Les belles histoires du Père Makarof, ou Fairy Tail en trente-et-un mots

Chapitre 9 : Se libérer par le cri

935 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/11/2020 11:43

Se libérer par le cri




D’ordinaire, Natsu avait bien trop de fierté pour admettre qu’il se trouvait en mauvaise posture.


Mais cette fois-ci, il était bien obligé de reconnaître que la situation n’était pas à son avantage. Il s'était enflammé, avait foncé sans réfléchir – ce qu'on lui reprochait souvent, à vrai dire – et maintenant, il se retrouvait en fâcheuse position, attaché à même un mur avec des menottes en pierre neutralisatrice de magie à ses poignets et à ses chevilles. Il lui était impossible de cracher la moindre flamme, à présent. Quel idiot il avait été, franchement…


Ce qui l'inquiétait le plus dans l'histoire était de savoir ce qu'étaient devenus ses amis. Il était en mission avec Happy, Grey, Erza et Lucy, lorsque tous ces mages d'une guilde à coup sûr clandestine leur étaient tombés dessus, sans leur laisser la moindre chance de réagir ou de riposter. Il pouvait encore sentir l'odeur de ses compagnons, mais ne pas pouvoir les voir le rendait de plus en plus fou à chaque seconde.


Évidemment, il avait tout de suite demandé aux gars chargés de le surveiller ce qu'ils avaient fait de ses alliés, mais les types s'étaient contentés de ricaner d'un air méprisant sans lui fournir la moindre information, ce qui ne faisait qu'accroître l'énervement du jeune homme. Il tentait de se débattre du mieux qu'il pouvait, mais sans succès, et il irritait la peau de ses poignets et de ses chevilles en faisant cela, ce qui le desservait plus qu'autre chose, aussi se força-t-il à prendre sur lui et à se calmer. Cette réaction ne parut toutefois pas plaire à ses deux ou trois geôliers, qui jugèrent que c’était a priori une bonne idée de le provoquer.


–        Ben alors, on fait moins le malin, hein ?

–        C’est vraiment tout ce dont est capable la fameuse Salamandre ? Quelle déception.


Il n’en fallut pas plus pour qu’une digue cédât à l’intérieur de Natsu. Il venait de vivre une journée difficile : d’abord son réveil n’avait pas sonné et il était arrivé en retard au point de rassemblement que lui et son équipe s’étaient fixés, ensuite lui et Grey s’étaient affrontés et il avait perdu, après quoi Lucy s’était rendu compte qu’elle avait oublié les déjeuners du groupe, et enfin, Erza avait mal interprété la carte et les amis avaient failli se perdre dans les bois. Et maintenant, voilà qu’il se retrouvait prisonnier et nargué par des gens qui se prenaient pour les rois du monde ?


C’était assez. Il avait eu sa dose.


–        Je vous préviens, je suis d’une humeur exécrable et j’ai pas de temps à perdre avec vous, alors je vous conseille de me relâcher, avant que je ne fasse quelque chose que vous regretteriez.


Ses paroles déclenchèrent des rires moqueurs de la part de ceux qui le gardaient captif. L’adolescent se sentit humilié d’être aussi peu pris au sérieux.


–        Ah ! Quelque chose qu’on regretterait, vraiment ? Tu fanfaronnes beaucoup, ma foi. Si tu es si sûr de toi, prouve-le, on t’attend.

–        Vous l’aurez voulu, gronda Natsu entre ses dents serrées.


Il contracta ses poings et crispa ses doigts de pieds ; son corps entier se tendit et devint rapidement brûlant. Même sa peau devenait écailleuse autour de ses yeux. Mais ce qui concentrait son attention en ce moment, c’était sa respiration : il pouvait sentir l’air chauffer rapidement à l’intérieur de ses poumons. Il ne put retenir un petit sourire de satisfaction, dévoilant par la même occasion ses dents blanches et ses canines pointues. Aucun doute là-dessus, Ignir aurait été très fier de lui s’il avait pu le voir à cet instant.


Une grande inspiration prise plus tard, il poussa un cri – un hurlement, même – si puissant qu’il pouvait déchirer n’importe quel tympan. Le son se répercuta contre les parois en pierre de la grotte souterraine où ce petit monde se trouvait. Certains rocs lourds commencèrent à s’effondrer, provoquant la panique chez les gardiens qui avaient les mains vissées sur leurs oreilles pour atténuer sans succès l’ampleur du cri.


–        C’est bon, c’est bon, arrête ! T’as gagné, on va te libérer, mais cesse de crier ou on va tous mourir enterrés ! le supplia l’un d’eux.


Il ôta rapidement les menottes au prisonnier, et quelques secondes plus tard, lui et ses acolytes se retrouvèrent inanimés au sol après avoir reçu une bonne correction dudit prisonnier. Désormais affranchi de toute contrainte, Natsu les regarda sans dire un mot et se massa les poignets d’un air satisfait, avant de partir à toute vitesse à la recherche de ses amis. En chemin, il ne put s’empêcher de songer que le cri qu’il avait poussé plus tôt avait été libérateur : il lui avait à la fois permis de s’évader de sa prison et d’évacuer sa frustration de la journée.

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