Mars Eidolon

Chapitre 9 : IX - Les poupées

2967 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 31/03/2018 17:00

Il tourna légèrement sa tête vers l'arrière pour regarder ce qu'il portait derrière lui et qui était d'une bonne taille, du moins suffisante au risque de ne pouvoir passer par la trappe de l'étage par lequel ils avaient pénétré dans l'immeuble.


-Ce serait plus simple de trouver une sortie à cet étage, on ne passera pas en haut.


-Il n'y a pas de sorties à part remonter. On est au fond des immeubles ici. Il faut remonter.


Il se mit en route en direction de l'entrée du garage pour gagner les escaliers, traînant son gros sac sur le dos.


-Dans ce cas il va falloir trouver une sortie à un étage supérieur.


-Peux d'immeubles ont ....des trappes comme celui-ci. On va.... remonter et on passera par petits bouts le sac, ce n’est pas grave. On ne peut pas rester ici plus longtemps...


Dans sa voix et son élocution, il sentit parfaitement que l'état de santé de la femme se dégradait rapidement. Il s'arrêta un instant et se tourna vers elle, ne pouvant s'empêcher de s'en faire malgré ses instructions.


- Allons-y.


Le temps n'étant pas à la parlotte, la chose la plus inutile dans une situation pareille où ils devaient se presser s'ils voulaient rester en vie, Basara fut contraint de mettre ses craintes et ses peurs de côté. En réponse, il hocha légèrement de la tête avant que tous deux ne partent de la caverne au trésor en empruntant les escaliers pour remonter à la surface.

La jeune femme commença alors à grimper à l'échelle, mais comme cela était prévisible, elle ne pouvait supporter un coup de plus. Le barreau ou la femme posa le pied se plia alors, faisant perdre l'équilibre a celle-ci avant qu'elle ne dégringole jusqu'en bas pour tomber d'un coup au sol.

Alors que Basara lui était déjà sur le toit et s'apprêtait à continuer, il s'arrêta net à l'entente de bruit que relâcha l'échelle lorsqu'elle craqua, ainsi qu'au bruit de chute qui naquit par la suite. Il ouvrit grands les yeux et rapidement, après avoir posé le sac au sol, retourna auprès de la trappe pour regarder ce qu'il venait de se passer et l'état de la femme.


-Est-ce que ça va...?!


Celle-ci se retrouva allongé contre le sol avant de se mettre assise en se grattant la tête un œil fermé.


-Ca...ça va....continue. Il faut que tu rentres livrer les pièces a la tour...


-Et toi..? Comment tu vas faire pour rentrer..?


-Je vais fouiller les autres immeubles pour trouver une corde ou quelque chose comme ça...


Elle se releva alors en lâchant un toussotement.


-Vas-y maintenant. Dépêche-toi.


Même à sa demande, il resta au bord de la trappe à la regarder les yeux grands ouverts à travers son masque. On lui demandait de partir, mais sa conscience lui interdisait de laisser seule la femme avec aucun moyen pour remonter et le suivre, davantage inquiété par son toussotement qui témoignait de son état de santé. Elle le regarda alors depuis le bas.


-Qu’est-ce que t'attend ? La machine a peut-être lâché là bas, grouille !


Il se mit alors à penser aux enfants, ainsi qu'aux pauvres gens de la tour qui attendaient désespérément cette pièce pour survivre. A cette pensée qui lui disait maintenant de s'en aller au plus vite, il ferma les yeux, les dents légèrement serrées de résignation.


Très bien..


Il se dégagea de la trappe et retourna vers le sac qu'il remplaça derrière son dos dans un grand geste, mais cette fois-ci à une main, ce qui lui demandait encore plus d'effort afin de pouvoir porter le générateur par-dessous son autre bras. Avec ses deux poids, il se courba davantage car même pour lui la chose était dure à tenir. Toutefois, il tenait bon et était décidé à ne rien lâcher.


-Tu as intérêt...à revenir...


La jeune femme partit alors, redescendant les escaliers pour chercher quelque chose qui lui permettrait de remonter.


