Immarcescible

Chapitre 9 : Chapitre 8

1862 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 18/03/2018 08:01

La voiture s'engouffre dans un parking à moitié vide. La bibliothèque se situe dans un quartier calme proche du centre ville, à quelques pas d'une ancienne brasserie.


- Allez sortez, j'ai besoin de me garer, nous signale ma mère, s'apprêtant à faire marche arrière. 


Je m'extirpe du véhicule mais à peine ai-je fait un pas qu'un rayon de soleil m'aveugle, me faisant plisser les yeux.


Un vent tiède caresse agréablement mon visage et une douce odeur de café vient titiller mes narines. Il me semble que cette exhalaison provient de la petite brasserie, située à quelques mètres sur ma gauche. Ce que j'aime le café !


 En face de moi, le bâtiment qui abrite la bibliothèque est magnifique et très imposant. La bâtisse est érigée dans un style du dix-neuvième siècle, typique de l'architecture du temps d'Haussmann. Les pierres en grès finement taillées sont parfaitement agencées et sans aucun défaut. De grandes fenêtres perçent la façade en quatre étages ainsi qu'un grenier sous les combles. 


L'accès à l'intérieur de la bibliothèque se fait par une grande porte en bois clair, située en haut d'un double escalier de pierres blanches. Le chambranle de la porte est entièrement sculpté de motifs géométriques, tout comme les rebords de chaque fenêtre.


J'ai l'impression d'être devant l'un de ces magnifiques hôtels de ville parisiens. Ceux qui s'alignent fièrement les uns à côté des autres dans les quartiers huppés de la capitale.


Sauf que, en regardant les environs, je me rends compte qu'aucune maison n'est aussi majestueuse. Ce palace resplendit tellement que je ne peux en être qu'ébahie. 


Deux grandes banderoles de couleur vives claquent au vent, de chaque côté de la porte. Elles indiquent l'inauguration de la bibliothèque, en grandes lettres multicolores. 


D'ailleurs, vu le panel de couleur dans lequel elles sont peintes, cela ne m'étonnerait pas que l'étrange énergumène peinturluré qui était venu me faire de la pub en soit l'auteur !


- C'est magnifique ! s'écrit ma mère, des étoiles pleins les yeux, après nous avoir rejoins. 


- Franchement, je ne vois pas pourquoi vous vous mettez dans cet état là, grommelle très agréablement mon dégénéré de frère, déjà en train de monter les escaliers. Ce ne sont que des pierres, pas de quoi en faire tout un plat. 


Je l'ignore en passant rapidement devant lui, non sans lui jeter un regard noir. Il a vraiment un très gros problème de culture. Antoine passe le plus clair de son temps à fumer des trucs pas très nets avec ses amis -si notre mère était l'apprenait elle l'étranglerait probablement- et, lorsqu'il rentre à la maison, ce n'est que pour s'affaler devant des jeux vidéos sans intérêt. Si bien que, pour lui, la notion même de culture ne doit pas exister dans son dictionnaire. 


Nous sommes gentiment accueillis à l'entrée par une jeune femme blonde très souriante qui nous donne un programme des activités prévues pour la journée. 


- Oh regarde maman, s'exclame soudain mon frère avec entrain pour la première fois de la journée, interrompant au passage la discussion entre ma mère et la bibliothécaire. Y'a une activité qui me plairait trop, là !


Je suis la direction pointée par son doigt et découvre avec horreur qu'il s'agit d'un atelier d'informatique. Ma mère soupire, regarde avec effarement le petit groupe de sixièmes qui s'affairent déjà sur des ordinateurs puis finit par acquiescer, résignée : 


-D'accord, vas-y, mais je t'accompagne. Pour vérifier que tu ne vas pas y passer l'après-midi. 


Antoine se précipite alors vers son atelier débile tandis que ma mère ajoute à mon égard : 


- Bon, j'accompagne ton frère. Fais ce que tu veux mais on se retrouve ici dans une heure.


- Oui oui t'inquiète pas, fis-je en me dirigeant vers les grandes étagères remplies de livres.


Je n'ai jamais trop apprécié l'ambiance des bibliothèques mais celle-ci, bien qu'elle soit tout à fait comme les autres si l'on occulte la beauté de bâtiment, me procure un doux sentiment de plénitude. 


Peut être est-ce parce qu'elle est plus lumineuse et plus cosy que l'immense bibliothèque du centre-ville. En effet, le hall d'entrée, qui est en fait la pièce principale de la bibliothèque, est surplombé d'un gigantesque dôme de verre qui laisse entrevoir le ciel. Des fauteuils moelleux sont installés entre chaque rayon. 


Ça me donne envie de m'y avachir, un bouquin entre les mains.


J'adore pouvoir lire en tranquillité, dans ma chambre, en pyjama. D'habitude, je m'enfouis sous mon plaid et bois ma tisane au jasmin tout en lisant le dernier roman que je viens de dénicher à la librairie. 


Alors que je voyage entre les étagères à la recherche de ma prochaine proie, j'aperçois, cachée derrière un rayon, une porte entrouverte. Elle laisse passer un fin faisceau lumineux. Comme j'ai toujours été ce genre de fille tenté d'appuyer sur le gros bouton rouge interdit, même si celui-ci peut déclencher une guerre interplanétaire, je ne réfléchis pas une seconde et, le programme d'activités en main, je pousse la porte.


