Immarcescible

Chapitre 5 : Chapitre 4

1891 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 06/03/2018 14:19

Je cours à en perdre haleine. Ma gorge me brûle et mon chignon, parfaitement symétrique il y a quelques minutes, voltige désormais dans tous les sens, laissant échapper de nombreuses mèches rebelles.

J'arrive au bout de la rue. Avec une vitesse fulgurante digne d'un film d'action, je saute par dessus une poubelle renversée, tourne brusquement dans une petite ruelle, débouche sur le boulevard et, armée de mes dernières forces, saute dans le bus. 


Je m'écroule sur un siège vide et souffle le peu d'air restant des mes poumons. Cette fois-ci, nous sommes bien lundi et je ne compte pas arriver une fois de plus en retard au lycée. 


Le bus roule lentement, tanguant comme un bateau et sifflant comme une soupape, laissant derrière lui une traînée de fumée noire. Je prie intérieurement pour qu'il n'y ait pas d'embouteillages sur la route, sinon je vais encore me faire sermonner par la CPE. Heureusement, le trafic est bon. Je devrai arriver d'ici une petite dizaine de minutes. 


Je prends mes aises -c'est à dire que je m'étale sur le siège-, enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et démarre ma playlist. Alors que les octaves délicieuses de Shawn Mendes me font vibrer toute entière -oui il faut se le dire-, je remarque, au fond du bus, une silhouette me paraissant familière. Je plisse les yeux et la regarde attentivement. Plus que familière. En fait, il faudrait être aveugle pour ne pas le remarquer.


C'est l'homme qui a sonné à ma porte, hier. L'étrange personnage, toujours habillé de rose et taillé comme un roseau, semble anxieux. Ses longs doigts triturent ses genoux tandis que ses talons frappent le sol. Il regarde dans le vide, comme si il comptait le nombre de chewing-gum agglutinés sur le sol poussiéreux. 


L'odeur nauséabonde du pétrole me sort soudainement de mon observation. Je jette un coup d'œil à travers la vitre et, voyant que le lycée n'est qu'à quelques mètres, mets les deux bandoulières de mon sac sur les épaules avant de me traîner vers la porte coulissante du véhicule sordide. Le pied à terre, je me dirige rapidement vers les grilles noires de monde. 


Les élèves s'agglutinent et se bousculent, formant une masse difforme et compacte. De temps à autre, des têtes que je ne connais que trop bien émergent de la foule mais, avant que je ne puisse faire un geste, disparaissent. J'ai l'impression d'être devant une cuniculiculture, c'est à dire un élevage de lapins domestiques. Tout le monde cherche sa carotte, autrement dit sa bande de potes. 


Je ne trouve pas la mienne. 


Je pousse un soupir, le premier d'une longue série, avant de foncer dans le tas. À force de jouer des coudes, je finis par me frayer un chemin parmi les élèves mais malheureusement pour moi, pas de traces de mes amis.


Je déteste cet endroit. À chaque fois que je me retrouve ici, j'ai l'impression d'être une pierre engloutie au milieu d'un océan. 


Je manque d'air.


Je regarde de nouveau autour de moi. Je ne connais personne. Un groupe de filles à ma droite ne cesse de jacasser comme des oies tout en se vantant de choses matérielles inutiles. Chacune veut avoir plus que l'autre, c'est réellement insupportable. 


Soudain, mon épaule se fait heurter violemment. Alors que je m'apprêtais à aller dire deux mots à l'imbécile complètement irrespectueux, je perds l'équilibre. 


Décidément, je ne serai jamais funambule. 


Je ferme les yeux et me prépare psychologiquement à la honte intergalactique que je vais subir mais, tout d'un coup, une main puissante me rattrape juste avant que je ne touche sol et m'entraîne hors de la foule. 


De nouveau sur pieds, j'époussette mon jean et relève les yeux vers le propriétaire de la main en question. 



Alex Anderson. 



Un ange descendu sur terre. Des mèches d'un blond éclatant encadrent son visage d'une perfection presque irréelle et ses yeux rieurs sont d'un bleu lagon. Si je devais mourir maintenant, je pense que je voudrais me noyer dans ses iris. Un sourire éclatant orne son visage et laisse entrevoir deux petites fossettes aux coins de ses lèvres. 


Il est magnifique.


- Je ne te pensais pas aussi maladroite ! Il faut faire attention, je ne serai pas toujours là pour te rattraper ! s'exclame-t-il en riant.


Oh mon dieu, son rire angélique est tellement mignon. Je fonds. 


Il m'observe. Toute pensée logique et sensée quitte aussitôt ma tête. Mes joues deviennent rouges pivoines et un ridicule petit rire étouffé sort de ma gorge. 


- M-merci, je ferai attention t'inquiète pas... balbutiai-je.


Son bras vient frotter sa nuque d'un sexysisme incroyable. Ses muscles se tendent et mes yeux les fixent avec intensité. 


- En même temps, je dois t'avouer que réussir à garder son équilibre parmi cette cohue tient plutôt du miracle, renchérît-il.


Je me mords la lèvre, il est adorable.


- La prochaine fois, évite de me rattraper, le taquines-je. Au moins, je louperai le cours ennuyant de MmeBiduleTrucMachinChouette !


Il haussa les sourcils, surpris, mais me lance un sourire taquin qui vaut tout l'or du monde. 


Dieu qu'il est beau. 


- Pas de problèmes. Je vous laisserai, ta honte et toi, ruminer sur le sol la prochaine fois ! 


J'esquisse un sourire. 


- Bon, on se voit en cours ! déclara-t-il, replaçant sa mèche rebelle d'un geste de la tête.