De son côté, après avoir regardé une dernière fois la trappe avec hésitation pour venir en aide à la jeune femme, il braqua son regard devant lui d'un air des plus déterminé et résolu à rentrer, rentrer avec tout ce petit trésor qui aux yeux d'autres n'avait aucun intérêt alors que pour eux, il faisait tout. Ainsi, un pas après l'autre, il se mit à rebrousser chemin et à effectuer le trajet inverse pour retourner tant bien que mal à la tour désolé avec cet énorme poids qui pesait sur son corps, un poids qu'il portait d'une façon admirable tout en marchant.


A la tour, après quelques heures encore, les hommes au rez-de-chaussée entendirent alors la porte au fond du couloir s'ouvrir, relevant alors la tête d'un air curieux et aussi anxieux. A ce son, Anya qui était quelques étages au-dessus l'entendis cependant avec ses oreilles félines et descendis rapidement au pas de course les escaliers pour rejoindre les hommes au bas du bâtiment.


Lorsqu'elle descendit, elle put voir au même titre que les hommes la silhouette d'un grand jeune homme portant un masque qui s'avançait très lentement vers eux avec une énorme masse sur le dos ainsi qu'une masse plus petite sous le bras. Ce jeune homme n'était autre que Basara, visiblement en piteux état comme on pouvait le voir sur ses vêtements ainsi qu'à sa démarches complètement épuisée, à bout de force. Tellement à bout de force qu'au bout de quelques pas, il ne parvint à avancer plus loin et s'effondra tête la première en avant avec le baluchon rempli de pièces sur le dos, ainsi que le générateur qui lâcha un bruit lorsqu'il heurta le sol. Pendant de nombreuses et très éreintantes heures dans ce cadre mortuaire et désolé, il n'avait cessé de marcher encore et encore un poids total d'au moins plus de 200 kilos, cet effort surhumain ayant occasionné une respiration accrue, et donc une inhalation plus forte des divers gazes qui constituaient l'environnement ainsi que l'oxygène nauséabond. Ajouté à cela le fait qu'il n'y était absolument pas habitué, et que le fait qu'il soit revenu "indemne" de la sorte soit un miracle. Il était complètement à bout et ne pouvait rien faire de plus que rester étalé au sol devant les hommes.


-Hé ! Gamin !


-Il faut l'emmener voire le docteur !


-Vous autres ! Emmenez-le !


Une fois le jeune homme transporté vers ledit lieu, le reste remarqua alors les pièces détachés et le moteur ramené en le soulevant.


-Ils ont réussis ! On va pouvoir faire redémarrer le purificateur et même réparer les autres !


Il y a aussi des combinaisons !


Le tout fut alors apporté en hâte vers la salle des machines ou étaient stockés l'essentiels des générateurs et groupes électriques ou le mécano se mit alors rapidement au travail. Pendant ce temps, Anya avait récupéré les bouts de tissus ramené et les roulements à bille et les avaient montés à l'étage ou jouaient les enfants pour leur plus grand bonheur, tendant leur petites mains de leur grands yeux remplis de merveilles pour de simples bibelots déchirés. Avec les bouts de tissus, la jeune fille le fit de meilleures poupées avant de redescendre ensuite rapidement au hall d'un air bien anxieuse.


- Pourquoi elle ne revient pas.... ?


-Elle nous a dit d'attendre 3 jours. Elle a des fois du retard.


-Mais Basara est revenu avec les deux masques ! Elle n’en a plus !


Suite au retour du jeune homme avec toutes ces choses qui avaient ravivé un certain espoir au sein du petit peuple de cette tour, ainsi qu'à sa perte de conscience et son transport immédiat au docteur de ces lieux, le dit jeune homme justement, après quelques heures supplémentaires de sommeil, commença enfin à reprendre connaissance en ouvrant lentement les yeux après les avoir plissé. En ouvrant les yeux, une fois de plus la lumière d'un néon au-dessus de lui vint lui agresser la vue, le forçant alors à venir placer sa main devant pour s'en protéger.


-Encore...


-Ah, tu es réveillé.


Lentement, il se mit en position assise sur le support sur lequel il était et qui ressemblait plus ou moins à un lit, de fortune là encore. Assis, il baissa le visage en se le maintenant avec la paume de sa main, les yeux fermés et dents serrées à cause du mal de crâne qui sévissait, continuant de reprendre la possession de ses moyens après ce sommeil forcé par les limites de son corps.


-Qu'est-ce qui s'est passé...? Je suis rentré...?