Le battant s'ouvre dans un grincement assez prononcé. Je jette un œil aux alentour mais, la porte étant soigneusement cachée derrière le rayon des livres historiques, personne ne semble avoir entendu le bruit que je viens de faire. Je m'engouffre alors par l'ouverture et atterrit dans un étroit couloir longiligne. Il est relativement sombre, malgré les halos de lumière diffusés par de petites veilleuses accrochées aux murs. 


Je ne sais pas ce que je fais là, ni pourquoi j'ai eu l'intuition de me glisser dans ce corridor mais, tout ce que je sais, c'est que ma curiosité est infaillible. Je me décide donc de m'avancer dans le couloir en me faisant la plus silencieuse possible. Le bruit de mes bottines résonne malheureusement contre les murs en de bruyants claquements. 


Discrétion, bonjour !


Mais quelle idée d'avoir mis des talons aujourd'hui ! Dire que d'habitude, je n'enfile que des baskets...


J'atteins enfin le bout du couloir après avoir fait le plus gros boucan du siècle, malgré mes efforts. Une grande porte en bois massif me fait maintenant face. Mon esprit échafaude alors des hypothèses plus farfelues les unes que les autres. Peut-être que derrière, il se cache un trésor bien gardé depuis des millénaires, le laboratoire secret d'un alchimiste diabolique ou peut être tout simplement, le bureau d'une secrétaire aux yeux vicieux... La dernière hypothèse me semble la plus probable. 


Je pousse mes interrogations de côté et ouvre la porte timidement. À peine la porte entrebâillée, une forte fragrance de vieux papier vient aussitôt assaillir mes narines. 


J'essaie d'ouvrir la porte en grand mais elle refuse de céder. Alors, je glisse mon petit corps dans le minuscule accès que j'ai réussi à entrouvrir en serrant le ventre et me collant à la porte. Une fois passée, non sans mal, j'époussette mon jean poussiéreux qui vient de se frotter au linteau et relève les yeux.


Oh. Mon. Dieu. 


Nom d'une chenille pédophile à lunettes : j'ai atterri dans une bibliothèque digne de celle d'Harry Potter ! 


D'immenses étagères se tiennent fièrement devant moi. Elles se dressent par dizaines autour d'un immense escalier de bois. La bibliothèque doit s'élever sur au moins trois étages. À chaque palier, on peut apercevoir des couloirs s'étendre de chaque côté. Des dizaines d'échelles métalliques parcourent les hauts rayons et un puit de lumière tombe du plafond. Les rayons du soleil éclairent ainsi la totalité des ouvrages d'une douce lumière tamisée. De fines particules de poussière brillent dans les airs comme autant de grains d'or piégés dans les rayons du soleil. 


Tous mes sens sont comme attirés par cette splendeur irréelle. J'ai envie de laisser courir mes mains sur les ouvrages en vieux cuir soigneusement rangés dans les rayons et d'inspirer à fond l'odeur qui s'en dégage.


Mais pourquoi cette bibliothèque est-elle cachée au public ? 


Je décide de m'approcher d'une rangée de romans située au premier étage, particulièrement intriguée par leur tranche de couleur bleue. 


Mais, a peine ai-je posé un pied sur la première marche de l'escalier qu'un terrible craquement retentit, brisant le profond silence des lieux. Je me fige un instant, retenant mon souffle. Mais aucun bibliothécaire furieux ne surgit devant moi. Rassurée, mais tout de même un peu nerveuse, je continue mon ascension et m'arrête au premier étage devant un long rayon de livres bleus qui s'enfonce sur ma droite. 


J'adore le bleu. C'est la couleur du ciel sur la côte d'Azur, des bleuets éclos, des yeux d'Alex... Un long soupire d'extase m'échappe. 


Alex. 


Il doit d'ailleurs être actuellement dans les bras de sa brune anorexique. Un frisson glacé me traverse la colonne vertébrale. Je secoue la tête, chassant rapidement ces pensées parasites. 


J'attrape un livre au hasard, situé au niveau de ma tête, et l'ouvre méticuleusement. Les feuilles sont jaunies par le temps et recouvertes d'une fine pellicule de poussière datant probablement du siècle dernier. 


On ne l'a pas ouvert depuis combien de temps celui-là ?


Je souffle sur le papier ancien, projetant ainsi un nuage de débris de particules non identifiées sur le plancher et observe ma trouvaille. 


C'est quoi ce bordel ?


Des signes étranges sont reliés entre eux pour former des phrases incompréhensibles. Cela doit être du grec, de l'ancien latin ou bien encore la langue des elfes dans le Seigneur des Anneaux car je n'y comprends absolument rien. Alors que j'essaie d'identifier le dialecte inscrit sur les pages, je sens une main ferme se refermer sur mon épaule. 


- Mademoiselle, il est formellement interdit d'entrer dans cette pièce, tonne une voix forte.


Je pousse un cri de surprise et referme brutalement le livre avant de me retourner rapidement vers la personne qui vient de me surprendre. 


À suivre...


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Chaluuuut! 

On espère que ce petit chapitre vous a plu. 

Comme vous pouvez commencer à vous en douter, l'histoire est en train de prendre un tournant un peu plus important. L'action va s'accélérer à partir de maintenant. 


Que pensez-vous de la bibliothèque ? 

Et quelle est la personne qui vient d'interrompre Alice ? 


La suite arrive bientôt, le week-end prochain!

Allez, gros bisous à vous !!


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