Les belles histoires du Père Makarof, ou Fairy Tail en trente-et-un mots

Chapitre 30 : Fossile vivant

1311 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/11/2020 14:29

Fossile vivant




Lorsque Makarof convoquait quelqu’un, il était certain que cette personne allait avoir des problèmes. Cela, Jubia l’apprit à ses dépens lorsqu’il lui ordonna de le rejoindre dans son bureau à l’étage, alors qu’elle était rentrée de mission plus tôt dans la journée.


Elle ignorait la raison d’un tel rendez-vous. Elle avait entendu des bruits comme quoi le maître était particulièrement irrité depuis qu’elle était revenue, mais pour être honnête, elle n’avait absolument pas pris dessus. Elle ne voyait pas vraiment ce qu’on pouvait avoir à lui reprocher, alors ce fut tranquillement, mais néanmoins nerveusement, qu’elle s’assit sur la chaise que lui désigna Makarof lorsqu’elle le retrouva à l’horaire et au lieu convenus. Lui resta au contraire debout, se contentant d’arpenter la pièce de long en large, sans lui accorder le moindre regard.


–        Je dois admettre, finit-il par lâcher, que je ne m’attendais pas à un tel comportement de ta part, Jubia. Surtout après ce que j’ai fait pour toi.

–        Je… Je ne comprends pas. Il y a un problème, Maître ? demanda la jeune mage, affichant une réelle expression de surprise.


Elle n’avait pourtant jamais eu d’ennuis jusqu’à présent. C’est vrai que Jubia passe beaucoup de temps à espionner Monsieur Grey… Ah, est-ce que c’est pour ça qu’elle est convoquée ?! Oh, Jubia est désolée, vraiment désolée, elle ne savait pas ! Elle voulait juste que Monsieur Grey la remarque, c’est tout !


Une minute. Elle avait espionné le jeune homme depuis le jour où elle avait été acceptée à Fairy Tail. Alors pourquoi Makarof ne décidait-il de la convoquer que maintenant à ce sujet ? Elle se mordit la lèvre et déglutit lentement. Vraiment, elle ne comprenait rien à ce qui se passait, que lui reprochait-on, exactement ? Si cela continuait, elle pressentait que les choses allaient mal tourner et qu’elle allait se mettre à pleurer – ce qui était assez drôle, pour une fille dont le corps était entièrement constitué d’eau.


–        Ton ancienne guilde de Phantom Lord nous a fait connaître des horreurs ; malgré cela, je t’ai quand même proposé de nous rejoindre, et voilà comment tu me remercies ?

–        Jubia ne sait pas de quoi vous parlez, elle le jure !


Sa voix désespérée commença à être déformée par les sanglots, et le liquide chaud et salé si caractéristique menaçait de couler de ses yeux, malgré tous les efforts qu’elle faisait pour se contenir.


–        Ne me mens pas ! s’écria Makarof en abattant ses mains sur son bureau. On m’a dit que tu nous avais traité de « fossiles vivants », moi et Maître Ohba !


Elle écarquilla les yeux, incapable de prononcer le moindre mot. Voilà qu’elle se trouvait à présent encore plus confuse qu’auparavant, et maintenant, elle tremblait de tous ses membres. Le pire, c’était qu’elle avait beau vouloir essayer de se défendre, aucun mot ne parvenait à sortir de sa bouche, et de toute façon, elle était à peu près certaine que le maître n’avait pas envie de les entendre, et encore moins envie de la croire.


Elle baissa les yeux, et en désespoir de cause, essaya de trouver dans sa mémoire la raison d’un tel malentendu. Car elle en était certaine : jamais elle n’avait osé parlé des maîtres des guildes en des termes péjoratifs comme ceux que venait de lui dire Makarof.


En vérité, elle n’aurait jamais osé. Pas après tout ce qu’il avait fait pour elle : il lui avait tendu la main au moment où elle n’avait nulle part où aller, alors que la guilde d’où elle venait, Phantom Lord, avait attaqué celle de Fairy Tail. Mais lorsque Jubia a rencontré Monsieur Grey, tout a changé ! Et Jubia refuse de quitter la guilde alors qu’elle n’a rien fait ! Elle doit laver son honneur ; elle n’a pas insulté qui que ce soit de fossile–


… Fossiles… vivants… ?


Elle faillit sauter au plafond lorsque les engrenages se mirent soudainement tous à tourner en place dans sa tête. Mais bien sûr ! Comment Jubia a-t-elle pu être aussi sotte ?!


Makarof était devenu énervé depuis qu’elle était rentrée de mission. Or ladite mission émanait d’un chercheur qui étudiait la faune sous-marine, et puisque le corps de Jubia était essentiellement constitué d’eau, il avait demandé son aide pour qu’elle lui ramenât des fonds marins des spécimens de « fossiles vivants », des espèces vivant actuellement, mais ressemblant morphologiquement à d’autres espèces aujourd’hui éteintes. C’était ainsi le cas avec le nautile pour l’ammonite, ou la limule avec les trilobites, par exemple. Jura Nekis de Lamia Scale possédait un savoir assez impressionnant pour tout ce qui concernait l’archéologie, et était venu avec le chercheur récupérer les fossiles. De retour à la guilde, Jubia avait évoqué sa mission avec les autres, notamment Reby, en lui parlant donc des fossiles vivants, puis de Jura, à qui Maître Ohba faisait vivre un véritable enfer, ces derniers temps, et de là, Reby avait enchaîné sur Makarof tout en donnant à Jubia un livre sur l’écosystème marin que cette dernière lui avait demandé, piquée par la curiosité à la suite de sa mission.


Oh mon Dieu. En réalité, le maître n’avait saisi qu’une partie des informations et il avait cru que Jubia l’avait insulté. C’est une catastrophe, il faut absolument clarifier les choses tout de suite !


–        Maître ! s’écria-t-elle en se levant brusquement de sa chaise et en abattant ses mains sur le bureau. Tout ceci n’est qu’un malentendu ! Les fossiles vivants dont Jubia parlait… C’était des animaux qu’un chercheur lui avait demandé de ramener pour qu’il puisse les étudier ! Il s’agissait de sa mission à accomplir, vous pouvez vérifier !


D’abord surpris, Makarof ferma les yeux un instant pour réfléchir, puis la toisa à nouveau d’un air grave.


–        Selon tes dires… Je t’accuserais donc injustement à cause d’une simple méprise ?


Son interlocutrice hocha vigoureusement la tête.


Il y eut un court laps de temps durant lequel le silence se fit, et elle avala sa salive, complètement angoissée.


Elle… ne s’attendait certainement pas à ce que Makarof partît dans une crise de larmes juste ensuite. Sous ses yeux médusés, le petit homme se roula par terre en criant des « Honte à moi, je m’en suis pris à une pauvre innocente ! » et des « Tout ça n’est dû qu’à une incompréhension, c’est trop hilarant ! », si bien qu’on ne savait pas s’il était en colère contre lui-même, ou bien si la situation l’amusait ; Jubia par contre était particulièrement remontée contre lui et ne trouvait nullement le quiproquo hilarant.


Le fossile vivant risquait de ne plus le rester longtemps, s’il continuait à adopter ce genre de comportement. Il ne fallait pas s’étonner si un jour il devenait une espèce disparue.

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