Les belles histoires du Père Makarof, ou Fairy Tail en trente-et-un mots

Chapitre 6 : Conducteur d'orchestre

971 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/11/2020 11:31

Conducteur d'orchestre

 



Une chose qu’Erza recherchait toujours était la diversité des missions. Chaque mage possédait une magie et donc des capacités uniques, qui faisaient qu’il était plus à même d’effectuer certaines missions que d’autres. Sauf que réaliser encore et encore des quêtes du même style devenait vite lassant, à la longue, d’où l’intérêt d’Erza à rechercher des missions toujours plus variées… y compris quand cela dépassait un peu, voire beaucoup ses compétences.


Aussi se demandait-elle si le choix de sa mission actuelle avait été judicieux : il s’agissait non seulement d’accompagner en train des musiciens qui se rendaient pour jouer à la capitale, Crocus, mais aussi et surtout de remplacer leur chef d’orchestre, mystérieusement tombé malade la veille.


Elle avait choisi de faire cette mission en solo, puisqu’il n’y avait pas réellement besoin de plus d’une personne pour la mener à bien. Certains, comme Lucy ou Grey, possédaient de bonnes bases musicales, mais l’un avait posé sa journée de congé et l’autre… n’était pas disponible, tout simplement. En tous les cas, Erza ne pouvait compter que sur elle-même, ce coup-ci, et de toute façon, elle avait une foi inébranlable en ses talents artistiques. Après tout, elle avait déjà aidé un metteur en scène à assurer le succès de sa pièce. Bon, les choses étaient un tout petit peu devenues hors de contrôle, et le bâtiment en avait pris un coup, mais, ils s’étaient bien débrouillés quand même… pas vrai ?


–        Bien, déclara-t-elle à l’attention du groupe, en tapant subitement dans ses mains, je pense qu’une répétition est de mise, qu’en dites-vous ?

–        Vraiment ? Vous ne préférez pas attendre–

–        Ta ta ta, pas d’objection ! Vous m’avez bien engagée pour une raison, n’est-ce pas ?

–        C’est-à-dire… commença celui qui était le premier violon, gêné, nous nous attendions à ce que–

–        Très bien, tout le monde à son instrument !


Chacun monta avec autant d’attention que possible sa flûte, son saxophone, ou autre objet qui nécessitait d’être manipulé avant de pouvoir être utilisé. Une fois cela fait, il fallut encore que chacun se plaçât à la position qui lui convenait, violons devant et cuivre derrière, sans compter les pupitres nécessaires pour pouvoir poser la partition et suivre les notes inscrites dessus, et à cause de cela, pendant un petit moment, il y eut une certaine cacophonie qui fit bourdonner les oreilles d’Erza.


Ensuite, ce fut encore toute une histoire pour obtenir un « la » juste et fiable, dont les musiciens avaient absolument besoin pour s’accorder ; à défaut d’avoir un diapason, il fallut se contenter de celui terriblement faux que chanta Erza, mais elle était tellement impressionnante que personne n’osa lui faire la moindre remarque.


La répétition, fut, en un mot, un désastre. Complet. « Titania, la Reine des Fées », comme on la surnommait, n’était en tout cas absolument pas une reine dans le domaine musical. Elle agitait sa baguette de chef d’orchestre complètement aléatoirement, ce qui eut pour effet que personne ne se reconnaissait plus ; en plus de cela, certains avaient mal compris et jouaient une autre chanson que celle qui devait normalement être jouée, et pour couronner le tout, les instruments avaient été accordés très hasardeusement, ce qui produisait un son tout sauf harmonieux – le pire était qu’Erza paraissait n’avoir rien remarqué. Ce fut une délivrance lorsque la chanson toucha finalement à sa fin.


–        Je vous en prie, mademoiselle, vous devez intervenir. Si nous jouons comme ça en ville ce soir…


Quelqu’un, un hautboïste vers les derniers rangs, se leva de sa chaise dans un bruit strident, et tapa violemment sur son pupitre.


–        Et à cause de qui croyez-vous qu’on joue mal, hein ? Regardez-moi le trompettiste là-bas, cria-t-il en désignant sa cible du doigt, il est pas capable de respecter les altérations accidentelles, par contre il vous rajoute des dièses et des bémols où il n’y a pas besoin !

–        Qui ça ? Moi ?! C’est à moi que vous parlez, musicien de pacotille ?! rétorqua la personne visée, piquée au vif. Et vous alors ?! Même pas capable de jouer des double-croches correctement et de tenir vos rondes quatre temps !

–        Ah, c’est n’importe quoi, intervint une autre personne. Vous vous prenez pour des experts, mais je suis sûr que vous ne comprenez pas la moitié de ce qui est écrit sur vos partitions !


Le ton monta rapidement, et tout ne fut ensuite plus que cris et escalades d’injures et d’insultes. Puis, des mots, on passa aux actes, et on envoya tout valdinguer. Les pupitres volèrent, les instruments souffrirent dans des concerts de fa dièses et de si bémols, sans qu’il n’y eût aucun silence.


Surprise par cette bagarre inattendue, Erza la regarda se dérouler devant elle, sans agir. Était-ce donc ça qu’on appelait « fausse note », en musique ?

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