Les belles histoires du Père Makarof, ou Fairy Tail en trente-et-un mots

Chapitre 8 : Guide louche

1081 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/11/2020 11:40

Guide louche

 



–        Et sur votre droite, vous avez le grand palais de Mercurius…

–        Souris, un peu, Gajil ! chuchota Reby pour ne pas que le guide les entendît. Tu ne trouves pas que c’est agréable de se promener en ville ?


Seul un grognement étouffé lui parvint en guise de réponse.


Ce n’était pas tant parce qu’elle aimait la capitale que parce qu’elle avait Gajil à ses côtés que la graphologue était de si bonne humeur, aujourd’hui. Elle était venue ici pour acheter des livres rares aux écritures anciennes, et le chasseur de dragon d’acier avait tenu à l’accompagner, parce qu’il avait entendu dire qu’une « guilde louche » opérait dans le coin.

Était-ce vrai ou non, Reby l’ignorait, et de toute façon, l’important pour elle, c’était qu’elle avait réussi à convaincre Gajil de venir faire une visite guidée de Crocus avec elle. Il était toujours renfrogné, ce qui ne changeait pas de d’habitude, mais cela ne ternissait en rien l’expression joyeuse qui illuminait son visage à elle.


En plus, ils avaient fait une bonne affaire : ils avaient pu trouver un guide qui leur avait proposé de leur faire faire le tour de la ville pour trois fois rien. Il ne payait pourtant pas de mine : il était habillé dans des tons très sombres, cachait ses cheveux sous une capuche et ses yeux derrière des lunettes de soleil. Cela dit, son apparence physique mise de côté, il n’était pas malpoli, alors même si Gajil avait clairement fait comprendre, sans mots mais par son attitude hostile, qu’il n’appréciait pas ce guide, Reby était passée outre et c’était ainsi qu’ils s’étaient retrouvés à le suivre docilement pour un tour de la ville.


–        Voilà qui conclut notre visite, mademoiselle, monsieur. Si vous n’avez pas d’autres questions, je vous souhaite une bonne journée ; j’ai d’autres clients à aller voir.


La mage le salua poliment, son compagnon ne pipa pas un mot ; le guide prit congé des jeunes gens et se noya rapidement dans la foule. La demoiselle attendit de l’avoir absolument perdu de vue pour se tourner vers son partenaire, un sourire niais vissé sur ses lèvres.


–        Alors, qu’est-ce que tu en as pensé ? Moi j’ai trouvé qu’il avait l’air d’un vrai professionnel.

–        Mouais, tu parles… Il arrêtait pas de nous jeter des regards en coin, et en plus ses explications étaient super vagues et incomplètes. Il répondait à côté à chaque question qu’on lui posait !


La bonne humeur d’habitude impossible à effriter de Reby commença à disparaître, et elle se sentit perdre patience face à la mauvaise humeur permanente de Gajil. Rien n’allait jamais, avec lui, et elle se demandait bien pourquoi elle continuait à espérer un peu de gentillesse de sa part en restant à ses côtés ; il n’y avait bien que la baston, qui intéressait ce goujat, le reste il s’en moquait.


–        Si tu ne le sentais pas, ce type, pourquoi tu n’as rien dit ? s’exclama-t-elle en levant les bras au ciel.

–        Parce que je savais que ça me retomberait dessus, c’est toujours le cas, avec toi !

–        Ah oui ? Eh bien puisque c’est comme ça, tu peux rentrer sans moi ! J’allais t’inviter à boire un café, mais j’irai toute seule, voilà !


La mage tenta d’ignorer les remarques cinglantes de l’idiot qui l’accompagnait tandis qu’elle faisait passer son sac à dos devant elle, plongeant la main à la recherche de son porte-monnaie. S’il croyait prouver quoi que ce soit, en agissant comme un gros rustre, il se trompait. Elle n’avait pas besoin de lui, après tout, et dès qu’elle aurait trouvé son portefeuille, elle le planterait là et n’aurait plus à subir ses ronchonnements incessants.


Sauf qu’elle se trouva incapable de mettre la main sur sa bourse.


–        Gajil…

–        Quoi ? grogna-t-il.

–        C’est toi qui as mon porte-monnaie ?


Il lui répondit par la négative, et commença évidemment par lui dire qu’elle avait tout simplement mal regardé dans son sac, même si elle le sentait lui aussi alerté face au ton suppliant qu’elle avait employé.


Et quand il fut lui aussi incapable de mettre la main sur le portefeuille de son amie, il dut bien reconnaître l’évidence. Quelqu’un lui avait effectivement subtilisé ses économies, et il ne fallait pas être une lumière pour deviner qui était le responsable de ce mauvais coup.


–        Ce maudit guide ! Il a dû profiter d’un manque d’attention de notre part. Si je le tenais… ! cracha-t-il en abattant son poing sur un mur voisin.


Ce fut à ce moment précis qu’un certain éclair de lucidité frappa Reby, qui était en pleine réflexion ; elle releva la tête et posa son regard sur son camarade.

–        Gajil…

–        Quoi, encore ?

–        Quand tu disais que tu avais entendu parler de guilde louche, ici à Crocus, est-ce qu’il ne s’agissait pas plutôt d’un guide louche ?


Les yeux écarquillés du dragon d’acier, comme s’il avait reçu un coup de massue, furent la réponse à sa question : il avait bien confondu les deux termes, exactement comme elle venait de le penser. La jeune fille ferma les yeux et poussa un long soupir, tandis qu’elle passait sa main dans ses cheveux.


–        Oh, Gajil…

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