valises car ils repartaient dans la soirée.
Derek partit à la recherche de Pénélope. Elle était assise dans la bibliothèque, la tête baissée, admirant manifestement une bague qu'elle portait à l'annulaire de sa main gauche.
« Babygirl ? Tu vas bien ? » demanda Derek.
Il était resté sur le pas de la porte. Elle leva les yeux. Ils étaient remplis de larmes.
Elle baissa la tête de nouveau et regarda sa main, qui était posée sur sa cuisse. Derek s'approcha et s'assit à coté d'elle.
« Les parents de Devon m'ont donné cette bague. C'est la bague de fiançailles de sa grand-mère paternelle. Son père l'a aussi offerte à sa mère quand ils se sont fiancés. Devon l'a demandé à ses parents parce qu'il souhaitait me demander ma main. » Elle pleurait encore plus. Derek lui caressait le dos pour la réconforter et lui dit que la bague était magnifique et semblait faite pour elle.
« Sa mère a insisté pour que je la prenne. Elle m'a dit que je devais la garder car elle n'aurait plus l'occasion d'être portée parce que la dynastie des Carter s'éteignait avec Devon. » Elle hoquetait maintenant.
Derek la prit dans ses bras.
« Ça va aller Petit Cœur. »
Comme elle ne semblait pas pouvoir se calmer, Derek partit prendre un verre d'eau et lui donna une pilule.
« Prends ça Princesse. Tu dois te reposer maintenant. »
Elle prit le comprimé et s'allongea sur le divan.
Une semaine plus tard, Pénélope quitta la maison de Derek et retourna à son appartement.
Les membres de l'équipe avait repris le travail, mais Pénélope était encore en congé.
Elle ne se sentait pas encore prête à reprendre sa routine. Elle avait toujours beaucoup de mal à dormir mais ne voulait pas abuser de somnifères, ni prendre d'anxiolytiques comme le préconisait son thérapeute. Derek avait insisté pour qu'elle commençât des séances avec un professionnel le plus tôt possible. Elle n'avait l'impression de faire des progrès. Elle ne pensait qu'à dormir pour oublier, mais dès qu'elle fermait les yeux, elle avait d'affreux cauchemars à propos de Devon et de Savannah.
Un mois plus tard, elle n'avait toujours pas repris le travail.
Les membres de l'équipe commençaient à s'inquiéter. Ils l'appelaient plusieurs fois par jour pour s'assurer qu'elle allait bien et qu'elle se nourrissait.
Derek insistait pour qu'elle revînt vivre avec lui. Il pourrait la soutenir et surtout l'obliger à manger. Elle refusait systématiquement, assurant qu'elle allait bien et qu'elle savait prendre soin d'elle.
Un soir, Derek passa chez elle parce qu'il était particulièrement inquiet. Il revenait d'une longue enquête, ne l'avait pas vue depuis des jours, et elle n'avait pas répondu à ses derniers appels. Cela faisait des heures qu'il cherchait à la joindre.
Les lumières n'étaient pas allumées. Etait-elle sortie ? Il frappa mais n'obtint aucune réponse.
Il décida d'utiliser la clé de secours qu'il avait gardé depuis l'agression de Battle. Il l'appela. Aucune réponse.
Il vérifia toutes les pièces et finit par la chambre. Elle était allongée sur le lit, inanimée, pâle. De mauvais souvenirs refirent surface dans la tête de Derek.
Il se précipita vers elle. Il tenta de la réveiller en vain. Elle ne réagissait pas. Son pouls était faible. Il appela les secours leur expliquant la situation.
Pendant ce qui lui sembla être une éternité, il la tint dans ses bras, lui parlant, la suppliant de tenir bon. Son regard fut attiré par une multitude de flacons sur sa table de chevet. Somnifères, antidépresseurs, anxiolytiques. Tous vides !
« Non ! cria Derek. Tu n'as pas pu me faire ça ! »
Les secouristes arrivèrent enfin. Derek leur dit qu'il avait trouvé des flacons vides mais qu'il ne croyait pas à une tentative de suicide. Il refusait de penser qu'elle se sentait si mal et qu'il n'avait rien vu ou rien perçu dans sa voix. Cela faisait des jours qu'il ne l'avait pas vue à cause de l'affaire.
Pénélope fut transportée à l'hôpital et prise en charge dès son arrivée aux urgences. Derek, qui était monté dans l'ambulance avec elle, fut contraint de rester dans la salle d'attente.
Il faisait les cent pas, interpellait chaque infirmière ou médecin qu'il voyait pour avoir des nouvelles de Pénélope. Il était rongé par l'angoisse. Cette attente le tuait à petit feu.
Soudain, une femme s'approcha :
« Derek Morgan ?
— C'est moi. Avez-vous des nouvelles de Pénélope Garcia ? » demanda-t-il, préoccupé.
Le visage de la femme lui était familier, mais il n'avait pas le temps de se creuser la tête pour savoir d'où il la connaissait. Le plus important pour lui était l'état de santé de sa Princesse.
« Je suis le Docteur April Scott. C'est Madame Garcia qui m'envoie pour vous rassurer. Elle a repris connaissance. Nous pensons qu'il s'agit juste d'un malaise dû à une fatigue intense et à une sous-alimentation mais nous lui avons fait des prélèvements et nous attendons les résultats. Rassurez-vous, il ne s'agit en aucun cas d'une tentative de suicide. Madame Garcia nous a assuré qu'elle n'a pris aucun de ces cachets. Elle vous demande de vous asseoir gentiment et d'attendre qu'on vous laisse la voir sans faire de scandale. »
Il éclata de rire, parce qu'il était soulagé et surtout parce qu'il réalisait qu'elle le connaissait comme sa poche. Il remercia le médecin qui était très gentille et très avenante et alla s'asseoir comme l'avait requis Pénélope.
Il n'avait pas appelé l'équipe parce qu'il voulait avoir des nouvelles avant de les prévenir. Il ne voyait pas l'intérêt de stresser tout le monde alors qu'il n'y avait rien à faire à part attendre. Il ne voulait surtout pas parler des flacons de médicaments vides qu'il avait trouvés chez elle. Maintenant, il pouvait les appeler en leur disant juste qu'elle avait fait un malaise.
Quelques minutes plus tard, une infirmière vint le chercher pour le conduire à la chambre de Pénélope. Quand il y arriva, il se précipita vers elle et la prit dans ses bras.
Quand il la lâcha, il lui dit :
« Ne me refais plus jamais une telle frayeur. J'ai cru que j'allais te perdre !
— Calme-toi mon Adonis en chocolat. Je vais bien. Comment as-tu pu croire que j'avais avalé toutes ces pilules volontairement ? » dit-elle en fronçant les sourcils.
Derek savait qu'elle n'était pas réellement en colère.
« Je refusais de croire que tu aies pu faire ça. Mais j'étais tellement paniqué, tu ne réagissais pas, tu étais tellement pâle.
— Ça va mon ange. Tu sais que je n'ai pas trop le moral mais je ne ferai jamais ça.
— Je sais bien Princesse. Alors comme ça tu… »
Il fut interrompu par un raclement de gorge. C'était le docteur Scott. Elle était revenue avec une infirmière qui ajouta une nouvelle poche au perfuseur.
« Félicitations Mr Morgan. Vous allez être papa ! » dit-elle d'un ton glacial.