La jeune femme en blouse blanche, plutôt grise à cause de son état le regarda alors.


-Oui. Tu es rentré.


-Je vois...et après..? Je ne me souviens plus...


-Tu as perdus connaissance et depuis tu dors ici.


En parlant de la chose, il revit justement la scène où une fois rentré et à bout de force après ce long et périlleux trajet, il tomba au sol comme une enclume sans demander son reste.


-Maintenant que vous le dites...


La femme continua son travail ensuite, sans rien dire de plus. Juste après cela, il se mit à tilter. En effet, après son cas, il pensa à celui de la femme qu'il avait accompagné et qu'il dut laisser derrière lui après l'ordre qu'elle lui avait donné, l'ayant forcé à l'abandonner pour rentrer au plus vite et effectuer la livraison. En se souvenant de cela, il ouvrit grands les yeux en relevant le visage.*


-Et elle...? Est-ce qu'elle est rentrée...?!


-Tu veux parler de Makise ? Oui, elle est rentrée une heure ou deux après toi.


Quelque part rassuré de l'entendre, il rebaissa lentement le visage.


-Deux heures après moi...je vois...


Si tu n'as plus besoin de rien tu peux y aller. Les masques ont fait leur parti du travail. Ta vie n'est pas en danger. Le blanc de tes poumons et ta conditions de personne normale t'ont protégé. T'est un gosse du monde sain. Tu te portes mieux que nous.


-Et où vais-je aller...ce n'est pas comme si j'avais un appartement ici...


-Va ou tu veux, mais ne reste pas ici si tu es en bon état. D'autre ont besoin de ce lit.


Tout en apparence affaibli, il regarda lentement d'un côté puis de l'autre le lit.


-Ah, oui, je comprends..


Tout aussi faiblement, il se leva de celui-ci et se dirigea lentement vers la sortie de ce qui semblait du coup être l'infirmerie, continuant de reprendre dans le même temps ses esprits en faisant avec cette migraine.


Le décor autour e lui n'avait alors pour ainsi dire, pas changé, si ce n'est les gens qui semblaient mieux respirer déjà grâce aux machine de fortune qui avaient subis des réparations tout aussi de fortune.


-Les générateurs semblent mieux se porter...


Regardant pendant un petit moment cette amélioration de ce confort apocalyptique, il descendit lentement les escaliers à sa droite en se tenant un peu au mur, ayant encore une petite perte d'équilibre. A nouveau, cette petite descente le mena tout droit à l'étage "destiné" aux enfants, leur terrain de jeu. Il se cala contre le mur en croisant les bras, les regardant vaquer à leur occupation.


Les petits étaient alors à nouveau en en trains de jouer avec leurs "outils" habituels mais leur poupée avait un aspect plus travaillé, orné et petits bouts de tissus sales et de billes roulants au sol. Mais ce qui ne manqua pas de l'étonner, c'était que ces enfants avaient justement de nouveaux jouets "réels" si l'on pouvait dire. Ils jouaient avec de petites figurines qu'ils tenaient dans les mains et admiraient surement depuis des heures, car malgré leur état et leur couleurs ternis ces jouets étaient pour eux le paradis sur terre de choses qu'ils n'avaient encore jamais vu, comme en témoignait par exemple une fillette qui tenait dans sa main une poupée de tissus qu'elle ne cessait de brosser, ses petits doigts noirs n'ayant surement pas touché quelque chose de si doux et agréable depuis une éternité.


En les voyant ravis par leurs nouveaux jouets, et en voyant toujours ces petits sourires, cette joie de vivre innocente et adoucie depuis son retour, il prit un léger sourire les yeux entrouverts à cause de la fatigue, pleinement satisfait de cette situation. Enfin, satisfait était un bien grand mot, il restait encore beaucoup à faire.


-Ils s'amusent bien, sans se soucier de ce qui les entoure...


Par ailleurs, il remarqua spécialement les nouvelles confections, ces nouvelles poupées "remises à neuf", et qui leur donnaient l'impression d'être avec de véritables jouets. En voyant la chose, avec ces morceaux de tissus qui ne lui étaient pas inconnus, il fourra sa main dans la poche de son pantalon et constata que ces derniers n'y étaient plus.


-Quelqu'un me les a pris et s'en est servi...


