Les belles histoires du Père Makarof, ou Fairy Tail en trente-et-un mots

Chapitre 23 : Un kangourou à table

925 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/11/2020 12:43

Un kangourou à table



 

Mika savait toujours lorsque quelque chose n’allait pas. En particulier avec son fils.


Elle comprit donc d’emblée que Grey n’était pas dans son assiette, lorsqu’elle vint le chercher à la sortie de l’école, et comme toute bonne maman adorant ses enfants, cela l’inquiéta. Silver était parti pour affaires à la capitale pour plusieurs jours au moins, et elle avait dû s’arranger avec l’apothicaire pour lequel elle travaillait afin de poser quelques congés. Cela ajouté à son état de santé particulier, ces derniers temps… Elle espérait de tout son cœur pouvoir savoir ce qui n’allait pas avec son garçon et l’aider autant que possible.


D’abord réticent à parler, Grey lui expliqua qu’il s’agissait de l’un de ses amis qui allait déménager, et que c’était pour cela qu’il se sentait d’humeur triste aujourd’hui. Du fait du temps et de l’expérience, Mika savait que de dire « Tu en retrouveras d’autres » ou « Bientôt tu verras, tu ne penseras plus à lui » n’étaient pas des choses qu’il était judicieux de raconter en pareilles circonstances, surtout pour ce qui était de Grey, alors elle insista plutôt sur le fait qu’il pourrait lui écrire et lui téléphoner, et qu’elle et son père l’emmèneraient le voir pendant les vacances. Il parut se sentir mieux, et après quelques paroles réconfortantes, elle le laissa seul dans sa chambre, car elle savait pertinemment qu’il avait besoin d’être tranquille.


Cela lui brisait tout de même le cœur de le savoir si déprimé.


Alors, elle eut une idée. Elle se rendit à la cave, là où se trouvaient entre autres les vieilles affaires de son fils, et en farfouillant dans les cartons, découvrit avec une joie non dissimulée ce qu’elle cherchait. Heureuse, elle remit tout en place et retourna dans la maison accomplir les tâches quotidiennes, jusqu’à ce que la nuit commençât à tomber.


Lorsqu’elle vint chercher Grey dans sa chambre pour le dîner, ce dernier encore morose, eut la surprise de remarquer que la table avait déjà été dressée – d’habitude, c’était lui qui s’en occupait – pour trois personnes, ce qui était étrange, puisqu’il n’y avait que sa mère et lui, ce soir.


–        Regarde ce que j’ai retrouvé cet après-midi ! fit celle-ci en disposant un gratin fumant sur la table et en sortant un objet de la poche de son tablier. Monsieur Kagou ! Et il m’a dit qu’il avait bien envie de manger un morceau avec nous !


Le garçon de huit ans ne put retenir un hoquet de surprise en voyant la peluche encore relativement bien conservée qu’elle agitait sous ses yeux. C’était un kangourou, mais à l’époque, il écorchait le nom et baragouinait « kagou » au lieu de kangourou. Quoi qu’il en soit, le vieil animal avait été son confident jusqu’à pas si longtemps encore, mais depuis plusieurs mois il ne jouait plus avec et ne lui parlait plus. Il grandissait, il n’allait pas passer sa vie à s’amuser avec des jouets ! C’était quelque chose que sa mère semblait avoir du mal à admettre, parfois.


–        Maman ! protesta-t-il, mortifié, je n’ai plus quatre ans ! Remets-le où tu l’as trouvé, s’il te plaît !


Sa mère afficha une moue faussement déçue, et porta le kangourou jusqu’à son oreille, comme pour donner l’illusion qu’il lui murmurait quelque chose.


–        Oh ? Monsieur Kagou dit qu’il est triste que tu ne veuilles pas de lui à table, mais puisque c’est ton souhait, il va le respecter. Je vais le ranger là où il était, alors.


Elle pivota sur ses talons, faisant se mouvoir sa robe bleue et ses longs cheveux noirs, prête à donner l’impression qu’elle allait faire ce qu’elle venait de dire. La réaction de son fils, envahi par les remords et la culpabilité, ne tarda pas à arriver.


–        Attends.


Elle sourit discrètement, avant de reprendre un air grave et de faire à nouveau face à Grey.


–        Oui ?

–        Je… Je veux bien qu’il reste, finalement.


Cette fois, Mika put s’autoriser un large sourire tandis qu’elle rendait la peluche kangourou à son fils, dont le visage s’illumina simplement en touchant l’objet. Les joues encore un peu rouges, il l’installa à une chaise et lui servit lui-même du gratin. Il était assez grand pour comprendre qu’évidemment, Monsieur Kagou restait un jouet et qu’il ne pouvait donc par définition rien manger, mais cela ne l’empêcha pas de faire semblant de lui donner quelques cuillérées, voire même de rigoler. Pour Mika, c’était suffisant : elle avait réussi à remonter le moral de son fils. Par contre…


Elle posa la main sur son ventre encore plat, radieuse. Bientôt, il faudrait expliquer à Grey qu’un autre kangourou, d’un genre un peu particulier, celui-ci, rejoindrait bientôt la table.

Laisser un commentaire ?