Il disparaît dans la foule d'élèves. Je reste un moment comme ça, sans bouger, les yeux fixés dans la direction où il se tenait encore il y a quelques secondes. 


Alex.


Ce garçon me fait chavirer depuis très longtemps. Nous étions au collège ensemble et déjà, à l'époque, il ne me laissait pas indifférente. Cependant, c'est réellement à partir du lycée que j'ai commencé à avoir des sentiments forts à son égard. En peu de temps, il est devenu une véritable bombe atomique et je suis loin d'être la seule a le penser vu le nombre de salopes qui lui font les yeux doux.


Moi, jalouse ? Non, pas le moins du monde, c'est pas mon genre...


Il a toujours été si gentil et si agréable. C'est vraiment l'homme parfait. 


Et Dieu seul sait à quel point j'aime la perfection. 


Seulement, je n'arrive jamais à être moi-même avec lui. J'ai toujours cette sensation de gêne qui vient se loger au creux de ma gorge. Lorsqu'il me parle et que je n'arrive pas à lui répondre, j'ai fortement envie de me gifler. Ce n'est absolument pas mon genre d'être aussi timide. 


Mes réflexions intérieures sont soudainement interrompues par l'arrivée d'une tornade en furie : Camille.


- Alice ! Ça fait dix minutes que je te cherche ! Tu vas bien ? Moi j'étais malade, l'ho-rreur ! Tu sais pas ce qu'il m'est arrivé ? Attends, faut que je te raconte ! 


Camille a toujours été énergique et surexcitée. Je me demande comme elle fait pour placer autant de mots à la minute sans respirer. Enfin, même si elle peut parfois se montrer un peu étouffante, elle sait se montrer à l'écoute, malgré son habitude à raconter sans arrêt sa vie.


On se connaît depuis le primaire. Tout a commencé le jour où une gamine m'avait fait un croche-pied. Camille lui avait craché dessus. Nous sommes aussitôt devenues amies. Camille est aussi la seule personne qui connaît mon béguin pour Alex.


Alex...


Lorsqu'il m'a pris dans ses bras -c'est une façon de parler hein-, j'ai cru définitivement qu'on était fait l'un pour l'autre. 


Mais ce n'est qu'un rêve irréalisable...


- Et donc là, j'ai pris l'araignée et elle m'a envoyé au pays des licornes, s'exclama ma meilleure amie.


On pourrait sortir ensemble, aller se promener main dans la main et... 


Bon sang, laissez-moi rêver un peu hein ! J'ai le droit !


- Et j'ai rencontré Mickael Jackson, il avait un costume de fraise des bois et on dansait la salsa, continua-t-elle.


Alex, si beau, si gentil, si drôle, si...


- Dis Alice, tu te rends compte que je te dis des conneries depuis le début ? Tu m'écoutes ? me coupe Camille, un air consterné au visage. 


- Hum ? 


- Oui c'est bien ce que je pensais, tu ne m'écoutes pas, soupire-t-elle. 


- Je pensais à Alex, je réponds de but en blanc.


- Quoi ? Encore ? 


- Il m'a tenu dans ses bras tout à l'heure, tu te rends compte ?


Camille me dévisage un moment sans rien dire, ses yeux verts me scrutent un moment. Je déteste quand elle fait ça, j'ai l'impression d'être mise à nue. Elle semble chercher ses mots. 


- Tu sais Alice, je pense qu'il faudrait que tu fasses quelque chose. Je veux dire, ça fait des années que tu me parles de lui et il ne s'est jamais rien passé. Alors maintenant, soit tu passes à autre chose, soit tu vas lui avouer tes putains de sentiments ! Regarde toi, je suis sûre que tu as toutes tes chances ! Décide toi maintenant ou... je te renie ! 


- De quoi ? Maintenant ? Et puis, tu n'oserai pas... murmurai-je, les yeux exorbités. 


Je n'ai pas du tout l'intention de lui avouer ce que je ressens, je ne pourrai pas supporter de me prendre un râteau. Surtout par lui.


- Oui, maintenant. Soit tu arrêtes de m'en parler définitivement, soit tu entres en action et ça, avant les prochaines vacances. Et tu sais très bien de quoi je suis capable... rétorque-t-elle, les bras croisés sur le torse.


- Quoi ? Mais c'est dans un mois ! Tu parles d'une meilleure amie...


- Exactement ! Alors bouges toi ! 


- Je ne sais pas... Tu as peut-être raison... Tu penses vraiment que j'ai une chance ? réfléchis-je.


- Mais bien sûr que oui ! Mais regarde toi un peu ! T'as un cul de...


- D'accord d'accord chut, la coupai-je. Je veux bien mais seulement sur l'honneur de notre amitié et sur Jackie notre panda sauvage. 


Ma meilleure amie me regarde d'un air décidé avant de me tendre une main que je saisis rapidement. 


- Je te jure solennellement de me déclarer avant les vacances ! Dis-je à haute voix sur un ton théâtral. (Référence : « Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises » HP)


- C'est d'accord, mais ne romps pas ta promesse hein, Jackie pourrait t'en vouloir, ajouta-t-elle en riant. 


- T'inquiète, je lui donne une pousse de bambou et tout est oublié.


Camille étouffe un rire et, bras dessus bras dessous, nous nous dirigeons vers notre classe.


À suivre...


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Bon, on espère que ça vous a plu ! 

Alors, qu'est-ce que vous pensez d'Alex ? :)

Héhé, vous allez en apprendre plus sur lui dans le prochain chapitre...!



Xoxo

Nono & LM

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