Les belles histoires du Père Makarof, ou Fairy Tail en trente-et-un mots

Chapitre 28 : Crayon magique

1134 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/11/2020 14:21

Crayon magique




Lucy et Reby avaient une passion commune pour tout ce qui touchait à la lecture, à l’écriture, et, de manière plus large, à la littérature. La première passait une partie conséquente de son temps libre à écrire un roman, et la deuxième, en tant que meilleure fan de la première heure, lisait tous ses brouillons avec attention, et avait toute autorisation pour prodiguer conseils et astuces afin d’aider l’écrivaine en herbe à s’améliorer.


Alors, forcément, lorsqu’elles entendirent parler, au détour d’une balade paisible dans les rues de Magnolia, d’un « crayon magique », cela les intrigua vivement toutes les deux, même si ça ne les surprit guère. Après tout, Lucy avait déjà pris un bain avec du savon qui l’avait rendue invisible par la suite, et même avant cela, peu de temps après son arrivée à la guilde et sa première S-Quest, elle avait connu la sensation particulière d’échanger de corps avec Grey. Donc un crayon un peu spécial, à côté de ça, ça n’avait franchement rien de très déroutant.


Pour quelques centaines de joyaux – un prix plus qu’honnête –, Lucy l’avait donc acheté, et avait commencé à l’utiliser le soir même, promettant à Reby de lui donner ses impressions dès le lendemain.


Installée à son bureau, elle sortit une page blanche et testa la prise en main de l’outil, qu’elle trouva particulièrement agréable : malgré le fait qu’il ressemblait à n’importe quel autre stylo, il était simple à tenir, glissait avec fluidité sur le papier, et en plus son encre était multicolore, avant de se figer au final en une couleur particulière, ce qui donnait comme résultat que chaque mot n’avait jamais exactement la même teinte.


Lorsqu’elle se sentit bien à l’aise après avoir essayé le crayon, Lucy ne s’en servit non pas pour travailler sur l’écriture de son roman, mais pour, comme elle en avait toujours eu assez régulièrement l’habitude, rédiger une lettre à sa mère, décédée lorsqu’elle était encore petite.



« Chère maman,

Comment vas-tu ? Je suis désolée de ne pas t’avoir écrit plus tôt, mais tu vas vite comprendre pourquoi.

Tu me manques toujours autant, et je donnerais tout pour te revoir. J’ai énormément de choses à te raconter, à toi ainsi qu’à papa. J’ai appris tout récemment qu’il était décédé, alors j’imagine qu’il t’a rejointe. Si c’est le cas, j’aimerais beaucoup que tu le remercies pour moi. Je ne sais pas comment j’aurais fait s’il ne s’était pas arrangé pour payer mon loyer pendant mes sept années d’absence.

Ah, ces sept années d’absence, oui. Je devrais peut-être commencer par là, d’ailleurs. Figure-toi que j’ai accompagné Kanna sur l’île de Tenrō, et nous sommes restés là-bas pendant sept ans. Mais, commençons par le début. Si j’étais la partenaire de Kanna, au départ, c’est parce que je l’accompagnais pour son examen de rang S, et elle m’avait avoué… »



Elle eut juste le temps de terminer sa lettre, avant de tomber de sommeil sur son bureau, le crayon lui glissant des mains et roulant jusqu’à tomber au sol.



***



–        Lucy ?


La jeune fille ouvrit péniblement les yeux, interpellée par la familiarité de la voix qui l’avait appelée. Allongée de tout son long au sol, il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits. Elle se redressa néanmoins, difficilement, intriguée par cette sorte de néant bleu dans lequel elle se trouvait, et retint un hoquet de stupéfaction lorsqu’elle croisa le regard de l’autre personne qui était avec elle.


–        M–Maman ? bredouilla-t-elle, la voix déformée par les sanglots naissants.

–        Oh, Lucy, ma chérie, c’est incroyable comme tu as grandi…


Layla n’avait pas changé – ou plutôt, elle était restée la même. Elle avait toujours ses cheveux blonds tirés vers l’arrière en un chignon élégant, et une longue robe qui lui donnait l’air d’une princesse. Surtout, elle avait passé la majorité de ses qualités physiques et intellectuelles à sa fille, qui était son portrait craché.


Cette dernière n’attendit guère plus longtemps pour courir vers elle et se jeter dans ses bras, avant de fondre en larmes. D’abord prise par surprise, Layla répondit à l’étreinte de sa fille en l’entourant affectueusement de ses bras, ravie de pouvoir à nouveau la serrer contre elle.


–        Si tu savais comme je suis heureuse de te voir ! J’ai tellement de choses à te raconter, s’exclama Lucy d’une voix étouffée.


L’esquisse d’un sourire passa sur les lèvres de sa mère.


–        Nous avons toute la nuit pour ça, mon cœur.



***



Le lendemain, lorsque les rayons du soleil réveillèrent Lucy, elle crut qu’elle avait rêvé, notamment parce que le crayon qu’elle avait utilisé la veille au soir avait mystérieusement disparu, mais curieusement, la lettre écrite à sa mère se trouvait bel et bien sur son bureau, et elle se demanda l’espace d’un instant si elle n’était pas en train de devenir folle. Puis, elle se prépara pour une nouvelle journée, et cette histoire bizarre sortit de son esprit.


Ce ne fut qu’en arrivant à la guilde et en croisant Reby qu’elle sut qu’elle n’avait pas halluciné.


–        Coucou, Lucy ! Alors, ce nouveau stylo, est-ce qu’il marche bien ? Mais, tu as pleuré ? Tu as des marques sur tes joues… remarqua cette dernière en affichant une mine inquiète.


Lucy frotta ses pommettes avec ses mains, pour constater qu’effectivement, elles étaient fraîches et humides. Malgré cela, son visage afficha une expression heureuse tandis qu’elle essuyait les dernières traces de larmes.


–        Tout va bien, ne t’en fais pas. Pour ce qui est du crayon…


Elle laissa échapper un rire léger.


–        Je crois qu’on peut définitivement dire qu’il est magique, oui.

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