Immarcescible

Chapitre 10 : Chapitre 9

1073 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 29/07/2018 14:37

Un petit homme imposant d'une cinquantaine d'années se tient devant moi. Sa barbe sautille au fur et à mesure qu'il déballe tout un tas de règles avec une férocité de dromadaire. Son visage rouge écarlate est marqué par de profondes rides qui se déforment lorsqu'il ouvre la bouche. Ses yeux porcins me fixent avec insistance, une lueur de rage les fait briller dangeureusement. 


- Je vous promets que vous allez le payer cher ! Sale gosse ! Vous vous croyez tout permis, c'est ça ? Et bien, cette fois-ci, je vous tiens ! Trois fois en une semaine, ça suffit ! Je peux vous assurer que vous ne vous payerez plus de ma tête, foi de Giordiano ! me hurle-t-il au visage en me saisissant le bras.


- Mais monsieur attendez je... 


- Aucune excuse ! Je vous emmène chez le directeur, vous l'aurez voulu ! 


Et avant d'avoir pu émettre la moindre protestation, le petit homme m'entraîne avec lui. Il use d'une force surprenante pour sa petite taille et, n'arrivant pas à me dégager, je me retrouve à courir derrière lui dans la bibliothèque. Tout en marchant, le prénommé Giordiano continue de m'assaillir sous un déluge de reproches dont je ne comprends pas la moitié. Nous nous engageons dans un autre couloir se situant à l'opposé de la porte que j'avais emprunté.


La panique m'étreint toute entière. Au fond du couloir, je suis sûre d'y trouver une salle de torture. Le fou furieux va me menotter sur une chaise électrique et me mettre du jus de citron dans les yeux. J'ai déjà vu une scène comme ça dans une série et franchement, ça me fout la trouille. 


Le bonhomme est si petit que je suis obligée de marcher -ou plutôt courir- les genoux pliés comme un canard hors de l'eau. La marche de l'absolu ridicule. 


Giordiano marmonne dans sa barbe quelques insultes à mon égard tout en continuant de me tirer sauvagement. Je prie intérieurement pour mon pauvre petit bras maltraîté et souffrant qui pend devant moi comme un scoubidou. Heureusement pour ce dernier, nous arrivons finalement devant une porte rouge vive. L'homme stoppe la pression qu'il excerçait sur mon bras et, sans me lâcher pour autant, frappe de violents coups sur le battant. Sans attendre de réponse, il l'ouvre en grand et me pousse dans la pièce.


Je soupire de soulagement. Je ne me trouve pas dans une salle de torture mais dans un grand bureau lumineux. L'allure des meubles en bois verni et la grandeur de l'espace auraient pu rendre cette pièce majesteuse. Mais une impressionante quantité de papiers et de documents encombrent si bien la pièce qu'on a plus l'impression de se trouver dans une réserve qu'autre chose. 


- Giordiano ? Qu'est-ce que tu fais dans mon bureau ?  


Je tourne la tête. Un homme est penché sur un bureau qui, je présume, doit être le sien. Des liasses de feuilles envahissantes se superposent autour de lui et, stylo à la main, il les signe de manière mécanique une par une. 


- Monsieur Koehler, j'ai trouvé cette fille qui rôdait dans nos archives. Ce n'est pas la première fois que ça arrive. J'attendais de la surprendre une bonne fois pour toutes et hop, je l'ai prise la main dans le sac, s'exclame fièrement le petit homme en montrant du doigt le gros livre que je tiens toujours dans la main. 


- Hé oh, attendez un peu ! C'est la première fois que je viens ici. Je me suis juste un peu perdue dans la bibliothèque... Je ne savais même pas que c'était une zone interdite, dis-je pour me défendre, en me libérant enfin de la poigne de Giordiano.


- Vraiment ? Vous vous êtes perdue ? Dans un couloir ? souligne le prénommé Koehler avec un fort accent allemand avant de soupirer. Cela passe pour cette fois mais évitez à l'avenir de pénétrer n'importe où mademoiselle. Monsieur Giordiano va vous raccompagner à la sortie. 


Le directeur me jette un rapide regard avant de se remettre à signer sa paperasse. 


- D'ailleurs, la prochaine fois, évitez de me déranger pour si peu. Contrairement à vous, j'ai du travail et une bibliothèque à faire tourner, ajoute-t-il en fusillant d'un regard glacial le petit homme.


Giordiano se ratatine sur lui-même avant de sortir de la pièce sans même m'attendre. 


Je reste un instant sans bouger. Pas de torture, pas de jus de citron, je l'ai échappé belle. J'enclenche le contrôle automatique et ordonne à mon cerveau de bouger mes jambes, bien décidées à rester fixées sur le sol. Alors que j'allais passer la porte, le directeur surgit à mes côtés en tendant la main, comme pour attraper quelque chose. Je recule d'un pas. Pas question qu'on s'en prenne encore à mon pauvre avant-bras tout endolori.


- Le livre, mademoiselle Esteve. Vous comptez l'emporter ? dit-il en me désignant le volume que je tiens toujours à la main. 


Cette phrase me sort brutalement de ma torpeur. Il connait mon nom. Le directeur connait mon nom. Une personne que je ne connais pas connait mon nom. Un long frisson parcourt mon échine. Ok, cette situation me fout les boules. Tremblante, je lui tends le bouquin qu'il attrape avant de le coincer sous son aisselle. 


Beurk, ce livre, plus jamais. 


Juste avant de tourner le pas, je murmure, pas très rassurée :


- Vous connaissez mon nom. On s'est déjà rencontré ?


Il me fixe étrangement avant de secouer la tête de gauche à droite.


- Non, mademoiselle, je vous assure que je ne vous connais pas. Sortez s'il vous plaît. 


Je tourne le dos. C'est bizarre, je pensais l'avoir entendu prononcer mon nom. 


Une migraine vient subitement s'emparer de mon corps en plein traumatisme. Encore un de ces foutus mal de tête. Vive les migraines !


À suivre ... 

......

Hola ! Bon, oui on sait ça fait trois mille ans qu'on a rien posté... mais ne vous inquiétez pas, nous sommes de retour (We are back!!) et nous reprenons l'écriture ! So, don't worry, nous avons des petits chapitres d'avance bien au chaud à la maison.

Donc pleins de gros bisous et à la semaine prochaine !!!!!!

NoNo & LM


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