Immarcescible

Chapitre 3 : Chapitre 2

1267 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 11/01/2018 21:47

voila le deuxième chapitre ! Bonne lecture à vous!


« Bien le bonjour mademoiselle, j'ai l'incroyable, sublime, superbe, magnifique et immense honneur de vous annoncer que vous avez été choisie, vous parmi tant d'autres, l'élue parmi les élus, l'unique parmi les uniques : vous, l'incroyable gagnante de notre concours! » me hurle à s'en déchirer les poumons, un espèce d'énergumène tout droit sorti des Enfers devant ma porte.


Heu, c'est qui lui? C'est quoi son problème? Il fout quoi devant ma porte?


L'étrange personnage se tenant sur le palier, doit être un homme d'une quarantaine d'années, quoique, son âge est tout de même difficile à évaluer tellement ledit personnage est atypique. Il possède une calvitie grande comme le désert du Sahara mais qui contient, tout de même, quelques petites oasis de cheveux roses fuchsia. Oui oui, vous avez bien lu, rose fuchsia! Son grand sourire qui se veut certainement chaleureux ne m'arrache qu'un long frisson désagréable. Psychopathe! 


Ses habits, ressemblant fortement à ceux de mon frère, c'est à dire classe et branché (et incroyablement frimeur soit dit-en passant) contrastent fortement avec sa dégaine d'ogre anorexique tout droit sortie d'un conte pour enfants. Comment un ogre peut-il être anorexique? Ça, je vous laisse le soin de l'imaginer. Pour ne rien arranger, la peau pâle, presque translucide, de son visage exhibe de longues cernes violacées et des lèvre très fines peintes en rose foncé presque rouge.                            


Un vampire! Je suis sûre que c'est un vampire! Il ne va pas me sucer le sang, si ?


« La remise des prix se fera samedi prochain dans votre nouvelle bibliothèque, la plus belle parmi les plus belles, la plus propre parmi les plus propres, la plus chaleureuse parmi les plus chaleureuses au 1 rue Lilas dans votre magnifique et sublime ville! » continue-t-il de gueuler dans mes oreilles, menaçant de me détruire les timpans. 


D'une main assurée aux longs ongles parfaitement manucurés rose pâle -je déteste le rose pâle-, il me tend une petite carte de visite, apparue comme par magie. Pas question que je prenne cette chose! On ne sait jamais ce qu'il a fait avec et peut-être qu'un virus ultra-contagieux attend le moment idéal pour sortir de la carte et venir m'attaquer et... Je n'ai pas le temps de répondre quoi que ce soit que la carte de visite se retrouve dans ma main et la porte claquée dans un « Au revoir et à la prochaiiiiiiiiiine! » suraiguë.



Je reste hébétée un moment, le bras encore tendu devant moi, la bouche grande ouverte et le regard fixé sur la porte. Si il n'y avait pas la petite carte de visite que je tiens fermement dans la main, j'aurais pu imaginer qu'il ne s'était rien passé. C'est mon frère qui me sort de mon hébétude en déboulant dans le hall, une serviette humide sur les cheveux. 


« C'était qui? 


- Hum, de quoi? réponds-je, encore sonnée par le traumatisme que je viens de subir.


- La sonnette? C'était qui? insiste le primate.


- Ah, ça? Oh, personne, de la pub pour une nouvelle bibliothèque... je crois. 


Mon frère hausse un sourcil sceptique"tu crois?". Comme je tente de lui expliquer, en vain, l'étrange apparition imprévue, mon frère me coupe et ouvre la porte d'entrée: « Bon, super ton histoire mais moi je vais chez un pote! Allez, amuse-toi bien avec ta vaisselle !». Mais avant que la porte ne se referme sur lui il rajouta ironiquement: « Au fait Alice, je ne savais pas que nous avions une nouvelle piscine dans la cuisine. » 


Sur ces mots, il claque définitivement la porte, et me laissant seule dans l'entrée. Piscine? Cuisine? Piscine+Cuisine=.... J'ouvre grand les yeux et fixe mes mains pleines de savons. La vaisselle! J'étais en train de faire la vaisselle et... J'ai oublié de fermer le robinet! Je me précipite dans la cuisine et découvre avec horreur une énorme flaque d'eau s'étendre sur tout le carrelage. Je cours vers le robinet, me lance de toutes mes forces, tends mes bras et... glisse lamentablement sur le sol. Me voilà maintenant affalée de tout mon long sur le sol de la cuisine, trempée de haut en bas avec un énorme bleu qui fleurit à grande vitesse sur mon manton, première victime de ma cascade aquatique.


Tandis que l'éponge vigoureusement le sol de la cuisine je repense à cet étrange personnage, alias Satan. Après tout, c'est de sa faute si j'en suis rendue la, trempée et m'escrimant à éponger les dégâts. D'ailleurs, je ne participe jamais à des concours et encore moins de ce genre. Je suis sûre que ce vampire travesti a sorti le même tour à tous les habitants de la rue. 


D'ailleurs, un vampire peut-il être travesti? 


Tout en réfléchissant à cette question-existentielle il faut se le dire- je termine de nettoyer la cuisine et reprends mon activité, c'est à dire nettoyer la vaisselle. Alors que je savonne férocement une pauvre assiette qui n'a rien demandée, mon regard dérive sur un cadre posé sur le plan de travail. Un sentiment de nostalgie m'envahit aussitôt et mes mouvements se font plus doux, pour le plus grand bonheur de l'assiette.


La photo a été prise il y a quelques années lors d'une belle journée d'automne. On y voit une famille rayonnante et unie. Sur le cliché, je dois être âgé de dix ans et mon frère douze. Mon père et ma mère nous enlacent, main dans la main et sourire aux lèvres. 


Mon père est parti l'année de mes dix ans, quelques mois après la date de cette photo. Il est sorti de nos vies du jour au lendemain, sans prévenir. 


Un matin, il avait disparu, sans un au revoir ni regard en arrière. Depuis ce jour la maison est devenu plus triste, plus vide et terne. C'est à partir de cette période que ma mère a commencé à s'éclipser, à disparaître des jours voir des semaines entières dans ses "salons" ou "expositions". C'est sa manière à elle de s'enfuir un peu, de quitter l'atmosphère lourde qui enveloppe la maison à présent. 


Tous ces non-dits, ce silence autour de Sa disparition pèsent plus que n'importe quel poids. 


Ma mère n'a plus jamais souri comme sur la photo, elle s'est éloignée progressivement de nous, de moi, sans que je ne puisse la retenir. Je suis persuadée que c'est en rapport avec lui mais maman est toujours restée très vague à ce sujet. 

Je n'ai jamais vraiment eu l'occasion d'aborder Sa disparition. 

J'ai pourtant essayé, au début, mais à la moindre évocation, je voyais ma mère se renfermer, son regard se voiler et ses lèvres trembler. 


Lors de ces moments, elle me semble si fragile, si prête à se briser, que j'ai arrêté de lui demander, de peur de la perdre complètement.



Bon, voili voilou, j'espère que ça vous a plu ! Et nous vous inquiéter pas, on travaille sur le troisième chapitre !

Xoxo

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