Les belles histoires du Père Makarof, ou Fairy Tail en trente-et-un mots

Chapitre 29 : Le méchant au pouvoir

1415 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/11/2020 14:27

Le méchant au pouvoir




Beaucoup à Blue Pegasus respectaient, ou plutôt craignaient, la terrible constellationniste Karen Lilika, mais personne n’avait prédit qu’elle serait celle qui plongerait un jour le monde entier dans un chaos sans nom.


Elle commença par maltraiter ses esprits, particulièrement Aries ; d’abord, ce fut discret, puis, au fil du temps, elle parvint de moins en moins à se contrôler, et même Léo, le chef des douze du zodiaque, ne put absolument rien faire contre sa cruauté sans nom.


Maître Bob la sermonnait régulièrement quant à son comportement envers ceux qu’elle ne considérait que comme des « outils de travail », mais elle ne l’écouta guère, et bascula de plus en plus dans la violence et la démence. D’abord, elle tua sans la moindre pitié ni émotion les ennemis qu’elle affrontait en mission, et avec le goût du sang grandit également la soif de pouvoir. Un soir, au cœur de la nuit, elle assassina Maître Bob et Ichiya, et s’autoproclama nouvelle maître de la guilde. Tous ceux qui tentèrent de résister ou de s’échapper terminèrent massacrés, et ceux qui se soumirent vécurent un véritable enfer. Parmi eux, certains en vinrent eux-mêmes à changer et à commettre des atrocités, par peur d’être tués, ou tout simplement parce que cela leur plaisait.


Les ambitions de Karen ne se limitaient évidemment pas à Blue Pegasus. Elle faisait également régner la terreur en ville, et rapidement, elle attaqua la guilde voisine de Lamia Scale. Les survivants du raid mené contre la guilde autrefois florissante de membres, se comptait sur les doigts d’une main. Et on put en dire autant de Fairy Tail. Ils furent quasiment tous décimés, et même les plus obstinés, malgré leur brûlante volonté, furent violemment matés. Lorsque la guilde alors connue comme la plus forte de Fiore s’effondra, cette chute précipita le royaume dans les ténèbres.


La capitale, Crocus, tomba sous la coupe de Karen qui investit le palais avec les membres de son nouveau régime totalitaire. Partout, les libertés furent réprimées et la majorité des guildes de mages pulvérisées, sauf exception. L’alliance Baram, composée des trois guildes d’Oración Seis, Grimoire Heart, et Tartaros, demeura, et devint plus forte et plus menaçante que jamais. Brain, Hades et Mald Gheel, accompagnés de Karen, formèrent une coalition indestructible qui assoirait son autorité pour encore les siècles des siècles à venir.


Tous les quatre lancèrent un plan qui mit fin à la magie dans le monde, et qui eut pour conséquence finale, comme ils l’avaient prévu, de faire renaître le grand mage noir, Zeleph. Il apparut chevauchant le dragon Acnologia, l’un des démons qu’il avait autrefois créés.


Tout ce qui avait encore un semblant de vie sur cette terre disparut alors : les sols s’asséchèrent, les arbres se désagrégèrent, les animaux devinrent poussière. Il ne resta bientôt plus que des cendres et des squelettes calcinés. Le vent ne souffla plus, le soleil ne se leva plus, et, après un certain temps à parcourir le monde, Zeleph, soit par ennui, soit par envie, assassina finalement ses quatre loyaux serviteurs, devenant de fait le grand et unique méchant au pouvoir.


Cela sonna la fin d’Earthland tel qu’on l’avait connu.

 


***



–        Hm… Je crois que le plus effrayant, c’est que les choses auraient vraiment pu tourner comme ça.

–        Ah, je t’avais prévenu que j’avais l’art de raconter des histoires !