-Ah, Basara ! %


Quand il l'entendit que l'on l'appelait, collé au mur, il tourna son visage en direction de la voix curieusement, déjà étonne que l'on l’appelle par son prénom. Il vit alors Anya arriver vers lui de son sourire espiègle en sautillant.


-Enfin levé ? Tu as vus ? J'ai fait des poupées avec les objets que t'a ramenés ! Mais les figurines et les grandes c'est Makise qui les a rapporté ! Maintenant ils ont de vrais jouets qui sont bien des jouets !


Il regarda de nouveau les enfants et précisément ces fameuses poupées qui avaient attisées sa curiosité, tout comme les figurines dont il n'avait pas eu connaissance, quelque part impressionné.


-Je vois...alors c'est vous qui avez pris les morceaux dans mes poches...


Il la regarda à nouveau curieusement, intrigué par le fait qu'elle venait de l'appeler par son prénom alors que jusque-là il ne l'avait pas encore mentionné.


-Au fait, comment savez-vous que je m'appelle Basara...?


Tu l'avais dit dans ton sommeil hihi.


Il recula légèrement son visage en clignant des yeux. Il n'en avait aucun souvenir ni aucune idée.


-Dans mon sommeil..? J'ai dit mon prénom dans mon sommeil ? Et…qu'est-ce que j'ai dit d'autre ?


-Je crois que tu as parlé de ton père...enfin je ne t'ai pas regardé dormir alors j’en sais trop rien.


Il regarda le sol à ses pieds en entrouvrant les yeux, cette fois-ci d'un air légèrement triste et appréhensif. Il se mit à penser dans quel état devait se trouver son père et surtout, comment il supportait sa disparition après le départ de sa sœur, d'où sa volonté de rentrer au plus vite à son arrivée.


-Je vois, mon père...à l'heure qu'il est, il ne doit même pas pouvoir fermer un œil de la nuit...


-Mais tu ne peux pas rentrer. Pas encore. On n’a pas réparé les masques à gaz pour sortir.


-Ah, j'ai pu m'en rendre compte avec le premier que l'on m'a donné. Cependant...


Il porta son regard sur les enfants devant lui qui vagabondaient et jouaient dans les rires et l'innocence qui était propre à leur âge, occupant une majeure partie de l'étage. Cette vue lui donnait une certaine envie de rester, et de se battre, pour eux et leur futur. Il voulait leur donner la chance qu'il a eu, cette chance à laquelle ils n'ont eu droit.


-J'ai...quelque chose à faire avant de rentrer.


-Ah ?


-Ces enfants, ils vivent comme si de rien n'était. Ils ne savent pas de quoi ils sont entourés, ce qui les attend à la sortie. Tôt ou tard, ils finiront par s'y confronter. C'est pour cela que je veux que le seul moment où ils devront s'y frotter, ce sera le moment où ils partiront d'ici pour aller dans un endroit bien plus sûr et agréable.


-Pour l'instant on se bat tous pour ça. Mais au train où vont les choses c'est mal partit. On arrive à stabiliser notre condition, mais elle s'améliore seulement très lentement.


Restant contre son mur, il tourna légèrement son visage vers elle en lui adressant pour la première fois un sourire.

 

-Justement. Peu importe la vitesse, si elle s'améliore continuellement, c'est tout ce qui compte.


-Mais ce n'est pas cette génération qui la connaîtra alors.


-Ça...nous ne sommes sûrs de rien. Qui sait, cette amélioration peut profiter d'un coup de boost à un moment ou un autre.


-On a bien quelques idées en tête.


-Des idées..? Telles que ?


Elle pouffa alors.


-Tu crois que je vais te les dires. T'est nouveau ici. La confiance ce n’est pas encore ça.


Elle vit alors une activité en bas et se dirigea vers la rambarde.


-Ah, je dois y aller ! A plus !


La voyant partir, d'un coup il se sentit comme pressé et tenta de la rattraper en mettant son bras vers elle.


-Attendez..! Est-ce qu'il resterait des morceaux de cuir..?!


-Celle-ci partit alors sans l'entendre, s'en allant rapidement en dévalant les escaliers.


Il resta un instant dans cette position, venant de se faire littéralement laisser en plan. Apres quoi, il baissa légèrement la tête en soupirant. 


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