Hibiki avala d’une traite le verre d’alcool – il ne savait plus lequel, d’ailleurs – et le reposa ensuite sur le comptoir sans plus de cérémonie. Eave l’imita, la seule différence étant que son verre à lui contenait simplement du sirop. Il passa ensuite négligemment une main dans ses cheveux châtains, observant son compagnon qui serait bientôt à deux doigts de s’évanouir s’il ne faisait rien.


Il déboutonna sa chemise crème pour se mettre plus à l’aise, avant de tapoter doucement l’avant-bras d’Hibiki, qui poussa un grognement d’agacement.


–        Allez, c’est à ton tour vieux.

–        Attends, laisse-moi réfléchir…

–        Ah ! Mes enfants, je vous cherchais. Dites-moi, qu’est-ce que vous faîtes de beau ?


Tous les deux sursautèrent brusquement, avant de se tourner vers la personne qui s’était adressée à eux.


–        Oh, bonsoir Maître ! le salua Eave dans un sourire joyeux. Nous nous ennuyions un petit peu, alors nous étions en train d’inventer des histoires pour nous faire peur. Par exemple, qu’est-ce qui aurait pu se passer si Karen était encore en vie.


Maître Bob était un homme à l’embonpoint évident, chauve, et qui se travestissait en femme, ce qui résultait en le fait que son apparence pouvait en surprendre plus d’un, mais il était surtout un vieil ami de Makarof et quelqu’un sur qui l’on pouvait compter, qui se souciait beaucoup du bien-être de ses membres.


Y compris lorsque ceux-ci étaient particulièrement difficiles. Même si Karen avait énormément blessé, physiquement comme mentalement, les esprits sous sa responsabilité, Bob n’avait jamais cessé de l’apprécier. En tous les cas, il n’avait jamais souhaité son décès, et surtout, il n’avait jamais souhaité non plus être celui qui l’annoncerait à Léo et aux autres esprits. Même des années après, il se considérait toujours comme coupable de n’avoir pas pu sauver Karen, et même s’il n’en laissait rien paraître, Eave, pour sa part, le remarqua très bien, et tenta comme il le pouvait, c’est-à-dire assez maladroitement, de changer de sujet.


–        Celui qui parvient à raconter l’histoire la plus terrifiante gagne un seau de bonbons ! Vous… voulez essayer, Maître ?

–      Je crains que non, mes enfants. Je venais vous demander d’aller aider notre ami Ren aux archives. Il a du mal à classer tous les documents tout seul, voyez-vous.


Les deux compères regardèrent leur maître, clignèrent des yeux, puis échangèrent un regard entendu qui trahissait toutes leurs pensées. Le fait était qu’en cette fin d’après-midi, ils étaient plus enclins à s’amuser et à rigoler entre eux qu’à s’ennuyer à essuyer de vieilles étagères poussiéreuses et à ranger des bouquins aux pages jaunies par le temps.


Ils étaient clairement d’accord là-dessus. Il restait à l’expliquer à leur supérieur.


–        Avec tout notre respect, Maître, est-ce que cela ne peut pas attendre demain ? Nous avions l’intention de nous détendre, ce soir…


Ils l’observèrent, la respiration suspendue. L’intéressé afficha un sourire crispé, avant de soudain s’entourer d’une aura meurtrière et de laisser son corps augmenter de volume, dominant largement ses deux subalternes en hauteur et en force brute. Il était diablement effrayant, d’autant qu’il ne s’était jamais fâché ainsi auparavant, et Hibiki et Eave se serrèrent l’un contre l’autre dans un cri de terreur.


–        J’ai dû mal entendre. Est-ce que, par hasard, vous contesteriez mes ordres ?!

–        Non, non, pas du tout ! On va aider Ren tout de suite, Maître !


Ce dernier reprit une taille et une apparence normales, satisfait, tandis que les deux garçons quittaient leurs tabourets à toute vitesse en direction de la bibliothèque, paniqués et les larmes aux yeux.


Finalement, dans l’histoire, c’était encore le maître de Blue Pegasus qui était le vrai méchant au pouvoir.

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